08/01/2014
(K-Drama / SP) Jin Jin : une histoire d'incompréhensions
Nouvelle année, et nouveau rythme sur le blog avec la fin du rendez-vous hebdomadaire régulier qu'était le mercredi asiatique. My Télé is Rich! ne quitte pas l'Asie pour autant, mais les billets concernant les fictions venues de ce continent sont désormais intégrés dans la cadence régulière du blog. Au fil de mes visionnages, un drama sud-coréen ou japonais surgira donc, plutôt qu'une série occidentale. Je reste attachée à l'éclectisme sériephile, les passages par l'Asie resteront donc réguliers.
Aujourd'hui est ainsi l'occasion d'ouvrir la page asiatique de 2014 en évoquant un drama special diffusé sur KBS2 le 8 décembre dernier, Jin Jin. Mêlant amitié, meurtre et mystère, cet unitaire s'appuie sur une écriture solide signée Kim Ji Woo, à qui l'on doit notamment la trilogie de dramas déclinant le thème de la vengeance (Resurrection, The Devil, Shark). Avec Jin Jin, elle opte pour une approche plus intime pour délivrer une histoire poignante. Côté pratique, notez enfin que, comme nombre de dramas special précédemment évoqués, KBS World a mis à disposition cet unitaire sur sa chaîne YouTube, où il peut donc être visionné gratuitement et légalement avec des sous-titres anglais : Jin Jin | 진진 (Drama Special / 2013.12.27).
L'histoire débute par la découverte du corps sans vie d'une célèbre écrivaine à succès, Jin Jin : elle a été assassinée. Le policier, en charge de l'enquête oriente rapidement son investigation vers les trois camarades de lycée de la jeune femme : la victime avait en effet souhaité organiser des retrouvailles, dix ans après avoir perdu de vue ceux qu'elle considérait comme des amis. Lorsque le détective interroge Ha Jin, qui semblait la plus proche de Jin Jin, il a la surprise d'obtenir immédiatement une confession du crime commis. Ha Jin entreprend alors d'expliquer la rancœur et la jalousie qu'elle éprouvait envers la défunte, laquelle était venue du jour au lendemain perturber l'équilibre de leur trio et, surtout, s'immiscer dans ses rapports avec son cher Tae Suk. Mais derrière les affirmations énoncées sans nuance par Ha Jin, une vérité plus complexe se cache. Le policier entreprend de reconstituer peu à peu les événements de cette nuit à l'issue fatale...
Jin Jin propose une déclinaison à part sur les thèmes de la vengeance et de la jalousie. Le drama réunit certes a priori des ingrédients très classiques -mais efficaces- construisant sur cette base une enquête riche en faux-semblants, qui va révéler l'ampleur insoupçonnée de ressentiments exacerbés d'adolescence et de blessures jamais cicatrisées. L'enquêteur que l'on suit avance pas à pas, devant faire le tri des demi-vérités et des récits biaisés qui lui sont proposés : il lui faut en effet non seulement comprendre les heures ayant précédé la mort de Jin Jin, mais aussi les évènements tragiques exhumés de la période lycéenne des protagonistes. Ce fil rouge d'investigation fonctionne de manière correcte : il n'évite pas quelques surenchères dispensables, voire excès, dans ses retournements, mais il retient l'intérêt du téléspectateur grâce à une construction reposant habilement sur la confrontation d'évènements relatés selon plusieurs points de vue, et sur la faculté du policier à identifier les omissions, voire les mensonges, de ces témoins-suspects potentiels.
Partant sur de telles bases, Jin Jin aurait pu n'être que le simple récit de la reconstitution a posteriori d'une vengeance. Il est plus que cela, en raison de l'orientation particulière choisie qui permet un éclairage sur les rapports de ces quatre jeunes gens. La force de l'histoire repose sur une dimension émotionnelle que le final vient consacrer de façon extrêmement poignante. En effet, si les sentiments sont bien le moteur de tout, le triangle amoureux n'est pas orienté de la façon qu'une Ha Jin, aveuglée, pouvait le croire. Au fil de l'épisode, un changement progressif de perspective est amené, apportant une épaisseur au récit. Jin Jin nous est d'abord présentée sous un jour très négatif, du point de vue de Ha Jin, qui formule tous les griefs qu'elle a accumulés. Sous l'impulsion du policier, cependant, un tableau plus objectif s'esquisse peu à peu. L'histoire dépasse alors le crime vengeur. Elle devient un drame construit sur une incompréhension, une tragédie née dans les aveuglements d'une adolescente et nourrie des préjugés dans lesquels la société peut enfermer. La fin laisse ainsi une déchirure émotionnelle profonde, qui touche le téléspectateur.
Solide sur le fond, Jin Jin l'est aussi sur la forme, avec une réalisation qui est signée Cha Young Hoon, dont on peut rappeler sa collaboration précédente avec Kim Ji Woo sur Shark. Cette histoire émotionnellement dure a le mérite de pouvoir aussi s'appuyer sur de convaincantes performances de la part des deux actrices principales. Yoon Jin Seo (The Return of Iljimae, Fugitive : Plan B, Twelve Men in a Year), dont le masque entre blessure et froideur finira par s'effriter, apporte une vraie consistance à son personnage. Face à elle, Shin So Yool (Answer me 1997), dans la vulnérabilité qu'elle laisse peu à peu entrevoir, tout particulièrement dans le dernier tiers, s'impose avec tout autant d'assurance. A leurs côtés, Kim Da Hyun et Lee Shi Un (Answer me 1997, Shark) sont plus en retrait et ne se voient pas donner le matériel nécessaire pour sortir de l'ombre. Quant au policier, dans un registre de simple observateur collectant les faits, il est interprété par Kim Min Sang.
Bilan : Jin Jin est un unitaire intéressant, délivrant une déclinaison, particulière et chargée d'émotions, des thèmes de la vengeance et de la jalousie. C'est l'histoire de la reconstitution d'une vérité qui va aller au-delà de la seule enquête policière, en éclairant la réalité des rapports entre ces quatre anciens amis de lycée. Sa gestion des twists cède certes à quelques surenchères, mais l'intrigue demeure efficace. Au final, se dévoile la réalité d'un drame basé sur des incompréhensions et de mauvais réflexes, une histoire d'aveuglement et de secrets trop bien gardés qui se termine mal. Elle ne laisse assurément pas insensible...
L'épisode est disponible par là : Jin Jin | 진진 (Drama Special / 2013.12.27). Avis aux amateurs.
NOTE : 7,5/10
La bande-annonce du drama special :
18:00 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : k-drama, kbs drama special, kbs, jin jin, yoon jin seo, shin so yool, kim da hyun, lee shi un, kim min sang | Facebook |
03/10/2012
(K-Drama) Reply 1997 (Answer me 1997) : un drama attachant et sincère pour un portrait nostalgique d'adolescence
J'ai pour habitude de facilement évoquer les débuts d'un drama tout juste visionnés, mais j'y reviens plus rarement une fois mon visionnage achevé. Souvent par manque de temps face à toutes ces séries dont j'ai envie de parler dans ses colonnes, parfois aussi par déception devant une fiction qui n'a pas tenu ses promesses. Et puis il y a ces autres fois, où le besoin d'écrire un bilan s'impose de lui-même du fait de l'enthousiasme éprouvé devant une oeuvre qui va tout droit trouver sa place parmi mes préférées de l'année. C'est ce qui me pousse à reprendre la plume en ce mercredi asiatique pour revenir sur Reply 1997 (aka Answer me 1997).
J'avais déjà rédigé une review enthousiaste sur ce drama en août dernier après avoir vu les premiers épisodes. Arrivée au terme des 16 épisodes (d'une durée variant de 45 minutes à plus d'une heure), je suis toujours plus que jamais sous le charme de cette série. Si l'évolution du dernier tiers - et l'entrée dans le XXIe siècle, en quittant le lycée et les années 90 - aura peut-être légèrement déstabilisé l'harmonie régnant depuis le début du récit, Reply 1997 a conservé - et c'est le plus important - une authenticité et une chaleur humaine intense qui en fait un des plus attachantes fictions qu'il m'ait été donné de voir.
Reply 1997, c'est sur le papier une histoire très simple (pour plus de détails, consulter ma review des premiers épisodes), celle d'un groupe d'amis que l'on suit, de l'adolescence à l'âge adulte, au fil d'un récit qui alterne des scènes principalement issues du passé - notamment de leur dernière année de lycée - et quelques passages dans le présent, à l'occasion d'une réunion d'anciens élèves. Il faut en premier lieu saluer la maîtrise d'ensemble de ce cadre temporel vaste. Alors que tant de dramas s'égarent en flashback et flashforward artificiels car inutiles, ou bien coupant le rythme de l'histoire et égarant ainsi le téléspectateur, ce drama prouve qu'il est possible de raconter, de manière homogène et fluide, en utilisant ces mécanismes d'aller-retours temporels, une histoire couvrant plus d'une décennie. La réussite de cette construction s'explique par le fait que, tout au long du récit, le passé et le présent (et même le futur à un moment donné) se répondent comme en écho, se complétant l'un l'autre pour ne former qu'une seule histoire dont le fil narratif ne se perd jamais entre les époques.
La simplicité de Reply 1997 est finalement son principal atout. Il y a dans l'écriture de ce drama une sincérité émotionnelle, dépourvue d'artifice, qui, tout en se réappropriant pleinement les codes les plus classiques des séries sud-coréennes relationnelles qui l'ont précédée - avec ses triangles amoureux et ses hésitations sentimentales éternelles -, parvient dans le même temps à faire souffler comme un vent de fraîcheur sur le genre. Si le téléspectateur s'investit tellement dans la destinée de cette bande d'amis et de leur entourage adulte, c'est parce que ces personnages lui parlent. En privilégiant l'émotion à l'état brut et l'authenticité des réactions et des anecdotes relatées, la série donne l'impression d'avoir à faire à des protagonistes instantanément familiers, dans des scènes qui nous semblent également déjà connues parce que, d'une façon ou d'une autre, on a tous vécu des moments ressemblant à ceux dépeints. Que les traits soient parfois forcés pour jouer sur un ressort comique bienvenu ne change rien à la chaleur humaine qui émane de cette mise en scène. Il s'agit d'un drama précieux qui touche au coeur, dans les rires qu'il provoque comme dans les larmes des épreuves de la vie qu'il n'occulte pas.
Reply 1997 parle avec une sincérité parfois presque désarmante de la vie, de ces instants d'innocence passée et de la maturation progressive qui nous fait tous grandir au fil des expériences et des difficultés à surmonter sur notre chemin. Le fait que l'adolescence reste racontée comme une rétrospective par rapport à la réunion qui se déroule dans le présent apporte une forme de recul qui nous fait encore plus mesurer combien ces petits instants du quotidien passé ont pu compter pour façonner les vies actuelles de chacun. Pendant ses deux premiers tiers, le drama gère parfaitement une approche d'ensemble du groupe visant à nous montrer comment ils sont devenus ce qu'ils sont et quelle vie ils se sont construits. Dans le dernier tiers, un glissement s'opère. Les amis se séparent du fait des entrées dans différentes universités ; et l'équilibre entre les personnages évoluant, Reply 1997 retrouve des réflexes plus artificiels en se concentrant sur le triangle amoureux principal et en capitalisant sur le "mystère" consistant à se demander qui est le père de l'enfant que porte l'héroïne. Or le suspense n'en est pas vraiment un, car la réponse s'est imposée d'elle-même dès le départ. En se recentrant sur cet enjeu très rom-com, la série perd un peu de l'homogénéité qu'elle avait initialement. Elle conserve cependant inchangée la saveur que suscite chaque épisode.
Parallèlement à ce passage de l'adolescence à l'âge adulte, Reply 1997 est aussi une oeuvre qui cherche à faire vibrer une fibre nostalgique. Dans sa reconstitution de la fin des années 90, elle recrée l'ambiance d'une époque à travers mille et un petits détails, notamment technologiques, avec ces connexions internet par modem au débit si aléatoire, ces tamagochi ou encore l'engouement pour certains jeux vidéos comme Starcraft I. Et puis, il y a aussi son univers musical. Car il est important de rappeler que, par l'intermédiaire de Shin Won, Reply 1997 propose un autre portrait : celui des fans de certains boysband, et plus particulièrement d'une époque de tension entre les soutiens de H.O.T. et ceux des Sechs Kies. En montrant la dévotion, frôlant l'obsession dangereuse de ces fans "modernes", avec des activités entièrement tournées vers leurs idoles, qu'il s'agisse d'enregistrer une émission ou de camper devant leur maison, le drama dresse en filigrane un portrait de passionnées qui, en dépit de certaines extrêmités, sont, surtout au début, jeunes et sans recul, mais portées par un feu qui saura être la source de bien des motivations. L'entrée à l'université de Shin Won grâce à une fanfic initialement écrite sur ses idoles démontre le propos d'une série qui, sans cacher les excès, parle aussi avec affection de la manière dont ce genre de passion peut conduire certains à se sublimer.
A ce jeu de la nostalgie, il faut souligner l'importance occupée par l'ambiance musicale qui accompagne le récit, dépassant la seule évocation des groupes fétiches des personnages. Reply 1997 accorde en effet une grande place à une OST extrêmement riche. Et si la musique y est omniprésente, elle apparaît pourtant toujours employée à bon escient. D'une part, la dimension musicale conserve une légitimité bien réelle puisqu'elle fait partie intégrante du scénario nous faisant remonter aux débuts de la k-pop. Et, plus globalement, cela lui permet d'évoquer la perception par les protagonistes des différents d'artistes de la fin des 90s'. D'autre part, la série propose des tubes d'époque, mêlant les origines et les registres, de façon à offrir un arrière-plan musical très diversifié. Cette page recensant une partie des chansons entendues (bien pratique pour permettre au téléspectateur non coréen, n'ayant pas forcément la culture musicale complète de cette période) montre la richesse du drama sur ce plan.
Côté casting, Reply 1997 s'apparente à une suite de paris, que rien ne garantissait sur le papier, mais qui ont été payants. La révélation du drama restera sans doute Jung Eun Ji : la jeune actrice est admirable de justesse et d'énergie dans un rôle dont elle capture aussi bien la passion que la vitalité. Dans son adolescence de fan de H.O.T. comme dans un registre plus adulte, elle sait jouer sur une certaine ambivalence pour offrir un portrait dynamique mais non sans nuances, extrêmement attachant. De manière générale, Reply 1997 est un drama où chacun semble avoir obtenu le rôle qui lui convient, renvoyant l'image d'un casting homogène où tout le monde trouve sa place et où la cohésion d'ensemble occulte toute faiblesse individuelle éventuelle. Chacun investit un registre qui lui correspond. C'est particulièrement marquant pour Seo In Gook (Love Rain), Shin So Yool (Jungle Fish 2), Eun Ji Won et Hoya. Lee Shi Un est lui plus dans un excès volontaire justifié par le ressort souvent comique de son personnage. Dans les adultes, Sung Dong Il (Fugitive : Plan B, Can't Lose) et Lee Il Hwa auront formé un couple vivant et solide avec une intéressante alchimie. Tandis que Soon Jong Ho (The Princess' Man) aura eu un rôle un peu lisse pour pleinement trouver à s'exprimer.
Bilan : Récit nostalgique et authentique, faisant revivre une adolescence pour nous relater ensuite les bases d'une maturation jusqu'à l'âge adulte, Reply 1997 est un drama profondément attachant, bénéficiant d'une écriture à la sincérité précieuse et n'ayant pas son pareil pour évoquer avec naturel ces années passées ayant façonné la vie présente de ses personnages. S'il n'aura pas réussi à maintenir l'équilibre qu'il avait trouvé au cours de ses deux premiers tiers, il sera resté jusqu'au bout une série capable d'enthousiasmer, de toucher et d'émouvoir.
Plus que tout, je crois que Reply 1997 m'a tout simplement rappelé une des raisons majeures pour lesquelles j'aime autant les dramas sud-coréens, et pourquoi ils complètent ma passion pour les séries de façon incontournable en apportant quelque chose qu'eux seuls parviennent à me faire ressentir : ce sont ces quelques instants d'émotion brute et de chaleur humaine, à la simplicité souvent désarmante, qu'aucun autre petit écran ne peut capturer avec autant d'empathie que des dramas comme Reply 1997.
NOTE : 8,5/10
Une chanson de l'OST :
17:29 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : k-drama, tvn, reply 1997, answer me 1997, jung eun ji, seo in gook, shin so yool, hoya, eun ji won, lee shi un, sung dong il, lee il hwa, song jong ho | Facebook |
15/08/2012
(K-Drama / Pilote) Reply 1997 (Answer me 1997) : portrait nostalgique et authentique d'une adolescence à la fin des années 90
En ce mercredi asiatique, remettons le cap au pays du Matin Calme pour ce qui semble devoir être rien moins que mon coup de coeur sud-coréen de l'été. Qui eut cru qu'un semi-high school drama, d'un abord nostalgique car nous plongeant dans les années 90 (certes, j'ai moi aussi été adolescente durant cette période), pourrait sonner si authentique et faire jaillir en moi tant d'émotions - du rire aux larmes - ? Le câble sud-coréen est bel et bien en train de grandir et de mûrir, en voici cette fois un bien bel exemple avec Reply 1997 !
Ce drama a débuté le 24 juillet dernier en Corée du Sud sur la chaîne tvN. Il est diffusé tous les mardis soir, à raison de deux épisodes à la suite, ce qui fait qu'il comptera en tout 16 épisodes d'une demi-heure environ (mais le rythme est donc d'1 heure par semaine). Après avoir visionné les 4 premiers, me voilà sous le charme d'un récit qui fait preuve d'une justesse émotionnelle à chérir. En tout cas, vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela fait plaisir de tomber sur cette petite bulle d'air frais en ce mois d'août.
[La review qui suit prend en compte les 4 premiers épisodes du drama.]
Reply 1997 s'ouvre en 2012. Un couple un peu âgé chante des classiques dans un karaoke, leur fille, Sung Shin Won, la trentaine dynamique, les interrompt pour lancer sa propre chanson. Son père lui réclamant d'en choisir une sans paroles en anglais, elle lance ce qu'elle qualifie de "classique", une musique du groupe H.O.T, boysband de sa jeunesse. Une autre nuit, Shin Won se rend à un repas d'anciens élèves : elle retrouve connaissances et amis de sa promo de 1997, l'année de leur 18 ans. A trente-trois ans, ce n'est pas encore de la nostalgie que ces désormais adultes éprouvent pour leur adolescence, mais ce dîner ramène Shin Won, en pensées, à la fin des années 90 et à leur vie d'alors.
Si Reply 1997 revient ensuite périodiquement dans le présent, avec des commentaires en voix off des différents personnages commentant avec recul le passé, il se déroule donc en majeure partie en 1997, à Busan. Le drama nous donne l'occasion de suivre une bande de six amis, proches depuis presque toujours pour la plupart (seul Do Hak Chan arrive en cette fin de lycée en provenance de Seoul). Shin Won et sa meilleure amie, Yoon Jung, sont alors des fans inconditionnelles du groupe H.O.T., se jetant sur la moindre émission parlant de leurs idoles. Les garçons observent ce comportement avec plus de distance. Au sein de ce groupe d'amis, c'est logiquement une période où chacun change, se découvre et éprouve ses premiers amours. Comment leur amitié a-t-elle grandi avec eux sur ce chemin que l'on appelle la vie ?
Il y a, dans Reply 1997, un parfum de nostalgie, beaucoup d'humain et une réelle authenticité qui ne peuvent laisser insensible le téléspectateur. L'écriture adopte une justesse de ton rare, globalement maîtrisée, pour relater une époque - la reconstitution de 1997 est très soignée - et les tranches de vie qui l'accompagnent. La série représente vraiment ce que l'on peut et doit attendre d'un human drama, laissant la part belle aux émotions - sans jamais en faire trop et tomber dans un mélodrama - mais aussi à ces petites anecdotes de vie qui prêtent à un rire spontané venant de bon coeur. Elle met en scène des personnages attachants, qu'elle prend le temps de dépeindre avec leurs qualités et leurs défauts, leurs certitudes et leurs doutes. Grâce à tout cela, on se sent instantanément proche d'eux. Certes, l'ambiance est parfois très orageuse, entre adultes et/ou entre adolescents, mais les liens qui les unissent demeurent solides et indéfectibles, qu'il s'agisse de liens du sang ou d'amitié. Aux turbulences succèdent des passages plein de chaleur, où transparaissent des joies communicatives, comme la communion trans-générationnelle que permet le visionnage d'un match de coupe du monde.
Cette proximité, Reply 1997 la cultive aussi grâce au cadre bien délimité qu'elle pose, qui a l'avantage de devenir vite familier. Avec pour centre Shin Won, il se limite à deux lieux principaux : le lycée, où, si les classes de garçons et de filles ne sont pas mélangées, chacun se retrouve pour déjeuner à la cafétéria, et la maison des parents de Shin Won, dont le père est l'entraîneur de l'équipe locale de baseball. La réussite de Reply 1997 est de nous immerger dans ce quotidien de 1997 sans lourde introduction, ni s'apesantir inutilement sur les informations qu'elle distille. L'époque est bien recréée (programmes télévisés, technologie, musique). Et l'on prend en cours de route la vie des personnages sans disposer immédiatement de toutes les clés pour comprendre les situations. Ainsi, Yoon Jae déjeune quotidiennement chez Shin Won, mais la série ne s'étend pas sur le pourquoi de la situation. Pareillement, l'écriture fait toujours preuve de tact et de pudeur, à l'image des scènes, dans l'épisode 4, où elle nous apprend que Shin Won avait une soeur. C'est petit à petit que le tableau se complète, et sur ce point, le drama sait faire preuve d'une patience et d'une justesse qui méritent d'être salués.
Outre ce registre human drama, Reply 1997 reste un portrait d'adolescence, certes avec les particularités et modes de 1997, mais aussi avec tout ce qu'il y a d'universel à cet âge difficile de nos 18 ans par lequel chacun est passé. Pour le téléspectateur, l'identification fonctionne parce que le drama capture avec beaucoup de fraîcheur les amitiés fluctuantes d'alors, entre disputes et réconciliations, et ces moments de malaise où les gestes normaux d'hier paraissent soudain inconvenant vis-à-vis de l'autre. Car c'est un temps où les rapports garçons-filles changent, où des sentiments nouveaux, pas forcément compris, naissent. C'est le récit sonnant très authentique d'une entrée progressive, chacun à sa manière et en prenant le temps qui lui est nécessaire, dans un âge adulte, sans y être encore tout à fait. Et c'est donc aussi l'époque des premiers amours.
En 2012, Shin Won nous a annoncé que durant ce repas de retrouvailles deux personnes vont annoncer leur mariage, sans préciser l'identité des heureux élus. Vu de 1997, on devine qu'il reste encore à chacun une longue route à parcourir pour se trouver. Sans mettre en péril leur amitié, Reply 1997 esquisse par petites touches des triangles amoureux nourris de qui pro quo, de petites jalousies informulées, d'amitiés restaurées et de secrets hésitants échangés. Chacun semble destiné à n'avoir d'yeux que pour celui qui ne prend pas conscience ou ne souhaite pas cette attention. J'ai particulièrement aimé le fait que, dans ces premiers épisodes, la série brouille un peu plus les lignes grâce à un personnage qui se révèle être gay. Ainsi tandis que Yoon Jae aimerait tant que Shin Won remarque ses attentions, il s'irrite de la proximité grandissante qu'elle a avec Joon Hee... ce dernier étant en réalité secrètement amoureux de son meilleur ami... Yoon Jae (et ayant mis Shin Won dans la confidence). La réussite du drama, ici, c'est de savoir pour l'instant préserver une part d'innocence dans la manifestation de ces sentiments, mais aussi une sincérité touchante qui évite toute lourdeur.
Soigné sur le fond, Reply 1997 l'est également sur la forme. La réalisation est appliquée, et, surtout, la photographie conforte l'impression de nostalgie sur laquelle surfe ce drama (que vous ayez ou non connu les années 90, en Corée ou ailleurs). Côté bande-son, les choix sont tout aussi recherchés : le drama sélectionne des tubes d'alors, nous faisant remonter le temps à travers les chansons de H.O.T., les émissions musicales et autres extraits de cette époque. Se perçoit bien tout le travail fait pour la reconstitution d'une époque pas si lointaine, mais où surveiller son tamagochi, tout en chatant tant bien que mal sur un écran ordinateur à l'horrible fond bleu, était normal.
Enfin, si le casting est jeune et assez inexpérimenté, il s'en sort bien, sans doute parce que la justesse et la simplicité d'écriture permet à chacun de trouver facilement sa place. Jung Eun Ji se révèle pétillante et pleine de vitalité dans ce rôle central d'adolescente encore dans cette phase monomaniaque de fan de boysband laissant ses résultats scolaires en berne, mais qui devra bien grandir un jour. En complice d'enfance dont la relation est désormais plus tumultueuse, Seo In Gook (Love Rain) est correct. On retrouve également pour composer cette bande d'amis Shin So Yool (Jungle Fish 2), Hoya, Eun Ji Won et Lee Shi Un. Parmi les adultes en 1997, Song Jong Ho (The Princess' Man) interprète le frère de Yoon Jae, tands que Sung Dong Il (Fugitive : Plan B, Can't Lose) et Lee Il Hwa jouent les parents de Shin Won.
Bilan : Drama profondément humain, plein d'émotions, capable de faire passer, avec naturel, sans forcer, du rire aux larmes, Reply 1997 est un soupçon de nostalgie sur lequel s'ajoute un retour sur l'adolescence d'une justesse et d'une authenticité rares. Un portait à la spontanéité rafraîchissante. Bien écrits, correctement interprétés, soignés dans leur reconstitution de cette fin des années 90 tout en abordant des thématiques aux accents universels, ces débuts se révèlent être une belle surprise. Je suis sous le charme de cette série qui fait chaud au coeur, et j'espère donc voir le drama poursuivre sur cette voie très prometteuse ! tvN tient peut-être là une jolie perle. A surveiller.
NOTE : 7,5/10
Une bande-annonce de la série :
Parce qu'elle prend une telle place dans la vie des adolescentes d'alors, la k-pop en 1997 - H.O.T. :
15:34 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : k-drama, tvn, reply 1997, answer me 1997, jung eun ji, seo in gook, shin so yool, hoya, eun ji won, lee shi un, sung dong il, lee il hwa, song jong ho | Facebook |
07/09/2011
(K-Drama) Jungle Fish 2 : portraits doux amers de l'adolescence actuelle
En cette semaine de rentrée scolaire, quoi de plus approprié que d'opter pour un mercredi asiatique consacré à un high school drama ? Même si je suis désormais assez éloignée du coeur de cible de ce type de fictions, White Christmas et les derniers dramas taiwanais que j'ai eu l'occasion de voir m'ont rappelé qu'à petites doses, je ne suis pas complètement réfractaire à toutes ces séries mettant en scène la période de l'adolescence. La condition principale pour que j'y adhère, c'est d'arriver à proposer quelque chose de suffisamment sombre et original. Une double exigence pas vraiment remplie par le drama dont je vais vous parler aujourd'hui, mais ce dernier mérite quand même que j'y consacre un article.
Diffusé du 4 novembre au 30 décembre 2010, Jungle Fish 2 fait suite à un premier volet, unitaire composé d'un seul épisode, datant de 2008. Cependant les deux peuvent se visionner de manière indépendante. Ce qui les rassemble, c'est leur approche de l'adolescence d'aujourd'hui, à travers une galerie de personnages représentatifs des différentes facettes de la jeunesse. Si Jungle Fish 2 ne comporte que 8 épisodes, le drama aurait sans doute gagné en consistance en étant un peu plus raccourci. Reste que cette brève durée demande un investissement chronophagique moindre, ce qui est toujours appréciable.
Min Ho Soo vient d'obtenir le transfert qu'il souhaitait tant de son lycée d'élite vers un établissement de seconde zone où le rythme scolaire et le niveau sont moindres. Il laisse cependant derrière lui sa petite amie, Hyo An, qui s'est considérablement éloignée de lui dernièrement. Devenue renfermée et ne se confiant plus, elle est devenue une source d'incompréhension constante. Ho Soo n'étant pas non plus quelqu'un de très ouvert, la rupture apparaît inévitable. Un soir, il croise Hyo An sortant de la voiture de son professeur d'anglais, bouleversée. Les conclusions hâtives se bousculent dans la tête de Ho Soo. Mais ce sera la dernière fois qu'il lui adressera la parole : ce soir-là, l'adolescente saute du toit d'un immeuble.
Leur ancienne bande d'amis d'enfance se retrouve unie dans cette épreuve. Le coma, puis la mort de Hyo An, les marque profondément. Entraîné par Ho Soo, ils décident d'enquêter sur ce qui a pu se passer pour pousser l'adolescente dans ses derniers retranchement et à commettre l'irréparable. A partir de ce drame, avec cette investigation informelle et particulière, aux accents tragiques, la série va donc suivre chacun de ces jeunes gens dans le quotidien d'une période charnière de leur existence, où les doutes et les incertitudes sur leur futur et leur vie prédominent.
A priori, il faut reconnaître que l'idée de départ de Jungle Fish 2 est plutôt bonne. En plus d'avoir un solide fil rouge à fort potentiel - l'investigation sur les raisons entourant le suicide de Hyo An -, la série adopte ce format semi-choral désormais classique dans les teen-show mettant en scène une bande d'amis. En effet, pour évoquer des tranches de vie diverses et variées d'adolescence, rien de tel que de s'intéresser plus particulièrement à un personnage par épisode. Sur ce point, la télévision asiatique a aussi bien compris cette recette que l'occidentale. La volonté du scénariste d'essayer de dresser un portrait de l'adolescence sud-coréenne actuelle, annoncée dès le message d'introduction du drama, est perceptible. Outre les invariables thématiques gravitant autour de l'amitié et de l'amour, en allant jusqu'à une grossesse indésirée, la série effleure également des questions plus sensibles, comme la pression et les rythmes intensifs et éreintants des établissements fabriquant les élites. De plus, les rapports avec le monde des adultes, et notamment à l'autorité, sont aussi régulièrement abordés.
Cependant, si le potentiel est bien là, Jungle Fish 2 ne va jamais parvenir à remplir les promesses ainsi entrevues. L'ensemble, trop calibré, souffre d'un frustrant manque d'audace. La série a en effet la fâcheuse tendance de ne pas aller au bout des problématiques qu'elle soulève. Par exemple, alors qu'elle aurait pu esquisser une réflexion sur ces lycées élitistes, sur les exigences qui pèsent sur les adolescents, elle préfère s'embarquer dans une histoire maladroite de corruption institutionnalisée et de connivences permettant de faire perdurer des discriminations sociales. L'enquête sur la mort de Hyo An finit d'ailleurs par se diluer dans des twists où l'enjeu anecdotique égare l'intérêt du téléspectateur. De manière générale, le drama joue beaucoup sur l'incompréhension entre les deux mondes, adulte et adolescent, sans toujours faire preuve de subtilité. Même s'il propose parfois quelques scènes assez bien inspirées, il alterne trop souvent entre le manichéen et une forme de semi-pédagogie qu'on aurait aimé plus nuancée.
Pour autant, en dépit de ses limites, on s'attache à cette bande de jeunes, amis d'enfance qui ont grandi, qui n'ont plus forcément grand chose en commun, mais qui restent liés par ces quelques attaches passées. Les histoires sont inégales, de même que l'intérêt suscité par les personnages. Mais il y a dans Jungle Fish 2 les fondations d'un teen-show très honnête qui, sans marquer, se laisse suivre sans déplaisir.
Si Jungle Fish 2 suscite des impressions mitigées sur le fond, je serais beaucoup plus positive sur la forme de la série. Elle bénéficie en effet d'une réalisation très soignée et appliquée, presque cinématographique dans certains de ses plans larges. Cela donne une belle photographie, colorée, à l'esthétique très agréable. Sa bande-son est également plaisante à écouter et plutôt bien fournie. Même si un recours parfois un peu excessif à l'accompagnement musical renvoie le sentiment d'être face à une OST très (trop?) calibrée qui verse dans des dérives "clipesques". Cependant certaines chansons ont fini par me toucher, comme la douce mélancolie de Feeling Sad (cf. la seconde vidéo en bas de ce billet).
Le casting, enfin, composé de jeunes acteurs, est correct. Le seul que je connaissais était celui qui incarne le personnage principal enquêtant sur les raisons du suicide de Hyo An, Hong Jong Hyun (il figurait à l'affiche d'un autre drama ayant pour cadre un lycée, mais qui était autrement plus ambitieux, White Christmas). Dans ce registre de l'impassibilité teintée de souffrance dans lequel Jungle Fish 2 l'entraîne, il s'en sort plutôt bien. A ses côtés, je retiendrais l'interprétation très énergique de Shin So Yool. Les autres s'en sortent très honorablement dans leurs rôles respectifs ; on croise notamment Lee Joon, Kim Bo Ra, Kim Dong Bum ou encore Han Ji Woo. Mon bémol principal sera sans doute à formuler à l'encontre de Park Ji Yeon : j'ai eu un peu de diffiulté avec son jeu limité à une mono-expression dépressive.
Bilan : Disposant d'une base de départ plutôt attractive mêlant à un parfum d'enquête teintée de tragédie personnelle, des histoires d'adolescents troublés, Jungle Fish 2 restera trop timoré pour pleinement exploiter un potentiel que le drama va seulement laisser entre-apercevoir par intermittence. Le suicide de Hyo An ne parvient pas à construire un mystère suffisamment consistant pour occulter les développements trop prévisibles qui se greffent autour. Pour autant, sans parvenir à dépasser ce simple statut, ce drama reste un teen-show qui devrait satisfaire les amateurs du genre. En ce qui me concerne, je pense préfèrer l'approche plus authentique, à la fois beaucoup plus artisanale, mais aussi plus noire, des tw-dramas.
NOTE : 5,5/10
La bande-annonce de la série :
Une chanson de l'OST :
Kim Yeo Hee - Feeling sad
07:44 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : k-drama, kbs2, jungle fish 2, hong jong hyun, park ji yeon, lee joon, shin so yool, kim bo ra, kim dong bum, han ji woo | Facebook |