18/07/2012
(J-Drama / SP) Shukumei : une confrontation entre griefs passés et meurtre présent
Toujours au Japon en ce mercredi asiatique pour évoquer un autre tanpatsu après celui de la semaine dernière (je crois d'ailleurs que je vais conserver cette habitude prise depuis l'automne dernier d'intercaler des tanpatsus entre deux cycles sud-coréens/japonais "dramas longs" ; cela me permet de poursuivre des explorations téléphagiques sans surcharger mes programmes). Il faut dire que la saison estivale s'annonce assez clairsemée au Japon : peu de synopsis ont retenu mon attention (pour une présentation, rendez-vous ici et là). J'ai noté Dragon Seinendan (sans doute en souvenir de la surprise qu'avait été Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro l'été dernier) et surtout Magma, le dernier WOWOW dont les sous-titres commencent à sortir. En attendant, nous allons rester sur cette chaîne avec le tanpatsu du jour : Shukumei.
Courant mai, j'ai eu l'occasion d'écrire un article sur l'évolution de WOWOW depuis une décennie, expliquant son arrivée dans les fictions par les tanpatsu (en 2003) puis son passage aux renzoku à partir de 2008. Faire ces recherches m'a conduit à remonter un peu le temps. La plupart de ces premiers tanpatsu ne disposent d'aucun sous-titres et me sont donc inaccessibles, à l'exception de quelques-uns, dont Shukumei (je soupçonne que son casting n'est pas étranger à cela - on y retrouve Kashiwabara Takashi et Fujiki Naohito). Adaptant un roman éponyme de Higashino Keigo, il a été diffusé le 26 décembre 2004. Portant à l'écran un certain nombre de thèmes ambitieux (policier, médical, rivalité personnelle) et d'une durée de presque 2 heures, cet unitaire ne parvient cependant pas à exploiter tout le potentiel entrevu sur le papier.
Wagura Yusaku et Uryu Akihiko se sont connus sur les bancs de l'école primaire. Depuis cette époque jusqu'au lycée, la concurrence a été constante entre les deux. Mais le premier n'a jamais réussi à prendre le meilleur sur ce nouveau venu, rivé à la première place de la classe. Dans ce contexte de rivalité d'adolescence, on comprend que les deux garçons n'aient jamais sympathisé. Ils se sont logiquement ensuite perdus de vue. Uryu Akihiko, dont le père est un chef d'entreprise à succès, a refusé la voie de l'héritier qui lui était toute tracée et est devenu chirurgien. Tandis que Wagura Yusaku a, lui, dû interrompre ses études et abandonner son rêve de devenir médecin pour des raisons personnelles... rompant du même coup avec celle qu'il aimait.
Dix ans plus tard, le destin amène les deux jeunes hommes à se recroiser dans des circonstances autrement plus dramatiques. Wagura Yusaku est devenu policier. Il enquête sur un meurtre dont Uryu Akihiko est un des suspects. Il découvre alors que son ancienne amie est désormais mariée à son rival. Tandis que son instinct le laisse se persuader de la culpabilité de son rival, l'affaire réveille d'autres mystères passés non résolus. La confrontation est inévitable, sans que Wagura Yusaku puisse anticiper ce qu'il découvrira.
Dans sa façon d'aborder plusieurs thématiques comme autant de facettes d'une même pièce, Shukumei apparaissait a priori ambitieux. Son intérêt résidait justement dans la lecture à plusieurs niveaux que permettait son histoire. Tout d'abord, elle ne se réduisait pas à une simple enquête policière classique sur un meurtre. Elle ajoute en effet volontairement une dimension autrement plus personnelle à la confrontation orchestrée, sur laquelle, aux ressentiments d'adolescence, se greffe une jalousie compréhensible quand une sorte de triangle amoureux se reforme de manière inattendue. Logiquement, on aurait donc pu croire que le tanpatsu allait s'orienter vers un intense face-à-face, sur fond d'inimitié ancienne. Or, à l'exception de deux-trois scènes réussies dans ce registre, il n'en est rien. Les deux personnages principaux se croisent d'ailleurs finalement assez peu. Si bien que la confrontation entre Wagura et Uryu, placée pourtant sous le signe du destin ainsi martelé dès le titre, n'atteint jamais l'ampleur promise.
Ce problème récurrent d'un manque de tension pèse sur l'ensemble du drama. Shukumei ne parvient jamais à dépasser l'exposé sommaire d'idées, ne réussissant pas à se les approprier pour y injecter un vrai suspense, ni à impliquer un téléspectateur qui reste un observateur extérieur quelque peu imperméable à ces enjeux dépeints de manière trop minimalistes. Plus qu'un problème d'écriture, cette absence d'épaisseur tient sans doute pour beaucoup à une richesse de l'histoire de départ inadaptée au format de moins de 2h. En essayant d'en conserver les grandes lignes, le tanpatsu est contraint de survoler certains développements et d'emprunter des raccourcis rendant la narration brouillonne. Shukumei ne trouve ainsi pas son ton. Ce constat est particulièrement flagrant dans le tournant pris par le dernier tiers du drama. Le rebondissement médical, dévoilant certains abus, est supposé apporter une relecture des évènements de la dernière décennie et des rapports entre les protagonistes. Mais il tombe pareillement à plat faute d'introduction bien menée, et pour cause d'abus de coïncidences qui décrédibilisent le récit. En somme, c'est une transposition qui se laisse suivre, mais est trop maladroite : en perdant l'homogénéité de la source d'origine, elle rappelle aussi les difficultés d'un tel exercice.
Sur la forme, Shukumei propose un résultat très correct. La réalisation reste très basique, avec une préférence pour les plans serrés. Quant à l'utilisation de filtres de couleur pour les flashback, cela reste un classique du petit écran japonais. Le choix du bleuté pour le passé, où se mélange souvenirs et extrapolation, est plutôt judicieux, cela permet de s'interroger sur la réalité de ces scènes. Sinon, la bande-son a quelques fulgurances intéressantes, mais reste dans l'ensemble assez en retrait.
Face à ce résultat mitigé, Shukumei aura au moins eu l'avantage de pouvoir s'appuyer sur un casting globalement solide qui aura fait ce qu'il pouvait, avec une confrontation entre Kashiwabara Takashi et Fujiki Naohito qui, si elle n'est pas toujours bien conduite et peine à susciter la tension attendue, proposera quand même quelques scènes intéressantes, où chaque acteur aura l'occasion de pleinement s'exprimer. (D'ailleurs, dans un registre plus frivole, si j'avais déjà croisé le premier dans certains dramas, je dois dire qu'il n'avait jamais autant retenu mon attention paru aussi charmant que dans ce tanpatsu - une exploration de filmographie s'impose.) A leurs côtés, on retrouve également Honjo Manami, Shinagawa Toru, Mizukawa Asami, Iijima Naoko ou encore Tezuka Satomi.
Bilan : S'il aborde des thèmes au potentiel très intéressant, Shukumei ne réussit pas à transposer l'histoire complexe envisagée dans la durée réduite impartie par son format. Cela donne un résultat qui ne convainc que par intermittence (il y a quand même quelques passages qui ressortent agréablement du lot) et semble inabouti, peinant à trouver sa tonalité. En dépit de ces difficultés, les deux heures se visionnent cependant sans ennui, en parti grâce à un casting solide - et surtout un duo principal - qui reste comme le principal intérêt du drama. Un tantaptsu que peuvent donc tenter les amateurs appréciant ces acteurs, mais que je ne conseillerais pas particulièrement aux autres.
NOTE : 6/10
Un MV (la chanson-titre du tanpatsu, avec des images du drama) :
10:49 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : j-drama, shukumei, wowow, kashiwabara takashi, fujiki naohito, honjo manami, shinagawa toru, mizukawa asami, iijima naoko, tezuka satomi | Facebook |
Commentaires
Alors ça c'est marrant parce que je l'ai justement regardé avant-hier ^^;; Du coup, comme je n'ai pas encore écrit mon propre billet et que je ne tiens pas à être influencée, je ne lis pas tout de suite le tien. Je constate néanmoins que nous lui mettons la même note. Bref, ce n'est pas un commentaire pour dire quelque chose d'intéressant mais je trouvais juste amusant que nous soyons aussi synchrones ;)
Écrit par : Kerydwen | 18/07/2012
@ Kerydwen : Ah ah, c'est en effet marrant d'être aussi synchro sans s'être concertées, pour exhumer un vieux tanpatsu vieux de 8 ans ! A priori, il t'a laissé une impression également très mitigée au vu de ta note. Je lirai ta review avec intérêt.
N'empêche que, ma révélation personnelle de ce tanpatsu, j'avoue que c'est surtout Kashiwabara Takashi. Je l'avais déjà croisé, mais... jamais sous cet angle-là, il faut croire. ^^ En me penchant sur sa filmographie, j'ai vu qu'il avait joué dans un autre tanpatsu qui a des sous-titres (et que tu as reviewé), GOTAISETSU. Je vais chercher si j'arrive à mettre la main dessus. :)
Écrit par : Livia | 18/07/2012
Ah Kashiwabara Takashi... je comprends tout à fait qu'il ait attiré ton œil ^^. C'est d'ailleurs en partie pour lui que j'ai regardé ce tanpatsu mais aussi parce que j'apprécie généralement les séries tirées des romans de Higashino Keigo. Je t'avouerai qu'effectivement, mon avis est plutôt mitigé concernant Shukumei mais je ne m'étale pas trop car j'en parlerai chez moi d'ici quelques semaines ;)
Pour en revenir à un sujet plus futile, j'ai eu un peu le même cheminement que toi concernant Kashiwabara Takashi car je l'ai croisé à plusieurs reprises sans que je n'y fasse trop attention. Ce n'est que l'année dernière, grâce à Hachimitsu to Clover, que je me suis dit "oh ben voyons, tu dois avoir besoin de lunettes Kerydwen". Ce fut mon petit coup de cœur 2011 ^^; Depuis j'ai pas mal exploré sa filmographie mais aussi celle de son petit frère, Shûji, que j'aime beaucoup. Il y a donc Gotaisetsu qui est pas mal du tout bien que très court et on y retrouve également la mère des frères Matsuda (Ryûhei et Shôta). Si tu n'arrives pas à récupérer ce mini-épisode, n'hésite pas à me contacter.
Écrit par : Kerydwen | 18/07/2012
Bonjour
Je voulais savoir où vous aviez pu visionner en VOSTF.
En effet,Kashiwabara Takashi me plait beaucoup, et j'ai de mal à trouver ces s traduits. Je sais que Itazura na kiss n'est pas un grand , mais personne ne semble avoir succombé au charme de IRIE-Kun.
Merci d'avance pour votre réponse.
Écrit par : Tomoega | 21/07/2012
@ Kerydwen : Je te tiens au courant si jamais je n'arrive pas à trouver Gotaisetsu. Ca me rassure de voir que je ne suis pas la seule à ne pas l'avoir repéré dès les premiers rôles dans lesquels j'ai pu le croiser. On a eu un peu le même réflexe à retardement ! :D
@ Tomoega : Bonjour, je ne sais pas si Shukumei est disponible en VOSTF (je ne l'ai pas vu en tout cas). Je l'ai regardé en VOSTA. Il est notamment disponible sur Youtube. Les dialogues ne sont pas d'un niveau de difficulté trop complexe, donc les sous-titres anglais te suffiront peut-être ! ;)
Écrit par : Livia | 24/07/2012
Merci Livia.
Mon anglais est vraiment très faible, mais je vais quand même essayer avec youtube. Merci pour tes indications.
Écrit par : Tomoega | 25/07/2012
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