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28/08/2013

(K-Drama / Pilote) Two Weeks : compte à rebours impitoyable aux portes du mélodrame

 
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En ce mercredi asiatique, retour en Corée du Sud, où une vague de nouveautés est arrivée ces dernières semaines. Depuis le printemps, vous avez dû remarquer que j'ai souvent jeté mon dévolu sur des séries sud-coréennes riches en tensions et/ou en actions (Empire of Gold, Cruel City, Shark... et même The End of the world ou The Virus), plutôt que sur des fictions légères. Chaque téléspectateur a ses affinités d'un jour et ses humeurs. Ceci dit, la lassitude commençant à pointer, je m'étais promis de rediversifier un peu mes visionnages... Mais, en attendant, j'ai été incapable de résister à tester Two Weeks, en guise de première nouveauté d'août. La diversification, ce sera pour le mois prochain !

Two Weeks est diffusé sur MBC depuis le 7 août 2013, les mercredi et jeudi soirs. Derrière ce drama promis d'être un thriller teinté de mélodrame, on retrouve à l'écriture So Hyun Kyung (Shining Inheritance, Prosecutor Princess, 49 Days) qui s'essaie donc cette fois au registre du suspense, tandis que la réalisation a été confiée à Son Hyung Suk (Personal Preference). Côté casting, le drama devrait s'assurer une certaine visibilité avec la présence de Lee Jun Ki. Sur le papier, Two Weeks laissait entrevoir des promesses, mais aussi certaines réserves au vu du projet annoncé. Et je dois dire que les trois premiers épisodes ne m'ont pas pleinement convaincu...

[Cette review a été rédigée après les trois premiers épisodes.]

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Jang Tae San est un petit escroc, obnubilé par les femmes et les jeux d'argent, qui vit au jour le jour et sans assumer la moindre responsabilité. Pas particulièrement apprécié dans son milieu, il ne se préoccupe guère de l'opinion des autres. Sa perspective change le jour où une ancienne petite amie, Seo In Hye, vient le voir sur son lieu de travail. Ils se sont séparés de manière très douloureuse il y a plus de huit ans, Tae San la pressant alors d'avorter de l'enfant qu'elle attendait. In Hye n'a cependant pas fait ce qu'il réclamait : elle a eu, et élevé seule, une petite fille, Soo Jin.

Désormais fiancée, In Hye aurait tout pour être heureuse. Malheureusement, sa fille est atteinte de leucémie : sans donneur, elle est condamnée. Elle vient demander à Tae San de passer les examens permettant de déterminer s'il peut être un donneur compatible : il est son dernier espoir pour sauver Soo Jin. Après avoir hésité, le jeune homme accepte de se rendre à l'hôpital. Les résultats sont positifs, et l'opération est fixée dans 14 jours. L'échéance commence pour préparer médicalement la petite fille, sans retour en arrière-possible si le donneur fait faux bond. Or Tae San est piégé par un dirigeant de la pègre locale : il est arrêté par la police sur les lieux d'un meurtre et accusé du crime qu'il n'a pourtant pas commis.

Échappant aux autorités, il a deux semaines pour rester en vie et sauver sa fille, avec la police, mais aussi des tueurs, lancés à ses trousses.

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Two Weeks connaît les classiques du petit écran de son pays : de la leucémie au thème de la corruption des élites, les ressorts sont familiers et le téléspectateur ne doute pas un seul instant être installé devant un drama sud-coréen. Au point de sonner par moment très "déjà vu" et de frustrer quelque peu par manque d'innovation. Le concept de départ pose cependant un mélange intriguant et prometteur, permettant de jouer sur plusieurs tableaux en oscillant entre émotion dramatique et thriller à suspense. Tout l'enjeu va être de parvenir à trouver le bon dosage et de marier ces tonalités. Sur ce point, les premiers épisodes sont corrects, même si l'écriture laisse entrevoir ses limites.

Le grand atout du drama, ce qui renforce la curiosité d'un téléspectateur qui mettrait un peu de temps à s'acclimater, est qu'il s'agit d'une histoire construite comme un compte-à-rebours, avec l'opération programmée pour sauver la fille de Tae San en guise d'échéance. Les objectifs sont donc clairement définis, on sait où l'on va : l'enjeu est, pour Tae San, d'arriver en vie (et si possible libre) au terme du récit. Le tout s'anime suivant un rythme narratif régulier, sans précipitation artificielle, même si le drama tire parfois un peu trop sur la corde en gagnant du temps face à certains développements, ce qui cause quelques longueurs.

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A partir de ce cadre, Two Weeks dispose d'un autre atout d'importance : le personnage de Tae San. Représentant l'anti-héros par excellence et toute l'ambivalence qui s'y rattache, il s'est enfermé dans une spirale sans lendemain, jouant les irresponsables et les gigolos d'un soir. Traité avec mépris par ceux qui l'entourent, il a parfaitement conscience de sa situation et n'est pas loin de partager leur opinion. L'arrivée de son ex-amie, la découverte de sa paternité et, surtout, pour la première fois, la possibilité qui lui est offerte de réaliser une action qui compte, changent soudain la donne. Alors qu'il avait baissé les bras, c'est une voie possible de rédemption qui lui est ouverte. Ne laissant pas indifférent, il implique le téléspectateur dans cette quête hésitante vers le rachat.

Malheureusement, Tae San est isolé : les autres personnages sont moins soignés, avec un problème au niveau des figures féminines unidimensionnelles et souvent faibles. Plus qu'In Hye, lisse et passive, dans un rôle pour l'instant limité, c'est la procureure Park Jae Kyung qui signe l'entrée la moins convaincante. Alors que son personnage a un fort potentiel - elle est la seule parmi les autorités à pouvoir comprendre ce qui s'est passé -, elle se révèle inconsistante et vaguement hystérique. Cette inégalité générale de traitement est assez frustrante, car si le drama repose à juste titre sur les épaules de Tae San, il se retrouve déséquilibré par l'absence de pendant à cette figure centrale.

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Sur la forme, Two Weeks déçoit un peu : sa réalisation moyenne, et assez générique, ne parvient pas à insuffler le souffle dramatique que l'histoire devrait pouvoir générer. Si le réalisateur amuse par quelques clins d’œil cinématographiques (en incluant des images de films comme Le Fugitif), les effets de style tentés tombent souvent à plat. La bande-son n'est pas non plus particulièrement marquante, à part quelques fulgurances : elle est un arrière-plan sonore pas toujours bien utilisé, alors même que la chanson principale de l'OST est correcte (cf. la deuxième vidéo ci-dessous).

Enfin, Two Weeks rassemble un casting qui m'est a priori sympathique, mais qui souffre un peu des limites de l'écriture et de la mise en scène. Une question de réglage au démarrage peut-être. Lee Jun Ki (Time between Dog and Wolf, Iljimae, Arang and the Magistrate) entraîne sans difficulté le téléspectateur dans les dilemmes de son personnage sombre pour lequel le téléspectateur cherche et espère instinctivement une voie vers la rédemption. Park Ha Sun (Dong Yi) évolue pour le moment dans un rôle larmoyant assez limité de mère inquiète pour son enfant, épaulée par Ryu Soo Young (Ojagkyo Brothers, The Lawyer of the Great Republic Korea), à la fois policier et futur beau-père. Mais celle qui m'a le moins convaincu est Kim So Yeon (IRIS, Prosecutor Princess, Doctor Champ). J'écris cela avec regret car je l'apprécie, mais les excès de son personnage n'ont pas posé une assise crédible à une figure pourtant prometteuse. L'actrice sur-joue trop et rate le coche. Quant aux opposants, si Kim Hye Ok s'impose en politicienne retorse cachant bien son jeu, Jo Min Ki est bien transparent pour devenir un méchant d'envergure.

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Bilan : Empruntant des ingrédients narratifs éprouvés du thriller comme du mélodrame, Two Weeks a pour lui un concept efficace, avec un vrai potentiel. Le drama peut en plus s'appuyer sur une figure centrale convaincante, anti-héros ambivalent dont le téléspectateur va guetter l'éventuel rachat. Cependant, l'écriture assez balisée laisse entrevoir des limites dès ces premiers épisodes. Plus problématiques, les personnages féminins déséquilibrent pour le moment le récit. La réalisation n'a pas non plus l'apport attendu dans ce type de fiction qui prêtant mêler tension et émotion. Two Weeks signe donc une introduction en demie teinte, et je ne suis pas certaine de me prendre au jeu longtemps si elle ne corrige pas certains aspects.


NOTE : 5,75/10


Une bande-annonce du drama :

Une chanson de l'OST :

12/09/2012

(K-Drama / Pilote) The Thousandth Man : variations amoureuses teintées de fantastique

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Entre rush et stress de rentrée, j'ai trouvé cette semaine une échappatoire sériephile aussi parfaite qu'inattendue : un drama sud-coréen frais et touchant, testé sans véritables attentes si ce n'est la curiosité de voir une nouvelle fois décliné à l'écran le mythe fantastique et folklorique du gumiho. Ce fameux renard à neuf queues a déjà fait l'objet de nombreuses adaptations. Vous vous souvenez peut-être des plus récentes en 2010, très différentes l'une de l'autre, avec My Girlfriend is a gumiho et Gumiho : Tale of the fox's child, ou encore d'un épisode l'anthologie Hometown Legends (en 2008) ; voire (mais je ne le vous souhaite pas) de Nine-Tailed Fox (Gumiho), un de mes premiers k-drama, datant de 2004, dont la seule chose à sauver était l'entraînant générique.

The Thousandth Man propose donc une nouvelle re-écriture du mythe (dont la principale constante par-delà les variantes est, outre les charmantes neufs queues qui surgissent à l'écran pour certaines scènes, le fait de se nourrir du foie d'êtres humains). Diffusé sur MBC le vendredi soir à 22h, ce drama a débuté le 17 août 2012. L'autre point qui avait attiré ma curiosité est son format : il s'agit d'une mini-série de seulement 8 épisodes. Une durée brève qui apparaît comme une assurance qu'il y aura peu de longueurs, et qu'il n'y a pas de dilution d'intrigue à craindre. Après trois épisodes visionnés, je constate avec surprise que je me suis plus attachée à ce drama que je ne l'imaginais.

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Mi Jin est, comme le furent également sa mère et sa soeur, une gumiho. Sauf que ces deux dernières sont désormais devenues des humaines, car elles ont mangé les 1000 foies d'hommes exigés pour franchir ce cap vers lequel toute existence de gumiho tend. Mi Jin en est, elle, à 999. Seulement, il ne lui reste plus que trois mois pour manger son dernier foie. Si elle est incapable de trouver ce 1000e homme, elle disparaîtra, comme si elle n'avait jamais existé. Sa famille, logiquement, s'inquiète. Mais Mi Jin refuse obstinément de revoir ses principes : elle ne prendra que le foie d'un homme qui l'aime sincèrement et acceptera en conscience ce sacrifice.

Après avoir été envoyée en voyage à l'étranger par sa mère, qui multiplie les interventions pour ramener sa fille à la raison, le drama s'ouvre sur son retour en Corée du Sud. Dans l'avion qui la ramène et rencontre d'importantes turbulences, elle croise pour la première fois Eung Suk, dont le visage lui rappelle un de ses anciens amours tragiques de l'époque de Goryeo. Ce jeune trentenaire est propriétaire d'un étrange restaurant, qui ne sert qu'une seule table, et n'accepte qu'arbitrairement les demandes de réservation, exigeant une bonne raison pour admettre un tel évènement. Sa mère souhaitant depuis longtemps pouvoir dîner dans cet endroit si sélectif, Mi Jin va être amenée à recroiser Eung Suk. Mais dans le même temps, les jours défilent et l'échéance fatale se rapproche...

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Si The Thousandth Man semble tout avoir du drama relativement anecdotique, avec ses recettes narratives éprouvées, ses ficelles un peu grosses et ses raccourcis empruntés sans sourciller, il séduit progressivement par la franchise de son approche. Il émane en effet de cette série une fraîcheur et un dynamisme d'ensemble communicatif. Sur un rythme enlevé, elle enchaîne les situations improbables et/ou délirantes, assumant crânement son registre comique et tous les excès légitimes qui l'accompagnent. Elle précipite ainsi allègrement les confrontations entre ses personnages, trouvant toujours de nouveaux prétextes pour les faire se croiser. S'ils sont stéréotypés et ne font guère dans la nuance, les différents protagonistes n'en sont pas moins attachants avec leurs caractères tranchés et leurs éclats. La recherche du 1000e heureux élu pour Mi Jin suit le schéma d'un quasi formula show, puisqu'à chaque épisode, elle croise un nouveau foie homme potentiel. Certes, ces pérégrinations amoureuses, déclinant toutes les variantes envisageables des relations (l'artificiel, le désespéré, l'amour passé) et permettant au passage un petit discours sur l'Amour avec un grand A, sont de qualité inégale. Mais après un deuxième péniblement agaçant, le troisième rétablit l'équilibre avec son mélancolisme poignant.

Partie sur ces bases, The Thousandth Man aurait pu être une simple énième romcom frivole avec un twist fantastique, mais ce serait oublier la dualité de tons inhérente à son concept. Cela lui permet de gagner en ambivalence et en force émotionnelle. Capable de passer en un instant de l'absurde au sérieux, le drama sait faire preuve d'une réelle sincérité, simple et touchante, pour mettre en scène des sentiments. Très vite, assister au rapprochement progressif, hésitant, de Mi Jin et de Eung Suk devient une des raisons principales sur laquelle se construit la fidélité d'un téléspectateur chez qui cette paire fait vibrer une corde sentimentale sensible. C'est d'autant plus marquant qu'en arrière-plan, se profile une échéance plus dramatique : Mi Jin dispose de trois mois pour trouver son 1000e homme, tandis que l'état de santé entre-aperçu/suggéré de Eung Suk pose aussi question. Ces épées de Damoclès laissent entrevoir un potentiel plus poignant. On ne sait pas quel sera le tournant pris, mais cela a le mérite de faire ressortir un peu plus l'importance de chaque scène, de chaque choix, comme une sorte de carpe diem suggestif en filigrane.

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La vitalité de The Thousandth Man est également très perceptible sur la forme. La réalisation, avec son lot de plans serrés, ses montages rapides et ses coupes parfois un peu abruptes, reste classique sans réelle innovation, la photographie aux couleurs chatoyantes donnant cependant le ton. C'est à travers une bande-son très riche que The Thousandth Man s'efforce de faire passer son énergie. Il faut dire que nous sommes face à un de ces dramas que je qualifie de "clip-esque" : détestant les silences, il flotte quasiment toujours en arrière-plan une chanson ou une musique entêtante qui accompagne, voire prend le pas sur la scène en cours. Le genre majoritaire à l'écoute est k-popien, mais on croise aussi quelques morceaux plus calmes (à ce sujet : si quelqu'un sait quelle était la balade un peu déchirante qui retentit dans le troisième épisode, n'hésitez pas à me laisser la référence en commentaire !). Je critique souvent ces sur-utilisations musicales, mais dans ce drama, je dois reconnaître que cela s'insère généralement bien dans la narration, et contribue au dynamisme d'ensemble.

Enfin, ce drama rassemble un casting acceptable : il est logiquement porté au sur-jeu du fait des accents de comédie, mais, avec ses excès, ils n'en demeure pas moins capable de nous faire nous attacher à ces personnages colorés ; c'est bien là le principal. C'est Kang Ye Won qui interprète Mi Jin, gumiho obstinée qui rejette l'idée de profiter d'un amour non sincère pour se sauver. Face à elle, Lee Chun Hee dispose d'un rôle sur-mesure : ombrageux au premier abord, mais on devine vite qu'il s'agit surtout de mécanismes de défense visant à éloigner les gens. Ses scènes avec Kang Ye Won fonctionnent bien. A leurs côtés, on retrouve également Jun Mi Sun, Hyo Min, Suh Kyung Suk ou encore Park Jung Hak.

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Bilan : Comédie fantastique déclinant des variantes amoureuses convenues sur un rythme entraînant, The Thousandth Man se révèle être une série rafraîchissante qui sait jouer sur une ambivalence de tonalités appréciable. On s'amuse et on rit devant certaines tirades délirantes et absurdes... et puis, au détour d'une conversation, les thèmes redeviennent soudain plus sérieux et posés. Le temps s'égrène pour Mi Jin, tandis que le téléspectateur s'inquiète de la santé de Eung Suk. On se surprend à s'attacher. Le tournant mélodramatique est une potentialité maintenue en arrière-plan dont chacun semble avoir conscience. Si bien qu'on ne profite que plus intensément de ces épisodes, tout en espérant une heureuse résolution. Mais au fond qu'importe les larmes éventuelles, si il y a eu du rire et des sentiments avant. Tant que la série conserve sa fraîcheur et sa simplicité, tout ira bien.

Bref, The Thousandth Man n'a rien de révolutionnaire. Mais il réchauffe le coeur en cette rentrée automnale.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce du drama :

Une chanson de l'OST :

29/08/2012

(K-Drama / Pilote) Arang and the Magistrate : la fantôme et le juge, un folklore fantastique à potentiel


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En ce retour du mercredi asiatique après une (brève) pause forcée, restons en Corée du Sud. Tandis que Reply 1997 demeure mon coup de coeur de l'été, mais ce mois d'août a vu arriver d'autres nouveautés dont certaines ont retenu mon attention. Parmi elles, ma préférée est Arang and the Magistrate. Elle est diffusée sur MBC depuis le 15 août 2012, à raison de deux épisodes par semaine chaque mercredi et jeudi soir.

Son histoire s'inspire d'une légende du folklore sud-coréen. Mélange d'historique et de fantastique, le tout entremêlant drame et comédie, la série n'a pas suscité chez moi un coup de foudre immédiat. Mais c'est progressivement, par le soin apporté à son univers mythologique et le développement de ses intrigues, que je peux dire, après 4 épisodes, qu'elle a bel et bien piqué ma curiosité et a su me fidéliser devant mon petit écran.

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Arang and the Magistrate se déroule dans une petite ville, durant l'époque de Joseon. Eun-Oh, fils d'un noble et d'une esclave, a pris la route en quête de sa mère ; c'est ainsi qu'il se retrouve à Miryang. Il dispose d'une faculté rare qu'il garde secrète : celle d'être capable de voir et de toucher les fantômes. Sur le chemin, puis dans la ville, il croise une jeune femme décédée depuis trois ans qui recherche désespérément ce qui lui est arrivé : elle ne sait plus qui elle est, se présentant sous le nom d'Arang. Pour essayer d'attirer l'attention des autorités sur son cas - et éventuellement l'élucider -, elle a pris l'habitude d'apparaître aux nouveaux magistrats nommés dans la ville, provoquant invariablement des frayeurs qui sont fatales aux respectables dignitaires. 

Découvrant que Eun-Oh peut la voir et n'a aucune peur d'elle, Arang intrigue pour qu'il soit nommé magistrat à son corps défendant - le poste n'étant guère recherché au vu des récents précédents mortels. Après avoir opposé un accueil glacial à la jeune fantôme, Eun-Oh s'aperçoit qu'elle porte dans ses cheveux un binyeo identique à celui qu'il avait donné à sa mère. Arang la connaît-elle ? L'a-t-elle croisée quelque part ? Seulement, pour espérer en apprendre plus, il faut l'aider à retrouver la mémoire : découvrir qui elle est et quelles ont été les circonstances de sa mort. Eun-Oh choisit donc de rester magistrat pour le moment... Mais les actions d'Arang, et son obstination à défier les faucheurs, ont attiré l'attention des divinités, et notamment de l'Empereur de Jade qui va lui proposer un surprenant marché.

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Rentrer dans l'univers de Arang and the Magistrate nécessite de lui accorder un peu de temps pour installer ses enjeux. Multi-genres par nature, le drama propose un mélange de comédie et de drame, dont les oscillations constantes peuvent de prime abord dérouter. Parfait symbole de cette difficulté, la scène où Arang raconte, sur un ton plutôt léger, comment elle a involontairement provoqué la mort des magistrats précédents, illustre le paradoxe de ces variations de tonalités, comme si les scénaristes hésitaient sur l'orientation à donner à leur série. Certains dramas s'égarent justement à cause d'une incapacité à trouver la bonne approche pour exploiter un sujet pourtant intéressant. Heureusement, cela ne semble pas être le cas de Arang and the Magistrate qui acquiert progressivement une vraie consistance au fil de ses épisodes.

Après un pilote qui, sans véritablement expliquer la situation, prend le temps de nous familiariser avec les différents protagonistes, les suivants recentrent le récit sur ses grands enjeux. L'intrigue progresse vite ; le mystère de la mort d'Arang et le tournant inattendu que prend sa quête retiennent l'attention du téléspectateur. Parallèlement, tout en donnant suffisamment d'informations pour intéresser, la série conserve aussi ses secrets, distille quelques indices nourrissant les spéculations et aiguise donc la curiosité. Les questions se bousculent. Qu'est-il vraiment arrivé à la jeune femme ? Quel est son lien avec Eun Oh, personnage qui conserve lui-aussi sa part de mystère ? A mesure que l'intrigue s'épaissit, Arang and the Magistrate se détache d'un burlesque limité pour investir une vraie dimension émotionnelle, plus propre à la tragédie, qui sait nous toucher. Les ingrédients sont rassemblés, et le potentiel est là : ne reste qu'à maintenir un souffle narratif conséquent pour emporter le téléspectateur dans le tourbillon des destinées de nos héros.

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Avec ces bases de départ, Arang and the Magistrate aurait pu être une histoire, peut-être efficace, mais relativement quelconque dans les canons sud-coréens. Cependant sa véritable valeur ajoutée, qui fait une bonne partie de l'attrait de ces débuts, tient à l'univers mythologique qu'elle prend la peine de construire pierre après pierre. Rapidement en effet, s'esquisse toute une riche mythologie fantastique. Le drama introduit ses fantômes, chassés par ses sombres faucheurs, et ses shamans qui font le lien avec le monde des vivants. Tous ces intervenants multiples apparaissent comme autant de pions pour des divinités jouant le destin des hommes au cours de leurs parties de jeu de go. Le monde de l'au-delà, et plus particulièrement l'univers de l'Empereur de Jade, adopte une symbolique, résolument féérique, où, si tout n'est pas toujours parfaitement bien exécuté, les idées ne manquent pas.

Réveillant l'imaginaire, la mythologie introduit ses créatures, mais aussi ses codes à respecter. Plus les scénaristes apportent de détails aux conditions de chacun, des fantômes essayant de se nourrir aux faucheurs non immortels, l'intérêt du téléspectateur pour cet univers grandit... Je dois dire que c'est à cet aspect que je suis le plus sensible : il y a dans Arang and the Magistrate une volonté d'exploiter et de façonner un vrai fantastique qui ne sert pas de simple prétexte à l'intrigue, mais qui est au contraire pleinement intégré au "monde réel", y compris dans la reconstitution historique à laquelle donne lieu le drama. L'intrigue se nourrit de ce fantastique : tout semble orchestré par l'Empereur de Jade dont l'ambivalence intrigue. En prenant peu à peu ses marques, l'histoire légitime dans le même temps tout ce background fantastique. De cette homogénéité se dégage une véritable ambiance et une identité propre à la série.

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Sur la forme, Arang and the Magistrate est un fusion sageuk soigné. Le drama profite de son registre historique pour offrir quelques belles reconstitutions en costumes aux couleurs chatoyantes. Comme souvent, la réalisation s'affine et gagne en maîtrise au fil des épisodes. L'esthétique correspond vraiment à ce que l'on peut attendre de nos jours de ce genre de série. Par ailleurs, j'ai aussi apprécié la bande-son, avec des thèmes instrumentaux qui mêlent résonnances traditionnels et un côté plus rythmé accompagnant efficacement le récit. Cela contribue à lui donner une atmosphère partculière.

Enfin, le drama réunit un casting solide. Il signe le retour de Lee Jun Ki (ou Lee Joon Gi, mais déjà que je ne m'en sors pas avec les noms des acteurs, si en plus il faut changer la romanisation de leur nom une fois que je l'ai retenue au milieu de leur carrière, je déclare forfait...) après son service militaire. Quand je pense que le dernier drama dans lequel je l'ai vu devait être Time between Dog and Wolf, il a bien changé ! Mais ça m'a fait plaisir de le retrouver, d'autant que c'est un acteur qui sait jouer sur les registres aussi bien comiques que dramatiques. Il n'a pas encore été trop sollicité, mais le duo qu'il forme avec Shin Min Ah (The Devil, My Girlfriend is a Gumiho) fonctionne très bien, les deux acteurs ayant le répondant et la présence nécessaire pour former un duo convaincant à l'écran. A leurs côtés, pour le moment, les autres restent en retrait. On retrouve notamment Yun Woo Jin, Hwang Bo Ra, Kwon Oh Joong, Han Jung Soo, Yoo Seung Ho ou encore Park Joon Gyu.

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Bilan : Plus que le potentiel indéniable de son concept et son mélange des tonalités qui n'amoindrit cependant pas la force du récit - même s'il faudra surveiller ses développements à moyen terme -, Arang and the Magistrate se démarque par la richesse de l'univers qui se construit sous nos yeux. La série bâtit une vraie mythologie, le fantastique étant imbriqué dans l'histoire, et non cantonné à un simple arrière-plan distant et dépaysant. Tout n'est pas exempt de reproches : le drama a ses maladresses et des scènes parfois un peu inutiles qui génèrent quelques longueurs. Mais il séduit par son imagination, ce qui est déjà un très bon point, et donne donc envie de découvrir la suite.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce du drama :

Une chanson de l'OST :


25/04/2012

(K-Drama / Pilote) God of War (Soldier) : une fresque épique très prenante

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Aujourd'hui, restons dans les séries actuellement diffusées en Corée du Sud, en ce mercredi asiatique, pour revenir à un genre à l'égard duquel j'ai souvent eu l'occasion de déclarer mon amour : l'historique. Parce que, vous le savez bien, rien de tel qu'un solide sageuk pour introduire un parfum d'épopée dans vos programmes sériephiles et rythmer vos semaines. Très prise depuis le début de l'année, je n'avais pas encore choisi de drama de ce type en 2012 ; le mois d'avril touchant à son terme, il était grand temps de corriger cet oubli. Mon choix s'est finalement porté sur God of War (Soldier). Et quelle belle - ou, devrais-je dire, sacrément musclée - découverte ai-je fait là !

God of War (Soldier) est un drama actuellement diffusé sur MBC, les samedi et dimanche soirs, depuis le 11 février 2012. Scénarisé par Lee Hwan Kyung (un habitué des sageuk - Emperor Wang Gun, Dawn of the Empire, Yeon Gae So Mun), et réalisé par Kim Jin Min, il est annoncé comme devant être une imposante fresque, puisque 50 épisodes sont pour le moment prévus (le tout devrait ainsi se terminer en août prochain). Ses audiences semblent depuis une dizaine d'épisodes s'être stabilisées juste au-dessus de la barre des 10%. Si 20 épisodes ont été à ce jour diffusés, ce billet du jour a été rédigé après avoir visionné - avec beaucoup d'enthousiasme ! - les cinq premiers. C'est que, voyez-vous, God of War, c'est du sageuk à poigne, au souffle indéniable, qui vous prend aux tripes comme rarement !

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God of War se déroule à l'époque de Goryeo. Plus précisément, le drama s'ouvre au début du XIIIe siècle, en 1217. Même si nous sommes officiellement dans les premières années du règne du roi GoJong, le pouvoir réel est alors entre les mains de Choe Chung Heon, lequel exerce une dictature militaire maintenant difficilement un semblant d'ordre au sein d'une période troublée, notamment, par des invasions Mongoles. Dans ce contexte difficile, avec plusieurs fronts ouverts, l'insatisfaction monte au sein de certaines parties de la population. Le premier épisode s'ouvre ainsi sur une rébellion de plusieurs centaines de moines boudhistes, poussés à bout par les conditions dans lesquelles ils doivent combattre. La répression de ce mouvement est sanglante : un des deux fils de Chung Heon, Choe Hyang, y voit en effet l'occasion d'avancer ses pions pour isoler un peu plus son frère aîné, Choe Woo. Il obtiendra ainsi des aveux compromettants par tous moyens.

C'est à l'occasion de cette répression lancée contre les temples boudhistes ayant eu des membres impliqués dans la rebellion que la réalité géopolitique du pays va rattraper le jeune Kim Joon. Recueilli et élevé dans le temple, officiellement moine, son statut d'esclave de naissance réapparaît lors des vérifications d'identité opérées par les soldats les ayant arrêtés. Evitant de peu l'exécution grâce à l'intervention de la fille de Choe Woo, Song Yi, il va tomber au plus bas de la hiérarchie sociale, envoyé travailler comme esclave sur des chantiers de construction. God of War va nous relater sa lente ascension à partir de là, à commencer par la première voie qui va lui permettre de s'affranchir de ses réserves liées à son éducation boudhiste pour imposer sa valeur guerrière : un jeu létal venu de Perse, le gyeokgu.

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Le premier atout de God of War tient à l'impression de maîtrise narrative qui en émane, et ce, dès ses débuts particulièrement réussis. En effet, sans temps d'exposition, le drama nous plonge immédiatement dans l'histoire présente, avec des enjeux vite précisés. Il fait ainsi un intéressant choix scénaristique : celui de ne pas opter pour la fréquente -un peu artificielle- introduction par l'enfance de ses personnages, mais de préférer au contraire nous entraîner directement dans les évènements qui bouleversent la vie de Kim Joon. La série saura ensuite saisir diverses occasions pour présenter rapidement le background de chaque personnage, passant souvent par des dialogues, mais s'autorisant aussi à bon escient deux-trois flashbacks limités. Une fois posée cette mise en situation que représente la déchéance de Kim Joon rattrapé par son rang de naissance, God of War développe une première vraie storyline d'ampleur, représentative du mélange de jeux de pouvoir et d'action ambitionné par la série, centré autour du gyeokgu. Si ce jeu est proche du polo en théorie, il apparaît rapidement comme un combat mortel et l'arène dans laquelle il se déroule devant la population et les gouvernants l'assimilerait plutôt aux jeux du cirque romains.

Ce rythme, avec ces enchaînements sans temps mort qui annoncent les arcs narratifs rythmant les longs sageuk, rend l'histoire très prenante. La narration est dense et, surtout, on retrouve dans God of War un élément caractéristique des sageuk réussis : le drama est en effet traversé par un véritable souffle épique qui emporte le téléspectateur et permet à l'histoire d'acquérir une dimension supplémentaire. Il faut dire que la série s'impose avec force dans le registre de l'action. Musclée, je dirais même violente à l'occasion, il émane de ses images une forme de brutalité - aussi bien physique, presque graphique, que psychologique, voire émotionnelle - qui saisit et touche en plein coeur le téléspectateur. Qu'il s'agisse des scènes de combat, de torture ou de simples confrontations, grâce à ses mises en scène efficaces, la série atteint un niveau d'intensité rare, capable de marquer durablement. Grâce à cette approche très directe et presque sans concession, elle parvient ainsi à littéralement happer l'audience devant son petit écran.

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Outre une tonalité clairement définie, God of War va également trouver un juste équilibre entre ses différentes storylines. Le drama allie habilement - et de manière très classique - un récit à deux niveaux : d'une part, il s'intéresse à la destinée personnelle du protagoniste principal, d'autre part, il entreprend d'éclairer les enjeux de pouvoir au sein de la Cour. C'est sur le premier volet que repose l'empathie de la série : la déchéance sociale imposée à Kim Joon est cruelle, de même que sa séparation de Wol-Ah, aux côtés de laquelle il a grandi. Leurs destinées entremêlées constituent le ressort tragique central de ce début de récit ; et même si le drama a parfois tendance à en faire trop sur ce plan, manquant un peu de subtilité, il sait impliquer émotionnellement le télépectateur. Outre ce volet plus intime, la série nous propose d'assister à l'affirmation de ce jeune homme, brusquement arraché au confort du temple et propulsé dans un monde de violence où il faut tuer pour ne pas être tué. Le récit prend ici une dimension initiatique traditionnelle mais bien introduite, et l'on devine que Kim Joon devra surmonter son lot d'épreuves, dont le gyeokgu n'est qu'un premier aperçu.

Parallèlement, God of War nous plonge dans une situation géopolitique à la stabilité précaire, nous présentant un dirigeant vieillissant dont la succession commence à être envisagée, et dont les deux fils, héritiers potentiels, semblent promis à une confrontation certaine. En dépit de la complexité inhérente à ce type d'histoire - l'on met du temps à s'y retrouver au sein de la multitude des intervenants et de leurs allégeances respectives, la série parvient à rendre l'ensemble très prenant : cela tient au fait qu'elle transpose aux coulisses du pouvoir le même souffle qui l'anime pour les scènes d'action. Tout particulièrement, c'est la manière dont God of War dépeint un Choe Chung Heon vieillissant qui m'a fasciné. Alors même que ses fils anticipent la succession, il apparaît rapidement évident que le vieil homme n'est pas encore sénile, et qu'il lui reste suffisamment de facultés pour tirer bien des ficelles dans les oppositions qu'il encourage au sein de la Cour. Semblant favoriser son fils cadet, inquiet de la descendance de son aîné, il nous laisse constamment nous interroger sur le degré de connaissaance qu'il peut avoir des complots et manipulations dont la capitale bruisse. Dans ces luttes de pouvoir, God of War use ainsi efficacement de ficelles connues et ayant fait leurs preuves, démontrant un vrai sens de la mise en scène, avec des dialogues fournis qui participent à la tension ambiante.

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Solide sur le fond, God of War doit également beaucoup à ses atouts formels. Si sa réalisation est d'un classicisme assumé (jusqu'à certaines parenthèses pédagogiques pour permettre au téléspectateur de bien comprendre certaines situations), elle fait preuve d'une fluidité dans la manière d'ordonnancer les scènes qui est très plaisante. Tout apparaît parfaitement maîtrisé, et la caméra sait toujours trouver sa place pour retranscrire aussi bien les conciliabules secrets de palais, que les batailles rangées et les passages d'explosion de violence. Par ailleurs, le drama est accompagné d'une bande-son attrayante qui prend pleinement la mesure du souffle épique parcourant le récit. Aussi bien du côté de certains instrumentaux récurrents (notamment celui de la troisième vidéo ci-dessous, que j'apprécie tout particulièrement) que pour les ballades plus posées, la série soigne l'emploi de ces musiques pour les faire bien coïncider avec la tonalité particulière des scènes qu'elles sont censées souligner.

Enfin, God of War bénéficie d'un casting efficace et homogène. Plutôt bien dirigés, avec des dialogues relativement consistants, ils se montrent à la hauteur de la force du récit. C'est Kim Joo Hyuk (Terroir, Lovers in Prague, Life a Flowing River) qui interprète Kim Joon. Si j'aime modérément cet acteur, j'avoue que je me suis facilement laissée prendre par son jeu globalement solide. A ses côtés, on retrouve plusieurs valeurs sûres du petit écran sud-coréen. Outre Park Sang Min (Dae Wang Sejong), c'est Jung Bo Suk qui interprète le fils aîné de Choe Chung Heon. Du côté des personnages féminins, Kim Kyun Ri (Han River Ballad, Yong Jae Golden Days) se révèle très intéressante pour jouer la fille de Choe Woo, une jeune femme qui n'a certainement pas froid aux yeux. Hong Ah Reun (Rock Rock Rock) incarne quant à elle Wol-Ah, personnage à la dimension plus tragique dont le sort la lie au héros. La galerie d'acteurs est impressionnante au vu du nombre de protagonistes, et l'ensemble se révèle convaincant. De ces premiers épisodes, je retiendrais parmi eux la performance de Joo Hyun, qui incarne avec beaucoup de charisme ce vieux dirigeant qui joue des jeux de pouvoir avec toujours beaucoup de dextérité.

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Bilan : Sageuk musclé, récit particulièrement brut - violent même - et intense, God of War est parcouru de ce souffle épique caractéristique des dramas historiques réussis. Bénéficiant d'une construction narrative fluide et consciencieuse, avec des enjeux exposés de manière efficace, c'est une série qui se réapproprie pleinement un certain nombre de recettes très classiques du genre. Souvent prenante, elle captive le téléspectateur en renvoyant l'image d'une vaste et ambitieuse fresque historique. Parvenant à entremêler quête de pouvoir et épopée personnelle, ses débuts s'équilibrent bien entre les luttes au sein de la famille Choe et l'évocation de destinées plus modestes et humaines.

C'est donc un récit historique très dense, mettant en scène combats et complots, qui devrait plaire à tout amateur de sageuk ! N'hésitez donc pas !


NOTE : 7,75/10


Une bande-annonce :

Une chanson de l'OST :

Un instrumental de l'OST :

28/03/2012

(K-Drama / Pilote) The King 2 Hearts : des relations pimentées sur fond de rapprochement des deux Corées


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Le printemps est là ! Il ne se limite pas au ciel bleu et à ces températures tempérées. En Asie, les saisons télévisuelles suivent le rythme du climat. C'est donc l'arrivée dans les grilles de nouvelles séries. Si l'hiver m'avait assez peu emballé en Corée du Sud (hormis History of the Salaryman), les projets des grandes chaînes annoncés pour ce printemps aiguisent déjà plus ma curiosité. Sauront-ils me convaincre ? C'est une autre histoire. La semaine dernière avait lieu la première grande confrontation entre les chaînes qui lançaient toutes leurs nouveautés des mercredi et jeudi soirs. Dans cette lutte des audiences, c'est King 2 Hearts qui en est sortie vainqueur, avec plus de 16% d'audience. 

Ce drama n'était pas forcément celui que j'attendais le plus, même si la seule présence de Ha Ji Won l'avait logiquement placé en haut de la pile à découvrir. Ce sera donc la première série du printemps asiatique évoquée sur ce blog. Lancée le 21 mars 2012 et diffusée sur MBC, elle est à ce jour prévue pour 20 épisodes. Si son genre (comédie, drame, romance, action ?) demeure pour le moment flou, le thème ne vous sera pas inconnu : on va encore parler de Corée du Sud, de Corée du Nord, et de mariage et d'amour, avec une approche cependant très différente de Korean Peninsula (Hanbando), ou même de Myung Wol the Spy l'an dernier. Les deux premiers épisodes n'auront pas suscité de coup de coeur, mais le drama a cependant quelques atouts...

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King 2 Hearts se situe dans une réalité alternative, dans laquelle la Corée du Sud est une monarchie constitutionnelle ; les deux Corées y sont pareillement séparées, avec une histoire passée semblable à celle de la réalité. Nous sommes dans une période de détente et d'esquisse de coopération entre les deux régimes, dans l'optique de consolider la paix dans la péninsule (même si cela ne plaît pas à tout le monde, et que certains spéculateurs ont au contraire intérêt à souffler sur les braises des différences entre les deux pays). Pour marquer cette alliance, rien de tel qu'une compétition durant laquelle les sud et nord-coréens se battront au sein d'une seule équipe et sous les mêmes couleurs. Ce sera la World Officer Championship (WOC) : une épreuve internationale qui voit s'affronter des militaires issus de différents pays.

Il est prévu que le Nord et le Sud fournissent 3 soldats chacun pour constituer l'équipe de six officiers qui représentera la nation coréenne dans son ensemble. Parmi les représentants du Nord, Kim Hyang Ah, une instructrice de fer dans les forces spéciales, se laisse convaincre par son supérieur de participer à l'épreuve. Au Sud, outre deux officiers sélectionnés sur leur mérite, le roi décide de faire un geste symbolique fort : il contraint son jeune frère, Lee Jae Ha, à être le troisième représentant de la Corée du Sud. Mais Jae Ha est avant tout un héritier irresponsable et frustrant qui n'a aucun sens de l'intérêt général...

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C'est après quarantes premières minutes relativement poussives que King 2 Hearts démarre véritablement. Dès le départ, un défaut récurrent du drama est perceptible : cette façon des scénaristes de céder trop souvent à la facilité et aux raccourcis. Ainsi, l'aperçu du passé du prince Jae Ha et de de son frère, puis l'introduction rapide des premiers enjeux, vont à l'essentiel, mais se déroulent de manière trop expéditive pour permettre de s'attacher en dépit de quelques scènes qui auraient mérité d'être approfondies. Une fois dans le présent, avec la situation du WOC et de cette union entre le Nord et le Sud posée, la série gagne considérablement en vitalité, se construisant sur les confrontations entre les personnages. Ce sont alors les dynamiques s'installant entre les deux protagonistes principaux qui retiennent l'attention : pimentées comme il se doit, rythmées par un sens de la répartie des plus piquants, cette relation conflictuelle saura provoquer quelques francs éclats de rire et même toucher. 

Cependant, paradoxalement, si Hyang Ah et Jae Ha partagent de manière convaincante toute sorte de scènes - aussi bien comiques et excessives, que intimes et dramatiques -, leurs personnages peinent à s'imposer individuellement. Le problème vient de la tendance des scénaristes à toujours vouloir forcer et grossir leurs traits de caractère. Si l'insolence et l'inconséquence de Jae Ha sonnent vite un peu répétitives, c'est surtout Hyang Ah qui frustre le téléspectateur. Le personnage se retrouve enfermé dans une psychologie binaire, oscillant entre la femme d'action et la trentenaire célibataire désespérée : loin de lui donner la moindre épaisseur, ce manque de subtilité de l'écriture empêche toute cohérence dans sa personnalité. Tiraillée entre des postures opposées et caricaturales, Hyang Ah sonne faux ; et l'on peine donc à s'attacher à elle. Ce manque d'empathie émotionnelle reste d'ailleurs la conséquence la plus problématique de ces débuts hésitants, même si le relationnel laisse entrevoir du potentiel.

king2heartsl.jpg Au-delà d'une dimension humaine demandant quelques ajustements - ce que le temps lui permettra peut-être -, c'est par sa tonalité très changeante que King 2 Hearts se révèle la plus déroutante. La série entreprend en effet, au cours de ces deux premiers épisodes, de brouiller les attentes du téléspectateur, se maintenant volontairement à la croisée de genres a priori sans rapport. C'est ainsi qu'elle alterne, souvent sans la moindre transition, et parfois au cours d'un seul et même échange, les passages dramatiques et les échanges plus comiques. Plus d'une fois, la tonalité bascule de manière inattendue, passant d'un registre grave et sérieux, à un scène légère qui pourrait tout droit être issue d'une comédie romantique. De la même façon que le personnage de Ha Ji Won, le drama y perd en cohésion, car les scènes aux tonalités très différentes sont souvent trop déconnectées entre elles pour parvenir à proposer un tout homogène.

Ce parti pris des scénaristes a cependant un objectif très clair : en tentant de jouer sur tous les tableaux, King 2 Hearts essaye de parler au plus large public possible. En effet, chacun y trouve obligatoirement en partie son compte durant ces deux premières heures : le drama réussit à trouver le temps de s'adresser aussi bien à l'amateur de drama sérieux avec un arrière-plan géopolitique accrocheur qu'à celui de comédies volontairement absurdes et excessives (ne me demandez pas dans quelle catégorie se classe la M society...). Il y en a pour celui qui rêve de future romance fleur bleue, comme pour celui qui savoure les séries d'action. Cette ambition "généraliste" a cependant ses limites : à refuser de choisir, la série entretient un flou agaçant sur son orientation future : quelle est donc la logique narrative à l'oeuvre ? Ce scepticisme qui naît au fil des deux épisodes est renforcé par le fait que si les styles sont très divers, l'écriture reste malheureusement très traditionnelle : il n'y a pas d'originalité, ni d'étincelle, dans un contenu qui manque de relief - hormis durant quelques rares moments réussis (comme la confrontation du prince avec son frère pour le force à rejoindre l'équipe de la WOC) - et ne surprend quasiment jamais.  

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Sur la forme, King 2 Hearts dispose d'un visuel soigné, et d'importants moyens mais qui ne sont pas toujours utilisés à bon escient. La réalisation est travaillée ; la caméra sait certainement mettre en valeur ses décors et dispose d'un certain oeil pour la mise en scène. Cependant le drama donne parfois le sentiment d'en faire trop. Plus que l'esthétique, c'est la bande-son qui frise l'overdose en morceaux de musique classique : à force d'omniprésence, ils tendent à devenir très pompeux. Cela produit sur le téléspectateur l'effet inverse de ce qui est recherché : cet étalage ostentatoire agace, et réduit sa patience vis-à-vis du drama sur le fond. J'aurais donc juste une demande pour la suite : un peu de sobriété !

Enfin, King 2 Hearts bénéficie d'un casting où chacun se voit attribuer un registre dont on sait qu'il le maîtrise parfaitement. Lee Sung Ki (Shining Inheritance, My Girlfriend is a Gumiho), en héritier inconséquent, remplit sa part du contrat ; tandis que Ha Ji Won (Damo, Secret Garden) renoue avec un rôle qu'elle connaît bien, même si malheureusement écrit de façon quelque peu schizophrène, alternant sans transition entre la femme d'action endurcie et celle qui se nourrit de rêves de mariage inaccessibles. Les deux acteurs fonctionnent en tout cas efficacement ensemble, et leurs scènes communes ne manquent pas d'une certaine alchimie. A leurs côtés, on retrouve Jo Jung Suk (What's up) - qui se rappelle au bon souvenir de nos oreilles dès le deuxième épisode -, Lee Yoon Ji (Heading to the ground) et Yoon Je Moon. 

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Bilan : Après un début quelque peu poussif, King 2 Hearts trouve progressivement son rythme en exploitant d'intéressantes dynamiques relationnelles qui se nouent entre les personnages. Navigant volontairement à la croisée des tonalités, le drama se veut rassembleur : chaque public qui y trouvera partiellement satisfaction. Cependant, doté d'une écriture manquant singulièrement de subtilité et de nuances, cédant trop souvent à des raccourcis faciles, il peine à trouver son identité. La série semble s'égarer entre les différents genres sans réussir à convaincre pleinement dans aucun des registres auxquels elle s'essaie. A la fois trop dispersée et trop calibrée, il lui manque une direction claire. 

C'est donc un drama peut-être à poursuivre pour encore quelques épisodes afin de voir comment évoluera la gestion des rapports au sein du duo principal, mais cela ne sera sans doute pas mon k-drama de la saison !


NOTE : 5,75/10


Une bande-annonce :

Une chanson de l'OST :