18/11/2012
(BR) Cidade dos Homens (La Cité des Hommes) : portraits d'adolescence dans une favela de Rio de Janeiro
Parmi les terres téléphagiques qui sont encore pour moi de vastes horizons inconnus figure l'Amérique Latine. Mes références s'y résument à quelques expériences occasionnelles (sans sous-titres..), comme le pilote de Capitu visionné pour un numéro de podcast. Cette destination est donc un de ces défis que j'ai très envie de relever. Généralement, quand je me lance à la découverte d'un nouveau continent, je privilégie en premier lieu les quelques séries les plus classiquement citées, histoire de poser un premier pied dans ce petit écran en sachant à peu près où je vais. C'est ainsi que ces dernières semaines, j'ai débuté le visionnage de la mexicaine Capadocia et de la série sur laquelle je vais revenir aujourd'hui : La Cité des Hommes.
Créée par Katia Lund et Fernando Meirelles, cette dernière est une fiction brésilienne, comptant en tout 4 saisons de 19 épisodes d'une trentaine de minutes chacune. Diffusée de 2002 à 2005 sur la chaîne Globo TV, elle prend la suite du marquant film La Cité de Dieu. Diffusée notamment sur France 5, l'intégrale est également disponible en DVD à un prix plus qu'abordable. Et si je vous avoue ne pas être (encore ?) tout à fait convaincue par Capadocia, il en va tout autrement pour Cidade dos Homens. Voilà un beau coup de coeur qui permet d'accueillir un nouveau pays sur My Télé is rich!, le Brésil (juste évoqué jusqu'à présent par la co-production des Mistérios de Lisboa).
Cidade dos Homens nous plonge dans une des favelas de Rio de Janeiro, y racontant le quotidien de deux amis, Acerola et Laranjinha. Dans cette zone abandonnée par l'Etat aux trafiquants de drogue qui font régner leur propre ordre - sur les cartes de la ville, ces lieux sont une simple tâche verte, sans aucune précision, ni indication que des gens y vivent -, les deux adolescents expérimentent comme tout jeune de leur âge. On les suit dans le tourbillon qu'est leur vie de tous les jours, apprenant de leurs erreurs, découvrant les premières responsabilités, savourant les premiers amours et mesurant aussi les dangers de leur environnement difficile. Entre rêves de futur et dureté d'une réalité qui les oblige à vivre au jour le jour, ils poursuivent inlassablement leur marche en avant. Ils vont ainsi grandir et mûrir sous les yeux du téléspectateur.
Cidade dos Homens, c'est tout d'abord le portrait d'un certain Brésil, dépeignant la réalité sociale des favelas et leur place dans le pays. La série se veut plus légère que le film La Cité de Dieu, mais elle n'en occulte pas moins les difficultés bien présentes, sans pour autant tomber dans un misérabilisme pesant. Il y a une volonté manifeste d'aller par-delà les préjugés et les clichés sur ces zones de non-droit, pour en décrire les problèmes du quotidien, mais aussi humaniser leurs habitants. Empruntant parfois un style proche du documentaire, très détaillé dans sa façon de dépeindre ces lieux, la série conserve toujours un parfum d'authenticité qui fait sa force.
On devine en arrière-plan de cette chronique sociale, mettant en scène les clivages d'une société, un projet pédagogique plus ou moins marqué des scénaristes suivant les histoires relatées. En exemple emblématique, on peut citer le dernier épisode de la saison 1, très intéressant, où l'on suit brièvement en parallèle un autre adolescent vivant en dehors de la favela. Tout en montrant combien l'antagonisme immédiat, nourri de préjugés, est bien réel entre ces jeunes issus de deux mondes si différents, la série le désamorce en insistant sur leurs points communs et leurs doutes partagés, s'adressant ici avant tout au téléspectateur. Dotée d'une écriture privilégiant une sincérité qui ne laisse pas indifférent, elle peut ainsi aborder légitimement ces thèmes sans jamais paraître trop didactique.
Car Cidade dos Homens reste une série profondément humaine et attachante. Elle met en scène un duo d'adolescents complémentaires auprès desquels le téléspectateur s'investit vite avec une tendresse qui ne cesse de se renforcer au gré des péripéties. Acerola est un débrouillard avec un sens des affaires qui lui attire souvent bien des ennuis ; Laranjinha se tient plus en retrait, préférant profiter sans faire de vague et charmer les demoiselles. A travers eux, la série emprunte des ressorts propres aux fictions sur l'adolescence, traitant d'apprentissage de la vie. Ils ont des problématiques propres aux jeunes de leur âge. Cependant, du fait du cadre particulier dans lequel ils évoluent, Cidade dos Homens propose une relecture originale de ces thèmes familiers.
Leur quotidien oscille entre l'insouciance propre à leur âge et la réalité de la favela : s'essayer aux premiers pas de l'amour implique aussi d'éviter autant que possible les trafiquants qui régissent les lieux et les ennuis qui les accompagnent. Outre la violence permanente, il faut aussi composer avec la pauvreté, et par exemple partir mendier à manger dans Rio quand il n'y a plus rien à la maison et que leur mère ne rentre pas avant plusieurs jours. Si elle peut être très dure, la série n'en conserve pas moins une vitalité pleine de fraîcheur, à la fois réaliste et remplie d'espoir. L'ensemble est rythmé, avec une durée assez brève des épisodes - une trentaine de minutes - qui fait que l'on ne s'y ennuie pas une seule seconde ; chacun aborde un thème précis, explorant un évènement ou un sujet précis représentatif d'un pan de vie dans la favola.
L'impression d'authenticité qui caractérise Cidade dos Homens se retrouve dans la manière dont la série est filmée : la réalisation est nerveuse et dynamique. La caméra tressautante impose immédiatement une proximité, dépeignant le cadre de la favela et s'arrêtant avec des gros plans sur les protagonistes. Les condition de vie, mais aussi le dynamisme qui parcourt ces lieux, sont parfaitement capturés. De plus, le récit est accompagné d'une bande-son qui, pareillement, rythme et contribue à l'atmosphère de ce coin de Rio de Janeiro, aussi bien musicalement que dans les quelques chansons qui viennent notamment conclure des épisodes (on y trouve des chansons originales créées pour l'occasion, comme un rap "dialogué" entre les deux jeunes issus de deux mondes si différents dans l'épisode 4 de la saison 1 ; ou encore la chanson sur laquelle danse Acerola dans l'épisode 1 de la saison 2).
Enfin, Cidade dos Homens doit également beaucoup à ses acteurs. Tout en croisant des protagonistes récurrents, et avec en arrière-plan tout un entourage qui prend plus ou moins d'importance suivant les histoires relatées, la série se concentre avant tout sur son duo principal. Darlan Cunha (Laranjinha) et Douglas Silva (Acerola) sont deux jeunes, vivant eux-mêmes dans des favelas, qui apportent à l'écran une présence pleine de spontanéité à la fois rafraîchissante et attachante. Mêlant sens de la débrouillardise, pragmatisme et charisme, ils incarnent deux figures très différentes, qui donnent chacune l'occasion d'explorer des thèmes qui leur sont propres. Leur interprétation très juste confirme l'impression de réalisme qui ressort de la fiction.
Bilan : Chronique sociale relatant le quotidien de deux adolescents, Cidade dos Homens nous plonge dans l'univers des favelas de Rio de Janeiro. Traversée par une vitalité communicative, la série traite de thématiques familières sur l'adolescence, sans occulter la violence et la pauvreté qui font partie intégrante de la vie de ses protagonistes. Entre espoir et réalisme, il s'agit d'une oeuvre profondément humaine, portée par des figures attachantes, qui a affiche aussi une ambition pédagogique, s'attachant à désarmorcer certaines peurs sur les favelas et ceux qui y habitent. Plus que tout, c'est une série qui respire le Brésil, offrant une bouffée de dépaysement et de découverte qui mérite assurément le détour.
En résumé, un portrait plein de vie à mettre en toutes les mains !
NOTE : 8/10
La bande-annonce de la série :
Le "rap" entre deux personnages durant l'épisode 4 de la saison 1 :
PS : Nous sommes rentrés dans les trois semaines que j'annonçais très chargées et compliquées pour le rythme de publication du blog. La première semaine de décembre connaîtra normalement une pause d'une semaine (comme à Pâques), en attendant, un petit ralentissement est également possible. Pas d'inquiétude, My Télé is rich! retrouvera un rythme de croisière normal courant décembre, mais même un blogueur a parfois une vie en dehors de ses colonnes.
09:50 Publié dans (Séries Amérique Latine) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : brésil, la cité des hommes, cidade dos homens, globo tv, katia lund, fernando meirelles, darlan cunha, douglas silva | Facebook |
14/11/2012
(K-Drama / Pilote) The King of Dramas : dans l'univers impitoyable de la conception des dramas
Quand on regarde autant de séries que nous, forcément, c'est avec une curiosité mêlée d'excitation que l'on se glisse devant une fiction sur le fameux envers d'un décor qu'on connaît trop bien. L'exercice est risqué : il est toujours difficile de tendre un miroir vers soi-même pour dresser le portrait d'une industrie dont le drama en question ne reste pas moins une émanation. Il faut éviter de se complaire dans le récit romancé glamour et un peu vide, mais aussi de renvoyer l'impression d'une certaine hypocrisie à mettre l'accent sur des dysfonctionnements et excès qui sont également présents à l'origine du drama regardé. En Corée du Sud, des dramas ont déjà essayé ces dernières années de se glisser dans les coulisses : de On Air à Worlds Within, les résultats ont été pour le moins mitigés.
Avec de tels antécédents, se posait la question de savoir comment allait se positionner la dernière nouveauté du genre, lancée par SBS le 5 novembre 2012, The King of Dramas (aka The Lord of Dramas). Sans qu'il s'agisse d'une de mes réelles attentes pour cette fin d'année, la sériephile que je suis résiste rarement à l'invitation à une immersion dans le monde des producteurs, scénaristes et autres diffuseurs. Ces deux premiers épisodes n'ont pas démérité : sans échapper à certains excès (sur le fond, comme sur la forme), ils proposent une introduction énergique. Reste à espérer que le drama n'en fasse pas trop et ne se disperse pas ; une de mes principales craintes à terme.
Anthony Kim est un producteur à succés à qui tout semble réussir. Requin aux dents acérées dans un milieu où personne ne se fait de cadeaux, il n'hésite pas à provoquer sa chance, poussant toutes ses équipes à bout pour atteindre les objectifs qu'il se fixe. Pour lui, une seule chose compte : faire de l'argent et donc rentabiliser le produit qu'il développe, à savoir le drama. Pour assurer un product placement efficace ou pour passer une barre d'audience symbolique, il n'hésite pas à sacrifier sans hésiter toute créativité scénaristique, voire même la logique de l'histoire mise en scène. Que ses dramas génèrent des sous, voilà le seul objectif qui importe à ses yeux.
C'est lors de la finalisation d'une de ses séries qu'il entre dans la vie de Lee Go Eun, une jeune assistante scénariste qu'il va manipuler pour finir les dernières scènes d'un drama que la scénariste principale vient de quitter en claquant la porte. Mais à trop forcer sa chance, Anthony Kim va être à son tour broyé par le système dont il s'est tant de fois servi à son profit. Un scandale éclate en effet suite à la mort d'un coursier qu'il avait mandaté pour un service extrêmement dangereux. Chacun en profite dans l'industrie pour se retourner contre cet être qui a suscité autant de jalousie qu'il s'est fait d'ennemis. Anthony Kim perd alors tout, y compris sa compagnie.
Trois ans plus tard, il se morfond en rêvant d'un come-back et, surtout, de vengeanace. Il croit venue sa chance lorsqu'il met la main sur un projet de financement japonais de drama. Mais le thème l'oblige tout d'abord à recontacter Go Eun, laquelle a abandonné toute idée de carrière suite à ses mensonges. Non seulement il va devoir essayer de la convaincre de travailler avec lui, mais en plus le Japonais commanditaire semble avoir lui-aussi son propre agenda...
Si les débuts de The King of Dramas capturent immédiatement l'attention du téléspectateur, c'est qu'ils reposent sur une première demi-heure sur-vitaminée et assez réjouissante, proposant un aperçu condensé - de la manière la plus excessive possible - de la réalité derrière la façade policé et doré de l'hallyu. On a l'occasion d'apprécier le véritable contre-la-montre, tellement tendu et éprouvant, que représentent les tournages en "live", avec la mise sous pression de toute l'équipe et les rythmes dantesques à tenir dans lesquels chacun - du scénariste aux acteurs, en passant par le réalisateur - se ruine la santé. En outre, le volet marketing n'est pas absent : tous ces psychodrames naissent en effet de la nécessité de caser un jus d'orange en product placement dans la scène finale du drama qui voit le héros mourir. Savoureuse absurdité. Devant cet attentat à sa création, la scénariste en avale son stylo, et renvoie le producteur insistant dans les cordes, laissant toute la production en stand-by tandis que, le soir-même, ce fameux épisode dont les dernières minutes n'ont même pas encore été écrites doit être diffusé à la télévision.
L'introduction de The King of Dramas prend donc un malin plaisir à croquer toutes les dérives trop bien connues de l'industrie des k-dramas, oscillant entre la caricature presque satirique et une pointe d'autodérision, portées par une écriture énergique et sans nuance. Les thèmes abordés ne laissent pas le téléspectateur amateur de dramas insensible, lui qui s'est plus d'une fois arraché les cheveux devant les aléas de scénarios dont l'écriture souffre du rythme à tenir, ou encore devant l'insertion inutile de flashbacks faisant gagner une poignée de minutes (quand ce ne sont pas des épisodes que l'on ajoute avec ces extensions dans lesquelles trop de dramas se perdent). La thématique principale de The King of Dramas revêt d'ailleurs un intérêt particulier, avec un potentiel indéniable : dès le départ, est mis l'accent sur la tension entre marketing et créativité. Forcer Anthony Kim et Go Eun à travailler ensemble promet beaucoup. Personnifiant les deux natures presque antinomiques du drama, à la fois produit commercial et création issue de l'imaginaire, ces personnages vont devoir collaborer pour essayer de construire une fiction qui satisfera leurs deux exigences. Un tel résultat est-il possible ?
Nous glissant dans la conception d'une série, The King of Dramas n'en demeure pas moins un k-drama qui s'assume et se réapproprie les recettes très familières du genre. Ce sera là une de mes réserves : la caractérisation des personnages s'esquisse sur des bases très calibrées, rentrant trop parfaitement dans les canons. Face à l'abrasif ambitieux et arrogant personnage masculin, se dresse la naïve apprentie entendant faire ses preuves en tant que scénariste. Tout sonne ici très prévisible, jusqu'au détail qui vient fendiller la froideur apparente d'Anthony Kim - le fait de devoir enchaîner les anti-dépresseurs pour ne pas fondre constamment en larmes. Il y a une impression d'artificialité qui se dégage de ces personnages encore trop standards, et auprès desquels, conséquence logique de cette prévisibilité un peu superficielle, le téléspectateur met un temps à s'impliquer.
De manière générale, The King of Dramas a le clinquant, assumé et même revendiqué, propre à l'environnement dans lequel il nous plonge, s'inscrivant ainsi en continuité avec le sujet traité. Il s'agit d'un drama plein de vitalité, avec le lot d'excès qui lui est inhérent. Le cocktail fonctionne pour le moment car l'écriture est assurée, et les traits de caractères comme les situations ont les traits volontairement forcés. Cependant cette énergie n'est pas toujours bien canalysée, et se perçoivent certaines limites : le risque de trop en faire, en versant dans une surenchère discutable (le "cliffhanger" du deuxième épisode est une de mes sources d'inquiétude). Tout dépendra de la manière dont le ton s'équilibrera, mais attention à la dispersion et à la volonté de tenter de se lancer à la poursuite d'un tel rythme pour tout le drama. Une fiction solide permettant la confrontation et l'évolution des deux figures principales suffira amplement.
Cette tendance à trop d'effets se retrouve sur la forme de la série. Plus que par sa réalisation qui répond bien au clinquant du milieu du showbiz, The King of Dramas est surtout un drama saturé musicalement. Pareillement au scénario qui semble craindre le moindre temps-mort et relance constamment l'histoire, il n'ose envisager la possibilité d'une scène au fond sonore silencieux : les musiques s'enchaînent, interchangeables et vites oubliables pour la plupart, mais faisant que tout l'épisode ronronne musicalement sans véritable nuance, ni sans trouver la tonalité qui lui est propre.
Enfin, côté casting, j'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Jung Ryu Won, à laquelle je me suis attachée et dont j'avais beaucoup aimé la performance dans History of a salaryman. Elle a une façon de se réapproprier ses personnages qui les rend immédiatement attachants, sachant retranscrire la détermination inébranlable et les sautes d'humeur, comme les moments de vulnérabilité. Cela explique qu'en dépit de mes réticences face au traitement des protagonistes, elle ait su m'interpeller. Face à elle, Kim Myung Min (que je n'avais pas revu depuis Beethoven Virus, soit une éternité) délivre une interprétation parfaitement maîtrisée, dans le registre du businessman, véritable requin prêt à tout, pour qui seul l'argent importe. Reste à voir comment se développeront les nuances qui viendront forcément (et j'espère, pas uniquement via quelque chose d'aussi artificiel que la prise de médicaments psychotropes). Le reste de la distribution principale est confiée à Choi Si Won (Oh! My Lady, Poseidon), Jung Man Shik (The King 2 Hearts) et Oh Ji Eun (I Live in Cheongdam-dong).
Bilan : N'en cachant ni les dérives, ni les excès, et sans tomber dans le glamour romancé, The King of Dramas propose une incursion dans l'univers impitoyable de la conception et de la production des k-dramas. L'écriture est énergique, ne cherchant pas à faire dans la nuance. Du fait de personnages encore trop stéréotypés, qui empruntent à des recettes assez convenues, le principal attrait du drama réside dans son sujet, et cette alliance malaisée entre marketing et créativité qu'il va nous relater. Quelques tendances à la surenchère me laissent un peu réservée pour la suite. Mais, vous me connaissez, je serai forcément là pour vérifier, et croiser les doigts pour que The King of Dramas tienne le cap.
NOTE : 6,5/10
Une bande-annonce de la série :
Une chanson de l'OST :
19:09 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : k-drama, the king of dramas, sbs, kim myung min, jung ryu won, choi si won, jung man shik, oh ji eun | Facebook |
11/11/2012
(Pilote AUS) A Moody Christmas : la réunion familiale rituelle de Noël, une épreuve entre imprévus, chaos et célébrations
En ce dimanche trop automnal, morose et pluvieux, si on se tournait déjà vers ce qui nous attend dans quelques semaines ? Vous m'objecterez que nous avons encore un peu de temps avant d'envisager les fêtes de fin d'année, mais ABC1 a décidé de prendre les devants. La chaîne propose en effet aux Australiens de s'y préparer psychologiquement grâce à une nouvelle série qu'elle a lancée le 31 octobre dernier : A Moody Christmas.
Créée par Trent O'Donnell et Phil Lloyd, cette comédie teintée d'amertume, programmée pour six épisodes d'une demi-heure, a l'art et la manière de capturer le chaos ambiant qui accompagne nombre des réunions familiales occasionnées par cette période de l'année. Ayant su passer au travers mon allergie aux comédies grâce à sa tonalité nuancée (jurisprudence Rev), elle est ma découverte - surprise - positive de la semaine (un grand merci à Toeman et LadyTeruki pour m'avoir convaincue de tenter l'expérience).
A Moody Christmas se propose de nous faire vivre six Noëls consécutifs au sein de la famille Moody, chaque épisode relatant une nouvelle réunion familiale annuelle, permise par les fêtes, sur six années. Le personnage principal que nous suivons est Dan Moody, trentenaire vivant à Londres, qui traverse le globe une fois par an pour retrouver une famille, certes attachante à ses heures, mais aussi excentrique et dysfonctionnelle, dont les réunions font souvent des étincelles. Il retrouve ainsi un frère irresponsable inconséquent évoluant dans son monde, une soeur centrée sur elle-même, un oncle original ou encore un cousin bien sur lui dont la compagne ne laisse pas Dan indifférent. Chaque Noël se révèle donc éprouvant pour ce dernier, mettant ses nerfs à rude épreuve. Le ton est d'ailleurs donné dès le départ, avant même que les célébrations ne commencent : Dan n'est pas fait pour être heureux à Noël, sa petite-amie rompant avec lui à l'aéroport même alors qu'ils allaient embarquer pour l'Australie...
A Moody Christmas est une de ces séries qui sait habilement jouer sur les nuances et le mélange des tonalités. Loin du simple divertissement léger cherchant l'hilarité pour l'hilarité, la série propose au contraire une comédie douce-amère et humaine qui s'attache avant tout à dresser un portrait de famille, avec sa dose de dysfonctionnements. C'est un tableau entier, incluant la part d'abrasivité et de flottements - de malaise même - inhérente à de telles retrouvailles. Le rire est bien là, au détour de plusieurs scènes, mais il s'insère naturellement dans le récit, découlant de la manière dont l'écriture crée des décalages et des contrastes entre l'observateur extérieur dépité par les situations (Dan, et à travers lui, le téléspectateur) et les engrenages hors de contrôle d'évènements ou de réactions dans son entourage. Ne reniant jamais l'absurde de certaines chutes, s'amusant des véritables running gags que constituent certains comportements, la série installe un ton bien à elle, décalé et rythmé, très plaisant à suivre.
Le format suivi est en soi une expérience narrative avec du potentiel. La discontinuité, provoquée par le fait qu'on se retrouve, à chaque fois, parachuté dans une famille qui a continué à vivre pendant une année, n'est pas préjudiciable. Ce parti pris est d'ailleurs exploité pour renforcer l'impression d'assister à une suite d'instantanés qui ne requièrent aucune réelle introduction. Le temps d'exposition est volontairement réduit au minimum durant le pilote ; et la série se permet même de laisser l'imagination/déduction du téléspectateur remplir certains blancs non explicités. Pourtant, le portrait brouillon ainsi dressé nous parle immédiatement. A Moody Christmas a le mérite de savoir forcer les traits et embrasser la caricature, tout en demeurant proche, confusant familière malgré tous ces excès propres à la fiction. Les étiquettes sont spontanément apposées sans besoin de s'étendre : il y a le cousin trop bien sur lui qui rend vaguement jaloux, l'oncle excentrique, le père jamais satisfait, la soeur centre du monde, etc... autant de caractérisations sur lesquelles les dynamiques de la série vont ensuite facilement se construire.
Si A Moody Christmas nous raconte les journées de Noël du point de vue quelque peu en retrait et désabusé de Dan, happé malgré lui dans le chaos ambiant, elle n'en reste pas moins une vraie fiction chorale qui fonctionne avant tout par et grâce à son collectif. En effet, ce sont les scènes de groupe, comme les repas, lorsque chacun essaie de maintenir l'illusion d'un ordonnancement policé qui s'effrite soudain, qui sont les plus savoureuses. A contrario, dès que la série essaie de creuser un peu plus l'histoire personnelle de Dan, tel son flirt avec l'amie de son cousin, elle sonne plus convenue et calibrée. Ce qui fait l'attrait de A Moody Christmas est la photographie familiale d'ensemble dépeinte, dotée de cet équilibre étrange, riche en paradoxes et tout simplement humain. On pardonne même aux scénaristes de donner l'impression de se laisser parfois dépasser par la vitalité de leur oeuvre : ce relatif manque de maîtrise a presque un parfum d'authenticité.
Sur la forme, on retiendra surtout une photographie aux couleurs claires, représentant bien l'ambiance ensoleillée, quasi-caniculaire, qui accompagne Noël dans l'hémisphère sud. A Moody Christmas a donc une atmosphère toute Australienne ; et c'est d'ailleurs sans doute la première chose que retient un téléspectateur européen qui visualise plutôt des fêtes de fin d'année que l'on passe en regardant tomber un épais manteau blanc de neige, plutôt qu'en discutant de la nécessité de construire une piscine pour rafraîchir dans la perspective de l'an prochain. Pour le reste, peu de particularité si ce n'est une volonté de proposer une réalisation proche de ses protagonistes.
Côté casting, A Moody Christmas présente un ensemble correct. La série parvient bien à opposer et à marquer le contraste attendu entre la rationalité distante et posée de Ian Meadows, point d'ancrage du téléspectateur et interprète de Dan, et les caractéristiques vaguement excentriques ou vite exaspérantes pour le mieux de son entourage familial. Compose notamment ce dernier, Patrick Brammall, Danny Adcock, Tina Bursill, Darren Gilshenan ou encore Rachel Gordon. La petite amie de son cousin à laquelle Dan n'est pas insensible est, elle, jouée par Jane Harber.
Bilan : Sorte de dramédie douce-amère, excentrique dans son versant comédie, plus désabusée lorsqu'elle touche à des thèmes de la vie du quotidien, A Moody Christmas s'annonce comme une suite de six instantanés aussi chaotiques que colorés pour nous faire vivre Noël dans la famille Moody. Avec un personnage central, repère stable et rationnel auprès duquel on s'investit facilement, la série croque toute une suite de portraits et de situations qui sonnent à la fois familières et improbables/inadéquates. Sans rechercher le rire à tout prix, elle trouve le juste équilibre et la nuance qu'il convient dans sa tonalité pour s'assurer de la fidélité du téléspectateur. Reste aux scénaristes à maîtriser un peu mieux le chaos ambiant qu'ils génèrent. A surveiller.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la série :
13:56 Publié dans (Séries Océanie) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : australie, abc1, a moody christmas, ian meadows, patrick brammall, jane harber, danny adcock, tina bursill, rachel gordon, phil lloyd, robina beard, darren gilshenan, guy edmonds | Facebook |
09/11/2012
(Mini-série UK) A very British coup : thriller de politique-fiction pessimiste à la fois glaçant et prenant
Ce mercredi soir (7 novembre 2012) commençait sur Channel 4, en Angleterre, Secret State, une mini-série s'inscrivant dans le registre prisé du thriller politique - les chaînes anglaises surfant depuis une décennie dans la voie ouverte par State of Play. Même si la lecture du synopsis semble de prime abord assez différent, il faut préciser qu'elle s'inspire d'un roman écrit au début des années 80 par un politique anglais, Chris Mullin, A very British coup. Cet ouvrage, relatant les destinées troublées d'un gouvernement travailliste et publié dans l'Angleterre Thatcherienne d'alors, a déjà donné lieu à une première adaptation qui figure parmi les quelques oeuvres clés de politique-fiction typiquement britanniques incontournables (que j'avais déjà évoquée dans mon dossier sur les séries & la politique en avril dernier).
Diffusée en 1988, également sur Channel 4, A very British coup comporte trois épisodes et est scénarisée par Alan Plater. Oeuvre pessimiste sur la réalité de la démocratie, elle a marqué son époque, mais se visionne encore très bien aujourd'hui. L'aura dont elle jouit toujours (les BAFTA et Emmy qu'elle a remportés y contribuant également) n'est pas usurpée. Avant de jeter un oeil au nouvel essai qu'est Secret State, permettez-moi donc de profiter de l'occasion pour revenir sur cet essai glaçant de politique-fiction qu'est A very British coup.
Les élections législatives du printemps 1989 sont remportées par le Parti Travailliste. Son leader, Harry Perkins, un homme issu d'un milieu populaire, représente les vues de l'aile gauche du parti. Parmi les mesures phares du programme qu'il entend mettre en oeuvre, figurent notamment la fin des monopoles dans les médias - et notamment la presse - de grands groupes capitalistes, l'organisation d'un désarmement nucléaire unilatéral ou encore la fermeture des bases militaires américaines existant sur le sol britannique. Il entend conduire sa politique avec une communication très ouverte, où le principe est de dire la vérité.
L'arrivée d'un tel gouvernement socialiste n'est évidemment pas du goût de l'establishment britannique, d'autant que Harry Perkins semble être un homme de conviction, droit dans ses bottes, qui n'est pas influençable. Rapprochés par des intérêts convergents, différents acteurs de l'ombre entrent alors en action dans les coulisses du pouvoir réel pour faire chuter ce Premier Ministre encombrant. Parmi ces opposants au sein desquels on retrouve aussi bien des magnats de la presse que des agents américains dont le pays s'inquiète pour ses intérêts en Europe, le directeur du MI5 s'impose comme une figure dominante du fait des ressources dont il dispose. Aristocrate représentant tout ce que Perkins souhaiterait changer dans la société, Sir Percy Browne se révèle être un adversaire dangereux. Tandis que dans le même temps le Premier Ministre ne peut guère compter que sur une poignée de fidèles pour tenter de mener à bien ses projets...
Regarder A very British coup aujourd'hui, c'est tout d'abord constater que si le propos de la mini-série n'a rien perdu de sa force, l'ensemble demeure représentatif d'une époque particulière, celle des années 80. Elle décrit l'arrivée au pouvoir de l'aile la plus à gauche du parti travailliste, avec un programme de campagne suscitant la peur du capital et provoquant une panique boursière. De même, les enjeux géopolitiques envisagés sont ceux d'une période où la guerre froide n'est pas encore achevée et où l'URSS existe encore. Les thèmes ici envisagés, telles la dénucléarisation ou la fin de la "special relationship" avec les Etats-Unis, ont des enjeux particuliers. De plus, l'histoire a été écrite et publiée - et la série diffusée - dans l'Angleterre conservatrice de Margaret Thatcher. Sa réception par le public de la fin des années 80 ne peut donc pleinement s'apprécier et se comprendre sans se replacer dans ce contexte global.
Pourtant, cette nécessaire recontextualisation n'amoindrit en rien le propos de A very British coup. Si une oeuvre comme House of Cards, quelques années plus tard, transposera magnifiquement à l'écran tout le cynisme et le machiavélisme de la lutte pour le pouvoir, il souffle sur cette mini-série un pessimisme ambiant plus marquant car il touche à l'essence même du régime démocratique. En montrant la réaction des élites et leur organisation contre celui qui a remporté les élections, le récit oppose à la volonté du peuple celle d'un pouvoir de l'ombre. La capacité d'action du politique se trouve ici activement réduite par ceux que l'attaché de presse de Perkins appelle lui-même les "real masters" du pays. En dressant le portrait d'une véritable oligarchie, avec un establishment prêt à tout pour protéger ses intérêts et tirant les ficelles en marge des élections, loin du regard des gouvernés, A very British coup trouve un écho qui parle toujours au téléspectateur de 2012, alors que les questions du poids du monde financier, de certaines instances ou de l'abandon de souveraineté n'ont pas quitté l'actualité.
Par ailleurs, A very British coup reste une fiction à la construction très efficace. Véritable thriller politique mettant en scène une partie d'échecs létale au sommet de l'Etat, la mini-série propose trois épisodes exécutés sans le moindre temps mort, où la lutte entre chaque camp ne cesse de s'intensifier. Perkins a beau se présenter devant les caméras comme un homme simple issu du peuple, il est d'une lucité à toute épreuve. Son expérience lui permet de parfaitement comprendre la réalité des rapports de force à l'oeuvre, identifiant les rouages en train de s'activer pour précipiter son échec. Ses adversaires sont coriaces, et leurs ressources, multiples, rendent le combat - on le devine d'emblée - trop inégal. Mais ce Premier Ministre, stratège qui lutte pour ses idées et qui reste un homme intègre n'entendant pas se compromettre pour le pouvoir, implique vraiment le téléspectateur à ses côtés. Ses confrontations avec le chef du MI5 sont d'une intensité bluffante, et sa faculté à retourner des situations semblant sans issue force le respect. Si on peut peut-être reprocher à certains passages de prendre quelques raccourcis, l'ensemble s'agence vraiment de manière glaçante.
Sur la forme, A very British coup a logiquement vieilli visuellement, sans que la mise en scène datée n'affecte en rien la portée d'une histoire qui repose sur la finesse et le côté percutant des dialogues. Surtout, il faut relever que la mini-série bénéficie d'une bande-son extrêmement riche, rythmée et envahissante à la manière d'une musique de campagne électorale. Elle s'avère toujours très efficace pour accompagner le récit.
Enfin A very British coup n'aurait sans doute pas eu un tel impact sans son casting extrêmement solide et convaincant. Il faut commencer par rendre hommage à Ray McAnally (A Perfect Spy) dont la performance en Harry Perkins est magistrale : il sait allier avec beaucoup de justesse et de subtilité la bonhomie apparente de l'homme politique et la finesse et la précision du stratège qui s'efforce de mener à bien ses projets, le tout en ayant une présence marquante à l'écran. Face à lui, Alan MacNaughton dirige les hostilités avec un flegme inébranlable et une main de maître (ce qui ne surprendra pas la téléspectatrice que je suis qui a tant savouré la manière dont il incarnait Sir Wellingham dans The Sandbaggers). Autour d'eux, on retrouve notamment Keith Allen, Geoffrey Beevers, Marjorie Yates, Jim Carter, Philip Madoc, Jeremy Young, Tim McInnerny ou encore Shane Rimmer.
Bilan : Exercice de politique-fiction très pessimiste sur la réalité et la nature du régime démocratique et des rapports de force qui s'y jouent en coulisse, A very British coup est une oeuvre de son époque, mais aussi une histoire qui trouve toujours un écho particulier de nos jours. Thriller bien construit mettant en scène un véritable coup d'Etat fomenté dans les coulisses feutrées des élites, loin du regard des gouvernés, cette mini-série n'a rien perdu de son efficacité, et les questionnements soulevés restent glaçants. Parmi les libertés prises avec le livre d'origine, il faut noter sa conclusion qui suggère de manière très amère l'échec de tous les protagonistes : la défaite de Perkins, comme celle du maintien de l'illusion démocratique.
En résumé, A very British coup est une oeuvre politique dont je recommande (encore aujourd'hui) le visionnage. Pour les curieux, elle existe en DVD en Angleterre (malheureusement sans piste de sous-titres, à réserver donc aux anglophones).
NOTE : 8/10
19:11 Publié dans (Mini-séries UK), (Oldies - 50s-80s) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : a very british coup, channel 4, chris mullin, alan plater, ray mcanally, alan macnaughton, keith allen, geoffrey beevers, marjorie yates, jim carter, philip madoc, jeremy young, tim mcinnerny, shane rimmer, roger brierley, bernard kay, oscar quitak, oliver ford davies, david mckail, kika markham, andy croft | Facebook |
07/11/2012
(K-Drama / SP) Re-Memory : en quête d'une reconstruction
Après trois semaines consécutives passées au Japon, remettons le cap en Corée du Sud. En attendant quelques dramas nouveaux lancés au cours du mois, j'ai poursuivi mon exploration de la saison actuelle des dramas special de KBS. On y trouve décidément des genres très différents, même si je constate souvent que le format court (un peu plus d'une heure) sied sans doute plus à des human dramas - comme l'avait démontré The Temple (The Gate of Truth) en septembre - qu'à des fictions faisant des incursions dans le registre du thriller. Cependant, cette semaine, je me suis arrêtée cette semaine sur une fiction finalement assez intriguante : Re-Memory, scénarisée par Hwang Min Ah.
Lee Yeong In travaille dans une galerie d'art. Si elle a longtemps dessiné, elle a depuis abandonné ses rêves de peinture. En effet, suite à un traumatisme, elle souffre d'un trouble rare, la prosopagnosie, qui l'empêche d'être capable de reconnaître les visages de ceux qu'elle croise. Evoluant sans repère au sein de la société, elle ne peut identifier visuellement les gens qu'elle rencontre, ses connaissances mêmes restant à jamais des étrangers pour ses yeux. Un soir, à la galerie, elle est prise à partie par un homme, dont elle assiste au meurtre. Choquée, elle essaie tant bien que mal d'aider la police dans ses investigations. Le détective Kang Ji Hoon se préoccupe tout particulièrement de son sort, pour ses propres raisons...
Plus que dans l'enquête qu'elle met en scène, c'est en réalité dans un autre registre, celui de la fiction d'ambiance introspective que Re-Memory retient l'attention. L'histoire est en effet l'occasion d'apporter un éclairage sur l'héroïne, sur les frustrations engendrées par sa condition particulière, mais aussi, à terme, sur la reconstruction nécessaire qu'elle doit entreprendre pour réapprendre à vivre et se dépasser. Son incapacité à mémoriser les traits de ceux avec qui elle parle font de ce qui l'entoure un troublant monde inconnu, encore plus inquiétant qu'il ne l'est réellement car elle ne peut y établir aucun repère. En plus de la placer à part, rendant toute socialisation impossible, ce trouble l'empêche véritablement de vivre. La barrière qu'elle a établie avec l'extérieur la rend en fait comme prisonnière de sa propre condition. Et l'évènement relaté dans ce drama special met en lumière toutes les limites qui l'enserrent.
Cette exploration offerte autour du personnage central reste le principal attrait d'un drama special qui emprunte à différents autres registres familiers, ayant tendance à quelque peu se disperser au fil du récit, avec des enjeux assez mouvants : du simple policier d'enquête, on glisse ensuite vers l'idée de vengeance, en prenant même le temps d'une esquisse de relation qui s'établit entre l'héroïne et le policier. La brièveté du format oblige à rester succinct, parfois trop. Et sans doute le scénario ne fait pas preuve d'une maîtrise suffisante pour bien doser tous ces thèmes, laissant l'impression d'une superficialité d'ensemble sans vraiment être en mesure de s'approprier et d'exploiter toutes les idées. De plus, si l'ensemble reste intriguant et si la plupart des twists fonctionnent, il manque aussi une réelle tension à l'ensemble qui aurait permis à Re-Memory de s'épanouir dans un suspense que son histoire méritait. Une meilleure direction de l'histoire et hiérarchisation aurait sans doute donné un résultat plus abouti, et donc satisfaisant.
Sur la forme, si la réalisation donne une image qui apparaît un peu datée, un peu trop en retrait et posée peut-être. Cependant l'introduction est assez réussie grâce au choix de placer la caméra du point de vue de l'héroïne tandis qu'elle doit affonter le monde avec sa condition si frustrante : certaines scènes, surtout au début, ont quelque chose d'oppressant teinté de paranoïa - quand les visages apparaissent non reconnaissables y compris au téléspectateur qui assiste aux scènes du point de vue de Yeong In. Si le drama special n'aura pas vraiment exploré plus avant cette voie, il y avait là quelques idées intéressantes. Quant au casting, l'interprétation froide et toute en retenue de Cha Soo Yeon convient très bien à son rôle, jeune femme presque inaccessible à l'extérieur, qui s'efforce de malgré tout poursuivre sa vie. Face à elle, Kim Tae Hoon interprète le policier qui prend son affaire très à coeur et se rapproche d'elle pour des raisons qui lui sont propres. On retrouve également Kim Gyoo Cheol, Choi Moo In, Lee Mi So ou encore Nam Dong Jin.
Bilan : Si Re-Memory aurait gagné à mieux identifier et hiérarchiser ses enjeux dès le départ, ce drama special reste une fiction expérimentale intéressante par sa volonté de dépasser la simple enquête policière, pour proposer une approche plus intime et psychologique d'une figure principale qui doit se reconstruire. Restant un peu trop superficiel dans sa façon de traiter ses thèmes pour pleinement satisfaire et manquant d'une tension qui aurait été bienvenue, l'ensemble laisse quelques regrets, mais reste cependant intriguant.
NOTE : 6,25/10
La bande-annonce du drama :
17:46 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : k-drama, kbs drama special, kbs, re-memory, cha soo yeon, kim tae hoon, kim gyoo cheol, choi moo in, lee mi so, nam dong jin | Facebook |