01/12/2010
(K-Drama / Pilote) Marry me, Mary (Mary stayed out all night) : un concentré de légèreté
Pour ouvrir ce mois de décembre, prenons - enfin - le temps de consacrer ce mercredi asiatique à un k-drama dans la lignée de ces légères sucreries mélodramesques dont le pays du Matin Calme a le secret, également très attendu en raison de son casting : Marry me, Mary (a.k.a. Mary stayed out all night), diffusé depuis le 8 novembre 2010 sur KBS2.
Soyons franc, si cela fait deux semaines que je reporte la critique, c'est en partie parce que je n'ai pas vraiment d'enthousiasme à partager devant cette découverte. Non qu'elle soit déplaisante à suivre, puisqu'elle prend peu à peu ses marques et que Moon Geun Young illumine l'écran. Mais il faut bien dire qu'elle est arrivée dans le courant d'un mois de novembre particulièrement chargé qualitativement en nouveautés sud-coréennes, de Secret Garden (qui s'impose comme mon gros coup de coeur de ces six derniers mois) à King Geunchogo. Abondance de séries ne nuit pas, mais oblige à hiérarchiser et à dresser un ordre des priorités. Tout dépendra ensuite de ce que l'on recherche ; car, pour un téléspectateur en quête de léger pétillant, assurément, Marry me, Mary est toute adéquate. Mais il faut bien reconnaître que la magie n'a pas opéré à mon égard.
D'emblée, la série s'installe dans le registre de la gourmandise sucrée-acidulée, naïvement romancée, qui se savoure sans arrière-pensée devant son petit écran. Le concept se révèle finalement d'une simplicité relativement désarmante, reprenant ces recettes traditionnelles, promptes à rapprocher des opposés et à faire naître des relations. Sans réellement prendre de distance avec l'histoire mise en scène, Marry me, Mary investit efficacement un terrain déjà connu de tout amateur de k-drama.
Wi Mae Ri est une jeune femme pragmatique et pleine d'entrain, étudiante par intermittence, employée quand elle le peut, dont le quotidien est rythmé par les coups de semonce des multiples créanciers de son père. Dotée d'un tempérament naturellement enjoué, elle s'efforce de prendre la vie du bon côté et de ne pas se laisser atteindre par ce harcèlement perpétuel, tout en protégeant son père du mieux qu'elle le peut, avec ses faibles moyens. Suite à un accident de voiture, elle rencontre - dans des circonstances donc quelque peu compliquées - le chanteur indépendant d'un groupe se produisant dans un club de sa ville, Kang Moo Kyul. Après l'avoir poursuivi pour le forcer à signer une décharge de responsabilité, la jeune femme finit par se lier, bon gré, mal gré, avec un artiste somme toute assez envahissant, qui n'hésite pas à s'inviter chez elle.
Parallèlement, le père de Mae Ri, préoccupé par sa catastrophique situation financière, retrouve par hasard une vieille connaissance, un industriel ayant fait fortune au Japon. Ce dernier propose à Dae Han un accord pour l'aider à faire disparaître ses ennuis : il épongera toutes ses dettes si Mae Ri épouse son fils, Jung In. Effrayée à la perspective d'un mariage arrangé que son père perçoit comme sa bouée de sauvetage, Mae Ri fait alors passer Moo Kyul pour son nouvel époux, fausses photos de célébration à l'appui. Mais le mensonge ne fait qu'empirer une situation déjà bien confuse lorsque son père exhibe un faux certificat de mariage. Finalement, un bien curieux compromis est trouvé, satisfaisant toutes les parties : Mae Ri dispose d'une période d'essai de 100 jours au bout de laquelle elle devra faire un choix entre les deux jeunes gens qui lui sont proposés - ou éventuellement les refuser tous deux. Comment Mae Ri passera-t-elle ces quelques mois avec son temps ainsi divisé en deux ? Son coeur s'ouvrira-t-il à l'un ou à l'autre ?
Comme il est facile de le pressentir à la lecture du synopsis, Marry me, Mary présente un cocktail condensé et revendiqué de légèreté parfaitement calibrée, qu'elle va s'attacher à exploiter par des recettes qui ont plus que fait leur preuve dans le petit écran sud-coréen. Avec une relative insouciance enjouée, un peu à l'image de son héroïne, la série prend son temps pour installer ses enjeux. Faisant le choix de capitaliser pleinement sur une indéfinissable innocence d'écriture, elle introduit dès le départ une dynamique plaisante, presque infantile dans le bon sens du terme, qu'incarne à merveille la resplendissante Mae Ri. C'est sans nul doute dans ce personnage que réside l'âme et le coeur de la série. Déjà, dans ses scènes solitaires, elle éclaire l'horizon du téléspectateur, perdue dans appartement vidée de tout mobiliser à savourer ses dramas. Dans les scènes versant plus dans le relationnel, voire la confrontation, elle apporte ce soupçon de spontanéité qui sonne juste, tout en trouvant instantanément une naturelle alchimie avec ses partenaires, à commencer par Moo Kyul.
Le corollaire nécessaire d'un tel cocktail de légèreté implique, pour que cela fonctionne, de parvenir à charmer le téléspectateur. Car le seul concept de départ - ces fameux 100 jours pour faire un choix - n'est pas un réel fondement narratif consistant, mais constitue plus un prétexte commode à des mises en scène, allant du rocambolesque franchement comique au touchant quasiment désarmant. Appliquant des recettes bien huilés, Marry me, Mary se révèle au final très contemplative dans sa narration, misant ouvertement tout sur ses personnages, prenant plaisir à distiller, par petites scènes anecdotiques, les bases des relations qu'elle va nous relater. Elle y met d'autant plus d'application que, pour s'assurer d'une tonalité en adéquation avec cette ambition de proximité émotionnelle, la série joue la partition connue de l'écriture à la naïveté aussi confondante que désarmante, dans laquelle le téléspectateur est invité à se laisser bercer.
Sauf que si tous les synonymes et nuances des adjectifs "tendre" ou "mignon" vous viennent en effet inévitablement et naturellement à l'esprit, au cours du visionnage des premiers épisodes, le constat n'en demeure pas moins que la série va échouer à dépasser ces simples déclarations d'intention. A aucun moment, elle n'a réussi à véritablement me toucher. En fait, jamais je ne suis parvenue à me débarrasser d'une impression lancinante d'artifice, qui m'a empêchée de véritablement rentrer dans une histoire sonnant trop creux. Ce ressenti de fictivité, exacerbé par un concept donnant l'impression paradoxale d'être à la fois trop alambiqué et trop caricatural, m'a donc laissé de marbre, observatrice extérieure ni impassible, ni conquise, en dépit de ces quelques scènes, plus pétillantes que les autres, dont on sent confusément que ce sont celles qui doivent marquer.
J'ai coutume de dire que nombre de fictions sud-coréennes ne s'adressent pas au cerveau du téléspectateur (pour l'amoureuse des k-dramas que je suis, cela n'a rien d'un reproche), mais à son coeur, qu'elles ont l'art de savoir toucher et mettre nu comme peu de séries. Le risque de tout miser sur quelque chose d'aussi volatile et subjectif que le domaine émotionnel, c'est qu'à partir du moment où le charme n'opère pas, tout le château de cartes s'effondre. Peu importe que l'on perçoive consciemment le potentiel sous-jacent, peu importe que l'on apprécie telle ou telle scène particulière, ce qui l'emporte, c'est une impression globale de manque de consistance qui va rendre impossible l'adhésion au scénario. Si bien qu'imperceptiblement, au fil de l'épisode, l'intérêt du téléspectateur glisse progressivement pour ne plus tenir qu'à un fil quand vient la fin. Voici malheureusement quelle a été mon expérience devant Marry me, Mary. Il y a eu de petites étincelles par intermittence, mais à aucun moment, la magie globale de la série ne m'a touchée.
Si la série est mitigée sur le fond, en revanche, aucun reproche ne pourra lui être adressé sur la forme. Dotée d'une réalisation énergique, d'une photographie qui n'hésite pas à sacrifier à certains effets de style pour donner le ton, l'image se révèle donc plaisante. Côté bande-son, Jang Geun Suk poursuit sa carrière de chanteur par petit écran interposé (un jour, il faudra tout simplement que quelqu'un l'autorise à diversifier sa carrière à cet autre domaine, au lieu de se servir tous ses projets filmés pour parfaire ses vocalises - ce dont je ne me plains pas) en interprétant les chansons "rock/indie" qui composent l'OST de Marry me, Mary. Si une réflexion sur les paroles d'une des chansons, relative à un bus, m'avait bien fait rire sur Dramabeans, j'avoue que les rythmes finissent par être entêtant après une écoute prolongée de plusieurs épisodes.
Enfin - et c'est sans doute cela qui sauve ce drama de l'étiquette de "comédie romantique anecdotique" -, l'incontestable atout de la série réside dans son casting. Moon Geun Young (The Painter of the wind, Cinderella's sister) illumine l'écran : à la fois pétillante et d'une étonnante fraicheur, elle est la raison pour laquelle Marry me, Mary pourra charmer certains. A ses côtés, Jang Geun Suk (Hong Gil Dong, Beethoven Virus, You're Beautiful) se rappelle à notre bon souvenir. Si j'ai toujours eu beaucoup d'affection pour lui, la sobriété stylistique de l'époque de Beethoven Virus me manque vraiment. Enfin, le casting est complété par Kim Jae Wook (Bad Guy) et Kim Hyo Jin (I am happy).
Bilan : Concentré de légèreté, Marry me, Mary mêle à son classicisme narratif calibré, une innocence d'écriture désarmante et chaleureuse. Portée par une héroïne resplendissante, la série peine pourtant à concrétiser les promesses qu'elle laisse entrevoir. La magie ne parvenant pas à opérer, c'est son singulier manque de consistance global qui finit par ressortir : tout y sonne un peu trop creux, un peu trop vain, pour réussir à faire adhérer à l'histoire.
La série aura probablement ses amateurs ; d'autant que je ne nie pas qu'elle dispose d'un certain potentiel que la suite lui permettra peut-être d'exprimer. Mais elle m'aura laissée insensible, moi qui ne souhaitais qu'y trouver un réconfort chaleureux. Marry me, Mary restera donc probablement un rendez-vous manqué.
NOTE : 5,5/10
La bande-annonce de la série :
Une des chansons de l'OST :
19:53 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : k-drama, mary stayed out all night, marry me mary, kbs, moon geun young, jang geun suk, kim jae wook, kim hyo jin | Facebook |
10/01/2010
(K-Drama) You're Beautiful : A.N.JELL dans le monde des Idols
Si vous fréquentez un tant soit peu les communautés internautes appréciant les séries coréennes, vous n'avez sans doute pas pu échapper au cours des derniers mois au "raz-de-marée" You're Beautiful. En dépit d'audiences un peu décevantes (mais le drama était en confrontation directe avec la "série-blockbuster" IRIS de KBS), la popularité de You're Beautiful a en revanche dépassé toutes les attentes sur internet. Le dernier drama des soeurs Hong (les prolifiques scénaristes de My Girl, Fantasy Couple, Hong Gil Dong...), diffusé au cours de l'automne 2009, devenant ainsi un petit phénomène.
J'avoue avoir été initialement assez réticente à me lancer dans You're Beautiful, en dépit (ou à cause -je suis dotée d'un esprit de contradiction tenace) du buzz énorme entourant la série. De plus, les reviews lues la comparaient aux Boys Before Flowers du début d'année 2009 (adaptation coréenne de la célèbre série japonaise, Hana Yori Dango) ; ce qui ne constitue a priori pas du tout le style de drama qui m'attire et, surtout, que je recherche. Mais le prosélytisme insistant de certains, combiné à son casting (je venais de finir Beethoven Virus), a vaincu mes dernières résistances. N'ayant pas regretté l'expérience, cela me permet donc d'y consacrer le dimanche asiatique de la semaine !
Mais Mi Nyu va devoir progressivement s'impliquer de plus en plus dans la vie des A.N.JELL. Ce qui ne devait être à l'origine qu'une substitution pour une signature officielle, la conduit finalement à partager la maison des membres du groupe, à faire des conférences de presse officielles, puis même à réaliser une performance dans un premier concert et à enregistrer un album. En plus de ce difficile ajustement à une nouvelle vie dans un milieu qui lui était étranger, la tâche de Mi Nyu va se trouver compliquée par la méfiance de ses camarades. Cette première impression va d'ailleurs se changer, chez Tae Kyung, en une profonde hostilité, les maladresses de la jeune femme ne cessant de la mettre en porte-à-faux, voire en confrontation directe, par rapport au leader des A.N.JELL.
Si les histoires sont divertissantes, l'aspect indéniablement très attachant de ce drama tient beaucoup à ses personnages. Certes, chacun incarne un stéréotype, offrant en fin de compte peu de surprises. Mais ils sont toujours présentés sous un jour très supportable, si bien que, même à travers les oppositions qui naissent, le téléspectateur n'ait jamais amené à prendre partie pour l'un ou l'autre, suivant simplement avec plaisir ces éclats d'humeur.
La distribution des rôles m'a un peu rappelé les dynamiques d'un classique comme Hana Yori Dango, ou son adaptation coréenne de début 2009, Boys Before Flowers. Leur diversité est une source constante de décalages et de clashs, génératrice d'un comique burlesque, souvent excessif, mais qui prête régulièrement à sourire (voire à éclater de rire). Go Mi Nam est une jeune femme qui ne connaît encore rien de la vie, un brin fleur bleue, plutôt innocente, elle dispose d'un talent hors du commun pour faire exactement ce qu'il ne fallait pas, et bouleverser ainsi la vie du groupe. Pleine de bonne volonté, avenante, mais d'une maladresse qui confine au tragi-comique, elle s'attire rapidement les foudres du leader, Hwang Tae Kyung. Ce dernier incarne plus ou moins son opposé. D'un abord très abrasif, avec un caractère colérique, il ne supporte pas que le contrôle d'une situation lui échappe. D'un naturel autoritaire, il se révèle aussi très maniaque et perfectionniste. S'emportant régulièrement contre Go Mi Nam, il sera cependant le premier du groupe à lui révéler qu'il connaît son secret, qu'en dépit de ses vives objections initiales, il va par la suite protéger. L'apparent bad boy qui cache, derrière cette allure, un grand coeur et des blessures personnelles anciennes, voici un classique jamais démodé, toujours efficace.
Les deux autres membres du groupe s'inscrivent dans ce même schéma global. Kang Shin Woo symbolise en quelque sorte le compagnon idéal, toujours compréhensif et d'un calme à toute épreuve. Il va constituer un allié de l'ombre pour Go Mi Nam, ayant rapidement découvert, lui aussi, qui elle est, mais restant effacé et préférant nouer une relation plus subtile avec la jeune femme. Sans doute trop subtile pour elle, avec sa capacité unique à être aveugle aux évidences. Le dernier membre du groupe, Jeremy est probablement le plus immature, mais aussi le plus spontané. Tout d'abord peu diplomate, il va s'imposer rapidement comme un ami simple et joyeux, qui saura aussi être particulièrement touchant en quelques occasions.
Ce mélange, désordonné en apparence, mais en réalité savamment dosé, entre burlesque absurde et émotions touchantes est une constante de la série. Car You're Beautiful est avant tout une comédie romantique. Go Mi Nyu, sous les traits de Go Mi Nam, ne va pas laisser indifférente ses compagnons, rapidement très confus devant ce nouveau venu, qui enchaîne les gaffes les plus incroyables et dont l'attitude et les réactions paraissent parfois entourées d'un étrange mystère. De son côté, restera-t-elle ancrée dans sa conviction initiale qu'elle doit devenir religieuse, ou verra-t-elle la vie différemment une fois ce passage dans les coulisses des Idols effectué ?
Chaque personnage va mûrir et évoluer au fil de la saison ; Tae Kyung étant peut-être celui chez qui ce changement est le plus flagrant. Cependant, l'évolution de Go Mi Nyu ne doit pas masquer les quelques réserves de fond que l'on peut adresser à la base-même de la série. Sans remettre en cause cette absence voulue de réalisme, il me semble dommage que les scénaristes n'aient pas exploré plus concrètement le vrai Go Mi Nam. Lequel est introduit comme une ombre fantomatique dans les derniers épisodes. Il ne constitue qu'un simple prétexte ayant permis de propulser sa soeur dans cet univers, mais n'est jamais reconnu comme un vrai personnage. Cela laisse un goût d'inachevé, car ces quelques images, presque volées, ne permettent pas de fonder de façon cohérente l'idée qui est pourtant à la base de la série. Cela accroît l'impression qu'il ne s'agit que d'un simple artifice scénaristique, une facilité ensuite mise de côté. Le téléspectateur reste ainsi quelque peu frustré, insuffisamment satisfait par les résolutions de fin.
Reste que pour nous immerger dans cette ambiance, le casting se révèle globalement efficace. La série doit beaucoup à son acteur principal masculin, Jang Geun Suk (Hwang Tae Kyung), déjà croisé dans Hong Gil Dong ou Beethoven Virus. Parfaitement à l'aise pour s'identifier à son personnage, charismatique, intense et maniéré, il délivre une très solide performance, prouvant qu'il peut désormais assurer sans faillir le rôle majeur dans un drama, excellant dans un registre très expressif, à des lieues de cette impassibilité qui avait divisé les téléspectateurs dans Hong Gil Dong. A ses côtés, si Park Shin Hye (Go Mi Nam/Go Mi Nyu), vue notamment dans Goong S, ne fait pas un garçon très crédible, mais ce n'est pas l'objectif de la série. Au contraire, le plus invraisemblable cela paraît a priori, le plus drôle cela finira le plus souvent, grâce à des situations exploitant un ressort comique généralement des plus improbables. Par conséquent, avec son air constamment effarouché et ses grands yeux expressifs, Park Shin Hye s'impose, sans avoir l'air d'y toucher, de façon convaincante. Par ailleurs, pour son premier drama, Jung Yong Hwa reste prudemment cantonné au rôle du jeune homme mignon et très posé, finalement assez effacé. Cela convient tout à fait à son personnage de Shin Woo. Enfin, Lee Hong Ki apporte une touche de folie spontanée et bon enfant à son personnage de Jeremy.
NOTE : 7/10
La bande-annonce :
Une des chansons récurrentes du drama, les A.N.JELL interprétant "Promise" :
10:38 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : k-drama, you're beautiful, sbs, jang geun suk, park shin hye, lee hing ki, jung yong hwa | Facebook |
27/12/2009
(K-Drama) Beethoven Virus : une touchante aventure humaine sur fond de musique classique
C'est un vrai coup de coeur que je vais vous présenter aujourd'hui dans le cadre de ce dimanche asiatique, en trempant ma plume dans l'encre du prosélytisme pour vous parler d'une série que je ne m'attendais pas à autant aimer : Beethoven Virus. Comme son titre l'indique, elle se déroule dans un cadre de musique classique. J'avais déjà visionné, il y a quelques années, un drama japonais ayant ce même thème, Nodame Cantabile. Si l'ambiance musicale m'avait bien plu dans cette comédie un brin loufoque, agréable à suivre mais sans plus, Beethoven Virus s'inscrit dans un tout autre registre, plus matûre et, en un sens, plus aboutie, qui m'a vraiment séduite. Composée de 18 épisodes, elle fut diffusée à l'automne 2008, sur MBC.
Beethoven Virus nous raconte l'histoire d'un orchestre improbable. Après s'être fait escroquer l'argent public devant être consacré au financement d'un concert municipal, Du Ru Mi (Lee Ji Ah), une jeune violoniste passionnée, est forcée de tenter de mettre en place un orchestre composé d'amateurs bénévoles. Les auditions voient défiler des individus de tout horizon. Finalement, un groupe est formé. Cependant, le maire a décidé, cette année, de faire appel aux services de Kang Gun Woo (Kim Myung Min), un chef d'orchestre d'élite, dont le talent est reconnu, mais qui jouit d'une très mauvaise réputation en raison de son caractère colérique et souvent blessant, un individu en apparence sans qualité humaine. Ce n'est pas pour rien qu'il est affublé du surnom d' "Orchestra Killer".
C'est un euphémisme que de dire que la collaboration entre des bénévoles encore amateurs et un tel dirigeant commence de façon très chaotique. La réussite de l'orchestre au concert prochain paraît difficilement envisageable. Pourtant, tandis que peu à peu des liens d'amitié et de solidarité se créent entre les musiciens, chacun progresse à son rythme et suivant ses facultés. En leur sein figure notamment un jeune policier (Jang Geun Suk), brillant trompettiste autodidacte portant le même nom que le maestro, Kang Gun Woo, qui manifeste rapidement un véritable don pour la musique. Une bien étrange relation de professeur à élève se noue entre les deux hommes, dont les tempéraments ne pourraient être plus opposés. Leurs rapports sont d'autant plus compliqués qu'au milieu, Du Ru Mi va tisser des liens forts avec chacun d'eux.
A partir de cette base, la série ne va jamais s'enfermer dans un schéma répétitif, choisissant de faire évoluer ses protagonistes vers de nouveaux objectifs, de les faire affronter des obstacles inattendus, en dépassant rapidement la simple problématique de départ. Elle va ainsi s'intéresser véritablement au devenir des musiciens composant l'orchestre : des réussites aux échecs, des auditions au chômage, elle prend le temps de dépeindre avec humanité la vie des ces amateurs.
En parallèle, Beethoven Virus va aussi s'arrêter sur son trio principal, curieux triangle qui va bien souvent aller à l'encontre des idées reçues. Flirtant parfois avec une forme de comédie romantique non identifiée, cette fiction reste étonnamment rafraîchissante dans son approche, surprenant plus d'une fois le téléspectateur. En somme, la série se réapproprie pleinement, pour les adapter à ses besoins, des schémas relationnels classiques. Car, en dépit de la mise en scène de thématiques connues, Beethoven Virus se forge une identité originale. Elle réside, en premier lieu, dans le ton particulier qui s'en dégage. En effet, le drama réussit habilement, en dosant opportunément chacun de ces moments, à alterner les genres, tour à tour vrai drame humain, puis comédie romantique, fable légère sur l'amitié et évocation émouvante d'instants de vraie solidarité.
Avec pour base cette humanité souvent touchante, Beethoven Virus se révèle être une série intense en émotions. Elle offre un kaléidoscope impressionnant de sentiments les plus divers, parvenant à toucher, directement au coeur, le téléspectateur captivé, qui vit ainsi le drama de la plus troublante des manières. Illustration de cette empathie, on se surprend à s'impliquer dans les projets des personnages, à vibrer lors de leurs concerts, à chavirer avec eux lors des consécrations, à réprimer un pincement de coeur devant la cruauté de certains des assauts verbaux du maestro, tout en admirant, fasciné, ce personnage conflictuel.
Dans cette perspective, les personnages principaux constituent bel et bien l'âme de la série. Leurs rapports vont atteindre une profondeur ambivalente, insoupçonnable initialement au vu de l'incompatibilité affichée du chef d'orchestre avec ses semblables. Pourtant, si l'attitude du Maestro apparaîtra proprement insupportable à plusieurs reprises, peu à peu, les musiciens, comme le téléspectateur, vont apprendre à comprendre cet homme distant, aux priorités toutes tournées vers la musique. A mesure que le personnage se complexifie, il permet à ceux qui l'entourent de prendre également une dimension supplémentaire, leur proposant finalement une leçon de vie dont aucun ne sortira indemne. La richesse de ces relations humaines tient également au fait que cette influence n'est pas unilatérale : le Maestro lui-même va changer, et peu à peu faire la paix avec lui-même et ses émotions, en fréquentant ces jeunes gens à l'innocence encore tangible et à l'optimisme envers la vie non encore altéré.
La série s'appuie également de façon inspirée sur une galerie de personnages secondaires qu'elle prend le temps de développer tout au long de la série. Car, au-delà la musique, Beethoven Virus traite avant tout d'une expérience collective d'une intensité rare : une véritable aventure humaine où, ce qui est en jeu, ce n'est pas seulement l'exercice d'un art et le dépassement de ses limites, c'est aussi l'apprentissage de la vie au sein d'un groupe. A travers cette agitation constante, cet étrange chaos organisé, rythmé par des sautes d'humeur et des soudains moments de tensions ou de détente, la série nous dresse le riche et nuancé portrait d'un ensemble d'individus qui n'ont a priori rien d'autre en commun que leur passion pour la musique classique. Parmi eux, vous trouvez, notamment, une mère de famille étouffée par son mari et ses enfants, un joueur de cabaret qui a toujours rêvé de classique, une lycéenne encore rebelle, un retraité ancien musicien professionnel qui perd peu à peu la mémoire et sombre dans la sénilité... Aussi différents qu'ils soient, l'orchestre va devenir ce lien fort qui les unit, la musique les rapprochant et les soudant plus sûrement que toute autre base d'amitié. Et c'est ce qui fait la richesse humaine de Beethoven Virus : loin de se concentrer uniquement sur son trio principal, la série choisit de s'intéresser sincèrement à ses personnages secondaires, les faisant évoluer les uns au contact des autres, pour conter une véritable histoire humaine.
Si les personnages constituent le point fort de la série, c'est aussi parce que Beethoven Virus bénéfice d'un excellent casting grâce auquel ils peuvent prendre leur pleine dimension. En premier lieu, c'est Kim Myung Min (White Tower) qui impressionne, incarnant magistralement ce maestro brillant au caractère difficilement supportable et qui constitue le pivot de la série. L'acteur dégage une telle présence à l'écran qu'il exerce une fascination captivante sur le téléspectateur, à mesure que son personnage se nuance, que la glace se fissure et que son jeu se complexifie d'autant. Il est pleinement à la hauteur de la richesse de l'écriture.
Les deux acteurs complétant le trio principal sont à l'image de leur personnage. Je vous ai déjà dis toute l'affection que j'ai pour Lee Ji Ah (The Legend). Dynamique et lumineuse, parfois si émouvante, elle joue parfaitement ce rôle d'une entêtée passionnée, parfois trop impulsive, mais toujours d'une spontanéité touchante et rafraîchissante. Enfin, Jang Geun Suk (auquel vous n'avez pas pu échapper cet automne, si vous suivez un tant soit peu les séries coréennes sur internet, avec le raz-de-marée You're beautiful) capitalise à merveille sur l'innocence et l'inexpérience d'un personnage qui va peu à peu grandir et mûrir. Les trois acteurs parviennent rapidement à un équilibre très complémentaire dans leurs scènes.
Cette alchimie se trouve d'autant plus renforcée que c'est l'ensemble du casting qui se révèle très solide. La série s'appuie fortement sur ses personnages secondaires et elle en est pleinement récompensée par les prestations qu'ils délivrent. Cela donne ainsi l'impression d'un ensemble homogène et soudé.
Bilan : Beethoven Virus est une série profondément humaine, pleine émotions les plus diverses, tour à tour drôle et émouvante, suprenante et spontanée, qui parvient à toucher le téléspectateur comme rarement. On s'attache facilement à cette aventure collective, rythmée et riche, où chacun va apprendre sur lui-même au contact des autres, permettant à tous les personnages d'évoluer. L'immersion dans la musique classique ajoute une touche particulière à ce drama, qui est ainsi accompagné d'une belle bande-son.
Ce récit d'une histoire finalement simple m'a donc vraiment touchée, me prenant un peu au dépourvu. Il se dégage de Beethoven Virus quelque chose de rare, presque magique, sans doute très subjectif, mais que tout téléspectateur s'immergeant dans la série doit pouvoir ressentir. Si bien que je ne peux que vous conseiller chaudement cette découverte !
NOTE : 8/10
Une brève bande-annonce (avec la dynamique musique de fin des épisodes) :
08:31 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : k-drama, beethoven virus, mbc, lee ji ah, kim myung min, jang geun suk | Facebook |