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18/08/2012

(ISL) Réttur (The Court), saison 1 : un legal drama islandais

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En ce week-end annoncé comme caniculaire, vous vous doutiez bien que la tradition de ce blog risquait de voir poindre le billet de ce jour. Respectons l'usage : pour se rafraîchir, rien de tel que de mettre le cap sériephile vers des latitudes nordiques et de se rappeler, le temps de quelques épisodes, ce qu'est le froid. Il faut dire que la série dont je vais vous parler aujourd'hui est particulièrement appropriée pour une contre-programmation : elle se déroule sous le plafond grisâtre de nuages bas qui ne semblent jamais devoir se lever, dans une ville de Reykjavik qui reste plongée sous son manteau neigeux.

Réttur est la deuxième série islandaise que j'aborde en ce mois d'août, et déjà la quatrième de 2012 (et le sixième bilet consacré à une fiction de cette nationalité sur ce blog). Mes affinités avec le petit écran de cette île du Nord ne se démentent pas. En l'occurence, Réttur constitue rien moins que le premier legal drama de la télévision islandaise. Elle compte deux saisons, de six épisodes chacune. La première a été diffusée début 2009 sur Stöð 2. On retrouve à l'écriture quelqu'un dont le nom doit commencer à vous être familier, Sigurjón Kjartansson, scénariste extrêmement productif à qui l'on doit notamment la prenante Pressa dont je vous ai déjà tant parlé (ce qui explique sans doute l'air familier que j'y ai trouvé). Sur Réttur, il est entouré de Margrét Örnólfsdóttir et de Kristinn Thordarson.

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Réttur est une série judiciaire nous relatant le quotidien d'un trio d'avocats d'un cabinet de Reykjavik. Brynhildur et Hordur en sont les actuels associés, tandis que Logi y travaille pour l'instant à l'essai. Embauché avec pour objectif de relancer l'activité quelque peu en berne du cabinet, ce dernier est un des meilleurs avocats de la capitale. Ambitieux et plein d'aplomb, c'est un défenseur hors pair, mais dont la réputation est entachée par un crime passé : à 18 ans, il a commis un meurtre, puis a été condamné et emprisonné. Sorti quelques années plus tard, il a obtenu le pardon lui permettant de devenir... avocat. Cependant, cette histoire reste dans tous les esprits, notamment policiers, même si Logi prétend ne se souvenir de rien.

La série les suit à travers plusieurs affaires, touchant à des domaines très différents : des procès criminels, du meurtre au trafic d'être humain, en passant par des escroqueries financières ou bien des abus de faiblesse. Ils représentent, suivant les cas, l'accusé ou la victime. En arrière-plan, un fil rouge se dessine : pèse sur l'atmosphère de Reykjavik des faits divers qui sont devenus malheureusement un rituel craint du vendredi soir, une série de viols commis par un serial rapist, face auquel l'enquête de la police piétine. Avec ce tableau d'une ville où le ministère public cherche souvent à faire des exemples de ceux qui troublent la tranquillité, Réttur se concentre sur ses trois protagonistes, se proposant de nous faire vivre leurs succès et leurs échecs, professionnels comme personnels.

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De premier abord, Réttur est un legal drama aux consonnances très classiques. Il se réapproprie efficacement le genre, mais reste relativement quelconque en optant pour une présentation très sobre de la dynamique judiciaire. Plus qu'au métier lui-même, il est manifeste que la série s'intéresse avant tout à l'humain derrière le professionnel portant la robe. C'est sans doute pour cela que l'on a l'impression de la voir parfois emprunter des raccourcis un peu faciles, laissant certains développements inachevés, dans sa gestion des affaires. Cependant, elle dispose d'une narration qui ne traîne pas, va à l'essentiel, et permet donc d'évoquer - plus ou moins brièvement - toutes les facettes de la profession, avec son lot de dilemmes moraux et ces affaires que l'on ne sait comment aborder. De plus, par la diversité des cas traités, il faut reconnaître à cette première saison une indéniable richesse.

La construction de Réttur mêle un procédural travaillé et un fil rouge à la densité variable. On retrouve dans l'exploitation de ce dernier une façon de faire assez caractéristique du style du scénariste. Suivant une forme de continuité à éclipse, une intrigue peut ainsi être introduite, s'imposer sur le devant de la scène, puis être oubliée, pour ensuite ressurgir soudain au centre des enjeux. Même si cela peut renvoyer le sentiment d'un manque d'homogénéité, l'essentiel est que la série sait manifestement où elle nous conduit et qu'elle fait preuve pour cela d'un réel savoir-faire qui retient l'attention du téléspectateur de bout en bout. Ce sont des limites de construction que l'on trouve aussi dans Pressa, mais qui n'affectent pas la portée de la série. Autre procédé similaire avec Pressa : l'utilisation des médias comme observateurs/narrateurs extérieurs des évènements mis en scène. C'est une technique qui est tout aussi bien utilisée dans Réttur.

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A côté de ce quotidien judiciaire bien huilé, Réttur fidélise aussi son public grâce à ses personnages, chacun très différents, mais complémentaires à leur manière. En premier lieu, c'est évidemment Logi qui s'impose à l'écran : par son assurance où perce une pointe d'arrogance, sa conception très relativiste de son métier et sa capacité à prendre les choses en main quel que soit la situation. Marque aussi l'ambivalence inhérente au personnage. Derrière cette apparence d'avocat en représentation permanente qu'il cultive, en arrière-plan, figure toujours ce crime commis il y a 25 ans. S'il prétend ne plus s'en soucier - ne l'ayant pas en mémoire -, le souvenir revient toujours, imperturbable, aussi bien face à des interlocuteurs qui l'évoquent que face à la famille de la victime... Et à mesure que l'on apprend à le connaître, à identifier ces mécanismes de défense, on comprend mieux son fonctionnement, son problème avec l'alcool, et surtout on devine, derrière cette allure excessivement pragmatique, des blessures qui lui font plus d'une fois frôler l'autodestruction, comme le montre sa gestion calamiteuse de sa vie sentimentale.

Outre ce personnage tranchant qui s'impose d'emblée, l'atout de Réttur est aussi de trouver le juste équilibre avec les deux autres avocats du cabinet, Brynhildur et Hordur. Chacun voit ses histoires professionnelles, mais aussi sa vie personnelle, développées. Brynhildur, divorcée, instinctivement méfiante mais au caractère affirmé, connaîtra ainsi toutes les émotions au cours de la saison, des joies personnelles, mais aussi bien des challenges bien difficiles dans sa vie professionnelle. Elle en sort grandie, et sa figure affirmée ; le téléspectateur espérant secrètement que le futur entrevu pour elle à la fin de la saison puisse voir le jour. Quant à Hordur, c'est un avocat paradoxal : il n'aime rien tant que rester dans l'ombre des recherches et des procédures, laissant la lumière des prétoires à ses associés. Malgré les réticences qu'il avait initialement à accueillir Logi, il est intéressant de voir comment les deux avocats trouvent finalement assez facilement un terrain d'entente, grâce à leurs différences, au point de voir Logi héberger Hordur lorsque ce dernier rencontre des difficultés dans son couple.

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Sur la forme, Réttur est une série à la réalisation très sobre, avec une photographie qui semble s'imprégner de l'atmosphère glacée de Reykjavik. Les teintes y sont froides, une pellicule grisâtre paraissant recouvrir l'ensemble. Ce ressenti est renforcé par les multiples plans de la ville enneigée, où la couleur du sol se confond avec le ciel, tandis que l'océan en arrière-fond est un mince ligne peu plus grise. La musique épouse très bien l'ambiance finalement assez posée d'un legal drama. Du classique, mais qui correspond aux attentes, à l'image du thème du générique (cf. la vidéo ci-dessous).

Enfin, Réttur bénéficie d'un casting globalement solide. Plus précisément, elle dispose d'un trio principal qui endosse sans difficulté les caractéristiques de leurs rôles respectifs : ce qui permet ainsi à cette rapide complémentarité de s'installer immédiatement à l'écran. C'est sans doute Magnus Jonsson, interprétant Logi, le personnage le plus emblématique de la série, qui marque le plus. Mais j'ai également bien aimé la dynamique qui s'installe avec Vikingur Kristjansson (Hordur), ainsi que le caractère que fait sien Johanna Vigdis Arnardottir dans le rôle de Brynhildur.

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Bilan : Legal drama sobre et classique, Réttur trouve le juste équilibre entre ses explorations du système judiciaire à travers des affaires très diverses, le développement de personnages auxquels le téléspectateur s'attache et l'adjonction d'un fil rouge criminel qui permet de lier en un seul ensemble toute la saison. Portée par une figure centrale marquante à l'ambivalence morale intriguante, qui constitue sa principale particularité, la série bénéficie en plus d'une narration très efficace. Sans être toujours pleinement aboutie sur certains points de son volet judiciaire, la construction d'ensemble n'en demeure pas moins solide.

C'est donc un legal drama venu du Nord qui devrait satisfaire les amateurs du genre.

[A noter : Comme beaucoup de séries islandaises, Réttur est disponible en DVD avec une piste de sous-titres anglais.]


NOTE : 7/10


Le générique de la série :

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15/08/2012

(K-Drama / Pilote) Reply 1997 (Answer me 1997) : portrait nostalgique et authentique d'une adolescence à la fin des années 90


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En ce mercredi asiatique, remettons le cap au pays du Matin Calme pour ce qui semble devoir être rien moins que mon coup de coeur sud-coréen de l'été. Qui eut cru qu'un semi-high school drama, d'un abord nostalgique car nous plongeant dans les années 90 (certes, j'ai moi aussi été adolescente durant cette période), pourrait sonner si authentique et faire jaillir en moi tant d'émotions - du rire aux larmes - ? Le câble sud-coréen est bel et bien en train de grandir et de mûrir, en voici cette fois un bien bel exemple avec Reply 1997 !

Ce drama a débuté le 24 juillet dernier en Corée du Sud sur la chaîne tvN. Il est diffusé tous les mardis soir, à raison de deux épisodes à la suite, ce qui fait qu'il comptera en tout 16 épisodes d'une demi-heure environ (mais le rythme est donc d'1 heure par semaine). Après avoir visionné les 4 premiers, me voilà sous le charme d'un récit qui fait preuve d'une justesse émotionnelle à chérir. En tout cas, vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela fait plaisir de tomber sur cette petite bulle d'air frais en ce mois d'août.

[La review qui suit prend en compte les 4 premiers épisodes du drama.]

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Reply 1997 s'ouvre en 2012. Un couple un peu âgé chante des classiques dans un karaoke, leur fille, Sung Shin Won, la trentaine dynamique, les interrompt pour lancer sa propre chanson. Son père lui réclamant d'en choisir une sans paroles en anglais, elle lance ce qu'elle qualifie de "classique", une musique du groupe H.O.T, boysband de sa jeunesse. Une autre nuit, Shin Won se rend à un repas d'anciens élèves : elle retrouve connaissances et amis de sa promo de 1997, l'année de leur 18 ans. A trente-trois ans, ce n'est pas encore de la nostalgie que ces désormais adultes éprouvent pour leur adolescence, mais ce dîner ramène Shin Won, en pensées, à la fin des années 90 et à leur vie d'alors.

Si Reply 1997 revient ensuite périodiquement dans le présent, avec des commentaires en voix off des différents personnages commentant avec recul le passé, il se déroule donc en majeure partie en 1997, à Busan. Le drama nous donne l'occasion de suivre une bande de six amis, proches depuis presque toujours pour la plupart (seul Do Hak Chan arrive en cette fin de lycée en provenance de Seoul). Shin Won et sa meilleure amie, Yoon Jung, sont alors des fans inconditionnelles du groupe H.O.T., se jetant sur la moindre émission parlant de leurs idoles. Les garçons observent ce comportement avec plus de distance. Au sein de ce groupe d'amis, c'est logiquement une période où chacun change, se découvre et éprouve ses premiers amours. Comment leur amitié a-t-elle grandi avec eux sur ce chemin que l'on appelle la vie ?

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Il y a, dans Reply 1997, un parfum de nostalgie, beaucoup d'humain et une réelle authenticité qui ne peuvent laisser insensible le téléspectateur. L'écriture adopte une justesse de ton rare, globalement maîtrisée, pour relater une époque - la reconstitution de 1997 est très soignée - et les tranches de vie qui l'accompagnent. La série représente vraiment ce que l'on peut et doit attendre d'un human drama, laissant la part belle aux émotions - sans jamais en faire trop et tomber dans un mélodrama - mais aussi à ces petites anecdotes de vie qui prêtent à un rire spontané venant de bon coeur. Elle met en scène des personnages attachants, qu'elle prend le temps de dépeindre avec leurs qualités et leurs défauts, leurs certitudes et leurs doutes. Grâce à tout cela, on se sent instantanément proche d'eux. Certes, l'ambiance est parfois très orageuse, entre adultes et/ou entre adolescents, mais les liens qui les unissent demeurent solides et indéfectibles, qu'il s'agisse de liens du sang ou d'amitié. Aux turbulences succèdent des passages plein de chaleur, où transparaissent des joies communicatives, comme la communion trans-générationnelle que permet le visionnage d'un match de coupe du monde. 

Cette proximité, Reply 1997 la cultive aussi grâce au cadre bien délimité qu'elle pose, qui a l'avantage de devenir vite familier. Avec pour centre Shin Won, il se limite à deux lieux principaux : le lycée, où, si les classes de garçons et de filles ne sont pas mélangées, chacun se retrouve pour déjeuner à la cafétéria, et la maison des parents de Shin Won, dont le père est l'entraîneur de l'équipe locale de baseball. La réussite de Reply 1997 est de nous immerger dans ce quotidien de 1997 sans lourde introduction, ni s'apesantir inutilement sur les informations qu'elle distille. L'époque est bien recréée (programmes télévisés, technologie, musique). Et l'on prend en cours de route la vie des personnages sans disposer immédiatement de toutes les clés pour comprendre les situations. Ainsi, Yoon Jae déjeune quotidiennement chez Shin Won, mais la série ne s'étend pas sur le pourquoi de la situation. Pareillement, l'écriture fait toujours preuve de tact et de pudeur, à l'image des scènes, dans l'épisode 4, où elle nous apprend que Shin Won avait une soeur. C'est petit à petit que le tableau se complète, et sur ce point, le drama sait faire preuve d'une patience et d'une justesse qui méritent d'être salués. 

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Outre ce registre human drama, Reply 1997 reste un portrait d'adolescence, certes avec les particularités et modes de 1997, mais aussi avec tout ce qu'il y a d'universel à cet âge difficile de nos 18 ans par lequel chacun est passé. Pour le téléspectateur, l'identification fonctionne parce que le drama capture avec beaucoup de fraîcheur les amitiés fluctuantes d'alors, entre disputes et réconciliations, et ces moments de malaise où les gestes normaux d'hier paraissent soudain inconvenant vis-à-vis de l'autre. Car c'est un temps où les rapports garçons-filles changent, où des sentiments nouveaux, pas forcément compris, naissent. C'est le récit sonnant très authentique d'une entrée progressive, chacun à sa manière et en prenant le temps qui lui est nécessaire, dans un âge adulte, sans y être encore tout à fait. Et c'est donc aussi l'époque des premiers amours.

En 2012, Shin Won nous a annoncé que durant ce repas de retrouvailles deux personnes vont annoncer leur mariage, sans préciser l'identité des heureux élus. Vu de 1997, on devine qu'il reste encore à chacun une longue route à parcourir pour se trouver. Sans mettre en péril leur amitié, Reply 1997 esquisse par petites touches des triangles amoureux nourris de qui pro quo, de petites jalousies informulées, d'amitiés restaurées et de secrets hésitants échangés. Chacun semble destiné à n'avoir d'yeux que pour celui qui ne prend pas conscience ou ne souhaite pas cette attention. J'ai particulièrement aimé le fait que, dans ces premiers épisodes, la série brouille un peu plus les lignes grâce à un personnage qui se révèle être gay. Ainsi tandis que Yoon Jae aimerait tant que Shin Won remarque ses attentions, il s'irrite de la proximité grandissante qu'elle a avec Joon Hee... ce dernier étant en réalité secrètement amoureux de son meilleur ami... Yoon Jae (et ayant mis Shin Won dans la confidence). La réussite du drama, ici, c'est de savoir pour l'instant préserver une part d'innocence dans la manifestation de ces sentiments, mais aussi une sincérité touchante qui évite toute lourdeur.

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Soigné sur le fond, Reply 1997 l'est également sur la forme. La réalisation est appliquée, et, surtout, la photographie conforte l'impression de nostalgie sur laquelle surfe ce drama (que vous ayez ou non connu les années 90, en Corée ou ailleurs). Côté bande-son, les choix sont tout aussi recherchés : le drama sélectionne des tubes d'alors, nous faisant remonter le temps à travers les chansons de H.O.T., les émissions musicales et autres extraits de cette époque. Se perçoit bien tout le travail fait pour la reconstitution d'une époque pas si lointaine, mais où surveiller son tamagochi, tout en chatant tant bien que mal sur un écran ordinateur à l'horrible fond bleu, était normal.

Enfin, si le casting est jeune et assez inexpérimenté, il s'en sort bien, sans doute parce que la justesse et la simplicité d'écriture permet à chacun de trouver facilement sa place. Jung Eun Ji se révèle pétillante et pleine de vitalité dans ce rôle central d'adolescente encore dans cette phase monomaniaque de fan de boysband laissant ses résultats scolaires en berne, mais qui devra bien grandir un jour. En complice d'enfance dont la relation est désormais plus tumultueuse, Seo In Gook (Love Rain) est correct. On retrouve également pour composer cette bande d'amis Shin So Yool (Jungle Fish 2), Hoya, Eun Ji Won et Lee Shi Un. Parmi les adultes en 1997, Song Jong Ho (The Princess' Man) interprète le frère de Yoon Jae, tands que Sung Dong Il (Fugitive : Plan B, Can't Lose) et Lee Il Hwa jouent les parents de Shin Won.

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Bilan : Drama profondément humain, plein d'émotions, capable de faire passer, avec naturel, sans forcer, du rire aux larmes, Reply 1997 est un soupçon de nostalgie sur lequel s'ajoute un retour sur l'adolescence d'une justesse et d'une authenticité rares. Un portait à la spontanéité rafraîchissante. Bien écrits, correctement interprétés, soignés dans leur reconstitution de cette fin des années 90 tout en abordant des thématiques aux accents universels, ces débuts se révèlent être une belle surprise. Je suis sous le charme de cette série qui fait chaud au coeur, et j'espère donc voir le drama poursuivre sur cette voie très prometteuse ! tvN tient peut-être là une jolie perle. A surveiller.


NOTE : 7,5/10


Une bande-annonce de la série :

Parce qu'elle prend une telle place dans la vie des adolescentes d'alors, la k-pop en 1997 - H.O.T. :

14/08/2012

(UK) Line of Duty, saison 1 : affrontement au sein de la police sur fond de soupçons de corruption

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La semaine dernière, la journaliste Alison Graham écrivait dans RadioTimes un article expliquant comment à ses yeux BBC2 était devenue numéro 1. Plus précisément, elle faisait ce constat en opposant notamment les deux thriller proposés en Angleterre cet été : Blackout sur BBC1 et Line of Duty sur BBC2. Sur ce point, je suis assez d'accord avec elle : Blackout était une mini-série ambitieuse, avec un solide casting (mené par Christopher Eccleston) qui s'est noyée dans une prétention inutile et des effets de style creux. Je n'ai même pas réussi à finir les trois épisodes qui la composent et ai renoncé à vous en parler sur le coup de la déception.

A l'opposé, sans être parfaite, sans parvenir non plus à flirter avec une certaine excellence comme The Shadow Line (déjà sur BBC2) l'an dernier, Line of Duty aura été une série prenante et efficace qui aura répondu aux attentes que son scénario suscitait. Ecrite par Jed Mercurio, sa première saison est composée de 5 épisodes dont la diffusion a débuté le 26 juin dernier pour s'achever le 24 juillet. Au vu de sa réception, une seconde saison a d'ores et déjà été commandée, et c'est tant mieux.

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Line of Duty débute par la faillite d'une opération anti-terroriste qui tourne mal : un homme innocent est tué dans un assaut contre un appartement qui s'avère ne pas être celui que les renseignements avaient désigné. Steve Arnott dirigeait l'assaut. Refusant de faire comme ses collègues qui peaufinent une version des faits permettant de les exonérer, il se retrouve vite en porte à faux par rapport à eux. Il est alors contacté par Ted Hasting pour rejoindre l'unité anti-corruption au sein de la police, AC-12, ce qu'il accepte.

Steve est alors assigné à une affaire en cours particulièrement délicate : une enquête sur le DCI Tony Gates, qui vient juste d'être décoré pour avoir obtenu, pour la troisième année d'affilée, les meilleures statistiques de résolution d'affaires. Hasting est persuadé que cet extérieur est trop brillant pour être honnête. Une de ses agents, Kate Fleming, travaille d'ailleurs sur le terrain pour infiltrer l'équipe de Gates. Pourtant, tout semble en ordre et Gates ne se préoccupe guère de AC-12. Mais c'est à cause de sa maîtresse, Jackie Laverty, que le policier en apparence sans reproches va mettre le doigt dans un engrenage extrêmement dangereux.

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Line of Duty propose une saison 1 qui monte en puissance tout au long de ses cinq épisodes. Elle accorde un soin tout particulier à son ambiance, dépeignant l'envers de l'institution policière dans laquelle nous sommes immergés : un milieu coincé entre statistiques, bureaucratie, solidarité de corps et ambitions personnelles, avec ses codes, mais aussi ses principes, plus ou moins fluctuants. C'est sans doute parce que la série opte pour une solide introduction qu'elle démarre lentement, prenant le temps de poser le background de chaque personnage avant d'introduire son enquête fil rouge. Elle ne va ensuite cesser de gagner en intensité et en maîtrise au fil des épisodes, délivrant une seconde moitié de saison extrêmement prenante et très bien huilée. Sans éviter certains excès (notamment lorsqu'elle propose quelques aperçus d'une organisation criminelle qui semble avoir le bras long), la série saura bien exploiter son concept de départ : dépassant la simple enquête de corruption, elle se transforme progressivement en face-à-face très personnel entre Arnott et Gates.

Dans le cadre de cette confrontation qui oscille entre défiance réciproque et mépris grandissant, sans que l'on sache jusqu'où les choses peuvent dégénérer, Line of Duty fait le choix judicieux de nous faire suivre les développements de l'histoire suivant les points de vue de chacun des deux hommes. En changeant ainsi constamment de perspectives, le récit s'enrichit de nuances et gagne en recul, se détachant de toute approche manichéenne. Le téléspectateur est un observateur extérieur des forces et des failles de chacun, témoin privilégié d'un affrontement marqué par d'importantes différences d'approche. Le personnage de Gates est sans doute celui qui se révèle être le plus intéressant. Difficile à cerner, imperturbable en façade seulement, il conserve ses nuances : s'il a fait des choix discutables, l'histoire qui le rattrape est un engrenage létal qu'il ne pouvait imaginer et qui le dépasse. Arnott gagne lui en intérêt vers la fin de la saison : tout à sa droiture et refusant toute compromission, il finit par se rendre compte que nul n'est irréprochable ; la bavure initiale qui l'a conduit dans cette unité pèse alors plus lourdement que tout.

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Sur la forme, Line of Duty propose une réalisation relativement classique. La nervosité des plans de la caméra correspond cependant très bien à l'atmosphère tendue recherchée. La photographie adopte une dominante de couleurs froides également adéquate. On est en somme loin des excès surchargés d'effets de Blackout qui a dû rappeler à tout téléspectateur l'ayant testée le bienfait que peut apporter aussi une relative sobriété.

Enfin, Line of Duty bénéficie d'un convaincant casting. C'est tout particulièrement Lennie James (Jericho, The State Within, Hung) qui sort du lot, dans un registre très ambigu d'officier de police en apparence sans histoires dont les erreurs de jugement précipitent la perte. Face à lui, Martin Compston (qui m'avait beaucoup marqué il y a plus d'une décennie dans le film Sweet Sixteen - à une époque où je fréquentais encore beaucoup les salles obscures) met un peu plus de temps à trouver ses marques mais s'en sort globalement bien. Vicky McClure (This is England) apporte une vitalité et une énergie à son personnage qui sont vraiment appréciables. Gina McKee (The Lost Prince, The Forsyte Saga, The Silence) s'impose elle comme un modèle d'ambivalence. Et on retrouve également à leurs côtés Neil Morrissey (Waterloo Road), Adrian Dunbar (Ashes to Ashes), Craig Parkinson (Whitechapel 2, Misfits), Kate Ashfield (Collision), Paul Higgins (Hope Springs), Owen Teale (Kidnap and Ransom), Darren Morfitt (55 Degrees North) ou encore Claire Keelan (No Heroics).

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Bilan : Pointant les limites internes à l'institution policière, Line of Duty relate une histoire sombre d'un abord classique : une enquête sur un officier soupçonné de ne pas respecter les règles, qu'il s'agisse de faire gonfler ses statistiques ou de corruption. Après des début un peu hésitants, la saison trouve progressivement son équilibre et une tension qui ne la quittera plus en se changeant en confrontation entre les deux hommes. A l'investigation mise en scène, se greffe alors un récit d'affirmation et de déchéance où chaque protagoniste s'accroche comme il peut sur la voie qu'il a choisi. Cette saison 1 se bonnifie ainsi pour se conclure sur une fin chargée d'amertume. Je serai donc au rendez-vous pour la saison 2.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

10/08/2012

(Pilote DAN) Rita : une dramédie familiale attachante et rafraîchissante

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Quand un téléspectateur pense aux séries venues de Scandinavie, instinctivement s'imposent à son imagination des morceaux d'ambiance noire et glacée, de polars épurés et violents... Mais le petit écran de l'Europe du Nord, ce n'est pas seulement ça. A côté des innovations expérimentales comme Äkta Människor qui a prouvé que la Suède pouvait s'aventurer sans rougir sur le terrain de la science-fiction, figurent aussi des fictions plus traditionnelles qui méritent également un éclairage, à l'image d'une attachante dramédie dont je viens de visionner le premier épisode : Rita

Tout d'abord, il faut préciser qu'à la différence de Borgen ou de Forbrydelsen, les séries danoises les plus connues à l'international ces dernières années, nous ne sommes pas sur DR, mais sur TV2. Créée par Christian Torpe, Rita a été diffusée sur cette chaîne en début d'année 2012, à partir du 9 février (LadyTeruki y avait consacré un billet). Sa première saison compte 8 épisodes d'une quarantaine de minutes chacun. Elle a été plutôt bien accueillie par les critiques comme par le public danois, et une seconde saison a donc été commandée. C'est tant mieux car ce pilote introduit une dramédie dynamique et attachante dont j'ai envie de poursuivre le visionnage.

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Abordant la vie avec une indépendance d'esprit jalousement conservée, Rita est une femme au fort caractère qui n'a pas son pareil pour aller au conflit et dire des vérités qui ne sont pas toujours plaisantes à entendre à ceux qu'elle côtoie. Chérissant le politiquement incorrect, son quotidien se construit donc dans la confrontation. C'est aussi de cette manière qu'elle a élevé seule ses trois enfants. Deux sont désormais de jeunes adultes : Ricco, qui envisage de se marier avec sa fiancée, tandis que Molly vient tout juste de rompre avec son ami. Le dernier, Jeppe, est encore adolescent à une période où chacun se cherche.

C'est un euphémisme d'écrire que la philosophie de vie de Rita ne fait pas l'unanimité autour d'elle. Un aspect qui apparaît encore plus clairement lorsque lui est présentée la future belle-famille de Ricco (surtout lorsqu'elle découvre avec surprise qu'elle est sortie dans sa jeunesse avec le père de la fiancée de son fils). Par ailleurs, Rita est enseignante. Adorant son métier, elle exerce dans une école à deux pas de sa maison ; et ses méthodes, parfois brusques et sans diplomatie vis-à-vis de certains élèves comme des parents, lui valent également son lot de tracas quotidiens. 

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Rita est une dramédie dynamique et attachante qui entend s'intéresser aux deux univers gravitant autour de son personnage central : d'une part sa vie professionnelle avec les ennuis qui peuvent surgir à l'école, et d'autre part sa vie personnelle et sa gestion de sa famille. Le ton de la série se veut à l'image de l'héroïne : les dialogues cultivent un certain décalage et une franchise très plaisante. Cela donne un ensemble plein de vitalité et globalement léger, prêtant ainsi à plus d'un sourire.

Alors même que le pilote aborde des sujets très classiques et met en scène des figures finalement toutes assez familières au téléspectateur, il renvoie dans le même temps une vraie impression de fraîcheur. En effet, Rita détonne dans un quotidien scolaire où ses méthodes de travail et ses réparties font d'elle un véritable électron libre. C'est sans surprise qu'elle est peu appréciée des autres adultes. Mais c'est aussi grâce à cette attitude, si souvent reprochée, qu'elle trouve facilement ses marques dans son métier et auprès de la plupart des élèves - même si, comme partout, certains goûtent peu à son approche guère orthodoxe. Sans chercher à innover, la série entreprend donc surtout de dépoussiérer son cadre connu pour mieux l'exploiter. Et dans ce premier épisode, la recette fonctionne.

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La série repose logiquement en grande partie sur les épaules de Rita. L'écueil à éviter était de trop en faire et de tomber dans un one woman show vite indigeste. Mais ce premier épisode rassure, en soignant les dynamiques relationnelles entre tous les personnages. Les échanges y sont souvent, à l'image de Rita, portés par une franchise flirtant avec l'insolence. L'enseignante apporte à toutes ses interactions une authenticité propre à sa façon d'être, mêlée à une spontanéité parfois assez touchante. C'est ainsi qu'est dépeinte son aventure avec le directeur de l'école, mais on découvre que ses rapports avec ses enfants ne sont pas si différents. Elle est à la fois un soutien indéfectible pour eux, mais n'hésite pas non plus à les provoquer : l'accueil glacial réservé à la future belle-famille de Ricco, ou bien sa gestion des doutes de Jeppe sur son orientation sexuelle, l'illustrent bien.

Surtout, derrière l'attitude forte de Rita, on devine que se cachent d'autres blessures : ce registre de provocation continuelle dans lequel elle s'enferme est avant tout un mécanisme de défense, cachant tant bien que mal des incertitudes. A ce titre, un des dialogues les plus mémorables de ce pilote a lieu entre Rita et une de ses élèves, Rosa, trop sérieuse pour apprécier ses méthodes. Pour l'inviter à se dévergonder, Rita cherche à créer un électrochoc en pointant l'isolement de l'adolescente, "adulte au milieu d'adolescents". Or cette dernière réplique avec beaucoup d'acuité sur le même registre : Rita n'est pas acceptée dans le monde des adultes car elle est restée dans sa tête une jeune rebelle aux conventions. Cette remarque appuie là où cela fait mal pour Rita qui dévoile pour la première fois de l'épisode un pan beaucoup moins assuré de sa personnalité. Elle s'humanise, gagne en profondeur, et donne envie au téléspectateur d'apprendre à la connaître.

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Le dynamisme qui marque la narration de Rita est également perceptible dans la forme de la série. Cette dernière bénéficie d'une réalisation soignée, avec une photographie très claire et épurée. L'ensemble correspond bien à la tonalité du récit. La caméra sait accompagner la vitalité communicative du scénario. De plus, la série bénéficie d'une bande-son musicale plaisante, avec un thème principal entêtant et rythmé. Quant au générique, s'il ne cherche pas particulièrement à faire dans l'innovation, il reste sympathique.

Enfin, Rita réunit un casting très énergiquement conduit par Mille Dinesen (Borgen) qui trouve le juste équilibre pour imposer la personnalité forte de l'héroïne sans en faire trop et risquer de braquer les téléspectateurs. Ses enfants sont respectivement interprétés par Morten Vang Simonsen (Ricco), Sara Hjort Ditlevsen (Molly) (Forestillinger) et Nikolaj Groth (Jeppe). On retrouve à leurs côtés Carsten Bjørnlund (Forsvar, Forbrydelsen 2, Pagten) en principal qui n'est pas insensible au charme de Rita, Lise Baastrup en nouvelle enseignante qui découvre le métier, Ellen Hillingsø (Pagten, Livvagterne, Broen/Bron) en rigide conseillère encadrant les moeurs de l'établissement, ainsi que Lykke Sand Michelsen et Carsten Norgaard en futurs beaux-parents du fils aîné un brin inquiets à la perspective de rentrer dans la famille de Rita.

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Bilan : Avec son héroïne enseignante et un concept de départ qui n'ambitionne pas de révolutionner le genre investi, Rita signe un pilote extrêmement sympathique qui pose les bases solides d'une dramédie rafraîchissante, drôle à l'occasion, et que ses personnages contribuent à rendre attachante. Tout en se positionnant dans le registre du divertissement familial, la série bénéficie d'une figure principale qui apporte une fraîcheur et un dynamisme communicatifs à l'ensemble. Il est certain que les thèmes traités, scolaires comme familiaux, resteront assez classiques, mais si la série sait conserver la tonalité de ce premier épisode, son visionnage devrait être très plaisant (d'autant que ses saisons ne comptent que 8 épisodes).

En plus, c'est aussi l'occasion de découvrir un autre pan du petit écran danois. Reste donc à espérer que la série dépasse les frontières danoises et arrive jusqu'à nous (elle apparaît suffisamment fédératrice pour pouvoir être diffusée par toute chaîne).


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la série :

08/08/2012

(J-Drama) Magma : destinées croisées sur fond d'enjeux énergétiques dans le Japon post-11 mars

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Restons encore un peu au Japon en ce mercredi asiatique pour revenir sur un drama récent, diffusé du 10 juin au 10 juillet 2012 sur WOWOW. Comptant 5 épisodes de 45 minutes environ (le dernier approchant plutôt l'heure), Magma suit le format classique des séries de cette chaîne câblée. Il avait initialement éveillé ma curiosité en raison de son sujet : évoquer les questions énergétiques dans un Japon post-11 mars, avec les enjeux posés par la recherche d'éventuelles alternatives au nucléaire. Mais s'il a démarré de façon très solide, il a ensuite pêché en voulant trop en faire : se dispersant, il n'a pas exploité tout le potentiel entraperçu dans son pilote. Malgré cet arrière-goût d'inabouti, son visionnage demeure cependant intéressant du fait des thèmes abordés.

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Nogami Taeko travaille pour un fonds d'investissement étranger. Elle se voit confier la mission de restructurer une entreprise en faillite financière, spécialisée dans la recherche et le développement de l'énergie géothermique. Taeko prend alors la direction d'une petite ville éloignée de Tokyo en se demandant si une telle affectation n'est pas un coup d'arrêt pour sa carrière. Elle entend cependant faire retrouver à la société le chemin de la rentabilité en restructurant son activité et en fermant les services chroniquement déficitaires. Parmi eux figure le département de recherche énergétique, dont les travaux n'ont pour l'instant pas conduit au système d'exploitation promis.

Dans ses projets, Taeko se heurte vite au personnel d'une entreprise entièrement vouée à cette mission de mise au point qui permettrait à cette énergie de devenir une alternative possible, ou du moins un complément qui laisserait au Japon un choix dans sa production d'électricité. Tous sont mobilisés : du directeur de l'entreprise, Ando Koji, aux scientifiques travaillant sur le projet parmi lesquels l'expert national de la question géothermique, Omuro Kojiro, qui y a investi toute sa vie. Le raisonnement binaire en pertes et profits de Taeko n'a rien de commun avec les idéaux d'employés qui croient fermement en leur projet. Mais alors que l'état d'esprit de la jeune femme évolue peu à peu en découvrant les motivations qui les animent, d'autres personnes semblent décider à s'assurer que les recherches menées n'aboutissent jamais et à achever la compagnie.

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L'histoire de Magma avait de quoi retenir l'attention à plus d'un titre. Tout d'abord l'idée d'évoquer un fonds d'investissement uniquement intéressé par les profits me faisait forcément penser à Hagetaka, et à sa mise en scène du capitalisme sauvage qui avait donné lieu à un bijou de série d'une qualité rare. La problématique dans Magma est cependant légèrement différente. Si elle parle bien de la poursuite du profit sans prise en considération, voire parfois en dépit, de l'aspect humain, le premier épisode ajoute à ces bases un autre enjeu : les questions énergétiques. C'est ici, non pas des destinées privées, mais l'intérêt public qui est en cause. L'énergie géothermique évoquée est encore loin de présenter un substitut crédible aux autres sources existantes, cependant elle peut être une voie envisageable pour le futur. Magma parle donc des réticences à investir à perte aujourd'hui dans un projet qui tient plus de la recherche fondamentale, mais dont les résultats peuvent être déterminants pour les décennies futures. De plus, le tableau apparaît d'autant plus complexe que le drama fait intervenir d'autres acteurs logiques qui ne peuvent rester inactifs : le politique qui ne peut pas ignorer l'impact du 11 mars au moins à court terme, mais aussi l'industrie du nucléaire qui observe avec méfiance ces développements.

Seulement à partir de cette fondation au potentiel indéniable, Magma laisse un regret : celui de ne pas aller au bout de son idée de départ. Après deux épisodes, le drama semble bifurquer et surtout s'étioler dans diverses directions désordonnées, replaçant (souvent maladroitement) la dimension humaine - et donc les personnages impliqués - au coeur du récit. Il tente de greffer au concept initial de nouveaux thèmes : la vengeance, la maladie, ajoutant de nouveaux motifs aux personnages... En soi, ce recentrage aurait pu être intéressant, malheureusement, le drama souffre des excès (parfois assez mélodramatiques) d'une écriture qui manque de subtilité, pesant sur le bon déroulement de l'intrigue. L'histoire perd sa direction et s'éparpille sans donner l'impression d'être bien maîtrisée. Finalement, on retient surtout de Magma un message : celui de l'apprentissage d'une héroïne qui remet en cause ses priorités et prend conscience qu'au-delà du raisonnement comptable à court terme, il est nécessaire de penser à un avenir plus lointain et de s'interroger sur les responsabilités qui pèsent sur chacun pour la construction de ce futur. C'est une idée louable, mais l'exécution aurait mérité plus de nuances.

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Sur la forme, Magma bénéficie d'une réalisation traditionnelle, calibrée et sans prise de risque particulière. Le plus notable reste sans doute sa bande-son, très fournie. Ces différents morceaux, uniquement instrumentaux, s'efforcent de distiller une relative tension et de souligner les passages importants, notamment les confrontations. Mais ses efforts manifestes ne sont pas toujours récompensés. En fait, tout dépend de la scène ainsi accompagnée : certaines sont réussies et leur impact bénéficie vraiment de la musique, mais d'autres tombent à plat et on a alors l'impression d'une musique artificielle qui essaye vainement de se substituer au rythme faisant défaut.

Enfin, le drama dispose d'un casting globalement homogène et solide. C'est Ono Machiko (Soratobu Taiya, Mother) qui interprète l'héroïne sur laquelle est finalement centré ce drama : je gardais d'elle un bon souvenir dans Gaiji Keisatsu, elle délivre dans ce rôle très évolutif et plus émotionnel qu'attendu une prestation convaincante. A ses côtés, on retrouve Tanihara Shosuke (Love Shuffle, Tempest), Nagatsuka Kyozo (Atsu-Hime), Ishiquro Ken (Honjitsu wa Taian Nari), Tsuda Kanji (Izumo no Okuni), Komoto Masahiro (Marks no Yama), Shaku Yumiko (LOVE GAME), Watanabe Ikkei (Seinaru Kaibutsutachi) et encore Osugi Ren (Marks no Yama, TROUBLEMAN).

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Bilan : Magma est un drama dont l'intérêt principal repose sur son sujet, l'évocation d'une problématique énergétique - et plus précisément le cas de l'énergie géothermique - dans un Japon post-11 mars qui s'interroge sur les orientations de sa politique énergétique. Mais en dépit d'un potentiel bien réel, Magma ne sera pas à la hauteur de ses ambitions initiales, souffrant d'un manque de direction et multipliant des storylines anecdotiques qui viennent nuire et desservir son sujet principal. Après des débuts très prometteurs, la suite laisse une impression d'inachevée. C'est une série qui mérite un visionnage pour son thème et les intentions qui la sous-tendent, mais qui n'aura pas exploité le potentiel entrevu.


NOTE : 6,75/10