15/05/2012
(Pilote US) Common Law : des policiers en thérapie de couple
Les séries d'USA Network ont cela de confortable que l'on sait exactement à quoi s'attendre lorsqu'on s'installe devant sa dernière nouveauté. La formule est désormais presque trop bien rôdée, le charme initial pouvant finir par être occulté par l'impression d'une recette mécaniquement reproduite à l'infini. Pour autant, en dépit de cette prévisibilité et des limites qui lui sont inhérentes, j'attends toujours chaque nouvelle série de cette chaîne avec curiosité. Car dans les constantes d'une sériephilie bien équilibrée, j'ai besoin de ma série USA Network. Synonyme de détente assumée, et même d'été (avant que la chaîne ne se soit amusée à découper ses diffusions sur toute l'année).
C'est dans cet état d'esprit que j'ai donc abordé Common Law, la petite dernière du genre, qui a débuté ce vendredi 11 mai aux Etats-Unis. On y retrouve toutes les doses attendues de buddy show, de bromance et autres dynamiques relationnelles classiques... sans pour autant que le concept ne convainc totalement : la petite pointe d'originalité constituée par l'improbable thérapie de couple peut-elle l'emporter sur le trop classique duo de flics mis en scène et un arrière-plan qui sonne très forcé ? Ce sera tout l'enjeu des épisodes à venir.
Se déroulant à Los Angeles, Common Law suit les enquêtes d'un duo de détectives de la police criminelle, Travis Marks et Wes Mitchell. Deux policiers très différents dans leurs tempéraments comme dans l'approche de leur métier, mais dont l'association produit les meilleurs résultats du département en terme d'élucidation de crimes. Ou du moins produisait. Car après plusieurs années durant lesquelles ils ont formé une équipe de choc, toujours complémentaires sur le terrain, quelque chose s'est cassé dans leurs rapports.
Les frustrations du quotidien se sont additionnées, chacun finissant par trop bien connaître les travers de l'autre... Les disputes ont alors commencé à empiéter sur leur travail. Refusant de les séparer pour assigner chacun à un nouveau partenaire, mais ne supportant plus leurs querelles incessantes, leur supérieur décide de prendre les choses en main : il les envoie... en thérapie de couple, consulter le Dr Elyse Ryan. Cette dernière saura-t-elle résoudre la crise ? Ou les tensions vont-elles finir par avoir raison de ce pourtant très efficace duo d'enquêteurs ?
Common Law assume de manière décomplexée - et parfois même un peu trop - sa fonction de pur divertissement : en s'appuyant sur ses bases de cop show, elle n'hésite pas à mettre en scène les situations les plus improbables pouvant en découler. Sans surprise, tout l'attrait du pilote réside dans le ping pong verbal incessant qui a lieu entre les deux protagonistes principaux. Les sujets de friction sont nombreux, et s'enchaînent de manière convenue au vu des caractères bien définis et très opposés de chacun. A la décontraction et aux flirts constants, vaguement irresponsables, de l'un s'opposent le côté psycho-rigide de l'autre, incapable même de tourner la page de son mariage. Les traits sont forcés à l'extrême, mais cela n'en donne pas moins des passages de confrontation aussi attendus que franchement sympathiques, avec plusieurs francs éclats de rire à la clé (même si bon nombre de ces scènes figuraient dans la longue bande-annonce). Et puis ce numéro de duettistes a aussi l'avantage de rythmer assez efficacement une histoire qui sinon risquerait sans doute de paraître un peu longue (le pilote faisant plus d'une heure).
Si elle a tout de la série typique d'USA Network, Common Law tente malgré tout d'apporter sa pierre à l'édifice de la chaîne. Tandis que des fictions comme Suits ou White Collar nous relatent la genèse d'un efficace duo (et plus généralement, d'une amitié), Common Law se place à une étape plus avancée. Nos deux compères travaillent depuis des années ensemble. Ils se connaissent bien. Même trop bien. Et ils ne se supportent désormais plus. La série peut alors introduire le twist qui lui est propre : l'envoi forcé en thérapie de couple. Mais hormis quelques blagues prévisibles, le potentiel n'est qu'entre-aperçu au cours de ce pilote : les sessions en "couples" et la thérapie en général restent un prétexte, esquissées de manière superficielle sans s'imposer comme le pivôt d'un ensemble qu'elles ne dynamisent pas. A cette limite s'ajoutent les travers les plus traditionnels des séries d'USA Network, avec une intrigue policière du jour - la mort du fils d'un juge - d'une banalité confondante, de laquelle le téléspectateur décroche rapidement. Certes, ce n'est pas l'enjeu ; mais la série n'essaye même pas de faire illusion. Enfin, si la paire principale fonctionne bien, ce n'est pas le cas des personnages secondaires qui les entourent : échouant à introduire quelques figures crédibles, la série glisse dans des caricatures binaires peu avenantes.
Sur la forme, Common Law est également un produit USA Network parfaitement calibré : la réalisation est maîtrisée, dynamique, avec une photographie correspondant à ce mélange de cop show et de divertissement revendiqué. La ville de Los Angeles est à l'occasion entre-aperçue, mais elle ne s'impose pas comme un acteur à part entière comme pour les séries new-yorkaises de la chaîne.
Enfin, Common Law réunit un casting dans l'ensemble sympathique. Les différences sont telles au sein du duo principal qu'il est facile pour chacun de trouver ses marques : Michael Ealy (The Good Wife) excelle dans un registre décontracté si éloigné du premier rôle dans lequel il m'a marqué (Sleeper Cell), tandis que Warren Kole se positionne de manière convaincante dans un registre froid qui n'est qu'accentué par le contraste entre les deux partenaires. A leurs côtés, on retrouve Jack McGee (Players) qui incarne leur supérieur ; tandis que Sonya Walger (Tell Me You Love Me, FlashForward) aura sans doute bien du travail pour jouer les thérapeutes de choc. A noter que ce pilote a été pour moi l'occasion de recroiser Miss Parker (Andrea Parker), travaillant au bureau du procureur, et une certaine nostalgie n'est jamais loin dans ces cas-là.
Bilan : Le potentiel du pilote de Common Law repose presque entièrement sur la dynamique centrale du duo d'enquêteurs. Tout en assumant avec aplomb le registre du divertissement, la recette typique d'USA Network est cependant ici plombée par un certain nombre de défauts : parfois trop improbable ou trop caricaturale, elle souffre aussi du classicisme sans twist particulier qu'apportent ces bases de cop show. Ces dernières font flotter sur la série un faux air des 80s' à la Miami Vice. Cela fonctionne certes par moment, mais l'étincelle reste intermittente et l'ensemble trop inconsistant pour ne pas risquer de vite lasser.
Suits ne reprenant qu'en juin, je pense donc laisser quelques épisodes à la série. Mais Common Law est sans doute, plus que d'autres issues de la même chaîne, à réserver aux adeptes des bromances divertissantes d'USA Network.
NOTE : 6/10
La bande-annonce de la série :
08:14 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : common law, usa network, michael ealy, warren kole, jack mcgee, sonya walger, alicia coppola, nora zehetner | Facebook |
26/04/2012
(Pilote US) Veep : une satire politique aux piques encore mouchetées
Aux Etats-Unis, ce mois d'avril a été consacré au lancement de nouvelles comédies sur HBO. Girls est tout d'abord arrivée, avec son parfum un peu indépendant, son authenticité troublante, son réalisme aux frontières du pathos... Un véritable portrait générationnel sur lequel, après deux épisodes, je suis toujours incapable d'avoir un avis. Peut-être est-ce parce que la série me tend un miroir trop brut sur une génération à laquelle j'appartiens. En attendant donc d'être en mesure d'écrire quelque chose sur Girls, je vais m'arrêter sur celle qui a débuté dimanche dernier (le 22 avril) : Veep (histoire de continuer la programmation politique du blog).
Dire que Veep était très attendue dans les rangs sériephiles est un euphémisme. La série réunit en effet une équipe, tant devant que derrière la caméra, qui a de belles références, et laisse donc entrevoir un vrai potentiel. Le retour de Julia Louis-Dreyfus, mais aussi la présence de Tony Hale, retiennent forcément l'attention des amateurs de comédies d'outre-Atlantique. Quant à moi, c'est plus la perspective de retrouver derrière le projet Armando Iannucci qui m'intriguait (il a quand même signé quelques-unes des meilleures satires politiques de ces dernières années, sur le petit (The Thick of It) et le grand écran (In the loop)).
Veep nous introduit dans les coulisses politiques de Washington, nous invitant à suivre le quotidien de la vice-présidente, Selina Meyer, et de son staff. S'efforçant d'exister dans ce rôle secondaire quelque peu ingrat et avant tout protocolaire, subordonné aux directives de la Maison Blanche, Selina tente de prendre des initiatives pour marquer son passage à cette fonction. Ainsi, au cours de ce pilote, la verra-t-on d'abord essayer d'associer son nom à une politique écologique... pour finir ensuite par tenter de réparer les dommages collatéraux causés par un tweet trop enthousiaste sur le sujet d'un membre de son staff, ayant irrité le lobby pétrolier. L'objectif de la série est clairement affiché : elle va nous dépeindre sans complaisance les rouages de la vie politique fédérale américaine.
Adoptant le style caractéristique du mockumentary, se plaçant au plus près des échanges, capturant les hésitations comme les répliques assassines, la caméra se fait volontairement - et pour le plus grand bonheur du téléspectateur - intrusive. Doté d'une bonne dose de cynisme, l'épisode va être rythmé par les différents ratés internes qui parsèment ces premières journées types aux côtés de Selina. Il faut dire que l'on croise dans les bureaux de la vice-présidence, à des degrés divers, un certain nombre de véritables bras cassés : leur connaissance des moeurs de Washington et le pragmatisme ambitieux inhérent à leurs postes n'occultent pas une spontanéité gaffeuse qui va être le principal ressort comique du récit. En cela, l'épisode s'avère efficace pour introduire cette galerie de protagonistes aux personnalités et fonctions bien définis. Veep s'est en effet rappelée qu'un mockumentary n'est pas un simple one-man-show (ou ici, woman-show) : se reposer sur un lead fort peut être une bonne chose, à condition d'avoir un entourage bien présent pour intéragir avec le personnage central. Au vu de ce pilote, il semble bien que la dynamique qui s'esquisse soit prometteuse !
Mais si elle pose bien son cadre, c'est dans sa tonalité que Veep laisse une impression plus mitigée. Ce pilote propose en effet une introduction très hésitante (trop ?) dans l'univers politique, bien loin de la noirceur, du corrosif, et de l'irrévérence que l'on pouvait légitimement attendre d'un tel sujet, traité sous un tel format. Les dialogues sonnent presque timorés par moment. Certes, il y a bien quelques petites piques marquantes très réussies, comme lors de l'excellent dîner au cours duquel la vice-présidente doit improviser un discours - les différents incidents qui marquent la soirée, de l'intervention de l'employé de la Maison Blanche pour raturer le discours pré-écrit à la "gaffe" de Selina. Cependant, dans l'ensemble, j'ai eu le sentiment d'assister à une première prudente dans laquelle la série cherche encore son ton et son équilibre ; et les scénaristes sans doute une certaine assurance d'écriture.
Au-delà de ces ajustements à faire sur le fond, sur la forme, Veep est déjà au point : elle adopte les traits classiques et appropriés du faux documentaire, avec une caméra nerveuse au plus près de l'action et des conciliabules entre les membres du staff. Une approche brute qui convient parfaitement. Enfin, la série bénéficie d'un solide casting : c'est sur les épaules de Julia Louis-Dreyfus (Old Christine) que repose une bonne partie de la consistance du personnage de Selina Meyer. Au fil de l'épisode, elle se montre de plus en plus convaincante. A ses côtés, Tony Hale (Arrested Development) n'a pas son pareil pour jouer les assistants personnels un peu bênet - c'est d'ailleurs ce duo qui nous réserve quelques-uns des échanges les plus savoureux - ; et Anna Chlumsky, Matt Walsh, Timothy Simons, Reid Scott ou encore Sufe Bradshaw sont tous aussi convaincants.
Bilan : Peut-être en attendais-je trop. J'aurais tant aimé vous parler de coup de foudre, puisque tous les ingrédients paraissaient a priori réunis. Mais ça n'a pas été pas le cas. Ne vous méprenez cependant pas : le pilote de Veep pose indéniablement des bases solides - notamment sa galerie de personnages - et laisse entrevoir, par éclipse, d'intéressantes promesses pour traiter par l'absurde et avec un certain cynisme de l'envers du décor de la vice-présidence américaine. Reste que, pour le moment, la série cherche encore manifestement son équilibre. J'attends d'elle plus d'impertinence, de surprise, que les piques mouchetées qu'elle nous propose dans ce pilote. Elle doit plus oser.
En conclusion, il faut aussi rappeler que le mockumentary est un genre qui nécessite souvent quelques réglages. Et au vu des quelques étincelles entre-aperçues - et de l'équipe, je garde confiance pour la suite ! A surveiller.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la série :
19:32 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (9) | Tags : veep, hbo, julia louis-dreyfus, anna chlumsky, tony hale, matt walsh, timothy simons, reid scott, sufe bradshaw | Facebook |
17/02/2012
(Pilote NOR/US) Lilyhammer : un gangster new-yorkais en Norvège
Les séries s'affranchissent peu à peu de leur cadre traditionnel. De nouveaux modèles économiques sont à inventer ; et internet a sa place dans ces expérimentations. En ce mois de février, une nouvelle étape vient d'être franchie : Netflix et Hulu, deux grandes plates-formes de streaming, marchent sur les plate-bandes des chaînes de télévision classiques en lançant toutes deux leurs premières productions originales : Lilyhammer pour la première, Battleground pour la seconde. Et cela n'est que le début, puisque Netflix a d'autres projets en cours, comme House of Cards.
Lilyhammer, la première du genre, est une série américano-norvégienne, qui a été diffusée tout d'abord en Norvège, sur NRK1, le 25 janvier 2012 (avec un score d'audience impressionnant). Depuis, depuis le 6 février 2012, la fiction est désormais disponible dans son intégralité sur Netflix. La saison 1 comporte 8 épisodes ; une saison 2 a d'ores et déjà été commandée. Si elle pose les premières bases d'une révolution de l'industrie par son origine et son mode de diffusion, Lilyhammer reste une comédie douce-amère très classique sur le clash des cultures. Cependant son pilote n'en est pas moins sympathique.
Frank Tagliano, surnommé "the Fixer", appartient à la mafia new-yorkaise. Mais un conflit avec le nouveau boss de l'organisation le conduit à accepter l'offre des autorités américaines de témoigner dans un procès contre lui. Logiquement, il doit intégrer un programme de protection des témoins, sa vie étant désormais en danger. Or Frank veut quitter les Etats-Unis. Il avait été très marqué par la ville de Lillehammer lorsqu'il avait suivi les Jeux Olympiques de 1994 à la télévision : il demande donc à être envoyé en Norvège.
C'est ainsi qu'un gangster new-yorkais aguerri débarque dans la campagne enneigée scandinave, avec en poche de faux papiers fabriqués par le FBI et quelques économies qui devraient lui permettre de débuter une nouvelle existence. Evidemment, la vie à Lillehammer n'a pas grand chose à voir avec les habitudes quotidiennes qu'avait Frank ; il faut dire qu'on y craint plus le loup rôdeur que le potentiel délinquant. Il va falloir apprendre à s'intégrer, tandis que le rêve de l'Américain est d'ouvrir son propre bar.
Au-delà de ses enjeux linguistiques omniprésents (l'anglais et le norvégien s'entremêlent constamment dans les dialogues) et des vieux réflexes de Frank, prêt à intimider ou à corrompre avec la même aisance qu'il respire, le charme du pilote de Lilyhammer tient beaucoup à la simplicité avec laquelle il entreprend de nous conter les aventures norvégiennes colorées d'un pur new-yorkais. Si l'épisode cède très vite à quelques clins d'oeil incontournables, il le fait avec une douce ironie à laquelle le téléspectateur ne reste pas insensible. Comment résister à cette scène du premier réveil de Frank à Lillehammer au cours de laquelle il découvre, abandonnée devant chez lui, une tête d'animal, écho à une autre tête mythique, celle du cheval du Parrain ? Tandis que le téléspectateur partage l'incrédulité passagère du personnage, la chute qui suit, en découvrant qu'il s'agit simplement de la voisine qui a égaré par mégarde son futur déjeuner, tombe parfaitement.
Cette anecdote est vraiment représentative de la tonalité d'ensemble de ce premier épisode. Sans chercher à innover, Lilyhammer propose un pilote, certes classique dans ses dynamiques, mais sympathique. La série investit pleinement - mais sans paraître pour autant forcée, ou artificielle - ce terrain si bien connu du choc des cultures, toujours prompt à susciter confrontation et décalages improbables. Restant très sobre, avec une retenue qu'on pourrait presque qualifier de scandinave, il s'agit d'une comédie noire, un peu douce-amère, qui dépayse et prête à sourire, et à laquelle on s'attache facilement. Certes, on pourra sans doute reprocher à ce pilote d'exposition son côté par trop convenu, mais il s'agit d'un épisode qui remplit sa mission d'introduction. Par la suite, il faudra donc voir si la série est capable de faire preuve de plus d'initiative (et peut-être d'ambition ?) pour exploiter toutes les facettes de son cadre.
Sur la forme, Lilyhammer bénéficie d'une réalisation très classique, capitalisant sur ce ressenti un peu old school. Si l'introduction new yorkaise est expédiée sans chercher à rendre particulièrement crédibles des passages comme la fusillade déterminante du bar, l'arrivée en Norvège permet ensuite à la série de trouver progressivement son style. Tout en restant très simple et sobre, la caméra n'en sait pas moins mettre en valeur le décor enneigé qui sert de cadre à la fiction, offrant un dépaysement garanti au téléspectateur.
Enfin, Lilyhammer rassemble un casting qui sonne très authentique, puisqu'entièrement norvégien à l'exception de l'acteur principal, une tête bien identifiable pour tout sériephile, puisqu'associé à jamais aux séries mafieuses, Steven Van Zandt (The Sopranos), qui est évidemment parfaitement taillé pour ce rôle (et, je l'avoue, sa présence n'a pas été sans éveiller en moi quelque nostalgie). A ses côtés, pour ma première (!) incursion en terres téléphagiques norvégiennes, nous croisons Trond Fausa Aurvåg, Marian Saastad Ottesen, Steinar Sagen, Fridtjov Såheim, Sven Nordin, Anne Krigsvoll, Mikael Aksnes-Pehrson, Kyrre Hellum, Tommy Karlsen Sandum, Greg Canestrari ou encore Tim Ahern.
Bilan : Comédie sombre au parfum scandinave aussi dépaysant que rafraîchissant (dans tous les sens du terme), Lilyhammer propose un pilote de facture très classique, mais qui n'en est pas moins sympathique. Les dynamiques du clash culturel mis en scène fonctionnent, et, sans révolutionner ce terrain familier, on y retrouve toutes les recettes qui ont su faire leur preuve. Pour huit épisodes, on a donc envie de découvrir comment la série va grandir !
NOTE : 6,5/10
Une bande-annonce de la série :
17:03 Publié dans (Pilotes US), (Séries européennes autres) | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : norvège, lilyhammer, nrk, netflix, steven van zandt, trond fausa aurvag, marian saastad ottesen, steinar sagen, fridtjov saheim, sven nordin, anne krigsvoll, mikael aksnes-pehrson, kyrre hellum, tommy karlsen sandum, greg canestrari, tim ahern | Facebook |
03/02/2012
(Pilote US) Smash : laissez-vous emporter dans les coulisses d'une comédie musicale
Attention, événement ! Mesurez la portée du billet que vous êtes en train de lire : depuis que ce blog existe, jamais je n'avais consacré un article entier au seul pilote d'une série d'un grand network américain. Les lecteurs habitués des lieux le savent, je n'ai pas forcément une très bonne opinion de ces chaînes et de ce qu'elles ont pu proposer au cours des dernières années. Très souvent, je teste et oublie aussi vite leurs nouveautés. Mais voilà, le week-end dernier, je suis tombée sur une exception : Smash.
Cette série débute en fait lundi prochain sur NBC, et la chaîne semble avoir envie d'y croire au vu de l'effort investi dans sa promotion. A priori, si la dimension comédie musicale m'intriguait un peu, c'est surtout l'immersion dans les coulisses d'une production artistique qui avait aiguisé ma curiosité. Certes, autant le dire tout de suite, Smash ne sera pas à la comédie musicale ce que Slings & Arrows a pu être au théâtre. Mais voilà, ce pilote dense, même s'il cède à certaines facilités, dégage quelque chose qui retient l'attention : NBC aurait-elle retrouvé une âme ?
Smash nous plonge dans les coulisses d'un spectacle musical de Broadway, basé sur la vie de Marilyn Monroe, icône parmi les icônes américaines. Son pilote se concentre sur la genèse et les premiers pas du projet. A son origine, on retrouve un duo d'auteurs-compositeurs, censés être en période de pause dans leur carrière, Tom et Julia. Cette dernière est d'ailleurs dans une procédure d'adoption avec son mari. Mais le nouvel assistant de Tom, par une proposition presque anodine, les lance sur l'idée d'une comédie musicale consacrée à Marilyn, sujet difficile à mettre en scène mais qui comporte un tel potentiel.
L'écriture avance rapidement. Une amie de Tom, Ivy, est recrutée pour faire quelques essais vocaux et les premiers enregistrements à partir des chansons déjà écrites. A la suite d'une indiscrétion de l'assistant (décidément décisif) de Tom, ce premier rush se retrouve sur internet, où il suscite un joli buzz positif en faveur du projet. Il n'en fallait plus pour que tout le microcosme de Broadway s'agite. Eileen Rand les contacte pour la production, et leur propose comme chorégraphe, Derek, un des meilleurs dans son domaine, si ce n'est qu'il entretient des relations exécrables avec Tom. Malgré tout, l'équipe se constitue et les premières auditions ont lieu. Si Ivy avait jusque là semblé faite pour le rôle de Marilyn une jeune aspirante artiste attire l'attention, Karen Cartwright.
Sans perdre de temps, le pilote de Smash se révèle très efficace pour nous conter de manière expresse les premiers pas d'une comédie musicale. L'objectif est à l'évidence que le téléspectateur se prenne au jeu du processus créatif en marche, emporté par cette dynamique caractéristique qui flotte sur tout l'épisode. L'enthousiasme de la mise en forme du projet, qui pièce par pièce prend corps, se dispute à l'excitation de la nouveauté, provoquée par l'écoute des premières chansons.
Tout est volontairement accéléré, et les raccourcis, comme la diffusion "accidentelle" sur internet du premier enregistrement test, paraissent totalement assumés par les scénaristes. Cela peut certes donner une impression d'artifice devant une telle précipitation, mais l'avantage indéniable est non seulement d'un rythme sans le moindre temps mort, mais aussi de faire que tout soit très vite concret. L'épisode balaie ainsi indistinctement le vaste champ des différents grands thèmes à exploiter dans ce milieu artistique ultra-concurrentiel, posant les antagonismes et exposant les objectifs de tous les protagonistes qui vont prendre part à ce processus créatif.
En réalité, l'atout de Smash ne réside pas dans une quelconque originalité. Les esquisses d'intrigues de ce premier épisode, aussi bien calibrées qu'elles soient, ne sortent à aucun moment des sentiers battus. La réelle valeur ajoutée va venir d'un ressenti que je n'avais plus éprouvé depuis longtemps pour une série de NBC : son humanité. Le pilote s'impose par sa capacité à installer immédiatement des personnages aux personnalités bien définies, et auxquels le téléspectateur s'attache instinctivement. Peu importe le recours aux stéréotypes, il y a indéniablement quelque chose qui se forme entre eux, et qui nous touche derrière notre écran. Cette sorte d'alchimie confère à la série une rafraîchissante authenticité émotionnelle.
Certes, tout n'est pas parfait. On peut passer outre les clichés, mais pas forcément suivre les scénaristes dans tous leurs partis pris. Mon principal bémol tient sans doute au rôle de Karen, cendrillon prédestinée à hériter du rôle de Marilyn. Je l'ai trouvée bien fade, trop "innocente et parfaite" si j'ose dire, alors qu'elle se retrouve confrontée à des situations trop convenues. Ivy, sa concurrente, peut-être parce qu'elle est justement moins exploitée, m'a paradoxalement plus intéressé, sans doute parce que nous ignorons encore beaucoup d'elle. L'effort fait par les scénaristes pour braquer les projecteurs sur Karen a donc paradoxalement eu l'effet inverse sur moi. Néanmoins ces affinités personnelles subjectives s'effacent devant la dynamique d'ensemble qui s'impose.
Sur la forme, Smash est une série soignée. La réalisation est impeccable. C'est l'intégration des passages chantés qui représentait l'enjeu principal. Précisons que ce n'est pas la série en tant que telle qui est une comédie musicale, mais l'on va assister à la naissance de Marilyn. La musique se limite donc d'abord aux scènes d'audition ou de répétition. Les premiers morceaux du projet sont ainsi présentés, et ils s'intègrent naturellement dans le récit, donnant vraiment l'impression d'assister à la naissance de la comédie musicale (l'écriture a été confiée à Marc Shaiman et Scott Wittman). Mais c'est la conclusion, et le montage en parallèle d'Ivy et de Karen se rendant à l'audition décisive, marchant dans la rue, puis arrivant devant leurs juges, qui m'a définitivement conquise, par la force qui se dégage de cette scène.
Enfin le casting apparaît homogène et solide, au diapason de la tonalité de la série. Debra Messing (Will & Grace, The Starter Wife) et Christian Borle incarnent le duo d'auteurs-compositeurs à l'origine de la comédie musicale. Les acteurs trouvent immédiatement une excellente complicité à l'écran. Le mari du personnage de Debra Messing est lui joué par Brian d'Arcy James. Les deux chanteuses sur lesquelles le pilote s'attarde et qu'il place en concurrence pour le rôle de Marilyn sont interprétées respectivement par Katharine McPhee (à noter que son petit ami est joué par Raza Jaffrey (Spooks)) et Megan Hilty. Enfin, l'équipe est complétée par Anjelica Huston (Medium) et Jack Davenport (This Life, Six Sexy, FlashForward).
Bilan : C'est une introduction réussie que nous propose Smash, avec un pilote dense et efficace qui pose bien tous les thèmes et enjeux de la série, nous entraînant sans attendre dans les coulisses d'un projet de comédie musicale qui se matérialise sous nos yeux au cours de ces premières quarantes minutes. En dépit des raccourcis pris, et des sentiers battus que ce pilote emprunte, il marque par son humanité. Il se crée une proximité immédiate avec cette galerie bigarrée de personnages forts. On s'attache ainsi à cet ensemble et à la dynamique artistique qui le parcourt. Reste à espérer que le public américain se laissera lui-aussi charmé.
NOTE : 7/10
La bande-annonce de la série :
17:55 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : nbc, smash, christian borle, brian d'arcy james, jack davenport, megan hilty, anjelica huston, raza jaffrey, katharine mcphee, debra messing | Facebook |
15/12/2011
(Pilote US) Luck : une immersion ambitieuse dans les coulisses des courses hippiques
Comme un cadeau de Noël avant l'heure, HBO a proposé ce dimanche, à la suite du season finale de Boardwalk Empire, le pilote d'une de ses nouveautés très attendues de 2012, dont la diffusion débutera le 29 janvier prochain : Luck. Sur le papier, le pedigree de cette série sonne particulièrement impressionnant : créée par David Milch (Deadwood, John from Cincinnati), avec un premier épisode réalisé par Michael Mann, elle rassemble également un casting cinq étoiles emmené par Dustin Hoffman.
En fait, Luck, c'est la série que David Milch, passionné de courses hippiques, a toujours voulu porter à l'écran. C'est donc un univers particulièrement complexe qu'elle dévoile en ce premier épisode. Mes seules connaissances de ce milieu remontant à mes visionnages d'antan de L'Etalon Noir, les dialogues, surtout ceux liés aux enjeux d'argent, m'ont paru parfois très cryptiques. Seulement, il y a aussi quelque chose dans l'ambiance de ce pilote qui vous scotche devant votre écran, et vous donne vraiment envie d'apprendre à comprendre la série.
Luck nous plonge dans le milieu des courses de chevaux, en s'intéressant plus particulièrement aux vies de tous ceux qui gravitent autour des intérêts financiers que brasse cet univers. Qu'ils soient simples amateurs de courses en quête de sensations, entraîneurs, propriétaires, jockeys ou encore parieurs à temps plein, ce pilote prend son temps pour esquisser les premiers traits et installer une riche galerie de protagonistes, transposant à l'écran, dans toute sa diversité, la population bigarrée fréquentant les hippodromes. L'argent aiguise logiquement les appétits de chacun, et l'épisode ne cache pas la part d'ombre de ce milieu.
C'est sur la sortie de prison de "Ace" Bernstein que le pilote s'ouvre ; cela va être l'occasion de le voir renouer avec ses anciennes connaissances pour lesquelles il a accepté sans les trahir sa sentence. Son chauffeur a déjà organisé les bases de son retour, prenant une licence de propriétaire de chevaux à son propre nom ; il servira de couverture pour son patron. Tout en suivant les premiers jours à l'air libre de Ace, l'épisode éclaire également tout le quotidien d'un hippodrome, se concentrant sur tous les participants à ce milieu, et notamment sur un groupe de parieurs qui mise très gros en ce jour de course, visant rien moins que le prix de 2 millions de dollars.
Le pilote de Luck marque tout d'abord par sa faculté à retranscrire l'atmosphère très particulière qui entoure les courses hippiques. Tout en introduisant une galerie de personnages vite identifiables, qu'il restera ensuite à développer, sa grande réussite est de savoir parfaitement capturer la fièvre et toutes les tensions qui règnent au sein d'un hippodrome. Car le monde des turfistes se résume à deux centres d'intérêt qui fusionnent, grâce aux paris, lorsque la course est lancée : les chevaux et l'argent. Si ce milieu a des codes et un langage qui lui sont propres, le pilote n'en transmet pas moins au téléspectateur leur fébrilité caractéristique. Et c'est ainsi qu'à travers le regard des protagonistes, on se laisse gagner par l'excitation de la course, se surprenant à vibrer ou à frémir devant ces scènes qui rythment la vie d'un hippodrome.
En filigrane cependant, un glissement plus sombre s'opère : le dollar finit par éclipser les animaux, et c'est vers l'envers des jeux d'argent que nous conduit la série. Car les enjeux financiers assouplissent la moralité de bien des ambitieux. Au-delà du groupe de parieurs qui entend rafler le gros lot lors de la prochaine journée de courses, le pilote esquisse en arrière-plan une toile plus complexe d'intérêts contradictoires. Au plus près du terrain, la sincérité même de la compétition est questionnée dès lors que des personnes qui connaissent intimement les animaux font eux-mêmes des paris. A l'autre extrêmité, il faut aussi évoquer tous les commanditaires et organisateurs de ce business lucratif qui brasse tant d'argent. L'épisode reste pour le moment évasif sur ce plan, mais suivre le personnage de Ace permet aux premières pièces de ce tableau plus global de se mettre en place. Et la bande-annonce qui conclut l'épisode laisse entendre que c'est vers ces sujets aux thématiques presque mafieuses que s'orientera la suite de la saison.
Si la curiosité du téléspectateur est piquée, il faut cependant reconnaître le second trait de ce pilote est assurément sa complexité. Les dialogues y sont souvent assez cryptiques, et les tenants et aboutissants des intrigues un peu abstraits. Luck est une série devant laquelle le téléspectateur, étranger à l'univers dépeint, a le sentiment d'être réduit au statut frustrant de simple profane. Cependant, paradoxalement, cette approche singulière n'amoindrit pas l'intérêt que va susciter le milieu des courses. Elle confère au contraire au récit une impression d'authenticité et une forme de légitimité qui donnent au téléspectateur une envie supplémentaire de s'investir dans cette fiction. Car si le sujet est d'approche compliquée, sa richesse apparaît évidente.
Plus généralement, il faut se souvenir que l'opacité des débuts des oeuvres de David Milch reste une de leurs caractéristiques, c'est pourquoi l'introduction un peu abrasive de Luck ne doit pas rebuter : si l'écriture du scénariste fonctionne comme il se doit, ce sera au fil de la saison, à mesure que les épisodes vont passer, que tout se connectera et que le plein potentiel de l'histoire sera complètement dévoilé et exploité. Pour le moment, on l'entrevoit dans certaines scènes, et on le perçoit bien présent en arrière-plan. Une fois ce pilote terminé, le téléspectateur n'a au fond qu'un seul souhait : ouvrir en grand cette porte d'entrée que l'épisode se contente de seulement entrouvrir, afin d'apprécier pleinement la découverte, incontestablement ambitieuse, d'un milieu hippique très prenant.
Si Luck réussit si bien l'installation de son atmosphère, il le doit aussi beaucoup à sa forme. L'esthétique d'ensemble est à la hauteur de la réputation de Michael Mann. La réalisation est superbe, et la photographie très soignée. La caméra, nerveuse, nous fait véritablement prendre le pouls de ce milieu et percevoir les dynamiques qui le traversent. Le terme "immersion" acquiert tout son sens. Après, peut-être est-ce l'amatrice d'équitation qui parle ici, mais je dois avouer que les reconstitutions sur l'hippodrome m'ont vraiment coupé le souffle ; au-delà des courses, la seule scène d'entraînement dont nous sommes le témoin, de ce cheval qui peu à peu accélère, capture à merveille l'osmose du cavalier et de sa monture, pour un spectacle presque magique. J'en ai eu des frissons devant mon écran. De plus, Luck dispose également d'une bande-son travaillée qui contribue à construire l'ambiance, avec notamment un superbe générique dont la musique permet de démarrer la série dans les meilleures dispositions.
Enfin, Luck bénéficie d'un impressionnant casting, et ses acteurs ne demandent qu'à pouvoir pleinement s'exprimer à partir de toutes les thématiques à explorer dont recèle la série. Outre Dustin Huffman, passant pour l'occasion du grand au petit écran, on retrouve également Dennis Farina (New York Police Judiciaire), John Ortiz, Richard Kind (Spin City), Kevin Dunn (Samantha Who), Michael Gambon, Ian Hart (Dirt), Richie Coster, Jason Gedrick (Windfall), Kerry Condon, Gary Stevens, Tom Payne (Waterloo Road), Jill Hennessy et Nick Nolte. Luck étant une série chorale, cette solidité est un important atout ; à elle de savoir bien l'exploiter.
Bilan : Projet original ambitionnant de plonger le téléspectateur dans le milieu des courses hippiques, ce pilote d'exposition capture à merveille la fébrilité et l'atmosphère qui règnent aussi bien dans les coulisses que sur la piste d'un hippodrome. Cette réussite s'explique par une écriture dense, mais aussi par la superbe réalisation, parfaitement maîtrisée, qui l'accompagne. L'impression d'authenticité est renforcée par la complexité de l'univers dans lequel le téléspectateur est introduit sans transition, ni effort d'explication. C'est un parachutage qui peut un instant dérouter, mais la richesse qui transparaît éveille la curiosité, en dépit du manque d'accessibilité immédiate.
Par conséquent, le reproche qui pourra être formulé à l'encontre de Luck sera sans doute qu'elle démarre en réclamant de la patience au téléspectateur. Mais si tout fonctionne, l'investissement sur les moyen et long termes méritera assurément le détour. C'est une série qui s'inscrit dans la durée. A découvrir en connaissance de cause ; mais comptez-moi dans le lot des curieux !
NOTE : 8/10
La bande-annonce de la série :
Le générique :
18:13 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : luck, hbo, david milch, dustin huffman, dennis farina, john ortiz, richard kind, kevin dunn, michael gambon, ian hart, richie coster, jason gedrick, kerry condon, gary stevens, tom payne, jill hennessy, nick nolte | Facebook |