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16/11/2011

(J-Drama / Pilote) Kaseifu no Mita : une gouvernante mystérieuse et un déchirement familial poignant

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En ce mercredi asiatique, je vous propose de rester au Japon afin de poursuivre l'exploration de la saison automnale actuellement en cours de diffusion. Signe de mon regain d'intérêt pour le petit écran du pays du Soleil Levant, il s'agit de la deuxième nouveauté testée cette saison, après Last Money ~Ai no Nedan~. C'est également mon coup de coeur toutes nationalités confondues de la semaine.

Kaseifu no Mita est diffusée sur NTV depuis le 12 octobre 2011, tous les mercredis soirs à partir de 22h. Elle comportera un total de 10 épisodes de 45 minutes environ (sauf le premier un peu plus long). Avec son approche atypique et intrigante, mêlant mystère et drame familial, ce drama m'aura très vite conquis. C'est donc à nouveau un "faux test de pilote" que je vous propose (après Gye Baek), puisque la critique qui suit a été rédigée après visionnage des cinq premiers épisodes (à jour de la diffusion japonaise). De quoi déclamer avec une certaine assurance l'enthousiasme que ce drama a su susciter chez moi.

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Mita Akari est une gouvernante particulièrement appliquée et compétente dans son travail, donnant souvent entièrement satisfaction à ses employeurs. Cependant, elle ne sourit jamais, ne manifeste aucune émotion et ne donne jamais le fond de sa pensée, restant souvent sans réaction. Cette insensibilité et cette stoïcité apparentes font d'elle une exécutante mécanique de toutes les tâches qui lui sont ordonnées. Elle est en effet prête à remplir un ordre, quelqu'il soit, dans la mesure où celui-ci reste dans ses possibilités. Au point que sa supérieure conseille à ses employeurs de faire attention : si l'ordre était donné de tuer quelqu'un, il se pourrait fort que Mita Akari le fasse...

Kaseifu no Mita s'ouvre sur son arrivée dans une famille sans repères, au bord de la rupture. La mère est en effet décédée il y a moins de deux mois, laissant derrière elle quatre enfants choqués - une petite fille, deux garçons et une adolescente en passe de basculer dans l'âge adulte - ainsi qu'un mari dépassé qui ne sait comment réagir. En gouvernante omniprésente, figure extérieure qui ne juge jamais, Mita Akari va s'insérer dans le quotidien de cette famille, sa présence et ses actions permettant de révéler bien des non-dits et de soulager des tensions. Mais la vérité qui se cache derrière le drame qui a tout bouleversé risque bien de provoquer l'implosion définitive de cette famille sous le poids des responsabilités qui en découlent...

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La réussite de Kaseifu no Mita tient à l'habile mélange des genres qu'elle met en scène. La série emprunte en effet à deux tonalités a priori très différentes, pour se révéler à la croisée du suspense et du mélodrame. Trouvant immédiatement le juste équilibre entre ces deux versants, le résultat s'avère à la fois intrigant et surprenant. D'une part, va être entretenu et exploré le mystère autour de cette figure atypique qu'est la gouvernante, le drama restant ici dans un registre purement suggestif qui n'en demeure pas moins inquiétant. D'autre part, nous sommes plongés, avec une justesse rare et beaucoup d'empathie, dans l'intensité dramatique d'une implosion familiale poignante.

C'est donc par sa faculté à développer de manière consistante ces deux facettes, à la fois parallèles et irrémédiablement liées entre elles, que ce drama assure non seulement son originalité et sa richesse, mais aussi la fidélité d'un téléspectateur rapidement captivé.

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L'attrait de Kaseifu no Mita réside tout d'abord dans le personnage de Mita Akari. Le drama distille autour d'elle un parfum de mystère, empruntant à cette fin des codes narratifs qui ne sont pas sans évoquer ceux d'un thriller. Car Mita Akari n'a rien de l'employée dévouée ordinaire. Si elle pourrait a priori paraître idéale par sa faculté à exaucer presque tous les voeux, ses employeurs prennent vite conscience qu'elle exécute les ordres qui lui sont donnés sans le moindre recul. Tragiquement déshumanisée, comme déconnectée de toute émotion, elle apparaît semblable à une automate. Cherchant vainement un vestige d'humanité derrière cette figure impassible, le téléspectateur s'interroge : qui est-elle vraiment ? Quelle expérience a-t-elle vécue pour en arriver à ce stade de détachement, non seulement extrême, mais aussi dangereux ?

Au-delà du mystère qu'il dévoile peu à peu, le drama va également exploiter toutes les problématiques que peut soulever ce personnage si déroutant. Car Mita Akari ne s'embarrasse ni d'enjeux moraux, ni d'interdits légaux : elle fait ce qu'on lui demande dans la mesure de ses capacités, peu importe qu'il lui soit ordonné de nettoyer la salle de bain ou de tuer la voisine qui propage les rumeurs les plus infamantes sur la famille... Elle apparaît donc d'abord comme une figure inquiétante : sa seule présence rend soudain possible les souhaits les plus excessifs émis sous le coup de l'émotion, révélant ainsi la part d'ombre en chacun de ses employeurs. Cependant, au fil du drama, la perception du téléspectateur se nuance : en l'observant cantonnée dans un rôle de simple exécutante dont elle peut elle-même être la victime, on prend conscience que le réel enjeu n'est pas ce qui naîtra de sa propre initiative. Elle est le reflet de ses employeurs ; et ce qu'elle fait, c'est tout simplement placer ces derniers devant leurs responsabilités. C'est là le thème transversal, récurrent de ce drama.

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Si le rôle de catalyseur de Mita Akari a une telle importance, c'est parce que Kaseifu no Mita nous raconte avant tout l'histoire de la famille Asuda, chez laquelle la gouvernante va être employée. Cette famille traverse une dure épreuve, celle du décès d'une mère qui faisait le lien entre tous ses membres. Le drama débute en empruntant une approche très classique du thème du deuil, traitant avec justesse et sans excès de la difficulté de chacun de faire face à cette perte. Mais très vite, et c'est là que réside la valeur ajoutée de la série, un tournant plus douloureux est pris : cette mort, présentée initialement comme accidentelle, est en réalité un suicide. Or, le jour précédent, son mari, ayant une aventure qu'il pensait sérieuse, avait annoncé à sa femme son intention de divorcer. Par une ironie amère que le drama met pleinement en lumière, le père s'apprêtait donc à abandonner sa famille, mais c'est finalement son épouse qui l'a devancé, d'une bien plus tragique et irrémédiable façon.

C'est lorsque la vérité éclate, à travers les scènes de confrontation qui en résultent, que Kaseifu no Mita acquiert véritablement une autre dimension, tant humaine qu'émotionnelle. Inversant soudain les rôles au sein de la famille, bouleversant toutes les certitudes, les implications de cette révélation sont abordées frontalement. Les réactions des divers enfants à la loyauté désormais écartelée sont décrites avec beaucoup de réalisme. Cependant c'est la figure du mari, par ses ambivalences, qui m'a le plus fasciné. Conscient de sa faillite dans un rôle de père qu'il n'a jamais souhaité, ayant toujours eu l'impression de subir cette vie, tout cela lui sert d'électrochoc pour soudain cesser de prétendre. Son honnêteté est à la fois désarmante et pathétique. Face à un dilemme où il n'y a aucune échappatoire, l'expression de ses doutes achève d'ébranler sa famille.Un père incapable d'affirmer son amour à son propre enfant peut-il se prétendre "père" ?

Nous présentant alors les ruines de la famille Asuda, Kaseifu no Mita n'hésite pas à employer une violence émotionnelle marquante qui pose en filigrane une question plus troublante : qu'est-ce qui fait et fonde une famille ? La série oblige chacun à s'interroger sur la nature de ce lien que l'on considère trop souvent comme un acquis et un dû. Après tout ce passif, les Asuda pourront-ils retrouver le sens du mot "famille" et en reformer une ?

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Sur la forme, Kaseifu no Mita se présente de manière très classique. La caméra sait parfaitement jouer sur l'aura mystérieuse qui émane de Mita Akari, n'ayant pas son pareil pour la faire surgir dans un angle de porte ou imposant tout simplement sa présence stoïque et impassible dans un coin de la pièce où se déroule la scène. La réalisation emploie ainsi ce même mélange, entre drame familial et une touche plus inquiétante, qui fait tout l'attrait de ce drama. C'est ainsi que la petite musique qui retentit lors du début de chaque épisode tient beaucoup plus du thriller mystérieux. Dans l'ensemble, la bande-son de ce drama est réussie, avec notamment une superbe chanson qui accompagne toujours les dernières minutes de chaque épisode, dans un style rock un peu mélancolique, interprétée par Saito Kazuyoshi (cf. la deuxième vidéo à la fin de la note).

Enfin, Kaseifu no Mita bénéficie d'un casting homogène, dans lequel nul ne dénote. Logiquement, c'est sans doute Matsushima Nanako (GTO) qui retient prioritairement l'attention : dans un registre d'une impassibilité impressionante, c'est un rôle au minimalisme calculé qu'elle investit avec beaucoup sobriété. A ses côtés, par contraste avec ce détachement appliqué, on retrouve une famille en train de s'entre-déchirer. Le père est interprété avec beaucoup de nuances par Hasegawa Hiroki. Ce qui est assez amusant le concernant, c'est qu'il se retrouve simultanément dans les deux j-dramas que je visionne actuellement, puisqu'il est également l'acteur principal de Suzuki Sensei. Et si jusqu'à présent je le connaissais peu (voire pas), dans ce registre de personnage en proie au doute, j'avoue que je le trouve vraiment très convaincant ! Composent également cette petite famille : Kutsuna Shiori, Nakagawa Taishi, Ayabe Shuto et Honda Miyu. Signalons enfin la présence de Aibu Saki (Karei Naru Ichizoku, Perfect Report, Rebound).

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Bilan : Aux confins du suspense et du mélodrame familial, Kaseifu no Mita est un intrigant drama qui trouve le juste équilibre entre ces différents genres et tonalités. Détaché de tout schéma manichéen, il sait aussi bien nous plonger dans un déchirement familial poignant, écrit avec beaucoup de justesse, que cultiver une aura de mystère prenant autour de cette figure presque inquiétante qu'est la gouvernante. En filigrane, s'esquisse une intéressante réflexion sur la famille et ses fondements. Parvenant à surprendre et à dépasser les attentes du téléspectateur, il devrait être capable de toucher tous les publics.

La solidité et la consistance de ces cinq premiers épisodes m'incitent à l'optimisme pour la seconde moitié de la série. A découvrir !


NOTE : 8/10


Les premières minutes de la série :


La chanson récurrente de l'OST (
Yasashiku Naritai par Saito Kazuyoshi) :

09/11/2011

(J-Drama) Meitantei no Okite : une atypique parodie policière très sympathique

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Après deux semaines passées en Corée du Sud, c'est au Japon que My Télé is Rich! pose ses valises en ce mercredi asiatique. Non pour la review du pilote d'une des dernières nouveautés de la saison automnale, mais pour le bilan d'une série un peu plus ancienne. Si vous savez que je ne suis pas particulièrement versée dans le genre policier, quelques agréables surprises me prouvent qu'il ne faut jamais fermer la porte à la curiosité. Après BOSS, voici donc Meitantei no Okite.

Composée de 10 épisodes de 45 minutes chacun (sauf le premier qui est un peu plus long), Meitantei no Okite a été diffusée sur TV Asahi du 17 avril au 19 juin 2009. C'est sur les conseils avisés de Kerydwen que j'ai visionné cette série qui s'est révélée être une comédie savoureuse, très plaisante à suivre. Il s'agit d'une vraie parodie décalée et rafraîchissante dans la tradition des fictions policières, mêlant références japonaises et occidentales.

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Saviez-vous que dans toute fiction policière réussie, roman comme série, il existe à travers le monde un certain nombre de règles qui, combinées, sont destinées à rendre l'histoire prenante et efficace ? C'est ainsi que chaque personnage doit se comporter et agir suivant des conditions liées à son rôle.

Le personnage principal, le Grand Détective Tenkaichi Daigoro, se doit de résoudre brillamment chaque mystère, identifiant le coupable au terme d'une séance de révélations considérée comme le climax de l'épisode et l'apothéose de l'enquête. A ses côtés, il est assisté par le capitaine de police, personnage secondaire expérimenté qui va lui servir de faire-valoir dans cette tâche. Ce dernier a vocation à soulever toutes les hypothèses les plus farfelues sauf la bonne, permettant par contraste au jeune détective de briller. Enfin, est également introduit un personnage féminin indispensable : la nouvelle inspectrice qui doit apprendre les bases du métier et qui pourra tomber sous le charme du héros.

S'appliquant à faire méticuleusement mettre en oeuvre ces codes narratifs par des protagonistes qui ont conscience du cahier des charges pesant sur eux, Meitantei no Okite investit la fiction policière avec une approche très décalée. Le drama va ainsi nous relater les enquêtes de ce trio dont la mission est de solutionner des crimes, tout en se conformant à toutes ces conditions prérequises.

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Plus qu'une énième comédie policière, Meitantei no Okite est une parodie qui s'approprie, mais aussi détourne à sa manière, tous les ingrédients les plus classiques de ce genre si familier au téléspectateur. Adoptant le format d'un procedural show traditionnel, avec une enquête par épisode, chaque histoire est placée sous un thème particulier : le mystère du meurtre ayant eu lieu dans un huis clos, celui du dernier message énigmatique laissé par la victime juste avant sa mort, etc... Habilement, le drama mêle des sources d'inspiration diverses et variées, avec des références qui vont de classiques japonais (notamment certains dramas) jusqu'aux séries américaines (Les Experts, Prison Break).

Pour autant, l'enjeu ne réside pas tant dans la résolution du meurtre - en dépit de tous les efforts faits par Tenkaichi pour en faire le point d'orgue de l'épisode - que dans la façon dont l'enquête va se dérouler. Plus précisément, ce sont tous les soubressauts narratifs qui parsèment les épisodes, toutes les intéractions, au sein du trio principal comme avec certains suspects, qui vont faire l'originalité de la série. Ils posent son ambiance à part, dan laquelle un sens de l'absurde assumé et une forme de dérision forment un cocktail détonant.

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Car la raison pour laquelle Meitantei no Okite m'a véritablement conquise, c'est qu'elle dépasse la simple parodie, en prenant du recul par rapport à ce qu'elle nous raconte. En effet, sa particularité tient au fait que ses personnages ont pleinement conscience qu'ils ne sont que... des personnages. Par conséquent, ils connaissent le cahier des charges attenant au rôle qui leur est théoriquement assigné et sont censés s'y conformer volontairement. Sous le prétexte qu'il faut respecter ces exigences, c'est l'occasion pour les protagonistes eux-mêmes d'exposer les recettes employées pour construire chaque scénario, mais aussi d'en exploiter les rouages et leur prévisibilité.

Dès lors, chaque déviation de la feuille de route, chaque non respect des comportements canoniquement attendus, apparaît comme un obstacle au bon déroulement de l'épisode qu'il convient de corriger en aparté dans une salle de debriefing, summum du décalage, où se retrouve notre trio. Multipliant ainsi les ruptures de rythme aux causes improbables et impossible dans une fiction classique, la série investit une dimension comique supplémentaire. Si cela introduit logiquement une distance par rapport à l'enquête, cette approche a le mérite d'accentuer la proximité avec les différents protagonistes. Il émane en effet du trio principal une dynamique de groupe, volontairement chaotique, qui rend chacun très sympathique. Des caprices de Tenkaichi, au sens du sacrifice du capitaine dans sa mission de personnage secondaire, jusqu'à la réticence perpétuelle de Fuji Mana qui refuse d'assimiler les règles et de se cantonner au rôle qui lui est dévolu... toutes ces réactions se transforment en autant de running-gag permanents dont le téléspectateur ne se lasse pas. 

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Sur la forme, Meitantei no Okite exploite admirablement sa tonalité décalée. Dotée d'une réalisation dynamique, la caméra n'hésite pas à accompagner, voire à précipiter, les ruptures de rythme et les brusques changements de perspective dans la narration. Parmi les effets de style permettant d'accentuer l'humour de certains passages, l'utilisation de la pièce de "mise au point", située artificiellement en dehors de l'histoire, ou encore le recours à des sous-titres directement incrustés à l'écran, sont autant d'éléments qui ne font qu'encourager un humour omniprésent, aussi bien sur le fond de l'histoire et que dans la manière de la raconter. A noter également une chanson de fin très agréable à l'écoute, interprétée par Baba Toshihide (et qui s'intitule Fighting Pose no Uta).

Enfin, Meitantei no Okite bénéficie d'un casting au parfait diapason de son atmosphère atypique. La parodie légitime le sur-jeu et beaucoup d'excès, mais l'ensemble reste dans la continuité logique : le rire à la fois arrogant et forcé de Tenkaishi ou encore la surprise perplexe de Fuji Mana deviennent en soi des éléments humoristiques à part entière. Le téléspectateur s'attache ainsi aisément à tout ces acteurs, conduits par Matsudo Shota (Liar Game, Love Shuffle). A ses côtés, on retrouve Kashii Yu (Mori no Asagao), Kimura Yuichi (Shinzanmono), Chisun et Irie Jingi.

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Bilan : Parodie attachante, comédie policière qui assume et cultive une atmosphère décalée, Meitantei no Okite est un drama très sympathique, reposant sur un trio de personnages dont la dynamique est épicée par la conscience que chacun a du rôle qui lui est dévolu. Empruntant à des références multiples, japonaises comme occidentales, la série prend un malin plaisir à se jouer des codes narratifs classiques dont elle souligne l'existence. Elle apparaît à la fois comme une forme d'hommage au genre, tout y apportant une distance humoristique particulièrement rafraîchissante. C'est en somme un divertissement policier parfait pour se détendre et passer un bon moment devant son petit écran.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

19/10/2011

(J-Drama / Pilote) Last Money ~Ai no Nedan~ (Price of love) : une intéressante immersion dans le milieu des assurances


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Retour au Japon en ce mercredi asiatique pour évoquer une des nouveautés de cet automne. Vous avez sans doute dû remarquer que la place occupée par le pays du Soleil Levant tend à s'accroître ces derniers temps sur My Télé is Rich!, équilibrant la répartition de ce rendez-vous hebdomadaire asiatique. Si la brièveté des dramas japonais par rapport aux sud-coréens joue sans doute en leur faveur, en raison du peu de temps libre dont je dispose actuellement, cela reflète aussi une vraie stabilisation de fond : c'est officiel, plus de cinq ans après le visionnage de mon premier j-drama, j'ai enfin trouvé mes marques devant ce petit écran japonais !

C'est pour cela que, cet automne, Last Money, diffusé depuis le 13 septembre 2011 sur NHK, ne pouvait que retenir mon attention, certitude confirmée par la première critique de LadyTeruki. Les dramas de NHK n'ont sans doute pas les synopsis les plus glamours à première vue, mais c'est dans l'éclairage qu'ils apportent de la société japonaise que réside tout leur attrait (souvenez-vous, Hagetaka). On se situe ici dans le même registre qu'un certain nombre de fictions de WOWOW, à l'image par exemple de Soratobu Taiya. Comprenant sept épisodes au total, Last Money s'achèvera mardi prochain au Japon ; cette critique portera sur les deux premiers épisodes de la série, visionné vendredi soir avec beaucoup d'enthousiasme. 

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Last Money se concentre sur le personnage de Mukojima Sakutaro. Ce dernier travaille pour une compagnie d'assurance, pour laquelle il enquête sur les demandes en paiement des clients, vérifiant si les conditions du contrat d'assurance souscrit sont bien remplies dans chaque cas et donc autorisant ou non le versement. Des hypothèses de fraude à l'assurance pour de faux soins médicaux jusqu'au versement d'assurance-vie suite à des décès dont il faut déterminer les circonstances exactes (suicide, ordre des décès dans un accident), il traite des affaires les plus diverses avec le même pointilleux sens de l'éthique qui le pousse toujours au bout de ses investigations, peu importe le résultat et les conséquences qui en découleront...

Ce professionnalisme n'est d'ailleurs pas toujours du goût de son entreprise, dont la politique commerciale se concentre plus sur son équilibre financier et la rapidité avec laquelle elle opère ses versements par rapport à la concurrence. Cela ne va donc pas sans provoquer parfois certaines tensions au sein d'une société où son obstination peut se heurter aux impératifs de chiffres fixés. Ses collègues se sont habitués à ce tempérament, et le dernier employé placé en formation à ses côtés comprend ainsi peu à peu les impératifs et les dilemmes moraux de ce métier. Mukojima Sakutaro a cependant peu de véritables amis, si ce n'est Yokomura Kazuki, avec qui il est inséparable depuis l'université. Or ce dernier a entamé une liaison extra-conjugale dans laquelle il s'investit plus que de raison ; mais sa maîtresse, mère célibataire apparemment sans histoire, semble nourrir des arrière-pensées financières qui devraient peut-être susciter la méfiance.

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Gagnant en épaisseur et en envergure au fil de son pilote, Last Money se révèle être un drama habile qui a parfaitement compris tout le potentiel de son sujet de départ. En effet, la série va décliner ce thème du milieu des assurances en s'attachant à en exploiter toutes les facettes. Se présentant sous une forme semi-procédurale, avec des enquêtes conduites à chaque épisode, elle introduit également divers fils rouges qui complètent et densifient le récit. Non seulement un enjeu dramatique est posé dès le flashforward d'ouverture, mais le drama esquisse aussi une promesse d'exploration du personnage principal à travers une affaire passée qui semble le hanter.

Doté d'une construction narrative maîtrisée, Last Money a de plus le mérite de savoir trouver le ton juste pour aborder ce sujet finalement très sensible. Il émane de cette série une impression d'authenticité et de réalisme qui renforce l'impact des histoires racontées. S'intéresser au milieu des assurances apparaît comme l'angle parfait pour tendre un miroir, parfois peu flatteur, souvent désabusé, vers la société japonaise et les rapports que ses membres entretiennent avec les sommes rondelettes que Sakutaro peut débloquer. De son entreprise jusqu'aux particuliers qu'il croise, le drama multiplie opportunément les points de vues pour offrir une vision d'ensemble guère optimiste. C'est un portrait nuancé qui est dressé, où les intérêts de chacun s'entremêlent souvent de façon conflictuelle.

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Outre cet éclairage social, c'est aussi dans un registre plus intime que Last Money retient l'attention. Faire jouer le mécanisme de l'assurance signifie généralement accident ou drame de la vie. Or la série démontre une faculté rare pour relater avec sobriété et une forme de pudeur parfaitement contenue ces tranches d'existence évoquées au cours de chaque enquête. Le choix de la première affaire traitée dans le pilote est judicieux : c'est celle d'une famille, tuée dans un accident de voiture, dont il faut retracer l'ordre des décès pour déterminer à quel héritier revient l'important montant de l'assurance-vie contractée. Tout en éclairant le rapport très différent des parents survivants face à cette somme, le drama verse logiquement dans un drame plus poignant qui ne saurait laisser le téléspectateur indifférent.

En filigrane, transparaît du propos tout en retenue de Last Money un certain pessimisme. Si quantifier la vie d'un être cher est chose impossible, le mécanisme de l'assurance semble réveiller les instincts les plus bas de notre nature humaine et vicier les relations. Non seulement la douleur s'efface parfois au profit de la préoccupation monétaire, mais c'est aussi la seule existence de ce système qui aiguise les appétits : au-delà des cas de fraude, que penser de la demande d'une maîtresse qui présente le fait d'être bénéficiaire du contrat d'assurance-vie de son amant comme une preuve d'amour véritable ? Derrière ces questions d'argent, c'est bien l'être humain qui est le coeur du sujet de cette série.

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Sur la forme, Last Money bénéficie de la sobriété caractéristique de ce type de drama, parfaitement adéquate à la tonalité d'ensemble. La réalisation opte pour une simplicité, sans le moindre effet de style, qui renforce l'impression d'authenticité du récit. Les couleurs sont globalement plutôt froides, avec quelques filtres teintés pour marquer certains changements de décor, notamment en extérieur. Pareillement, la bande-son reste minimaliste, se confondant complètement à l'histoire proposée.

Enfin, Last Money bénéficie d'un casting globalement homogène qui assure des prestations crédibles. Il est conduit par Ito Hideaki (Bengoshi no Kuzu, First Kiss), qui incarne cet agent-enquêteur d'assurances recherchant obstinément la vérité dans tous les cas qui lui sont soumis. A ses côtés, on retrouve Takashima Reiko (Bengoshi no Kuzu), Nakamaru Yuichi (membre du groupe KAT-TUN, Sushi Oji!), le toujours excellent Matsushige Yutaka (Fumo Chimai), Tabata Tomoko, Ibu Masatoas, Natsuyagi Isao ou encore Tanaka Tetsushi.

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Bilan : Le pilote de Last Money pose efficacement les bases d'un human drama consistant, dont la force réside autant dans une sobriété d'ensemble que dans les passages plus poignants inhérents aux drames de la vie croisés dans les affaires. Bénéficiant d'une solide construction narrative dans laquelle s'esquisse plusieurs fils rouges, son scénario, à tiroirs multiples, utilise habilement le prisme du monde des assurances pour éclairer toutes les problématiques de société, mais aussi plus personnelles, que ces questions d'argent peuvent soulever. En somme, Last Money apparaît comme le portrait authentique d'une société japonaise moderne. A suivre ! 


NOTE : 8/10


Quelques images de la série :

05/10/2011

(J-Drama / SP) Hei no Naka no Chuugakkou : une école derrière les barreaux

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En ce mercredi asiatique, c'est toujours au Japon que je vous propose de rester afin d'évoquer un drama special visionné dernièrement et qui m'a beaucoup intéressé : Hei no Naka no Chuugakkou. Si c'est initialement le casting qui avait attiré mon attention (vous connaissez ma manie de surveiller avec soin les filmographies de mes acteurs favoris), le sujet de cette école publique située en prison, sortant de l'ordinaire et adoptant un cadre carcéral atypique, n'avait fait qu'un peu plus aiguiser ma curiosité.

Hei no Naka no Chuugakkou est un tanpatsu d'une durée totale de 2 heures, qui a été diffusé sur TBS le 11 octobre 2010. Il a été récompensé en juin dernier au 51e Festival de Monte-Carlo, en remportant le prix du meilleur film télévisé, tandis que Ken Watanabe, un des acteurs principaux, remportait pour son rôle le prix du meilleur acteur de film télévisé.

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Dans la ville de Matsumoto (préfecture de Nagano), la prison locale accueille le seul lycée public japonais situé en milieu carcéral. Les élèves sont tous des détenus actuellement en train de purger leur peine dans une des prisons du pays et qui n'ont jamais obtenu leur diplôme de fin d'études. Un conseil sélectionne chaque année méticuleusement les requêtes émanant de toute l'île, sélectionnant minutieusement, parmi les demandeurs, cinq prisonniers qui bénéficieront pendant un an de cet aménagement de peine particulier.

Hei no Naka no Chuugakkou va nous raconter une année scolaire à Matsumoto, de leur arrivée sur les lieux jusqu'au diplôme qu'obtiendront certains des personnages. Les prisonniers mis en scène, âgés de 20 à 70 ans, ont tous des parcours très différents, malmenés par la vie, la malchance ou la fatalité. De cette cohabitation - au cours de laquelle ils ne sont normalement autorisés à ne nouer aucun liens entre eux -, naît pourtant une forme de dynamique de classe qui va se construire peu à peu bon gré, mal gré, tendant vers l'acquisition du diplôme. Cette classe reste cependant à part, et le nouvel enseignant assistant nommé pour leur faire cours a bien dû mal à cerner son rôle et ce qui est entendu de lui et de ses élèves.

Cela va être une année d'apprentissage dans tous les sens du terme, pour tout le monde. 

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Si Hei no Naka no Chuugakkou mérite le détour, c'est tout d'abord pour l'originalité et l'ambition inhérentes au sujet choisi. On dit souvent (à juste titre) que la télévision japonaise a tendance à décliner à l'excès toutes les variantes possibles d'histoires d'enseignants, mais ici, point de figure messianique extraordinaire : le cadre carcéral domine, justifiant ainsi l'exploration de thématiques éducatives rarement abordées sous cet angle. Le rapport à l'enseignement est très différent d'un high school drama par le simple fait que les élèves sont adultes. Ils ne sont pas tournés vers le futur : leurs expériences ne se sont pas conclues de manière heureuse et ils purgent des peines de prison longues leur offrant des perspectives d'avenir limitées. La fiction va prendre le temps de s'intéresser à chacun d'eux, dressant des portraits, tout en ombres et lumières, de personnages ayant des aspirations et des histoires qui leur sont personnelles. A mesure qu'une étrange et hésitante émulation collective se crée au sein d'une "vie de classe" artificielle, le drama gagne en humanité, bénéficiant d'une écriture très sobre, souvent juste, où perce une forme de dignité qui sait toucher le téléspectateur.

Même si Hei no Naka no Chuugakkou dépeint une réalité nuancée, conscient que la vie n'offre pas de cadeaux, c'est pourtant aussi par son optimisme que la fiction va se démarquer. Tous ne réussiront pas dans leur défi d'obtenir ce diplôme symbolique, mais au cours de cette année, chaque intervenant, les prisonniers comme l'enseignant, aura appris sur lui-même et sur la vie en général quelque chose qui n'est pas quantifiable. Car c'est sans doute dans ce registre que ce drama parvient à exploiter tout le potentiel de son récit. L'enjeu n'est pas une simple acquisition de connaissances, comme elle pourrait l'être dans tout drama scolaire, mais c'est en réalité une recherche bien plus fondamentale : il s'agit de retrouver sa propre estime de soi. C'est en vérité autant pour faire face au regard des autres que pour soi-même que chacun est là. Le parcours en parallèle du nouveau professeur en est une illustration révélatrice et le parfait écho : alors qu'il déchire douloureusement ses rêves d'adolescence et l'espoir de devenir photographe, ce dernier va peu à peu comprendre le rôle qui lui est échu et retrouver un sens à son métier.

La conclusion de Hei no Naka no Chuugakkou viendra confirmer que la scolarité n'est qu'une façade dans cette belle histoire de redécouverte de soi et de réapprentissage de la vie, humaine comme sociale, permettant à chacun de se retrouver.

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Sur la forme, Hei no Naka no Chuugakkou présente une réalisation classique, quasi-minmaliste par instant. Le quasi huis clos offert par le cadre de la prison renforce l'impression un peu figée et théâtrale de la mise en scène. Ces effets apparaissent recherchés : la dynamique du récit n'en souffre pas, en revanche cela permet de se concentrer sur l'essentiel dans une histoire toute entière dédiée à ses protagonistes et au long cheminement qu'ils vont suivre au cours de cette année.

Côté casting, ce drama special réunit des acteurs japonais confirmés qui vont proposer une performance d'ensemble très solide, permettant de bien faire ressortir la dimension humaine de la fiction. Si Hei no Naka no Chuugakkou avait initialement retenu mon attention, c'est en raison de la présence d'Odagiri Joe (Jikou Keisatsu, Atami no Sousakan) qui fait partie de ces quelques acteurs nippons dont je surveille tous les projets avec attention. Il joue ici le rôle de l'observateur de ce groupe de détenus, enseignant cherchant lui aussi sa place et qui va apprendre beaucoup de cette année scolaire atypique. A ses côtés, on retrouve des acteurs très convaincants : Watanabe Ken (plus connu pour ses rôles au cinéma comme dans Le Dernier Samourai), Otaki Hideji, Suma Kei, Chihara Seiji, Sometani Shota ou encore Kadono Takuzo.

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Bilan : Bénéficiant d'un sujet original qu'il va savoir traiter avec des nuances, mais aussi beaucoup d'humanité, Hei no Naka no Chuugakkou est une très intéressante histoire d'apprentissage, où le cadre pseudo-scolaire cache en vérité une inspirante reconquête d'une estime de soi perdue, ainsi qu'un effort pour renouer avec la vie en société. Sans jamais verser dans la fable moralisatrice, ce drama toujours très sobre délivre un message teinté d'un relatif optimisme qui achève de conquérir le téléspectateur. Une curiosité à découvrir.


NOTE : 7,75/10


La bande-annonce :

28/09/2011

(J-Drama) Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei (Princess Hiro) : la dernière princesse de Chine


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En ce mercredi asiatique, poursuivons l'alternance avec la Corée du Sud, et prenons la direction du Japon pour un drama historique qui m'a vraiment fait vibrer et passionnée : Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei, aussi connu sous le nom de Princess Hiro (La Dernière Princesse de Chine). C'est une fiction qui devrait notamment intéresser ceux qui ont apprécié le film Le Dernier Empereur, puisqu'elle relate des évènements proches, suivant la destinée de l'épouse japonaise du prince cadet de la famille impériale.

Ruten no Ouhi - Saigo no Koutei est un tanpatsu (un téléfilm) d'une durée globale d'environ 4h30 (visionné en quatre parties). Ce drama, que l'on pourrait qualifier de mini-série, a été diffusé sur TV Asahi en novembre 2003, à l'occasion du 45e anniversaire de la chaîne. Nous plongeant dans l'Histoire tumultueuse du Japon et de la Chine, des années 30 au début des années 60, il exploite habilement ce sujet très intéressant, tout en gardant un volet plus intimiste, en s'intéressant à un couple principal formé et malmené par les évènements.

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Ruten no Ouhi - Saigo no Koutei débute en 1936. Le Japon impérial a envahi la Mandchourie au début de la décennie. Elle en a fait un Etat, officiellement indépendant, mais qui dans les faits demeure contrôlé par l'armée japonaise, qui a placé à sa tête comme chef de l'exécutif, le dernier Empereur de la dynastie Qing, Aixinjueluo Puyi. La tutelle japonaise s'exerce jusqu'à la maîtrise du destin de la famille impériale chinoise, à laquelle est lié le contrôle du territoire. Puyi n'ayant pas d'héritier, son jeune frère, Pujie, officier dans l'armée japonaise, est fortement encouragé à se choisir une épouse lors de ses études au Japon. Si un fils pouvait naître de cette union, cela permettrait d'asseoir durablement l'influence et la légitimité japonaise sur la région.

Ruten no Ouhi - Saigo no Koutei raconte l'histoire de ce couple originellement né de la raison d'Etat et de considérations géostratégiques qui les dépassent. Ce mariage initialement politique, entre un prince chinois et une jeune noble japonaise, apparentée de manière éloignée à l'Empereur du Japon, deviendra une véritable union, fondée sur un amour réciproque inébranlable. C'est ainsi que la relation de Hiro et Puije va réussir à traverser, en dépit des difficultés, tous les tumultes politiques et militaires qui vont marquer leurs pays respectifs : les exactions japonaises en Mandchourie, la Guerre du Pacifique et la défaite japonaise, la révolution communiste chinoise, la rééducation en camp...

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Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei dispose de deux grands atouts. Il s'agit tout d'abord d'une très intéressante fresque historique qui, de 1936 à 1961, va nous faire vivre, directement ou indirectement, les destins croisés du Japon et de la Chine. Les bouleversements sont nombreux, et l'Histoire foisonnante permet un récit très riche. Loin de présenter une photographie figée, ce drama propose au contraire un portrait très vivant, souvent poignant, de cette époque troublée et des soubresauts qui la rythment. C'est logiquement sur le sort de la Mandchourie que s'arrête plus particulièrement ce drama. Dans cet Etat pantin (Mandchoukouo) où le gouvernement est une marionnette entre les mains du Japon, les tensions et la fracture sino-japonaise sont marquantes et de plus en plus tragiques. La mise en scène de la série souligne bien les paradoxes d'une situation chargée d'anachronismes, comédie des apparences où chacun suit le rôle qui lui a été donné. Des traditions d'une dynastie restaurée mais fantoche, aux ingérences et aux abus japonais, le drama n'occulte aucune facette de son sujet.

En plus d'un éclairage passionnant sur la grande Histoire, la réussite de Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei va être de savoir intégrer à cette toile de fond troublée une belle histoire personnelle. C'est celle d'un couple réuni par des préoccupations politiques extérieures, au sein duquel les deux époux vont apprendre à se connaître pour construire un véritable mariage d'amour très solide. La magie des sentiments s'opère sous nos yeux, inéluctablement et irrémédiablement en dépit du contexte très difficile et du déchirement provoqué par la situation en Mandchourie. Le récit touche et émeut sans jamais tomber dans le mélodrama. Si ces destinées marquent autant, c'est sans doute aussi parce que la lueur d'espoir ne s'éteindra jamais pour ce couple balayé par l'Histoire sans qu'il ait jamais été vraiment maître de son destin. Hiro et Pujie resteront unis dans l'adversité, malgré tout ce qui aurait dû et pu les opposer. La distance d'une séparation liée à la guerre ne brisera pas leur lien... une patience finalement récompensée en 1961, le régime communiste chinois autorisant leurs retrouvailles. 

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Solide sur le fond, Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei atteint une autre dimension grâce à sa forme. Sa réalisation est soignée. La photographie met en valeur les qualités esthétiques d'une reconstitution historique appliquée, offrant des contrastes très intéressants en mêlant notamment costumes traditionnels impériaux et habits modernes des années 30 et 40. De plus, ce drama bénéficie d'une superbe OST, avec des thèmes musicaux qui savent parfaitement guider la narration et accentuer la dimension émotionnelle d'un drama qui va toucher une corde sensible, sans jamais en abuser. Le thème instrumental principal notamment, teintée d'une douce mélancolie qui semble au fil du récit de plus en plus déchirante et pesante, est une musique à laquelle la série demeurera toujours associée dans mon esprit.

Enfin, Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei dispose d'un casting très solide, porté par deux acteurs principaux dont les performances ne laissent pas indifférents (même si je ne vous garantis pas en revanche que leur mandarin soit irréprochable). Tokiwa Takako (Long Love Letter, Tenchijin) propose une prestation pleine de vitalité et de fraîcheur pour incarner cette jeune femme au caractère affirmé qu'est Hiro. A ses côtés, j'ai eu le plaisir de retrouver, dans un registre très différent des dramas dans lesquels j'avais pu le voir jouer, Takenouchi Yutaka (Rondo, Fumou Chitai, BOSS) : d'une sobriété à toute épreuve, il incarne avec simplicité ce prince réfléchi, confronté à des évènements sur lesquels il n'a que l'illusion d'une emprise. Je peux sans doute dire au terme de cette série que cet acteur est définitivement entré dans ma courte liste des acteurs japonais à suivre. Outre ce couple phare qui retient l'attention, on retrouve également Hayase Erina, Ichikawa Yui, Esumi Makiko, Amami Yuki, Sorimachi Takashi, Nogiwa Yoko, Kimura Yoshino, Takenaka Naoto ou encore Danta Yasunori.

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Bilan : Bénéficiant d'une forme soignée, Ryuuten no Ouhi - Saigo no Koutei est une belle oeuvre, homogène, qui mêle habilement la grande et la petite histoire. Fresque historique appliquée et passionnante proposant l'instantané d'une époque troublée en Asie, le drama ne néglige pas non plus une dimension émotionnelle, souvent touchante, en nous plongeant dans les destinées chaotiques d'un couple principal entraîné dans les soubresauts de l'Histoire. Le téléspectateur se laisse ainsi captiver par cette histoire, porteuse d'espoir à sa façon en ouvrant un pont entre les peuples, entre la Chine et le Japon.


NOTE : 8,25/10


Une présentation avec quelques images :

Le thème musical principal de la superbe OST :

Un extrait, Amami Yuki chante "When shall you return" (en mandarin) :