06/03/2013
(J-Drama / SP) Saikai : enquête criminelle sur fond de secrets et drames passés
Après quelques semaines passées en Corée du Sud, retour au Japon en ce mercredi asiatique ! La saison hivernale y est bien avancée, et déjà le printemps s'annonce. Mais avant d'évoquer quelques nouveautés diffusées depuis le début de l'année sur les chaînes japonaises, aujourd'hui, je vous propose de revenir un peu en arrière, avec un tanpatsu datant de la fin de l'année dernière (dont les sous-titres anglais viennent de sortir).
Saikai (Reunion) a été diffusé sur Fuji TV le samedi 8 décembre 2012, avec une audience sans doute en deça des attentes (9,3%) au vu de son casting. Cependant son synopsis, promettant plusieurs mystères dans lesquels le poids du passé, mais aussi des enjeux d'amitié, se trouvaient placés au coeur du récit, m'avait intriguée. D'une durée de 2h05, ce tanpatsu aura tenu ses promesses, gérant plutôt bien une intrigue à tiroirs qui retient l'attention du téléspectateur tout au long du récit.
La vie des quatre personnages principaux de Sakai (Tobina Junichi, Iwamoto Makiko, Kiyohara Keisuke et Sakuma Naoto) a basculé il y a 27 ans. Ils étaient alors âgés de 12 ans, amis réunis par une passion partagée pour le kendo. Un jour qu'ils coupaient par la forêt à la sortie de l'école, ils furent stoppés nets par des coups de feu qui retentirent. Sous le choc, ils découvrirent un peu plus loin dans les bois deux cadavres : un braqueur qui venait de commettre un vol en ville et, surtout, le père de Keisuke, un officier de police. La blessure qu'il portait à la tempe suggéra aux autorités qu'il s'agissait d'un suicide. L'hypothèse admise fut la suivante : il aurait d'abord tué le voleur, son complice, pour garder le butin, puis, découvert par ces enfants, il aurait, de culpabilité et de honte, mis fin à ses jours.
Avant l'arrivée de la police, Keisuke et ses amis récupérèrent cependant l'arme du crime se trouvant sur les lieux. Ils l'enfouirent, avec d'autres possessions de leur enfance, en se jurant de garder à jamais le secret. Mais leur vie ne sera plus jamais la même. Vingt-sept ans plus tard, chacun a grandi en essayant de laisser derrière soi ces souvenirs. Keisuke et Makiko ont eu un enfant ensemble, avant de finalement se séparer. Naoto est resté sur place dans l'ombre d'un inquiétant grand frère. Quant à Junichi, il a coupé les ponts avec tout le monde. Devenu officier de police, il est transféré en ville au début du tanpatsu, retournant dans une ville qu'il souhaiterait laisser derrière lui.
Mais un meurtre a lieu, conduisant à l'hésitante réunion des quatre anciens amis. L'affaire va faire resurgir de multiples blessures du passé et des secrets mal enfouis, tout en faisant d'eux de - légitimes - suspects potentiels.
Saikai, c'est tout d'abord un mystère bien construit, avec une intrigue à tiroirs qui, à chaque révélation ou complément d'informations, apparaît sous un nouveau jour et gagne en complexité. Sur 2 heures, le récit est solidement mené : les enjeux évoluent de manière intéressante, ne se limitant pas à une simple question de découverte d'un coupable. L'histoire se révèle riche, et elle ne cesse de se densifier par le poids des tragédies et blessures passées que les évènements présents ramènent à la surface. La construction de la narration apparaît fluide et sans temps mort, permettant d'exploiter toutes les facettes du concept de départ. Si l'orientation du récit se devine assez aisément bien avant que certaines révélations n'aient lieu, le tanpatsu suit une cohérence et une logique d'ensemble appréciables, conservant nombre d'interrogations qui retiennent la curiosité du téléspectateur.
Il est d'autant plus aisé de s'investir dans Sakai que ce drama ne saurait se réduire à la seule résolution de ces mystères : il met aussi en scène des personnages auprès desquels il sait nous impliquer. Tous les protagonistes sont des figures écorchées par leur passé, plus ou moins brisées et marquées par différents secrets, intimes, qu'ils ont chacun gardés pour eux. Quels faits d'alors déterminent leurs réactions présentes et les choix qu'ils font aujourd'hui ? Les causes de la détresse de certains, de la solitude recherchée par d'autres, ou encore d'excès de violence, intriguent tout autant que l'énigme représentée par le meurtre commis de nos jours. L'heure est venue pour eux de se confronter avec des évènements et des souvenirs qu'ils ont tous fuis à des degrés divers. Par-delà son enquête, Sakai va donc surtout avoir le mérite de proposer un récit très humain et personnel où chacun va devoir essayer de faire la paix avec son passé et avec lui-même, au risque sinon de se perdre définitivement.
Sur la forme, Saikai est un tanpatsu soigné. Sa réalisation est solide, avec certains effets plutôt bien inspirés - notamment l'ambiance qu'il parvient à recréer lors des flashbacks sur ce qu'il s'est passé 27 ans plus tôt dans la forêt. Quant à la bande-son, elle se compose d'une musique uniquement instrumentale, avec plusieurs thèmes récurrents en arrière-plan, qui reste dans l'ensemble bien dosée.
Côté casting, Saikai rassemble un certain nombre de têtes familières et valeurs sûres du petit écran japonais. Leurs interprétations sont globalement convaincantes. Le rôle Junichi est confié à Eguchi Yosuke (Iki mo Dekinai Natsu), tandis que ses trois amis sont respectivement interprétés par Tokiwa Takako (Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei, Hitori Shizuka), Tsutsumi Shinichi (Koi ni Ochitara) et Kagawa Teruyuki (Diplomat Kuroda Kousaku, Nankyoku Tairiku). A leurs côtés, on retrouve notamment Nagasawa Masami, Kitamura Yukiya, Jinbo Satoshi, Kato Seishiro, Aizawa Sayo, Sugimoto Tetta ou encore Kitamura Soichiro.
Bilan : Bénéficiant d'une intrigue dont les enjeux se renouvellent et se complexifient au fil du récit, Sakai délivre une enquête criminelle dans l'ensemble solide, qui se démarque grâce à ses accents très personnels. Avec des protagonistes marqués par leur passé, se mêle aux énigmes policières le récit de plusieurs drames humains. Si sa durée brève ne lui aura pas permis d'explorer autant que son concept le lui permettait tous les rapports et l'amitié qui sous-tend le groupe, ce tanpatsu a indéniablement rempli son contrat, avec un mélange des genres qui retient l'attention de bout en bout.
NOTE : 7,25/10
12:26 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : j-drama, fuji tv, saikai, eguchi yosuke, tokiwa takako, tsutsumi shinichi, kagawa teruyuki, nagasawa masami, kitamura yukiya, jinbo satoshi, kato seishiro, aizawa sayo, sugimoto tetta, kitamura soichiro | Facebook |
28/09/2011
(J-Drama) Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei (Princess Hiro) : la dernière princesse de Chine
En ce mercredi asiatique, poursuivons l'alternance avec la Corée du Sud, et prenons la direction du Japon pour un drama historique qui m'a vraiment fait vibrer et passionnée : Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei, aussi connu sous le nom de Princess Hiro (La Dernière Princesse de Chine). C'est une fiction qui devrait notamment intéresser ceux qui ont apprécié le film Le Dernier Empereur, puisqu'elle relate des évènements proches, suivant la destinée de l'épouse japonaise du prince cadet de la famille impériale.
Ruten no Ouhi - Saigo no Koutei est un tanpatsu (un téléfilm) d'une durée globale d'environ 4h30 (visionné en quatre parties). Ce drama, que l'on pourrait qualifier de mini-série, a été diffusé sur TV Asahi en novembre 2003, à l'occasion du 45e anniversaire de la chaîne. Nous plongeant dans l'Histoire tumultueuse du Japon et de la Chine, des années 30 au début des années 60, il exploite habilement ce sujet très intéressant, tout en gardant un volet plus intimiste, en s'intéressant à un couple principal formé et malmené par les évènements.
Ruten no Ouhi - Saigo no Koutei débute en 1936. Le Japon impérial a envahi la Mandchourie au début de la décennie. Elle en a fait un Etat, officiellement indépendant, mais qui dans les faits demeure contrôlé par l'armée japonaise, qui a placé à sa tête comme chef de l'exécutif, le dernier Empereur de la dynastie Qing, Aixinjueluo Puyi. La tutelle japonaise s'exerce jusqu'à la maîtrise du destin de la famille impériale chinoise, à laquelle est lié le contrôle du territoire. Puyi n'ayant pas d'héritier, son jeune frère, Pujie, officier dans l'armée japonaise, est fortement encouragé à se choisir une épouse lors de ses études au Japon. Si un fils pouvait naître de cette union, cela permettrait d'asseoir durablement l'influence et la légitimité japonaise sur la région.
Ruten no Ouhi - Saigo no Koutei raconte l'histoire de ce couple originellement né de la raison d'Etat et de considérations géostratégiques qui les dépassent. Ce mariage initialement politique, entre un prince chinois et une jeune noble japonaise, apparentée de manière éloignée à l'Empereur du Japon, deviendra une véritable union, fondée sur un amour réciproque inébranlable. C'est ainsi que la relation de Hiro et Puije va réussir à traverser, en dépit des difficultés, tous les tumultes politiques et militaires qui vont marquer leurs pays respectifs : les exactions japonaises en Mandchourie, la Guerre du Pacifique et la défaite japonaise, la révolution communiste chinoise, la rééducation en camp...
Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei dispose de deux grands atouts. Il s'agit tout d'abord d'une très intéressante fresque historique qui, de 1936 à 1961, va nous faire vivre, directement ou indirectement, les destins croisés du Japon et de la Chine. Les bouleversements sont nombreux, et l'Histoire foisonnante permet un récit très riche. Loin de présenter une photographie figée, ce drama propose au contraire un portrait très vivant, souvent poignant, de cette époque troublée et des soubresauts qui la rythment. C'est logiquement sur le sort de la Mandchourie que s'arrête plus particulièrement ce drama. Dans cet Etat pantin (Mandchoukouo) où le gouvernement est une marionnette entre les mains du Japon, les tensions et la fracture sino-japonaise sont marquantes et de plus en plus tragiques. La mise en scène de la série souligne bien les paradoxes d'une situation chargée d'anachronismes, comédie des apparences où chacun suit le rôle qui lui a été donné. Des traditions d'une dynastie restaurée mais fantoche, aux ingérences et aux abus japonais, le drama n'occulte aucune facette de son sujet.
En plus d'un éclairage passionnant sur la grande Histoire, la réussite de Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei va être de savoir intégrer à cette toile de fond troublée une belle histoire personnelle. C'est celle d'un couple réuni par des préoccupations politiques extérieures, au sein duquel les deux époux vont apprendre à se connaître pour construire un véritable mariage d'amour très solide. La magie des sentiments s'opère sous nos yeux, inéluctablement et irrémédiablement en dépit du contexte très difficile et du déchirement provoqué par la situation en Mandchourie. Le récit touche et émeut sans jamais tomber dans le mélodrama. Si ces destinées marquent autant, c'est sans doute aussi parce que la lueur d'espoir ne s'éteindra jamais pour ce couple balayé par l'Histoire sans qu'il ait jamais été vraiment maître de son destin. Hiro et Pujie resteront unis dans l'adversité, malgré tout ce qui aurait dû et pu les opposer. La distance d'une séparation liée à la guerre ne brisera pas leur lien... une patience finalement récompensée en 1961, le régime communiste chinois autorisant leurs retrouvailles.
Solide sur le fond, Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei atteint une autre dimension grâce à sa forme. Sa réalisation est soignée. La photographie met en valeur les qualités esthétiques d'une reconstitution historique appliquée, offrant des contrastes très intéressants en mêlant notamment costumes traditionnels impériaux et habits modernes des années 30 et 40. De plus, ce drama bénéficie d'une superbe OST, avec des thèmes musicaux qui savent parfaitement guider la narration et accentuer la dimension émotionnelle d'un drama qui va toucher une corde sensible, sans jamais en abuser. Le thème instrumental principal notamment, teintée d'une douce mélancolie qui semble au fil du récit de plus en plus déchirante et pesante, est une musique à laquelle la série demeurera toujours associée dans mon esprit.
Enfin, Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei dispose d'un casting très solide, porté par deux acteurs principaux dont les performances ne laissent pas indifférents (même si je ne vous garantis pas en revanche que leur mandarin soit irréprochable). Tokiwa Takako (Long Love Letter, Tenchijin) propose une prestation pleine de vitalité et de fraîcheur pour incarner cette jeune femme au caractère affirmé qu'est Hiro. A ses côtés, j'ai eu le plaisir de retrouver, dans un registre très différent des dramas dans lesquels j'avais pu le voir jouer, Takenouchi Yutaka (Rondo, Fumou Chitai, BOSS) : d'une sobriété à toute épreuve, il incarne avec simplicité ce prince réfléchi, confronté à des évènements sur lesquels il n'a que l'illusion d'une emprise. Je peux sans doute dire au terme de cette série que cet acteur est définitivement entré dans ma courte liste des acteurs japonais à suivre. Outre ce couple phare qui retient l'attention, on retrouve également Hayase Erina, Ichikawa Yui, Esumi Makiko, Amami Yuki, Sorimachi Takashi, Nogiwa Yoko, Kimura Yoshino, Takenaka Naoto ou encore Danta Yasunori.
Bilan : Bénéficiant d'une forme soignée, Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei est une belle oeuvre, homogène, qui mêle habilement la grande et la petite histoire. Fresque historique appliquée et passionnante proposant l'instantané d'une époque troublée en Asie, le drama ne néglige pas non plus une dimension émotionnelle, souvent touchante, en nous plongeant dans les destinées chaotiques d'un couple principal entraîné dans les soubresauts de l'Histoire. Le téléspectateur se laisse ainsi captiver par cette histoire, porteuse d'espoir à sa façon en ouvrant un pont entre les peuples, entre la Chine et le Japon.
NOTE : 8,25/10
Une présentation avec quelques images :
Le thème musical principal de la superbe OST :
Un extrait, Amami Yuki chante "When shall you return" (en mandarin) :
12:30 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : j-drama, tv asahi, ryuuten no ouhi saigo no koutei, princess hiro, tokiwa takako, takenouchi yutaka, hayase erina, ichikawa yui, esumi makiko, amami yuki, sorimachi takashi, nogiwa yoko, kimura yoshino, takenaka naoto, danta yasumori | Facebook |