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14/04/2012

(US) Justified, saison 3 : une saison de continuité et d'épreuves

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La saison 3 de Justified s'est achevée ce mardi soir aux Etats-Unis. Cette série, je l'ai d'abord beaucoup aimée, avant de véritablement l'admirer. Après la forte impression laissée par une deuxième saison qui avait été celle de la maturité, de hautes attentes pesaient sur elle. De divertissante et extrêmement plaisante à suivre, elle s'était peu à peu imposée comme un de ces rendez-vous incontournables dans la semaine du sériephile. A la lisière du feuilletonnant et de l'épisodique, elle avait su se construire un arc narratif maîtrisé, faisant honneur tant à ses personnages qu'à son cadre.

Dans cette nouvelle saison, il faut saluer le fait que Justified ait su en partie se renouveler, exploitant plus avant les diverses facettes de son univers, tout en restant fidèle à elle-même, consciente de ses forces et de ses atouts. Sans retrouver complètement l'équilibre aussi rare que précieux qu'avait établi sa seconde saison, elle n'en a pas moins constitué la soirée sériephile que j'ai attendu, chaque semaine, avec le plus d'impatience. Non seulement parce que son écriture - caractéristique - reste fascinante, mais parce qu'elle demeure aussi une des séries les plus jubilatoires - si ce n'est la série la plus jubilatoire - du petit écran actuel. Beaucoup de bonheur donc pour le téléspectateur installé devant sa télévision.

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Le premier élément qui frappe face à cette saison 3, c'est tout d'abord l'évidente assurance prise par les scénaristes. Justified a en effet longtemps tergiversé entre divers partis pris narratifs. Désormais, ses auteurs n'hésitent plus à prendre leur temps pour construire de grands arcs, introduire chaque enjeu et capturer une ambiance. La série a fait ses preuves, ils n'ont plus à prouver leur capacité à bâtir un fil rouge solide : ils donnent au contraire l'impression de compter sur la confiance du public, de la même manière que ce dernier saura apprécier, sans s'impatienter, les débuts lents de la saison, sachant ce qui lui est promis pour la suite. Il faut reconnaître que, par-delà de la lente mise en place des intrigues, la qualité d'écriture de la série demeure d'une constance rare : le soin particulier apporté aux dialogues, invariablement traînants, au phrasé aussi caractéristique que savoureux, n'a d'égal que cette dose de théâtralisme avec laquelle la série sait jouer pour mettre en scène les multiples confrontations qui la rythment.

En cultivant son ambiance à part de western contemporain et/ou anachronique, Justified reste une des séries au style le plus abouti et immédiatement identifiable du petit écran américain actuel. Cette saison 3 aura su asseoir cette identité, tout en embrassant cette fois pleinement une dimension feuilletonnante encore plus marquée, au risque d'oublier parfois que les storylines d'un épisode sont toutes aussi importantes pour l'équilibre d'ensemble de la série. En effet, ce sont elles qui renvoient l'impression de normalité dans la routine d'un héros qui n'en reste pas moins un US marshall. La conséquence sera d'être parfois amené à étirer plus que de raison les storylines de certains, suivant un schéma narratif pouvant être à l'occasion un peu répétitif sur la fin de saison. Pour autant, à défaut d'avoir su retrouver complètement l'équilibre quasi-parfait du tableau agencé dans la saison précédente, les scénaristes n'en auront pas moins réussi à proposer une saison d'une densité et d'une intensité remarquable, donnant toujours l'impression de savoir où ils allaient en maîtrisant parfaitement tous les facteurs de leur histoire.

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Plus que jamais, Harlan aura été au coeur de la saison. Non seulement le lieu, ses moeurs, mais également l'idée particulière qu'il peut renvoyer, celle d'une maison, d'une famille, d'une solidarité... Des liens qui s'y nouent, mais aussi s'y brisent. En effet, tout en continuant à explorer toutes les voies qui rattachent invariablement Raylan à ses origines, Justified entreprend d'exploiter d'autres facettes et potentiel de ce cadre particulier. La saison 2 avait proposé une dynamique classique, celle d'une matriarche et de sa famille, la saison 3 va, elle, prendre plus de risque en faisant intervenir un autre type d'adversaires. Ce sont rien moins que deux opposants de taille qu'elle introduit face à Raylan. S'il restera toujours plus en retrait, moins développé, c'est que Limehouse reste, lui, le représentant d'une certaine continuité, avec une gestion patriarcale guidée par la volonté de protéger et de maintenir ses acquis. Il est un acteur déterminant, qui complexifie les enjeux et complète le tableau d'ensemble des rapports de force, mais n'est jamais le "méchant" central. Ce dernier rôle repose sur les épaules de Quarles, lequel témoigne de la volonté des scénaristes d'introduire de nouvelles dynamiques dans la série.

La particularité de Quarles ne se réduit pas au simple fait qu'il vienne de Detroit - donc qu'il soit un étranger ambitionnant de mettre la main sur les trafics de Harlan. Quarles est un psychopathe dont les actes révèlent progressivement l'ampleur de sa dangerosité. Parce que l'on peut tout attendre de lui - le pire surtout -, mais aussi parce qu'il s'agit d'un esprit brillant et amoral, il est un adversaire qui sort des sentiers battus : ce n'est pas pour rien que Raylan, très vite, va faire de sa mise hors d'état de nuire une croisade personnelle. Quarles est par définition un personnage de fiction, un de ces méchants génialement glaçants qui s'affranchit de toutes limites pour embrasser une flamboyance autodestructrice scellant, dès le départ, le sort tragique qu'il connaîtra. Quarles est en réalité une expérimentation narrative pour des scénaristes qui introduisent ainsi à Harlan une figure qui n'a rien de commun avec les précédents adversaires de Raylan. Le contraste sera d'ailleurs habilement exploité jusqu'au bout : initialement effrayant, d'un aplomb jamais pris en défaut, Quarles connaîtra également la chute, une déchéance qui le laissera encore plus aux abois, pour se conclure par une fin parfaite, excessive comme a pu l'être le personnage. 

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La caractérisation soignée de chacun de ses protagonistes demeure une des marques de fabrique les plus appréciables de Justified. C'est d'ailleurs assez logiquement que, durant les premiers épisodes, la série met particulièrement l'accent sur toutes ces figures éparses dont les rôles, même minimes, ont leur importance dans les divers rapports de force à l'oeuvre ou à venir. Cependant, elle va aussi se rappeler à temps que le coeur du récit reste le personnage de Raylan Givens. L'assurance qu'il dégage, l'aplomb qu'il met en scène, mais aussi le flegme plus diffus derrière lequel il se protège, assorti d'un sang froid à toute épreuve, contribuent à la fascination que la série exerce sur la téléspectateur. Sur ce point, la réussite de la saison est d'avoir respecté l'essence du personnage, tout en traitant des suites du final précédent. C'est en effet un Raylan blessé et fatigué que l'on retrouve initialement. Jamais il n'aura dégagé une telle impression de lassitude - et en un sens, de vulnérabilité, tout en restant obstinément fidèle à lui-même et au cadre de vie qu'il s'est fixé. Il va donc lutter pour retrouver un équilibre, la perspective d'une paternité prochaine avec Winona lui offrant une voie inespérée à laquelle se raccrocher.

Mais c'est une issue illusoire : en dépit de ses efforts, c'est toujours vers Harlan que ses pas le ramènent, cette bourgade apparaissant semblable à une toile de laquelle il n'y aurait pas d'échappatoire. C'est une obsession dont Winona n'a que trop conscience. Si la série n'a pas toujours été pleinement consistante dans l'évolution de ce couple, la séparation apparaît cependant comme ce vers quoi ces deux caractères trop différents finissent toujours vers tendre. Plus généralement, la force de cette saison 3 sera de refuser à Raylan le confort de toute routine, remettant en cause ses repères,  non seulement dans sa vie personnelle, mais aussi professionnelle. Opportunément, la série explore en effet de nouvelles voies, comme la manière dont les rapports de Raylan avec Harlan peuvent être perçus par un observateur extérieur. Le marshall a toujours agi avec une relative impunité dans ce comté. Se retrouver soudain soupçonné de corruption et d'être à la botte de Boyd donnera lieu à l'un des épisodes les plus enthousiasmants de la saison. C'est ainsi que Justified saura une nouvelle fois offrir à Raylan ces scènes de confrontation - qu'il s'agisse d'échange de coups de feu ou de simples répliques - caractéristiques de la série, tout en ne se contentant pas d'un statu quo prudent pour explorer l'équilibre de son héros.

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A ce titre, c'est un autre thème qui s'impose en filigrane et dont l'évolution va être particulièrement révélatrice : celui de la famille, ou plus précisément celui de la place des différentes figures paternelles de la série. Depuis le début de Justified, le rôle de Art, patron compréhensif, a toujours été celui qui s'est le plus rapproché d'un père pour Raylan, essuyant les plâtres, contrôlant les dommages-collatéraux et plus généralement protégeant son subordonné, plus de lui-même que d'ennemis extérieurs que le marshall sait toujours parfaitement accueillir. Seulement, au cours de cette saison, c'est bien avant Raylan que le téléspectateur prend conscience d'une progressive redistribution des cartes. En effet les liens du sang achèvent de se brouiller. Certes, Arlo et Raylan ont toujours été des étrangers l'un pour l'autre, mais la mort d'Helen semble avoir achevé le seul point commun qui pouvait encore les lier. Parallèlement, Arlo trouve une vraie place aux côtés de Boyd et d'Ava. A partir de là, c'est avec une maîtrise et une logique implacables que les scénaristes vont nous conduire jusqu'au dernier épisode de la saison, qui, aussi logique qu'il soit au vu de tout ce qui s'est passé, n'en a pas moins une résonnance marquante.

Qu'Arlo soit prêt à tuer pour ceux qu'il aime, nul n'en a jamais douté. Par ailleurs, le seul fait de savoir qu'Arlo ait pu tuer un homme - voire qu'il soit prêt à prendre les responsabilités pour un autre meurtre qu'il n'a pas commis - ne saurait en soi affecter un Raylan sans illusion sur son père. Mais l'instant où Raylan comprend que, pour protéger celui qu'il considère comme sa vraie famille - même sans lien du sang pour les unir -, c'est-à-dire Boyd, Arlo ait été prêt à abattre sans sourciller son propre fils, n'en demeure pas moins particulièrement fort. Quelque part, quelque chose rompt lorsque le marshall comprend le geste d'Arlo, et le fait qu'il ait tué un représentant de la loi en étant conscient de la possibilité qu'il ait pu s'agir de Raylan. En quelques scènes, sans en faire trop, Justified s'offre ainsi une conclusion troublante, refermant sur une note plus intime et douloureuse la saison.

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Enfin, pour conclure cette longue review, je voudrais rendre un bref hommage à un casting homogène qui aura été une nouvelle fois impeccable. Timothy Olyphant tient ici un rôle qu'il habite comme rarement et dans lequel il s'épanouit pleinement. Non seulement il fait preuve de beaucoup de présence pour incarner Raylan dans ces scènes de confrontation du quotidien, mais il va au cours de cette saison 3 démontrer toute sa capacité à laisser transparaître lassitude et fatigue, le masque d'assurance se fissurant quelque peu. A ses côtés, Walton Goggins ou encore Joelle Carter sont tout aussi parfaits dans leurs rôles ambivalents. Quant aux autres représentants de la loi, Nick Searcy, Jacob Pitts et Erica Tazel se sont vraiment mis au diapason de l'ambiance de la série.

Du côté des guest-stars de la saison, c'est évidemment la prestation de Neal McDonough qu'il convient de retenir. L'acteur délivre une interprétation énergique et charismatique qui ne saurait laisser indifférent, s'en donnant véritablement à coeur joie dans un rôle qui se prête à bien des excès. Capable de retranscrire avec intensité toutes les émotions par lesquelles passe son personnage, sa performance légitimise les choix faits pour caractériser Quarles. Parallèlement, moins sollicité, mais répondant présent dans les quelques scènes qui nécessiteront de marquer le téléspectateur, Mykelti Williamson se sera également montré convaincant.

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Bilan : S'inscrivant à la fois dans une continuité bienvenue et nécessaire, tout en sachant se renouveler et introduire de nouvelles dynamiques, la saison 3 de Justified aura été celle de la confirmation. Les scénaristes ont désormais acquis une assurance communicative et maîtrisent pleinement toutes les facettes de leur univers. Si la saison 3 n'a pas retrouvé l'exact équilibre, entre épisodique et feuilletonnant, auquel était parvenu la deuxième, elle aura délivré treize épisodes de grande qualité. Par son style anachronique très particulier, la qualité de ses dialogues ou encore le soin apporté à la caractérisation de ses personnages, la série confirme qu'elle est bien une des meilleures fictions américaines actuellement en production. Et une des plus savoureuses.


NOTE : 8,75/10


La bande-annonce de la saison 3 :

07/04/2012

[Blog] Vacances

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Comme l'an dernier à la même époque, My Télé is Rich! prend une semaine de vacances. Je pars me balader loin du net, de mes séries, et laisse donc le blog au repos pour quelques jours... Les screen-captures qui accompagnent ce billet devraient vous donner une idée de ma destination. Je tâcherais d'ouvrir l'oeil si jamais je croise Jackson Brodie (dont de nouvelles enquêtes sont d'ailleurs en préparation pour le petit écran) !

Je vous souhaite un bon week-end de Pâques, et vous dis au week-end prochain ! 

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07:36 Publié dans (Blog) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : blog |  Facebook |

04/04/2012

(K-Drama / Pilote) The Rooftop Prince : une comédie temporelle attachante

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Poursuivons l'exploration des nouvelles séries des mercredi et jeudi soirs en Corée du Sud ! Après King 2 Hearts, cette semaine, je me suis tournée vers Rooftop Prince (ou Rooftop Boy). S'il ne s'agissait pas forcément du drama dont j'attendais le plus en cette saison printanière, j'avoue que le synopsis éveillait quand même ma curiosité. Car, sur le papier, ce drama mettant en scène un improbable voyage temporel semblait proposer un mélange des genres intrigants, même si tout allait dépendre de l'équilibre qui serait trouvé dans la tonalité. 

Diffusée sur SBS, depuis le 21 mars 2012, envisagée pour le moment pour 20 épisodes, Rooftop Prince est diffusé à 22h les mercredi et jeudi soir. De ce coktail mêlant fantastique, comédie, romance et drame, j'ai bien failli ne pas dépasser le premier épisode : peut-être était-ce parce que je ne m'attendais pas à ce qu'il fasse vibrer avec tant de force la corde mélodramatique, mais il m'a semblé trop pesant pour une première découverte de l'univers... Le déclic est cependant venu du deuxième épisode, immédiatement plus convaincant en basculant dans un registre léger. Si bien qu'avec le recul, je me dis que le pilote introduisait sans doute des bases nécessaires à la construction future d'une histoire pour le moins compliquée (Jugez-en par vous-même dans les paragraphes qui suivent !).

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Entremêlant les lignes temporelles, Rooftop Prince compile plusieurs histoires en cours, dans le passé et le présent, avec des protagonistes différents présentant les mêmes traits, il y a 300 ans et en 2012. 

A l'époque de Joseon, le prince Lee Gak a épousé la belle Hwa Yong. Le mariage arrangé concernait initialement la jeune soeur de la princesse, Bu Yong. Mais, alors qu'elles étaient encore enfants, dans un excès de jalousie, Hwa Yong provoqua un accident qui défigura sa soeur. Or une des exigences du jeune prince Lee Gak avait été que son épouse soit belle. C'est donc Hwa Yong qui lui fut présentée ; tandis que Bu Yong, reléguée derrière un masque dans l'entourage de sa soeur, se fait cependant remarquer pour ses traits d'esprit et ses qualités artistiques. Cependant, un jour, le prince se réveille en sursaut, seul alors qu'il a passé la soirée avec son aimée. Pris d'un mauvais pressentiment, il se précipite dehors pour se voir annoncer que le corps de sa princesse a été retrouvé, elle s'est noyée. S'il s'agit de la thèse officielle, Lee Gak ne croit pas à un accident.

Parallèlement, dans le présent, le pilote de Rooftop Prince nous introduit auprès d'autres destinées difficiles. Suite au remariage de son père, Park Ha (qui ressemble à s'y méprendre à Bu Yong) s'est vue adjoindre une grande soeur qui n'a aucune affection pour elle, au contraire. Prête à tout pour s'en débarasser, Se Na (reflet présent de Hwa Yong) la laissera se perdre et finalement grandir loin de leur famille. Ce n'est qu'adulte, suite au décès de son père, que Park Ha retrouvera sa belle-mère et sa soeur. Très ambitieuse, Se Na sort désormais avec Yong Tae Moo, le cousin d'un riche héritier, Tae Yong (semblable au prince Lee Gak). Au cours d'une sortie en yatch, suite à un accrochage, Tae Yong bascule par-dessus bord. Tae Moo ne fera rien pour tenter de le sauver, y voyant une chance de s'imposer comme l'héritier du groupe.

Les évènements vont conduire les timelines à s'entrecroiser. Dans le passé, le prince Lee Gak refuse d'admettre que la mort de sa princesse ne soit pas un assassinat. Rassemblant sous ses ordres trois serviteurs aux qualités complémentaires, il entend mener l'enquête. Mais le groupe est surpris loin du palais par des assassins. Pour leur échapper, ils tentent le tout pour le tout en essayant de franchir un précipice à cheval. Seuls leurs chevaux parviennent de l'autre côté du ravin. Les quatre jeunes hommes ont disparu. Ils réapparaissent 300 ans plus tard, dans le salon d'une petite maisonnée surplombant Séoul, sous les yeux ébahis de Park Ha, qui habite là. 

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Si elle nous plonge dans un tourbillon de destinées guère joyeuses tout en mettant en scène des personnages qui n'en perdent pas pour autant leur volontarisme, le charme de Rooftop Prince tient en premier lieu à la manière dont, dès le deuxième épisode, la série s'épanouit dans un registre de comédie temporelle réjouissant. J'ai toujours eu un faible pour ces fictions mettant en scène l'arrivée impromptue d'individus issus d'une autre époque. Le choc des cultures, des moeurs, des technologies (les voitures, mais aussi les ascenseurs réservent bien des surprises !), offrent une palette sans fin de qui pro quo savoureux et de décalages pimentés pour des scénaristes habiles sachant les exploiter. Et ceux de Rooftop Prince appartiennent indéniablement à cette catégorie. Les premiers pas de nos quatre personnages de Joseon dans une Seoul moderne sont tout simplement hilarants, notamment la première nuit où, devant le palais désormais monument historique, ils essaient vainement d'entrer...

Au-delà de ces décalages sur lesquels la série n'hésite pas à insister, mais sans pour autant rompre la dynamique d'ensemble et en faire trop, Rooftop Prince présente une particularité par rapport aux simples comédies temporelles : c'est rien moins qu'un prince de Joseon qu'elle propulse en 2012. Habitué à être obéi sans discussion, autoritaire, n'utilisant jamais la moindre forme de politesse pour s'adresser aux gens, c'est peu dire que Lee Gak est celui qui subit de plein fouet le choc culturel. C'est d'autant plus difficile que le prince se retrouve confronté à Park Ha, jeune femme pragmatique, bien décidée à leur faire rembourser les dégâts causés à son appartement. Bien entouré et protégé par ses fidèles serviteurs, Lee Gak ne peut cependant rien contre les initiatives de Park Ha : non seulement cette dernière est leur seule clé pour comprendre ce monde hostile, mais, ne manquant pas d'aplomb, elle ne va pas hésiter à bousculer le prince, prenant même - il faut l'avouer - un malin plaisir à bouleverser ainsi les certitudes de ce rigide et arrogant jeune homme.

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C'est dans la dynamique relationnelle en construction que réside le second atout de Rooftop Prince. Park Ha est une jeune femme pétillante qui, si elle n'a pas été épargnée par la vie, est ressortie plus forte des épreuves. Son personnage présente une ambivalence qui fait souvent mouche, oscillant entre une part d'innocence et de spontanéité chaleureuses et un versant adulte endurci et sans illusion. Ses rapports compliqués avec sa soeur sont représentatifs de cette ambiguïté, tout comme la relation qui s'installe entre elle et le prince. Car Park Ha va tant bien que mal parvenir à obtenir la coopération de son royal invité - toujours dans l'optique d'être remboursée grâce au travail que les quatre jeunes gens effectuent pour elle. Usant de sa position dominante, elle ruse, cède à certains chantages, n'hésite pas à remettre à sa place Lee Gak... Pourtant, dans le même temps, les deux personnages principaux apprennent aussi à se connaître, prenant conscience lors de ces brèves trêves qu'il y a plus en leur interlocuteur que le jugement hâtif que chacun a fait sur l'autre. Les rapports entre Park Ha et Lee Gak font donc office d'étincelles dans ce drama ; et le reste du show devrait s'en inspirer.

Car si Rooftop Prince a su peu à peu me charmer par son confus mélange loufoque et mélodramatique, cela ne signifie pas qu'il faut oublier certains problèmes ; lesquels expliquent en partie la réserve que je garde pour le moment. Au-delà des quelques excès du premier épisode, il faut bien avouer que la série ne fait guère dans la subtilité. Les deux personnages "opposants" à nos héros ne sont absolument pas nuancés, caricatures d'ambitions, dont les motivations - surtout celles de Se Na - ne sont pas explicitées. Trop binaire, trop manichéen, le drama court le risque de tendre vers un mélodrama superficiel qui raterait son objectif principal, celui de susciter de l'empathie auprès du téléspectateur, en simplifiant à outrance les oppositions. C'est précisément cette impression que les scénaristes en faisaient trop sans prendre le temps de se justifier et de nous faire connaître chaque point de vue qui m'a gêné dans le pilote. Je veux bien admettre qu'il s'agissait d'un épisode d'exposition nécessaire, mais je reste cependant méfiante sur la gestion future du volet dramatique.

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Intéressant sur le fond, Rooftop Prince l'est également sur la forme. Il s'agit en effet d'un drama maîtrisé, classique dans le bon sens du terme. La photographie est belle, colorée comme il se doit. La caméra use de quelques effets bienvenus pour faire un peu plus vibrer la corde comique de certains passages, comme des accélérés qui provoqueront plus d'un sourire. Mais l'ensemble reste cependant relativement sobre. Et surtout, on retrouve en arrière-plan une jolie bande-son, avec des musiques correspondant bien aux différentes tonalités et utilisées à bon escient pour souligner la tonalité de l'instant. Sans apporter quoique ce soit de nouveau au petit écran, c'est donc un drama qui sait bien jouer sur tous les ingrédients formels qu'il a à disposition.

Enfin, le casting rassemblé par Rooftop Prince est très sympathique. J'ai beaucoup d'affection pour Han Ji Min (Resurrection, Capital Scandal) : non seulement c'est toujours un plaisir de la retrouver, mais en plus, elle prend très vite la mesure d'un personnage pétillant qu'il est difficile de ne pas immédiatement aimer. Face à elle, Micky Yoochun, que je connaissais surtout pour les premiers épisodes de Sungkyunkwan Scandal, m'a agréablement surprise dans un rôle de prince, forcément un peu rigide, mais qui trouve à s'exprimer de manière très démonstrative dans un registre de comédie un peu burlesque assez réjouissante. De plus, les scènes entre les deux acteurs fonctionnent très bien, avec une dynamique qui fait plaisir à voir. A leurs côtés, on retrouve également Jung Yoo Mi, Lee Tae Sung, Jung Suk Won, Choi Woo Shik et Lee Min Ho. 

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Bilan : Comédie temporelle décalée, ne négligeant pas pour autant une dimension plus mélodramatique qui pourra toucher le téléspectateur à condition qu'elle parvienne à se nuancer, Rooftop Prince se réapproprie avec une certaine fraîcheur des dynamiques relationnelles classiques du petit écran sud-coréen. Plaisante à suivre et même attachante lorsqu'elle investit un registre léger, la série est plus maladroite quand elle s'aventure sur des plate-bandes tragiques. Cependant, il ne tient qu'aux scénaristes de construire, à partir de ces intéressantes fondations, une fiction capable de mûrir au fil des épisodes. Evolution à suivre.


NOTE : 6,75/10


Le générique de la série :

La bande-annonce de la série :

Une chanson de l'OST (avec un MV comprenant des images des premiers épisodes) : 

01/04/2012

(Pilote RUS) Небесный Суд (Nebesnyi Soud) (Le Tribunal Céleste) : une dépaysante comédie noire qui revisite le passage de la vie à la mort


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Après l'Estonie dimanche dernier (avec la découverte de la très poignante Klass - Elu pärast), My Télé is Rich! met le cap encore un peu plus à l'Est, et franchit de nouvelles frontières, direction.... la Russie ! Avant aujourd'hui, l'image que j'avais des séries russes reposait principalement sur les descriptions pas forcément très attractives d'une de mes meilleures amies, russophone, qui a vécu plusieurs années en Russie et en Ukraine. Mais il y a quelques jours, sur Subfactory, un billet de Nao évoquait une comédie noire qui semblait des plus appropriées pour oublier mes préconceptions (et donc un grand merci à elle). La curiosité piquée, les sous-titres français du pilote disponibles, c'est donc un nouveau pays que j'ai découvert ce week-end !

Небесный Суд (Nebesnyi Soud), qui peut se traduire en français par Le Tribunal Céleste, est une mini-série qui compte 4 épisodes de 45 minutes environ. Créée et réalisée par Alyona Zvantsova, elle a été diffusée durant le mois d'octobre 2011 en Ukraine, sur STB (EDIT : et pas encore diffusée en Russie pour le moment). Série abordant des thèmes plutôt sombres avec une légèreté revendiquée, elle revisite la mort et ses suites, en prenant soin de créer une mythologie bien à elle, empruntant au legal drama comme au fantastique. Et je dois dire que ce pilote a été pour moi une jolie surprise.

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Lorsqu'un être humain meurt, son âme se dirige alors vers le Tribunal Céleste devant lequel elle va devoir comparaître. Composé d'un personnel de mortels ordinaires, qui ont été affectés après leur mort au fonctionnement de cette administration très particulière, c'est à cette institution qu'il appartient de juger l'âme du récent défunt, avant que ses funérailles n'aient été célébrées. Généralement, deux directions peuvent être prises : non pas ce que l'on désigne communément par le Paradis ou l'Enfer, mais ce qui s'appelle désormais le secteur du repos ou le secteur de la réflexion.

Pour prendre sa décision, le tribunal se prononce en étudiant quelle a été la dernière action de l'individu, laquelle est censée refléter la vie qu'il a menée. Un véritable "procès" a lieu, voyant s'affronter un procureur, qui va mettre l'accent sur les comportements moralement condamnables du défunt, tandis que ce dernier est représenté et défendu par un avocat. Pour les aider dans leurs tâches respectives, ces deux juristes d'un genre à  part ont accès aux souvenirs, et même aux rêves, de celui dont l'âme est placée dans la balance de la justice céleste. 

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Nebesnyi Soud se révèle être une comédie noire surprenante, qui va rapidement pleinement prendre la mesure de son étonnant concept de départ. Dotée d'une narration soutenue et sans temps mort, la série est rythmée par des dialogues ne manquant pas de réparties, où perce une pointe de désillusion teintée de détachement. Adoptant une tonalité plutôt légère pour traiter d'un sujet normalement grave, ce mélange provoque des passages vraiment réjouissants. De plus, la série marque également par le dépaysement occasionné. Faisant preuve d'une inventivité à saluer, elle séduit le téléspectateur par sa diffuse excentricité, par l'étrangeté rationalisée dans laquelle elle évolue. Elle dévoile en effet peu à peu un univers mythologique travaillé, autour de la mort - ou plus précisément, sur le point de passage vers l'au-delà. 

Faisant preuve d'un réel sens du détail, Nebesnyi Soud nous décrit le fonctionnement du Tribunal Céleste comme celui d'une véritable administration judiciaire classique, avec ses règles, mais aussi ses passe-droits. C'est tout un service ordonné, mais également très vivant, qui prend forme sous les yeux du téléspectateur. La série ne manque pas d'imagination pour crédibiliser ce milieu. C'est ainsi qu'on découvre avec curiosité les différents services qui s'y côtoient : il y a la salle de projection des souvenirs des âmes jugées, ou encore l'éventuel envoi d'un dernier message à un être cher proposé discrètement au défunt (... via un oiseau !). On a également un aperçu de toutes les procédures suivies pour mener à bien le "procès" : le possible emprunt d'une enveloppe corporelle par les avocats qui souhaitent se rendre sur le "terrain" (= dans le monde des vivants) pour enquêter de plus près sur certains évènements, ou bien la convocation de témoins encore en vie, comparaissant alors durant leur sommeil...

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Le premier épisode de Nebesnyi Soud se révèle donc très efficace pour familariser le téléspectateur avec les enjeux et les coulisses de ce Tribunal Céleste, mais aussi pour faire connaissance avec les deux protagonistes principaux ; deux duettistes judiciaires qui s'affrontent pour - à proprement parler - le salut de l'âme du défunt. Opportunément, pour justement pousser chacun dans ses retranchements, le cas du jour a une saveur particulière : l'homme qui comparaît venait en effet de faire sa demande en mariage à la veuve... du procureur. Autant dire que ce dernier prend plutôt mal la chose, et entreprend de ressortir tous les souvenirs les plus incriminants du décédé, voulant lui faire gagner un aller simple pour le si bien nommé "secteur de la réflexion". La série emprunte ici sa dynamique au legal drama, qu'elle transpose dans un cadre fantastique, pour aboutir à un affrontement qui ne manque pas de piquant (et de discussions surprenantes !).

De plus, si on en sait encore assez peu sur eux, les personnages trouvent vite leurs marques. Même s'ils s'opposent "professionnellement" à l'audience, les représentants de la défense et de l'accusation sont aussi des amis. Le téléspectateur s'attache en premier lieu à l'avocat : il séduit instantanément par son sens de la formule et de l'argumentation dans des causes même désespérées, comme l'illustre sa première plaidoirie où il tente tant bien que mal d'expliquer en quoi la dernière action de son client - avoir tué un chat - n'a pas la gravité qu'on lui prête. De son côté, le procureur s'humanise vers la fin de l'épisode, la convocation de sa femme comme témoin à la barre lui faisant perdre ce masque d'intransigeance qu'il a porté obstinément durant tout l'épisode. De manière générale, c'est tout le personnel du tribunal qui trouve sa place, la femme en charge des projections des souvenirs ou celui qui prête les enveloppes corporelles s'imposent en quelques scènes. Ainsi, non seulement la série crée un service administratif cohérent, mais elle n'oublie pas de soigner la caractérisation de ceux qui y officient.

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Sur la forme, Nebesnyi Soud se révèle aussi relativement bien maîtrisée. Si mon fichier video n'avait pas une qualité permettant de pleinement l'apprécier, la réalisation use d'effets simples mais efficaces pour transposer à l'écran cet univers : des filtres de couleurs permettent de distinguer le Tribunal Céleste du monde des vivants dans lequel on fait quelques incursions. La Terre garde ainsi ses couleurs naturelles, tandis que c'est une dominante bleue froide qui est utilisée pour les scènes de cet entre-deux judiciaire et un filtre beige pour les souvenirs qui sont projetés sur un écran, sorte d'images de vieux films, dans ce qui s'apparente à une salle de cinéma. Quant à la bande-son, la musique y est entraînante et rythmée, sans être omniprésente : elle accompagne bien l'ambiance générale à la fois légère et sombre dans laquelle s'épanouit la série.

Enfin, Nebesnyi Soud bénéficie d'un casting globalement solide, surtout du côté de ses acteurs principaux. Pour interpréter les deux juristes d'un genre très particulier qui s'affrontent à l'audience, on retrouve d'une part Konstantin Khabenskiy, qui joue un procureur froid et méthodique - qui a cependant ses failles ; il est possible de le déstabiliser lorsque sa femme, qu'il a laissée derrière lui, est évoquée -, et d'autre part   Mikhail Porechenkov, qui fait des merveilles dans un registre d'avocat sophiste qui propose les interprétations les plus surprenantes pour défendre les actions de ses clients.

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Bilan : Comédie noire qui se réapproprie avec aplomb la thématique du passage de la vie à la mort, dotée d'une diffuse excentricité, Nebesnyi Soud mêle habilement une dynamique propre aux legal dramas et des éléments de fantastique grâce auxquels elle se construit rapidement une mythologie cohérente et travaillée. Dépaysante et inventive, sa tonalité légère et ses dialogues rythmés, souvent cocasses, la rendent très plaisante à suivre. Le téléspectateur se laisse ainsi prendre au jeu ; et le visionnage de ce pilote a été pour moi une très intéressante découverte. 
 
J'espère que les trois épisodes suivant seront également sous-titrés (notez bien qu'il s'agit de sous-titres français, donc n'hésitez pas à être curieux) !


NOTE : 7,5/10
 

La bande-annonce :

31/03/2012

(UK) Being Human, saison 4 : un nouveau départ pour une série fidèle à elle-même

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Bien négocier cette saison 4 était sans doute le plus grand défi qu'ait jamais relevé Being Human depuis sa création. Ayant toujours fait de ses personnages son atout principal et les garants de la fidélité du public, la série allait devoir prouver sa capacité à se renouveler. Car, dans la continuité du final sur lequel elle nous avait quitté, le premier épisode de la saison 4 sera celui qui referme définitivement un chapitre : celui de la première ère de Being Human. En effet, du trio original, seule Annie demeure fidèle au poste, protectrice autoproclamée du bébé laissé derrière eux par George et Nina, Eve, un War Child qui suscite tant d'attentions.

Le téléspectateur pouvait naturellement craindre que la série ne s'égare dans une sorte de re-boot maladroit, devenant un ersatz sans saveur de ce qui avait fait cette fiction. Mais les scénaristes feront le bon choix : celui de rester fidèle au cadre conceptuel de la série, cette idée, un peu farfelue sur le papier, d'une cohabitation entre un vampire, un loup-garou et un fantôme, chacun s'entraidant pour supporter leurs conditions respectives. Et parvenant à introduire de nouveaux protagonistes ou en développant de plus anciens, comme Tom désormais esseulé, la saison 4 n'aura pas démérité. Certes, certains schémas narratifs invariables ont perdu un peu de leur charme, mais dans l'ensemble, la greffe tentée aura permis de passer 8 épisodes très sympathiques.

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Si Annie symbolise la continuité et la fondation sur laquelle s'appuyer, la première réussite de cette saison 4 tient à sa faculté à reformer des dynamiques au sein d'un nouveau trio principal reconstitué dans les deux premiers épisodes. On y retrouve des éléments familiers, mais aussi certaines approches très différentes, notamment dans le duo loup-garou/vampire qui s'esquisse. En effet, lorsque le téléspectateur avait rencontré pour la première fois George et Mitchell, ces derniers avaient déjà une solide amitié établie en dépit de leur nature respective. Ici, l'association de départ est plus malaisée et difficile. La saison va nous permettre d'assister à la construction d'une confiance fragile, se consolidant peu à peu. Du respect qui s'installe naîtra même une véritable amitié. Ainsi, non seulement la paire formée par Tom et Hal, véritable valeur ajoutée de la saison, fonctionne très bien, mais de plus, tout en ne reniant pas les thématiques classiques liées à leur antagonisme de loup-garou et de vampire, la série ne se contente pas d'un simple copier-coller du passé.

L'éducation de Tom au milieu d'un environnement surnaturel hostile omniprésent et ses réflexes de combattant rendent le personnage très différent des incertitudes que pouvait manifester George. Sa jeunesse est également un facteur non négligeable : il va devenir adulte au fil de la saison. A l'opposé, si Hal a des problèmes typiquement vampiriques, devant combattre cette soif de sang jamais assouvie, c'est aussi un vampire très âgé (un "Old one"), qui a du recul par rapport à sa condition et aussi à ses illusions. Enfermé depuis longtemps dans un cycle qui semble insurmontable, où à des décennies de sevrage succèdent des décennies de sauvagerie indescriptible, il cherche constamment à maintenir un équilibre. La ritualisation de son quotidien, qui confine à des troubles obsessionnels compulsifs, ainsi que son ouverture progressive sur le monde que lui permettent ses nouveaux colocataires, apportent une complexité à ce personnage très intéressant se dévoilant peu à peu.

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Fidèle à ce qui fait le charme de la série depuis ses débuts, la saison 4 s'attache donc à développer une dimension humaine très appréciable. Elle se rappelle aussi que c'est à la croisée des tonalités, dans ces oscillations entre passages légers et drama horrifique, que Being human s'est créée une identité à part dans le registre du fantastique. Evitant toute sur-dramatisation, la série trouve un juste équilibre. Si les évènements causeront leur lot de morts, et en dépit d'un fil rouge clairement apocalyptique, la saison 4 sera néanmoins moins sombre et désespérée que la troisième. Peut-être est-ce parce que, malgré toutes les menaces, elle donnera toujours la priorité à l'exploration et au développement des personnages principaux, ne négligeant pas non plus les créatures surnaturelles de passage le temps d'un épisode. Rafraîchissante et humaine, elle suscite l'attachement du téléspectateur, fidélisant un public qui, finalement - et presque par surprise en ce qui me concerne -, en vient à apprécier le sang neuf permis par ce nouveau départ.

Au-delà de ses atouts inchangés, Being human conserve aussi ses faiblesses. En premier lieu, c'est la mythologie de la saison, centrée sur Eve et l'arrivée prochaine des Old Ones, anciens vampires décidés à s'approprier le monde, qui peine à convaincre. Si les perspectives apocalyptiques sont efficaces, le mystère autour du War Child sonnera toujours un peu trop creux. Par ailleurs, la série laissera entrevoir de bonnes idées, avec un potentiel intéressant, mais la chute finale ne sera pas toujours à la hauteur, à l'image de Nick Cutler, vampire pragmatique censé nous faire patienter jusqu'aux Old Ones et qui finira par leur voler la vedette et le titre de méchant le plus réussi de la saison. Outre ses excellentes lignes de dialogues ("They're eating my focus group !"), c'est un personnage qui va acquérir une vraie dimension au fil des épisodes, pour rencontrer une fin aussi expéditive que décevante dans le dernier épisode. Le fil rouge aura donc eu ses promesses inachevées, sans pour autant que cela porte préjudice à la saison en elle-même.

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Enfin, côté casting, Being Human peut une nouvelle fois s'enorgueillir d'accueillir quelques guest stars particulièrement convaincantes, comme Mark Gatiss (Sherlock) dans le dernier épisode. Cependant, celui qui a le mieux tiré son épingle du jeu est indéniablement Andrew Gower (Monroe) qui, tout au long de la saison, a bénéficié des ces quelques répliques qui marquent. Il aura fait un très bon travail pour incarner, avec aplomb et distance, Cutler, vampire adepte des nouvelles technologies ne manquant pas de ressources. Dans un autre registre, Kate Bracken s'est également très bien imposée en potentielle petite amie, puis fantôme au fort caractère.

Parmi le trio principal, Lenora Crichlow est restée fidèle à elle-même, dans un rôle parfois un peu agaçant mais qui garde sa logique. Michael Socha interprète avec une spontanéité bienvenue Tom ; il a l'art de savoir nous rappeler soudain, au détour d'une réaction immature, qu'en dépit des épreuves et des horreurs, Tom reste un jeune homme qui a tant à apprendre. Mais ma révélation personnelle de la saison aura été Damien Molony, acteur irlandais charmant que je n'avais jamais eu l'occasion de croiser jusqu'à présent dans le petit écran. Il réussit à retranscrire de manière convaincante toutes les facettes de Hal, du vampire maniéré avec son quotidien entièrement ritualisé au charismatique et puissant buveur de sang. Jouant sur l'ambivalence de son rôle, mais aussi sur sa transformation progressive au contact des deux autres membres du trio, il aura vraiment réussi à trouver très vite ses marques dans l'univers de la série.

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Bilan : La saison 4 de Being Human a offert à la série un nouveau départ. Au vu de la place déterminante qu'ont toujours occupée les personnages, redistribuer les rôles et repartir avec de nouveaux protagonistes principaux était loin d'être un pari gagné d'avance. Pourtant, en restant fidèle à elle-même, à son fantastique à la tonalité mi-drama, mi-comédie, à sa mise en valeur soignée de personnages attachants, la série a réussi à relativement bien négocier ce tournant difficile, conservant également ses limites mythologiques structurelles. Ce n'est plus le Being Human que nous connaissions, mais elle a précieusement conservé l'âme du show. C'est le plus important.

Une saison 5 de 6 épisodes a d'ores et déjà été commandée ; et s'il est acquis qu'Annie ne reviendra pas, je serai au rendez-vous pour la suite des aventures de Hal, Tom et des autres...!


NOTE : 7/10 


La bande-annonce de la saison :

Le prequel de Hal :