Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/01/2013

(Pilote US) The Following : dans la droite lignée des fictions mettant en scène des serial killer

thefollowing0_zpsb4da27c5.jpg

Regarder à quelques jours d'intervalle les pilotes respectifs de Utopia et de The Following vous conduit à vous poser une question existentielle : qu'est-ce que les scénaristes peuvent bien avoir en ce mois de janvier contre les yeux de leurs protagonistes ? Y-a-t-il une symbolique cachée derrière cet acharnement ? Sans doute pas, mais comme ces deux séries ont en plus tendance à nourrir votre paranoïa latente, le doute s'insinue... Cependant, en dehors de ce traumatisme oculaire commun, ces deux nouveautés ne partagent pas grand chose, si ce n'est un certain goût pour la mise en scène hémoglobineuse.

The Following a débuté, aux Etats-Unis, le 21 janvier 2013 sur Fox. Créée par Kevin Williamson, elle s'inscrit dans la (longue !) lignée des fictions sur des serial killers et sur les rapports que ces individus peuvent entretenir avec un vis-à-vis dans les forces de l'ordre. Ayant passé mon adolescence devant Profiler, ayant adoré la fascinante Wire in the blood, mais aussi apprécié un certain nombre de films du genre au cinéma, un tel concept avait forcément éveillé ma curiosité. Malheureusement le pilote de The Following est loin de m'avoir convaincu. 

thefollowingc_zps800d81a3.jpg

Ce premier épisode débute par l'évasion de Joe Carroll, un serial killer qui se trouvait dans le couloir de la mort. Cet ancien professeur d'université, fasciné par les oeuvres d'Edgar Allan Poe, a tué un certain nombre de jeunes femmes, avant d'être arrêté par un agent du FBI, Ryan Hardy, qui a réussi à sauver celle qui aurait dû devenir une de ses victimes. Grièvement blessé lors de cette intervention, Hardy a désormais quitté le FBI, n'étant plus apte au service actif. Mais il est cependant rappelé, lors de l'évasion de Carroll, en tant que consultant, connaissant mieux que personne l'homme qu'ils traquent. Seulement Carroll n'est pas juste un serial killer isolé. Charismatique, il a su s'entourer et développer autour de lui tout un culte, embrigadant des adeptes qui sont prêts à tout pour l'aider dans ses plans. Mégalomane, il nourrit en effet un certain nombre de projets, et il a choisi son adversaire pour le nouveau volume sanglant qu'il entend écrire : ce sera Hardy.

thefollowingh_zpsfd4dfc43.jpg

Familier des fictions mettant en scène des serial killer, vous ne serez nullement égaré devant le pilote de The Following : la série revendique de manière transparente ses diverses sources d'inspiration. Mais vouloir s'inscrire dans un genre qui a du potentiel et en reprendre les codes avec une fidélité assumée n'implique pas faire l'économie d'une véritable réappropriation de tous ces concepts. Malheureusement, l'épisode enchaîne les poncifs et ressemble vite à une accumulation de clichés, aussi bien dans les portraits esquissés de ses personnages principaux, que dans ses répliques. A tel point point que certains passages n'auraient franchement pas dépareillé dans A Touch of Cloth, la parodie policière de Charlie Brooker. L'ensemble laisse donc un arrière-goût prononcé de "déjà vu", et l'impression diffuse de s'être égaré devant une fiction datant d'il y a dix ans. Il a certes ses fulgurances, quelques bonnes idées pas pleinement exploitées au niveau des rebondissements et des passages qui donnent un temps l'impression que l'épisode décolle enfin, mais tout cela retombe trop vite. Il échoue donc dans sa tâche première : celle de donner une consistance et une crédibilité aux évènements et aux protagonistes de la série.

Par ailleurs, il faut reconnaître que ce pilote de The Following n'est pas non plus aidé par un problème récurrent qui se rencontre dans certains pilotes des grands networks US de ces dernières années : le fait de partir en sur-régime. Cherchant à retenir un public zappeur à l'attention présupposée déficiente, il adopte un rythme extrêmement rapide, emballant en quarante minutes un maximum de rebondissements et d'informations. Ce survol ne serait pas trop problématique si l'intrigue elle-même n'empruntait pas de nombreux raccourcis. C'est tout l'enjeu d'un premier épisode de trouver l'équilibre entre le fait de vendre efficacement un concept au téléspectateur et celui de poser de manière cohérente son histoire. Seulement ici le scénario condensé donne l'impression d'être bâclé, peu abouti et sur-calibré de manière artificielle. De plus, si ce rythme de narration particulier peut éventuellement fonctionner pour un téléfilm, une série a vocation à s'inscrire dans le temps. Or avec un démarrage de ce genre, on mine dès le départ ses fondations-mêmes, sachant qu'elle ne pourra pas reproduire cette recette telle quelle très longtemps. Sur un plan plus optimiste, on peut aussi se dire que cette contrainte auto-imposée pour le pilote ne sera peut-être pas la même pour la suite, et que les épisodes pourront être plus soignés.

thefollowingg_zps4ad0c49a.jpg

Au-delà de ces problèmes sur le fond, le pilote de The Following déçoit également sur la forme. Adoptant une réalisation pas toujours inspirée, rejouant des mises en scène trop convenues qui soulignent encore plus la prévisibilité d'ensemble du scénario, l'épisode ne dépasse jamais les allures de correcte série B, revisitant un genre sans aucune valeur ajoutée, ni rien apporter qui lui soit propre. Certes, il y a bien des moments de tension, des passages où le téléspectateur se prend mécaniquement au jeu et où une ambiance inquiétante se crée, mais cela reste fugitif. Trop souvent c'est sur des éclats et les scènes volontairement "chocs" de bains de sang (humain ou animal) que repose la mission de capturer l'horreur que  son sujet devrait susciter.

Enfin, sur le papier, The Following dispose d'un casting qui a du potentiel. Kevin Bacon face à James Purefoy (Rome, The Philanthropist, Injustice), la confrontation peut valoir le détour, encore faut-il que les deux acteurs aient matière pour s'exprimer. Malheureusement ils se retrouvent pris au piège des limites d'écriture dont souffre ce pilote. Enfermé dans les plus usants clichés du flic amoché et alcoolique, confronté à une affaire qui le touche de près, Kevin Bacon a une présence presque minimaliste durant tout l'épisode, en dehors de deux ou trois passages qui, j'espère, seront amenés à devenir plus la règle. Quant à James Purefoy, il est solide, mais ne parvient pas à empêcher son personnage de sonner faux. Et ce n'est pas du côté des rôles secondaires que l'on trouvera un jeu consistant, l'équipe du FBI (Shawn Ashmore ou Jeananne Goossen) n'étant pas particulièrement convaincante. A noter également que l'on retrouve Natalie Zea (partie de Justified) qui interprète l'ex-femme de Carroll.

thefollowinga_zps063c1f4b.jpg

Bilan : Encombré de stéréotypes mais disposant de quelques fulgurances "chocs", le pilote de The Following pourrait être une honnête et convenue incursion de série B dans le genre des fictions de serial killer. Mais en tant que pilote d'une série, il laisse plus dubitatif, échouant dans sa mission première qui était de crédibiliser et de poser des fondations solides à son concept de départ. Incapable de donner une consistance à ses personnages, il se voit contraint de se reposer sur des artifices sanguinolants et sur la paranoïa suscitée par l'existence des adeptes de Carroll - y-aura-t-il un traître dans l'équipe du FBI ?. Cela peut peut-être permettre de faire illusion un temps, mais l'ensemble m'a semblé sonner bien creux, a fortiori pour s'inscrire dans la durée.


NOTE : 5,75/10


La bande-annonce de la série :

Commentaires

C'est marrant, j'avais pas fait le lien au sujet des yeux.. :-)
Moi, j'ai bien aimé ce pilot. Ceci dit, je suis pas fan habituellement des histoires de serial killer.. Du coup, je suis dérangé par le coté poncif et déjà vu..

Écrit par : mat | 25/01/2013

@ mat : C'est parce que j'ai l'âme sensible, surtout quand on touche aux yeux des personnages. ^_^' Et vu qu'avec Utopia, j'ai explosé mon quota de tolérance en la matière, l'épisode de The Following est arrivé juste derrière pour en rajouter une couche. Mais cela reste un détail qui faisait office d'accroche, sans préjuger mon appréciation du reste du pilote. ;)
Pour le reste j'ai un peu l'impression qu'il s'agit d'une série à laquelle on va soit accrocher, soit rester complètement indifférent. Le postulat de départ est quand même assez gros, il faut donc l'admettre et se prendre au jeu de l'ambiance que l'on tente de mettre en place. Peut-être est-ce parce que je suis trop familière de ce genre (ou du moins l'ai été un temps), mais ça n'a vraiment pas marché avec moi.

Écrit par : Livia | 26/01/2013

"qu'est-ce que les scénaristes peuvent bien avoir en ce mois de janvier contre les yeux de leurs protagonistes ?"

Ha ha.
Marrant.
Perso, en regardant cette semaine les films "The chaser" de Na hong-Jin et "Kill list" de Ben Wheatley, je me suis demandé ce qu'ils avaient avec les victimes défoncées à coups de marteau. :)))

Bon sinon, t'avais vraiment un vague espoir que cette série soit autre chose qu'un truc informe déjà vu des zillions de fois en mieux ailleurs?
Ta propension a essayer malgré tout des trucs dont tu sais pertinemment bien qu'ils ne seront pas terribles force le respect. :)
En ce qui me concerne, il va sans dire que je vais passer mon chemin.
Par contre, je vais jeter un oeil (si l'on peut dire) sur Utopia.

Écrit par : Fred | 26/01/2013

@ Fred : "Perso, en regardant cette semaine les films "The chaser" de Na hong-Jin et "Kill list" de Ben Wheatley, je me suis demandé ce qu'ils avaient avec les victimes défoncées à coups de marteau. :)))"
--> On va tous finir avec des post-traumatismes irréversibles avec ces mises en scène. La loi des séries en action en plus. ^^'

"Bon sinon, t'avais vraiment un vague espoir que cette série soit autre chose qu'un truc informe déjà vu des zillions de fois en mieux ailleurs?
Ta propension a essayer malgré tout des trucs dont tu sais pertinemment bien qu'ils ne seront pas terribles force le respect. :)"
--> Dire que j'avais un "espoir" ou une "attente" en lançant ce pilote, ce serait trop fort. Mais même si les critiques US étaient très mitigées, voire mauvaises, j'avais aussi lu quelques échos plus positifs. Le tout est d'y aller sans a priori, parfois, les surprises se produisent ! ^^ (Je l'admets, c'est extrêmement rare sur les grands networks US dernièrement, mais je suis optimiste par nature.) Et puis il faut aussi y voir de la curiosité : j'aime me forger mes propres opinions.

Et pour l'anecdote, The Following n'est certainement pas le plus raté des pilotes US de ce mois de janvier. J'en ai testé un autre la semaine dernière (ça fait partie de ces errances télévisuelles qui n'arrivent pas jusqu'au stade de la publication sur le blog) : Banshee. Du pur Cinemax indigeste, action+sexe+poudre de scénario. Je n'ai même pas réussi à arriver au bout du pilote. Donc, si The Following semble sonner bien trop creux pour donner une série, au moins le pilote se visionne-t-il sans trop de difficulté ! ;)

Par contre, je place beaucoup d'espoir en The Americans la semaine prochaine. Donc, là, je croise très fort les doigts ! Et vu que toutes les fictions d'espionnage que j'attendais en ce mois de janvier m'ont déçu, tous mes espoirs reposent sur elle.

"Par contre, je vais jeter un oeil (si l'on peut dire) sur Utopia."
--> On verra si elle tient sur la durée, mais en tout cas, elle joue dans une autre catégorie que les fictions précédemment évoquées.

Écrit par : Livia | 26/01/2013

La mention par Fred du cinéma coréen me donne envie de réagir.
Les 2 derniers films que j'ai vu en provenance du pays du matin calme: The chaser (il y a quelques années au cinéma) et I saw the Devil sont devenus de telle référence de ce genre, que les fictions américaines paraissent de pâles copies en comparaison (les remakes en cours n'arrangent rien).
Leur degré de violence à l'égard des femmes spécialement a fait leur réputation, mais le genre est si surexploité que je ne vois pas ce qu'un scénariste ou un réalisateur quelque sa nationalité peut espérer apporter aujourd'hui de plus sans faire de surenchère.

Honnêtement, je ne sais pas comment les networks espèrent encore aujourd'hui retenir leur audience avec des sujets aussi répétés non pas seulement à la TV, mais aussi au cinéma et dans la littérature.

Le nombre de projets sur le sujet est effarant: j'ai lu des articles sur une autre série inspirée du film Hitchcock Psychose, et intitulée Bates Motel et une version TV également d'Hannibal avec Gillian Anderson.
Sans compter le serial killer de la saison 2 d'American Horror Story: Bloody Face. Qui pour le coup était intéressant parce que utilisé dans une autre époque (les années 50) et un autre contexte que la classique enquête policière.

Quant au problème du sur-régime, je pense qu'il est lié spécifiquement au créateur producteur Kevin Williamson. Il avait déjà adopté ce rythme dans sa précédente série: The vampire Diaries, qu'il a concu et développé sur ce principe de multiplier x2 les rebondissements, les surprises, le nombre de morts dans chaque épisode par rapport aux standards d'un "procédural" telle que les Experts. The Vampire Diaries en est à sa 4ème saison, et de ce point de vue rien n'a changé.
Par contre, la série a beaucoup évolué entre son pilote (très différent visuellement et très faible sur le plan de l'écriture) et le reste de la saison. La série a commencé a décollé après les épisodes 5/6. Donc, il se peut que cette série soit de celles qui ont besoin de trouver leurs marques dans la 1ère moitié de leurs saisons.

Écrit par : Titania | 28/01/2013

J'avoue que moi non plus je ne savais à quoi m'attendre avec cette série, que j'ai regardé assez exclusivement pour voir James Purefoy (un péché mignon depuis Rome) en serial killer.

J'ai vu le pilote sans déplaisir, ni être très impressionnée non plus. Il y a néanmoins quelques rares très bons moments bien perturbants, et le concept n'est pas mauvais et pourrait être chouette si bien exploité. En espérant que Williamson évite la niaiserie (et les bouffées de moins en moins supportables de moralité sélective) qui caractérise "Vampire Diaries" and co.

Au moins on est sur la Fox et pas la CW, ce qui laisse un peu d'espoir pour que la série adopte une perspective plus adulte, voire audacieuse, que dans les autres séries du showrunner.

Mais en effet, je rejoins Livia, on est dans le cheeseburger très moyen à ce stade, et tout bonnement incomparable en termes créatifs (et tous les points de vue d'ailleurs) à un ovni comme "Utopia".

Écrit par : Rorschach | 28/01/2013

J'ai lu tellement de commentaires mitigés...et à voir ta note je crois que je vais laisser passer la série. Bon en plus pour commencer un truc à suspens sur Fox il faut être dingue :D (Je crois que c'est la chaine qui annule le plus vite).

Écrit par : Jessica | 28/01/2013

Ce que je ne comprends pas, c'est comment on peut tuer 4 gardes de prisons en 2 minutes et ne montrer que les corps. On nous montre des corps de morts, mais on nous explique jamais comment ils ont été tués.
C'est une série qui traite d'un sujet Gore,mais ne veut pas trop choquer.

Écrit par : sami | 01/02/2013

Les commentaires sont fermés.