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31/07/2013

(K-Drama / Première partie) The Blade and Petal (Sword and Flower) : un amour impossible sur fond de chute d'un royaume




"Flowers wither like love, only blades are eternal."

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Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique pour parler sageuk (série historique). Tandis que War of the Flowers - Cruel Palace se poursuit sur jTBC, de nouveaux dramas de ce genre ont été lancés ces dernières semaines sur les grandes chaînes. Certains sont malheureusement plutôt à oublier, comme Jung Yi, the Goddess of Fire sur MBC, en dépit de la présence de Moon Geun Young. Un autre a en revanche autrement retenu mon attention : The Blade and Petal. Cette série a débuté le 3 juillet 2013 sur KBS2. Diffusée les mercredi et jeudi soirs, elle est prévue pour le moment pour une durée de 20 épisodes. Etant donné ses mauvaises audiences, il est peu probable qu'elle soit rallongée (espérons qu'elle ne soit pas raccourcie).

Initialement, c'est un intéressant article publié sur The Vault au sujet de son storytelling qui a aiguisé ma curiosité pour cette fiction. Sur le papier, son synopsis s'inscrit en effet dans les canons classiques du genre, en revanche, visuellement, The Blade and Petal offre autre chose. Sa réalisation a été confiée à Kim Yong Soo, dont certains parmi vous se souviennent certainement du travail d'ambiance assez fascinant réalisé dans White Christmas. En somme, si The Blade and Petal n'innove pas sur le fond, la forme se montre bien plus entreprenante, voire expérimentale. Tout n'est pas parfait, mais il y a un vrai souffle qui anime ce drama, dans lequel je me suis laissée emporter avec plaisir.

[La review qui suit a été rédigée après le visionnage des huit premiers épisodes.]

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The Blade and Petal se déroule au VIIe siècle, à la fin de la période que l'on désigne sous le nom des Trois Royaumes, qui étaient composés de Silla, Baekje et Goguryeo. C'est au sort de ce dernier, le royaume de Goguryeo, que le drama s'intéresse : il va nous relater sa chute, face à la dynastie chinoise Tang et au royaume de Silla, lequel unifiera la péninsule coréenne. Dès les premières scènes, le cadre est posé avec la narration de la princesse Moo Young qui, à côté des ruines fumantes de ce qui fut Goguryeo, s'interroge sur les raisons qui ont précipité son royaume vers sa perte, se remémorrant l'engrenage d'évènements qui allait être fatal. Le drama nous ramène alors au début des tensions avec les Tang, alors que la perspective d'une guerre semble de plus en plus inévitable et que le royaume est de plus en plus divisé.

Tandis que le général Yeon Gae So Mun, le plus haut dignitaire militaire, presse à prendre les armes et à répondre aux provocations chinoises, le roi Young Ryu s'efforce au contraire de freiner ses ardeurs guerrières, estimant que Goguryeo doit se préparer et ne pas se précipiter vers la manière forte. L'opposition entre ces deux hommes qui sont les plus puissants du royaume ne cesse de croître. C'est dans ce contexte déjà difficile que Moo Young fait la rencontre de Yeon Choong. Les deux jeunes gens s'éprennent instantanément l'un de l'autre. Habile combattant, Choong entre même au service de la princesse. Seulement, Moo Young ignore sa réelle identité : il est en fait le fils illégitime du général Yeon, renié par ce dernier, mais venu à la capitale pour rencontrer ce père absent.

L'amour naissant entre Moo Young et Yeon Choong se retrouve pris au piège de la rivalité qui oppose leurs pères. Lorsque l'inéluctable confrontation se produit, les liens du sang et les liens des sentiments se brouillent... La vengeance va-t-elle succéder à l'amour ?

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The Blade and Petal se réapproprie une thématique classique : celle de l'amour impossible, déchirant voire autodestructeur, dans la droite lignée d'un Roméo et Juliette. Les sentiments se heurtent violemment à la loyauté familiale, les deux personnages se trouvant écartelés par l'antagonisme de leurs pères. Au cours de ce premier tiers, la série s'attarde sur leurs tiraillements, sur les dilemmes si difficiles à trancher auxquels ils sont confrontés, soulignant combien l'amour semble toujours finir par guider leurs pas, malgré eux, parfois même en dépit de leur raison. Le téléspectateur s'implique sans difficulté dans ce double destin croisé, inachevé et chargé de regrets. Tout se ressent de manière très intense, et l'émotion n'est jamais loin. L'écriture n'a guère à forcer le trait pour acquérir des accents tragiques shakespeariens : le poids des sentiments devient bien douloureux à porter lorsque l'affrontement sort du seul cadre politique et que les complots visant à éliminer le clan adverse prennent forme.

Ces huit premiers épisodes forment une escalade : l'apogée annoncé est le coup d'Etat aboutissant à l'élimination d'un des deux camps - il se réalise finalement dans le huitième. La narration trouve le bon dosage pour nous plonger dans des jeux de cour létaux et dans une montée inéluctable des tensions, tout en ne négligeant jamais les incidences de ces évènements sur les deux jeunes gens placés au centre de l'histoire. Les enjeux sentimentaux sont imbriqués aux luttes de pouvoir en cours. Ironiquement, c'est alors qu'il semblait avoir été définitivement rejeté par son père, que la filiation de Choong acquiert une toute autre dimension : il est un pion projeté sur l'échiquier du royaume, un enjeu pour le roi, mais aussi pour son général de père. Ce lien familial n'est pas appréhendé de la même manière par Moo Young qui, elle, remet en cause ses sentiments, tout en retenant la fidélité manifeste de Choong. Un tournant définitif dans leur relation est cependant franchi lors du coup d'Etat qui signe la mort du roi de la main du général. Le basculement a lieu, le Rubicon est franchi : le désir de vengeance peut désormais se mêler à l'amour, et troubler encore un peu plus ce duo principal.

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The Blade and Petal développe donc une histoire classique, entre romance et pouvoir, qui s'inscrit parfaitement dans les canons d'un sageuk. L'originalité du drama ne tient pas à son fond, mais à la manière dont cette histoire va être racontée et mise en scène. Si certaines fictions présentent une réalisation neutre et calibrée, que l'on qualifierait aisément d'interchangeable, ce n'est pas du tout le cas de celle proposée par Kim Yong Soo. En effet, ce dernier se montre particulièrement interventionniste, multipliant des effets de style qui peuvent un temps dérouter, voire surprendre, avant que le téléspectateur ne se prenne au jeu. C'est la caméra qui rythme ici le récit, proposant presque sa propre narration qui se substitue aux dialogues : elle appuie sur les regards, répète certaines scènes, repasse des moments en suivant différentes perspectives, et plus généralement joue sur une théâtralisation de l'écran qui est poussée à son paroxysme.

Les épisodes semblent trouver leur propre souffle sous la direction d'un réalisateur orchestrant images et musique. Il use dans cette optique d'une bande-son omni-présente qui donne une dynamique à l'ensemble. L'utilisation d'instrumentaux modernes souvent entraînants, loin de toute musique traditionnelle, ainsi que de la chanson phare de l'OST (cf. la 2ème vidéo ci-dessous), tombe le plus souvent juste. The Blade and Petal limite les dialogues et raccourcit les échanges, parlant au téléspectateur visuellement et musicalement. Les scènes paraissent parfois des tableaux s'animant sous nos yeux, poussant la symbolique à son maximum, voire au-delà. La caméra devient un acteur à part entière du récit, dépassant le seul scénario pour aposer sa marque sur la narration. Si bien que l'exécution de l'histoire apparaît presque prendre le pas sur son contenu, un choix dans lequel tous les publics ne s'y retrouveront pas. Signe que la réalisation reste à un stade expérimental, elle ne transforme pas toutes ses tentatives : elle a notamment quelques longueurs, et cède parfois à des répétitions de scènes un peu trop excessives. Mais l'ensemble constitue un effort aussi louable qu'intéressant.

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Enfin, The Blade and Petal peut s'appuyer sur un assez solide casting. Concernant les deux représentants de cette romance qui ne peut pas être, c'est Kim Ok Bin (Hello God, Over the rainbow) qui interprète la princesse Moo Young ; tandis que Uhm Tae Woong (Resurrection, The Devil, Dr Champ, The Equator Man) joue Yeon Choong. Leurs scènes communes fonctionnent, et la caméra n'a pas à forcer artificiellement le lien qui se noue entre leurs peronnages. Ensuite, pour incarner leurs pères respectifs, on retrouve Kim Young Chul (IRIS, The Princess' Man), qui interprète le roi, et Choi Min Soo (The Sandglass, The Legend, Warrior Baek Dong Soo) qui joue le général Yeon. Il faut reconnaître à ce dernier une certaine tendance au sur-jeu de la stoïcité au cours des premiers épisodes. Mais les deux forment de solides adversaires à l'écran, et ils délivrent notamment une marquante ultime confrontation. Du côté des rôles plus secondaires, Ohn Joo Wan (Chosun Police) incarne ce cousin royal qui trahit son oncle pour un trône et un pouvoir placé sous la dépendance militaire du général. On retrouve également Lee Jung Shin (du groupe CNBLUE), ou encore Park Soo Jin (My Girlfriend is a Gumiho, Flower Boy Next Door).

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Bilan : The Blade and Petal est l'histoire d'une romance impossible, sur laquelle se superpose la fin d'un royaume qui s'apprête à disparaître. Cela confère au récit une dimension émotionnelle, aux accents forcément tragiques, qui happe le téléspectateur. Le scénario est classique, bien huilé mais prévisible. La valeur ajoutée de ce drama vient de la manière dont cette histoire est racontée et portée à l'écran : la caméra très interventionniste orchestre et mène à la baguette un récit auquel elle donne vie et ampleur, se faisant acteur à part entière de la narration. L'initiative est intéressante, même si l'expérience n'est pas toujours parfaite, avec quelques excès. Peut-être que tous les publics ne parviendront pas à adhérer à ce style, mais The Blade and Petal n'en est pas moins un solide sageuk dont le souffle saura emporter plus d'un téléspectateur curieux. Un sageuk qui aura aussi très bien réussi son premier apogée constitué par le coup d'Etat attendu. A découvrir.


NOTE : 7,5/10


Une bande-annonce du drama :

La chanson principale de l'OST (Dear love, de WAX) [Vidéo sous-titrée anglais] :

26/09/2012

(K-Drama / Pilote) Nice Guy (The Innocent Man) : jeux de dupes et de trahisons

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Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique, pour évoquer mes premières impressions sur une série qui vient tout juste de débuter : Nice Guy (aka No Such Thing As Nice Guys ou encore Innocent Man). C'est un drama que j'étais à la fois très curieuse de découvrir, mais aussi très méfiante. Si je dis rarement non par principe à un mélodrame de vengeance, il faut savoir que je ne suis encore à ce jour jamais parvenue au bout d'un drama de Lee Kyung Hee (et le traumatisme qu'a représenté pour moi A Love to Kill reste toujours vivace dans mon esprit - c'est un peu sa faute si j'ai bien failli abandonner les k-dramas avant même d'avoir commencé mon exploration).

Cependant il y avait une (bonne) raison pour laquelle je tenais à donner sa chance à Nice Guy : le trio d'acteurs rassemblés pour porter cette histoire à l'écran, et plus particulièrement la présence de Song Joong Ki. C'est ainsi que j'étais au rendez-vous pour ce drama qui a débuté le 12 septembre 2012 sur KBS2. Diffusé les mercredi et jeudi soir à 22h, il est pour le moment annoncé pour une durée de 20 épisodes. Au terme de ses quatre premières heures, le doute n'est pas levé pour savoir s'il saura tracer son chemin et maintenir son équilibre sur le fragile fil vengeresque du mélodrama qui est le sien, mais comme prévu, les acteurs sont au rendez-vous. Et si en plus on y retrouve la tension et le machiavélisme attendus, il n'y a pas de raison de ne pas en profiter.

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La vie de Ma Roo a basculé du jour au lendemain suite à une décision qu'il a prise pour celle qu'il aimait. Alors qu'il est un prometteur étudiant en médecine issu d'un milieu modeste, s'occupant dans le même temps de sa jeune demi-soeur à la santé fragile, il reçoit un soir l'appel catastrophé d'une de ses plus proches amies, Jae Hee, une journaliste qui, comme lui, espère faire carrière. Ma Roo débarque en pleine nuit dans une chambre d'hôtel en désordre pour découvrir une Jae Hee effondrée aux côtés du cadavre d'un homme. Devant la vision de la jeune femme choquée et bouleversée, il prend alors une décision qui va mettre un terme à la vie qu'il avait commencée à construire : il décide d'endosser la responsabilité du meurtre auprès de la police, et enjoint à Jae Hee de s'enfuir. Elle obtempère, le laissant seul à attendre les autorités.

Plusieurs années plus tard, après avoir purgé une peine de prison, Ma Roo a considérablement changé. Mais le choc n'en est pas moins grand lorsqu'il recroise Jae Hee dans un avion. Son ancienne amie est désormais la femme d'un puissant homme d'affaires avec qui elle a un enfant, mais aussi une belle-fille, Eun Gi, qui n'a que quelques années de moins qu'elle et avec laquelle elle est en concurrence. Cette dernière, marquée par le fait que sa mère ait été écartée, a été élevée pour devenir l'héritière du groupe. Femme d'affaires intense et peu portée sur les compromis, entièrement dévouée à la compagnie, elle entretient pourtant avec son père des rapports difficiles. Tandis que les relations entre Eun Gi et Jae Hee se dégradent, l'arrivée dans leur vie de Ma Roo, et des secrets venus du passé qui l'accompagnent, ajoute une nouvelle inconnue à l'équation complexe que représentent leurs luttes. 

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Ces débuts de Nice Guy s'apprécient par la fluidité de leur exécution, à la manière d'une partition aussi calibrée qu'ordonnée. L'introduction des différents personnages est bien menée car le drama fait le choix d'aller directement à l'essentiel, pour nous laisser entrapercevoir leur vraie nature, mais aussi les différentes facettes et les rôles que les situations ou les évènements vont faire endosser à ces protagonistes. Les premières minutes volontairement stéréotypées, empruntées à un drama médical, permettent ainsi de mesurer le contraste entre le Ma Roo d'alors, qui, outre son innocence et sa spontanéité, renvoie surtout l'image d'un jeune homme droit ayant foi en lui-même, et celui que l'on retrouve après le flashforward en prison. La distance qu'il a désormais acquise le rend presque inaccessible à une caméra qui scrute sans succès ce visage en apparence impassible, masquant ses émotions et cet ancien accès direct à son coeur comme autant de failles à bannir.

Le traitement des personnages féminins joue lui, non sur la transformation, mais sur une ambivalence qui s'inscrit dans un registre très proche. Pour Jae Hee, les conditions dans lesquelles elle fait le choix de sacrifier Ma Roo sur la scène de crime sont révélatrices : par-delà la panique et les larmes qui marquent son visage, le déchirement, s'il existe, n'en demeure pas moins accepté en conscience. Quant à Eun Gi, sa position exige qu'elle s'entoure d'une armure froide et énergique, sans s'embarrasser des formes. Son introduction, par l'"exécution" professionnelle, sans sourciller, d'un directeur de sa compagnie, symbolise parfaitement la businesswoman qu'elle entend, qu'elle doit incarner - pour survivre dans ce milieu. L'efficacité du pilote de Nice Guy tient à sa capacité d'offrir au téléspectateur une clé de compréhension et de multiples entrées pour chaque protagoniste, laissant deviner dans leur psychologie des dualités autrement plus complexes que ce qu'ils acceptent de dévoiler.

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Ce premier contact donne très bien le ton d'une série où, derrière le jeu des apparences et le vernis des rapports policés et civilisés, s'apprêtent à avoir lieu des luttes intenses et éprouvantes. Les épisodes suivants confirment le potentiel indéniable du trio central. Le ressort narratif principal repose sur les conflits ouverts, mais aussi les manipulations actées en coulisses. Le drama maîtrise à merveille la froideur des échanges, l'importance des non-dits, mais aussi les sous-entendus si perceptibles auxquels finissent par succéder quelques répliques assassines autrement plus directes. Cherchant à maintenir son rythme de narration, Nice Guy se révèle donc efficace dans un jeu de dupes où chacun avance ses pions, et ne laisse transparaître à son interlocuteur que ce qu'il souhaite. Par intermittence, est cependant perceptible le risque inhérent à l'exercice : celui qui serait d'en faire trop. La précarité de l'équilibre d'écriture se perçoit par moment, notamment dans la construction des cliffhangers (même si l'ensemble fonctionne assez bien pour le moment).

Cependant une seconde source de déséquilibre est d'emblée plus problématique : celle liée à la gestion maladroite de l'entourage du trio. Les personnages secondaires subissent en effet un traitement autrement plus aléatoire, et moins travaillé que les principaux. Si certains s'en sortent à peu près, comme le père de Eun Gi, par exemple, qui est plutôt convaincant dans son rôle de patriarche au coeur des jeux de pouvoirs, c'est tout l'opposé de l'utilisation de la soeur de Ma Roo. Cette dernière s'enferme dans un schéma vite répétitif, avec pour défaut de monopoliser de longues plages de temps (surtout dans les épisodes de la semaine dernière) qui n'ont aucune utilité, ni intérêt ou bien de réel lien direct avec l'histoire principale. La seule fonction de ce personnage semble être de lui greffer des micro-storylines qui viennent à l'occasion ajouter du pathos à un drama qui n'a pas besoin d'une dose supplémentaire. Ces maladresses seraient anecdotiques si elles ne venaient pas quelque peu casser le rythme des épisodes. A surveiller.

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Relativement solide sur le fond même s'il montre certaines limites, Nice Guy est en revanche franchement réussi sur la forme. La photographie est belle, la réalisation parfaitement maîtrisée, avec une mise en scène soignée, empruntant à un registre presque théâtral à l'occasion pour parvenir à si bien capturer l'intensité de certaines scènes de confrontation. Et quand le script qui l'accompagne est bon, cela donne donc des passages vraiment savoureux. De plus, la bande-son reste globalement utilisée à bon escient, sans excès, avec un thème instrumental récurrent appréciable.

Enfin, dernier atout et non des moindres, Nice Guy dispose d'un solide casting. Les acteurs ne peuvent pas tout faire, mais ne serait-ce que pour avoir l'opportunité d'apprécier leur jeu, ce drama mérite qu'on lui laisse sa chance. Song Joong Ki (Triple, Sungkyunkwan Scandal) m'avait impressionné l'an dernier dans les premiers épisodes de Tree With Deep Roots, où il avait magistralement interprété le jeune roi SeJong, il poursuit sur une même lancée. Il délivre ici une prestation assez fascinante, d'une intensité remarquable de nuances, ne nous laissant jamais complètement oublier que derrière sa façade de détermination distante, il reste toujours un écho vulnérable du jeune étudiant en médecine brièvement croisé au début. Face à lui, pour compléter ce trio, Moon Chae Won (The Painter of the Wind, It's Okay, Daddy's Girl, The Princess' Man) démontre une nouvelle fois qu'elle sait apporter une présence et une force rares à l'écran, tandis que Park Si Yeon (Coffee House), dans un rôle qui sur le papier n'est pas très éloignée de celui qu'elle tenait dans Story of a Man, démontre qu'elle maîtrise désormais très bien ce jeu des apparences et des machinations dans lequel son personnage semble exceller. On notera également les présences de Lee Kwang Soo, Lee Yoo Bi ou encore Kim Young Chul.

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Bilan : Dans un registre assumé de mélodrama de vengeance, les débuts de Nice Guy correspondent à ce que l'on pouvait légitimement en attendre. L'exécution est calibrée, mais globalement solide et fluide. Le potentiel de l'histoire réside dans la dualité et l'ambivalence des différents personnages, autant que dans les confrontations que leurs oppositions promettent. Cette partie est pour le moment la mieux maîtrisée, ce qui conforte dans l'idée que le drama devra faire attention à ne pas se disperser et bien se concentrer sur son enjeu principal. C'est un récit de trahisons, un jeu de dupes et de manipulations, qui nous sont annoncés : à suivre (et surveiller) !


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce du drama :


Une chanson de l'OST :

18/04/2012

(K-Drama / Pilote) The Equator Man : un mélodrame plein d'assurance mettant en scène des destinées troublées

 
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Ce mercredi asiatique est placé sous le double signe (presque paradoxal) de la nouveauté et du classicisme. Je poursuis mon exploration des k-dramas des mercredi et jeudi soirs actuellement en cours de diffusion en Corée du Sud, avec celui dont j'attendais sans doute le plus. Il faut dire que depuis fin mars, la compétition pour le coeur du public sud-coréen s'est considérablement ressérée. La relative déception causée par King 2 Hearts lui a fait perdre son avance et a permis à ses deux challengers d'atteindre des parts d'audience à deux chiffres, The Equator Man (comme The Rooftop Prince) a ainsi vu ses audiences progresser au fil des semaines.

Ecrit par Kim In Young, scénariste à qui l'on doit notamment Women of the Sun auquel The Equator Man a été comparé, ce drama a débuté le 21 mars 2012. Vingt épisodes sont pour le moment envisagés. Si ce soir sera diffusé en Corée du Sud le neuvième épisode, ma review a été écrite après avoir visionné les cinq premiers. S'appropriant des thématiques bien connues du petit écran sud-coréen, The Equator Man propose un condensé de recettes éprouvées qui sont des valeurs sûres. Si bien qu'il est difficile de ne pas se laisser capturer par ce tourbillon de destinées.

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The Equator Man relate l'histoire d'une amitié brisée entre deux jeunes hommes qui vont lutter, chacun à leur façon, pour trouver leur place dans la société. Ce sont des évènements d'adolescence qui vont tout forger, prenant la suite d'autres antagonismes passés. Kim Sun Woo est alors un garçon bagarreur et forte tête, peu porté sur les études. A l'opposé, Lee Jang Il voit dans l'école le seul moyen de s'élever socialement. Il rêve de pouvoir entrer à l'université et d'y étudier le droit. Les deux garçons vont sympathiser et former une alliance inattendue, unissant leurs forces respectives (les poings de l'un, le niveau scolaire de l'autre) pour se forger peu à peu une étonnante, mais solide - du moins en apparence -, amitié.

Cependant le père de Sun Woo tombe malade et se voit contraint de remuer un passé qu'il aurait mieux fallu oublier. Sun Woo n'est en effet pas son vrai fils ; or il décide de contacter directement un des deux pères potentiels de l'enfant, Jin No Sik, un homme d'affaires fortuné, avec lequel il a des relations très compliquées. Les deux hommes finissent par se battre, No Sik laissant pour mort le père (adoptif) de Sun Woo. Un de ses employés se charge de maquiller le meurtre en suicide, achevant l'homme. Or cet employé, soucieux d'y gagner une bourse universitaire pour son fils, est le père de Lee Jang Il. Il sert donc ici, en commettant cet acte, les ambitions de son enfant.

Mais Sun Woo, effondré, ne parvient pas à croire à la thèse du suicide. Des indices semblent d'ailleurs remettre en cause le résultat d'une enquête de police bâclée. Le garçon entreprend de rassembler un dossier à remettre au commissariat pour exiger la réouverture de l'enquête. Mais pendant ce temps, Jang Il, qui fait ses premiers pas à Séoul, découvre le terrible secret de son père et l'origine de la bourse qui lui a permis de réaliser son rêve. Refusant de risquer de tout perdre si Sun Woo va au bout de son idée, il le confronte, puis finit par l'attaquer et le jeter d'une falaise. Sun Woo survit. Grièvement touché, il sombre dans le coma.

Les années passent, chacun poursuit sa vie. Un jour, Sun Woo reprend conscience sur son lit d'hôpital...

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The Equator Man est le dernier représentant en date d'un mélange traditionnel du petit écran sud-coréen, où se croisent mélodrame, amour, trahison et vengeance. Assumant parfaitement cette filiation et ces influences évidentes, lesquelles rendent la construction narrative des premiers épisodes familière à tout téléspectateur habitué des k-dramas, c'est plus précisément sur le thème de la destinée que la série pose ses fondations et sa dynamique. Dès le départ, elle valide en effet toutes les coïncidences et rencontres pas si fortuites qu'elle met en scène, de même qu'elle légitimise les sentiments nés d'un simple regard échangé qui vont conditionner les relations et antagonismes futurs. L'important reste qu'elle trouve rapidement ses marques au sein de ces concours de circonstances et rapprochements insolites.

Certes, si le drama ne prend aucun risque, son écriture n'en est pas pour autant exempte de critiques. La principale maladresse récurrente de ces premiers épisodes tient à leur gestion hasardeuse de la dimension temporelle. Non seulement l'absence de repères prête parfois à confusion, mais les ellipses occasionnelles, les brusques accélérations, les montages en parallèle de scènes semblant se dérouler sur une durée très différente, renvoient une impression brouillonne. Comme si la scénariste prenait en compte toutes les scènes clés et passages indispensables, mais avait du mal à leur conférer une homogénéité et un liant. Cependant l'ensemble bénéficie de l'aplomb avec lequel ce classicisme est exposé : tout semble couler de source, et la dimension émotionnelle n'étant pas négligée, le téléspectateur se surprend à se laisser happer par la toile létale en train de se tisser.

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Si, comme tout drama sud-coréen, et plus particulièrement ceux mettant en scène un thème lié à la vengeance, la mise en place de l'histoire prend son temps, The Equator Man met opportunément à profit ces débuts pour permettre au téléspectateur de s'investir aux côtés des différents protagonistes. L'objectif évident est de ne laisser personne insensible. Initialement, l'amitié surprenante des deux adolescents est bien dépeinte, avec une authenticité assez touchante - en dépit de l'impression de déjà vu - qui démontre une réelle maîtrise prometteuse du scénariste sur un aspect important : la capacité à insuffler du relief et une certaine force à ses personnages. De même, la confrontation à venir qui scellera leur opposition est amenée avec la dimension tragique, mais aussi une nécessaire fatalité caractéristique, qui ne laissent pas indifférent.

De manière générale, The Equator Man a un potentiel certain du point de vue émotionnel et humain. Les deux protagonistes principaux s'imposent d'ailleurs efficacement, le glissement de Jang Il vers le côté le plus obscur de l'ambition étant bien explicité et apparaissant cohérent avec ce que l'on peut savoir du personnage - le fait que le téléspectateur, devant son petit écran, prenne passionnellement parti contre lui est d'ailleurs sans doute recherché. En dépit d'un manichéisme inhérent à l'histoire - mais qui sera peut-être nuancé ultérieurement -, les figures masculines reposent donc sur des bases solides. Le constat est en revanche plus nuancé du côté des féminines : se résumant au départ presque entièrement aux seuls sentiments éveillés en chacune d'elles par leurs vis-à-vis (Jang Il pour l'une, Sun Woo pour l'autre), elles sont pour le moment peu travaillées, et il est difficile de les cerner ou de s'investir à leurs côtés. Il faut espérer que les développements narratifs permettront de leur donner cette consistance dont elles manquent encore.

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Sur la forme, The Equator Man est un drama plutôt maîtrisé, même s'il peine à vraiment imposer une identité visuelle et musicale qui se démarque. L'ensemble est correct, avec beaucoup d'effets et de mises en scène très classiques, mais aussi quelques touches inutiles comme l'utilisation de ralentis. Au niveau musical, The Equator Man n'a pas la grandiloquence pompeuse de King 2 Hearts, ni la dimension sur-calibrée mais efficace de The Rooftop Prince. C'est une introduction en douceur, assez anecdotique, avec cependant une chanson un peu mélancolique figurant dans l'OST (cf. vidéo ci-dessous) qui correspond bien à la tonalité ambiante.

Enfin, The Equator Man bénéficie - et c'est indéniablement un de ces atouts principaux - d'un casting efficace, en ayant notamment casté pour personnage principal un acteur habitué des dramas de vengeance, Uhm Tae Woong (Resurrection, The Devil, Dr Champ). Durant son adolescence, Kim Sun Woo interprété par Lee Hyun Woo qui trouve lui-aussi bien ses marques et qui confirme la bonne impression qu'il m'avait laissé lors des débuts de Gye Baek. Face à lui, c'est Lee Joon Hyuk (I am Legend, City Hunter) qui incarne de manière convaincante cet ami trop ambitieux qui va être amené à trahir celui qu'il avait considéré comme un proche - il prend la suite du jeune Siwan. Si parfois le manque de subtilité de l'écriture se ressent, le duo propose des interprétations qui permettent de l'occulter en partie. A leurs côtés, pour compléter le quatuor, on retrouve Lee Bo Young et Im Jung Eun.

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Bilan : Avec l'assurance que lui confère son classicisme, puisqu'il emprunte des recettes traditionnelles aux mélodrames vengeurs qui ont fait leur preuve par le passé, The Equator Man pose plutôt efficacement les jalons d'une histoire qui, à défaut d'originalité, saura ne pas laisser insensible le téléspectateur. Il ne néglige en effet pas une dimension humaine fondamentale. Seul le temps dira si le drama peut espérer se faire une place dans le genre déjà bien fourni qui est le sien, mais, en dépit de ces quelques maladresses et inégalités d'écriture, ces débuts laissent entrevoir du potentiel. A surveiller.

Les amateurs de revenge drama devraient tout particulièrement y trouver leur compte.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST :