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30/10/2013

(K-Drama / Pilote) Answer Me 1994 (Reply 1994) : le portrait d'une génération (ils avaient 20 ans en 1994)


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Les suites, leurs attentes et leurs malédictions... Il était difficile de ne pas y penser en lançant ce drama qui a débuté le 18 octobre 2013 sur tvN en Corée du Sud. Answer me 1994 reprend le concept si bien initié, l'année dernière, par son prédécesseur, Answer me 1997, en s'intéressant à une génération étudiante précédente, trois ans plus tôt, en 1994. On retrouve à l'écriture et derrière la caméra la même équipe que pour la "première saison". La grande réussite de Answer me 1997 avait été sa sincérité diffuse et la magie avec laquelle il avait su capturer une époque et une galerie de personnages attachants. La suite allait-elle être en mesure de retrouver la saveur inattendue du premier essai, c'était toute la question. En effet, Answer me 1997 a été un coup de cœur, il est toujours difficile de leur succéder.

Au vu des trois premiers épisodes, il est manifeste que les ingrédients qui avaient fait le succès du premier opus ont été repris. Certains schémas ont même été consciencieusement transposés, pour ne pas dire recopiés. Cependant, parmi les changements, il en est un notable : le format s'est allongé, avec un nombre plus important d'épisodes (20 contre 16), lesquels sont aussi désormais plus longs, dépassant allègrement 1 heure chacun. Cela n'est pas sans incidence sur le rythme. Au final, ces débuts n'ont pas la même saveur que ceux de Answer me 1997 et il y a des réglages à trouver. Cependant ce qui m'avait fait aimer la première version est aussi à l’œuvre : je me suis facilement laissée prendre au jeu. C'est typiquement le genre de série qui me donne envie de m'investir et que je souhaite voir grandir... en espérant pour le meilleur.

[La review qui suit a été rédigée après le visionnage des trois premiers épisodes.]

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Answer me 1997 nous contait les vies d'adolescents à Busan, Answer me 1994 change, lui, complètement de cadre et met le cap sur la capitale sud-coréenne. L'héroïne de l'histoire est la jeune Na Jung. A 20 ans, elle tente de concilier les études et une passion dévorante pour le basketball universitaire, qui la transforme en groupie-supporter à chaque match de l'équipe qu'elle soutient. Installée à Séoul, sa famille a ouvert une grande maison dans laquelle ils louent des chambres à plusieurs étudiants venus de la province pour faire, eux-aussi, leur première rentrée dans des établissements de la ville. L'adaptation à la vie citadine, mais aussi à la promiscuité, se fait parfois difficilement pour ces jeunes gens qui doivent encore trouver leurs marques et leur voie.

Dans cette maisonnée où chacun se côtoie, notamment le matin au cours d'un petit déjeuner toujours partagé en famille, les liens se nouent pourtant entre chacun. Vont ainsi peu à peu être posées les bases d'une solide amitié, puisque, à la manière de Answer me 1997, le drama utilise une rencontre dans le présent pour introduire un fil rouge relationnel et sentimental. Au cours du premier épisode, le téléspectateur apprend en effet que Na Jung a finalement épousé, en 2002, un de ces garçons qu'elle côtoyait à l'époque de ses études. Answer me 1994 a donc 20 épisodes pour nous raconter tous les évènements qui ont marqué leur groupe, de 1994 à aujourd'hui et nous révéler le nom de l'(heureux) élu.

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La lecture de ce bref synopsis vous renseigne sur le premier point qui frappe en s'installant devant les débuts de Answer me 1994 : le soin avec lequel ses auteurs ont souhaité reprendre tout ce qui avait pu faire le succès de l'original. On ne change pas, ni ne renouvelle, une recette qui fonctionne. La reconstitution d'époque est toujours travaillée, mille et un détails s'ajoutant, des magazines traînant nonchalamment sur la table jusqu'aux émissions télévisées et aux jeux vidéos, en passant par la bande-son, pour faire revivre sous les yeux du téléspectateur l'année 1994. Tout est fait pour faire vibrer la fibre nostalgique. La clé d'introduction est également très proche : il s'agit de partir de la situation de l'héroïne dans le présent, pour s'en servir comme d'un prétexte à remonter le temps et à découvrir le groupe d'amis qui s'est peu à peu formé.

Le fil rouge "mystère" sera à nouveau sentimental, mais il faut noter qu'il prend ici une tournure plus artificielle : le drama met cette fois en scène un vrai "bal des prétendants" avec cinq candidats potentiels clairement désignés autour de Na Jung. Les quelques orientations de ces premiers épisodes conduisent même à se demander si les scénaristes ne remprunteront une voie très proche de celle de la première saison pour la conclusion. Sur ce point, la réserve reste de mise et j'espère que Answer me 1994 saura s'en démarquer. Par contre, le fait que la maison de l'héroïne soit un lieu d'accueil d'étudiants légitime opportunément une action qui y est centrée. Il faudra cependant que le drama prouve sa capacité à exister également en dehors pour densifier les vies de chacun.

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De manière générale, Answer me 1994 a le ton et l'apparence de Answer me 1997, mais sans la spontanéité un peu débridée qui caractérisait les débuts de son prédécesseur. Il ne trouve pas immédiatement ses marques, les storylines manquant d'homogénéité, avec des personnages introduits à la suite sans la cohésion qui permettrait d'esquisser un esprit de groupe. La durée allongée des épisodes est en plus source de quelques longueurs, avec des inégalités de rythme à corriger. Pour autant, par-delà ces reproches, une partie du charme de l'original est bel et bien là. La recette qui a si bien marché une première fois démontre à nouveau une redoutable efficacité, avec un réel potentiel qui ne demande qu'à prendre son envol.

Il est donc difficile de ne pas se laisser prendre au jeu de ces relations dépeintes avec une fraîcheur bienvenue, le tout parsemé d'excès comiques atypiques qui prêtent fréquemment à sourire. Les gags ne sont pas toujours fins, mais ils ont l'aplomb et le sens de la chute narrative qui conviennent. Les personnages restent pour beaucoup encore à définir, et certains sont pour l'instant très imparfaitement exploités, cependant ces débuts réussissent le principal : le téléspectateur a envie de s'investir à leurs côtés et de voir leurs rapports mûrir en amitié (ou plus). Il est d'ores et déjà probable que le drama ne réitèrera pas le "miracle" d'équilibre des deux premiers tiers de Answer me 1997, lesquels avaient su porter une vraie vie de groupe à l'écran, mais l'ersatz proposé a malgré tout un attrait auquel il est difficile de résister.

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Sur la forme, Answer me 1994 reprend également les mêmes ingrédients que l'original, notamment son sens du détail pour reconstituer une époque. L'ensemble est soigné, et la réalisation a le mérite de transmettre un peu de son dynamisme à certaines scènes qui auraient gagné à être raccourcies. On retrouve aussi quelques effets de style, notamment le fameux bêlement, bruitage décalé venant accompagner une chute comique : si quelques-uns sonnent un brin forcés, ce petit procédé fonctionne et sait facilement dérider le téléspectateur. Concernant la bande-son, l'épisode est à nouveau parsemé de musiques d'époque, plus ou moins marquantes, même si la place des chansons apparaît réduite en raison de la passion différente de l'héroïne, désormais fan de basketball, et non plus d'un boys band.

Enfin, côté casting, le mimétisme suivi conduit à reprendre les deux acteurs qui incarnaient déjà les parents dans la première saison. Avec une dynamique et des personnalités semblables, Sung Dong Il (Fugitive : Plan B, Can't Lose) et Lee Il Hwa sont donc en charge de cette maison d'accueil d'étudiants et retrouvent sans peine leur alchimie. Leur fille, Na Jung, est interprétée par Go Ah Ra (Heading to the Ground). Jung Woo (Dandelion Family) vit à leurs côtés, considéré comme son frère (le deuxième épisode donne des précisions sur sa situation exacte). Quant aux autres étudiants, ils sont joués par Yoo Yun Suk (Gu Family Book), Kim Sung Kyun, Son Ho Joon, Min Do Hee et Baro. L'ensemble ne forme pas un casting très expérimenté, et ils ont leurs limites, mais encore une fois, Answer me 1997 a prouvé que la dynamique de groupe était celle qui comptait avant tout dans ce type de drama qui mise sur l'authenticité.

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Bilan : Copie appliquée, mais imparfaite, Answer me 1994 signe donc des débuts perfectibles, avec un rythme et une homogénéité d'écriture à travailler. Cependant, à défaut d'avoir l'effet de surprise de l'original, le drama a su préserver le charme caractéristique qui avait fait la réussite du premier opus. Présentant un portrait générationnel empreint de nostalgie, il joue sur des ressorts humains et comiques, tout en introduisant une riche galerie de personnages dont les relations ne demandent qu'à être explorées. Le traitement des protagonistes est inégal, mais le concept consistant à les suivre à travers deux décennies de vie, en partant des bases de leur amitié, est une belle promesse en soi. Le téléspectateur se laisse globalement attendrir et émouvoir par l'effort d'authenticité qui perce de l'ensemble. Si bien que ces premiers épisodes, certes pas sans défauts, assurent l'essentiel : obtenir la fidélité du public. A Answer me 1994 de savoir grandir à partir de cette fondation.


NOTE : 6,75/10


Une chanson de l'OST :


26/12/2012

(K-Drama / Pilote) Jeon Woo Chi : de la fantasy d'action décomplexée

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En ce mercredi asiatique, évoquons une autre nouveauté sud-coréenne de la fin de l'automne, Jeon Woo Chi. Si le drama partage ses sources d'inspiration avec le film du même nom (Jeon Woo Chi : The Taoist Wizard), succès du box-office en Corée du Sud fin 2009 (disponible en DVD en France sous l'intitulé Woochi : Le Magicien des Temps Modernes), il en reprend certains thèmes (la magie notamment) sans l'histoire du voyage dans le temps du récit sur grand écran. Un changement qui, avec un petit écran sud-coréen déjà saturé de dramas sur ce thème cette année (Rooftop Prince, Dr. Jin, Faith, Queen In Hyun's Man) n'est, soyons franc, pas plus mal !

Jeon Woo Chi a débuté sur KBS2 le 21 novembre 2012 (diffusion les mercredi et jeudi soirs). L'écriture a été confiée à Jo Myung Joo, et la réalisation à Kang Il Soo. Le drama est pour l'instant annoncé pour une durée de 24 épisodes. Proposant sur le papier un mélange des genres, entre la fantasy d'action et le drame historique, voire romanesque, tout l'enjeu des débuts allait être de savoir doser ces différents éléments pour poser des fondations solides au récit. Les deux premiers épisodes n'ont pas apaisé mes craintes initiales vu de ce que j'avais pu lire sur le drama : brouillon, flirtant - volontairement ou non - avec un registre de "parodie sérieuse" difficile à cerner, Jeon Woo Chi peine à convaincre.

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Il y a quelques années Jeon Woo Chi et Kang Rim étaient deux amis, puissants magiciens de leur état, tous deux énamourés de la belle princesse Moo Yeon. Mais Kang Rim, sous la mauvaise influence de son oncle, a trahi et s'est retourné contre ce en quoi ils croyaient. Laissant Jeon Woo Chi pour mort après un terrible combat, Kang Rim a également kidnappé et ensorcellé la princesse. Désormais, il sert les objectifs de son oncle : faisant un mauvais usage de la magie et de tous les pouvoirs qu'elle leur permet d'acquérir, il s'agit de faire tomber Joseon.

Mais Jeon Woo Chi a survécu. Allant sous le nom de Lee Chi, il occupe un poste de journaliste royal. Brillant et astucieux à l'occasion, mais souvent emprunté et maladroit, adepte des jeux d'argent, il présente au tout venant une allure aussi inoffensive qu'anecdotique. Cependant, dès que le masque tombe, il redevient le puissant magicien qu'il est en réalité. En effet, profitant des ressources d'informations auxquelles son poste lui donne accès, il traque ceux qui ont détruit tout ce qu'il chérissait et entend bien mener à son terme sa vengeance, notamment contre Kang Rim.

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Jeon Woo Chi est un divertissement décomplexé, dont l'orientation véritable n'est pas encore précisément posée dès ses premiers épisodes. Dans un premier temps, le drama ne recule devant aucune surenchère, proposant d'emblée une débauche de combats magiques à grand renfort d'effets spéciaux. Les scènes d'action s'enchaînent. Toutes ces confrontations par des échanges de boules énergétiques, ces incantations-sortilèges magiques plus ou moins longs, et les quelques séances de haute voltige dans les arbres auxquels il nous est donné d'assister, laissent vite transparaître les différentes sources d'inspiration. Pêle-mêle, cela évoquera ainsi au téléspectateur un large panel d'oeuvres, allant des Wuxia chinois au manga/japanimé Dragon Ball. En fait, de manière générale, le drama mobilise nombre de codes narratifs très familiers, jusqu'à la mise en scène du héros... un journaliste caché derrière ses lunettes (qui a murmuré "Clark Kent" ?). L'exploitation proposée de la dualité entre sa réelle identité de puissant mage et l'apparence la plus inoffensive qu'il s'attache à renvoyer au quotidien (personnage intelligent mais emprunté, quelque peu excentrique) reste aussi très classique.

A partir de cette base convenue, Jeon Woo Chi adopte un rythme de narration rapide. Il réduit son temps exposition au minimum, se contentant d'utiliser quelques flashbacks pour nous informer des évènements clés qui ont conduit à la confrontation relatée. En négligeant de soigner l'exposé des enjeux, et la cohérence même du monde dans lequel il nous propulse, le récit apparaît vite très minimaliste. Ce survol est frustrant, car il prive le drama de tout souffle épique. De plus, l'écriture emprunte sans recul des recettes très calibrées. Multipliant les raccourcis et les poncifs, elle manque de subtilité. Souffrant d'une caractérisation très binaire -même dans les quelques essais pour nuancer un peu leur traitement-, les personnages peinent à acquérir la moindre ampleur ou épaisseur psychologique. Seul l'opposant de Jeon Woo Chi, à travers les quelques scènes qui résument de manière très brouillonne son basculement du côté obscur, parvient à aiguiser un peu la curiosité. Difficile donc au téléspectateur de s'impliquer. Jeon Woo Chi semble avoir hésité à doser les ingrédients du cocktail proposé : avec ses excès et ses élans caricaturaux, il avait de bien meilleurs atouts pour être de la fantasy un peu décalée et divertissante. Seulement, en voulant conserver son sérieux, il tente de jouer sur un tableau plus ambitieux, avec une ampleur dramatique qu'il échoue à atteindre, et il laisse donc un peu perplexe. 

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La forme ne rattrape pas les faiblesses de Jeon Woo Chi. Un drama de fantasy, mettant en scène un recours fréquent à la magie et notamment des combats où les sorts et les rayons d'énergie sont échangés de manière habituelle, se doit d'avoir des effets spéciaux à la hauteur. Mais la réalisation cède souvent à la tentation de vouloir trop en faire, versant dans une surenchère dont elle peine à se sortir, soulignant surtout les limites des effets spéciaux là où il faudrait plutôt parvenir à emporter le téléspectateur. Il aurait pu être judicieux d'en faire moins, mais qu'ils paraissent plus crédibles Dans son registre de l'action, Jeon Woo Chi m'a souvent fait penser à Dragon Ball, or les effets qui passent naturellement dans un manga ou un dessin animé, gagnent à être un peu modérés lors du passage au "live". Se reflètent peut-être ici aussi les hésitations du drama qu'on ne sait trop comment et jusqu'où il faut prendre au sérieux.

Enfin, le drama bénéficie d'un casting correct. Cha Tae Hyun (sans doute plus connu en France pour ses rôles au grand écran, notamment dans My Sassy Girl) peut s'en donner à coeur joie dans un double rôle qui lui permet de s'exprimer dans des registres extrêmement différents. A défaut d'avoir un personnage d'ampleur au niveau l'écriture, au moins l'acteur apporte-t-il à ce héros une consistance déjà appréciable. Face à lui, Lee Hee Joon, dans un domaine plutôt d'action, trouve aussi vite ses marques. Entre les deux, source d'une discorde amoureuse traditionnelle, Uee (Birdie Buddy, Ojakgyo Brothers) interprète la princesse ravie par Kang Rim ; ensorcellée, elle n'a pas grand chose à faire, réduite à l'inexpressivité la plus totale. A leurs côtés, on retrouve également Baek Jin Hee (High Kick 3), Kim Gab Soo (Jejoongwon, Joseon X-Files) et Sung Dong Il (Answer Me 1997).

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Bilan : Nous plongeant dans un univers où la magie est un élément à part entière, les débuts de Jeon Woo Chi ont le mérite d'être rapides, laissant entrevoir l'efficacité d'un drama d'action décomplexée. Le cadre de fantasy était, dans cette optique, un atout. Malheureusement, il n'est que survolé, sans prendre le temps de soigner une mythologie qui aurait pourtant été nécessaire pour donner de solides fondations au récit. La caractérisation des personnages est pareillement minimaliste : l'écriture, dans l'ensemble, sonne très convenue et manque de subtilité.

Avec tous ces poncifs, Jeon Woo Chi aurait pourtant pu faire office de simple divertissement se consommant sans arrière-pensée, s'il avait pu prendre un peu plus de recul avec son récit. Certains passages s'apprécient en effet plus au second ou troisième degré, que dans le sérieux premier degré dans lequel la tonalité du drama semble vouloir nous laisser.


NOTE : 5,25/10


Une bande-annonce de la série (en VOSTA) :


Une chanson de l'OST :

03/10/2012

(K-Drama) Reply 1997 (Answer me 1997) : un drama attachant et sincère pour un portrait nostalgique d'adolescence


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J'ai pour habitude de facilement évoquer les débuts d'un drama tout juste visionnés, mais j'y reviens plus rarement une fois mon visionnage achevé. Souvent par manque de temps face à toutes ces séries dont j'ai envie de parler dans ses colonnes, parfois aussi par déception devant une fiction qui n'a pas tenu ses promesses. Et puis il y a ces autres fois, où le besoin d'écrire un bilan s'impose de lui-même du fait de l'enthousiasme éprouvé devant une oeuvre qui va tout droit trouver sa place parmi mes préférées de l'année. C'est ce qui me pousse à reprendre la plume en ce mercredi asiatique pour revenir sur Reply 1997 (aka Answer me 1997).

J'avais déjà rédigé une review enthousiaste sur ce drama en août dernier après avoir vu les premiers épisodes. Arrivée au terme des 16 épisodes (d'une durée variant de 45 minutes à plus d'une heure), je suis toujours plus que jamais sous le charme de cette série. Si l'évolution du dernier tiers - et l'entrée dans le XXIe siècle, en quittant le lycée et les années 90 - aura peut-être légèrement déstabilisé l'harmonie régnant depuis le début du récit, Reply 1997 a conservé - et c'est le plus important - une authenticité et une chaleur humaine intense qui en fait un des plus attachantes fictions qu'il m'ait été donné de voir.

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Reply 1997, c'est sur le papier une histoire très simple (pour plus de détails, consulter ma review des premiers épisodes), celle d'un groupe d'amis que l'on suit, de l'adolescence à l'âge adulte, au fil d'un récit qui alterne des scènes principalement issues du passé - notamment de leur dernière année de lycée - et quelques passages dans le présent, à l'occasion d'une réunion d'anciens élèves. Il faut en premier lieu saluer la maîtrise d'ensemble de ce cadre temporel vaste. Alors que tant de dramas s'égarent en flashback et flashforward artificiels car inutiles, ou bien coupant le rythme de l'histoire et égarant ainsi le téléspectateur, ce drama prouve qu'il est possible de raconter, de manière homogène et fluide, en utilisant ces mécanismes d'aller-retours temporels, une histoire couvrant plus d'une décennie. La réussite de cette construction s'explique par le fait que, tout au long du récit, le passé et le présent (et même le futur à un moment donné) se répondent comme en écho, se complétant l'un l'autre pour ne former qu'une seule histoire dont le fil narratif ne se perd jamais entre les époques.

La simplicité de Reply 1997 est finalement son principal atout. Il y a dans l'écriture de ce drama une sincérité émotionnelle, dépourvue d'artifice, qui, tout en se réappropriant pleinement les codes les plus classiques des séries sud-coréennes relationnelles qui l'ont précédée - avec ses triangles amoureux et ses hésitations sentimentales éternelles -, parvient dans le même temps à faire souffler comme un vent de fraîcheur sur le genre. Si le téléspectateur s'investit tellement dans la destinée de cette bande d'amis et de leur entourage adulte, c'est parce que ces personnages lui parlent. En privilégiant l'émotion à l'état brut et l'authenticité des réactions et des anecdotes relatées, la série donne l'impression d'avoir à faire à des protagonistes instantanément familiers, dans des scènes qui nous semblent également déjà connues parce que, d'une façon ou d'une autre, on a tous vécu des moments ressemblant à ceux dépeints. Que les traits soient parfois forcés pour jouer sur un ressort comique bienvenu ne change rien à la chaleur humaine qui émane de cette mise en scène. Il s'agit d'un drama précieux qui touche au coeur, dans les rires qu'il provoque comme dans les larmes des épreuves de la vie qu'il n'occulte pas.

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Reply 1997 parle avec une sincérité parfois presque désarmante de la vie, de ces instants d'innocence passée et de la maturation progressive qui nous fait tous grandir au fil des expériences et des difficultés à surmonter sur notre chemin. Le fait que l'adolescence reste racontée comme une rétrospective par rapport à la réunion qui se déroule dans le présent apporte une forme de recul qui nous fait encore plus mesurer combien ces petits instants du quotidien passé ont pu compter pour façonner les vies actuelles de chacun. Pendant ses deux premiers tiers, le drama gère parfaitement une approche d'ensemble du groupe visant à nous montrer comment ils sont devenus ce qu'ils sont et quelle vie ils se sont construits. Dans le dernier tiers, un glissement s'opère. Les amis se séparent du fait des entrées dans différentes universités ; et l'équilibre entre les personnages évoluant, Reply 1997 retrouve des réflexes plus artificiels en se concentrant sur le triangle amoureux principal et en capitalisant sur le "mystère" consistant à se demander qui est le père de l'enfant que porte l'héroïne. Or le suspense n'en est pas vraiment un, car la réponse s'est imposée d'elle-même dès le départ. En se recentrant sur cet enjeu très rom-com, la série perd un peu de l'homogénéité qu'elle avait initialement. Elle conserve cependant inchangée la saveur que suscite chaque épisode.

Parallèlement à ce passage de l'adolescence à l'âge adulte, Reply 1997 est aussi une oeuvre qui cherche à faire vibrer une fibre nostalgique. Dans sa reconstitution de la fin des années 90, elle recrée l'ambiance d'une époque à travers mille et un petits détails, notamment technologiques, avec ces connexions internet par modem au débit si aléatoire, ces tamagochi ou encore l'engouement pour certains jeux vidéos comme Starcraft I. Et puis, il y a aussi son univers musical. Car il est important de rappeler que, par l'intermédiaire de Shin Won, Reply 1997 propose un autre portrait : celui des fans de certains boysband, et plus particulièrement d'une époque de tension entre les soutiens de H.O.T. et ceux des Sechs Kies. En montrant la dévotion, frôlant l'obsession dangereuse de ces fans "modernes", avec des activités entièrement tournées vers leurs idoles, qu'il s'agisse d'enregistrer une émission ou de camper devant leur maison, le drama dresse en filigrane un portrait de passionnées qui, en dépit de certaines extrêmités, sont, surtout au début, jeunes et sans recul, mais portées par un feu qui saura être la source de bien des motivations. L'entrée à l'université de Shin Won grâce à une fanfic initialement écrite sur ses idoles démontre le propos d'une série qui, sans cacher les excès, parle aussi avec affection de la manière dont ce genre de passion peut conduire certains à se sublimer.

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A ce jeu de la nostalgie, il faut souligner l'importance occupée par l'ambiance musicale qui accompagne le récit, dépassant la seule évocation des groupes fétiches des personnages. Reply 1997 accorde en effet une grande place à une OST extrêmement riche. Et si la musique y est omniprésente, elle apparaît pourtant toujours employée à bon escient. D'une part, la dimension musicale conserve une légitimité bien réelle puisqu'elle fait partie intégrante du scénario nous faisant remonter aux débuts de la k-pop. Et, plus globalement, cela lui permet d'évoquer la perception par les protagonistes des différents d'artistes de la fin des 90s'. D'autre part, la série propose des tubes d'époque, mêlant les origines et les registres, de façon à offrir un arrière-plan musical très diversifié. Cette page recensant une partie des chansons entendues (bien pratique pour permettre au téléspectateur non coréen, n'ayant pas forcément la culture musicale complète de cette période) montre la richesse du drama sur ce plan.

Côté casting, Reply 1997 s'apparente à une suite de paris, que rien ne garantissait sur le papier, mais qui ont été payants. La révélation du drama restera sans doute Jung Eun Ji : la jeune actrice est admirable de justesse et d'énergie dans un rôle dont elle capture aussi bien la passion que la vitalité. Dans son adolescence de fan de H.O.T. comme dans un registre plus adulte, elle sait jouer sur une certaine ambivalence pour offrir un portrait dynamique mais non sans nuances, extrêmement attachant. De manière générale, Reply 1997 est un drama où chacun semble avoir obtenu le rôle qui lui convient, renvoyant l'image d'un casting homogène où tout le monde trouve sa place et où la cohésion d'ensemble occulte toute faiblesse individuelle éventuelle. Chacun investit un registre qui lui correspond. C'est particulièrement marquant pour Seo In Gook (Love Rain), Shin So Yool (Jungle Fish 2), Eun Ji Won et Hoya. Lee Shi Un est lui plus dans un excès volontaire justifié par le ressort souvent comique de son personnage. Dans les adultes, Sung Dong Il (Fugitive : Plan B, Can't Lose) et Lee Il Hwa auront formé un couple vivant et solide avec une intéressante alchimie. Tandis que Soon Jong Ho (The Princess' Man) aura eu un rôle un peu lisse pour pleinement trouver à s'exprimer.   

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Bilan : Récit nostalgique et authentique, faisant revivre une adolescence pour nous relater ensuite les bases d'une maturation jusqu'à l'âge adulte, Reply 1997 est un drama profondément attachant, bénéficiant d'une écriture à la sincérité précieuse et n'ayant pas son pareil pour évoquer avec naturel ces années passées ayant façonné la vie présente de ses personnages. S'il n'aura pas réussi à maintenir l'équilibre qu'il avait trouvé au cours de ses deux premiers tiers, il sera resté jusqu'au bout une série capable d'enthousiasmer, de toucher et d'émouvoir.

Plus que tout, je crois que Reply 1997 m'a tout simplement rappelé une des raisons majeures pour lesquelles j'aime autant les dramas sud-coréens, et pourquoi ils complètent ma passion pour les séries de façon incontournable en apportant quelque chose qu'eux seuls parviennent à me faire ressentir : ce sont ces quelques instants d'émotion brute et de chaleur humaine, à la simplicité souvent désarmante, qu'aucun autre petit écran ne peut capturer avec autant d'empathie que des dramas comme Reply 1997.


NOTE : 8,5/10


Une chanson de l'OST :

15/08/2012

(K-Drama / Pilote) Reply 1997 (Answer me 1997) : portrait nostalgique et authentique d'une adolescence à la fin des années 90


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En ce mercredi asiatique, remettons le cap au pays du Matin Calme pour ce qui semble devoir être rien moins que mon coup de coeur sud-coréen de l'été. Qui eut cru qu'un semi-high school drama, d'un abord nostalgique car nous plongeant dans les années 90 (certes, j'ai moi aussi été adolescente durant cette période), pourrait sonner si authentique et faire jaillir en moi tant d'émotions - du rire aux larmes - ? Le câble sud-coréen est bel et bien en train de grandir et de mûrir, en voici cette fois un bien bel exemple avec Reply 1997 !

Ce drama a débuté le 24 juillet dernier en Corée du Sud sur la chaîne tvN. Il est diffusé tous les mardis soir, à raison de deux épisodes à la suite, ce qui fait qu'il comptera en tout 16 épisodes d'une demi-heure environ (mais le rythme est donc d'1 heure par semaine). Après avoir visionné les 4 premiers, me voilà sous le charme d'un récit qui fait preuve d'une justesse émotionnelle à chérir. En tout cas, vous ne pouvez pas imaginer à quel point cela fait plaisir de tomber sur cette petite bulle d'air frais en ce mois d'août.

[La review qui suit prend en compte les 4 premiers épisodes du drama.]

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Reply 1997 s'ouvre en 2012. Un couple un peu âgé chante des classiques dans un karaoke, leur fille, Sung Shin Won, la trentaine dynamique, les interrompt pour lancer sa propre chanson. Son père lui réclamant d'en choisir une sans paroles en anglais, elle lance ce qu'elle qualifie de "classique", une musique du groupe H.O.T, boysband de sa jeunesse. Une autre nuit, Shin Won se rend à un repas d'anciens élèves : elle retrouve connaissances et amis de sa promo de 1997, l'année de leur 18 ans. A trente-trois ans, ce n'est pas encore de la nostalgie que ces désormais adultes éprouvent pour leur adolescence, mais ce dîner ramène Shin Won, en pensées, à la fin des années 90 et à leur vie d'alors.

Si Reply 1997 revient ensuite périodiquement dans le présent, avec des commentaires en voix off des différents personnages commentant avec recul le passé, il se déroule donc en majeure partie en 1997, à Busan. Le drama nous donne l'occasion de suivre une bande de six amis, proches depuis presque toujours pour la plupart (seul Do Hak Chan arrive en cette fin de lycée en provenance de Seoul). Shin Won et sa meilleure amie, Yoon Jung, sont alors des fans inconditionnelles du groupe H.O.T., se jetant sur la moindre émission parlant de leurs idoles. Les garçons observent ce comportement avec plus de distance. Au sein de ce groupe d'amis, c'est logiquement une période où chacun change, se découvre et éprouve ses premiers amours. Comment leur amitié a-t-elle grandi avec eux sur ce chemin que l'on appelle la vie ?

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Il y a, dans Reply 1997, un parfum de nostalgie, beaucoup d'humain et une réelle authenticité qui ne peuvent laisser insensible le téléspectateur. L'écriture adopte une justesse de ton rare, globalement maîtrisée, pour relater une époque - la reconstitution de 1997 est très soignée - et les tranches de vie qui l'accompagnent. La série représente vraiment ce que l'on peut et doit attendre d'un human drama, laissant la part belle aux émotions - sans jamais en faire trop et tomber dans un mélodrama - mais aussi à ces petites anecdotes de vie qui prêtent à un rire spontané venant de bon coeur. Elle met en scène des personnages attachants, qu'elle prend le temps de dépeindre avec leurs qualités et leurs défauts, leurs certitudes et leurs doutes. Grâce à tout cela, on se sent instantanément proche d'eux. Certes, l'ambiance est parfois très orageuse, entre adultes et/ou entre adolescents, mais les liens qui les unissent demeurent solides et indéfectibles, qu'il s'agisse de liens du sang ou d'amitié. Aux turbulences succèdent des passages plein de chaleur, où transparaissent des joies communicatives, comme la communion trans-générationnelle que permet le visionnage d'un match de coupe du monde. 

Cette proximité, Reply 1997 la cultive aussi grâce au cadre bien délimité qu'elle pose, qui a l'avantage de devenir vite familier. Avec pour centre Shin Won, il se limite à deux lieux principaux : le lycée, où, si les classes de garçons et de filles ne sont pas mélangées, chacun se retrouve pour déjeuner à la cafétéria, et la maison des parents de Shin Won, dont le père est l'entraîneur de l'équipe locale de baseball. La réussite de Reply 1997 est de nous immerger dans ce quotidien de 1997 sans lourde introduction, ni s'apesantir inutilement sur les informations qu'elle distille. L'époque est bien recréée (programmes télévisés, technologie, musique). Et l'on prend en cours de route la vie des personnages sans disposer immédiatement de toutes les clés pour comprendre les situations. Ainsi, Yoon Jae déjeune quotidiennement chez Shin Won, mais la série ne s'étend pas sur le pourquoi de la situation. Pareillement, l'écriture fait toujours preuve de tact et de pudeur, à l'image des scènes, dans l'épisode 4, où elle nous apprend que Shin Won avait une soeur. C'est petit à petit que le tableau se complète, et sur ce point, le drama sait faire preuve d'une patience et d'une justesse qui méritent d'être salués. 

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Outre ce registre human drama, Reply 1997 reste un portrait d'adolescence, certes avec les particularités et modes de 1997, mais aussi avec tout ce qu'il y a d'universel à cet âge difficile de nos 18 ans par lequel chacun est passé. Pour le téléspectateur, l'identification fonctionne parce que le drama capture avec beaucoup de fraîcheur les amitiés fluctuantes d'alors, entre disputes et réconciliations, et ces moments de malaise où les gestes normaux d'hier paraissent soudain inconvenant vis-à-vis de l'autre. Car c'est un temps où les rapports garçons-filles changent, où des sentiments nouveaux, pas forcément compris, naissent. C'est le récit sonnant très authentique d'une entrée progressive, chacun à sa manière et en prenant le temps qui lui est nécessaire, dans un âge adulte, sans y être encore tout à fait. Et c'est donc aussi l'époque des premiers amours.

En 2012, Shin Won nous a annoncé que durant ce repas de retrouvailles deux personnes vont annoncer leur mariage, sans préciser l'identité des heureux élus. Vu de 1997, on devine qu'il reste encore à chacun une longue route à parcourir pour se trouver. Sans mettre en péril leur amitié, Reply 1997 esquisse par petites touches des triangles amoureux nourris de qui pro quo, de petites jalousies informulées, d'amitiés restaurées et de secrets hésitants échangés. Chacun semble destiné à n'avoir d'yeux que pour celui qui ne prend pas conscience ou ne souhaite pas cette attention. J'ai particulièrement aimé le fait que, dans ces premiers épisodes, la série brouille un peu plus les lignes grâce à un personnage qui se révèle être gay. Ainsi tandis que Yoon Jae aimerait tant que Shin Won remarque ses attentions, il s'irrite de la proximité grandissante qu'elle a avec Joon Hee... ce dernier étant en réalité secrètement amoureux de son meilleur ami... Yoon Jae (et ayant mis Shin Won dans la confidence). La réussite du drama, ici, c'est de savoir pour l'instant préserver une part d'innocence dans la manifestation de ces sentiments, mais aussi une sincérité touchante qui évite toute lourdeur.

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Soigné sur le fond, Reply 1997 l'est également sur la forme. La réalisation est appliquée, et, surtout, la photographie conforte l'impression de nostalgie sur laquelle surfe ce drama (que vous ayez ou non connu les années 90, en Corée ou ailleurs). Côté bande-son, les choix sont tout aussi recherchés : le drama sélectionne des tubes d'alors, nous faisant remonter le temps à travers les chansons de H.O.T., les émissions musicales et autres extraits de cette époque. Se perçoit bien tout le travail fait pour la reconstitution d'une époque pas si lointaine, mais où surveiller son tamagochi, tout en chatant tant bien que mal sur un écran ordinateur à l'horrible fond bleu, était normal.

Enfin, si le casting est jeune et assez inexpérimenté, il s'en sort bien, sans doute parce que la justesse et la simplicité d'écriture permet à chacun de trouver facilement sa place. Jung Eun Ji se révèle pétillante et pleine de vitalité dans ce rôle central d'adolescente encore dans cette phase monomaniaque de fan de boysband laissant ses résultats scolaires en berne, mais qui devra bien grandir un jour. En complice d'enfance dont la relation est désormais plus tumultueuse, Seo In Gook (Love Rain) est correct. On retrouve également pour composer cette bande d'amis Shin So Yool (Jungle Fish 2), Hoya, Eun Ji Won et Lee Shi Un. Parmi les adultes en 1997, Song Jong Ho (The Princess' Man) interprète le frère de Yoon Jae, tands que Sung Dong Il (Fugitive : Plan B, Can't Lose) et Lee Il Hwa jouent les parents de Shin Won.

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Bilan : Drama profondément humain, plein d'émotions, capable de faire passer, avec naturel, sans forcer, du rire aux larmes, Reply 1997 est un soupçon de nostalgie sur lequel s'ajoute un retour sur l'adolescence d'une justesse et d'une authenticité rares. Un portait à la spontanéité rafraîchissante. Bien écrits, correctement interprétés, soignés dans leur reconstitution de cette fin des années 90 tout en abordant des thématiques aux accents universels, ces débuts se révèlent être une belle surprise. Je suis sous le charme de cette série qui fait chaud au coeur, et j'espère donc voir le drama poursuivre sur cette voie très prometteuse ! tvN tient peut-être là une jolie perle. A surveiller.


NOTE : 7,5/10


Une bande-annonce de la série :

Parce qu'elle prend une telle place dans la vie des adolescentes d'alors, la k-pop en 1997 - H.O.T. :

21/09/2011

(K-Drama / Pilote) Can't Lose (Can't Live With Losing) : la vie de couple dans tous ses états

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Après l'escapade tokyoïte de la semaine passée, nous voici de retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique, pour évoquer les débuts d'un drama actuellement en cours de diffusion et que j'attendais avec une certaine curiosité, en partie en raison de son synopsis intrigant qui semblait se distinguer des ressorts classiques des rom-com sud-coréenne, mais aussi en raison de son casting (notamment avec la présence de Choi Ji Woo). 

Can't Lose a débuté sur MBC le 24 août dernier. Diffusée les mercredi et jeudi soirs, elle devrait comporter 16 épisodes. A défaut d'avoir conquis le public sud-coréen, les audiences n'étant malheureusement pas vraiment au rendez-vous, ces premiers épisodes ne m'ont pas déplu. Loin de là. Ce n'est sans doute pas un drama pour lequel on aura un coup de foudre instantané, ni une comédie pétillante qui vous fera rire aux larmes, mais les relations explosives qu'il dépeint nous rallie progressivement à la cause de ce couple au bord de la rupture.

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Eun Jae et Hyung Woo sont deux jeunes mariés. Ils sont tombés sous le charme l'un de l'autre dès leur première rencontre fortuite dans un stade, laquelle s'est terminée par l'échange d'un premier baiser devant un parterre de spectateurs retenant leur souffle. Complémentaires dans leurs ambitions, ils partagent en plus la même profession puisqu'ils sont tous deux avocats. Emportés par leurs sentiments, ils décident très rapidement de se marier et d'ouvrir ensemble un cabinet. Madame aspire à gagner de l'argent, Monsieur tend plutôt vers l'aide aux plus faibles et défavorisés, les deux devraient donc parfaitement s'équilibrer... En théorie du moins.

Car un an a passé, et la supposée complémentarité peine à se trouver. Au contraire, il y a de l'eau dans le gaz dans cette relation entre deux personnes peut-être trop différentes pour partager leur vie. Eun Jae a l'impression d'être la seule à faire face à ses responsabilités financières pour permettre au couple de vivre, le caractère bon samaritain de Hyung Woo n'ayant plus à ses yeux le romantisme qu'il pouvait avoir au départ. D'incompréhensions en opposition directe de caractères, les deux jeunes gens s'éloignent, perdant le fil de communication qui existait entre eux et passant désormais plus de temps à se fâcher qu'à apprécier la compagnie de l'autre. Leur mariage peut-il survivre à ces soubresauts et retrouver une seconde vitalité ?

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Le premier attrait de Can't Lose, c'est d'être un drama relationnel qui tranche dans le paysage classique de la romcom sud-coréenne. En effet, ce n'est pas une rencontre qu'il va nous relater, mais le devenir d'un couple déjà marié. Battant en brêche les happy end où le mariage est présenté comme l'apogée et le parachèvement du récit, Can't Lose nous entraîne par-delà ce mythe pour s'intéresser justement à une relation sur le long terme : que se passe-t-il lors de ce fameux "après" où les caméras s'aventurent peu ? Comment préserver les sentiments, maintenir une complicité au quotidien, alors même que cette fréquentation constante amène de plus en plus à souligner les différences, les défauts de l'autre, exacerbant les points de tension au sein du couple ?

Can't Lose ne reprend pas à son compte la promesse d'horizon doré imaginée par les grands romantiques. Au contraire, c'est un drama qui n'hésite pas à globalement aborder la vie maritale sous un angle plus sombre, refusant de passer sous silence les difficultés qui surgissent irrémédiablement, et dont nos deux héros sont loin d'être les seuls représentants - une scène dans le parc illustrant cela à merveille. Comment réapprend-on à communiquer, à s'apprécier en dépit de l'addition des petites frustrations que chaque jour apporte ? Le couple principal n'est pas en quête d'un changement de partenaire, c'est un nouvel équilibre qu'il leur faut : s'il est évident que Eun Jae et Hyung Woo ont toujours des sentiments réciproques très forts l'un pour l'autre, les dissonances sautent également aux yeux.

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De par son sujet, Can't Lose adopte logiquement une tonalité moins insouciante et plus mature sur les jeux de l'amour. Bénéficiant d'un rythme de narration dynamique qui ne tombe pas dans l'excès de vouloir trop en faire, le développement des intrigues apporte son lot de petits rebondissements, avec notamment une introduction des belles-mères pour le moment fort bien gérée. C'est que, de manière assez paradoxale et fort bien trouvée, chacun semble plus proche dans son caractère de la mère de l'autre (même s'il est dans la plus pure tradition sud-coréenne que la mère du marié et sa belle-fille ne puissent s'entendre). Au fil des premiers épisodes, l'approche très concrète et authentique des relations permet au téléspectateur de se sentir de plus en plus impliqué par ce qui se joue sous yeux. Elles nous entraînent en effet dans des montagnes russes émotionnelles permanentes, l'apaisement de l'un équivalent au réveil de l'agacement de l'autre, comme s'il ne leur était plus possible de s'accorder autrement qu'en étant tous deux fâchés.

Dans ces scènes, les dialogues de la série, toujours très vifs, bénéficient aussi grandement du sens de la répartie aiguisée que cultivent des protagonistes dont c'est justement la profession. La manière dont est exploité la toile de fond juridique est plutôt astucieuse : non pas pour nous plonger dans un ersatz de legal drama auquel la série n'aspire nullement, mais parce que leurs différences de conception du métier symbolisent leur opposition, tout en empiétant sur leur manière de fonctionner et de gérer ces périodes de crise. Le titre "can't lose" reflète bien tout l'enjeu : transiger, trouver une voie de conciliation, oui, mais capituler et abandonner complètement ses griefs ou ses exigences, non. Il est assez symptomatique d'ailleurs que le moyen le plus irrésistible existant au sein de leur couple est celui de communiquer par mémoire interposé : une vague argutie juridique teintée d'une volonté de compromis s'avère plus payante qu'une conversation qui part rapidement hors de contrôle. C'est bien le signe que Eun Jae et Hyung Woo doivent réapprendre à se trouver pour repartir sur des fondations apaisées, et qu'ils ont ici des torts partagés manifestes.

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Sur la forme, Can't Lose est un produit parfaitement calibré. La réalisation est classique, la caméra profite des décors esthétiques, accompagnée d'une photographie qui aime les couleurs claires... A tous ces éléments s'ajoutent également quelques effets spéciaux de style, brèves hallucinations ou fantasmes d'un personnage, qui, sans abus, tombent souvent justes pour capturer l'atmosphère de l'instant : quelle belle-fille n'a pas visualisé sa belle-mère en diablotin dans un k-drama ? Par ailleurs, la bande-son est agrémenté de plusieurs chansons agréables à l'écoute, dont une, particulièrement entraînante, sied parfaitement à l'ambiance sur-dynamique et versatile qui régit les relations au sein du couple principal.

Enfin, une partie du charme de Can't Lose tient assurément à son casting, ou plus précisément à son duo qui dispose d'une alchimie indéniable à l'écran. Choi Ji Woo (Winter Sonata) incarne avec beaucoup d'énergie une femme de caractère, aussi dispersée qu'ambitieuse. Face à elle, Yoon Sang Hyun (Secret Garden) joue de manière très posée cet avocat, certes plus ordonné mais qui souhaite se consacrer, non à faire fructifier un compte en banque pour lequel il n'a aucun intérêt, mais à mettre sa connaissance du droit au service des défavorisés. A leurs côtés, gravitent des amis ou des employés, sans que le drama perde de vue que son sujet reste le couple déjà formé. On y croise Kim Jung Tae, Jo Mi Ryung, Sung Dong Il, Park Won Sook, Kim Ja Ok ou encore Joo Jin Mo.

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Bilan : Déclinaison particulière du drama relationnel, Can't Lose est une série qui séduit par son sujet post-mariage, nous plongeant dans les étincelles de la mécanique complexe et volatile qu'est une vie de couple où la lune de miel est déjà terminée et où beaucoup reste à apprendre sur la vie commune. En dépit d'une dimension sentimentale qui reste pour le moment à approfondir, l'écriture à la fois consistante et homogène retient l'attention du téléspectateur, curieux de voir jusqu'où peut conduire ce cycle d'incompréhensions s'auto-nourrissant de manière si frustrante. A surveiller.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :