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13/03/2011

(Pilote UK) Monroe : un chirurgien qui ne laisse pas indifférent

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S'il y a des sujets qui vont toujours exercer un attrait au moins théorique sur ma curiosité de téléphage, il en est d'autres qui me laissent au mieux dans une relative et polie indifférence. Les medical drama appartiennent à cette seconde catégorie. Certes, comme tout le monde, j'ai eu mes rendez-vous hebdomadaires ritualisés au Cook County, j'ai passé quelques saisons auprès du docteur House, et même au Seattle Grace Hospital. Mais si je ne suis pas insensible à la chronique sociale que fut Urgences, ou aux mélanges des codes scénaristiques de House MD, une chose est sûre : le genre médical en tant que tel n'est pas vraiment ma tasse de thé.

Si bien que le dernier projet d'ITV, Monroe, n'avait a priori retenu mon attention qu'en raison de la présence de James Nesbitt ; laquelle suffisait à me motiver pour le retrouver dans un autre cadre que le sous-marin dans lequel je l'avais lâchement abandonné l'été dernier. C'est peut-être parce que je n'avais aucune attente, mais tout compte fait, j'ai été plutôt agréablement surprise par le pilote de Monroe, diffusé le 10 mars 2011 sur ITV1. Tout en restant très classique, des efforts ont été faits pour ne pas se être juste une simple énième déclinaison de medical drama. Des efforts expérimentaux plus ou moins inspirés, mais qui sont à saluer.

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Il règne incontestablement un parfum familier - mais pas désagréable - sur les bases de cette nouvelle série qui s'est choisi pour cadre principal le service de chirurgie de l'hôpital St Matthew. Travaillant dans cet établissement (qui offre un joli décor, soit dit en passant), Gabriel Monroe est un brillant neurochirurgien. Si sa gestion des relations humaines sur son lieu de travail tend souvent à se résumer à des réparties grandiloquentes et à un art de la provocation assumée envers ses collègues, derrière son masque d'arrogance haut affiché, il se révèle cependant autrement plus attentif à ses patients dont il se préoccupe sincèrement et avec lesquels il n'hésite pas nouer des rapports de confiance étroits.

Autour de ce personnage central, Monroe se propose de nous faire vivre le quotidien de ce service. Ayant à leur disposition toutes les grandes dynamiques qui fondent les séries médicales, entre espoir et drame, les six épisodes que comptera cette saison seront rythmés par les traitements des patients du jour, mais aussi par la gestion des relations parfois compliquées au sein du personnel, tout allant jusqu'aux imbrications, inévitables, entre vie privée et vie professionnelle. Il faut dire que l'on assiste à l'effondrement de la vie personnelle de Monroe au cours de ce pilote : tandis que son fils quitte le domicile familial pour l'université, sa femme ayant patiemment attendu cette échéance lui annonce dans la foulée qu'elle souhaite le quitter.

Beaucoup de thématiques à gérer et à exploiter pour une série très humaine et non dépourvue d'émotions.

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Si Monroe nous propose donc une recette relativement connue dans un genre au sein duquel il est sans doute illusoire de tenter d'innover, la série démarre pourtant sur des bases solides. Dans ce pilote conduit de façon particulièrement rythmée, il règne un dynamisme communicatif diffus et accrocheur, qui tient en premier lieu à l'attractivité indéniable du personnage principal. Si les médecins à l'égo sur-dimensionné ont envahi notre petit écran depuis fort longtemps, Monroe a surtout pour lui des répliques cinglantes inspirées qui sont autant de piques que le téléspectateur savoure, comptant les points lors de certains échanges. Ces dialogues très pimentés constituent sans doute la valeur ajoutée la plus maîtrisée de ce pilote. Car au-delà de cet art de la mise en scène des storylines, on descelle une autre ambition, qui reste encore à travailler : une dimension humaine que Monroe souhaite à l'évidence investir.

La série se concentrant sur Gabriel Monroe, ce pilote lui est dédié, nous offrant un aperçu des différentes facettes d'un personnage dont les certitudes professionnelles ne peuvent masquer les échecs plus intimes, du destin de sa fille à ses problèmes de couple. Seulement si Monroe a incontestablement les épaules pour supporter le poids de la série, et un potentiel certain pour retenir la fidélité du téléspectateur, en revanche, pour ce qui est de la galerie de personnages qui l'entourent, tout est encore à construire. Coincés entre des rôles peu affriolants de faire-valoir et des figures assez unidimensionnelles dont on ne sait trop quoi penser, il faudra que la série trouve plus d'homogénité entre tous ces protagonistes. Les one man show ont tendance à lasser s'ils sont invariablement unilatéraux. Mais ce premier épisode n'avait sans doute pas pour objet de développer cet aspect. D'autant que la dimension humaine semble être quand même une des préoccupations des scénaristes, l'approche de la trame médicale du jour étant là pour en témoigner. Les relations que Monroe établit avec sa patiente, mais aussi son petit ami, laisse sur une bonne impression quant au tact et à la subtilité de ces histoires toujours chargée d'humanité.

Si bien qu'au terme de ce pilote, on ressort intrigué par l'ambivalence de ce chirurgien brillant, professionnel aguéri qui n'hésite pas à s'investir auprès de ses patients, trouvant un étonnant équilibre entre arrogance de circonstances et humanité non reniée.

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Cependant, c'est incontestablement sur la forme que Monroe expérimente le plus, ne ménageant pas ses efforts pour dégager une esthétique d'ensemble qui lui soit propre. Confiée pour ces trois premiers épisodes à Paul McGuigan (Sherlock), la réalisation est dynamique, prompte à verser dans tous les effets de style plus ou moins opportuns, notamment ce floutage des contours du cadre dont je ne suis personnellement pas la plus grande fan. Les teintes colorées sont en tout cas agréables à l'oeil, et le soin du détail est perceptible sur le résultat. Pour compléter ce visuel, Monroe bénéficie en plus d'une bande-son omni-présente, petite musique instrumentale entraînante qui couvre les transitions et s'assure que le rythme global se maintient. Si cette relative omniprésence musicale ne se départit pas d'une certaine impression d'artificialité et semble parfois un peu excessive, le téléspectateur finit par s'habituer à ce style au fil de l'épisode.  

Enfin, le casting de Monroe se révèle dans l'ensemble solide, composé d'un certain nombre de têtes familières du petit écran britannique, emmené par un James Nesbitt (Jekyll, Occupation) qui n'aime rien mieux que pouvoir s'exprimer sur ces réparties ciselées sur lesquels surfent les dialogues de la série. A ses côtés, on retrouve notamment Tom Riley (Lost in Austen, Bouquet of Barbed Wire), Sarah Parish (Mistresses, Les Piliers de la Terres), mais aussi Manjinder Virk, Susan Lynch (Bodies), Luke Allen-Gale (The Promise / Le Serment), Michelle Asante ou encore Kitty Wilson.

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Bilan : C'est un pilote d'exposition efficace et dynamique que nous propose Monroe, nous présentant une figure centrale qui a assurément les épaules pour être le coeur de la série. S'inscrivant dans la longue lignée des séries médicales, sans innover dans l'approche classique de toutes les thématiques que le genre offre, il règne cependant un parfum assez rafraîchissant sur l'épisode, en grande partie du aux dialogues bien ciselés qui s'enchaînent, mais aussi à une réalisation "interventionniste". Il reste à la série à trouver son équilibre et surtout une consistance qui lui manque encore en installant plus solidement le reste des protagonistes.

Je ne suis pas une amatrice des séries médicales, mais je jetterai sans doute un oeil à la suite par curiosité.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :

09/08/2010

(UK) Jekyll : une brillante adaptation de l'oeuvre de Stevenson

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Tandis que Sherlock s'est achevée hier soir en Angleterre, je profite de l'occasion pour revenir sur une autre adaptation, antérieure, ayant modernisé avec brio une oeuvre littéraire du XIXe siècle, le Dr Jekyll & Mr Hyde de Stevenson. Diffusée au cours de l'été 2007, Jekyll fut une incontestable réussite, se réappropriant et revivifiant le mythe, porté par des dialogues enlevés et délicieusement ciselés, signés Steven Moffat, et un très grand James Nesbitt personnifiant la figure centrale de la mini-série. Au final, vous avez là un petit bijou télévisuel british absolument incontournable.

Le seul bémol que j'aurai à adresser à Jekyll est son doublage. C'est un sujet sur lequel j'ai rarement l'occasion de m'attarder pour émettre un avis (positif ou négatif), dans la mesure où je regarde très peu la télévision française. C'est encore plus exceptionnel pour les fictions britanniques : j 'aime trop les accents pour envisager un seul instant de ne pas les visionner en version originale. Cependant, par hasard, un soir d'insomnie, j'étais tombée, il y a quelques mois, sur une rediffusion de Jekyll, par Arte, en version française. J'avoue que le gâchis réalisé m'a fait peine à voir. Par conséquent, louez ou achetez l'édition DVD. Guettez une rediffusion en VM. Mais, surtout, évitez la VF à moins d'aller au devant d'importantes déconvenues.

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Jekyll se révèle savoureuse à plus d'un titre. Elle se réapproprie pleinement l'ambivalente figure de son personnage central, replaçant dans un contexte et avec des enjeux modernisés, cette troublante et glaçante histoire de partage d'un même corps entre deux êtres différents, dont la nature de l'un effraie l'autre.

Pourtant, ce sont derrière des apparences d'une banalité confondante que dort ce terrible secret. En effet, le Docteur Tom Jackman, chercheur, mène à première vue une vie des plus rangées, entre sa famille, composée de son épouse et de ses deux jumeaux, et son travail. Mais de temps à autre, il doit s'absenter. Une autre personnalité émerge dans ces moments-là qui paraît être une différente personne, plus grande, plus jeune, plus forte ; mais également totalement incontrôlable, dangereuse pour son entourage.

Cette cohabitation forcée entre ces deux personnalités se maintient de façon précaire grâce à un fragile accord conclu. Étant donné que lorsque l'un prend le contrôle, l'autre perd toute conscience, jusqu'à ce qu'il reprenne ensuite possession du corps, c'est tout un protocole qui a dû être mis en place. De leurs techniques de communication jusqu'aux problèmes de frais d'hôtel et autres clés de voiture, cette gestion presque étonnamment terre à terre d'un quotidien si extraordinaire, captive et fascine instantanément le téléspectateur. Mais l'équilibre entre les deux êtres, cet impossible partage d'un même corps que leur condition impose, ne saurait se pérenniser. Tandis que le Dr Jackman s'efforce de stabiliser sa condition et de la contrôler, d'autres menaces s'agitent dans l'ombre. Son secret n'est pas aussi confidentiel qu'il peut le croire ; et son cas intéresse de près certaines personnes. En comprenant ce qu'il est, le Docteur pourra-t-il se sauver lui-même, ainsi que sa famille ?  

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La première grande réussite de Jekyll réside dans la façon dont elle va traiter sa figure centrale. Les rapports entre le Dr Jackman et Jekyll sont superbement caractérisés, un rapport de force, teinté d'ambivalence, dans lequel domine un pragmatisme instinctif et une indéfinissable incompréhension réciproque. Le Dr Jackman incarne un stéréotype de l'homme ordinaire, effacé et étouffé par ses propres inhibitions. Une caricature de l'ennui. Le contraste est saisissant avec un Jekyll, véritable force de la nature, assumant -et réalisant- toutes ses pulsions, comme affranchi du poids des convenances sociales. La mini-série n'hésite d'ailleurs pas à se laisser à quelques parallèles bestiales qui captent bien cette puissance qui émane de lui. En un mot, Jekyll parvient à retranscrire à l'écran, avec une vitalité et une dynamique assez ambiguë, cette idée un peu folle, imaginée par Stevenson.

Outre cette pleine maîtrise du concept étonnant de départ, Jekyll se distingue par son admirable construction narrative qui laisse une large place à un suspense, chargé de tension, qui va crescendo. Sur bien des points, la manière dont est menée l'intrigue constitue un modèle du genre, n'hésitant pas à recourir parfois à certains procédés comme les flash-backs. L'histoire se construit par palier, nous entraînant dans un engrenage où l'attention du téléspectateur se retrouve rapidement happée. Tout va crescendo, donnant l'impression d'être magistralement orchestré, et prend forme, naturellement, sous nos yeux.

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L'ensemble est d'autant plus convaincant que l'écriture, fine et vive de Steven Moffat, fait ici merveille. Non seulement les dialogues se révèlent savoureux, les "monologues" entre les deux personnalités centrales étant sans conteste les plus jubilatoires, mais la mini-série parvient également, avec une aisance fascinante, à alterner tous les styles, empruntant au thriller, mais aussi aux codes d'une horreur, étrangement burlesque, au faux accent gore. Teinté d'un humour noir diffus, typiquement britannique, qui permet d'éviter le ridicule d'une fiction qui se prendrait trop au sérieux, Jekyll se crée une ambiance tour à tour inquiétante, déstabilisante, voire parfois simplement touchante. C'est dans ce juste maniement de tous ces tons que réside une bonne partie de sa richesse.

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Pour autant, aussi bien écrit soit-elle, la mini-série n'atteindrait pas une telle dimension sans la somptueuse performance d'un James Nesbitt (The Deep) au sommet de son art, qui personnifie cette figure centrale de la plus impressionnante des manières. C'est bien simple : le téléspectateur a effectivement l'impression d'avoir face à lui deux personnages distincts, aux physiques similaires certes, mais trop différents dans leur façon d'être pour que notre cerveau les assimile. C'est troublant, mais surtout particulièrement réjouissant.

Aux côtés de James Nesbitt, on retrouve un casting très solide, avec notamment une superbe Gina Bellman (Coupling), qui joue l'épouse de Tom Jackman. Meera Syal (Holby City, Beautiful people), Fenella Woolgar ou encore Denis Lawson (Bleak House, Criminal Justice) sont au diapason. La seule à ne pas tirer son épingle du jeu est sans doute Michelle Ryan (Bionic Woman), peut-être peu aidée par son rôle d'infirmière un peu en marge des autres dynamiques.

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Bilan : Jekyll est un petit bijou télévisuel original et enthousiasmant, une réjouissante adaptation d'un classique de la littérature, brillamment écrite par un Steven Moffat des grands jours et porté par un James Nesbitt dont la performance marquera. Exploitant pleinement la fibre mystérieuse de son histoire, dotée d'un suspense qui demeure jusqu'au bout entier, jusqu'à l'ultime pied de nez final, elle réussit avec brio à jouer avec beaucoup de justesse sur l'ambivalence de sa figure centrale. Une fiction simplement incontournable.


NOTE : 9,25/10


La bande-annonce de la série
:

06/08/2010

(Pilote / Mini-série UK) The Deep : plongée en de troubles profondeurs


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Mardi soir débutait sur BBC1 une nouvelle mini-série (5 x 60') intitulée The Deep. Dépaysement claustrophobique garanti pour un plongeon en Arctique construit sur un format de thriller. Le calme paysage téléphagique aoûtien se prête aux aventures ; et The Deep, avec son casting (James Nesbitt, Minnie Driver, Goran Visnjic, et même Tobias Menzies), ne manquait pas d'atouts, a priori, pour nous décider à embarquer dans son exploration des profondeurs.

Fonctionnant par à-coups, ce premier épisode se révèlera surtout assez poussif, s'attachant à introduire méthodiquement tous ses enjeux. La brusque accélération de l'intrigue, dans son dernier tiers, réveillera cependant la curiosité jusqu'alors très réservée du téléspectateur. Jusqu'à se laisser embarquer pour explorer les mystères des fonds marins ?

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The Deep pose, dès sa scène d'ouverture, le cadre claustrophobique auquel elle tend, tout en peinant à réellement insuffler l'angoisse que l'on devine devoir poindre. En mission d'exploration dans les eaux de l'Arctique, le sous-marin Hermes y disparaît sans laisser de trace, son équipage, porté disparu, étant déclaré mort. Le mystère de cette tragédie demeure entier. Six mois plus tard, une nouvelle expédition s'organise, dirigée cette fois par Frances Kelly. En digne fiction du genre, cherchant à trouver un équilibre entre action et émotionnel, on retrouve également à son bord, tendu et, logiquement, déprimé, le mari de la scientifique qui dirigeait la précédente mission, Clem ; ainsi qu'un biologiste marié avec lequel Frances entretient une liaison.

Cependant, avant même la plongée, l'objectif initial d'exploration est remis en cause, en cours de route, par l'addition d'un nouveau membre à l'équipage, Raymond, qui enquête sur ce qui a pu arriver au Hermes. De troublants enregistrements audios des dernières minutes du sous-marin contribuent à nourrir d'étranges hypothèses ; il est donc nécessaire de retrouver les données que l'appareil a pu recueillir dans ces instants dramatiques. De regards appuyés en lourds sous-entendus, s'esquissent les différentes questions centrales de l'intrigue de ce pilote : qui cache quoi à bord de l'expédition ? Et, surtout, quels secrets renferment ces profondeurs inexplorées ?

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A lire ce résumé servant de base à The Deep, il est aisé d'identifier l'écueil que ce premier épisode ne parvient pas à éviter : un enchaînement de clichés peu subtiles qui peinent à générer la moindre tension. Les scénaristes appliquent (trop ?) cliniquement le cahier des charges des fictions pseudo-claustrophobiques du genre. Les ficelles du scénario se révèlent, au mieux, trop évidentes, au pire, grossières. Si bien que l'épisode ronronne sur une dynamique trop prévisible pour ne pas être frustrante. Tout y est huilé à l'excès, finalement assez déshumanisé, semblable à un thriller sur papier glacé.

Les élans de dramatisation ne réussissent pas à dégager la moindre empathie avec un téléspectateur qui peine à s'impliquer. Tandis que la construction du suspense sonne un peu trop creux pour créer une ambiance inquiétante... du moins pour le moment.

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Une fois ce manque d'épaisseur d'un scénario trop prompt à céder à la facilité, constaté, le seul élément pouvant permettre à The Deep de redresser la barre serait de réussir le côté mouvementé de cette plongée dans les profondeurs qu'elle entend nous proposer, afin d'éclaircir le mystère de la disparition du précédent sous-marin. Ici, la mini-série souffre surtout du syndrome du premier épisode d'exposition. Les débuts sont poussifs, assez lents. Tout avance par à-coup sans parvenir à verser dans l'ambiance un peu oppressante qu'on serait en droit d'attendre d'une telle histoire. Manquant d'homogénéité, cette première heure débute réellement dans son dernier tiers. Cependant, si la suite poursuit sur ces bases finales plus rythmées, elle pourra se révéler plus divertissante.

En somme, au-delà de cette résurrection de tous les poncifs du genre "thriller en huis-clos", le téléspectateur était sans doute en droit d'attendre mieux de ce premier épisode de The Deep. Les amateurs de ce genre aux rouages un peu mécaniques ne seront pas dépaysés ; j'espère surtout que la mini-série saura construire une atmosphère plus tendue et propre à son cadre particulier par la suite.

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Sur la forme, The Deep tente quelques effets de style, sans que sa réalisation d'ensemble se démarque réellement. Si elle sait jouer sur des teintes colorées différentes, suivant l'environnement (prédominance bleue dans le sous-marin, etc...), en revanche, cette utilisation de flou sur les bords qu'elle renvoie à certains moments, pour renforcer son ambiance, n'est pas des plus convaincantes.

Enfin, le casting, comme je l'ai déjà dit, ne manque pas de figures bien connues, que le téléspectateur familier des fictions britanniques (et même au-delà) devrait retrouver avec un certain plaisir. Même si, pour le moment, il faut reconnaître que le scénario ne les transcende pas, chacun assurant un solide service minimum, si j'ose dire. Minnie Driver (The Riches) mène l'expédition, aux côtés de Clem, en veuf déprimé interprété avec naturel par James Nesbitt (Jekyll). Au sein de l'équipage du sous-marin, pour compléter ce trio principal, on retrouve Goran Visnjic (Urgences). Enfin (et parce que je l'aime bien), signalons en invité de dernière minute qui en sait sans doute plus qu'il ne le dit sur le mystère de la disparition du précédent sous-marin, un Tobias Menzies (Rome) fidèle à lui-même.

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Bilan : Un peu lente au démarrage, The Deep peine à trouver son rythme dans une première partie d'épisode qui se révèle un peu creuse, servant surtout d'exposition un brin poussive, voire clichée. Si bien que le téléspectateur éprouve quelques difficultés à s'investir immédiatement dans les enjeux qui s'esquissent. Cependant, une fois que l'action commence réellement, il est possible de se prendre à ce jeu claustrophobique, essayant d'oublier les écueils d'une écriture très unidimensionnelle qui manque trop souvent de punch et de subtilité.

Au final, The Deep est un peu trop plate en terme de personnalité et d'ambiance (ce qui, pour une telle fiction, est assez dommageable), mais si elle poursuit sur le rythme du dernier tiers de l'épisode (comme la bande-annonce du suivant le laisse entendre), elle peut peut-être s'imposer dans ce créneau de l'aventure divertissante sur papier glacé, sans autre prétention. En plein mois d'août, aidé par le désoeuvrement du téléphage, cela peut fonctionner. Cependant, il est fort probable que ce voyage ne restera pas dans les annales.


NOTE : 5,25/10


Une bande-annonce de la mini-série :