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30/12/2012

(Bilan) Les tops et flops (éclectiques) de mon année sériephile 2012

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Qui dit fin d'année, dit bilan en tout genre. Best-of, tops et flops variés fleurissent dans les médias et la blogosphère. Comme c'est devenu une tradition depuis plusieurs années, je me prête également au jeu de la rétrospective avec le billet du jour : un article excessivement éclectique dans lequel j'essaie de dresser un rapide état des lieux de mon paysage sériephile en 2012, avec tout ce qui m'a marqué, en bien comme en mal. Pour cela, j'ai repris le même modèle que l'an passé (avec quelques catégories ajoutées).

Cette rapide synthèse, qui offre l'avantage de survoler avec un peu de recul l'année écoulée, est l'occasion de constater que ce fut (encore) une année extrêmement riche, très diverse en découvertes en tout genre (comme toujours). Dans mes programmes, elle a été constituée par beaucoup de rattrapages, notamment parce que ma résolution de l'année était de partir explorer plus sérieusement la télévision Européenne. Je me suis appliquée à remplir cette mission, au détriment parfois de certaines nouveautés que j'ai laissées filer sans moi. Ce sont les éternels arbitrages crève-coeur auxquels doit s'astreindre le sériephile. Je ne le regrette pas étant donné toutes les belles fictions que j'ai pu apprécier. Mais j'ai donc aussi beaucoup de fictions en retard, auxquelles j'ai même consacré un top des priorités à rattraper (n'hésitez pas à en suggérer d'autres).

En résumé, voici donc mon année sériephile 2012. Un billet qui ne prétend à aucune exhaustivité (réalisé dans la limite de mes visionnages) et qui se contente d'évoquer les séries qui ont fait mon année 2012. Le concept demeure inchangé par rapport aux années précédentes : vous trouverez plusieurs rubriques, et un seul élu par nationalité (choix discrétionnaires). Embarquez pour un (rapide) petit tour du monde en séries !

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LES TOPS des séries visionnées en 2012

S'il ne devait en rester qu'une :
Angleterre : The Hour, saison 2
Corée du Sud : Reply 1997 (Answer Me 1997)
Etats-Unis : Justified, saison 3
Japon : Shokuzai
Reste du monde : Redfern Now, saison 1 (Australie)

Les (bonnes) surprises du chef :
Angleterre : Call the Midwife, saison 1
Corée du Sud : History of the Salaryman
Etats-Unis : Elementary, saison 1 (autant qu'un cop show de CBS puisse me plaire)
Japon : Going My Home
Reste du monde : Äkta Människor (Real Humans), saison 1 (Suède)

Le top des confirmations :
Angleterre : Sherlock, saison 2
Corée du Sud : -
Etats-Unis : Game of Thrones, saison 2
Japon : Kodoku no gurume, saison 2

Reste du monde : Un Village Français, saison 4 (France)

Le top des séries en "costumes" (aka "se déroulant dans le passé et non citées dans les précédents tops") :
Angleterre : The Bletchley Circle (Mini)
Corée du Sud : God of War
Etats-Unis : Boardwalk Empire, saison 3

Japon : Unmei no Hito
Reste du Monde : Puberty Blues (Australie)
Hors catégorie : The Hollow Crown (Angleterre). Parce que Shakespeare...

Le top des comédies que j'ai aimées (parce que oui, cela arrive !) :
Angleterre : Bad Education, saison 1
Corée du Sud : Can we get married ?
Etats-Unis : Veep, saison 1
Japon : Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi (saison 2)
Reste du monde : A Moody Christmas (Australie)

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LES FLOPS des séries diffusées en 2012

Les nouveautés au concept intéressant qui n'ont pas tenu leurs promesses :
Angleterre : White Heat (Mini) / Hunted, saison 1
Corée du Sud : Hero (OCN)

Etats-Unis : Last Resort
Japon : Magma
Reste du monde : Les hommes de l'ombre (France)

Les déceptions dont j'attendais plus :
Angleterre : Good Cop
Corée du Sud : King 2 Hearts

Etats-Unis : Polical Animals (Mini)
Japon :
Kaeru no Oujo-sama
Reste du monde : Bikie Wars (Australie)

Les essais à oublier :
Angleterre : Eternal Law
Corée du Sud : Dr Jin
Etats-Unis : 1600 Penn
Japon :
Kazoku no Uta
Reste du monde : Le Transporteur (France)

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LE TOP spécial en retard (des séries rattrapées en 2012)

Elles n'ont pas été diffusées cette année dans leur pays d'origine, mais je les ai regardées en 2012... Et vu leur qualité, elles méritaient un top !

1. The Sandbaggers, saisons 1 à 3 (Angleterre)
2. Heimsendir (World's End) (Islande)
3. Bron/Broen (The Bridge), saison 1 (Danemark-Suède)
4. Klass : Elu Parast (La Classe) (Estonie)
5. Hatufim (Prisoners of War), saison 1 (Israël)
6. Overspel, saison 1 (Pays-Bas)
6. Koselig Med Peis (Esprit Norvégien) (Norvège)
7. Cidade dos Homens (La Cité des Hommes) (Brésil)
8. Forestillinger (Performances) (Danemark)
9. East West 101, saison 1 (Australie)
10. Suzuki Sensei (Japon)
11. Reporters, saisons 1 et 2 (France)
12. The Quiz Show (Japon)

13. Dagvaktin (saison 2 de Naeturkvatkin (The Night Shift)) (Islande)
14. Pressa, saison 2 (Islande)

15."10" (Suisse)
16. Il Capo dei Capi (Corleone) (Italie)

17. Callan (Angleterre)
18. Ningen no Shoumei (Japon)
19. Srugim (Israël)
20. Polseres Vermelles (Les bracelets rouges), saison 1

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LES TOPS du futur

(Parce que tout sériephile a déjà les yeux tournés vers 2013.)

Le top des séries en retard, que je n'ai pas regardées, mais pour lesquelles je vous fais confiance (mes priorités de rattrapage des prochains mois...) :

Angleterre : Wallander, saisons 1 à 3
Corée du Sud : Queen In Hyun's Man
Etats-Unis : Treme, saison 3
Japon : Double face
Amérique : Apparences (Canada)
Europe :
Les Revenants (France) / Pressa, saison 3 (Islande)
Océanie : East West 101, saisons 2 et 3


Le top des séries de 2013 que j'attends avec le plus d'impatience actuellement
(avec plein d'espions dedans !) :
Angleterre : The Spies of Warsaw
Corée du Sud : Level 7 Civil Servant/Secret Couple
Etats-Unis : The Americans (sur FX, à partir du 30 janvier)
Japon : -
Europe : Odysseus (France)
Océanie :  Serangoon Road (Australie)

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Avoir choisi la diversité a eu pour conséquence une moindre spécialisation. J'avais déjà sacrifié une partie des productions des Etats-Unis les années précédentes, en 2012, c'est l'Angleterre qui a vu sa place décroître un peu. Que dire, si ce n'est que la sériephilie est faite de choix : la première étape est sans doute d'admettre son impossibilité à suivre tout ce que l'on voudrait. L'essentiel est de trouver un équilibre, avec des fictions qui nous parlent, des oeuvres de qualité qui donnent un sens à cette passion pas toujours raisonnable pour le petit écran. Quand je vois le contenu de mon "top spécial en retard", je me dis que ça valait le coup.

En résumé, qu'espérer de plus pour 2013, si ce n'est une année aussi riche que 2012 ? Au fond, peut-être plus de temps libre à consacrer aux séries, tout simplement...


Et vous, chers lecteurs, quelles ont été vos expériences sériephiles de 2012 ? Que retenez-vous de l'année qui s'achève ? En garderez-vous de bons souvenirs ou des impressions plus mitigées ?

31/10/2012

(J-Drama / Pilote) Kekkon Shinai : questionnements existentiels de célibataires autour du mariage


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En ce mercredi asiatique, poursuivons l'exploration de la saison automnale au Japon. Après Going My Home et  Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi, c'est l'occasion d'aborder aujourd'hui une autre nouveauté : Kekkon Shinai, qui a débuté sur Fuji TV depuis le 11 octobre 2012. Sur le papier, ce drama sonnait très conventionnel, revenant une fois de plus sur les inévitables questions du célibat et du mariage. Mais il avait pour lui de réunir des acteurs que je retrouve toujours avec plaisir (Kanno Miho, Amami Yuki et Tamaki Hiroshi). Ce casting a achevé de me convaincre de lui laisser une chance : après tout, je regarde chaque année très peu de séries japonaises purement relationnelles. Après trois épisodes visionnés, on peut dire que l'expérience a été concluante, puisque me voilà fidélisée devant mon petit écran. S'il lui manque sans doute un petit quelque chose pour définitivement s'imposer, Kekkon Shinai est une fiction attachante qui se suit avec plaisir.

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Tanaka Chiharu va vers ces 35 ans. Non mariée, toujours célibataire, elle voit ses amies s'investir l'une après l'autre dans la vie de famille, tandis qu'elle vit toujours chez ses parents, travaillant dans le même temps dans une agence de voyage. La pression de son entourage se fait chaque jour plus forte pour qu'elle se marie (enfin). D'un naturel enjoué, Chiharu aime pourtant sa vie. Mais elle arrive à un stade où, forcément, elle doute, de ses choix, mais aussi des attentes qu'elle nourrit pour qu'un couple soit viable à ses yeux...

Elle rencontre un jour, dans le parc où elle vient se changer les idées, Kirishima Haruka. Une quadragénaire, comme elle célibataire, qui a pris la décision de s'investir pleinement dans sa carrière, designer paysagiste, estimant que l'on a moins de chance d'être trahi par son job que par un homme. Mal lui en a pris car, au cours d'une restructuration du personnel privilégiant les employés ayant une vie familiale, elle est est ré-assignée comme simple manager d'un petit magasin de fleurs dépendant du groupe.

Leurs choix et leurs questionnements rapprochent immédiatement Chiharu et Haruka, la première voyant d'ailleurs dans l'appartement de la seconde le moyen idéal pour échapper aux pressions parentales. Kekkon Shinai suit leur amitié et leurs expériences de vie alors qu'elles pensent à leur futur. Ont-elles besoin, veulent-elles vraiment, quelqu'un dans leur vie ?

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Adoptant la tonalité d'une dramédie, légère et dynamique quand il le faut, humaine et toujours touchante quand ses protagonistes traversent des passages plus difficiles, Kekkon Shinai s'intéresse à quelques-unes des problématiques existentielles de ceux qui, dans la génération des 30-40 ans, poursuivent leur vie sans avoir fondé de famille. Ne vous y trompez pas, nous n'avons pas affaire à une comédie romantique fleur bleue sur l'éternelle quête de l'amour avec un A majuscule. En réalité, le drama met surtout l'accent sur le mariage en tant qu'institution sociale. Evitant un angle moralisateur anachronique, il l'aborde plutôt sous un angle très analytique - une impression renforcée par les interludes offerts par un cours d'université traitant du sujet auquel assiste une figure secondaire. Suivant les cheminements des deux héroïnes, il s'agit de s'interroger sur cette voie maritale vers laquelle tout le monde semble tendre et la place qu'occupent ceux qui ne l'empruntent pas. Jusqu'où faut-il se conformer aux conventions sociales ? Dans quelle mesure faut-il écouter son coeur ? L'épanouissement et le bonheur personnels passent-ils forcément par cette institution ?

Outre son approche plutôt rafraîchissante de thèmes restant assez conventionnels, l'autre atout de Kekkon Shinai est qu'elle met en scène des protagonistes vite attachants, auprès desquels il est facile de s'investir. Avec tact et une certaine subtilité, elle nous parle en effet d'adultes indépendants, s'assumant et assumant leurs choix de vie. Mais elle évoque aussi leurs doutes légitimes, face à la pression sociale, face à l'idée de vieillir seul qui s'insinue parfois en croisant des familles nombreuses, face à la solitude qui surprend après une journée épuisante au travail et qui soudain semble tellement peser. Le trio central permet de traiter des facettes très différentes de ces questionnements sur l'engagement et l'amour. Chiharu est celle qui cherche sa voie, aspirant toujours à se marier, mais pas à n'importe quel prix. Haruka a déjà fait ses choix, mais maintenant que ce dans quoi elle avait tout investi se dérobe, elle s'interroge. Junpei, lui, ne se juge même pas digne d'une telle voie, semblant toujours essayer de se dérober et de s'effacer. Avec leurs troubles et leurs préoccupations communes, ces personnages se comprennent naturellement. Une certaine solidarité se dégage, se transformant peu à peu en amitié. Portés par une vraie dynamique, leurs rapports insufflent ce souffle d'humanité vital au récit qui achève de vous convaincre de revenir la semaine suivante.

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Sur la forme, Kekkon Shinai fait également preuve d'une énergie appréciable. Sa réalisation est classique, avec une photographie dominante plutôt claire, volontairement colorée par l'environnement de personnages évoluant autour de fleurs, de peintures et de prospectus de voyages exotiques. La tonalité se fait assez légère, sans occulter les moments plus difficiles : cette dualité de ton est bien capturée par une bande-son assez fournie aux musiques dynamiques. L'ensemble est ainsi traversé d'une vitalité communicative.

Enfin, Kekkon Shinai bénéficie d'un casting très sympathique qui contribue à impliquer rapidement le téléspectateur auprès de chacun des protagonistes. Kanno Miho (Guilty Akuma to Keiyakushita Onna) incarne une héroïne dynamique qui sait susciter de l'empathie, retranscrivant avec justesse ces quelques moments d'émotion où la confiance s'effrite. Elle forme avec Amami Yuki (BOSS) un duo convaincant, dont les scènes de colocation se sont rapidement imposées parmi mes préférées des épisodes. Tamaki Hiroshi (Nodame Cantabile) est fidèle à lui-même, réservé à l'image d'un personnage qui semble ne rien vouloir de plus que de rester en retrait, comme oublié. Autour d'eux, on retrouve également Koichi Mantaro, Miyoshi Ayaka, Ito Ayumi, Sharo, Nagae Yuuki, Higashide Masahiro, ou encore Fukuda Ayano.

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Bilan : Plus qu'une simple énième dramédie relationnelle, Kekkon Shinai traite de l'institution du mariage dans ses différents volets, et notamment en abordant une dimension sociale qui dépasse les seuls enjeux romantiques. En proposant de suivre des protagonistes qui parlent au téléspectateur, la série va évoquer, avec beaucoup d'humanité et une certaine justesse, leurs attentes et leurs doutes, ainsi que ce qui motive les choix de vie qu'ils prendront. Avoir rassemblé ces personnages si dissemblables de caractère, mais si proches dans leurs préoccupations, permet au drama de poser de solides dynamiques entre eux. Et s'il lui manque sans doute un peu d'ambition ou une petite étincelle, Kekkon Shinai se réapproprie très honorablement un sujet de départ familier.


NOTE : 6,75/10


Une bande-annonce :


Le générique de la série :
 

24/10/2012

(J-Drama / Pilote) Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi : une parodie de jeux de rôle toujours aussi percutante et drôle



[Would you like to start a quest?]

[Yes]   ->[No]
[What are you saying? Are you stupid?]
[If you don't select "YES", we can't start!]
[It will be "Majisuka Gakuen 3" again this week!]
[Don't tell me that's better!?]
[Well...]
[Really..]
[I'm not trying to intimidate you or anything]
[I'll ask you again okay?]

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Parmi les attentes de l'automne au Japon, outre des nouveautés, figurait un retour qui, tout particulièrement, était placé en haut de mes priorités de dramas à suivre. Après avoir créé son petit buzz il y a un an, Yuusha Yoshihiko est en effet de retour pour une deuxième saison sur TV Tokyo depuis le 13 octobre 2012. Souvenez-vous, c'était cette savoureuse parodie se réappropriant pour mieux les détourner les codes des jeux de rôle dans un cadre de fantasy qui m'avait fait sacrément rire l'été dernier. Elle avait été une excellente surprise et un de mes coups de coeur comiques en provenance du Japon en 2011 (vous qui connaissez ma désaffection chronique pour tout ce qui se rapproche du genre comédie, vous mesurez l'exploit). Désormais nommée Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi, cette suite promet de s'inscrire dans la même veine que la première saison. Restait à savoir si l'inspiration des scénaristes serait au rendez-vous pour permettre à la série d'éviter l'écueil de la répétition. A voir ces débuts, on peut être optimiste !

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Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi s'ouvre cent années après la quête suivie lors de la première saison, culminant avec l'affrontement contre Maou. Un siècle a passé, et l'oeuvre de nos héros devenus légendaires semble désormais n'être plus qu'un lointain souvenir. En effet les monstres sont de retour sur Terre, regagnant du terrain et menaçant les villages. A nouveau, les hommes se cherchent un héros, quelqu'un à qui confier cette quête de lutter contre eux et de les repousser. Et, à nouveau, les volontaires pour cette aventure téméraire ne se bousculent pas.

Ayant conservé quelques enseignements de Yuusha Yoshihiko, ceux de son village en appellent à la divinité qui avait guidé les pas de leur héros 100 ans auparavant, le fameux Hotoke. Ce dernier répond à leurs prières et accepte de ramener à la vie l'équipe qui avait autrefois vaincu Maou. Voilà donc Yoshihiko et ses trois compagnons de retour pour reprendre les armes contre les monstres. Il s'agit cette fois de partir en quête d'une clé qui repoussera ces derniers hors de cette réalité. Evidemment, Hotoke, fidèle à lui-même, a négligé quelques détails lorsqu'il a rappelé Yoshihiko...

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Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi réussit l'exploit de conquérir le téléspectateur dès le dialogue introductif complètement décalé qui occupe ses premières secondes d'écran noir (cf. le passage reproduit en introduction de ce billet). La seconde saison est dès lors parfaitement posée, clamant haut et fort que les codes des RPG seront toujours omniprésents, pour toujours être mieux détournés. L'approche parodique décomplexée se révèle à nouveau particulièrement réjouissante. D'autant plus que rien ne se prête mieux aux chutes inattendues surréalistes et au développement allant à rebrousse-poil que la période précédant une quête, durant laquelle on s'efforce de dénicher le héros à qui l'on pourra faire porter la responsabilité du combat contre les monstres. La première saison s'était démarquée dès le départ grâce à cela, la seconde séduit pareillement en revisitant les scènes les plus classiques du genre pour mieux en changer le dénouement et offrir quelques réparties cinglantes qui provoqueront plus d'un franc éclat de rire. A ce petit jeu de la surenchère, il faut accorder une mention spéciale au descendant de Yoshihiko, un gamin plein aplomb dont les répliques à contre-courant offrent quelques-uns des meilleurs passages du premier épisode.

Plus généralement, Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi réussit parfaitement la réintroduction prétexte de nos quatre héros, ramenés à la vie cent ans après leur dernière aventure ensemble... Ce premier épisode s'avère être un véritable Hotoke-show. La divinité, passée maître dans l'art de s'emmêler les pinceaux, oublie bien des détails fondamentaux pour s'assurer de la mise en ordre de bataille de nos héros. Du retour en vieillard incapable de tenir une épée jusqu'à l'absence de sauvegarde de niveau - les forçant ainsi à reprendre tout au début de la quête, Hotoke ne leur épargne rien. Pour la plus grande exaspération de nos protagonistes, mais évidemment pour le plus grand enthousiasme d'un téléspectateur que ces contre-temps amusent grandement. Il faut noter que la première saison n'est pas oubliée : le drama renoue de manière inspirée avec certains de ses running-gags. Il recycle aussi des dynamiques réussies, capable de les revisiter en adoptant d'autres approches (comme le montre le deuxième épisode). Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi part donc sur de solides bases, détournant avec toujours autant d'enthousiasme les clichés et les règles si universelles de l'univers des jeux de rôles... il y a sans conteste matière à nourrir une nouvelle saison pleine.

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Sur la forme, Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi reste un "Low Budget Action Adventure Story". C'est ce qui fait son charme. Le drama s'est toujours fait une spécialité de tirer profit de son absence de budget, pour mieux rivaliser d'imagination afin d'introduire des effets extrêmement cheap qui contribuent au côté décalé de l'ensemble. Rien de tel, pour provoquer un sourire, que d'introduire un terrible monstre en carton bleu de niveau 1, ou de faire garder un objet important par une terrible peluche sanguinaire... d'une hauteur d'une poignée de centimètres. L'environnement intègre pleinement, en l'assumant et en la cultivant, la dimension parodique de la série qui, en plus, ne coûte pas un sou. La réappropriation des codes du RPG reste cependant fondamental, jusque dans les effets sonores. Et l'excellent nouveau générique bien rythmé (cf. la vidéo ci-dessous) est aussi très riche en symbolique, introduisant parfaitement l'univers.

Enfin, on retrouve dans cette deuxième saison le même casting principal que pour la première pour la satisfaction d'un téléspectateur qui ne pouvait imaginer ne pas revoir la dynamique qui s'était installée entre eux. Yamada Takayuki (Churasan, Byakuyako) réendosse le costume du héros par excellence. S'il est toujours entouré de Kinami Haruka (Sunao Narenakute, BOSS 2), Takuma Shin (Komyo ga Tsuji) ou encore Muro Tsuyoshi (Tofu Shimai), le premier épisode laisse plus particulièrement libre expression à un Sato Jiro (Control~ Hanzai Shinri Sousa)  en forme dans un registre plein d'excès : il s'amuse manifestement beaucoup en divinité dérangée en pleine réunion familiale, toujours vaguement irresponsable, si loin de l'image de sage vénérable et omniscient attendue.

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Bilan : Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi signe un retour dans la droite ligne de sa très drôle première saison. Parodie rythmée et dynamique nous immergeant dans les codes si bien réglés (et trop familiers) de l'univers des jeux de rôle, ce drama manie les chutes inattendues, les ruptures de tonalité et une dimension décalée revendiquée avec un aplomb et un enthousiasme communicatifs. Véritables invitations à s'amuser devant son petit écran, ces 25 minutes hebdomadaires seront certainement un de mes rendez-vous téléphagique préféré des semaines à venir. Et c'est tant mieux.

Si vous avez apprécié Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro, vous êtes sans doute déjà installés devant Yuusha Yoshihiko to Akuryou no Kagi. Si vous n'avez pas encore mis un pied dans ce drama à part, il n'est pas trop tard pour apprécier cette comédie joyeusement décomplexée.

NOTE : 7/10


Le générique de la saison :


 

17/10/2012

(J-Drama / Pilote) Going My Home : un drama humain, sincère et décalé ne laissant pas indifférent

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Quand je vous disais la semaine passée que la saison automnale au Japon s'annonçait autrement plus enthousiasmante que l'été qui s'achevait, je n'exagérais pas. En témoigne ce premier pilote visionné ce week-end. Going My Home était le drama attendu de cet automne, aussi bien par le public japonais que par moi. La raison ? Il s'agit du premier passage au petit écran, pour un renzoku, du cinéaste Koreeda Hirokazu. Ce nom ne vous est pas inconnu si vous vous intéressez un peu au cinéma japonais : Nobody knows, Still walkting, Air Doll ou encore I wish sont des films qui méritent leur visionnage. Pour couronner le tout, Going My Home présentait également un argument de casting convaincant, avec notamment la présence de Abe Hiroshi.

Autant de bonnes raisons de découvrir un drama qui a débuté sur Fuji TV le 9 octobre 2012, par un (long) pilote de rien moins qu'1h40. Qu'importe sa longueur, puisque ce premier épisode m'a conquise. S'il donne peu d'indication sur les orientations futures de cette histoire familiale parsemée d'étrange, il installe une ambiance caractéristique savoureuse. Une entrée en matière réussie, pleine de potentiel, qui ne demande qu'à être confirmée par la suite. Mais après un tel premier épisode, on ne peut être qu'optimiste !

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Expliquer le synopsis de Going My Home est en soi presque un défi, tant, au cours de ce pilote, l'univers de la série s'installe par petites touches, sans qu'une trame narrative principale ne s'impose. Une chose est certaine, pour ceux qui s'interrogeaient sur les compromissions et aménagements à adopter pour le passage du grand au petit écran, le style caractéristique de Koreeda Hirokazu s'impose d'emblée, transposé tel qu'il nous est familier. Il sera d'ailleurs intéressant de voir comment il va se développer par la suite dans un format de renzoku.

Le drama s'intéresse au quotidien, familial et professionnel, de Tsuboi Ryota. Ce père de famille a souvent du mal à s'affirmer et à trouver son registre, confronté aux jugements incessants de ceux qui l'entourent et que son attitude et ses choix ne semblent jamais satisfaire. Au travail, sa carrière professionnelle ne suit pas l'ascension espérée. Evoluant dans le milieu souvent ingrat de la publicité, il doit gérer des clients compliqués et des collègues méfiants. A la maison, son épouse a en revanche trouvé son créneau et voit sa renommée grandir : elle est une cuisinière publiant des livres de recettes. Face à ces parents débordés, leur petite fille cherche aussi sa place. Isolée, elle s'invente tout un monde imaginaire, et attire l'attention à l'école par son comportement. Le quotidien de Ryota se complique un peu plus lorsque son père fait un malaise et se retrouve dans le coma dans un hôpital de province : il renoue avec sa soeur et sa mère, deux autres fortes personnalités qui, comme lui, ne savent trop comment gérer cette situation. Dépêché pour se renseigner sur ce père aux pans de vie parfois méconnus, Ryota attérit dans une petite ville où il découvre qu'il y animait d'étranges visites.

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Going My Home est un drama d'ambiance à la saveur très particulière. Résolument intime, profondément humain, il se nourrit d'une écriture toute en subtilité et des petites intéractions qu'elle met en scène entre les personnages. La narration n'a pas son pareil pour capturer avec justesse des dynamiques familiales au sein desquelles le naturel semble être le maître-mot. Au cours de ce pilote, c'est tout particulièrement les relations entre Ryota, sa soeur et sa mère qui sont très bien mises en valeur. Le trio partage en effet quelques scènes, dépeintes avec une sincérité émotionnelle à fleur de peau, qui résonnent d'une authenticité assez unique. En effet, l'hospitalisation du père les rassemble bon gré mal gré, et, instantanément, revient la réalité de leurs rapports, avec toutes les nuances inhérentes aux sentiments humains : la tendresse comme les piques surgissent spontanément, tout comme les anecdotes du passé, au détour des conversations de ces personnes qui se connaissent par coeur.

Si les circonstances auraient pu conduire le drama sur une pente résolument dramatique, il n'en est pourtant rien : Going My Home garde résolument une tonalité légère. Cela explique en partie la chaleur humaine qui émane de l'ensemble et réchauffe le coeur du téléspectateur. De plus, le drama n'hésite pas non plus à distiller des petites touches d'humour introduites avec ce même naturel, sans jamais forcer les situations, à l'image du savoureux running gag sur la couleur des vêtements de Ryota à l'hôpital, tellement sombres que chacun lui demande s'il n'a pas pris une avance et ne s'est pas paré des couleurs du deuil alors que son père n'est pas encore mort.

De manière générale, le pilote de Going My Home prend résolument son temps, avec une approche presque contemplative. Sa construction narrative apparaît d'ailleurs originale pour la télévision, tant ces 1h40 pourraient s'apparenter à un long métrage. Le format du renzoku n'est exploité ici que de façon minimaliste : il faut attendre la toute fin de l'épisode pour voir infléchir ce récit d'instantanés et de tranches de vies, et permettre d'assister aux prémices d'une intrigue sur le plus long terme. Cette dernière ajoute d'ailleurs à l'étrangeté ambiante, avec l'introduction de créatures mythologiques, les kuna, qui vivraient dans la région du père de Ryota. S'apprêtant à osciller entre folklore fantastique et retranscriptions de relations humaines, l'univers ainsi posé, décalé à sa façon, est déjà un vrai délice, unique en son genre, dans lequel le téléspectateur s'immerge sans voir le temps passer. 

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Faisant déjà preuve d'une vraie personnalité sur le fond, Going My Home est tout aussi abouti sur la forme. La réalisation est soignée, à la fois proche des personnages, mais aussi capable de prendre du recul pour capturer, avec des plans plus larges, les scènes d'intéractions entre chaque protagoniste. La photographie reflète une certaine authenticité de l'approche choisie. La bande-son est également très agréable, contribuant à l'ambiance, avec une chanson du générique qui se détache déjà et semble parfaitement correspondre à l'atmosphère caractéristique et unique développée.

Enfin, ultime raison de découvrir Going My Home - et non des moindres -, le drama bénéficie d'un casting, alléchant sur le papier, et parfaitement à la hauteur à l'écran. Abe Hiroshi, dans un registre de père de famille faillible, remis en cause à l'occasion, fait des merveilles. Ses scènes avec YOU, qui incarne sa soeur, sont un délice dans ce premier épisode, l'actrice - que j'aime beaucoup également - retranscrivant bien l'ambivalence de son personnage. Yamaguchi Tomoko interprète sa femme, et ses quelques scènes sont tout aussi prometteuses. C'est en résumé un vrai casting cinq étoiles qui n'aurait pas pu être mieux sélectionné pour transposer à l'écran une telle histoire. On retrouve également parmi eux Miyazaki Aoi, Yasuda Ken, Arai Hirofumi, Bakarhythm, Natsuyagi Isao, Abe Sadao, Yoshiyuki Kazuko ou encore Nishida Toshiyuki.

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Bilan : Les séries trop attendues sont souvent source de déception. Il n'en est rien dans ce pilote où Going My Home réussit le tour de force de convaincre tout en permettant à son créateur de rester en tout point fidèle à sa réputation et à son univers. Pépite d'humanité et de subtilité, l'épisode propose 1h40 d'écriture fine et nuancée, rythmée par des instantanés de vie offrant des caractérisations à la sincérité bien réelle qui font toujours mouche. La pleine réappropriation du format télévisuel feuilletonnant reste à prouver sur la longueur, tout comme l'exploration d'un registre plus folklorique et fantastique. Mais il ne faut pas bouder son plaisir : le style est certes à part (et peut-être tout le monde n'y trouvera pas son compte), mais une telle immersion représente pour moi un délice qui se savoure.

Les amateurs de dramas japonais comme les familiers de l'oeuvre de Koreeda Hirokazu ne s'y tromperont pas. Tout comme tous les téléphages curieux qui voudront voir si cet univers trouve un écho en eux. Foncez.


NOTE : 8/10


Une bande-annonce (décalée) :

10/10/2012

(J-Drama) Ningen no Shoumei : le poids du passé

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La saison estivale a été assez morose au Japon. Peu de dramas avaient aiguisé ma curiosité a priori, et les quelques-uns que j'ai tentés n'ont pas pu retenir mon attention plus d'une poignée d'épisodes. Heureusement l'hiver s'annonce autrement plus fournie et alléchante, et soyez certain que j'y reviendrai de manière plus détaillée (des présentations à consulter par , ou ). En attendant, ces dernières semaines, j'ai donc eu l'occasion de ressortir ma liste de séries japonaises "à voir" (liste qui, il faut bien l'avouer, atteint une telle longueur qu'elle me fait douter en venir un jour à bout). J'avais initialement mis de côté le drama du jour dans le cadre mon cycle "explorons la filmographie de Takenouchi Yutaka", puis une review publiée cet été par Asa avait achevé de me convaincre de lui laisser sa chance.

Ningen no Shoumei (aka Proof of the Man) a été diffusé au cours de l'été 2004 sur Fuji TV. Il compte en tout 10 épisodes de 45 minutes environ (sauf le pilote qui avoisine 1 heure). Adapté d'un roman de Seiichi Morimura, il faut savoir que cette histoire a déjà été portée sur grand écran, au cinéma, en 1977 dans un film du même nom (Un article ici sur le film permet d'apprécier la liberté prise par le drama par rapport aux thèmes originaux). Cette version télévisée a été scénarisée par Maekawa Yoichi. Si j'ai découvert Ningen no Shoumei grâce à son casting, son histoire m'intriguait tout autant. Plus qu'une simple enquête policière, elle explore toute une galerie de portraits ambivalents et humains de personnages forts sur lesquels le passé a laissé une empreinte indélébile. Le genre de fiction à entrées multiples susceptible de me plaire.

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Suite à une arrestation réalisée de manière musclée mais efficace au cours d'une descente de police dans un club de Tokyo, Munesue Ichiro obtient une promotion dans un nouveau service relevant du commissariat central. Policier obstiné et instinctif, ses compétences sont reconnues par ses collègues, mais son impulsivité et ses excès de violence lui valent régulièrement des ennuis. Il va avoir l'occasion de faire ses preuves au cours de la première grande affaire à laquelle il est confronté : le meurtre d'un jeune Afro-Américain, dont le cadavre poignardé est retrouvé sur un pont de la ville.

Remontant le fil des indices et des fausses pistes, l'enquête conduit Ichiro de la campagne japonaise jusqu'au sud profond des Etats-Unis, en passant par sa ville d'enfance qu'il avait sans regret laissée derrière lui. Sa route croise également la route de nombreuses personnalités toutes connectées d'une façon ou d'une autre, de la romancière célèbre envisageant une carrière politique à une ancienne activiste d'extrême-gauche, en passant par un mari infirme et l'amant de son épouse unis tous deux dans la recherche de la femme qu'ils aiment et qui a disparu.

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Le premier attrait de Ningen no Shoumei tient à la densité de son récit. Exploitant parfaitement un caractère feuilletonant qui lui permet de se démarquer du format du simple procedural show, trop restrictif, le drama s'attache au contraire à construire et à tisser, tout au long de ses dix épisodes, une seule intrigue extrêmement foisonnante. Il éclate volontairement son histoire en de multiples storylines parallèles dont les liens n'apparaissent qu'au fur et à mesure de la progression de l'affaire. L'enquête policière principale, restant le fil rouge immédiat le plus accessible pour le téléspectateur, est classiquement mais efficacement construite, avec son lot de fausses pistes, de rebondissements et de découvertes. Elle est non seulement prétexte à voyager pour les enquêteurs, mais elle conduit aussi à remonter le temps aux origines des faits qui ont scellé les destinées de chacun.

Dans cette optique, Ningen no Shoumei est une série qui joue beaucoup sur la symbolique. Elle fait la part belle aux coïncidences permettant de parvenir à un toutélié voulu qui aurait pu sonner artificiel dans toute autre circonstance, mais que le scénario sait bâtir patiemment et surtout légitimer. En effet, le drama fait le choix opportun de ne pas se contenter d'être une simple quête du meurtrier - lequel se devine de toute façon rapidement. Esquissant une galerie de portraits ambigüs qui sont autant de personnages marqués pour beaucoup par des blessures indélébiles, c'est un récit qui parle avant tout de l'humanité, dans tout ce qu'elle contient d'espoir mais aussi dans sa dimension la plus sombre et désespérée. Au gré des tranches de vie qui défilent, l'objet de l'histoire s'impose peu à peu : obliger chacun à faire face à lui-même pour trouver, s'il le peut, une forme de paix.

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Le thème central de Ningen no Shoumei tourne ainsi autour du poids du passé. Ce dernier agit comme une ombre pesante, prédéterminant les actions des protagonistes et forgeant leurs ambivalences. La figure centrale qu'est Menesue Ichiro représente bien tout cela : sa défiance instinctive envers quiconque, ses explosions de violence dans certaines situations, ou encore cette froideur efficace qui le caractérise, trouvent leur source dans un traumatisme plus lointain qui hante sa mémoire. Le passé encore est ce qui régit les actions de Koori Kyoko, cette femme célèbre qui cultive une apparence policée de réussite mais qui porte en elle des stigmates d'une toute autre nature. Au fil du récit, Ningen no Shoumei dessine les contours de figures cabossées par la vie, qui poursuivent comme elles peuvent leur existence tout en gardant un oeil sur un passé dont ils ne peuvent se défaire. Cela permet de créer de vrais personnages de fiction, difficiles à cerner et intriguants.

Même les histoires plus connexes, peut-être non vitales à l'intrigue, contribuent à cette ambiance en mettant en scène des figures un peu perdues qui cherchent une direction : qu'il s'agisse de ce fils s'enfonçant irrémédiablement dans une spirale autodestructrice qu'il a lui-même initiée, ou de ce rapprochement hésitant et presque contre-nature auquel on assiste entre un mari et l'amant de sa femme pour rechercher celle qu'ils aiment et qui a disparu. Quant à l'approche peu flatteuse réservée aux Etats-Unis, qu'il s'agisse de l'évocation du racisme dans le Sud ou des dérives autour des bases militaires américaines sur le sol japonais, elle semble s'inscrire aussi dans cette ambiance un peu amère pour aboutir à une même conclusion : la nécessité de regarder vers l'avenir.

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Sur la forme, Ningen no Shoumei dispose d'une réalisation correcte, déjà quelque peu datée (le drama remonte à 2004). Assez paradoxalement, c'est lors de ses escapades aux Etats-Unis que la série trahit particulièrement son âge : l'oeil du téléspectateur opère alors la comparaison naturelle et immédiate, au vu de cet environnement familier, avec des séries américaines. Face à cette reconstitution du sud profond de l'Amérique, la photographie et les cadrages paraissent nous ramener encore une décennie supplémentaire en arrière. Mais la fluidité du récit ne souffre pas de ces quelques limites que l'on occulte facilement tout heureux que nous sommes d'avoir l'occasion de voyager par-delà les continents. Et puis le drama peut s'appuyer sur une intéressante bande-son composée par Iwashiro Taro : il dispose notamment d'un thème principal assez marquant qui contribue à rythmer l'enchaînement des situations.

Enfin, Ningen no Shoumei bénéficie d'un solide casting (je n'ai pas oublié que c'était d'abord lui qui m'avait permis de découvrir ce drama). S'il joue un rôle assez traditionnel, celui du flic sombre, torturé et efficace, Takenouchi Yutaka (Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei, BOSS, Fumou Chitai) se montre convaincant, se réappropriant pleinement les ambivalences de son personnage. L'acteur remporte également l'examen de maîtrise de langue étrangère, son anglais étant assez compréhensible, ce que l'on ne peut pas vraiment dire pour les quelques mots phonétiquement hésitants prononcés dans la langue de Shakespeare par Natsukawa Yui (Kekkon Dekinai Otoko), qui interprète une journaliste déterminée, soutien amical constant pour Ichiro, et par Matsuzaka Keiko (Atsu-hime), qui joue la troublante Koori Kyoko. On retrouve aussi à l'affiche d'autres têtes familières du petit écran japonais, comme Ogata Ken, Osugi Ren ou encore Tanabe Seiichi. Mon seul réel regret est que Sato Jiro ait été cantonné à un rôle caricatural qui tient plus du comique maladroit de répétition qu'autre chose.

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Bilan : Suivant en fil rouge une enquête policière complexe et à tiroirs multiples, Ningen no Shoumei est un drama dense, choral par sa mise en scène d'une large galerie de personnages ambivalents. Il interroge sur le poids du passé - qu'il soit personnel, ou étroitement mêlé à celui du Japon - et sur la manière dont il est possible, ou non, de refermer des blessures qui semblent ne pouvoir se cicatriser. Son récit gagne en force au fil d'une narration qui bénéficie d'une construction méthodique et efficace, sans précipitation. Une série donc très intéressante à plus d'un titre.


NOTE : 7,5/10