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08/09/2012

(Pilote US) Elementary : du non-sens d'une comparaison (et d'une polémique)

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Parmi toutes les nouveautés de la rentrée américaine, s'il y en a bien une qui a déclenché des débats dès son annonce de projet et des attaques en règle avant même que son pilote soit disponible, c'est Elementary. Il est difficile de passer outre les controverses en s'installant devant. C'est une série qui, chez moi, suscite des réactions très contradictoires. Tout d'abord, le visionnage de ce premier épisode m'a conforté dans l'opinion que l'utilisation du personnage du nom de Sherlock Holmes par CBS n'est qu'un atour marketing. Elementary est dans la lignée des procedural à duo de CBS, et si ce n'était le nom de son héros, on la considèrerait plutôt comme une déclinaison du schéma adopté avec succès par The Mentalist sur cette même chaîne. Sauf que la marque Sherlock Holmes attire forcément plus l'attention ; et je reconnais sans peine que cette approche dénaturante et purement commerciale de CBS ne m'enchante guère.

Mais, dans le même temps, la disproportion atteinte par les attaques formulées a priori contre Elementary m'a passablement agacé. La dynamique de la paire complémentaire initiée par Arthur Conan Doyle a été dupliquée, déclinée et adaptée en tant de versions depuis tant de décennies que la réduire à une seule représentante, celle à succès du moment, est absurde. Les derniers films hollywoodiens ont si bien remis au goût du jour la franchise qu'une série russe sur Sherlock Holmes sera même lancée avant la fin de l'année ; et personne ne jettera la pierre aux Russes... Le prestige du nom fonctionne par-delà les frontières. Quant aux questions de personnes, nombre d'acteurs ont déjà prêté leurs traits au célèbre détective et ce n'est certainement pas un rôle fermé monopolisé par un seul. On a tous un légitime Sherlock de coeur (et c'est tant mieux). Le mien devant l'éternel restera toujours Jeremy Brett, qui incarnait de la plus parfaite des manières l'image que je m'en fais (et qu'il a contribuée à modeler). Mais tout nouveau venu mérite sa chance. Et j'ai toujours bien aimé Jonny Lee Miller...

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Malgré cette défense du droit de personnifier Sherlock, il faut reconnaître d'entrée que Elementary se regarde plus comme un cop show de CBS, avec quelques apports propres à son concept, que comme une transposition de Sherlock Holmes à New York. C'est d'ailleurs une fois qu'elle a balayé les préconceptions, les préjugés et le réflexe instinctif de comparer qui vient au téléspectateur, que le pilote se révèle efficace (sous-entendu : pour un pilote d'un cop show de CBS). Il démarre par une introduction certes peu convaincante (la démonstration devant les télévisions), mais l'épisode trouve ensuite progressivement son rythme. Mieux encore la dynamique qui s'installe entre Holmes et Joan Watson a clairement du potentiel et fonctionne très bien. D'une part, les deux apparaissent complémentaires dans la progression de l'enquête (correcte) du jour : l'esprit de déduction de Holmes se heurtant à ses facultés relationnelles défaillantes, Watson intervenant alors comme médiatrice avec l'extérieur. D'autre part, leurs échanges font souvent mouche : les réparties sont cinglantes, chacun jauge l'autre et les prémices de leurs rapports sont bien posés.

En cela, Elementary est aidé par un casting qui, après une entrée en matière un peu hésitante, prend la mesure de l'histoire et de leur rôle respectif. Jonny Lee Miller (Eli Stone) s'épanouit dès lors que son personnage verse dans la confrontation, et que Sherlock s'anime face à un nouveau challenge et une énigme à résoudre. Lucy Liu (Ally McBeal) apporte cette présence, à la fois forte et posée qui fait sa marque, à un personnage humanisé par l'introduction de son passé (à défaut d'être original). Ils représentent bien, tous deux, la dualité, à la fois brillant et faillible, de la série. Et pour une fiction qui ambitionne de se reposer sur les rapports qui vont s'établir, la paire ainsi formée laisse entrevoir du potentiel. Sur la forme, Elementary reste dans un creuset classique de séries policières sur CBS, mais elle bénéficie d'une bande-son intéressante, avec un thème musical entraînant qui est au bout du compte peut-être ce qui sonne le plus Holmesien dans cette série.

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Bilan : Il faut aborder Elementary en ayant conscience que l'utilisation du nom de Sherlock Holmes n'est qu'un prétexte promotionnel pour une série qui reste avant tout un procedural de CBS. Cela peut agacer. Il n'en reste pas moins que, une fois dégagé des préconceptions que l'on peut avoir sur la représentation du célèbre détective, ce pilote est très correct et pose des bases potentiellement intéressantes reposant sur la dynamique de ses personnages. Le résultat donne un cop show qu'il faut sans doute plus rapprocher d'une sorte de The Mentalist (dont j'avais suivi la première saison).

C'est typiquement le genre de séries dont je me lasse. Mais une chose est sûre : Elementary n'a rien de commun avec la série de la BBC. Elle s'inscrit dans une approche et un processus créatif différents (qui n'est pas ma tasse de thé, mais suit une recette éprouvée). CBS a certes tendu le bâton pour se faire battre en voulant bénéficier de l'éclat actuel de la franchise, mais le débat Sherlock/Elementary n'a pas lieu d'être. [Et pour arriver à me faire jouer les semi-avocates pour une série de CBS, c'est vous dire à quel point je sature...]


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :

Commentaires

J'aurais mis une note encore plus mauvaise ;)
Je suis très déçue parce que j'adore le personnage de Sherlock Holmes et je n'ai pas vraiment l'impression de l'avoir retrouvé ici. Après je suis peut être trop sévère et ce n'est qu'un pilot après tout.

Écrit par : Jessica | 09/09/2012

@ Jessica : Je te rejoins totalement sur l'impression que la série use du nom emblématique de Sherlock Holmes sans faire le moins du monde du Sherlock Holmes. Ca peut lui être reproché, et peut-être que cela la desservira.
A tort ou à raison, je me suis efforcée de passer outre cette exploitation marketing (comme j'aborderai un cop show procedural d'un grand network US), mais je comprends totalement que cela agace et bloque tout téléspectateur qui attendait légitimement quelque chose de vraiment Holmesien.
Pour la note, c'est indicatif et subjectif, comme je dis toujours. ;)

Écrit par : Livia | 09/09/2012

Ah je suis contente de voir que je ne suis pas la seule à saturer de ce débat Sherlock vs Elementary. Concernant mon avis sur ce pilote : aucune originalité, une enquête policière sans intérêt mais un duo qui fonctionne bien, des interprètes à la hauteur et une musique et une image à mon goût. Comme je ne suis pas encore arrivée à totale saturation de ce genre de séries et que j'aime beaucoup Jonny Lee Miller,je suis sans doute assez indulgente. Mais tout comme toi, je trouve que pour un pilote de cop show américain visant à ratisser large, c'est plutôt réussi. Je pense donc que je vais continuer à suivre même si c'est clair que cela ne devrait pas faire partie de mes coups de coeur de l'année.

Écrit par : toxicangel | 10/09/2012

Je comptais résister jusqu'à la fin du mois, mais je voulais lire ton article !^^
Et j'arrive à la même conclusion que toi : c'est tout à fait paresseux en terme d'adaptation (je n'ai lu que quelques aventures de Sherlock Holmes et donc ne suis pas une fine connaisseuse, mais j'ai l'impression qu'ils n'ont même pas essayé de se raccrocher un peu au matériau de base) mais la dynamique des personnages fonctionnent bien. Et Lucy Liu est toujours formidable (pardon, ça, c'est tout à fait non objectif !)
Bon, mon problème c'est que j'ai un esprit de contradiction pathologique (j'essaye de me soigner, promis !), et avec toute cette insupportable polémique, j'ai très envie d'aimer cette série, alors je vais peut-être être plus indulgente que d'habitude.

Écrit par : Saru | 12/09/2012

[Tout d'abord, désolée du délai de réponse, j'ai été assez débordée dernièrement, mais tout rentre dans l'ordre ; merci d'être passées donner votre avis sur ce pilote qui suscite bien des dissensions ;) ]

@ toxicangel : Même avis que toi, en étant un peu plus réfractaire aux cop show. L'argument du casting reste malgré tout un des points forts indéniables de la série, peu importe ce qu'on pense du fond. Elle a a priori toutes les cartes en main pour se faire une place sur CBS... Sauf si le nom "Sherlock Holmes" opère à rebours.

@ Saru : Cette controverse a eu l'art de réveiller l'art de la contradiction en plus d'un téléphage ! Après dans les faits, je sais aussi qu'il est probable que ma curiosité se dissipe assez vite -un procedural a toujours du mal à retenir mon attention-, mais suivre jusqu'où la série va aller et si elle va rencontrer son public, ça je l'attends avec curiosité.

Écrit par : Livia | 20/09/2012

Brett, c'est élémentaire, néanmoins Elementary reprend la ligne avec une pincée de folie housienne mentalisée.
Franchement, même si on s'éloigne du canon,
comme l'avait fait Brett, le plaisir est là,
après tout l'important,
c'est que holmes vive...

Écrit par : draagonnoir | 12/11/2012

Une très bonne série, tout simplement, qui se regarde avec plaisir.
Que demander de plus ?

Et une très jolie bande-son : quelqu'un aurait-il des informations à ce sujet ?

Écrit par : béryl | 18/12/2012

@ draagonnoir & béryl : Le plaisir, voilà bien ce qu'il reste le plus important. Et puis, nous sommes tellement familiers avec le canon Holmesien que l'art des nouvelles fictions du genre, c'est aussi de, justement, savoir se réinventer à leur façon !

Concernant la bande-son, qui est en effet très chouette, elle est signée Sean Callery : http://filmmusicreporter.com/2012/08/08/sean-callery-to-score-elementary/

Écrit par : Livia | 20/12/2012

Les commentaires sont fermés.