09/03/2011
(K-Drama / Pilote) Midas : un drama clinquant qui doit encore s'affirmer
C'est en Corée du Sud que nous ramène le mercredi asiatique du jour. Si mon k-drama du moment reste incontestablement President, dont la diffusion s'est achevée fin février et qui, à chaque épisode visionné, s'impose un peu plus comme ma référence asiatique de ce début d'année 2011 (même s'il est vrai que la concurrence ne fut pas trop rude), j'ai quand même suivi ma résolution de tester quelques-unes des nouveautés de ce mois de février. Le bilan est pour le moment très mitigé. Les New Tales of Gisaeng ont eu toutes les peines du monde à retenir mon attention jusqu'à la fin du pilote.
Quant à la série du jour, Midas, si j'ai bien visionné sans me forcer les trois premiers épisodes, nous sommes pour le moment loin du coup de foudre. Si son titre confirme le penchant actuel des k-dramas pour les références mythologiques, j'avoue que c'étaient surtout les noms d'acteurs associés au projet qui avaient éveillé ma relative curiosité. Le synopsis proposé, peu éclairant et un brin aride, m'avait lui plutôt laissé sur une prudente réserve... que ces premiers épisodes n'auront pas dissipée.
Par le biais de son personnage principal, Midas nous plonge dans le monde de la haute finance et, plus généralement, dans celui très luxueux d'une famille de chaebol. Kim Do Hyun vient tout juste de sortir de l'école de formation où il se destine à devenir avocat. Brillant, le jeune homme est courtisé par tous les grands cabinets. Mais son professeur le met en relation avec une organisation plus confidentielle, méconnue du grand public et dont l'activité est assez floue tout en restant extrêmement rentable. Attiré par les talents du jeune avocat, notamment ses facultés à comprendre et analyser les marchés et à s'adapter aux règlementations, le dirigeant des lieux lui fait une offre en or : outre des avantages matériels conséquents, il lui propose également de devenir immédiatement associé. En dépit de son ignorance sur le contenu de son futur travail, Do Hyun est incapable de résister aux sirènes de l'argent.
Jusqu'à présent, ce jeune carriériste ambitieux avait rêvé d'une vie professionnelle réussie sans jamais négliger sa vie personnelle. Il est ainsi fiancé à Lee Jung Yeon, une infirmière, qu'il doit épouser très prochainement. Mais son nouveau travail le fait basculer dans un autre monde pour un travail qui se rapproche plus du conseiller que celui d'avocat au sens strict. Il découvre en effet que le cabinet qui l'a recruté travaille en effet pour un homme d'affaires extrêmement puissant. Ce sont ses avoirs, mais aussi sa famille au sens large qu'il faut protéger. La mission apparaît d'autant plus difficile que, derrière une apparente unité de façade, la perspective de l'ouverture prochaine de la succession du patriarche aiguise les appétits de ses enfants. Do Hyun, par ses nouvelles attributions, va rapidement se trouver mêler à des enjeux autrement plus complexes que de simples questions de droit. Il va finalement prendre le parti de l'entrepreneuse à succès qu'est Yoo In Hye, dont l'intervention quelques jours plus tôt à son école dans le cadre d'une conférence l'avait marqué... pour le meilleur ou le pire ?
Les premiers épisodes de Midas s'attacher à relater le basculement de Do Hyun, mais aussi à un degré moindre de Jung Yeon par son transfert dans la branche VIP de l'hôpital, dans un monde de luxe aux préoccupations et au sens des priorités bien différents. Leur relation y résistera-t-elle ?
Pour cette plongée dans le monde des affaires, Midas mêle allègrement jeux d'argent et de pouvoirs, se réappropriant de classiques dynamiques familiales, énième déclinaison de sempiternelles concurrences d'ambitions et de luttes fratricides. Si son approche de la finance veut marquer, n'hésitant pas à manier les chiffres à voix haute, ces débuts ne font qu'esquisser de manière peu convaincante les bases de la fiction financière. Tout en employant les mots clés attendus, navigant entre investissements et mises en jeu du capital, on reste au stade d'un superficiel qui cède trop facilement à un romanesque paresseux. Ce traitement empêche de se sentir impliqué dans des enjeux excessivement flous ; on est loin de la tension autrement plus concrète et prenante à laquelle était parvenu un drama comme Story of a man pour aborder cette thématique .
En réalité, le problème de superficialité de Midas se révèle sans doute plus profond et structurel. En effet, le mot d'ordre prioritaire semble avant tout avoir été le suivant : une immersion dans le luxe, ou plus précisément l'argent. Bien plus qu'un éventuel enjeu d'ascension sociale, bien plus qu'une incursion timide dans les marchés - même si elle en prend à l'occasion les illusoires apparences -, il s'agit avant tout d'éblouir. Les millions de wons défilent, dépensés, investis ou simplement rêvés ; combien de chiffres égrénés au cours de ces premiers épisodes avec pour seul objet d'essayer (maladroitement) d'impressionner ? A l'image de son héros, Midas se laisse griser par le luxe affriolant qui lui sert de cadre, tentant vainement d'entraîner le téléspectateur à sa suite, dans cette seule dimension trop restreinte pour faire vivre une série.
Car ce clinquant assumé, revendiqué, finit par plomber l'histoire même qu'il est censé servir. Face à cette mise en scène excessivement théâtralisée, où tout semble figé, presque forcé, l'ensemble sonne excessivement faux. Les cautions narratives pour s'immerger dans cet univers restent trop prévisibles, à l'image des ficelles scénaristiques utilisées. Les protagonistes ne parviennent pas non plus à s'imposer, restant comme en retrait devant ce cadre trop artificiellement riche. Si bien que Midas propose des débuts très déshumanisés sans donner au téléspectateur matière à s'attacher et à se fidéliser. Si on ne s'ennuie pas devant ce drama, on le suit sans s'impliquer.
Sur la forme, la réalisation est classique, sans prise de risque particulière, ni d'identité imposée. En revanche, je serais pour une fois plus réservée concernant la bande-son de la série. Je suis souvent la première à saluer cet art de narrer musicalement des histoires et le savoir-faire que l'on croise souvent dans les k-dramas, mais Midas m'a laissé une impression mitigée. Si les chansons de l'OST ne marquent pas spécialement pour le moment, en revanche certaines musiques semblent employées à contre-temps dans le récit (notamment une).
Enfin, il convient de s'arrêter sur un casting qui exerce évidemment un attrait incontestable. Mais, à nouveau, le drama ne parvient pas à exploiter tous ses atouts. S'il dispose d'acteurs solides, Midas peine à leur offrir l'occasion de s'exprimer pleinement, les laissant évoluer dans un ensemble un peu trop figé qui les bride quelque peu. Au sein du trio central de la série, Jang Hyuk (Robber, Tazza, Chuno) est fidèle à lui-même, investissant un registre assez sobre qui ne l'empêche pas d'imposer une présence à l'écran convaincante, qui reste cependant à bien affirmer. Lee Min Jung (Smile, You) est cantonnée à un registre de fiancée pour le moment assez unidimensionnelle. Et c'est finalement sans doute Kim Hee Ae (Snow Flower) qui s'en sort le mieux pour le moment, bénéficiant du personnage le plus ambivalent.
Sinon, sur un plan plus secondaire, depuis janvier et Rock Rock Rock, j'ai gardé une affection toute particulière pour No Min Woo (My Girlfriend is a Gumiho), cela m'a donc fait plaisir de le retrouver ; d'autant que son personnage, par les libertés qu'il s'accorde, lui permet d'échapper opportunément au pesant ambiant. Parmi les autres acteurs, citons notamment la présence de Lee Duk Hwa, de Kim Sung Kyum, de Choi Jung Woo, de Chun Ho Jin, Lee Moon Soo, Jung Suk Won, Seo Joo Ae ou encore Yeo Ho Min.
Bilan : En dépit d'un casting solide (auquel le drama doit sans doute une grande partie de l'attrait qu'il peut encore conserver au terme de ces premiers épisodes), Midas peine à démarrer. Certes, la série impose d'emblée une ambiance clinquante sûrement travaillée, mais l'artificialité de la mise en scène, accompagnée de la trop grande prévisibilité des storylines, plombe une dynamique d'ensemble sur laquelle pèse aussi lourdement la tendance des scénaristes à céder à trop de facilités narratives. Renvoyant une impression de manque d'ambition un peu frustrante, cette série manque de relief et d'identité, tout en laissant le téléspectateur globalement insensible, en dépit de quelques petites étincelles.
Il y a sans aucun doute du potentiel ; mais je ne suis pas certaine que l'approche par la série de sa thématique soit celle qui en permette une bonne exploitation.
NOTE : 5/10
La bande-annonce de la série :
Une chanson de l'OST :
20:56 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (10) | Tags : k-drama, sbs, midas, jang hyuk, lee min jung, kim hee ae, no min woo, lee duk hwa, kim sung kyum, choi jung woo, chun ho jin, lee moon soo, jung suk won, seo joo ae, yeo ho min | Facebook |
Commentaires
Tu es arrivée à mettre des mots plus précis sur à peu près tout ce que le pilote m'avait fait ressentir,et en particulier le manque de crédibilité des scènes censées être touchantes.
Ce qui m'avait profondément dérangée en particulier c'était qu'on attendais de nous qu'on s'extasie devant cet étalage de luxe, cette surenchère de gros chiffres et le "génie" de Do Hyun sans réelle réflexion sociologique derrière. J'ai entendu dire que ces belles images artificielles étaient posées là pour se craqueler au fur et à mesure qu'on découvre l'envers du décor avec Do Hyun, mais au vu du pilote je doute que le scénariste possède le talent nécessaire pour sortir du cliché blanc/noir assez bien représenté par le contraste entre In Hye et la jeune fille suicidaire de la fin du pilote (il y a ceux qui maîtrisent et ceux qui sont broyés par ce mode de vie) même si je n'en ais pas vu assez pour savoir ce qui la perturbe. Excellente revue en tout cas !
Écrit par : Mina | 12/03/2011
@ Mina : Merci pour le commentaire et bienvenue sur ce blog ! ;)
J'ai vu les trois premiers épisode avant de faire cette review (pour les séries sud-coréennes, je pratique la technique des "faux pilotes" ^^') et honnêtement, si je perçois bien les quelques thématiques qui peuvent s'esquisser sur l'argent, la destruction qu'il peut engendrer, etc, les deux épisodes suivants sont totalement dans la même lignée qualitative que le premier. Il y a un côté thriller financier non assumé, et un problème de manque d'homogénéité et d'habileté dans la façon dont les scénaristes abordent justement cette mise en scène "artificielle". Comme tu le dis, il y a beaucoup surenchère, elle est sans aucun doute voulu... Mais elle dessert le scénario, en en faisant un drama trop manichéen et manquant de relief.
Je citais Story of a man dans ma review, qui doit être le seul thriller financier sud-coréen réussi que j'ai vu, justement parce que dans ce drama, on retrouve tous ces ingrédients (même si le fond est la vengeance) : l'argent, la superficialité, les oppositions riche/pauvre et l'aspiration à accéder à un autre milieu. Mais la subtilité et l'intelligence de la mise en scène de Story of a man rend l'ensemble crédible, cohérent, et sans jamais infantiliser le téléspectateur. Alors que dans Midas c'est juste creux.
Ma conclusion : pour ceux qui cherchent un bon kdrama sur ces thématiques, il faut mieux aller jeter un oeil à cet excellent drama qu'est Story of a Man si ce n'est pas déjà fait. Là il y a une bonne gestion de ces thèmes d'argent: http://myteleisrich.hautetfort.com/archive/2009/12/07/k-drama-story-of-a-man-a-man-s-story-the-slingshot.html ^_^
Écrit par : Livia | 12/03/2011
Salut! Ca fait un bout de temps que je viens voir ton blog mais ce n'est que mon premier message. Je compte également écrire un pilote sur Midas, mais le fait est qu'il ressemblerait vraiment au tien étant donné que j'ai ressenti les mêmes choses. Impersonnel,forcé, voire clinquant le jeu des acteurs et le cadre n'amène pas mon adhésion. Je pense que je n'irai pas plus loin que les trois épisodes que j'ai vu...
A bientôt!
Écrit par : xiaoshuo | 12/03/2011
Aaaargh, je sais pas! Ton avis mitigé et ma flemme de voir ce drama me disent de laisser tomber (avant meme d'avoir essayé)! On sent ce cote imcomplet au drama tout le long de ton article! Midas a beau avoir la matiere, le tout n'est pas bien exploité! Du coup je ne sais pas, je vais surement attendre de lire des articles en fin de diffusion autrement tant pis, j'e ai d'autres à voir!
Écrit par : Mapenzi01 | 13/03/2011
Moi aussi je ne compte pas le voir. Ton avis plus que mitigé m'a renforcé dans cette idée.
Quelque part tant mieux, ça me permettra de voir d'autres dramas laissés sur le bord de la route.
Merci encore pour cette solide review, comme d'habitude (et pardon pour le manque de commentaires ces derniers temps. A cause de mon état, j'ai pris l'habitude de lire allongé avec mon iphone, et j'aime pas trop écrire de longs commentaires avec cet outil).
Écrit par : Eclair | 18/03/2011
@ xiaoshuo : Salut ! :) Tout comme toi, j'ai laissé le drama filer ; en nouveauté, j'ai jeté mon dévolu sur Crime Squad, je pense !
@ Mapenzi01 : Je crois que même des bilans d'ensemble ne me convaincront pas de m'y re-glisser. Mais pour toi, effectivement, c'est plus prudent d'attendre plus de perspective pour voir si le drama mûrit et s'affirme un peu.
@ Eclair : Il faut toujours voir le bon côté des choses. Tout pareil que toi, j'ai d'autres dramas autrement plus intéressants qui m'appellent (j'avance doucement mais sûrement Alone in Love ^_^).
Sinon, j'espère surtout que ta santé va s'améliorer. Je n'ai pas trop le temps non plus de mon côté à cause du boulot (encore 3 semaines à tenir) ; mais il faut absolument que j'aille réagir à ton intéressant bilan sur Secret Garden ! Merci de quand même passer à l'occasion ; ça me touche et me fait toujours très plaisir de te lire ici ;)
Écrit par : Livia | 20/03/2011
Contrairement aux quelques avis pour ce drama, pour ma part je l'ai aimé.. J'ai mis du temps pour le visionner, peut être parce que le début était lent (jusqu'à l'épisode10), mais quand je me suis vraiment lancé, je me suis enfilée d'un coup les épisodes restants.
Déjà, comme j'aime bien tout ce qui est finance, banques, j'ai accroché, et j'ai pas eu trop de mal à comprendre.
Je trouve que c'est un bon drama, qui a une bonne morale (notamment la fin). Ca peut faire réfléchir beaucoup de gens sur l'avidité, au niveau pouvoir/argents (ça montre bien les politiciens d'aujourd'hui, prêt à détruire pour gagner).
Le scénario tient bien la route, pas étonnant le scénariste n'est d'autre que Choi Wan Gyu, (le même que Iris & Swallow the Sun).
Je le conseille pour tout ceux qui aiment les histoires de vengeance, finance, et n'aimant pas trop les relations d'amours "cucu la praline bonjour" !
Cordialement.
Écrit par : Audrey | 14/01/2012
@ Audrey : Merci beaucoup pour ton commentaire bien argumenté ! C'est toujours enrichissant et très intéressant de lire des points de vue différents sur une même série. ;)
Écrit par : Livia | 18/01/2012
Tu dis n'avoir regardé que les trois premiers épisode du drama, je pense donc qu'avant de mettre une note aussi sévère, tu ferais mieux d'aller jusqu'au bout.
Écrit par : Insa | 08/07/2013
@ Insa : Le principe d'une critique portant sur les premiers épisodes repose sur le fait de rédiger un billet après avoir vu seulement les débuts du drama. Tant que c'est bien indiqué : la note concerne pareillement les épisodes visionnés. ;)
Sur le fond, peut-être Midas gagne-t-il en qualité par la suite, mais mon expérience dans les k-dramas me fait grandement douter que je l'apprécie à un moment donné. Il y a bien trop de séries à voir pour persévérer (et aller au bout) dans des fictions que l'on n'apprécie pas !
Écrit par : Livia | 09/07/2013
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