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02/07/2011

(Pilote US) Suits : un duo détonnant pour un legal drama divertissant et clinquant

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Cela fait plusieurs années que je nourris une tendre affection téléphagique pour USA Network ; un investissement pas franchement toujours récompensé, mais qui demeure inébranlable. Je vais vous épargner mon laïus habituel sur l'art-de-divertir-personnages-attachants-toussa auquel vous avez droit à chaque review de pilote sur cette chaîne. Disons juste que, même si je suis rarement plus d'une série en même temps, parfois deux, du temps où je n'avais pas délaissé Psych, j'ai besoin de ma dose hebdomadaire de 40 minutes en provenance de USA Network.

Actuellement, la place est occupée par White Collar. Pour être honnête, j'ai fini la saison 2 en m'étant persuadée d'abandonner (deux saisons étant souvent la durée moyenne de mon attention devant ces divertissements). Mais j'ai repris la saison 3 il y a quelques semaines... et que dire, si ce n'est que, en dépit de ses faiblesses structurelles, je chéris de manière franchement disproportionnée ce rendez-vous hebdomadaire. Il faut donc se faire une raison, il n'y a pour le moment pas de place vacante à espérer. Pour autant, parmi les nouveautés estivales d'USA Network, si je passe mon tour sans sourciller devant Necessary Roughness, en revanche, il m'était impossible de ne pas jeter un coup d'oeil à Suits dont la diffusion a commencé aux Etats-Unis le 23 juin 2011. Le jour où je saurais dire non à un legal drama n'est pas encore arrivé.

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Suits met en scène un duo de juristes détonnant qui va se contituer au cours de ce pilote. Harvey Specter est l'un des meilleurs avocats actuellement en exercice à Manhattan. Il n'a notamment pas son pareil pour mener à bien des négociations. Doté d'un esprit vif, cultivant une apparence soignée où perce une pointe d'arrogance caractéristique, il est le prototype de l'avocat issu de Harvard et ayant réussi. Il aime pourtant à penser qu'il n'est pas un de ces esprits préformatés et tellement ennuyeux qui sortent de cette fabrique à juristes. Quand son cabinet lui confie le soin d'embaucher un assistant ayant suivi ce même parcours, Harvey se montre donc fort peu enthousiaste.

Ces entretiens d'embauche sont perturbés par le débarquement impromptu d'un jeune homme, Mike Ross, confondu avec un des postulants. Ce dernier est en réalité poursuivi par la police pour avoir finalement cédé aux demandes de son meilleur ami, trafiquant, de livrer une valise pleine de drogue, dans ce qui se révèle être un piège policier. Cette péripétie n'est que l'énième épisode d'une longue amitié à problème. Avec sa mémoire photogaphique, Mike aurait pu faire des études, s'il n'avait pas été pris en train de tricher à un examen suite à une combine dudit ami. Depuis, il se nourrit de ses amertumes et regrets, vivote en se faisant payer pour passer l'examen du barreau à la place d'autres personnes et s'occupe de sa grand-mère.

Harvey tient là son esprit non conformiste, un petit mensonge sur la scolarité de Mike à Harvard suffisant à le faire échapper à l'ennui profond que provoquera n'importe quel autre candidat. Pour Mike, c'est une opportunité unique d'une seconde chance pour remettre sa vie en ordre. Reste à savoir s'il aura les épaules pour ce nouveau métier.

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A défaut d'originalité, le pilote de Suits n'en dévoile pas moins un attrayant potentiel. La série a deux grands atouts. Tout d'abord, il y a l'environnement de legal drama qui permet de laisser libre cours au sens de la répartie aiguisé des différents protagonistes, forçant les traits pour mettre en scène et surfer sur cette tendance qu'ont ces juristes de tout transformer en un show quasi-permanent. Ensuite, pour exploiter cette recette qui a déjà fait ses preuves, la série va bénéficier de la dynamique qui s'installe progressivement entre les deux protagonistes principaux. C'est une relation hésitante de mentor/apprenti qui se forme, teintée d'une forme de compétition sourde, propre aux rapports entre deux individu, avec leurs certitudes, qui ont chacun un égo à ménager. Le twist du mensonge initial au sujet de Harvard lie leur destinée plus que Harvey et Mike ne le souhaiteraient, pour le meilleur et pour le pire, en un sens. On devine déjà d'où pourront d'ailleurs venir les ennuis : tout cela ne demande donc qu'à être exploré plus avant.

Au-delà de ces bases indéniablement attractives cependant, si le pilote de Suits formule des promesses pour le futur, l'épisode en lui-même n'est pas l'introduction la plus réussie qui soit. Il n'est pas nécessaire de s'attarder sur le classicisme du cas d'espèce constituant la première affaire qu'ils traitent en collaboration : si USA Network sait nous faire aimer ses personnages et ses ambiances, elle ne prend aucun engagement pour ses intrigues ; la clause est implicitement écrite dans son cahier des charges. En revanche, la difficulté à rendre crédible la situation de Mike est plus problématique. La série en fait beaucoup pour caractériser ses protagonistes, peut-être trop : l'ensemble sonne un peu artificiel, et trop forcé par instant, surtout au début. D'autant que la durée d'1h15 aurait sans doute pu être réduite, ce qui aurait évité quelques longueurs.

Reste qu'en dépit de ces petits bémols sur la structure même du pilote, les quelques échanges jubilatoires proposés lorsque l'épisode se lance véritablement suffisent à convaincre le téléspectateur de pousser plus loin la découverte. Mission donc accomplie.

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Sur la forme, Suits est une série qui reprend l'esthétique chic-et-classe citadin, ainsi que l'exploitation du décor new-yorkais, que l'on retrouve déjà chez White Collar. Chacun est habillé de manière irréprochable (même s'il faut un temps d'adaptation à Mike), permettant d'accentuer l'impression de photographie parfaitement huilée où les teintes sont volontairement un peu froides. En somme, c'est un décor sur papier glacé correspondant bien au ton de la série qui nous est offert.

Enfin, le casting, composée de têtes familières des sériephiles, répond parfaitement aux attentes. Gabriel Macht (Les médiums) n'a pas son pareil pour incarner avec un naturel désarmant cet avocat à succès flamboyant à l'esprit très vif. Patrick J. Adams oscille entre certitude sur ses capacités et tentation perception de choisir le chemin le plus facile. Les quelques scènes que nous offrent ce duo dans le pilote promettent beaucoup poour la suite. A leurs côtés, on retrouve notamment Gina Torres (Firefly, Huge), fidèle à elle-même en boss exaspérée, Meghan Markle et Rick Hoffman (The Street, Samantha who).

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Bilan : Bénéficiant d'un concept intéressant, le pilote de Suits laisse entrevoir un indéniable potentiel, en dépit des quelques inégalités, voire maladresses, pour l'introduire. Exploitant avec enthousiasme la forme clinquante du legal drama où règne un sens de la répartie souvent jubilatoire pour le téléspectateur, la dynamique du duo principal, une fois bien rodée, promet également beaucoup. Avec son parfum de bromance new yorkaise stylisée, Suits s'inscrit au fond dans un registre proche par certains points de White Collar sur USA Network. Ce qui explique l'affinité naturelle que je ne peux que ressentir pour elle. Si la succession dans mes programmes n'est pas à l'ordre du jour, je vais peut-être lui laisser une petite place, histoire de suivre l'évolution de cette première saison.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :