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06/03/2013

(J-Drama / SP) Saikai : enquête criminelle sur fond de secrets et drames passés

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Après quelques semaines passées en Corée du Sud, retour au Japon en ce mercredi asiatique ! La saison hivernale y est bien avancée, et déjà le printemps s'annonce. Mais avant d'évoquer quelques nouveautés diffusées depuis le début de l'année sur les chaînes japonaises, aujourd'hui, je vous propose de revenir un peu en arrière, avec un tanpatsu datant de la fin de l'année dernière (dont les sous-titres anglais viennent de sortir).

Saikai (Reunion) a été diffusé sur Fuji TV le samedi 8 décembre 2012, avec une audience sans doute en deça des attentes (9,3%) au vu de son casting. Cependant son synopsis, promettant plusieurs mystères dans lesquels le poids du passé, mais aussi des enjeux d'amitié, se trouvaient placés au coeur du récit, m'avait intriguée. D'une durée de 2h05, ce tanpatsu aura tenu ses promesses, gérant plutôt bien une intrigue à tiroirs qui retient l'attention du téléspectateur tout au long du récit.

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La vie des quatre personnages principaux de Sakai (Tobina Junichi, Iwamoto Makiko, Kiyohara Keisuke et Sakuma Naoto) a basculé il y a 27 ans. Ils étaient alors âgés de 12 ans, amis réunis par une passion partagée pour le kendo. Un jour qu'ils coupaient par la forêt à la sortie de l'école, ils furent stoppés nets par des coups de feu qui retentirent. Sous le choc, ils découvrirent un peu plus loin dans les bois deux cadavres : un braqueur qui venait de commettre un vol en ville et, surtout, le père de Keisuke, un officier de police. La blessure qu'il portait à la tempe suggéra aux autorités qu'il s'agissait d'un suicide. L'hypothèse admise fut la suivante : il aurait d'abord tué le voleur, son complice, pour garder le butin, puis, découvert par ces enfants, il aurait, de culpabilité et de honte, mis fin à ses jours.

Avant l'arrivée de la police, Keisuke et ses amis récupérèrent cependant l'arme du crime se trouvant sur les lieux. Ils l'enfouirent, avec d'autres possessions de leur enfance, en se jurant de garder à jamais le secret. Mais leur vie ne sera plus jamais la même. Vingt-sept ans plus tard, chacun a grandi en essayant de laisser derrière soi ces souvenirs. Keisuke et Makiko ont eu un enfant ensemble, avant de finalement se séparer. Naoto est resté sur place dans l'ombre d'un inquiétant grand frère. Quant à Junichi, il a coupé les ponts avec tout le monde. Devenu officier de police, il est transféré en ville au début du tanpatsu, retournant dans une ville qu'il souhaiterait laisser derrière lui.

Mais un meurtre a lieu, conduisant à l'hésitante réunion des quatre anciens amis. L'affaire va faire resurgir de multiples blessures du passé et des secrets mal enfouis, tout en faisant d'eux de - légitimes - suspects potentiels.

saikaib.jpg Saikai, c'est tout d'abord un mystère bien construit, avec une intrigue à tiroirs qui, à chaque révélation ou complément d'informations, apparaît sous un nouveau jour et gagne en complexité. Sur 2 heures, le récit est solidement mené : les enjeux évoluent de manière intéressante, ne se limitant pas à une simple question de découverte d'un coupable. L'histoire se révèle riche, et elle ne cesse de se densifier par le poids des tragédies et blessures passées que les évènements présents ramènent à la surface. La construction de la narration apparaît fluide et sans temps mort, permettant d'exploiter toutes les facettes du concept de départ. Si l'orientation du récit se devine assez aisément bien avant que certaines révélations n'aient lieu, le tanpatsu suit une cohérence et une logique d'ensemble appréciables, conservant nombre d'interrogations qui retiennent la curiosité du téléspectateur.

Il est d'autant plus aisé de s'investir dans Sakai que ce drama ne saurait se réduire à la seule résolution de ces mystères : il met aussi en scène des personnages auprès desquels il sait nous impliquer. Tous les protagonistes sont des figures écorchées par leur passé, plus ou moins brisées et marquées par différents secrets, intimes, qu'ils ont chacun gardés pour eux. Quels faits d'alors déterminent leurs réactions présentes et les choix qu'ils font aujourd'hui ? Les causes de la détresse de certains, de la solitude recherchée par d'autres, ou encore d'excès de violence, intriguent tout autant que l'énigme représentée par le meurtre commis de nos jours. L'heure est venue pour eux de se confronter avec des évènements et des souvenirs qu'ils ont tous fuis à des degrés divers. Par-delà son enquête, Sakai va donc surtout avoir le mérite de proposer un récit très humain et personnel où chacun va devoir essayer de faire la paix avec son passé et avec lui-même, au risque sinon de se perdre définitivement.

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Sur la forme, Saikai est un tanpatsu soigné. Sa réalisation est solide, avec certains effets plutôt bien inspirés - notamment l'ambiance qu'il parvient à recréer lors des flashbacks sur ce qu'il s'est passé 27 ans plus tôt dans la forêt. Quant à la bande-son, elle se compose d'une musique uniquement instrumentale, avec plusieurs thèmes récurrents en arrière-plan, qui reste dans l'ensemble bien dosée.

Côté casting, Saikai rassemble un certain nombre de têtes familières et valeurs sûres du petit écran japonais. Leurs interprétations sont globalement convaincantes. Le rôle Junichi est confié à Eguchi Yosuke (Iki mo Dekinai Natsu), tandis que ses trois amis sont respectivement interprétés par Tokiwa Takako (Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei, Hitori Shizuka), Tsutsumi Shinichi (Koi ni Ochitara) et Kagawa Teruyuki (Diplomat Kuroda Kousaku, Nankyoku Tairiku). A leurs côtés, on retrouve notamment Nagasawa Masami, Kitamura Yukiya, Jinbo Satoshi, Kato Seishiro, Aizawa Sayo, Sugimoto Tetta ou encore Kitamura Soichiro.

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Bilan : Bénéficiant d'une intrigue dont les enjeux se renouvellent et se complexifient au fil du récit, Sakai délivre une enquête criminelle dans l'ensemble solide, qui se démarque grâce à ses accents très personnels. Avec des protagonistes marqués par leur passé, se mêle aux énigmes policières le récit de plusieurs drames humains. Si sa durée brève ne lui aura pas permis d'explorer autant que son concept le lui permettait tous les rapports et l'amitié qui sous-tend le groupe, ce tanpatsu a indéniablement rempli son contrat, avec un mélange des genres qui retient l'attention de bout en bout.


NOTE : 7,25/10

23/01/2013

(J-Drama) Bunshin : un double portrait intime sur fond de mystère et de quête identitaire

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Les nouveautés, tant japonaises que sud-coréennes (et peut-être au-delà), commencent à s'accumuler, et il va sans doute falloir s'y pencher un peu plus sérieusement la semaine prochaine. Mais en ce mercredi asiatique, terminons tout d'abord ce cycle de rattrapage "WOWOW 2012" (après Double Face et Hitori Shizuka) initié en ce début d'année, avec un ultime drama qui figurait sur ma liste à découvrir : Bunshin. Notez cependant dès à présent que j'attends aussi avec impatience que Tsumi to Batsu soit entièrement sous-titré, donc ce cycle ne s'achève pas aujourd'hui !

Bunshin est un renzoku qui a été diffusé sur WOWOW du 12 février au 11 mars 2012. Il a en fait pris la suite du marquant Shokuzai. Composé de cinq épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun, il s'agit d'une adaptation d'un roman du même nom, écrit par Higashino Keigo dans les années 90. Un auteur qui vous parlera sans doute puisqu'on lui doit les sources d'inspiration de divers dramas comme Byakuyako, Galileo, Shinzanmono ou encore Shukumei dont je vous avais parlé l'an dernier. La transposition à l'écran a été confiée au scénariste Tanabe Mitsuru, et la réalisation à Nagata Koto. Drame intimiste et introspectif, Bunshin est une série qui traite d'une thématique personnelle et familiale qui renvoie, au fil du récit, à d'autres problématiques actuelles, notamment scientifiques. Si elle a certaines limites, elle se visionne pourtant sans déplaisir.

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Bunshin suit les destins croisés de deux jeunes femmes qui n'auraient normalement rien dû avoir en commun, et ne se seraient sans doute jamais rencontrées si elles n'avaient pas été... identiques physiquement.

Depuis son enfance, Mariko se questionne sur son identité. Elle est si différente de ses parents qu'elle se demande si elle n'a pas été adoptée. Ses doutes n'ont fait qu'augmenter face à la distance imposée par sa mère. Un incendie dans des circonstances troubles coûtera la vie à sa dernière, laissant Mariko se reconstruire aux côtés de son père et du reste de sa famille, et reléguant en arrière-plan ses soupçons. Devenue adulte, elle étudie à Hokkaido pour devenir assistante sociale. Mais elle retrouve un jour de vieux papiers ayant appartenu à sa mère qui réveillent de vieilles questions. Cette fois-ci, décidée à découvrir la vérité, elle part pour Tokyo.

C'est dans cette dernière ville que Futaba, une étudiante, rêve de gloire et d'une carrière de chanteuse à succès au sein de son groupe. A l'occasion d'une promotion télévisée d'un évènement sur le campus, elle est interviewée à la télévision, malgré les réticences exprimée par sa mère. L'apparition du visage de Futaba dans le petit écran ne laisse pas indifférent plusieurs téléspectateurs, qu'il s'agisse d'inconnus, mais aussi de ceux qui connaissent Mariko. Les deux femmes semblent en apparence en tout point semblables. Quel lien les unit ? Quels secrets cache leur naissance ?

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Alors que son synopsis aurait pu servir de base à un vrai récit à suspense, le parti pris du drama est tout autre : il s'agit avant tout d'une fiction personnelle et intimiste. Bunshin s'attache à mettre en scène la quête identitaire et existentielle de ses deux héroïnes. La série insiste donc sur les états d'âme de ses personnages, expose leurs doutes et leurs suspicions, et éclaire leurs réactions face aux épreuves que Mariko et Futaba ont dû ou devront traverser à cause du mystère entourant leur naissance. Si le drama conserve toujours une cohérence et une justesse appréciables dans les portraits proposés, cette façon de privilégier la dimension humaine au détriment de la construction d'une éventuelle tension frustre quelque peu. En effet, même quand le danger semble se rapprocher, la narration reste toujours fidèle à une approche centrée sur le développement des personnages. Ce parti pris demeurera constant jusqu'à la fin de la série. De même, quand des problématiques d'éthique scientifique sont soulevées, le drama n'en retiendra que la manière dont Futaba et Mariko vont recevoir la nouvelle et assimiler la révélation de leurs origines.

Si le propos du drama est intéressant, le téléspectateur ne peut s'empêcher de penser que le matériel de départ offrait sans doute un potentiel plus important que l'approche minimaliste offerte par Bunshin. En fait, le drama a le parfum de ces fictions cohérentes et sérieuses, qui savent où elles vont, mais qui ne veulent pas trop en faire, refusant de s'éloigner du chemin bien balisé sur lequel elles évoluent. Il suit une structure bien huilée : ses trois premiers épisodes posent efficacement les enjeux, puis les deux dernières permettent à l'intrigue de s'accéler et nous conduisent vers une vraie résolution. Mais il lui manque l'étincelle qui lui aurait permis de se démarquer, une capacité à surprendre et à désarçonner le téléspectateur. Son rythme lent est peut-être ici en partie en cause. Le drama n'essaie pas de cultiver un suspense, dont le développement aurait pu être légitime. Prenant son temps, il introduit méthodiquement chaque nouvel élément du mystère : or, tandis que les déductions logiques sont faites assez facilement par le téléspectateur, les pièces du puzzle mettent un peu trop de temps à s'emboîter à l'écran. Reste que Bunshin remplit son contrat, soigne les détails de fin et délivre une histoire consistante. A défaut de parvenir à happer le téléspectateur dans son énigme, il retient l'attention de bout en bout grâce à l'évolution de son duo principal. Il laisse donc des regrets, mais n'en demeure pas moins très correct.

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Au-delà de ses limites sur le fond, un des atouts de Bunshin qui facilite son visionnage repose sur la forme. Sa réalisation est maîtrisée. Plus que le visuel opportunément sobre, c'est sa photographie soignée qui est très appréciable. Par ailleurs, la série bénéficie d'une intéressante bande-son, composée uniquement d'instrumentaux, qui accompagne vraiment bien la narration. La musique semble en effet toujours s'accorder avec le récit, retentissant au bon moment ou pour apporter la bonne transition. L'ensemble renvoit donc l'impression d'une oeuvre aboutie.

Enfin, côté casting, Bunshin repose logiquement sur les épaules de Nagasawa Masami (Dragon Zakura, Proposal Daisakusen, GOLD, Koukou Nyushi) qui interprète donc, non pas un rôle, mais les deux rôles principaux. Devoir jouer deux personnages différents au cours d'une même fiction est un sacré défi en soi, a fortiori lorsque Mariko et Futaba sont réunies dans une même pièce. Et Nagasawa Masami n'est pas la plus expressive des actrices... Mais elle s'en sort assez correctement, capable quand il le faut de souligner les traits distincts de chacun de ses rôles. A ses côtés, on retrouve quelques figures familières du petit écran japonais, comme Katsuji Ryo (Tokyo DOGS, Mioka, Rebound), Usada Asami (Tokyo DOGS, Control ~ Hanzai Shinri Sousa, Kurumi no Heya), Suzuki Sawa (Chojin Utada, Aibou, Hungry!), Sano Shiro (Vampire Host, Marks no Yama), Tezuka Satomi (Strawberry Night, Shukumei) ou encore Ibu Masato (Last Money ~Ai no Nedan~, Tsumi to Batsu).

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Bilan : D'allure calibrée et classique, Bunshin est un drama intéressant par l'exploration qu'il propose de ses deux personnages principaux, confrontés à la question de leurs origines et entraînés dans une véritable quête existentielle. Adoptant un rythme plutôt lent, il privilégie avant tout l'humain, anesthésiant par conséquent volontairement un registre à suspense auquel la fiction aurait pu légitimement prétendre. Sérieux dans ses développements, il lui manque la tension et l'ambition qui lui auraient permis d'exploiter pleinement toutes les facettes d'un concept au potentiel certain. Reste que Bunshin s'en sort très honorablement à condition de le regarder pour ce qu'il est : un double portrait croisé, personnel et intime. C'est peut-être un peu frustrant par rapport à l'idée de départ, mais ce n'est déjà pas si mal, car il se visionne sans déplaisir.


NOTE : 7/10

16/01/2013

(J-Drama) Hitori Shizuka : un intriguant et fascinant drama

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Je poursuis mes rattrapages de séries de la saison automnale au Japon, alors même que les premiers épisodes des j-dramas de l'hiver 201 3 nous parviennent déjà et qu'il sera bientôt temps de s'y pencher. Après Double Face mercredi dernier, je ne change pas de chaîne et reste sur WOWOW (avouons que si elle n'existait pas, ma consommation de séries japonaises serait bien moindre !) pour cette fois-ci revenir sur un autre des dramas prenants de la saison dernière, Hitori Shizuka.

Adaptation d'un roman du même titre de Honda Tetsuya, il s'agit d'un renzoku comptant 6 épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun. Il a été diffusé les dimanche soirs du 21 octobre au 25 novembre 2012. Bénéficiant d'une écriture solide, c'est une fiction extrêmement intriguante et mystérieuse qui aura subtilement et habilement exploité une histoire qu'il n'était pourtant pas si facile que cela de transposer à l'écran.

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Il est difficile de proposer un résumé de ce drama sans gâcher la saveur qu'acquiert progressivement cet enchaînement d'histoires qui, peu à peu, apparaissent de plus en plus liées les unes aux autres. Hitori Shizuka relate en effet successivement, au fil de ses différents épisodes, plusieurs meurtres, en apparence sans connexion entre eux. Mais derrière lesquels se cache une seule présence, celle d'une jeune portée disparue, Ito Shizuka, belle-fille d'un haut gradé de la police. Ce sont les actions, la vie et les motivations mystérieuses de cette fille que ce drama va entreprendre de nous raconter.

Le premier épisode s'ouvre en 1996. Un gangster est alors abattu dans un appartement d'un quartier résidentiel. Règlement de comptes, vengeance, les mobiles possibles ne manquent pas étant donné la victime... Un des officiers patrouilleurs, Kizaki, arrivé parmi les premiers sur les lieux, est adjoint à l'équipe menant l'enquête. Il s'interroge sur la non-prise en compte d'un rapport d'autopsie et les non-dits de son supérieur qui en sait peut-être plus qu'il ne veut bien le dire. Un suspect est cependant arrêté. Or il affirme que la victime n'était pas seule dans l'appartement et qu'une jeune fille, en tenue de lycéenne, s'y trouvait également.

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Hitori Shizuka est tout d'abord un drama qui marque par la construction maîtrisée de son histoire, laquelle acquiert peu à peu toute son ampleur. Il se dégage de l'ensemble une solidité et une cohérence jamais prises en défaut. La première partie de la série est avant tout très intriguante, aiguisant la curiosité du téléspectateur devant le mystère, pour l'instant seulement effleuré, que représente Ito Shizuka et toutes les questions que suscitent les actes qu'elle commet ou provoque. Se réappropriant avec une efficacité redoutable les codes classiques des fictions policières, les premiers épisodes ont l'apparence d'enquêtes déconnectées entre elles, derrière lesquelles plane l'ombre inquiétante et déroutante de la jeune femme. La série se révèle extrêmement convaincante dans sa manière de capturer, avec beaucoup de rigueur, le fonctionnement des unités d'investigation au sein de la police japonaise. Capable d'introduire à chaque fois de nouveaux protagonistes policiers avec une aisance qu'il faut saluer, l'approche narrative est ambitieuse : c'est d'abord d'un point de vue extérieur, et de manière incidente, que la série amène le téléspectateur à s'interroger sur Ito Shizuka.

Puis, un recentrage s'opère progressivement sur la jeune femme : de façon particulièrement glaçante, est alors véritablement mise en lumière la dangerosité machiavélique dont elle est capable de faire preuve. Ce personnage inclassable fascine d'autant plus que l'écriture, habilement, fait le choix de ne jamais trop en dire. Le drama fait toujours preuve de beaucoup de retenu, disséminant les indices et les informations, mais évitant tout long discours explicatif ou autres scènes de pure exposition. Le scénariste suggère, mais fait confiance au téléspectateur pour déduire et apprécier les situations comme il se doit. Tout en se montrant parfois très forte et dense, la narration adopte un style presque minimaliste, où prévaut une grande sobriété. Il s'agit d'un des grands atouts du drama, même si cela sera aussi source d'un léger flottement lors de sa conclusion : cette dernière se voit en effet précédée d'un saut temporel de plus d'une décennie qui nous ramène dans le présent, sans qu'aucune indication ne soit donnée à l'écran. Il faut quelques minutes au téléspectateur pour retrouver ses marques et comprendre qui et à quelle époque sont les protagonistes mis en scène. Il est possible que le roman soit ici en cause, le texte d'origine ayant peut-être voulu entretenir un temps la confusion. Reste que la chute de la série n'en demeure pas moins d'une logique et d'une légitimité parfaites par rapport à la tonalité de l'histoire, refermant parfaitement la boucle de vie qui aura été relatée.

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La sobriété bien huilée de Hitori Shizuka se retrouve sur la forme. Sa réalisation est globalement soignée et maîtrisée, accompagnée d'une bande-son uniquement composée de thèmes musicaux instrumentaux qui est opportunément choisie et qui accompagne très bien le récit. Si, comme je l'ai dit, la gestion des sauts temporels aurait mérité d'être un peu plus soulignée (juste indiquer l'année à l'écran !), je retiendrais surtout de ce drama sa mise en scène des fusillades. Il faut dire que ces dernières semblent tout d'abord vouloir poser une vérité : personne ne sait manifestement tirer au pistolet quand il s'agit d'abattre froidement quelqu'un ! Surtout, elles traduisent une certaine surenchère avec un sur-jeu qui décontenance, au point que la première scène du drama déstabilise vraiment. Ce n'est que lorsqu'est venue la grande fusillade de l'épisode 4 que j'ai véritablement compris ce que le réalisateur essayait de faire. Car si la première prend trop au dépourvu pour fonctionner, la seconde d'une ampleur toute autre est assez jubilatoire par la distance qu'elle introduit.

Enfin Hitori Shizuka bénéficie d'un solide casting choral, puisque nombre d'acteurs occupent le devant de la scène le temps d'un épisode seulement. Le rôle d'Ito Shikuza est confié à Kaho (Diplomat Kuroda Kousaku), autour de laquelle tout le récit tourne, mais qui n'a cependant pas une présence aussi importante que l'affiche du drama aurait pu le laisser supposer. Interprétant un personnage froid, peu expressif, ou se contentant de préserver sobrement les apparences, l'actrice s'en sort très bien dans ce registre. Autour d'elle, vont graviter plusieurs têtes plus ou moins familières du petit écran japonais, tel Murakami Jun, Arai Hirofumi (Shokuzai, Going my Home), Nagatsuka Keishi, Takahashi Issei, Matsushige Yutaka (Shinya Shokudou, Unmei no Hito, Kodoku no Gurume) (que j'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir !), Tokiwa Takako (Tenchijin), Takito Kenichi, Nukumizu Yoichi (BOSS), Ikeda Narushi, Kurosawa Asuka, Nikado Satoshi, Midori Mako ou encore Kishibe Ittoku.

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Bilan : Tour à tour mystérieux, puis inquiétant, voire glaçant, Hitori Shizuka est un intriguant drama dont l'histoire se déploit peu à peu pour se révéler extrêmement solide. Sa construction, avec une progressive mise en pleine lumière de la jeune femme et ses secrets, est très bien gérée. Le style d'écriture retient l'attention en raison de l'assurance avec laquelle le drama choisit de faire confiance au téléspectateur pour déduire certains faits, comprendre les silences et les liens à opérer, évitant les passages d'exposition et les longs discours pesants qui peuplent trop souvent ce genre de fiction. En résumé, Hitori Shizuka est un drama habile, subtile, qui relate de façon ordinaire une histoire qui ne l'est pas, chargée de non-dits dans lesquels se trouve toute sa force. Seule la mise en scène de la conclusion suscitera quelques réserves, mais qui ne remettent pas en cause les qualités de l'ensemble. A voir.


NOTE : 8/10

09/01/2013

(J-Drama) Double Face : un Infernal affairs japonais

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Restons au Japon en ce deuxième mercredi asiatique de l'année, pour revenir sur une mini-série diffusée à l'automne dernier que je m'étais promise de vite rattraper. Composée de deux parties d'1h30 chacune, Double Face présente tout d'abord une particularité dans sa conception : il s'agit d'une collaboration entre deux chaînes différentes, TBS et la câblée WOWOW. TBS a diffusé la première partie, intitulée Double Face - Sennyu Sosa-hen le 15 octobre 2012. Puis, le 27 octobre, la seconde et dernière partie, Double Face - Giso Keisatsu-hen, a été proposée sur WOWOW. C'est pour le moins inhabituel de voir ainsi deux chaînes collaborer de cette manière complémentaire.

Le résultat intriguait d'autant plus que Double Face est le remake du célèbre film de Hong Kong (qui a donné toute une trilogie, Infernal Affairs). Succès de 2002, il a déjà fait l'objet d'un remake américain au cinéma, The Departed (Les Infiltrés). Le Japon a donc proposé à son tour une version, télévisée cette fois, de l'histoire d'origine. L'ayant en DVD, j'ai hésité à réactiver mes souvenirs en revoyant Infernal Affairs avant de me plonger dans ce drama, mais c'est finalement seulement avec une mémoire floue et ma bonne impression générale que je me suis lancée dans Double Face. Je n'ai pas regretté l'expérience, car il s'agit là d'un drama special très solide.

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Double Face met en scène les destins croisés de deux hommes infiltrés chacun dans des camps opposés qu'ils sont censés, soit contribuer à détruire, soit rendre inoffensif. Ainsi Miriya Jun est un policier qui, depuis 6 ans, évolue en couverture auprès d'un groupe criminel local, l'Oda-gumi. La mission aurait dû se terminer il y a déjà plusieurs années, mais son supérieur hiérarchique, le seul qui connaît et peut prouver sa véritable identité, le presse de poursuivre la tâche jusqu'à ce que le boss du gang, Oda Hironari, soit inculpé. L'idéal serait une arrestation en flagrant délit lors d'un échange de marchandises, permettant de lier le criminel au trafic de drogue qu'il organise.

Mais les plans de la police sont fragilisés par le fait qu'Oda Hironari semble toujours particulièrement bien informé des opérations menées contre lui. En effet, il a envoyé un de ses propres hommes en couverture : Takayama Ryosuke. L'ayant connu adolescent, il a financé ses études et l'a encouragé à entrer dans la police pour lui servir d'informateur. Au sein des forces de l'ordre, la carrière de Ryosuke décolle pourtant rapidement, car il apparaît comme un officier de confiance et surtout très efficace. Au point de se voir chargé de débusquer la taupe opérant au sein de la police...

Arrive un moment où les mensonges permanents et le stress de l'infiltration commencent à lourdement affecter Miriya Jun et Takayama Ryosuke. Chacun s'interroge sur ce qu'il est devenu : existe-t-il encore une porte de sortie pour eux ?

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Double Face exploite efficacement les recettes classiques des fictions policières et de gangsters, tout en y intégrant une dualité intriguante et ambivalente liée à la double infiltration relatée. Si elle reste proche de l'original (d'après les souvenirs flous qu'il m'en reste), elle sait bien exploiter et se réapproprier le matériel de base. Chaque épisode met ainsi l'accent spécifiquement sur un des deux infiltrés, d'abord le policier, puis le yakuza, sans que l'homogénéité d'ensemble du récit n'en souffre. Par rapport à la durée du film original, ce sont 3 heures de fiction que le drama propose. Cela lui permet de développer plus avant certains éléments, en se reposant sur un construction narrative cohérente et solide, rondement menée jusqu'à son terme. Si elle s'offre des incursions dans le registre du thriller, avec plusieurs scènes très tendues ou marquées par d'explosion de violence, la fiction manque ici un peu d'éclat. Cependant ces limites sont compensées par un développement psychologique des personnages qui retient tout autant l'attention du téléspectateur.

Double Face prend en effet le temps de s'intéresser à ces deux personnages principaux, pressurés de part et d'autre. La mini-série insiste sur le thème de la perte d'identité, mettant en exergue les doutes, et plus généralement la solitude qui assaille les deux infiltrés. Sont particulièrement bien mises en scène les difficultés quotidiennes de l'exercice de double jeu auquel ils sont astreints et des mensonges qui finissent par troubler leurs repères. Figures ambivalentes par nature, ils ne sont pas moins humanisés : le drama éclaire leurs aspirations au changement, qu'il s'agisse d'un retour à une vie plus stable en fondant une famille pour le policier sous couverture, ou d'une émancipation de celui à qui il doit tout pour le yakuza. Après avoir vécu la vie d'un autre, instrumentalisés et sur-utilisés, chacun souhaiterait enfin vivre sa propre vie. Mais l'engrenage dans lequel ils évoluent n'offre pas d'issues satisfaisantes, et jusqu'au bout, la fiction sera cohérente avec elle-même, avec ses ambiguïtés, et avec le milieu mis en scène.

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Sur la forme, Double Face bénéficie d'une réalisation de bonne facture. Elle a en plus quelques vrais instants de grâce : Eiichiro Hasumi s'offre en effet plusieurs plans marquants et très inspirés, qu'il s'agisse de jouer sur la symbolique de certaines mises en scène ou sur la photographie et l'esthétique de divers passages, comme la scène de la première rencontre dans le passé entre Ryosuke et le boss yakuza (dont vous avez une screen-capture ci-dessous). La bande-son, sans prendre le pas sur le récit, parfois même très en retrait, l'accompagne cependant sobrement.

Enfin, côté casting, Double Face rassemble plusieurs têtes très familières du petit écran japonais. S'il manque peut-être une petite étincelle au duo principal, les deux acteurs, Nishijima Hidetoshi (Boku to Star no 99 Nichi, Strawberry Night), qui joue l'officier de police infiltré, et Kagawa Teruyuki (Nankyoku Tairiku, Ryomaden), font plus que correctement ce travail d'interprétation marqué par l'ambivalence et les dilemmes. C'est Kohinata Fumiyo (Ashita no Kita Yoshio, Marks no Yama, Jin) qui interprète efficacement le chef yakuza dont la chute représente l'enjeu de tout le drama. A noter que l'on retrouve également Wakui Emi (Bitter Sugar), Ito Atsushi (Densha Otoko) et Kadono Takuzo (Engine).

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Bilan : Double Face est un drama special solide qui entremêle les codes des fictions policières et celles de gangsters en s'intéressant à deux individus écartelés entre ces deux mondes opposés. La mise en scène de l'infiltration et de ses conséquences sur les infiltrés (la perte de repères et la volonté de sortir de cet engrenage) est particulièrement intéressante. Face aux deux portraits ambigus ainsi dépeints, le téléspectateur s'investit naturelement dans le sort de ces personnages déchirés. Double Face se montre un peu moins habile dans le registre du thriller, où il lui manque une dose de nervosité qui aurait permis à ce drama special d'acquérir une dimension supplémentaire. Mais il reste un remake sérieux et appliqué qui apporte une intéressante expérience à la télévision japonaise. J'espère la voir poursuivre sur cette voie !


NOTE : 7,75/10

02/01/2013

(Bilan) Mon année sériephile 2012 au Japon

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Après un bilan global annuel, il est de coutume sur ce blog de s'arrêter un peu plus sur certains pays, notamment en Asie (en effet, c'est mercredi). Ces dernières années, ces billets me permettaient surtout de consolider et de mesurer l'évolution de ma consommation dans ces pays "nouveaux". Ils ne sont plus vraiment nouveaux, mais c'est toujours l'occasion de faire le point utilement. D'autant qu'en 2012, je suis pour la première fois parvenue à un relatif équilibre entre la Corée du Sud et le Japon. Si j'insiste là-dessus, c'est que, les lecteurs les plus anciens s'en souviennent peut-être, j'ai longtemps eu de difficiles relations avec le petit écran japonais. Les doutes se sont depuis effacés.

Je n'ai jamais vécu une année aussi pleine que 2012 au pays du Soleil Levant. Certes, toutes les saisons (hiver, printemps, été, automne) n'ont pas été égales. Je garde en tête le relatif désert estival, alors que l'automne s'est au contraire révélé autrement plus riche. A défaut de jouer au teste-tout (par manque de temps), je réussis désormais plutôt bien mes sélections. On peut presque dire que mon éducation téléphagique japonaise est en place (il n'aura fallu que... quasiment six ans?) ! Revenons donc un peu sur l'année qui s'est écoulée.

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Ils m'ont marqué : le top 3 incontournable

2012 avait commencé de la plus marquante des manières devant Shokuzai. Prouvant une nouvelle fois qu'il faut surveiller les dramas de WOWOW (même si la chaîne aura aussi connu ses ratés cette année), ce drama troublant et éprouvant aura traité avec une approche très particulière du thème de l'expiation. Décrivant le cheminement auto-destructeur vers lequel différentes protagonistes sont conduites par une tragédie passée, c'est une série qui aura marqué par son sujet, mais aussi par sa mise en scène - avec une réalisation magnifique contribuant grandement à la construction de l'ambiance. Une oeuvre très aboutie, signée Kurosawa Kiyoshi, qui mérite le détour.

La deuxième grande claque téléphagique est venue d'un autre drama hivernal, mais dont les sous-titres ont été traduits un peu plus tardivement au cours de l'année : Unmei no Hito. Dans la lignée des Fumou Chitai et autre Karei Naru Ichizoku (et du même calibre que ces derniers), ce drama parle du Japon, de l'histoire de ce pays en revenant sur des conséquences de l'après Seconde Guerre Mondiale. Il s'intéresse à des destinées personnelles bouleversées par des enjeux autrement plus grands. Inspiré de faits réels, il traite plus précisément de la rétrocession d'Okinawa. C'est une occasion d'éclairer le fonctionnement de la démocratie japonaise des années 70, et notamment les rapports de la presse et du pouvoir. Un sujet fort pour un drama extrêmement prenant et bien mis en scène. 

Le dernier drama sélectionné relève plus de l'expérience télévisuelle, mais quelle magnifique expérience que celle-là ! Sur bien des points, Going My Home ne ressemble pas à ce que l'on attend canoniquement d'une fiction télévisée à diffusion hebdomadaire. C'est une oeuvre d'ambiance, où le soin porté aux détails, l'authenticité de scènes ou d'échanges qui pourraient être anecdotiques ou encore la construction d'une atmosphère à part sont des éléments qui l'emportent sur une intrigue semblant comme en retrait. C'est un drama à part, d'une subtilité qui lui est propre et profondément humain. Une belle série, originale, qui mérite assurément le détour.

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Petit état des lieux du reste de mes visionnages... et des bons souvenirs que je garde.

Les dramas relationnels

Un de mes réflexes les plus anciens, depuis plus d'une demie décennie que je regarde des séries japonaises, a été d'éviter les séries relationnelles. J'ai toujours eu tendance à sélectionner certains genres : Histoire, politique, policier, question de société au sens large... au détriment des autres. Cette année pourtant, je me suis investie avec succès dans plusieurs dramas où les jeux des sentiments, mais aussi les réflexions qui les entourent, étaient déterminants. J'en retiends deux fictions extrêmement différentes. D'une part, rattrapée en début d'année, il y a eu Second Virgin, un drama qui met à jour, de façon prenante mais aussi tragique, les croisements des sentiments, des ambitions et des codes sociaux. D'autre part, diffusée cet automne, il y a eu Kekkon Shinai qui, avec sa façon rafraîchissante, aura proposé une intéressante réflexion sur l'engagement, le mariage et l'amour. Deux approches très diverses, mais qui m'auront convaincu de continuer l'exploration de ces thèmes à l'avenir.

L'humour

L'humour et moi, sur tous les continents, nous entretenons des relations difficiles. Non pas que je sois allergique aux comédies, mais j'ai toujours des difficultés à m'investir avec régularité dans ce genre. 2012 aura cependant été l'occasion de confirmer mon affection pour Yuusha Yoshihiko. Pour sa seconde saison, Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi se sera inscrite dans la fidèle continuité de la première. De savoureuses (et décalées) aventures parodiques dans un univers de fantasy reprenant les codes des jeux de rôle, devant lesquelles on prend décidément beaucoup de plaisir ! Dans un registre proche, j'ai également visionné les premiers épisodes de Dragon seinendan, avec cette fois-ci une transposition dans le monde "réel" des codes des jeux de rôle. Sans être déplaisant, et plutôt drôle à ses heures, je n'y ai pas retrouvé le dynamisme de Yuusha Yoshihiko et je me suis finalement lassée sans aller au bout... Ma malédiction des comédies.

Les dramas de société

Jusqu'à présent, mon genre de prédilection au Japon a été des dramas traitant de sujets de société, mettant en lumière ce pays et les problématiques qui l'animent. 2011 avait été une année très riche, avec de nombreux rattrapages effectués, et des découvertes magistrales comme Soratobu Taiya. 2012 a été plus mitigée. Mes rattrapages m'ont laissé réservé, à l'image de Chase. WOWOW n'a pas complètement rempli les attentes que l'on pouvait avoir : après des débuts plutôt prometteurs, ni Magma (sur la question énergétique post-11 mars), ni Suitei Yûzai (sur une erreur judiciaire) n'auront su se montrer pleinement convaincants. Il faut sans doute que j'admette que tous les dramas ne peuvent avoir le niveau qualitatif de Soratobu Taiya. Mais concernant WOWOW, plusieurs dramas de l'automne non encore visionnés me rappelleront probablement pourquoi je fais confiance à cette chaîne (Hitori Shizuka, Double Face).

Une autre approche pour traiter de problématiques parcourant la société japonaise est l'éducation : les fameux high school dramas. Il est devenu rare qu'ils parviennent à me convaincre. Suzuki Sensei a été l'exception notable à saluer. J'en avais déjà parlé l'an dernier, puisqu'il a été diffusé en 2011. Mais ses sous-titres anglais ont été achevés au printemps 2012, d'où cette nouvelle évocation. Loin de toute moralisation ou de tout manichéisme, c'est une fiction qui, en suivant les méthodes atypiques d'un enseignant, propose une approche des questionnements d'adolescence qui sonne extrêmement authentique. Le tout porté par une figure centrale très charismatique mais ne manquant pas d'ambivalence. Un must-seen

Les policiers

Peu ou pas de pur policier suivi cette année au Japon. Il faut cependant noter un rattrapage effectué : celui de Ningen no Shoumei. Une découverte d'autant plus intéressant qu'il ne s'agit pas d'un simple procédural. Au contraire, c'est un polar feuilletonnant qui met en scène divers protagonistes dont les destins s'entrecroisent. Cette fiction très dense et chorale, teintée d'ambiguïtés, expose le poids que peut faire peser notre passé. Et dans son rôle de policier torturé et efficace, Takenouchi Yutaka aura fait des merveilles (oui, je poursuis aussi mon exploration intéressée de certaines filmographies... histoire d'allier, plaisir et... plaisir !).

Les OTNI

Quand on parle à un profane, qui n'en a jamais visionné, de j-dramas, un de ses premiers réflexes est souvent d'imaginer cette télévision peuplée d'une surenchère de concepts les plus improbables et/ou surprenants. S'il faut nuancer cela, la richesse du petit écran japonais tient à sa diversité, et aussi à sa capacité à justement réussir des oeuvres qu'on retrouverait plus difficilement dans un autre pays. Cette année, mon rattrapage de The Quiz Show me l'a encore confirmé. Mettant en scène une émission de télévision particulièrement déstabilisante, ce drama s'est caractérisé par une maîtrise narrative d'ensemble remarquable. Une superbe expérimentation télévisuelle qui vous rappelle la nécessité de toujours revenir poser ses bagages au Japon de temps à autre, pour profiter de tout ce que peut offrir le format série !

Les tanpatsus

A côté des renzoku, existent aussi les tanpatsus, que j'ai longtemps délaissés avant de commencer à m'y mettre depuis deux ans. Ils ont l'avantage d'un format court (souvent seulement deux heures). Ma fortune y a été très diverse cette année, avec nombre de semi-déceptions. J'en retiens cependant trois fictions très différentes, mais toutes intéressantes à leur façon. Tout d'abord, l'attachant Hoshi Hitotsu no Yoru qui met en scène une histoire d'amitié simple et sincère, portée par un casting de rêve (Watanabe Ken, Tamaki Hiroshi). Puis, l'intriguant Shikei Kijun, drame judiciaire évoquant le sujet de la peine de mort au Japon. Enfin, une comédie enlevée et sympathique : Suteki na Kakushidori, qui aura bien su jouer sur le huis clos hôtelier dans lequel elle se déroule.

L'historique

J'avais beaucoup de projets dans le domaine des fictions historiques, mais je ne les ai pas tous menés à bien. J'ai pris le temps de revisionner les deux saisons de JIN, ce fantastique drama qui plonge un chirurgien du présent dans le Japon de l'ère Edo. Entre reconstitution historique, drame médical, intrigue politique et exploration de la mythologie du voyage dans le temps, cela reste pour moi une des grandes références de la télévision japonaise de ces dernières années. Deux saisons remarquables, qui méritaient deux reviews pour chacune d'elles (La saison 1 / La saison 2). Dans le même temps, j'ai aussi visionné mon premier vrai jidaigeki : une mini-série, Tsukahara Bokuden. L'expérience n'a pas été la plus concluante qui soit, mais elle a eu le mérite de me confirmer que j'apprécierai beaucoup une immersion historique au Japon, à travers les grandes fresques que sont les taigas. Jusqu'à présent, Ryomaden figurait en tête de liste parmi ces derniers ; mais la récente superbe review de Kerydwen sur Fûrin Kazan a fait plus qu'aiguiser ma curiosité. J'hésite donc, mais ma résolution japonaise pour 2013 est indéniablement celle-ci : regarder un taiga.

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L'instantané musical. Ma sélection de trois génériques :

Suzuki Sensei (2011)

Parmi les mille et une choses qui ont fait que je sois tombée sous le charme de ce high school drama, le générique figure en bonne place. Qu'il s'agisse de la chanson rythmée, de la photographie ou de la mise en scène, tout y est très bien pensé, simplement mais efficacement. La symbolique des lunettes que chaque élève se passe pour finalement attérir sur le nez du professeur auquel elles appartiennent reflètent à merveille l'état d'esprit de la série qui est justement de changer les perspectives et de susciter discussions et échanges de points de vue.


Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi (2012)

Pour retrouver de l'énergie, rien de tel que ce générique punchy à souhait. Doté d'un visuel travaillé qui multiplie les références aux jeux de rôle pour notre plus grand plaisir, il retranscrit parfaitement l'essence de ce drama qui est reste une réjouissante parodie de fantasy, à la fois pleine de dynamisme et de décalage.


Kekkon Shinai (2012)

Enfin, j'ai longtemps hésité sur la sélection de ce dernier générique. Celui de Kekkon Shinai n'a pas été un coup de coeur instantané, pourtant, au fil du drama, je me suis progressivement profondément attachée à la fraîcheur qui en émane, à cette mélodie qui semble être comme une balade de la vie, ou encore à cette mise en scène faussement insouciante. Ce n'est pas le générique le plus recherché ou original, mais il réussit à évoquer quelque chose chez le téléspectateur qui s'installe devant cette série, et c'est bien le principal.


Au final, cette année sériephile 2012 au Japon aura été riche, diverse et intéressante. Plus important, l'enthousiasme pour la première fois vraiment perceptible en 2011 est toujours là. Je compte donc bien y poursuivre mes explorations téléphagiques. Et, encore une fois, un grand merci à certains commentateurs ou encore aux différents blogs comme celui de Kerydwen, de Katzina ou de LadyTeruki, pour leurs précieux conseils.