02/05/2012
(J-Drama) The Quiz Show, saison 1 : un déstabilisant jeu télévisé
Après quatre mercredis asiatiques consacrés à la fiction sud-coréenne, il est temps de retourner explorer le petit écran japonais. Je vous propose de reporter l'exploration des nouveautés printanières et de laisser de côté les bilans de l'hiver achevé (même si j'y reviendrai notamment pour vous parler d'une série en cours de sous-titrage, pour l'instant extrêmement prometteuse, et qui devrait devenir mon deuxième grand coup de coeur de l'année après Shokuzai). Aujourd'hui, nous allons nous arrêter sur un j-drama un peu plus ancien, carrément inclassable, qui figurait depuis quelques temps sur ma liste de séries à découvrir : The Quiz Show.
Ce drama a été diffusé sur NTV du 6 juillet au 27 septembre 2008 le samedi dans la nuit. Sa première saison compte 12 épisodes de 23 minutes environ chacun. Une deuxième saison a été diffusée l'année suivante, conçue sur un format plus long (le classique 45 minutes par épisode), avec un casting différent. Il est difficile de déterminer s'il s'agit d'une forme de suite, ou plutôt d'un remake exploitant les mêmes recettes. Ne l'ayant pas vue, ma critique portera uniquement sur la première saison qui s'apprécie indépendamment. Si je tiens tout particulièrement à cet article, c'est que The Quiz Show est une de ces belles surprises qui redonne foi en ces concepts à suspense où tout repose sur l'ingéniosité du scénario et ses acteurs.
The Quiz Show est le nom de l'émission de jeu télévisée que la série met en scène. Elle va s'intéresser à ses coulisses, tout en nous faisant vivre, comme un téléspectateur lambda, la participation de différents candidats pour tenter de remporter le premier prix. Ce dernier est alléchant : s'ils parviennent à répondre aux septs questions posées, ils peuvent remporter 10 millions de yens, ou bien, en continuant jusqu'au dernier niveau, voir leur rêve le plus cher devenir réalité, avec le soutien de la chaîne de télévision. Seulement, à chaque émission, ce qui commence par de simples questions de culture générale accessibles au participant prend progressivement un tour de plus en plus personnel, glissant dans leur vie intime pour les déstabiliser.
Car The Quiz Show n'est pas un jeu ordinaire. Son objectif est d'éclairer les failles de ses candidats, visant à exposer leurs sombres secrets au grand jour. Petit à petit, sous la pression, voire l'appât du gain, ces "victimes" initialement consententes finissent par dévoiler une part d'eux-mêmes qu'ils tiennent jalousement secrète. Certains mentent, d'autres se décomposent et perdent leurs moyens. Il y en a qui profitent de l'émission pour soulager leur conscience et expier un poids devenu trop lourd à porter, tandis que d'autres ressortent brisés de l'expérience. Mais de plus, en filigrane, un autre fil rouge mystérieux se superpose à cette succession de candidats-victimes. Ces derniers ne sont pas choisis au hasard : quelles motivations se cachent dans les coulisses de l'émission ? Animé par un présentateur exubérant dont le passé comporte ausis un confus et dramatique secret, The Quiz Show est produit par un inquiétant individu dont l'agenda caché semble déterminer toute l'émission.
The Quiz Show appartient à cette catégorie, prisée mais rare, des OTNI (object télévisuel non identifié). Ce sont ces fictions aux concepts intrigants, qui n'hésitent pas à expérimenter et où la gestion habile des prises de risque va palier les limites formelles et budgétaires. Lorsque ces dramas sont bien dosés, le télépectateur les savourent toujours avec une satisfaction particulière, justement parce qu'ils réhabilitent l'originalité : ils osent tenter des choses et sont capables d'explorer et de repousser les limites de leur univers. C'est exactement ce que j'ai ressenti en visionnant The Quiz Show. Faisant preuve d'une réelle maîtrise narrative, cette série va se construire une tension psychologique prenante et efficace, dont l'intensité va aller crescendo à mesure que la saison progresse.
Sa réussite tient tout d'abord à la manière dont elle s'approprie pleinement son concept : elle fait sienne les dynamiques propres à une émission de télévision, avec la dose de voyeurisme qui lui est inhérente. Mettant à profit sa durée relativement courte - une vingtaine de minutes par épisode - qui lui permet d'aller à l'essentiel, la structure de The Quiz Show repose principalement sur le jeu mis en scène, son rythme dépendant de la succession de questions et de la montée des tensions. Si le drama laisse entrevoir les coulisses de l'émission, avec des interventions de la régie à chaque dérapage durant le direct, son cadre principal reste le plateau de télévision. En dépit de la présence du public, des millions de téléspectateurs derrière leur écran, c'est bel et bien sur un ressenti de huis clos que joue la série. Car The Quiz Show va être une histoire de face à face.
En effet, ce drama repose sur une double confrontation dont les enjeux ne sont révélés que progressivement. La première, la plus évidente, est celle qui naît entre le présentateur et chaque candidat. Si The Quiz Show suit un schéma presque invariable, nous faisant assister à la déstabilisation progressive de la "victime" du jour, pour la conduire à exposer spontanément ou non un terrible secret, chaque émission a ses particularités. Tous les candidats ne sont pas placés sur le même plan : pour certains, leur personnalité et l'acte commis font qu'ils ne peuvent connaître aucune forme de rédemption et le présentateur se montre sans pitié ; pour d'autres, l'émission sert de confession expiatoire, plaçant la personne devant ses responsabilités et l'obligeant à cesser de fuir. Capable de se renouveler, la série a l'habileté de ne jamais se laisser enfermer dans son concept. Elle n'est pas manichéenne, ni moralisatrice - les brèves conclusions du présentateur restent de simples chutes finales. De plus, elle va savoir jouer sur l'empathie du téléspectateur et ses nuances. Les sentiments que suscitent les différents personnages sont en effet très variables : certains sont sympathiques, tandis que d'autres apparaissent profondément antipathiques.
De manière générale, The Quiz Show ne se départit jamais d'une ambiguïté, incarnée par ses principaux protagonistes. C'est particulièrement perceptible dans la deuxième confrontation qui se construit en filigrane : celle du présentateur et du producteur. La série sait ici prendre son temps : elle dévoile une à une ses cartes, intrigant d'abord, puis construisant progressivement l'antagonisme qui lie les deux hommes. Ce fil rouge est bien dosé, se faisant de plus en plus pesant à mesure que la saison progresse et que l'on comprend que même le choix des candidats dépend de ce face à face. The Quiz Show tiendra ses promesses, proposant une confrontation finale à la hauteur de la tension introduite. Elle l'orchestre de façon admirable sur les deux épisodes de fin. Elle respecte en plus jusqu'au bout les codes établis par les premières émissions, puisqu'il s'agit d'un affrontement, avec un voyeurisme expiatoire vengeur assumé, qui va remettre en cause les certitudes de certains et faire apparaître, dans la douleur, la vérité.
Sur la forme, The Quiz Show tire partie de son budget limité et de son format relativement court pour entretenir la proximité avec le plateau de l'émission et les différences participants, contribuant ainsi au huis clos et à l'atmosphère si difficile à cerner de la série. Dès le générique d'introduction, la chanson rock déchirante proposée (Paralyzed ocean, de Pay money to my pain) donne le ton : elle apparaît comme un écho parfait au cri de désespoir dont le drama se fait le récit. Parfois pesant, pathétique, voire inquiétant, il y a une volatilité d'ensemble que la caméra va savoir capturer, grâce aux performances des acteurs.
The Quiz Show bénéficie en effet d'un convaincant casting. Une bonne partie de l'intensité de la série repose sur la performance énergique de Katagiri Jin (Chojin Utada), un acteur que je ne connaissais pas et qui m'a impressionnée dans ce rôle très particulier. Il a été capable de cerner toutes les ambivalences et facettes de son personnage, retranscrivant l'exubérance du présentateur, mais aussi ses failles, avec une interprétation ambiguë hantée par un douloureux passé inaccessible. Face à lui, on retrouve Totsugi Shigeyuki (Uta no Onii-san) qui reste initialement cantonné à un rôle machiavélique en retrait, mais va être en mesure de se révéler dans les deux derniers épisodes de la saison. De plus, il faut noter que le drama accueille aussi son lot de guest-stars notables parmi les candidats des différentes émissions : on retrouve notamment Yamamoto Koji (Karei Naru Ichizoku) en chanteur has been, Takahashi Mai (Mousou Shimai) en mangaka ratée ou encore Sato Jiro (Uta no Onii-san, Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro) en astrologue ambitieux.
Bilan : Drama intrigant et original qui entend exploiter sous toutes ses facettes le concept particulier qui est le sien, The Quiz Show nous introduit dans une émission télévisée déstabilisante au sein de laquelle se construit une tension psychologique des plus prenantes. Plaçant en son coeur une double thématique de vengeance et d'expiation, il se caractérise par une admirable maîtrise narrative tout au long de ses douze épisodes, capable de prendre son temps pour poser ses enjeux et offrir une résolution à la hauteur des attentes. C'est vraiment une expérience réussie des plus intéressantes, qui sort de l'ordinaire dans le paysage des dramas japonais.
En résumé, une curiosité à découvrir !
NOTE : 8/10
Le début du premier épisode (avec le générique d'ouverture de la série) :
14:39 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : j-drama, the quiz show, ntv, katagiri jin, totsugi shigeyuki, yamamoto koji, takahashi mai, sato jiro | Facebook |
29/04/2012
(UK) Whitechapel, saison 3 : l'Histoire (criminelle) est un éternel recommencement ?
Cet hiver, j'ai dû laisser un certain nombre de séries de côté par manque de temps. Parmi elles, la saison 3 de Whitechapel, une série que j'ai toujours appréciée pour son ambiance particulière, mais dont je me disais qu'elle arrivait à bout de son concept en ayant exploté deux fois d'affilée l'hypothèse d'un copycat (Jack l'Eventreur, les jumeaux Kray) reproduisant des crimes passés. La saison 2 était agréable à suivre, mais avait nécessité une importante part de "suspension of disbelief" que je craignais de voir devenir vraiment problématique.
Cependant, la lecture de la critique de Carole sur Critictoo m'avait convaincu de lui laisser sa chance, malgré mes hésitations, pour une nouvelle fournée de six épisodes, diffusés au cours de l'hiver sur ITV1 du 30 janvier au 5 mars 2012. Je dois donc la remercier, car j'ai pris beaucoup de plaisir devant une série qui, manifestement, a identifié ses atouts et sait les mettre en avant.
La bonne initiative des scénaristes pour cette saison, c'est d'avoir su garder la particularité de départ de Whitechapel - son utilisation de l'Histoire - tout en renouvelant le concept de base. Désormais les anciennes affaires exhumées des archives criminelles de la police anglaise - et même au-delà des frontières ! - servent d'inspiration pour offrir d'autres perspectives sur les meurtres à résoudre, sorte de modélisation de faits divers pouvant se reproduire à une autre époque.
Si la saison comporte 6 épisodes, elle est divisée en trois enquêtes distinctes qui s'étalent chacune sur deux épisodes. De brefs arcs narratifs qui permettent à la série de naviguer entre différentes affaires sanglantes. Du côté de l'équipe, Joseph Changler dirige toujours l'équipe, assisté de Ray Miles. La principale nouveauté de cette saison est le recrutement d'Edward Buchan, qui quitte son statut de consultant/passionné officieux pour un vrai poste au sein des forces de l'ordre, ou plus précisément de leurs archives.
La réussite de cette troisième saison de Whitechapel tient aux deux grands atouts qu'elle parvient à mobiliser pour délivrer six épisodes très plaisants à suivre. Elle compense habilement le manque de crédibilité de son concept de base, cette utilisation particulière de l'Histoire, par l'ambiance que cette approche lui permet d'explorer. Car avec ses meurtres sanguinolants, ses ruelles sombres et ses figures inquiétantes et marginales croisées lors de ses enquêtes, Whitechapel flirte allègrement avec le genre semi-horrifique. Lui empruntant certains codes narratifs, mais aussi ses mythes, elle reste une série policière qui semble nous entraîner toujours plus loin dans les confins de la noirceur de l'âme humaine. Elle se construit ainsi une atmosphère à la fois fascinante et inquiétante des plus intéressantes. Une des constances des affaires est la violence des crimes, lesquels sont généralement commis en séries. Le nombre de victimes, et donc les cadavres, s'accumule. La durée de deux épisodes est relativement bien gérée, même si elle oblige parfois à certaines brusques accélérations dans la résolution des intrigues.
Parallèlement, le second attrait de Whitechapel demeure la dynamique qui unit ses différents personnages. Il y a bien sûr le duo principal, composé du DI Chandler et du DS Miles, si dissemblables mais désormais solidement unis dans les turbulences des affaires qu'ils mènent. Au fil de la saison, on perçoit à quel point cette amitié est aussi chargée d'une certaine affection paternelle de la part de Miles, qui est conscient qu'il doit parfois protéger son supérieur de lui-même. Un des fils rouges personnel de la saison sera de tenter bon gré, mal gré de trouver une petite amie à Joe ; des essais qui se finiront en sorties théâtrales ou en larmes. Ed Buchan découvre lui les responsabilités liées à la place désormais officielle qu'il occupe dans les enquêtes, avec la difficulté des choix à faire. Le personnage connaîtra un intéressant développement plus introspectif. Enfin, Whitechapel ne néglige pas toute l'équipe qui entoure Joe Chandler, avec des rôles secondaires, bien dépeints, qui s'insèrent très bien dans la dynamique d'ensemble de l'unité. Une bonne partie de la fidélité du téléspectateur repose donc sur l'indéniable attachement qui naît envers toute cette galerie de protagonistes.
Sur la forme, Whitechapel conserve son identité visuelle soignée, avec une photographie sombre qui semble tout droit tirée des plus noirs polars. La réalisation est très bien maîtrisée, la caméra n'hésitant pas à jouer parfois avec les nerfs du téléspectateur lorsque ses inspirations horrifiques se réveillent le temps de ces quelques scènes qui laissent entrevoir un des crimes de l'épisode. Accompagnant cette tonalité, la musique se révèle toute aussi efficace pour poser l'ambiance.
Enfin, la série dispose d'un casting qui m'est devenu, au fil des saisons, très sympathique et qui continue de délivrer de solides performances. Rupert Penry-Jones, dans ce rôle toujours un peu ambigü d'un DI consciencieux, mais avec ses insécurités (et notamment cette tendance à voir resurgir ses troubles obsessionnels compulsifs et autres rituels), forme une équipe convaincante, associé à un Phil Davis qui a la réplique du vétéran toujours aussi prompte. Steve Pemberton investit un arc plus intime, assez touchant, qui lui donne pleinement la mesure de s'exprimer. A leurs côtés, on retrouve Sam Stockman, Ben Bishop, Hannah Walters, Claire Rushbrook ou encore Alice Newman.
Bilan : Avec cette troisième saison, Whitechapel réussit le défi de se renouveler tout en gardant les fondations qui ont fait le charme et l'attrait de la série depuis ses débuts. Peu importe la fragilité de cette idée de départ, d'exploiter l'Histoire pour éclairer le présent, c'est le plaisir de retrouver des personnages attachants, fidèles à eux-mêmes et dont les relations sont bien traitées, qui l'emporte. Le téléspectateur se laisse entraîner dans cette atmosphère sombre, parfois glauque, souvent inquiétante, à la frontière de l'horreur mais sans jamais y basculer totalement. Une fiction policière avec sa propre identité.
En résumé, ceux qui ont apprécié les deux premières saisons devraient pareillement aimer cette troisième !
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la saison 3 :
07:49 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : itv, whitechapel, rupert penry-jones, phil davis, steve pemberton, sam stockman, ben bishop, hannah walters, claire rushbrook, alice newman | Facebook |
27/04/2012
(SUI) "10" : un intrigant thriller sur fond de partie de poker
My Télé is Rich! pose ses valises dans un nouveau pays européen aujourd'hui... la Suisse ! Certes, une destination peut-être pas aussi exotique que certaines des découvertes précédentes, mais l'occasion de me rappeler que la fiction francophone en dehors des frontières françaises mérite également le détour. Il y avait déjà eu CROM en début d'année toujours en Suisse ; mais je pense aussi au Québec, sur lequel j'entends des échos très positifs au sujet de séries comme Apparences. Pour en revenir à la Suisse, j'ai découvert "10" par hasard (je blâme le fameux secret suisse), alors que je me renseignais sur des fictions sur le thème du jeu. Et j'ai été doublement agréablement surprise : non seulement le pilote au parfum de thriller m'a fortement intrigué, mais en plus, en maître de cérémonie, on retrouve Jérôme Robart (et vous savez combien j'apprécie cet acteur).
Conçue à partir d'une idée de Christophe Marzal, associé pour l'écriture du scénario à Christian François et Jean-Laurent Chautems, "10" a été diffusée sur la TSR du 21 novembre au 19 décembre 2010. Elle comporte 10 épisodes, de 26 minutes chacun. Si je décide de vous en parler aujourd'hui, alors que je n'ai vu que les quatre premiers épisodes, c'est surtout parce qu'elle est actuellement diffusée en France sur TV5 Monde depuis lundi dernier (le 23 avril) et jusqu'au 4 mai prochain. Or cette chaîne dispose d'un service de catch-up qui pourra donc permettre aux lecteurs curieux de rattraper ces épisodes, qui sont encore disponibles (jusqu'à lundi pour le premier) sur son site (par ici pour le pilote), avant d'attendre la suite dans le courant de la semaine prochaine.
Quelque part dans Genève, un 31 décembre, dix personnes se retrouvent dans un appartement a priori anonyme. Si certains se connaissent, la plupart ne sont pas amis. Ils ne sont pas non venus réveillonner, mais pratiquer une activité officiellement illégale dans ce cadre : jouer au poker. Vincent, un entrepreneur en informatique, est un organisateur habituel de parties clandestines. En plus de lui, huit joueurs et un croupier, professeur de poker, s'assoient autour de la table. Suivant les règles que chacun a accepté, l'enjeu est de taille : le vainqueur empochera l'intégralité des mises, un demi-million de francs suisses, tandis que les autres perdront leur apport de départ.
Mais très vite, il apparaît que derrière les apparences, la partie comporte des enjeux qui dépassent le cadre du simple jeu d'argent, avec son lot de suspense et sa part de chance. Les dix amateurs de poker ne sont pas seuls ; ils sont en effet surveillés par des caméras installées par la police fédérale. Cette dernière ne s'intéresse pas à ces parties clandestines, elle enquête sur une affaire d'espionnage industriel. Or la transaction de documents doit normalement avoir lieu ce soir. Qui est impliqué ? Chaque participant cache des secrets et des motivations plus ou moins troubles... Et à mesure que la nuit avance, la tension monte autour de la table...
Plus qu'une série sur le poker, "10" est une fiction à suspense qui nous immerge dans un prenant quasi-huis clos, celui de l'appartement dans lequel la partie se déroule. Comme ses protagonistes, la série ne dévoile ses cartes et ses réels enjeux qu'avec parcimonie. Construisant peu à peu son suspense, elle intrigue, interpelle un téléspectateur vite intéressé par ce curieux mélange des genres, entre ces confrontations cartes en main et l'espionnage industriel en toile de fond. Cette fiction investit d'autant mieux le registre du thriller qu'elle exploite pleinement la durée relativement courte de ses épisodes (seulement 25 minutes). Ne pouvant prendre le temps de tergiverser, elle va à l'essentiel pour délivrer un récit dense, sans temps mort. La structure suivie par chaque épisode est d'une grande efficacité : une accélération sur la fin lui permet de se terminer en quasi-cliffhanger, dévoilant une nouvelle pièce du puzzle ou introduisant un bouleversement potentiel, s'assurant ainsi de la fidélité d'un téléspectateur qui ne voit pas l'épisode passer.
L'ensemble est d'autant plus intéressant qu'il ne se réduit pas à cette sourde tension qui s'installe. Il apparaît très vite que la partie de poker va servir de révélateur aux différents joueurs. Recourrant à de brefs flashback (sans jamais en abuser), "10" nous relate les évènements qui ont conduit chacun derrière la table de jeu en ce 31 décembre, explorant leurs motivations réelles et les arrière-pensées qu'ils peuvent nourrir. C'est une galerie de portraits plus ou moins troubles qui s'esquisse, dépeignant des personnages avec leur part de mystères et de certitudes, avec aussi les non-dits et les apparences sur lesquels ils jouent : que se passe-t-il dans la tête de ce diplomate chinois, de cette grand-mère si déterminée à ne pas perdre, de ce bègue en quête d'assurance, de cette apprentie comédienne ou de ce jeune homme à lunettes de soleil ne décrochant pas de son téléphone ? Evoluant dans une zone grise chargée d'ambivalences, "10" est un puzzle intrigant, une énigme que le téléspectateur entend bien résoudre.
L'ambition et la volonté d'expérimenter et d'explorer les atouts de son format télévisuel se perçoivent également sur la forme. La réalisation confiée à Jean-Laurent Chautems insuffle volontairement une certaine tension : la caméra se fait nerveuse ; la photographie est sombre, avec une teinte dominée par des couleurs froides. "10" bénéficie également d'une bande-son intéressante, parfois un peu trop omniprésente pour certaines scènes, mais qui a le mérite de bien correspondre à l'ambiance et de poser l'identité visuelle et musicale de la série. Le thème du générique, rythmé et vite entêtant, en est bien représentatif.
Enfin, "10" bénéficie d'un casting homogène et solide. En orchestrateur de la partie, Jérôme Robart (Reporters, Nicolas le Floch) est (comme toujours) très charismatique et convaincant, n'ayant pas son pareil pour retranscrire l'ambivalence et le côté joueur d'un personnage qui semble miser gros dans cette soirée. A ses côtés, le téléspectateur français reconnaîtra également Bruno Todeschini (prochainement à l'affiche d'Odysseus sur Arte). Et, pour incarner le reste de cette galerie de protagonistes très dissemblables, la série rassemble des acteurs qui trouvent vite leur place, comme Natacha Koutchoumov, Philippe Mathey, Paulo Dos Santos, Séverine Bujard, Alice Rey, Bastien Semenzato, Moussa Maaskri, Sifan Shao, Sophie Lukasik, Martin Rapold, Rachel Gordy ou encore Isabelle Caillat.
Bilan : Ficton sur le jeu dont l'intrigue dépasse vite ce seul cadre, "10" est une série intrigante, un huis clos aux accents de thriller dont le suspense grandit peu à peu. Bénéficiant d'un fil rouge consistant - l'enquête fédérale d'espionnage industriel -, la série surprend par la richesse des thématiques qu'elle est capable de mener de front en seulement 25 minutes, s'intéressant non seulement au déroulement de la partie et aux coulisses policières, mais s'arrêtant aussi sur chacun des joueurs. C'est donc une série très intéressante qui se regarde avec plaisir.
Une curiosité suisse (!) à tester : Episode 1 sur le site de TV5Monde+.
NOTE : 7,25/10
La bande-annonce de la série :
19:02 Publié dans (Séries européennes autres) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : suisse, 10, tsr, tv5 monde, jérôme robart, natacha koutchoumov, philippe mathey, paulo dos santos, séverine bujard, alice rey, bastien semenzato, bruno tedeschini, moussa maaskri, sifan shao, sophie lukasik, martin rapold, rachel gordy, isabelle caillat | Facebook |
26/04/2012
(Pilote US) Veep : une satire politique aux piques encore mouchetées
Aux Etats-Unis, ce mois d'avril a été consacré au lancement de nouvelles comédies sur HBO. Girls est tout d'abord arrivée, avec son parfum un peu indépendant, son authenticité troublante, son réalisme aux frontières du pathos... Un véritable portrait générationnel sur lequel, après deux épisodes, je suis toujours incapable d'avoir un avis. Peut-être est-ce parce que la série me tend un miroir trop brut sur une génération à laquelle j'appartiens. En attendant donc d'être en mesure d'écrire quelque chose sur Girls, je vais m'arrêter sur celle qui a débuté dimanche dernier (le 22 avril) : Veep (histoire de continuer la programmation politique du blog).
Dire que Veep était très attendue dans les rangs sériephiles est un euphémisme. La série réunit en effet une équipe, tant devant que derrière la caméra, qui a de belles références, et laisse donc entrevoir un vrai potentiel. Le retour de Julia Louis-Dreyfus, mais aussi la présence de Tony Hale, retiennent forcément l'attention des amateurs de comédies d'outre-Atlantique. Quant à moi, c'est plus la perspective de retrouver derrière le projet Armando Iannucci qui m'intriguait (il a quand même signé quelques-unes des meilleures satires politiques de ces dernières années, sur le petit (The Thick of It) et le grand écran (In the loop)).
Veep nous introduit dans les coulisses politiques de Washington, nous invitant à suivre le quotidien de la vice-présidente, Selina Meyer, et de son staff. S'efforçant d'exister dans ce rôle secondaire quelque peu ingrat et avant tout protocolaire, subordonné aux directives de la Maison Blanche, Selina tente de prendre des initiatives pour marquer son passage à cette fonction. Ainsi, au cours de ce pilote, la verra-t-on d'abord essayer d'associer son nom à une politique écologique... pour finir ensuite par tenter de réparer les dommages collatéraux causés par un tweet trop enthousiaste sur le sujet d'un membre de son staff, ayant irrité le lobby pétrolier. L'objectif de la série est clairement affiché : elle va nous dépeindre sans complaisance les rouages de la vie politique fédérale américaine.
Adoptant le style caractéristique du mockumentary, se plaçant au plus près des échanges, capturant les hésitations comme les répliques assassines, la caméra se fait volontairement - et pour le plus grand bonheur du téléspectateur - intrusive. Doté d'une bonne dose de cynisme, l'épisode va être rythmé par les différents ratés internes qui parsèment ces premières journées types aux côtés de Selina. Il faut dire que l'on croise dans les bureaux de la vice-présidence, à des degrés divers, un certain nombre de véritables bras cassés : leur connaissance des moeurs de Washington et le pragmatisme ambitieux inhérent à leurs postes n'occultent pas une spontanéité gaffeuse qui va être le principal ressort comique du récit. En cela, l'épisode s'avère efficace pour introduire cette galerie de protagonistes aux personnalités et fonctions bien définis. Veep s'est en effet rappelée qu'un mockumentary n'est pas un simple one-man-show (ou ici, woman-show) : se reposer sur un lead fort peut être une bonne chose, à condition d'avoir un entourage bien présent pour intéragir avec le personnage central. Au vu de ce pilote, il semble bien que la dynamique qui s'esquisse soit prometteuse !
Mais si elle pose bien son cadre, c'est dans sa tonalité que Veep laisse une impression plus mitigée. Ce pilote propose en effet une introduction très hésitante (trop ?) dans l'univers politique, bien loin de la noirceur, du corrosif, et de l'irrévérence que l'on pouvait légitimement attendre d'un tel sujet, traité sous un tel format. Les dialogues sonnent presque timorés par moment. Certes, il y a bien quelques petites piques marquantes très réussies, comme lors de l'excellent dîner au cours duquel la vice-présidente doit improviser un discours - les différents incidents qui marquent la soirée, de l'intervention de l'employé de la Maison Blanche pour raturer le discours pré-écrit à la "gaffe" de Selina. Cependant, dans l'ensemble, j'ai eu le sentiment d'assister à une première prudente dans laquelle la série cherche encore son ton et son équilibre ; et les scénaristes sans doute une certaine assurance d'écriture.
Au-delà de ces ajustements à faire sur le fond, sur la forme, Veep est déjà au point : elle adopte les traits classiques et appropriés du faux documentaire, avec une caméra nerveuse au plus près de l'action et des conciliabules entre les membres du staff. Une approche brute qui convient parfaitement. Enfin, la série bénéficie d'un solide casting : c'est sur les épaules de Julia Louis-Dreyfus (Old Christine) que repose une bonne partie de la consistance du personnage de Selina Meyer. Au fil de l'épisode, elle se montre de plus en plus convaincante. A ses côtés, Tony Hale (Arrested Development) n'a pas son pareil pour jouer les assistants personnels un peu bênet - c'est d'ailleurs ce duo qui nous réserve quelques-uns des échanges les plus savoureux - ; et Anna Chlumsky, Matt Walsh, Timothy Simons, Reid Scott ou encore Sufe Bradshaw sont tous aussi convaincants.
Bilan : Peut-être en attendais-je trop. J'aurais tant aimé vous parler de coup de foudre, puisque tous les ingrédients paraissaient a priori réunis. Mais ça n'a pas été pas le cas. Ne vous méprenez cependant pas : le pilote de Veep pose indéniablement des bases solides - notamment sa galerie de personnages - et laisse entrevoir, par éclipse, d'intéressantes promesses pour traiter par l'absurde et avec un certain cynisme de l'envers du décor de la vice-présidence américaine. Reste que, pour le moment, la série cherche encore manifestement son équilibre. J'attends d'elle plus d'impertinence, de surprise, que les piques mouchetées qu'elle nous propose dans ce pilote. Elle doit plus oser.
En conclusion, il faut aussi rappeler que le mockumentary est un genre qui nécessite souvent quelques réglages. Et au vu des quelques étincelles entre-aperçues - et de l'équipe, je garde confiance pour la suite ! A surveiller.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la série :
19:32 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : veep, hbo, julia louis-dreyfus, anna chlumsky, tony hale, matt walsh, timothy simons, reid scott, sufe bradshaw | Facebook |
25/04/2012
(K-Drama / Pilote) God of War (Soldier) : une fresque épique très prenante
Aujourd'hui, restons dans les séries actuellement diffusées en Corée du Sud, en ce mercredi asiatique, pour revenir à un genre à l'égard duquel j'ai souvent eu l'occasion de déclarer mon amour : l'historique. Parce que, vous le savez bien, rien de tel qu'un solide sageuk pour introduire un parfum d'épopée dans vos programmes sériephiles et rythmer vos semaines. Très prise depuis le début de l'année, je n'avais pas encore choisi de drama de ce type en 2012 ; le mois d'avril touchant à son terme, il était grand temps de corriger cet oubli. Mon choix s'est finalement porté sur God of War (Soldier). Et quelle belle - ou, devrais-je dire, sacrément musclée - découverte ai-je fait là !
God of War (Soldier) est un drama actuellement diffusé sur MBC, les samedi et dimanche soirs, depuis le 11 février 2012. Scénarisé par Lee Hwan Kyung (un habitué des sageuk - Emperor Wang Gun, Dawn of the Empire, Yeon Gae So Mun), et réalisé par Kim Jin Min, il est annoncé comme devant être une imposante fresque, puisque 50 épisodes sont pour le moment prévus (le tout devrait ainsi se terminer en août prochain). Ses audiences semblent depuis une dizaine d'épisodes s'être stabilisées juste au-dessus de la barre des 10%. Si 20 épisodes ont été à ce jour diffusés, ce billet du jour a été rédigé après avoir visionné - avec beaucoup d'enthousiasme ! - les cinq premiers. C'est que, voyez-vous, God of War, c'est du sageuk à poigne, au souffle indéniable, qui vous prend aux tripes comme rarement !
God of War se déroule à l'époque de Goryeo. Plus précisément, le drama s'ouvre au début du XIIIe siècle, en 1217. Même si nous sommes officiellement dans les premières années du règne du roi GoJong, le pouvoir réel est alors entre les mains de Choe Chung Heon, lequel exerce une dictature militaire maintenant difficilement un semblant d'ordre au sein d'une période troublée, notamment, par des invasions Mongoles. Dans ce contexte difficile, avec plusieurs fronts ouverts, l'insatisfaction monte au sein de certaines parties de la population. Le premier épisode s'ouvre ainsi sur une rébellion de plusieurs centaines de moines boudhistes, poussés à bout par les conditions dans lesquelles ils doivent combattre. La répression de ce mouvement est sanglante : un des deux fils de Chung Heon, Choe Hyang, y voit en effet l'occasion d'avancer ses pions pour isoler un peu plus son frère aîné, Choe Woo. Il obtiendra ainsi des aveux compromettants par tous moyens.
C'est à l'occasion de cette répression lancée contre les temples boudhistes ayant eu des membres impliqués dans la rebellion que la réalité géopolitique du pays va rattraper le jeune Kim Joon. Recueilli et élevé dans le temple, officiellement moine, son statut d'esclave de naissance réapparaît lors des vérifications d'identité opérées par les soldats les ayant arrêtés. Evitant de peu l'exécution grâce à l'intervention de la fille de Choe Woo, Song Yi, il va tomber au plus bas de la hiérarchie sociale, envoyé travailler comme esclave sur des chantiers de construction. God of War va nous relater sa lente ascension à partir de là, à commencer par la première voie qui va lui permettre de s'affranchir de ses réserves liées à son éducation boudhiste pour imposer sa valeur guerrière : un jeu létal venu de Perse, le gyeokgu.
Le premier atout de God of War tient à l'impression de maîtrise narrative qui en émane, et ce, dès ses débuts particulièrement réussis. En effet, sans temps d'exposition, le drama nous plonge immédiatement dans l'histoire présente, avec des enjeux vite précisés. Il fait ainsi un intéressant choix scénaristique : celui de ne pas opter pour la fréquente -un peu artificielle- introduction par l'enfance de ses personnages, mais de préférer au contraire nous entraîner directement dans les évènements qui bouleversent la vie de Kim Joon. La série saura ensuite saisir diverses occasions pour présenter rapidement le background de chaque personnage, passant souvent par des dialogues, mais s'autorisant aussi à bon escient deux-trois flashbacks limités. Une fois posée cette mise en situation que représente la déchéance de Kim Joon rattrapé par son rang de naissance, God of War développe une première vraie storyline d'ampleur, représentative du mélange de jeux de pouvoir et d'action ambitionné par la série, centré autour du gyeokgu. Si ce jeu est proche du polo en théorie, il apparaît rapidement comme un combat mortel et l'arène dans laquelle il se déroule devant la population et les gouvernants l'assimilerait plutôt aux jeux du cirque romains.
Ce rythme, avec ces enchaînements sans temps mort qui annoncent les arcs narratifs rythmant les longs sageuk, rend l'histoire très prenante. La narration est dense et, surtout, on retrouve dans God of War un élément caractéristique des sageuk réussis : le drama est en effet traversé par un véritable souffle épique qui emporte le téléspectateur et permet à l'histoire d'acquérir une dimension supplémentaire. Il faut dire que la série s'impose avec force dans le registre de l'action. Musclée, je dirais même violente à l'occasion, il émane de ses images une forme de brutalité - aussi bien physique, presque graphique, que psychologique, voire émotionnelle - qui saisit et touche en plein coeur le téléspectateur. Qu'il s'agisse des scènes de combat, de torture ou de simples confrontations, grâce à ses mises en scène efficaces, la série atteint un niveau d'intensité rare, capable de marquer durablement. Grâce à cette approche très directe et presque sans concession, elle parvient ainsi à littéralement happer l'audience devant son petit écran.
Outre une tonalité clairement définie, God of War va également trouver un juste équilibre entre ses différentes storylines. Le drama allie habilement - et de manière très classique - un récit à deux niveaux : d'une part, il s'intéresse à la destinée personnelle du protagoniste principal, d'autre part, il entreprend d'éclairer les enjeux de pouvoir au sein de la Cour. C'est sur le premier volet que repose l'empathie de la série : la déchéance sociale imposée à Kim Joon est cruelle, de même que sa séparation de Wol-Ah, aux côtés de laquelle il a grandi. Leurs destinées entremêlées constituent le ressort tragique central de ce début de récit ; et même si le drama a parfois tendance à en faire trop sur ce plan, manquant un peu de subtilité, il sait impliquer émotionnellement le télépectateur. Outre ce volet plus intime, la série nous propose d'assister à l'affirmation de ce jeune homme, brusquement arraché au confort du temple et propulsé dans un monde de violence où il faut tuer pour ne pas être tué. Le récit prend ici une dimension initiatique traditionnelle mais bien introduite, et l'on devine que Kim Joon devra surmonter son lot d'épreuves, dont le gyeokgu n'est qu'un premier aperçu.
Parallèlement, God of War nous plonge dans une situation géopolitique à la stabilité précaire, nous présentant un dirigeant vieillissant dont la succession commence à être envisagée, et dont les deux fils, héritiers potentiels, semblent promis à une confrontation certaine. En dépit de la complexité inhérente à ce type d'histoire - l'on met du temps à s'y retrouver au sein de la multitude des intervenants et de leurs allégeances respectives, la série parvient à rendre l'ensemble très prenant : cela tient au fait qu'elle transpose aux coulisses du pouvoir le même souffle qui l'anime pour les scènes d'action. Tout particulièrement, c'est la manière dont God of War dépeint un Choe Chung Heon vieillissant qui m'a fasciné. Alors même que ses fils anticipent la succession, il apparaît rapidement évident que le vieil homme n'est pas encore sénile, et qu'il lui reste suffisamment de facultés pour tirer bien des ficelles dans les oppositions qu'il encourage au sein de la Cour. Semblant favoriser son fils cadet, inquiet de la descendance de son aîné, il nous laisse constamment nous interroger sur le degré de connaissaance qu'il peut avoir des complots et manipulations dont la capitale bruisse. Dans ces luttes de pouvoir, God of War use ainsi efficacement de ficelles connues et ayant fait leurs preuves, démontrant un vrai sens de la mise en scène, avec des dialogues fournis qui participent à la tension ambiante.
Solide sur le fond, God of War doit également beaucoup à ses atouts formels. Si sa réalisation est d'un classicisme assumé (jusqu'à certaines parenthèses pédagogiques pour permettre au téléspectateur de bien comprendre certaines situations), elle fait preuve d'une fluidité dans la manière d'ordonnancer les scènes qui est très plaisante. Tout apparaît parfaitement maîtrisé, et la caméra sait toujours trouver sa place pour retranscrire aussi bien les conciliabules secrets de palais, que les batailles rangées et les passages d'explosion de violence. Par ailleurs, le drama est accompagné d'une bande-son attrayante qui prend pleinement la mesure du souffle épique parcourant le récit. Aussi bien du côté de certains instrumentaux récurrents (notamment celui de la troisième vidéo ci-dessous, que j'apprécie tout particulièrement) que pour les ballades plus posées, la série soigne l'emploi de ces musiques pour les faire bien coïncider avec la tonalité particulière des scènes qu'elles sont censées souligner.
Enfin, God of War bénéficie d'un casting efficace et homogène. Plutôt bien dirigés, avec des dialogues relativement consistants, ils se montrent à la hauteur de la force du récit. C'est Kim Joo Hyuk (Terroir, Lovers in Prague, Life a Flowing River) qui interprète Kim Joon. Si j'aime modérément cet acteur, j'avoue que je me suis facilement laissée prendre par son jeu globalement solide. A ses côtés, on retrouve plusieurs valeurs sûres du petit écran sud-coréen. Outre Park Sang Min (Dae Wang Sejong), c'est Jung Bo Suk qui interprète le fils aîné de Choe Chung Heon. Du côté des personnages féminins, Kim Kyun Ri (Han River Ballad, Yong Jae Golden Days) se révèle très intéressante pour jouer la fille de Choe Woo, une jeune femme qui n'a certainement pas froid aux yeux. Hong Ah Reun (Rock Rock Rock) incarne quant à elle Wol-Ah, personnage à la dimension plus tragique dont le sort la lie au héros. La galerie d'acteurs est impressionnante au vu du nombre de protagonistes, et l'ensemble se révèle convaincant. De ces premiers épisodes, je retiendrais parmi eux la performance de Joo Hyun, qui incarne avec beaucoup de charisme ce vieux dirigeant qui joue des jeux de pouvoir avec toujours beaucoup de dextérité.
Bilan : Sageuk musclé, récit particulièrement brut - violent même - et intense, God of War est parcouru de ce souffle épique caractéristique des dramas historiques réussis. Bénéficiant d'une construction narrative fluide et consciencieuse, avec des enjeux exposés de manière efficace, c'est une série qui se réapproprie pleinement un certain nombre de recettes très classiques du genre. Souvent prenante, elle captive le téléspectateur en renvoyant l'image d'une vaste et ambitieuse fresque historique. Parvenant à entremêler quête de pouvoir et épopée personnelle, ses débuts s'équilibrent bien entre les luttes au sein de la famille Choe et l'évocation de destinées plus modestes et humaines.
C'est donc un récit historique très dense, mettant en scène combats et complots, qui devrait plaire à tout amateur de sageuk ! N'hésitez donc pas !
NOTE : 7,75/10
Une bande-annonce :
Une chanson de l'OST :
Un instrumental de l'OST :
08:32 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : k-drama, mbc, god of war, soldier, kim joo hyuk, park sang min, jung bo suk, kim kyun ri, hang ah reum, joo hyun | Facebook |