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13/07/2011

(K-Drama) Eight Days Mystery of Jeong Jo Assassination : Conspirations à la Cour à l'ombre des tragédies passées


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Alors même que s'annonce un mois de juillet très historique en Corée du Sud, après plusieurs mois à traîner sur ma liste des programmes prioritaires, je me suis enfin lancée dans Eight Days Mystery of Jeong Jo Assassination il y a une dizaine de jours. C'est donc un bilan que je vous propose en ce mercredi asiatique, avec une époque et une thématique chère aux scénaristes sud-coréens, et extrêmement familière à l'amateur de k-dramas historiques : la mort du prince Sado exécuté par son propre père et la destinée de son fils, JeongJo. C'était déjà une toile de fond du dernier drama historique évoqué sur ce blog, le très marquant Conspiracy in the court. Mais Mina rappelait récemment dans sa présentation d'un des fusion sageuk de ce mois de juillet, Warrior Baek Dong Soo, que nombre d'autres dramas l'ont évoqué de Strongest Chil Woo à Sungkyunkwan Scandal, en passant par Painter of the Wind.

Adaptation d'un roman de Won Haeng, Eight Days Mystery of Jeong Jo Assassination est une série qui a été diffusée à la fin de l'année 2007 sur la chaîne câblée CGV (elle fut même sa première fiction du genre). Elle a l'avantage de bénéficier d'un format court, puisqu'elle comporte en tout 10 épisodes d'une heure chacun. Si sa bande-son, vraiment sublime, marquera sans aucun doute durablement le téléspectateur, ce drama n'en demeure pas moins une fresque classique et prenante, proposant une minutieuse reconstitution historique des plus fascinantes.

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En 1762, Jeong Jo a assisté impuissant à la condamnation de son père, le prince héritier Sado, par son grand-père, le roi en exercice : enfermé dans une boîte, le calvaire du prince dura huit jours avant qu'il ne trépasse. Plusieurs décennies plus tard, Jeong Jo a désormais accédé au trône. A une époque troublée pour le royaume, au sein d'une cour où les tensions sont extrêmes entre les différents partis, ce roi réformateur mène une politique de modernisation qui lui attire bien des inimités. De plus, il n'a jamais oublié l'exécution de son père. Lors de son avènement, il a d'ailleurs ordonné d'importantes purges au sein des dignitaires, gagnant dans le sang de nombreux ennemis. 

Jeong Jo s'interroge toujours sur la tragédie qui a mené le prince Sado à la mort : était-il vraiment atteint de folie, comme le suggèrent certain bruits ? A-t-il été la victime d'un complot ourdi contre lui, ou n'a-t-il été qu'un simple incident collatéral de la lutte entre les partis ? Si sa mémoire sur cette époque est floue, sa mère ne partage pas sa curiosité, espérant le voir stopper dans cette quête pour la vérité. En 1795, il décide finalement d'entreprendre un voyage cérémonial en l'honneur de son père, souhaitant réhabiliter sa mémoire en se rendant sur sa tombe. C'est durant ces huit jours loin du palais que ses multiples adversaires se dévoilent : n'est-ce pas l'opportunité unique de se débarasser de ce dirigeant et de régler certains comptes de part et d'autre ?

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Eight Days Mystery of Jeong Jo Assassination gagne ses lettres de noblesse au sein des sageuk, s'inscrivant dans la tradition de ce genre pour mettre en scène une reconstitution historique rigoureuse qui ne manque assurément pas de souffle. Adoptant souvent des accents épiques exaltants, exploitant pleinement son format relativement bref pour éviter tout temps mort, ce drama fascine aussi par son sujet. Se concentrant sur les états d'âme du roi Jeong Jo, il dresse un portrait très intéressant d'un monarque toujours profondément marqué par l'exécution de son père. Ce stratège habile, qui navigue au sein d'une cour hostile, arbitre comme il peut entre raison d'état et son besoin personnel d'apporter la paix à la mémoire du prince Sado. Un jeu de dupes continuel se joue dans les couloir du palais, le drama éclairant tout particulièrement ses rapports avec sa mère. L'ensemble se révèle des plus passionants à suivre.

Outre cette immersion toute en nuances dans ces jeux de cour, le second attrait de Eight Days Mystery of Jeong Jo Assassination réside dans ces diverses conspirations se nouant dans l'ombre, chacun avançant peu à peu ses pions dans une partie d'échecs où la moindre erreur est fatale. Ayant choisi de relater l'histoire prioritairement du point de vue du monarque, les personnages secondaires bénéficient d'un développement moindre ; cependant, à travers eux, il y a une réelle volonté de retranscrire fidèlement les aspirations de la société coréenne d'alors. Chacun en représente une partie, qu'il soit englué dans des tragédies passées appelant vengeance, ou qu'il se tourne vers l'avenir pour une restauration conservatrice ou une véritable révolution vers l'égalité. C'est vun drama où la dimension humaine, qui aurait individualisé chaque personnage, s'efface derrière l'enjeu du sujet. Le téléspectateur se retrouve happé par ce tableau d'ensemble, mosaïque si détaillée, mais en revanche il s'attache moins aux personnages. Ce parti pris, plutôt original pour un k-drama, n'affecte en rien la portée d'une histoire qui tient en haleine du début à la fin.

Pour autant, aussi solide que soit sa construction narrative, il manque quelque chose à Eight Days Mystery of Jeong Jo Assassination pour franchir ce dernier palier qui aurait imposé ce drama comme incontournable. En effet, si son rythme n'est pas en cause, il n'arrive pas à générer un véritable suspense dans les moments clés. Très académique, son récit demeure trop prévisible, peinant à retranscrire une tension qui serait pourtant légitime. C'est peut-être le revers de la médaille d'avoir opté pour une fresque globale derrière laquelle les histoires personnelles ressortent moins : la théâtralisation permet de capter les grands enjeux et de donner un souffle à l'ensemble, mais certains rouages sont moins bien soignés et cèdent à la facilité.

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Solide sur le fond, Eight Days Mystery of Jeong Jo Assassination marque également les esprits grâce au soin apporté à sa forme. La réalisation, confiée à Park Jong Won, est très belle. N'hésitant pas à chercher à mettre en valeur ses décors historiques et costumes aux couleurs chatoyantes, la caméra alterne les plans serrés, mais aussi les prises de vue plus larges qui balayent de superbes reconstitutions mises en scène de façon ambitieuse. De plus, le drama bénéficie d'une grande OST qui fait vraiment basculer certains passages dans une autre dimension. Les instrumentaux et les quelques chansons récurrentes magnifient les scènes importantes, maîtrisant et rythmant comme rarement la narration et donnant parfois au téléspectateur des frissons dès les premières notes. Cette bande-son permet même d'occulter cette insuffisance de véritable tension dans le récit. En résumé, c'est un vrai plaisir que de suivre une telle série où chaque scène est orchestrée musicalement à la perfection : à savourer sans modération !

Enfin, le drama bénéficie d'un casting homogène, globalement convaincant, parfaitement emmené par un Kim Sang Joong (Dawn of the Empire, actuellement à l'affiche dans City Hunter) qui personnifie avec aplomb les dilemmes, mais aussi les convictions inébranlables, du roi Jeong Jo. Jung Ae Ri (Conspiracy in the court, Stars falling from the sky) lui donne la réplique sur un registre tout aussi assuré. A leurs côtés, on retrouve une galerie d'acteurs des plus solides, avec Park Jung Chul (My woman) en conseiller avisé et Lee Sun Ho (Tamra, the island) en ancien soldat désillusionné, mais aussi Hee Won, Kim Sung Kyum, Kim Ki Hyun, Park Chan Hwan, Lee Dae Yeon, Jang Ki Yong ou encore Park Soo Hyun.

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Bilan : Superbe sur la forme, consistant sur le fond, Eight Days Mystery of Jeong Jo Assassination contient tous les ingrédients légitimement attendus pour constituer un bon sageuk. S'il pèche par moment en raison de son style académique qui rend ses développements trop prévisibles, il nous plonge dans une reconstitution soignée et rigoureuse, très prenante, qui passionnera assurément tout amateur de ce genre historique. La mise en scène, sublimée par une bande-son parfaite, est un vrai régal à savourer et vaut vraiment le détour.


NOTE : 7/10


Le générique :


La chanson principale de l'OST (et un aperçu en images) :

09/03/2011

(K-Drama / Pilote) Midas : un drama clinquant qui doit encore s'affirmer

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C'est en Corée du Sud que nous ramène le mercredi asiatique du jour. Si mon k-drama du moment reste incontestablement President, dont la diffusion s'est achevée fin février et qui, à chaque épisode visionné, s'impose un peu plus comme ma référence asiatique de ce début d'année 2011 (même s'il est vrai que la concurrence ne fut pas trop rude), j'ai quand même suivi ma résolution de tester quelques-unes des nouveautés de ce mois de février. Le bilan est pour le moment très mitigé. Les New Tales of Gisaeng ont eu toutes les peines du monde à retenir mon attention jusqu'à la fin du pilote.

Quant à la série du jour, Midas, si j'ai bien visionné sans me forcer les trois premiers épisodes, nous sommes pour le moment loin du coup de foudre. Si son titre confirme le penchant actuel des k-dramas pour les références mythologiques, j'avoue que c'étaient surtout les noms d'acteurs associés au projet qui avaient éveillé ma relative curiosité. Le synopsis proposé, peu éclairant et un brin aride, m'avait lui plutôt laissé sur une prudente réserve... que ces premiers épisodes n'auront pas dissipée.

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Par le biais de son personnage principal, Midas nous plonge dans le monde de la haute finance et, plus généralement, dans celui très luxueux d'une famille de chaebol. Kim Do Hyun vient tout juste de sortir de l'école de formation où il se destine à devenir avocat. Brillant, le jeune homme est courtisé par tous les grands cabinets. Mais son professeur le met en relation avec une organisation plus confidentielle, méconnue du grand public et dont l'activité est assez floue tout en restant extrêmement rentable. Attiré par les talents du jeune avocat, notamment ses facultés à comprendre et analyser les marchés et à s'adapter aux règlementations, le dirigeant des lieux lui fait une offre en or : outre des avantages matériels conséquents, il lui propose également de devenir immédiatement associé. En dépit de son ignorance sur le contenu de son futur travail, Do Hyun est incapable de résister aux sirènes de l'argent.

Jusqu'à présent, ce jeune carriériste ambitieux avait rêvé d'une vie professionnelle réussie sans jamais négliger sa vie personnelle. Il est ainsi fiancé à Lee Jung Yeon, une infirmière, qu'il doit épouser très prochainement. Mais son nouveau travail le fait basculer dans un autre monde pour un travail qui se rapproche plus du conseiller que celui d'avocat au sens strict. Il découvre en effet que le cabinet qui l'a recruté travaille en effet pour un homme d'affaires extrêmement puissant. Ce sont ses avoirs, mais aussi sa famille au sens large qu'il faut protéger. La mission apparaît d'autant plus difficile que, derrière une apparente unité de façade, la perspective de l'ouverture prochaine de la succession du patriarche aiguise les appétits de ses enfants. Do Hyun, par ses nouvelles attributions, va rapidement se trouver mêler à des enjeux autrement plus complexes que de simples questions de droit. Il va finalement prendre le parti de l'entrepreneuse à succès qu'est Yoo In Hye, dont l'intervention quelques jours plus tôt à son école dans le cadre d'une conférence l'avait marqué... pour le meilleur ou le pire ?

Les premiers épisodes de Midas s'attacher à relater le basculement de Do Hyun, mais aussi à un degré moindre de Jung Yeon par son transfert dans la branche VIP de l'hôpital, dans un monde de luxe aux préoccupations et au sens des priorités bien différents. Leur relation y résistera-t-elle ?

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Pour cette plongée dans le monde des affaires, Midas mêle allègrement jeux d'argent et de pouvoirs, se réappropriant de classiques dynamiques familiales, énième déclinaison de sempiternelles concurrences d'ambitions et de luttes fratricides. Si son approche de la finance veut marquer, n'hésitant pas à manier les chiffres à voix haute, ces débuts ne font qu'esquisser de manière peu convaincante les bases de la fiction financière. Tout en employant les mots clés attendus, navigant entre investissements et mises en jeu du capital, on reste au stade d'un superficiel qui cède trop facilement à un romanesque paresseux. Ce traitement empêche de se sentir impliqué dans des enjeux excessivement flous ; on est loin de la tension autrement plus concrète et prenante à laquelle était parvenu un drama comme Story of a man pour aborder cette thématique .

En réalité, le problème de superficialité de Midas se révèle sans doute plus profond et structurel. En effet, le mot d'ordre prioritaire semble avant tout avoir été le suivant : une immersion dans le luxe, ou plus précisément l'argent. Bien plus qu'un éventuel enjeu d'ascension sociale, bien plus qu'une incursion timide dans les marchés - même si elle en prend à l'occasion les illusoires apparences -, il s'agit avant tout d'éblouir. Les millions de wons défilent, dépensés, investis ou simplement rêvés ; combien de chiffres égrénés au cours de ces premiers épisodes avec pour seul objet d'essayer (maladroitement) d'impressionner ? A l'image de son héros, Midas se laisse griser par le luxe affriolant qui lui sert de cadre, tentant vainement d'entraîner le téléspectateur à sa suite, dans cette seule dimension trop restreinte pour faire vivre une série.

Car ce clinquant assumé, revendiqué, finit par plomber l'histoire même qu'il est censé servir. Face à cette mise en scène excessivement théâtralisée, où tout semble figé, presque forcé, l'ensemble sonne excessivement faux. Les cautions narratives pour s'immerger dans cet univers restent trop prévisibles, à l'image des ficelles scénaristiques utilisées. Les protagonistes ne parviennent pas non plus à s'imposer, restant comme en retrait devant ce cadre trop artificiellement riche. Si bien que Midas propose des débuts très déshumanisés sans donner au téléspectateur matière à s'attacher et à se fidéliser. Si on ne s'ennuie pas devant ce drama, on le suit sans s'impliquer.

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Sur la forme, la réalisation est classique, sans prise de risque particulière, ni d'identité imposée. En revanche, je serais pour une fois plus réservée concernant la bande-son de la série. Je suis souvent la première à saluer cet art de narrer musicalement des histoires et le savoir-faire que l'on croise souvent dans les k-dramas, mais Midas m'a laissé une impression mitigée. Si les chansons de l'OST ne marquent pas spécialement pour le moment, en revanche certaines musiques semblent employées à contre-temps dans le récit (notamment une). 

Enfin, il convient de s'arrêter sur un casting qui exerce évidemment un attrait incontestable. Mais, à nouveau, le drama ne parvient pas à exploiter tous ses atouts. S'il dispose d'acteurs solides, Midas peine à leur offrir l'occasion de s'exprimer pleinement, les laissant évoluer dans un ensemble un peu trop figé qui les bride quelque peu. Au sein du trio central de la série, Jang Hyuk (Robber, Tazza, Chuno) est fidèle à lui-même, investissant un registre assez sobre qui ne l'empêche pas d'imposer une présence à l'écran convaincante, qui reste cependant à bien affirmer. Lee Min Jung (Smile, You) est cantonnée à un registre de fiancée pour le moment assez unidimensionnelle. Et c'est finalement sans doute Kim Hee Ae (Snow Flower) qui s'en sort le mieux pour le moment, bénéficiant du personnage le plus ambivalent. 

Sinon, sur un plan plus secondaire, depuis janvier et Rock Rock Rock, j'ai gardé une affection toute particulière pour No Min Woo (My Girlfriend is a Gumiho), cela m'a donc fait plaisir de le retrouver ; d'autant que son personnage, par les libertés qu'il s'accorde, lui permet d'échapper opportunément au pesant ambiant. Parmi les autres acteurs, citons notamment la présence de Lee Duk Hwa, de Kim Sung Kyum, de Choi Jung Woo, de Chun Ho Jin, Lee Moon Soo, Jung Suk Won, Seo Joo Ae ou encore Yeo Ho Min.

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Bilan : En dépit d'un casting solide (auquel le drama doit sans doute une grande partie de l'attrait qu'il peut encore conserver au terme de ces premiers épisodes), Midas peine à démarrer. Certes, la série impose d'emblée une ambiance clinquante sûrement travaillée, mais l'artificialité de la mise en scène, accompagnée de la trop grande prévisibilité des storylines, plombe une dynamique d'ensemble sur laquelle pèse aussi lourdement la tendance des scénaristes à céder à trop de facilités narratives. Renvoyant une impression de manque d'ambition un peu frustrante, cette série manque de relief et d'identité, tout en laissant le téléspectateur globalement insensible, en dépit de quelques petites étincelles.

Il y a sans aucun doute du potentiel ; mais je ne suis pas certaine que l'approche par la série de sa thématique soit celle qui en permette une bonne exploitation.  


NOTE : 5/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :