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25/04/2012

(K-Drama / Pilote) God of War (Soldier) : une fresque épique très prenante

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Aujourd'hui, restons dans les séries actuellement diffusées en Corée du Sud, en ce mercredi asiatique, pour revenir à un genre à l'égard duquel j'ai souvent eu l'occasion de déclarer mon amour : l'historique. Parce que, vous le savez bien, rien de tel qu'un solide sageuk pour introduire un parfum d'épopée dans vos programmes sériephiles et rythmer vos semaines. Très prise depuis le début de l'année, je n'avais pas encore choisi de drama de ce type en 2012 ; le mois d'avril touchant à son terme, il était grand temps de corriger cet oubli. Mon choix s'est finalement porté sur God of War (Soldier). Et quelle belle - ou, devrais-je dire, sacrément musclée - découverte ai-je fait là !

God of War (Soldier) est un drama actuellement diffusé sur MBC, les samedi et dimanche soirs, depuis le 11 février 2012. Scénarisé par Lee Hwan Kyung (un habitué des sageuk - Emperor Wang Gun, Dawn of the Empire, Yeon Gae So Mun), et réalisé par Kim Jin Min, il est annoncé comme devant être une imposante fresque, puisque 50 épisodes sont pour le moment prévus (le tout devrait ainsi se terminer en août prochain). Ses audiences semblent depuis une dizaine d'épisodes s'être stabilisées juste au-dessus de la barre des 10%. Si 20 épisodes ont été à ce jour diffusés, ce billet du jour a été rédigé après avoir visionné - avec beaucoup d'enthousiasme ! - les cinq premiers. C'est que, voyez-vous, God of War, c'est du sageuk à poigne, au souffle indéniable, qui vous prend aux tripes comme rarement !

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God of War se déroule à l'époque de Goryeo. Plus précisément, le drama s'ouvre au début du XIIIe siècle, en 1217. Même si nous sommes officiellement dans les premières années du règne du roi GoJong, le pouvoir réel est alors entre les mains de Choe Chung Heon, lequel exerce une dictature militaire maintenant difficilement un semblant d'ordre au sein d'une période troublée, notamment, par des invasions Mongoles. Dans ce contexte difficile, avec plusieurs fronts ouverts, l'insatisfaction monte au sein de certaines parties de la population. Le premier épisode s'ouvre ainsi sur une rébellion de plusieurs centaines de moines boudhistes, poussés à bout par les conditions dans lesquelles ils doivent combattre. La répression de ce mouvement est sanglante : un des deux fils de Chung Heon, Choe Hyang, y voit en effet l'occasion d'avancer ses pions pour isoler un peu plus son frère aîné, Choe Woo. Il obtiendra ainsi des aveux compromettants par tous moyens.

C'est à l'occasion de cette répression lancée contre les temples boudhistes ayant eu des membres impliqués dans la rebellion que la réalité géopolitique du pays va rattraper le jeune Kim Joon. Recueilli et élevé dans le temple, officiellement moine, son statut d'esclave de naissance réapparaît lors des vérifications d'identité opérées par les soldats les ayant arrêtés. Evitant de peu l'exécution grâce à l'intervention de la fille de Choe Woo, Song Yi, il va tomber au plus bas de la hiérarchie sociale, envoyé travailler comme esclave sur des chantiers de construction. God of War va nous relater sa lente ascension à partir de là, à commencer par la première voie qui va lui permettre de s'affranchir de ses réserves liées à son éducation boudhiste pour imposer sa valeur guerrière : un jeu létal venu de Perse, le gyeokgu.

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Le premier atout de God of War tient à l'impression de maîtrise narrative qui en émane, et ce, dès ses débuts particulièrement réussis. En effet, sans temps d'exposition, le drama nous plonge immédiatement dans l'histoire présente, avec des enjeux vite précisés. Il fait ainsi un intéressant choix scénaristique : celui de ne pas opter pour la fréquente -un peu artificielle- introduction par l'enfance de ses personnages, mais de préférer au contraire nous entraîner directement dans les évènements qui bouleversent la vie de Kim Joon. La série saura ensuite saisir diverses occasions pour présenter rapidement le background de chaque personnage, passant souvent par des dialogues, mais s'autorisant aussi à bon escient deux-trois flashbacks limités. Une fois posée cette mise en situation que représente la déchéance de Kim Joon rattrapé par son rang de naissance, God of War développe une première vraie storyline d'ampleur, représentative du mélange de jeux de pouvoir et d'action ambitionné par la série, centré autour du gyeokgu. Si ce jeu est proche du polo en théorie, il apparaît rapidement comme un combat mortel et l'arène dans laquelle il se déroule devant la population et les gouvernants l'assimilerait plutôt aux jeux du cirque romains.

Ce rythme, avec ces enchaînements sans temps mort qui annoncent les arcs narratifs rythmant les longs sageuk, rend l'histoire très prenante. La narration est dense et, surtout, on retrouve dans God of War un élément caractéristique des sageuk réussis : le drama est en effet traversé par un véritable souffle épique qui emporte le téléspectateur et permet à l'histoire d'acquérir une dimension supplémentaire. Il faut dire que la série s'impose avec force dans le registre de l'action. Musclée, je dirais même violente à l'occasion, il émane de ses images une forme de brutalité - aussi bien physique, presque graphique, que psychologique, voire émotionnelle - qui saisit et touche en plein coeur le téléspectateur. Qu'il s'agisse des scènes de combat, de torture ou de simples confrontations, grâce à ses mises en scène efficaces, la série atteint un niveau d'intensité rare, capable de marquer durablement. Grâce à cette approche très directe et presque sans concession, elle parvient ainsi à littéralement happer l'audience devant son petit écran.

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Outre une tonalité clairement définie, God of War va également trouver un juste équilibre entre ses différentes storylines. Le drama allie habilement - et de manière très classique - un récit à deux niveaux : d'une part, il s'intéresse à la destinée personnelle du protagoniste principal, d'autre part, il entreprend d'éclairer les enjeux de pouvoir au sein de la Cour. C'est sur le premier volet que repose l'empathie de la série : la déchéance sociale imposée à Kim Joon est cruelle, de même que sa séparation de Wol-Ah, aux côtés de laquelle il a grandi. Leurs destinées entremêlées constituent le ressort tragique central de ce début de récit ; et même si le drama a parfois tendance à en faire trop sur ce plan, manquant un peu de subtilité, il sait impliquer émotionnellement le télépectateur. Outre ce volet plus intime, la série nous propose d'assister à l'affirmation de ce jeune homme, brusquement arraché au confort du temple et propulsé dans un monde de violence où il faut tuer pour ne pas être tué. Le récit prend ici une dimension initiatique traditionnelle mais bien introduite, et l'on devine que Kim Joon devra surmonter son lot d'épreuves, dont le gyeokgu n'est qu'un premier aperçu.

Parallèlement, God of War nous plonge dans une situation géopolitique à la stabilité précaire, nous présentant un dirigeant vieillissant dont la succession commence à être envisagée, et dont les deux fils, héritiers potentiels, semblent promis à une confrontation certaine. En dépit de la complexité inhérente à ce type d'histoire - l'on met du temps à s'y retrouver au sein de la multitude des intervenants et de leurs allégeances respectives, la série parvient à rendre l'ensemble très prenant : cela tient au fait qu'elle transpose aux coulisses du pouvoir le même souffle qui l'anime pour les scènes d'action. Tout particulièrement, c'est la manière dont God of War dépeint un Choe Chung Heon vieillissant qui m'a fasciné. Alors même que ses fils anticipent la succession, il apparaît rapidement évident que le vieil homme n'est pas encore sénile, et qu'il lui reste suffisamment de facultés pour tirer bien des ficelles dans les oppositions qu'il encourage au sein de la Cour. Semblant favoriser son fils cadet, inquiet de la descendance de son aîné, il nous laisse constamment nous interroger sur le degré de connaissaance qu'il peut avoir des complots et manipulations dont la capitale bruisse. Dans ces luttes de pouvoir, God of War use ainsi efficacement de ficelles connues et ayant fait leurs preuves, démontrant un vrai sens de la mise en scène, avec des dialogues fournis qui participent à la tension ambiante.

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Solide sur le fond, God of War doit également beaucoup à ses atouts formels. Si sa réalisation est d'un classicisme assumé (jusqu'à certaines parenthèses pédagogiques pour permettre au téléspectateur de bien comprendre certaines situations), elle fait preuve d'une fluidité dans la manière d'ordonnancer les scènes qui est très plaisante. Tout apparaît parfaitement maîtrisé, et la caméra sait toujours trouver sa place pour retranscrire aussi bien les conciliabules secrets de palais, que les batailles rangées et les passages d'explosion de violence. Par ailleurs, le drama est accompagné d'une bande-son attrayante qui prend pleinement la mesure du souffle épique parcourant le récit. Aussi bien du côté de certains instrumentaux récurrents (notamment celui de la troisième vidéo ci-dessous, que j'apprécie tout particulièrement) que pour les ballades plus posées, la série soigne l'emploi de ces musiques pour les faire bien coïncider avec la tonalité particulière des scènes qu'elles sont censées souligner.

Enfin, God of War bénéficie d'un casting efficace et homogène. Plutôt bien dirigés, avec des dialogues relativement consistants, ils se montrent à la hauteur de la force du récit. C'est Kim Joo Hyuk (Terroir, Lovers in Prague, Life a Flowing River) qui interprète Kim Joon. Si j'aime modérément cet acteur, j'avoue que je me suis facilement laissée prendre par son jeu globalement solide. A ses côtés, on retrouve plusieurs valeurs sûres du petit écran sud-coréen. Outre Park Sang Min (Dae Wang Sejong), c'est Jung Bo Suk qui interprète le fils aîné de Choe Chung Heon. Du côté des personnages féminins, Kim Kyun Ri (Han River Ballad, Yong Jae Golden Days) se révèle très intéressante pour jouer la fille de Choe Woo, une jeune femme qui n'a certainement pas froid aux yeux. Hong Ah Reun (Rock Rock Rock) incarne quant à elle Wol-Ah, personnage à la dimension plus tragique dont le sort la lie au héros. La galerie d'acteurs est impressionnante au vu du nombre de protagonistes, et l'ensemble se révèle convaincant. De ces premiers épisodes, je retiendrais parmi eux la performance de Joo Hyun, qui incarne avec beaucoup de charisme ce vieux dirigeant qui joue des jeux de pouvoir avec toujours beaucoup de dextérité.

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Bilan : Sageuk musclé, récit particulièrement brut - violent même - et intense, God of War est parcouru de ce souffle épique caractéristique des dramas historiques réussis. Bénéficiant d'une construction narrative fluide et consciencieuse, avec des enjeux exposés de manière efficace, c'est une série qui se réapproprie pleinement un certain nombre de recettes très classiques du genre. Souvent prenante, elle captive le téléspectateur en renvoyant l'image d'une vaste et ambitieuse fresque historique. Parvenant à entremêler quête de pouvoir et épopée personnelle, ses débuts s'équilibrent bien entre les luttes au sein de la famille Choe et l'évocation de destinées plus modestes et humaines.

C'est donc un récit historique très dense, mettant en scène combats et complots, qui devrait plaire à tout amateur de sageuk ! N'hésitez donc pas !


NOTE : 7,75/10


Une bande-annonce :

Une chanson de l'OST :

Un instrumental de l'OST :

Commentaires

Je suis arrivé récemment au bout des 56 épisodes: un solide sageuk, prenant et assez ambitieux. On suit les offensives successive des conquérants mongols contre les places fortes du royaume de Goryeo, avec de spectaculaires reconstitutions de la poliorcétique médiévale. Egalement, on découvre avec intérêt l'histoire de la destruction du corpus des tablettes de bois du Tripitaka Koreana et du chantier titanesque de leur recréation.Et bien sûr la lente ascension de Kim Joon et les intrigues de cour qui se succèdent captivent le plus souvent. Ce n'est pas forcément un des sageuks les plus finement écrits(quelques intrigues secondaires, comme l'apparition d'un sosie de Wol-Ah, peuvent sembler artificielles) mais il y a largement de quoi contenter l'amateur de fresques historiques.
Il existe un autre sageuk de la dynastie Goryeo, daté de 2006, hautement recommandable selon moi: Shin Don ("seulement" 61 épisodes). Racontant l'ascension sociale fulgurante d'un moine boudddhiste controversé à la cour d'un souverain éclairé qui finit par sombrer dans la folie (interprété avec beaucoup de conviction par Jung Bo Suk), ce drama intense et tragique dépeint le crépuscule de Goryeo. En particulier, la seconde moitié est très sombre et comporte des passages assez dérangeants. Une réussite mémorable.
Enfin, pour en revenir aux sageuks vus cette année, je signale une excellente découverte, un drama daté de 1996 mais dont les sous-titres ne sont disponibles que depuis quelques mois: Im Kheok Jeong.
En 44 épisodes, la série décrit la vie de ce fameux brigand du XVIème siècle, légendaire de par sa force herculéenne et sa férocité, ainsi que les parcours respectifs de ses compagnons, une bande de malandrins en révolte contre l'injustice sociale en vigueur à cette époque. Un sageuk au déroulement souvent surprenant, rustique (tourné essentiellement dans les campagnes et la nature sauvage),rempli de personnages pittoresques. Il surpasse aisément en qualité certains des sageuks les plus récents.

Écrit par : Greg | 23/12/2012

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