04/03/2010
(Pilote US) Parenthood : un casting attirant, et puis... ?
Parmi les attentes téléphagiques américaines de ces dernières semaines, un titre revenait constamment dans les conversations : Parenthood. Avant même d'avoir visionné le pilote, chacun dissertait déjà sur son casting, ses retours, avec, au final, une question récurrente en arrière-plan : cette série allait-elle redonner ses lettres de noblesse au grand drama familial choral, en marquant un renouveau dans ce champ de ruines dévastées que constitue la grille des programmes de NBC ?
J'avoue que, comme souvent, plus on me martèle le nom d'une série, plus j'ai eu tendance à m'en méfier. C'est mon esprit de contradiction qui s'éveille. Au vu du synopsis qui laissait le champ libre à une telle palette de possibilités et de tonalités différentes que l'on ne pouvait absolument rien en déduire, je suivais donc cela de loin. Trop de casting aguichant tue le concept du casting aguichant. Même avec le culte que je voue à Lauren Graham.
Cependant, l'échéance approchant, l'attente a commencé à se faire ressentir. La semaine dernière, pour la première fois, je me suis surprise à me dire, en planifiant mon mois de mars sériephile : et si... ? Je commençais à envisager une potentialité. Mais l'effet est pervers : cette interrogation insidieuse génère, chez le téléphage, le plus pernicieux sentiment qui soit : une attente.
Parenthood, NBC, mardi 2 mars 2010. C'était donc noté.
Le premier contact aurait pu être plus concluant. Par son pilote, Parenthood nous propulse instantanément dans l'univers très rythmé d'une grande famille, où l'idéal est, pour le téléspectateur, de s'armer de l'arbre généalogique des différents personnages, afin de ne pas passer la moitié de l'épisode à se demander qui est qui, par rapport à qui. La déclinaison chorale du drama familial s'opère ici avec un classicisme extrême, sur fond d'une thématique prononcée tournant autour de l'éducation des enfants et sur ce que cela signifie d'être parent, de nos jours. Particulièrement dense, ce pilote introduit tant d'éléments que l'on s'y perd quelque peu. Entre les multiples personnages, les petites indications distillées à droite, à gauche, pour esquisser les personnalités et les histoires de chacun, tout virevolte sans que l'on parvienne à assimiler ce trop-plein d'information. C'est un pilote d'exposition, dans la plus pure tradition du genre : un brin brouillon, à la narration un peu saccadée et qui peine à trouver un ton homogène, mais ce sera la tâche que devront relever les épisodes suivants. Ici, c'est le cadre de départ qu'il faut poser.
Au-delà de cette désorganisation orchestrée avec beaucoup d'entrain, Parenthood opte pour une approche très traditionnelle du grand drama familial. S'ouvrant sur le retour de la "fille rebelle" de la fratrie, qui ramène avec elle ses deux enfants adolescents, pour venir se ré-installer chez ses parents, la série décline toute une série de stéréotypes. Il y a le couple en apparence parfait, mais où le plus jeune garçon présente des signes d'un rapport à ce qui l'entoure assez particulier. D'ici la fin du pilote, la thématique de la différence est déjà introduite : son médecin pense qu'il pourrait souffrir du syndrome d'Asperger. Il y a aussi le couple qui pose la problématique - tellement connue - de l'équilibre entre le mari et la femme, avec une mère entièrement dévouée à sa carrière qui voit son lien avec sa fille se diluer sous ses yeux. Il y a, enfin, le faux "jeune" insouciant, allergique à tout engagement... mais qui va devoir faire face à de nouveaux défis et être obligé de grandir. Pour régir le tout, les grands-parents sont là, en figure de sagesse, avec un patriarche qui correspond en tous points à toutes ces images préconçues que l'on pouvait se faire à son sujet. Comme la thématique reste cependant le fait d'être parent, c'est à travers les différences dans les conceptions d'éducation, suivant les générations, que les conflits s'esquissent dans ce pilote.
En résumé, Parenthood nous délivre un pilote d'exposition sans surprise, où l'absence de prise de risque et d'originalité semble prédominer. Tout apparaît parfaitement calibré, remplissant les grandes cases de stéréotypes auxquelles on associe le genre du drama familial choral. Au-delà de sa particularité, liée au thème premier de la série, je n'ai pas pu me départir d'une impression de déjà vu tenace, qui ne m'a pas aidé à entrer dans l'histoire. En fait, très concrètement, je ne m'attendais pas à avoir l'impression de retomber sur une version, au final aseptisée, du pilote de Brothers & Sisters, quatre ans après... Mais c'est pourtant le parallèle majeur que mon cerveau n'a cessé d'effectuer ; les scènes d'échange entre frères et soeurs, beaucoup moins hystériques (et sans doute plus naturelles) que chez les Walkers étant les moments où ce sentiment atteignait son paroxysme. Parenthood souffrait clairement, dans ces intéractions, de marcher sur des plates-bandes déjà trop de fois foulées. Surtout qu'entre l'esprit bon enfant qui règne sur NBC, et les scènes surréalistes des psychodrames des Walkers, j'avoue a priori avoir une nette préférence pour le côté bien plus piquant de ces dernières.
Pour en revenir au coeur de Parenthood, il faut quand même souligner que choisir un tel sujet (la signification d'être parent, etc...), a priori fédérateur, mais aussi tellement de fois traité et analysé, peut aboutir à deux résultats presque opposés : ou bien, la fiction réussit à capitaliser sur sa thématique, qui trouve un écho facile dans les préoccupations personnelles de chaque téléspectateur ; ou bien, cela aboutit à une énième déclinaison du genre, finalement dispensable, où seul le casting va lui conférer une identité.
Car, incontestablement, l'atout majeur qui a, en partie, façonné le buzz autour de la série, c'est évidemment les acteurs qui la composent. A ce sujet, je ne peux cependant que conseiller fortement aux scénaristes de ne pas vouloir trop en faire. Parce que commencer un pilote avec Peter Krause qui fait son jogging, tandis que Lauren Graham l'appelle en panique, s'exprimant avec un débit de paroles mitraillette dont elle a le secret... En clin d'oeil appuyé, c'est difficile de faire moins subtile..! Cet "hommage" se transforme en invitation fatale, pour l'esprit du téléphage, à dresser des parallèles qui ne sont pas dans l'intérêt immédiat de Parenthood. Le but de ces premières minutes est de nous introduire dans un nouvel environnement, pas d'amener le téléspectateur à penser à ses DVD de Six Feet Under et de Gilmore Girls - chose qu'il aurait de tout façon faite quasi naturellement. Oui, le casting de Parenthood est impressionnant en têtes connues. Mais, encore une fois, passer le premier quart d'heure à concurrencer imdb en entreprenant de dresser, de tête, la liste des séries qui figurent dans la filmographie de ces vétérans du petit écran, c'est un passe-temps qui empiète quelque peu sur notre intérêt pour l'histoire et perturbe notre attention (et vu le caractère fouillis et dense du pilote, il n'a pas besoin de distraction supplémentaire !).
Bilan : Ce pilote de pure exposition, qui introduit les bases d'un drama familial dans la plus pure tradition du genre, souffre d'une trop grande densité, ce qui about à un manque d'homogénéité préjudiciable. La transition entre les différentes tonalités n'est pas toujours bien maîtrisée. Si bien que, face à ce récit un peu chaotique, le téléspectateur peine à trouver la porte d'entrée pour entreprendre la découverte de cette famille.
Plus que son extrême classicisme qui confine, par certains côtés, au défilé de clichés, Parenthood souffre aussi d'arriver "après" : après toutes ces fictions déclinant à l'envie, et pour tous les publics, la thématique de la famille ; mais aussi après une dramédie familiale et chorale comme Brothers & Sisters, déjà installée dans le pays téléphagique américain, et par rapport à laquelle ce pilote conduit, fatalement, à des comparaisons.
Si ce pilote se laisse regarder sans trop de difficulté, il ne marque pas... Reste à savoir s'il donne vraiment envie d'en apprendre plus sur cette famille ? En ce qui me concerne, je reste dubitative.
NOTE : 5,5/10
La bande-annonce :
21:19 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nbc, parenthood, lauren graham, peter krause, erika christensen, craig t. nelson, bonnie bedelia, monica potter, dax shepard, sam jaeger, mark burkholder, miles heizer, savannah rae | Facebook |
16/02/2010
(Pilote US) How to make it in America : un Entourage made in New York ?
HBO lançait hier soir une nouvelle série : How to make it in America. Elle s'inscrit dans la lignée de ses classiques dramédies, à l'ambiance un peu indéfinissable et aux épisodes d'une durée d'une demi-heure, que la chaîne câblée américaine propose depuis quelques saisons. Présentée dans les médias comme un Entourage se déroulant à New York au lieu de Los Angeles, il faut reconnaître que ce parallèle s'impose rapidement à l'esprit du téléspectateur découvrant ce pilote. Les deux séries n'ont pas seulement une filiation commune, dotées des mêmes producteurs exécutifs, How to make it in America emprunte un certain nombre d'ingrédients qui ont forgé l'identité de son aînée, sur le fond comme sur la forme.
Ne disposant que de huit épisodes pour convaincre, cette série se propose de nous faire suivre la vie de deux jeunes gens, Ben Epstein et Cam Calderon, qui approchent de la trentaine, mais qui sont un peu restés à l'entrée de l'âge adulte. Autour d'eux, ils ne peuvent que constater que leurs amis et autres connaissances commencent peu à peu à faire leur vie et à concrétiser leurs projets. Entre petits jobs et combines à la petite semaine afin de se faire un peu d'argent, ils cherchent encore leur voie. How to make it in America va suivre leurs tribulations pour parvenir à vivre, à leur manière, une partie de ce "rêve américain".
Ce pilote prend le temps de poser les bases du milieu dans lequel évoluent les deux héros, remplissant une fonction d'exposition classique, tout en s'efforçant d'installer l'ambiance générale de la série. De leurs problèmes de coeur à leurs soucis d'argent, l'épisode introduit, parfois de façon assez sibylline, sans toujours s'y arrêter, toutes les préoccupations qui rythment, ou perturbent, actuellement la vie de Ben et Cam. Si tout apparaît plutôt bien huilé, l'ensemble sonne d'une façon très convenue. Et ce n'est pas l'écriture des dialogues, dont les répliques fusent, certes, avec une spontanéité sympathique, qui va remettre en cause cette impression de déjà vu.
Si le parallèle avec Entourage est aisé - presque un réflexe - , c'est que l'on retrouve, dans ce buddy show, le même souci de parvenir à recréer une atmosphère supposée typique, celle qui règne dans la ville où la série se déroule. L'objectif affiché est de capturer l'ambiance si particulière de la Big Apple. De l'insertion d'images traditionnellement associées à New York jusqu'à la bande-son, un brin entêtante, qui marque les transitions au sein du fil narratif, la marque de fabrique d'Entourage paraît bel et bien présente.
Seulement, nous sommes ici en terrain très connu. Cela est autant dû au caractère très (trop ?) calibré du show, qu'au fait qu'un grand nombre de fictions se sont essayées, avant elle, à nous présenter New York. Comme la plupart des ficelles scénaristiques employées sont d'un classicisme extrême qui confine au stéréotype, il faut accepter, dès le départ, que l'intérêt de How to make it in America ne réside pas dans une quelconque recherche d'originalité. Simplement, derrière cette apparente banalité, le téléspectateur est invité à jouer le jeu et à se glisser aux côtés de nos deux héros. On touche là sans doute à l'enjeu déterminant de la série : si Entourage a entrepris de démystifier Hollywood, ici, le décor citadin est plus terne, moins clinquant. Et il n'y a pas Ari. La recette peut-elle prendre ?
Côté casting, aucun acteur ne dépareille, ni ne s'impose vraiment dans ce pilote, où il n'y a pas spécialement matière à briller. Pour incarner le duo principal, nous retrouvons Bryan Greenberg (de la défunte October Road) et Victor Rasuk (quelques épisodes d'Urgences). A leurs côtés, on croise des têtes connues du petit écran : Luis Guzman (John From Cincinnati), Eddie Kaye Thomas ('Till Death), Lake Bell (Boston Legal, Surface), Curtiss Cook (des tas d'apparitions en guest-star) ou encore Jason Pendergraft.
Bilan : Il est difficile de se faire une idée sur l'orientation future de la série au vu de ce seul pilote. En effet, l'épisode se regarde, certes, sans arrière-pensée et de manière pas déplaisante. L'ambiance est plutôt sympathique, le rythme assez accrocheur. Mais - comme après de trop nombreux épisodes d'Entourage, si j'ose le parallèle jusque là -, une fois l'épisode visionné, j'ai surtout conservé une étrange impression de vide, caractérisée par une incapacité à matérialiser son contenu.
Au vu de ce pilote, How to make it in America peut très bien se révéler une dramédie noire agréable, mais, pour le moment, la série a seulement esquissé les bases d'un "buddy show" sans conséquence. Cela mérite-t-il trente minutes d'investissement hebdomadaire ? La brièveté de cette première saison, composée de seulement huit épisodes, pourrait être salvatrice, car parfaitement adéquate à la densité du contenu proposé.
NOTE : 4,5/10
La bande-annonce de la série :
Le générique :
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11/12/2009
(Pilote US) Men of a Certain Age : des quadragénaires à un tournant de leur vie
Déstabilisé par l'extrême platitude du pitch, le sériephile, un brin circonspect devant le projet, disposait cependant d'un élément pouvant attirer son oeil de téléphage : il s'agissait du casting proposé. D'un naturel nostalgique prompt à apprécier des retrouvailles avec des têtes connues appréciées, le téléspectateur voyait sa curiosité piquée par la présence des trois acteurs principaux. Se retrouvaient pour partager l'affiche : le toujours très solide Andre Braugher (Homicide, Thief, Gideon's Crossing), le plus versatile Scott Bakula (Code Quantum, Star Trek : Enterprise) qui éveille toujours en moi la douce réminescence de mes rêves adolescents de voyages temporels, et enfin le plus controversé Ray Romano (Everybody loves Raymond), dont j'avoue n'avoir jamais supporté ce cher Raymond, et qui est à l'origine de la série... Dans ce premier épisode, les trois font preuve d'une sobriété louable. Leur jeu s'accorde parfaitement avec la simplicité du ton employé.
Car, sur le fond, le pilote de Men of a certain Age se révèle finalement plus inspiré que les caricaturales premières images ne le laissaient présager. En effet, l'épisode parvient à installer une ambiance sur laquelle flotte une impression d'authenticité dosée et finalement prenante qui invite le téléspectateur à s'immerger dans les vies qui lui sont relatées. Cette atmosphère est nécessaire pour maintenir notre attention, tant la série se présente avant tout comme la narration d'un quotidien qui revendique sa banalité, ne cherchant à mettre en scène ni excentricités exotiques, ni grande storyline qui modèlerait le récit. Ainsi, la fiction se complaît dans une simplicité travaillée, sans jamais tomber dans les excès ou la vulgarité. Si bien que, même si ce pilote n'est pas exempt de défauts, à commencer par son intensité et son rythme plutôt inégaux, ce qui marque, c'est la façon dont l'épisode parvient à tomber si juste dans quelques scènes qui sont quasi-parfaites. L'histoire de quadragénaires qui arrivent à un carrefour dans leur vie, mais qui refusent de se laisser aller et décident de se reprendre en main, cela n'a rien de glamour a priori. Mais la force de cette chronique humaine, riche en détails, en instants a priori insignifiants, réside dans cet capacité à sublimer ces moments-là, par leur contexte et grâce au ton employé, une alternance constante quasi-schizophrène entre drame pur et dramédie plus légère.
En fin de compte, si je devais éclairer un seul aspect du pilote qui mériterait votre curiosité, ce serait la mise en scène des relations entre les trois personnages principaux. Loin des stéréotypes classiques, nous est décrite une amitié assez rafraîchissante. De vieux amis, très différents, qui se comprennent sans vraiment y penser. C'est un lien solide, forgé par le temps et les expériences en commun. Bref, trois hommes qui sont confortables les uns avec les autres, mais pour lesquels l'amitié équivaut surtout à des moments de détente, loin des soucis du boulot ou de la famille. Cela reflète bien, de façon assez inspirée, la volonté de simplicité des scénaristes.
Dans cette même perspective, collant à leur souci de réalisme, la réalisation s'emploie à créer une image sans éclat, presque fade, qui s'accorde parfaitement avec le récit. Quelques chansons plutôt bien choisies agrémentent l'épisode, sans excès.
Bilan : D'une sobriété et d'une simplicité qui sonnent étonnamment juste, Men of a Certain Age propose un pilote qui, en dépit de la banalité apparente de son sujet, parvient à éveiller l'intérêt du téléspectateur grâce à cette authenticité. Non dénué de certains défauts de rythme, et bien qu'il n'évite pas quelques clichés, l'épisode apparaît comme une chronique très humaine. Il ne semble pas avoir encore définitivement choisi de ton, ou bien cherche-t-il encore son équilibre ; on passe ainsi de moments de vrais dramas, avec l'exposition des tracas agrémentant les vies des personnages principaux, à des moments plus légers, teintés d'un humour noir corrosif qui prête souvent à sourire.
Men of a Certain Age dispose donc d'un potentiel intéressant. Pour retenir sur le long terme l'attention du téléspectateur, tout dépendra cependant de sa capacité à ne pas se perdre dans un concept trop commun.
NOTE : 6,5/10
La bande-annonce :
Le générique :
07:21 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : men of a certain age, tnt, ray romano, scott bakula, andre braugher | Facebook |
14/11/2009
(US) V, le remake : I'm disappointed. Always.
Mes difficultés pour me fidéliser aux nouvelles séries de la rentrée ont encore frappé. Après seulement deux épisodes, je suis déjà à deux doigts d'abandonner en route la découverte d'une des nouveautés américaines les plus attendues, V. Le premier visionnage du pilote m'avait laissé une impression très mitigée. Hier soir, son revisionnage (avec un ami retardataire) a encore plus mis en exergue ses faiblesses. Puis, l'enchaînement avec le deuxième épisode, plus lent, et surtout tellement creux, une fois l'exposition de la situation achevée, a presque anéanti toute ma motivation.
Non exempt de défauts, le pilote avait finalement une seule qualité majeure : la force liée à l'introduction d'une situation exceptionnelle et au défilé des personnages, le tout au pas de charge, ce qui permettait de conférer un souffle artificiel à l'ensemble, porté par la nostalgie du téléspectateur qui a gardé dans un coin de son coeur le souvenir de la série originale. Seulement, une fois la présentation achevée, lorsqu'il a fallu rentrer véritablement dans l'histoire en amorçant l'évolution de storylines, le soufflet est aussitôt retombé. Ne sont restés que les défauts, inchangés et si criants. Lors du deuxième épisode, j'ai eu l'impression, à la fin, d'avoir passé les quarante minutes à attendre que cela commence... C'était long et, surtout, tellement creux. La seule chose que cela a éveillé en moi, c'est une interrogation naïve. Quand est-ce que les scénaristes des grands networks ont décidé qu'ils s'adressaient à un public d'abrutis, incapables de la moindre réflexion, ni de retenir des éléments du scénario d'une semaine à l'autre ? Le rappel par flashback de scène de l'épisode précédent, le zoom si suggestif de la caméra sur le visage de certains personnages pour souligner de pseudo-doutes ou une relation naissante, la musique qui s'emballe en échouant tristement à créer une pseudo ambiance paranoïaque, le téléspectateur est mis sous tutelle... De la caractérisation des personnages à l'écritude des dialogues, tout est tellement stéréotypé que l'on pourrait probablement réciter certains échanges avant même que la scène ait lieu. La subtilité semble être une notion bannie de la conception de la série, où chaque personnage est un cliché ambulant.
Cela donne l'impression de visionner une fiction créée à partir d'un cahier des charges calculé par un ordinateur. Cet outil informatique génère les dialogues et les situations, en utilisant la statistique pour répondre à la question : quelle réaction, quel protagoniste, quelle situation est-il le plus commun d'attendre dans ce type de fiction ? En découle une production très huilée, mais sans âme. A la manière des blockbusters cinématographiques américains, tous les poncifs du genre s'accumulent en une écriture cliché. Alors, quelque part au milieu de cette vaste caricature, dès lors que la série baisse son rythme pour essayer de dérouler ses storylines, le friable équilibre que le pilote créait s'écroule. Seul reste ces défauts de conception et un ennui profond...
Cette perplexité semble être partagée par des acteurs assez peu rentrés dans leur sujet. Le couple leader de la future résistance, Elizabeth Mitchell (Lost) et Joel Gretsch (Les 4400) a bien du mal à se montrer crédible. Elizabeth Mitchell en particulier, notamment dans les scènes avec son fils, stéréotype de l'adolescent en pleine rébellion. Parmi les rares points positifs, figure Morena Baccarin (Firefly), si détachée et figée, toujours armée de ce léger sourire en coin que l'on finit par trouver inquiétant. Et le seul à avoir réussi à me tirer de ma léthargie lors du deuxième épisode, c'est Chad Dekker, le journaliste. Mais je pense que c'est aussi dû au fait que j'apprécie beaucoup Scott Wolf depuis Everwood.
Bilan : V a une histoire. V représente un pan de la série de science-fiction auquel on s'est forcément attaché, devant lequel j'ai grandi. Et en cela, la téléphage qui est en moi ne peut la renier sans un pincement de coeur, imaginant ce que cela fut, ce que cela aurait pu être... Je ne sais pas si je continuerai ; je doute que la série puisse gommer une partie de ses défauts et redresser la barre, tant certains paraissent inhérent à sa conception-même. Mais, ce que je sais avec certitude, c'est que si la série ne s'appelait pas V, elle aurait déjà attéri dans ma corbeille des séries à oublier sans le moindre remord. Et c'est sans doute cela, la pire des déceptions. L'effet nouveauté et le mythe original peuvent la protéger un temps. Chacun veut lui donner sa chance, mais ma mansuétude a ses limites.
En tout cas, V et moi, si jamais on se retrouve un jour, ce sera dans quelques mois ou années. Pas avant.
Je crois que je vais plutôt acheter le coffret DVD de la mini-série originale.
Cette saison téléphagique est vraiment déprimante. I'm disappointed. Always.
NOTE (moyenne des 2 premiers épisodes) : 3,5/10
11:13 Publié dans (Pilotes US), (Séries américaines) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : v, abc | Facebook |
28/10/2009
(Pilote US) White Collar : Charm me if you can !
Fin octobre. Petit évènement télévisuel : première nouveauté de la rentrée US qui me donne envie de revenir pour le second épisode ! Certes, parler encore de "rentrée" américaine à cette heure peut sembler anachronique. Mais, comprenez mon désespoir : je n'avais pas encore croisé une seule nouvelle série à laquelle j'ai eu envie de donner rendez-vous la semaine suivante, une fois le pilote visionné (même si j'avoue n'avoir fait que picorer parmi ces nouveautés). Un léger flirt parfois, une brève tentation chimérique, mais aucune étincelle, ou encore moins de coup de foudre, à l'horizon. Situation paradoxale d'une sériephile désoeuvrée qui devait se contenter de compter les jours en attendant le début de la saison 8 de Spooks (ce qui, soyons franc, vu les délais d'annonce des programmes british, relève pendant de longues semaines plutôt de l'art divinatoire que des mathématiques...), tout en nourrissant sa téléphagie au compte-goutte devant les quelques "classiques" qu'elle suit encore fidèlement.
Qualifiez-moi de bon public. Mais, un pilote qui remplit son rôle d'exposition, qui sait se montrer attractif et dynamique, qui présente des personnages attachants dont l'alchimie prend instantanément, qui s'intéresse aux relations des deux héros plutôt que de chercher à nourrir artificiellement un gros fil rouge prétentieux sensé tenir ses téléspectateurs en haleine jusqu'au cliffhanger de fin saison (lequel ne le résoudra évidemment pas), qui offre un petit bol d'air frais sous forme de divertissement honnête sans prétention, et, enfin, qui constitue un produit fini sans que les quarante minutes de télévision se transforment en gigantesque pub lorgnant sur l'i-pod du téléspecteur... Eh bien, oui, j'ai des plaisirs téléphagiques simples !
Après ce premier épisode de White Collar, me voilà donc prête à tenter l'aventure et à suivre l'évolution future de la série. Cette dernière se présente comme une fiction qui, sans prétendre révolutionner le petit écran, n'affiche d'autre but que de nous divertir en adoptant un ton léger, une bonne ambiance par instant presque jubilatoire. Il y règne un faux air de Catch me if you can! à l'enthousiasme communicatif. Certes, un escroc qui se retrouve à travailler pour l'agent du FBI qui l'a arrêté, comme consultant, en échange d'un aménagement de sa peine de prison, c'est sans nul doute un pitch de départ vieux comme le petit écran. Mais les anciennes recettes permettent aussi de poser des bases solides qui ont fait leurs preuves. A la manière de ses grandes soeurs d'USA Network (de l'ancêtre Monk à Burn notice), l'apport fondamental de White Collar réside dans ses personnages. Les diverses péripéties de l'épisode, pas plus que l'enquête du jour, ne brillent par leur originalité ou leur crédibilité. Mais les scénaristes ne font aucun réel effort en ce sens. Seul compte le numéro des duettistes principaux, qui virevoltent, instinctivement complices, à l'écran.
Une série aux allures attachantes, que confirme son casting. En effet, d'une part, elle touche ma fibre affective, car cela faisait une éternité que je n'avais plus croisé l'excellent Tim DeKay (de l'éternelle Carnivàle), autrement que pour de micro-apparitions au compte-goutte, en guest-star de luxe. Il incarne de manière plus que convaincante l'agent du FBI. D'autre part, c'est le toujours très craquant charmant Matthew Bomer (la source des ennuis de Chuck) qui lui donne la réplique. L'alchimie fonctionne parfaitement entre les deux acteurs, qui semblent prendre un plaisir communicatif à jouer des personnages aux antipodes l'un de l'autre, mais brillants chacun dans leur domaine, et qui en viennent rapidement à se confier l'un à l'autre.
Bilan : Contrat rempli au terme de ce pilote qui transmet son ambiance légère au téléspectateur. J'ai passé une heure divertissante (ce pilote dure 59 minutes), très agréable, sans m'ennuyer une seule seconde. On s'attache très vite aux personnages, grâce à leur complicité et à leur complémentarité. White Collar apparaît donc comme une série pas originale pour un sou, mais qui reprend avec inspiration une vieille recette bien connue. Elle mise à fond sur l'affectif, non sur ses pseudo "intrigues policières", pour séduire rapidement le téléspectateur. Et ça marche. Alors, que demander de plus ? Seulement espérer que la suite poursuive sur cette voie...
NOTE : 8/10
La bande-annonce :
PS : Cher lecteur gâté, ne t'habitue pas à ce rythme stakhanoviste d'une note par jour. L'auteur de ce blog profite actuellement allègrement de ses quelques jours de vacances pour poser l'ambiance qu'elle souhaiterait voir sur ce blog. Cependant, une fois que le travail aura repris, l'objectif plus modeste (et réaliste) sera de pouvoir tourner autour de 2 à 3 billets par semaine.
06:41 Publié dans (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : white collar, usa network | Facebook |