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19/09/2012

(J-Drama / SP) Suteki na Kakushidori : une comédie sympathique sur une concierge face à ses excentriques clients


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Un petit tanpatsu léger au programme de ce mercredi asiatique (à l'occasion d'une semaine chargée pour moi, où une comédie était la bienvenue dans mon petit écran). Suteki na Kakushidori est un drama unitaire d'1h45 qui a été diffusé sur FujiTV le 5 novembre 2011. Sa particularité est qu'il est signé du réalisateur-scénariste Mitani Koki qui a mobilisé les acteurs réunis pour son film Suteki na Kanashibari dans ce projet parallèle à destination de la télévision. L'histoire y est complètement différente. Diffusé après la sortie en salle du film, il sert en même temps en quelque sorte de promotion pour l'oeuvre sur grand écran (il se conclut par sa bande-annonce). Reste que Suteki na Kakushidori peut s'apprécier indépendamment et est avant tout un sympathique moment de détente à regarder sans arrière-pensées.

L'histoire de ce drama est simple : il met en scène la nouvelle concierge d'un grand hôtel japonais, Saijo Mie. Incertaine quant à sa vocation pour ce travail, elle fat cependant de son mieux pour en apprendre toutes les dures ficelles. Par principe, un concierge se doit de tout en mettre en oeuvre pour satisfaire ses clients et donc accéder à leurs demandes, peu importe qu'elles soient les plus farfelues ou absurdes possibles. Suteki na Kakushidori relate ainsi le quotidien de Mie tandis qu'elle doit faire face, parfois franchement incrédule, aux surprenantes réclamations d'excentriques personnalités : réactivité, diplomatie et inventivité sont les maîtres-mots qui président à son action. A elle d'essayer de prendre chaque cas comme un nouveau défi.

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Suteki na Kakushidori est une comédie bien huilée qui repose sur un comique de situation constamment renouvelé - avec quelques répétitions bienvenues - et une petite touche de burlesque. La narration bénéficie d'un rythme d'écriture très enlevé, qui ne laisse aucun temps mort, ni repos à ses protagonistes. Les dialogues fusent, avec des réparties qui forment vite un savoureux ping pong verbal où la chute prête souvent à sourire. Cette énergie permet d'exploiter pleinement le format du récit, très linéaire, au cours duquel Mie enchaîne les cas d'école abracadabrantesques, devant satifsaire aussi bien des célébrités très différentes de leur image publique que des anonymes venus dans cet hôtel pour une occason très spéciale. Toutes ces micro-storylines ne sont pas toujours de qualité égale, mais elles se caractérisent par le dynamisme commun qui les parcourt, reposant sur les épaules d'une Mie qui insuffle un vitalité communicative à l'ensemble.

Si le téléspectateur se prend aisément au jeu de cette suite de petites scénettes, plus ou moins longues, c'est parce que Suteki na Kakushidori est typiquement le genre de comédie plaisante à suivre, ne se prenant pas au sérieux, mais apparaissant au contraire comme une invitation à s'amuser avec l'équipe créatrice. Element révélateur de ce parti pris et de cette tonalité, Mitani Koki interprète même un des clients de Mie : il joue un... réalisateur anxieux dont l'avant-première du dernier film est sur le point d'avoir lieu et qui est saisi d'une brusque crise de confiance, ayant peur d'affronter les critiques. Mie doit essayer de regonfler son moral comme son ego, et elle le fait avec la sincérité et la maladresse qui correspondent si bien à son personnage plein de bonne volonté, mais gardant une distance toute professionnelle face à ces crises qui sont parachutées sur elle. Ces quelques scènes face réalisateur sont parmi les plus amusantes du tanpatsu, aux côtés notamment de la session culinaire, leçon accélérée pour une spécialiste... de bouquins de cuisine. Ce drama est donc très sympathique, avec beaucoup de second degré : il s'apprécie pour ses décalages comme pour ses excentricités.

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Sur la forme, Suteki na Kakushidori se déroule à huis clos, principalement dans la grande suite de l'hôtel. La réalisation y est minimaliste, se rapprochant dans la mise en scène et l'utilisation de l'espace d'une pièce de théâtre. Ce ressenti est encore plus accentué du fait qu'une partie des scènes sont capturées par l'intermédiaire de caméras de surveillance mystérieusement installées aux coins stratégiques de la pièce (ce semi-fil rouge se résoudra de lui-même à la fin du tanpatsu). La bande-son correspond quant à elle parfaitement à la tonalité d'une comédie, avec ses petits morceaux instrumentaux extrêmement rythmés et légers accompagnant parfaitement des situations drôles.

Enfin, ce tanpatsu bénéficie d'un casting sympathique. Suteki na Kakushidori doit beaucoup au personnage de Mie, et logiquement à son interprète, Fukatsu Eri : l'actrice apporte une présence physique à l'écran, n'hésitant pas à jouer dans le burlesque, qui est vraiment appréciable. Elle dynamise chacune de ses scènes, les transforment à l'occasion en un one-woman-show assumé. Face à elle, elle voit défiler un certain nombre de têtes plus ou moins familières du petit écran japonais avec lesquelles la dynamique fonctionne généralement très bien. On croise notamment Asano Tadanobu, Yamamoto Koji, Takeuchi Yuko, Asano Kazuyuki, Toda Keiko, Kusanagi Tsuyoshi, Nishida Toshiyuki (et même une micro-apparition qui confine plus à la cameo d'Abe Hiroshi), ainsi que Mitano Koki.

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Bilan : Comédie enlevée et sympathique, Suteki na Kakushidori présente une suite de petites scénettes, se jouant à huis clos, qui sont autant de situations de crises auxquelles doit faire face son héroïne, une concierge pragmatique et pleine de bonne volonté confrontée à des clients excentriques et à des demandes pour le moins inhabituel. C'est résolument léger - même si certains passages sont à l'occasion un peu plus pesants -, souvent amusant à suivre, et surtout porté par un dynamisme qui permet de ne pas s'ennuyer une seule seconde. C'est du pur divertissement auquel il ne faut pas demander plus, mais pour une soirée où l'on souhaite se détendre, voici un tanpatsu tout indiqué !


NOTE : 7/10

08/08/2012

(J-Drama) Magma : destinées croisées sur fond d'enjeux énergétiques dans le Japon post-11 mars

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Restons encore un peu au Japon en ce mercredi asiatique pour revenir sur un drama récent, diffusé du 10 juin au 10 juillet 2012 sur WOWOW. Comptant 5 épisodes de 45 minutes environ (le dernier approchant plutôt l'heure), Magma suit le format classique des séries de cette chaîne câblée. Il avait initialement éveillé ma curiosité en raison de son sujet : évoquer les questions énergétiques dans un Japon post-11 mars, avec les enjeux posés par la recherche d'éventuelles alternatives au nucléaire. Mais s'il a démarré de façon très solide, il a ensuite pêché en voulant trop en faire : se dispersant, il n'a pas exploité tout le potentiel entraperçu dans son pilote. Malgré cet arrière-goût d'inabouti, son visionnage demeure cependant intéressant du fait des thèmes abordés.

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Nogami Taeko travaille pour un fonds d'investissement étranger. Elle se voit confier la mission de restructurer une entreprise en faillite financière, spécialisée dans la recherche et le développement de l'énergie géothermique. Taeko prend alors la direction d'une petite ville éloignée de Tokyo en se demandant si une telle affectation n'est pas un coup d'arrêt pour sa carrière. Elle entend cependant faire retrouver à la société le chemin de la rentabilité en restructurant son activité et en fermant les services chroniquement déficitaires. Parmi eux figure le département de recherche énergétique, dont les travaux n'ont pour l'instant pas conduit au système d'exploitation promis.

Dans ses projets, Taeko se heurte vite au personnel d'une entreprise entièrement vouée à cette mission de mise au point qui permettrait à cette énergie de devenir une alternative possible, ou du moins un complément qui laisserait au Japon un choix dans sa production d'électricité. Tous sont mobilisés : du directeur de l'entreprise, Ando Koji, aux scientifiques travaillant sur le projet parmi lesquels l'expert national de la question géothermique, Omuro Kojiro, qui y a investi toute sa vie. Le raisonnement binaire en pertes et profits de Taeko n'a rien de commun avec les idéaux d'employés qui croient fermement en leur projet. Mais alors que l'état d'esprit de la jeune femme évolue peu à peu en découvrant les motivations qui les animent, d'autres personnes semblent décider à s'assurer que les recherches menées n'aboutissent jamais et à achever la compagnie.

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L'histoire de Magma avait de quoi retenir l'attention à plus d'un titre. Tout d'abord l'idée d'évoquer un fonds d'investissement uniquement intéressé par les profits me faisait forcément penser à Hagetaka, et à sa mise en scène du capitalisme sauvage qui avait donné lieu à un bijou de série d'une qualité rare. La problématique dans Magma est cependant légèrement différente. Si elle parle bien de la poursuite du profit sans prise en considération, voire parfois en dépit, de l'aspect humain, le premier épisode ajoute à ces bases un autre enjeu : les questions énergétiques. C'est ici, non pas des destinées privées, mais l'intérêt public qui est en cause. L'énergie géothermique évoquée est encore loin de présenter un substitut crédible aux autres sources existantes, cependant elle peut être une voie envisageable pour le futur. Magma parle donc des réticences à investir à perte aujourd'hui dans un projet qui tient plus de la recherche fondamentale, mais dont les résultats peuvent être déterminants pour les décennies futures. De plus, le tableau apparaît d'autant plus complexe que le drama fait intervenir d'autres acteurs logiques qui ne peuvent rester inactifs : le politique qui ne peut pas ignorer l'impact du 11 mars au moins à court terme, mais aussi l'industrie du nucléaire qui observe avec méfiance ces développements.

Seulement à partir de cette fondation au potentiel indéniable, Magma laisse un regret : celui de ne pas aller au bout de son idée de départ. Après deux épisodes, le drama semble bifurquer et surtout s'étioler dans diverses directions désordonnées, replaçant (souvent maladroitement) la dimension humaine - et donc les personnages impliqués - au coeur du récit. Il tente de greffer au concept initial de nouveaux thèmes : la vengeance, la maladie, ajoutant de nouveaux motifs aux personnages... En soi, ce recentrage aurait pu être intéressant, malheureusement, le drama souffre des excès (parfois assez mélodramatiques) d'une écriture qui manque de subtilité, pesant sur le bon déroulement de l'intrigue. L'histoire perd sa direction et s'éparpille sans donner l'impression d'être bien maîtrisée. Finalement, on retient surtout de Magma un message : celui de l'apprentissage d'une héroïne qui remet en cause ses priorités et prend conscience qu'au-delà du raisonnement comptable à court terme, il est nécessaire de penser à un avenir plus lointain et de s'interroger sur les responsabilités qui pèsent sur chacun pour la construction de ce futur. C'est une idée louable, mais l'exécution aurait mérité plus de nuances.

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Sur la forme, Magma bénéficie d'une réalisation traditionnelle, calibrée et sans prise de risque particulière. Le plus notable reste sans doute sa bande-son, très fournie. Ces différents morceaux, uniquement instrumentaux, s'efforcent de distiller une relative tension et de souligner les passages importants, notamment les confrontations. Mais ses efforts manifestes ne sont pas toujours récompensés. En fait, tout dépend de la scène ainsi accompagnée : certaines sont réussies et leur impact bénéficie vraiment de la musique, mais d'autres tombent à plat et on a alors l'impression d'une musique artificielle qui essaye vainement de se substituer au rythme faisant défaut.

Enfin, le drama dispose d'un casting globalement homogène et solide. C'est Ono Machiko (Soratobu Taiya, Mother) qui interprète l'héroïne sur laquelle est finalement centré ce drama : je gardais d'elle un bon souvenir dans Gaiji Keisatsu, elle délivre dans ce rôle très évolutif et plus émotionnel qu'attendu une prestation convaincante. A ses côtés, on retrouve Tanihara Shosuke (Love Shuffle, Tempest), Nagatsuka Kyozo (Atsu-Hime), Ishiquro Ken (Honjitsu wa Taian Nari), Tsuda Kanji (Izumo no Okuni), Komoto Masahiro (Marks no Yama), Shaku Yumiko (LOVE GAME), Watanabe Ikkei (Seinaru Kaibutsutachi) et encore Osugi Ren (Marks no Yama, TROUBLEMAN).

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Bilan : Magma est un drama dont l'intérêt principal repose sur son sujet, l'évocation d'une problématique énergétique - et plus précisément le cas de l'énergie géothermique - dans un Japon post-11 mars qui s'interroge sur les orientations de sa politique énergétique. Mais en dépit d'un potentiel bien réel, Magma ne sera pas à la hauteur de ses ambitions initiales, souffrant d'un manque de direction et multipliant des storylines anecdotiques qui viennent nuire et desservir son sujet principal. Après des débuts très prometteurs, la suite laisse une impression d'inachevée. C'est une série qui mérite un visionnage pour son thème et les intentions qui la sous-tendent, mais qui n'aura pas exploité le potentiel entrevu.


NOTE : 6,75/10

01/08/2012

(J-Drama / Pilote) Iki mo Dekinai Natsu : du problème administratif à la crise existentielle

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La saison estivale bat actuellement son plein au Japon. Beaucoup de nouveautés sont arrivées en juillet. Comme je vous l'avais dit, peu avait initialement retenu mon attention sur le papier. Mais le rythme du petit écran mondial étant quand même un peu moins soutenu durant cette période - plus si creuse - qu'est l'été, j'ai pris le temps de tester quelques dramas que j'aurais sans doute laissés passer en temps normal. Par curiosité pour une affiche, por un casting, ou tout simplement parce que j'étais intriguée de voir comment serait porté à l'écran et avec quelle approche tel ou tel concept.

A l'heure d'un premier bilan de visionnage, Magma est, malgré certaines limites, pour le moment le drama qui m'a le plus intéressé. J'y reviendrai dans un prochain billet d'ensemble (vivement la sortie des sous-titres anglais du dernier épisode). En attendant, arrêtons-nous aujourd'hui sur un pilote en particulier parmi ceux que j'ai visionnés, celui de Iki mo Dekinai Natsu. Diffusé le mardi soir sur Fuji TV, ce drama a débuté le 10 juillet dernier au Japon. Je savais qu'il n'appartenait pas un genre avec lequel j'ai beaucoup d'affinité (du mélodrame, des accidents de vie, de la romance...). Ce premier épisode m'a laissé une impression mitigée, mais je ne regrette pas de l'avoir vu.

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L'héroïne de Iki mo Dekinai Natsu, Tanizaki Rei, est une jeune fille qui semble avoir sa vie bien en main. Elle vit avec sa mère et sa plus jeune soeur, a fini ses études au lycée et s'épanouit en faisant un travail qu'elle aime dans une grande enseigne de pâtisserie. Tout semble aller pour le mieux, d'autant plus que sa supérieure lui propose un contrat d'embauche au sein de l'entreprise qui lui permettrait de postuler à des formations prestigieuses, notamment à Paris. La persévérance de Rei a donc payé. Or c'est pourtant cette offre qu'elle attendait sans y croire qui va faire vaciller sa vie. En effet, pour devenir une employée à temps complet, elle doit fournir un certain nombre de justificatifs, notamment d'identité et de sécurité sociale. Mais en allant demander ces documents, elle découvre qu'elle n'a pas été inscrite sur le registre de sa famille à sa naissance.

Par conséquent, aux yeux de l'Etat et de l'administration, Rei n'existe pas et n'a donc aucun droit. Cet incident n'est pas unique : c'est un problème qui se rencontre lorsqu'une mère entendait contourner la présomption légale irréfragable posée dans le droit de la famille japonais, au terme de laquelle le mari est automatiquement le père d'un enfant qui serait né moins de 300 jours après la dissolution du mariage. Prise au dépourvu par cette situation déstabilisante, alors que sa mère fuit pour l'instant ses responsabilités, Rei s'interroge sur sa place au sein de sa famille et de la société. Elle va se lier avec l'employé administratif qui l'a reçue et lui a appris la situation. Ce dernier est touché par son cas, peut-être parce qu'il s'est lui-même retrouvé en marge de la société après avoir subi de graves désillusions dans sa carrière journalistique précédente.

Se noue peu à peu une surprenante relation entre Rei et cet homme qui aurait l'âge d'être son père. Les deux pourront-ils se guérir l'un l'autre ?

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Il faut reconnaître au pilote de Iki mo Dekinai Natsuse une réelle efficacité dans sa construction narrative. Correspondant en tout point à ce qu'on pouvait légitimement en attendre pour introduire la situation, il met en scène avec une impression d'inéluctabilité poignante l'engrenage des évènements qui fait dérailler la vie jusque là si bien ordonnée de Rei. L'écriture apparaît solide et consistante, et le rythme est globalement maîtrisé. Judicieusement, c'est avant tout sur l'héroïne que se concentre l'épisode : il s'agit de créer un lien affectif avec le téléspectateur. Ce dernier ne pourra rester insensible aux conséquences que la révélation - sa non-inscription dans les registres - va avoir sur Rei. Le cauchemar administratif devient familial, pour se transformer ensuite en une remise en cause existentielle touchante et qui a du potentiel si elle est bien menée. Mais s'il avait jusque là su rester relativement sobre, l'épisode négocie mal le tournant une fois le problème exposé au grand jour.

En effet, Iki mo Dekinai Natsuse bascule alors dans une sur-dramatisation au cours de laquelle le récit perd en force et en crédibilité. Cette évolution trouve son apogée dans le cliffhanger sur lequel se conclut le pilote : il laisse en suspens le sort de l'héroïne blessée, alors même que l'on vient de nous expliquer qu'une des conséquences de sa non inscription sur le registre serait le non accès aux soins. Cette fin a été pour moi la goutte d'eau faisant déborder le vase. Alors que le concept de départ était intéressant en tant que tel par la réflexion autour de crises identitaires vers laquelle il pouvait conduire, ce dernier quart d'heure donne l'impression que le scénariste s'est senti obligé de sur-ajouter. Il a voulu trop en faire, cherchant absolument à faire vibrer la corde la plus sensible du téléspectateur. En forçant le trait larmoyant, le drama tombe dans la démesure face au problème existant (d'ordre simplement bureaucratique) et perd en justesse et en authenticité. Sachant que c'est une histoire qui doit jouer sur un registre émotionnel, il ne faudrait pas que cette surenchère inutile soit une technique qui se répète.

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Sur la forme, Iki mo Dekinai Natsu est classique, mais sa réalisation fait preuve de maîtrise. Sa photographie très claire renvoie une impression soignée et épurée tout en restant colorée qui m'a séduite. C'est visuellement un drama qui, en dépit de certaines limites inhérentes, sait nous immerger dans ses décors et son ambiance. En revanche, les images de son générique d'ouverture sont un peu moins inspirée (ou plutôt, devrais-je dire, "travaillées"), mais il a la bonne idée d'emprunter une chanson anglaise d'Adele qui donne bien le ton (pour un aperçu, cf. la première vidéo ci-dessous).

Enfin, le casting est homogène et devrait tenir la route. Takei Emi (GOLD, W no Higeki) sait susciter l'empathie requise pour son personnage : elle gère plutôt correctement la transition à l'écran, passant du bonheur stéréotypé initial à une perte de repères et à des doutes qui lui font questionner son existence. Face à elle, Eguchi Yosuke retrouve cette sobre efficacité que j'avais pu apprécier dans Chase : c'est un genre de rôle qu'il maîtrise, et je ne me fais donc aucun souci le concernant. Kimura Yoshino (Hatsukoi) doit elle relever un défi plus difficile : elle sait se montrer expressive, mais son personnage souffre d'une écriture qui l'instrumentalise pour accentuer à outrance le mélodrame. On retrouve également à l'affiche Nakamura Aoi, Hara Mikie, Kirishima Reika, Koshiba Fuka, Hamada Mari ou encore Kaname Jun.

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Bilan : Iki mo Dekinai Natsu signe un pilote efficace, agréable visuellement et solide dans sa construction narrative. Malheureusement l'épisode se sent obliger de verser dans une sur-dramatisation discutable, qui rend ses derniers développements artificiels et forcés. Pour la suite, tout dépendra si le drama entend poursuivre dans cette tonalité, ou s'il s'agissait surtout de retenir l'attention du téléspectateur (même si cela a eu pour moi l'effet opposé). Passer d'un problème bureaucratique à une crise existentielle est en soi une idée qui réclame de rester sobre, or Iki mo Dekinai Natsu n'a pas encore trouvé son équilibre.

En résumé, c'est un pilote moyen, avec des atouts et des limites, mais la série n'est sans doute pas faite pour moi. Je reconnais avoir un seuil de tolérance assez bas à ce registre mélodramatique. Si le genre ne vous déplaît pas a priori, jetez-y quand même un oeil.


NOTE : 6/10


Le générique du drama :


25/07/2012

(J-Drama) Tsukahara Bokuden : le portrait romancé d'un maître d'armes légendaire

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Restons au Japon en ce mercredi asiatique ! Etant donné mon inclinaison naturelle pour tout ce qui touche à l'historique et aux fictions en costumes, parmi mes résolutions de début d'année, figurait celle d'essayer de caser dans mes programmes un vrai jidaigeki. Jin peut certes être rapproché de ce genre, mais cela reste une histoire de voyage dans le temps qui démarre dans le présent. La cinquantaine d'épisodes qui compose un taiga étant trop volumineuse actuellement pour me lancer dans un tel investissement au long cours (même si, dès que j'ai un peu de temps, je compte bien me lancer dans Ryomaden - c'est un de mes challenges placé tout en haut de ma liste de sériephile !), j'ai donc surveillé les dramas plus courts. Il faut dire que ce n'est pas le type pour lequel des sous-titres sortent le plus fréquemment, mais j'ai quand même pu trouver une série adéquate : Tsukahara Bokuden. Elle a été diffusé à l'automne 2011 sur NHK (BS Premium). Elle se compose d'un total de sept épisodes, d'une quarantaine de minutes chacun (sauf le premier d'une durée de 70 minutes).

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Proposant une immersion dans le Japon médiéval, ce drama propose le récit romancé (avec certaines libertés prises) de la vie d'un maître d'armes légendaire : Tsukahara Bokuden. Né vers 1489, il est resté un des sabreurs les plus célèbres de l'Histoire du Japon. S'il a eu une longue vie (il est décédé en 1571, de mort naturelle), la série ne s'intéresse en réalité qu'à ses premiers pas dans la vie d'adulte et, surtout, aux épreuves qui vont permettre sa maturation progressive, jusqu'à faire de lui la figure combattante qui s'est imposée dans la mémoire collective.

Entraîné dès le plus jeune âge, une fois l'âge adulte atteint, ShinEmon (c'est sous ce nom que nous le connaîtrons durant la majeure partie du drama) demande à être autorisé à partir voyager à travers le Japon. Son but premier est le perfectionnement de ses techniques de combat, un art qu'il entend pouvoir parfaire en croisant des combattants rompus à d'autres styles. Mais l'objectif est aussi de répandre le nom de Kashima afin de redonner son éclat au sanctuaire shinto qui s'y trouve, puisque cette maîtrise du sabre est un don de la divinité qui y est révérée.

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Tsukahara Bokuden est un récit initiatique au sens strict du terme, avec les forces, mais aussi les limites de ce genre. La construction de ce drama semi-itinérant suit une évolution linéaire régulière, avec des épisodes respectant tous une structure très proche : une épreuve se présente au héros, et il va devoir la surmonter. Le plus souvent, elle se matérialise par un combat. La première moitié du drama permet à ShinEmon de se mesurer à des adversaires disposant de forces et d'atouts auquel il doit s'adapter (stratégie, armes...), améliorant par là-même ses propres techniques. Puis, à mesure qu'il maîtrise son art, c'est logiquement en lui-même qu'une autre bataille se lève et va devoir être gagner : ne pas se laisser entraîner par cette soif de sang, ce rush d'adrénaline qui le parcourt à chaque victoire. Il lui faut lutter pour rester fidèle à ses principes et à ses valeurs, sans s'écarter de sa ligne de conduite. Si le récit est fluide, le drama apparaît cependant très didactique dans ses développements, manquant de souffle, voire de tension en raison de ses issues prévisibles.

Pour autant, Tsukahara Bokuden reste plaisant à suivre justement parce qu'il met en scène un héros que, comme dans toute histoire initiatique, on a envie de voir grandir et mûrir. De plus, je ne suis pas restée insensible à l'immersion médiévale proposée - même si la vie du maître d'armes y est relatée avec plus ou moins de libertés (Pour en savoir plus / en anglais). Sans avoir de grands moyens, la série s'efforce cependant de bien retranscrire la codification de la société féodale d'alors, avec la place des maîtres d'armes. Elle fait également un effort de contextualisation intéressant pour évoquer une période troublée qui voit s'affronter de nombreux seigneurs locaux. ShinEmon se retrouve en effet entraîné dans des affrontements autour du pouvoir, et si, encore une fois, le drama peine à matérialiser une vraie tension, les échanges et les rapports de force fluctuants enrichissent le parcours personnel raconté. Enfin, une place importante est aussi accordée à la religion, avec les croyances qui rattachent l'art du combat à la divinité : en consacrant sa vie à cet art, le héros mène en parallèle une véritable quête spirituelle (particulièrement perceptible dans les derniers épisodes) qui aboutit à faire de lui le dépositaire du message de cette dernière.

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La réalisation est traditionnelle, un peu figée par moment, mais avec une belle photographie. Dans l'ensemble, elle sait mettre en valeur la reconstitution d'époque, notamment par quelques superbes plans qui nous immerge dans ce Japon médiéval avec efficacité. Il faut préciser que Tsukahara Bokuden n'est pas un drama d'action. Toutefois les combats y occupent bien une place centrale. Leur mise en scène donne un résultat plus mitigé : la vitesse d'exécution de certains affrontements - où un seul coup de sabre achève l'adversaire - impose au réalisateur d'essayer de les dramatiser en recourant à des ralentis - ce qui n'est pas toujours du plus convaincant. L'autre élément qui m'a marqué, c'est à quel point les combats paraissent "propres", et finalement très peu graphiques en terme de violence. Non que j'aille jusqu'à conseiller le responsable des effets spéciaux d'OCN (et ses chers jets d'hémoglobine) à la NHK, mais c'est vrai que le rendu est ici assez réservé (par rapport à mes derniers sageuk sud-coréens). A noter également un long générique introductif qui semble avoir pour thème l'harmonie avec la nature que j'ai trouvé très beau visuellement (et je vous l'ai découpé spécialement, 1ère vidéo ci-dessous).

Enfin, le casting s'en sort globalement bien. Sakai Masato (Legal High) interprète ShinEmon durant tout le drama, de la sortie de l'adolescence jusqu'à la maturité avec pour seule nuance marquant l'âge et l'expérience, l'évolution dans les postures du héros. Certes il a, au début, quelques expressions forcées qui sonnent faux (surtout pour souligner l'insouciance avec un sourire figé agaçant), mais j'ai été vite soulagée en constatant qu'il trouvait ensuite un juste équilibre très intéressant entre la distance qu'acquiert rapidement le héros et une humanité qu'il ne perd jamais et qui ressort plus fortement dans certaines scènes. S'il manque donc parfois un brin d'expressivité, il est plus que correct. A ses côtés, j'ai eu le plaisir de retrouver Kuriyama Chiaki (Atami no Sousakan), qui interprète sa soeur : restée à Kashima, on la voit assez peu, mais il n'y a rien à redire à ses scènes. On croise également dans ce drama Hira Takehiro, Kyono Kotomi, Nakamura Kinnosuke, Asaka Mayumi, Honda Hirotaro ou encore Nashima Toshiyuki.

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Bilan : Récit initiatique nous plongeant dans le Japon médiéval, Tsukahara Bokuden est un drama à la construction linéaire, assez basique et prévisible dans la progression par étapes qu'il offre à son personnage principal. Manquant un peu d'ambition sur ce point, il peine à insuffler une dramatisation et une tension qui auraient rendu l'ensemble plus marquant. Cependant l'immersion historique qu'il propose n'en reste pas moins intéressante. Efficace et sans temps mort, il se laisse donc suivre sans déplaisir, tout en nourrissant quelques regrets.

A réserver pour les amateurs du genre (ou pour les curieux souhaitant regarder un
jidaigeki de longueur raisonnable).


NOTE : 6,5/10


Le générique d'ouverture du drama :

La bande-annonce de la série :

18/07/2012

(J-Drama / SP) Shukumei : une confrontation entre griefs passés et meurtre présent

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Toujours au Japon en ce mercredi asiatique pour évoquer un autre tanpatsu après celui de la semaine dernière (je crois d'ailleurs que je vais conserver cette habitude prise depuis l'automne dernier d'intercaler des tanpatsus entre deux cycles sud-coréens/japonais "dramas longs" ; cela me permet de poursuivre des explorations téléphagiques sans surcharger mes programmes). Il faut dire que la saison estivale s'annonce assez clairsemée au Japon : peu de synopsis ont retenu mon attention (pour une présentation, rendez-vous ici et ). J'ai noté Dragon Seinendan (sans doute en souvenir de la surprise qu'avait été Yuusha Yoshihiko to Maou no Shiro l'été dernier) et surtout Magma, le dernier WOWOW dont les sous-titres commencent à sortir. En attendant, nous allons rester sur cette chaîne avec le tanpatsu du jour : Shukumei.

Courant mai, j'ai eu l'occasion d'écrire un article sur l'évolution de WOWOW depuis une décennie, expliquant son arrivée dans les fictions par les tanpatsu (en 2003) puis son passage aux renzoku à partir de 2008. Faire ces recherches m'a conduit à remonter un peu le temps. La plupart de ces premiers tanpatsu ne disposent d'aucun sous-titres et me sont donc inaccessibles, à l'exception de quelques-uns, dont Shukumei (je soupçonne que son casting n'est pas étranger à cela - on y retrouve Kashiwabara Takashi et Fujiki Naohito). Adaptant un roman éponyme de Higashino Keigo, il a été diffusé le 26 décembre 2004. Portant à l'écran un certain nombre de thèmes ambitieux (policier, médical, rivalité personnelle) et d'une durée de presque 2 heures, cet unitaire ne parvient cependant pas à exploiter tout le potentiel entrevu sur le papier.

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Wagura Yusaku et Uryu Akihiko se sont connus sur les bancs de l'école primaire. Depuis cette époque jusqu'au lycée, la concurrence a été constante entre les deux. Mais le premier n'a jamais réussi à prendre le meilleur sur ce nouveau venu, rivé à la première place de la classe. Dans ce contexte de rivalité d'adolescence, on comprend que les deux garçons n'aient jamais sympathisé. Ils se sont logiquement ensuite perdus de vue. Uryu Akihiko, dont le père est un chef d'entreprise à succès, a refusé la voie de l'héritier qui lui était toute tracée et est devenu chirurgien. Tandis que Wagura Yusaku a, lui, dû interrompre ses études et abandonner son rêve de devenir médecin pour des raisons personnelles... rompant du même coup avec celle qu'il aimait.

Dix ans plus tard, le destin amène les deux jeunes hommes à se recroiser dans des circonstances autrement plus dramatiques. Wagura Yusaku est devenu policier. Il enquête sur un meurtre dont Uryu Akihiko est un des suspects. Il découvre alors que son ancienne amie est désormais mariée à son rival. Tandis que son instinct le laisse se persuader de la culpabilité de son rival, l'affaire réveille d'autres mystères passés non résolus. La confrontation est inévitable, sans que Wagura Yusaku puisse anticiper ce qu'il découvrira.

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Dans sa façon d'aborder plusieurs thématiques comme autant de facettes d'une même pièce, Shukumei apparaissait a priori ambitieux. Son intérêt résidait justement dans la lecture à plusieurs niveaux que permettait son histoire. Tout d'abord, elle ne se réduisait pas à une simple enquête policière classique sur un meurtre. Elle ajoute en effet volontairement une dimension autrement plus personnelle à la confrontation orchestrée, sur laquelle, aux ressentiments d'adolescence, se greffe une jalousie compréhensible quand une sorte de triangle amoureux se reforme de manière inattendue. Logiquement, on aurait donc pu croire que le tanpatsu allait s'orienter vers un intense face-à-face, sur fond d'inimitié ancienne. Or, à l'exception de deux-trois scènes réussies dans ce registre, il n'en est rien. Les deux personnages principaux se croisent d'ailleurs finalement assez peu. Si bien que la confrontation entre Wagura et Uryu, placée pourtant sous le signe du destin ainsi martelé dès le titre, n'atteint jamais l'ampleur promise.

Ce problème récurrent d'un manque de tension pèse sur l'ensemble du drama. Shukumei ne parvient jamais à dépasser l'exposé sommaire d'idées, ne réussissant pas à se les approprier pour y injecter un vrai suspense, ni à impliquer un téléspectateur qui reste un observateur extérieur quelque peu imperméable à ces enjeux dépeints de manière trop minimalistes. Plus qu'un problème d'écriture, cette absence d'épaisseur tient sans doute pour beaucoup à une richesse de l'histoire de départ inadaptée au format de moins de 2h. En essayant d'en conserver les grandes lignes, le tanpatsu est contraint de survoler certains développements et d'emprunter des raccourcis rendant la narration brouillonne. Shukumei ne trouve ainsi pas son ton. Ce constat est particulièrement flagrant dans le tournant pris par le dernier tiers du drama. Le rebondissement médical, dévoilant certains abus, est supposé apporter une relecture des évènements de la dernière décennie et des rapports entre les protagonistes. Mais il tombe pareillement à plat faute d'introduction bien menée, et pour cause d'abus de coïncidences qui décrédibilisent le récit. En somme, c'est une transposition qui se laisse suivre, mais est trop maladroite : en perdant l'homogénéité de la source d'origine, elle rappelle aussi les difficultés d'un tel exercice. 

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Sur la forme, Shukumei propose un résultat très correct. La réalisation reste très basique, avec une préférence pour les plans serrés. Quant à l'utilisation de filtres de couleur pour les flashback, cela reste un classique du petit écran japonais. Le choix du bleuté pour le passé, où se mélange souvenirs et extrapolation, est plutôt judicieux, cela permet de s'interroger sur la réalité de ces scènes. Sinon, la bande-son a quelques fulgurances intéressantes, mais reste dans l'ensemble assez en retrait.

Face à ce résultat mitigé, Shukumei aura au moins eu l'avantage de pouvoir s'appuyer sur un casting globalement solide qui aura fait ce qu'il pouvait, avec une confrontation entre Kashiwabara Takashi et Fujiki Naohito qui, si elle n'est pas toujours bien conduite et peine à susciter la tension attendue, proposera quand même quelques scènes intéressantes, où chaque acteur aura l'occasion de pleinement s'exprimer. (D'ailleurs, dans un registre plus frivole, si j'avais déjà croisé le premier dans certains dramas, je dois dire qu'il n'avait jamais autant retenu mon attention paru aussi charmant que dans ce tanpatsu - une exploration de filmographie s'impose.) A leurs côtés, on retrouve également Honjo Manami, Shinagawa Toru, Mizukawa Asami, Iijima Naoko ou encore Tezuka Satomi.

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Bilan : S'il aborde des thèmes au potentiel très intéressant, Shukumei ne réussit pas à transposer l'histoire complexe envisagée dans la durée réduite impartie par son format. Cela donne un résultat qui ne convainc que par intermittence (il y a quand même quelques passages qui ressortent agréablement du lot) et semble inabouti, peinant à trouver sa tonalité. En dépit de ces difficultés, les deux heures se visionnent cependant sans ennui, en parti grâce à un casting solide - et surtout un duo principal - qui reste comme le principal intérêt du drama. Un tantaptsu que peuvent donc tenter les amateurs appréciant ces acteurs, mais que je ne conseillerais pas particulièrement aux autres.


NOTE : 6/10


Un MV (la chanson-titre du tanpatsu, avec des images du drama) :