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28/08/2012

(Pilote US) Copper : un crime drama historique sur la police new yorkaise en 1864

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Il flotte comme un air de rentrée sur les grilles des programmes télé tandis que s'achève ce mois d'août. Parmi les premières séries de la nouvelle saison à arriver sur nos écrans, une de celles dont j'attendais le plus était Copper. Vous me connaissez : un crime drama historique, avec pour décor le New York des années 1860, et avec à la création Tom Fontana et Will Rokos, cela aiguise forcément la curiosité sur le papier. D'autant qu'il s'agit de la première série originale de BBC America.

Copper aurait pu être pour la police new yorkaise ce que City of Vice a été pour les bow street runners londoniens (c'était une mini-série de Channel 4 qui m'avait vraiment fasciné)... Malheureusement, après deux épisodes visionnés, elle s'oriente plutôt vers ma liste des déceptions. Il manque quelque chose au récit pour réussir l'immersion proposée. C'est très frustrant. Et je suppose que tous mes espoirs d'un crime drama du XIXe siècle à apprécier en 2012 reposent désormais sur l'anglaise Ripper Street annoncée d'ici la fin de l'année.

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Copper se déroule dans les années 1860, à New York, alors que la Guerre de Sécession fait rage depuis plusieurs années et est bientôt terminée. Son personnage central, Kevin Corcoran, est un détective de police d'origine irlandaise, officiant dans le quartier populaire de Five Points. Il a été mobilisé et s'est battu au sein de l'armée fédérée. Durant son absence, sa femme a disparu et sa petite fille a été tuée. Cherchant à découvrir ce qu'il s'est passé et ce qu'est devenue son épouse, il a repris ses fonctions de policier. Dans le tourbillon d'une société new yorkaise bigarrée, où les couches sociales s'entrecroisent et où les crimes sont nombreux, Corcoran enquête et apporte son concours au maintien de l'ordre. A une époque violente où la justice est aussi relative qu'inégalitaire, la fin justifie bien des moyens... Le tout étant d'y survivre.

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Dans son pilote, Copper part sur des bases très classiques pour une série policière. Si elle semble d'abord correspondre à un procedural traditionnel, le deuxième épisode apporte une continuité plus feuilletonnante, prouvant que la série entend construire des storylines dans la durée. En dépit d'une exécution très prévisible, l'atout principal de Copper réside avant tout dans la valeur ajoutée que constitue son cadre : elle l'a bien compris et s'efforce donc de capturer une ambiance new yorkaise marquée par la violence, tout particulièrement au sein du quartier pauvre dans lequel évolue notre héros où prospèrent crime et prostitution. Les incursions dans les coins plus riches, notamment cette maison close vers laquelle nous conduit la première enquête, montrent aussi que derrière des apparences plus policées, les excès et les dérives se rencontrent tout autant dès que l'on entrouvre les portes closes. Le choix d'évoquer d'emblée la prostitution et le meurtre d'enfant témoigne des intentions de Copper de nous glisser dans ce XIXe siècle. Mais la série peine à happer le téléspectateur dans ce tourbillon qui reste un arrière-plan distant, avec du potentiel, mais bien loin de la force qu'avait pu avoir l'installation du cadre dans Deadwood par exemple (pour rester dans une même époque).

Le problème de Copper tient à un certain manque d'ambition dans son écriture, laquelle reste dans une zone de confort trop convenue. Il y a pourtant nombre de passionnantes thématiques à exploiter : des enjeux raciaux avec le contexte de la guerre, mais aussi le caractère inégalitaire de la justice ou encore la manière dont les puissants restent ostensiblement impunis et intouchables. La conception du métier de policier à l'époque offre suffisamment de contraste avec l'idéal théorique moderne pour pouvoir proposer quelque chose de sombre, de percutant. Par intermittence, la série tente de s'aventurer de manière superficielle sur ce terrain... Mais elle souffre d'un manque de subtilité chronique, cédant à trop de facilités pour être convaincante. Conséquence immédiate, les personnages ne parviennent pas à s'imposer. Entouré d'une galerie de protagonistes unidimensionnels cantonnés à un rôle paresseux de faire-valoir, le héros apparaît comme le prototype calibré de l'époque mise en scène : un vétéran, avec sa part d'ombre et ses failles, et une histoire personnelle marquée de tragédie. Il démontre vite sa conception de la justice, fidèle à ce que l'on pouvait en attendre. Les scénaristes ont souhaité que la série repose sur les épaules de Corcoran, mais le personnage ne peut la soutenir à lui-seul...

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Sur la forme, Copper fait un travail honnête de reconstitution du New York des années 1860. Abusant parfois un peu d'une image très sombre (durant lesquelles on recherche la chandelle qui permettrait de distinguer les ombres), mais qui correspond bien à l'ambiance recherchée, la série sait poser ses décors. Pour provoquer l'immersion, plus que son visuel, c'est sa bande-son fournie qui est mise à contribution : elle est riche en musiques irlandaises qui donnent un certain rythme au récit. Le générique, très semblable visuellement à celui de Anno 1790 (un crime drama historique suédois se déroulant à la fin du XVIIIe siècle - les anachronismes en moins pour Copper), est soigné et bien représentatif de la tonalité d'ensemble. [Pour comparer, le générique de Copper est la 2e vidéo ci-dessous ; celui d'Anno 1790 est par là.]

Enfin la série rassemble un casting correct, mais qui ne fait pas de miracles au vu des limites qui pèsent sur la série. Tom Weston-Jones (Spooks), qui incarne Corcoran, ne m'a pas pleinement convaincu. Certes les scénaristes n'arrivent pas à faire de son personnage le point d'ancrage qu'il devrait être, mais lui-même échoue à apporter un petit plus en terme de présence qui aurait peut-être pu compenser en partie les déficits d'écriture. A ses côtés, on retrouve notamment Kyle Schmid (Blood Ties), Anastasia Griffith (Damages, Trauma, Royal Pains), Franka Potente (The Sinking of the Laconia), Ato Essandoh, Kevin Ryan, Dylan Taylor (, Tessa Thompson, Ron White, Kiara Glasco, David Keeley et Tanya Fischer.

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Bilan : Empruntant les ficelles classiques et rodées des séries policières pour les transposer dans le cadre dépaysant du New York de 1864, Copper avait du potentiel - même sans révolutionner son genre - mais elle ne parvient pas à l'exploiter, ne nous permettant que de l'entrevoir par intermittence. Trop convenue et calibrée, la série manque de souffle et de subtilité, ses personnages souffrant tout particulièrement d'une écriture pas assez ambitieuse pour marquer.

En résumé, je ressors de ces premiers épisodes avec des regrets : aussi passionnants que soient la période et les thèmes abordés, l'ensemble m'aura laissé malheureusement complètement indifférente. Si vous appréciez son sujet, je vous conseille malgré tout de la tester, mais en ayant des attentes moindres que celles que je pouvais avoir.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série :

15/07/2012

(Pilote US) Perception : un consultant atypique pour un cop show sympathique

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A la fin du siècle dernier, à une époque où la télécommande de la télévision et le magnétoscope étaient les meilleurs amis du sériephile (en herbe), j'avais l'habitude d'enregistrer sur VHS de nombreux épisodes de séries, souvent "préventivement" (sait-on jamais, s'ils étaient bien ?). Je consommais alors beaucoup, mais ne faisais pas vraiment attention à toutes les informations périphériques qui défilaient après le générique, comme les noms des guest stars. C'est dans ce contexte que j'ai croisé pour la première fois Eric McCormack au cours d'une apparition dans... Highlander (saison 5). Il y jouait un personnage à l'accent sudiste improbable ; tandis que l'épisode en lui-même tenait plus de la parodie des codes classiques du show, ce qui lui donnait un ton assez décalé. J'ai dû regarder une bonne trentaine de fois cette VHS par la suite, et cela n'avait rien à voir avec la qualité de l'épisode. L'expérience m'a fait découvrir une chose : apprendre à faire attention à ces fameux guest stars.

Ce qui est assez paradoxal, c'est que 15 ans plus tard, lorsque je retrouve Eric McCormack dans une série, je l'associe toujours dans mon esprit à ce rôle-là. Peu importe que les Will & Grace (surtout) et autre Trust me (déjà oubliée) soient passés par là ensuite de manière autrement plus significative pour l'acteur. J'en reviens toujours à ces quarante minutes au sein d'une saison inégale d'une série relativement oubliée aujourd'hui. Cette (longue) anecdote vous permet cependant de comprendre la raison majeure pour laquelle je me suis installée devant le pilote de Perception. Sur le papier, cette nouvelle série de TNT, lancée lundi 9 juillet 2012 aux Etats-Unis, n'était pas forcément ma tasse de thé : elle apparaissait comme un procedural policier d'un classicisme extrême au parfum Holmes-ien prononcé. Nulle surprise donc devant le résultat obtenu. Mais des débuts malgré tout sympathiques qui doivent beaucoup au casting (dans son ensemble).

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Perception met en scène Daniel Pierce, un brillant neuroscientifique, qui, s'il a ses excentricités, reste une référence incontournable dans son domaine. Cependant, son intérêt pour cette discipline est motivé par son état, il souffre en effet de schizophrénie. Refusant de prendre un traitement médical, cette dernière se manifeste notamment par des hallucinations, ce qui l'oblige à employer les services d'un assistant - un étudiant - qui lui permet de s'assurer de la réalité des personnes qu'il peut voir. Ce quotidien universitaire est bien rôdé jusqu'au jour où une dose d'inattendu y est injectée.

En effet, une de ses anciennes étudiantes, Kate Moretti, est devenue depuis agent du FBI. Ils ont un temps collaboré, avant qu'elle ne soit promue vers de nouvelles fonctions, Daniel prenant alors ses distances avec les autorités. Mais le retour de la jeune femme en ville la conduit à contacter à nouveau son ex-professeur, réclamant son assistance dans une affaire où elle peine à comprendre le comportement du suspect. Une enquête en appelant une autre, Daniel va donc apporter son expertise - et ses vues particulières - aux cas qui lui sont soumis par le FBI.

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A la lecture du synopsis, on devine aisément que Perception ne se démarquera pas par son originalité. La série se réapproprie une recette bien connue, dont on a perdu le compte du nombre de déclinaisons dans tous les formats de fictions, mais qui, si les divers ingrédients sont dosés habilement, n'en reste pas moins très efficace. Elle associe un duo aux personnalités différentes, polarisé sur l'un des deux, particulièrement brillant et sortant du lot. Ce dernier, doté d'un don particulier grâce auquel il va pouvoir débloquer des enquêtes insolubles au commun des mortels, ne manque cependant pas de failles. Le versant purement policier (à savoir, l'enquête) est dans ce pilote un fil rouge calibré très oubliable, mais il semble toutefois rester comme en retrait : plus que la découverte d'un coupable et/ou d'un motif, c'est la manière dont l'enquête va progresser qui intéresse la série.

Entre alors en jeu la principale valeur ajoutée de Perception : son personnage principal. Il faut relever tout d'abord la manière dont sont utilisés les symptômes de sa maladie : les hallucinations de Daniel s'inscrivent dans le cours de l'enquête du jour. Elles constituent en quelque sorte autant de suggestions et de messages de son subconscient lui permettant de faire apparaître des liens non perceptibles a priori, de formaliser des déductions que tout le monde aurait manqué. Le concept de la série repose donc sur cette faculté à prendre en compte plusieurs niveaux d'analyse - de perception - de la réalité, face à une situation problématique donnée. Certes, ces twists paraissent parfois assez forcés et plutôt artificiels : la gestion de la première affaire dans le pilote confirme cette fragilité. Mais l'atout de Perception est que la maladie de Daniel ne se réduit pas seulement au champ policier. Dans son comportement, on retrouve certains excès de paranoïa ou encore l'énoncé de théories conspirationnistes qui sont autant d'argumentaires auxquels il est sensible. Le personnage reste en soi assez fascinant, intéressant par ses réflexes de vie et ses incertitudes liées à son état. Ainsi, on obtient vite une figure attachante que l'on ne demande qu'à accompagner, curieux de voir s'il peut s'ouvrir et s'aventurer en dehors de la bulle de sécurité et des murs qu'il s'est lui-même construit autour de lui.

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Sur la forme, Perception est une série policière parfaitement calibrée, sans aucune prise de risque, ni véritable particularité que le téléspectateur retiendra. L'ensemble est maîtrisé, la bande-son reste un support discret, et tout juste remarquera-t-on quelques décors comme le cadre universitaire pour permettre d'apporter quelque chose qui lui est propre à une identité visuelle interchangeable avec mille et une autre séries de ce genre.

Element plus notable, comme je vous l'ai dit en préambule, le casting joue beaucoup sur la sympathie initiale que suscite la série. Et sa solidité d'ensemble contribue à nous convaincre d'un concept avec ses limites. Eric McCormack (Will & Grace, Trust Me) est vite à l'aise dans ce rôle d'un homme brillant mais avec ses failles, que l'on a envie de découvrir plus avant. C'est Rachel Leigh Cook (Psych) qui lui donne la réplique, offrant un pendant posé aux emballements de son ancien professeur. Les sériephiles retrouveront aussi avec un plaisir certain Kelly Rowan (The OC) qui joue la meilleure amie de Daniel - avec un twist prévisible à son sujet, mais qui fonctionne. Arjay Smith (Les aventures fantastiques d'Allen Strange) incarne l'assistant de Daniel. Enfin, Jonathan Scarfe (Raising the bar) interprète l'agent du FBI qui fait équipe avec Kate.

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Bilan : Cop show de facture classique, mettant en scène la dynamique très familière d'un duo reposant sur les capacités exceptionnelles d'un des deux, Perception s'en tire plutôt bien au cours d'un pilote où elle introduit efficacement son atout majeur : un personnage principal atypique, avec ses excès, mais qui n'en est pas moins très sympathique au téléspectateur. La particularité de son état mental ouvre indéniablement des possibilités dont le potentiel mérite d'être exploré plus avant, dans le versant policier, comme sur un plan plus personnel. Une série qui peut donc plaire aux amateurs de ce genre de fictions. A fortiori en cette période estivale. (Même si personnellement, je sais être peu réceptive à ce type de procedural.)


NOTE : 6,25/10


Une bande-annonce de la série :

28/06/2012

(Pilote US) The Newsroom : une immersion dans les coulisses de l'information télévisée

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Dimanche soir, débutait sur HBO une des séries les plus attendues de l'été : The Newsroom. Une collaboration entre la chaîne câblée américaine et Aaron Sorkin - qui a déjà démontré tout son intérêt pour les coulisses d'émissions télévisées de Sports Night à Studio 60, c'était un peu un des fantasmes de la sériephile que je suis. Puisqu'il ne semble pas possible aux médias, de séparer le produit créé du créateur quand il s'agit d'écrire sur cette série, il est sans doute honnête que je rappelle en préalable la place qu'occupe The West Wing (A la Maison Blanche) dans la construction de ma passion pour toutes les productions du petit écran. C'est à elle et à Aaron Sorkin que je dois ces dix dernières années plongée dans un univers des séries qui n'a cessé depuis de s'enrichir. Je suis et reste une grande fan de son style d'écriture : c'est le scénariste qui m'a le plus marqué à la télévision toute période et tous pays confondus.

Refermons cette parenthèse, et passons à The Newsroom qui est donc arrivée sur les écrans américains il y a quelques jours... précédée d'un vent de critiques négatives qui s'est abattu comme un raz-de-marée sur les réseaux sociaux et auquel nul n'a pu échapper. Ça a été particulièrement frustrant à supporter, parce que cela a rendu impossible un visionnage à peu près neutre du pilote (LadyTeruki a fait à ce sujet un billet très juste dont je conseille la lecture). Il est toujours mieux d'aborder une série en se demandant si elle va nous séduire, plutôt qu'en recherchant si oui ou non toutes ces réactions étaient fondées (même si ce sont les épisodes suivants qui ont fait l'objet du feu le plus nourri). Si on fait abstraction de ces considérations extérieures, je ne vais pas faire durer le suspense : j'ai pris beaucoup de plaisir devant le pilote de The Newsroom. Tout est loin d'être parfait. Il y a des reproches justifiés à formuler, mais tout est aussi là pour faire passer un très bon moment.

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Le pilote de The Newsroom s'ouvre sur une "session vérité" au cours d'une conférence à laquelle participe Will McAvoy. Ce présentateur populaire, lisse et sans parti pris apparent, dont on murmure que la source du succès est justement cette neutralité et sa capacité à ne gêner personne, recadre une étudiante ayant posé une naïve question sur la grandeur du pays, en se fendant d'une longue tirade remettant en cause la conception que l'on peut avoir des États-Unis. Puis, une fois les vagues soulevées par cette sortie un peu apaisées, c'est après quelques semaines de vacances que Will McAvoy reprend le chemain de ses studios... pour découvrir que Charlie Skinner, le président de ACN, a provoqué en son absence une vaste redistribution des responsabilités au sein de son staff, sans même prendre la peine de l'informer.

Il a bien joué, pour mener à bien ses projets, sur l'ambition du producteur exécutif de l'émission, Don, lequel n'a écouté que son pragmatisme (et son ras-le-bol de Will) pour accepter de prendre en charge une nouvelle émission lancée dans une case horaire plus tardive. La plupart des membres de l'équipe accompagnent Don dans ce qui ressemble fort à une défection générale. Parmi les quelques fidèles faisant preuve d'une loyauté désuette, se trouve notamment Maggie Jordan, promue récemment par qui pro quo assistante personnelle de Will. Dans le même temps, Charlie a contacté pour remplacer Don une vieille connaissance, Mackenzie McHale : une nomination sensible, puisque cette professionnelle aguerrie et de caractère a eu une histoire passée avec Will. C'est peu dire que tous ces bouleversements ne plaisent guère à ce dernier qui va tenter de reprendre le main.

C'est dans ce contexte de transition et de changement que le pilote nous permet d'assister à la première émission de rentrée de la nouvelle équipe en gestation.

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La construction du pilote de The Newsroom va suivre un schéma familier, mais qui n'en demeure pas moins d'une efficacité redoutable pour introduire les enjeux de la série. Afin de capter immédiatement l'attention du téléspectateur, l'épisode recourt à une scène d'ouverture dite "électro-choc" qui cherche (et parvient) à provoquer, voire marquer, en usant pour cela du mécanisme du discours-vérité déclamé sans pincettes. L'idée est d'aller à la confrontation directe d'idées assimilées sans recul, en énonçant des faits que tout le monde n'est pas prêt à entendre, en l'occurence sur l'Amérique et sa supposée grandeur. Il faut reconnaître à la série le mérite d'avancer ici à visage découvert : on pourra être ou non en accord avec les opinions qui seront affichées par la suite sur la question du rôle de la télévision et de son traitement de l'information, mais le discours tenu restera à la fois revendicatif et démonstratif, ne cherchant pas à faire dans le consensuel.

La limite de la démarche extrêmement didactique du pilote est que, si elle est parfaitement huilée et cadencée, elle apparaît aussi transparente et un brin forcée. Après la tirade introductive où l'arrogance du personnage principal contribue autant que ses propos à poser le ton d'ensemble, la deuxième étape est constituée par l'arrivée de Mackenzie. C'est alors l'occasion de débattre théoriquement sur la conception du journalisme : cette fois-ci, il s'agit d'être constructif. Ambitieuse, la productrice voudrait revoir l'approche de l'information dans les médias. Derrière la pointe d'idéalisme que permet la référence à Don Quixote, on a surtout ici un confus mélange de pessimisme dans le diagnostic qui est fait des attentes du public, mais aussi une volonté de changement à l'entrain communicatif. Enfin, troisième étape, le dernier tiers de l'épisode propose une sorte de mise en pratique accélérée de ces idées, en utilisant rien moins qu'un évènement réel dont le traitement médiatique est re-écrit idéalement. N'ayant que le temps d'aller à l'essentiel, le pilote cède à des facilités narratives - avec les sources parachutées grâce aux contacts du nouveau venu - qui accentuent le versant didactique, en amoindrissant le réalisme. Dans cette optique, le choix du sujet renforce d'ailleurs l'impression d'assister à une leçon, mais il faut reconnaître qu'il a le mérite de parler directement et immédiatement au téléspectateur.

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The Newsroom ne tergiverse donc pas, affichant clairement ses partis pris et ses ambitions. Ce qui contribue grandement à la force du pilote et à l'adhésion rapide du téléspectateur, c'est que l'ensemble bénéficie d'un style d'écriture fluide et rythmé, caractéristique d'Aaron Sorkin, qui reste, pour moi, ce qui se fait de plus jubilatoire dans une fiction sur grand comme petit écran. Les dialogues sont extrêmement fournis, parfaitement ciselés. Les répliques et les tirades fusent sans temps mort, se confrontant, voire se superposant parfois au gré de conversations multiples menées de front. La tension entretenue par de simples échanges en est grisante. C'est ainsi que, plus que la démonstration-même qui a sa part de maladresses, c'est l'écriture qui est l'attrait principal de ce pilote. Le dynamisme d'ensemble est communicatif, et le téléspectateur se laisse emporter, passant un bon moment - en dépit d'un léger flottement de rythme vers la moitié de l'épisode. 

De plus, l'introduction des personnages est aussi globalement réussie, usant de codes classiques, en entremêlant déjà vie professionnelle mais aussi vie privée, chez des figures que l'on devine de toute façon workaholic. Will avec son caractère désagréable, ses explosions de colère et son arrogance, n'en conserve pas moins une sacrée présence. Il ne laisse pas indifférent. Avec sa nouvelle productrice, mais aussi son patron, figure patriarcale dont l'influence sur tous ces bouleversements ne doit pas être sous-estimée, on obtient un trio avec de fortes personnalités dont les échanges sont prometteurs. A côté, les jeunes ambitieux qui composent le staff forment une équipe pas très soudée, mais professionnelle et efficace. Qu'il s'agisse de Maggie ou encore de Jim, on a des personnages auxquels s'attacher. C'est à travers eux qu'on s'immerge vraiment dans la dynamique des coulisses de l'émission.

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Sur la forme, le pilote de The Newsroom est une sorte d'hybride, peut-être un peu surprenante à première vue, entre passé et modernité. En référence au passé, on a notamment une bande-son très traditionnelle. Cette impression est également renforcée par un générique qui, entre images d'archives et présentation successive des acteurs, apparaît comme un écho-(hommage ?) à une télévision datant de quelques années. Mais par ailleurs, on a également de la modernité avec un style de réalisation, assez nerveux, se rapprochant presque du mockumentary. Un instant déstabilisée, la nostalgique de Thomas Schalmme que je suis s'est cependant progressivement habituée au fil de l'épisode.

Enfin, The Newsroom bénéficie d'un casting solide et impeccable pour porter à l'écran les dialogues sur-rythmés proposés (ce qui est déjà un sacré défi à relever. Jeff Daniels trouve dans le personnage de Will une figure, à la fois charismatique mais tombée dans bien des travers, qui est un challenge appréciable, à la mesure de son talent : il apporte une présence déterminante à l'écran. Emily Mortimer met un peu plus de temps à bien trouver ses marques, son personnage étant introduit en plusieurs étapes. Mais elle sait peu à peu s'imposer, notamment à partir du moment où elle entre véritablement en action, durant l'émission. A leurs côtés, on retrouve des acteurs très convaincants, des grands anciens comme Sam Waterston, ou bien des jeunes tout aussi à l'aise comme John Gallagher Jr, Alison Pill, Dev Patel, Olivia Munn ou encore Thomas Sadoski.

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Bilan : Parfaitement servi par une écriture fluide et enthousiasmante, le pilote de The Newsroom se livre à une démonstration introductive qui cède à certains excès didactiques et à des raccourcis, mais qui a le mérite d'aller à l'essentiel et d'afficher clairement le parti pris de la série. L'ensemble se révèle particulièrement efficace, notamment grâce à un style et à des dialogues qui font mouche et posent des personnages que l'on a envie d'accompagner dans ce qui marque un nouveau tournant pour l'émission. Le visionnage est très plaisant, parfois franchement jubilatoire, et il laisse une impression positive sans pour autant occulter les limites perceptibles dans la démarche adoptée. En résumé, ce n'est pas parfait, mais c'est solide. A suivre.


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la série :

Le générique :

16/06/2012

(Pilote US) Longmire : une série policière dans le grand Ouest américain

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Au début du mois (le 3 juin 2012), la chaîne américaine A&E a lancé une nouvelle série policière, adaptant les romans de l'écrivain Craig Johnson. Sa principale originalité réside dans son cadre : le Wyoming et ses grands espaces (même si, en vrai, la série est en réalité tournée au Nouveau-Mexique). A voir le poster promo et à jeter un oeil à la bande-annonce, dans l'esprit du téléspectateur, le chapeau de cowboy du héros, le faux parfum de western, les codes narratifs surannés mettant pourtant en scène une série policière moderne, évoquaient forcément Justified.

Pourtant Longmire se démarque vite de sa consoeur de FX. Plus traditionnelle, moins stylée, elle est aussi un appel de l'Ouest qui nous éloigne du Sud des Etats-Unis et de ses rednecks, pour introduire d'autres acteurs au potentiel tout aussi intéressant. Mais au-delà de son cadre qui ne manque pas d'attrait, les deux premiers épisodes de Longmire introduisent un strict cop show procédural, dont l'intérêt et la valeur ajoutée dans un paysage télévisuel saturé par le genre restent encore à démontrer. La série aura 10 épisodes pour se construire une identité.

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Longmire se déroule dans le comté fictif d'Absaroka, dans le Wyoming. Son personnage principal, Walt Longmire, est le shérif en poste. Profondément marqué par le décès de sa femme il y a un an, il n'a été depuis que l'ombre de lui-même, laissant la douleur le submerger. Dans le pilote, il commence tout juste à faire son deuil, encouragé par sa fille Cady qui s'inquiète et veut qu'il se resaisisse. Au travail, il peut compter sur le soutien d'une nouvelle adjointe, Vic, une jeune femme qui a d'abord exercé dans des forces de l'ordre citadine avant de venir se perdre au fin fond de cet Etat.

Mais cette année d'inertie a aussi réveillé d'autres ambitions au sein du département du shérif. Walt découvre ainsi qu'un autre de ses adjoints, Branch, entend le concurrencer à l'élection prochaine où son poste est remis en jeu. Tous ces évènements l'encouragent à tenter de se reprendre en main. La série va donc le suivre dans son quotidien d'enquêtes (qui eut cru que le taux de criminalité était si élevé au fin fond du Wyoming ?). Les meurtres ont ici souvent des ramifications complexes, nous entraînant à la découverte d'autres communautés religieuses ou encore dans la réserve indienne.

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Derrière son concept policier très classique, Longmire a tout d'abord pour elle de nous entraîner par-delà l'herbe (pas si verte, en fait) du Wyoming. Véritable appel de l'Ouest, le pilote s'efforce d'ailleurs de rendre justice aux particularités offertes par ce cadre, soulignant ce paysage aux vastes étendues de prairies, ces forêts denses de conifères, et même ces quelques coins enneigés qui permettent de réinventer les méthodes de la police scientifique (initiant ainsi la recherche de preuves par... sèche-cheveux, afin de faire fondre la couche de glace qui recouvre les lieux du crime).

La série a donc un parfum de dépaysement prononcé qui est très plaisant. De plus, cette situation géographique lui permet aussi d'introduire des problématiques que les cop show citadins ne peuvent aborder : les relations difficiles avec la réserve indienne voisine, et les trafics qui ont cours là-bas, ou encore, dans ses grands espaces où chacun peut cohabiter, avec des communautés religieuses repliées comme les Amish (dans le deuxième épisode). Même si le traitement de ces sujets reste ici assez superficiel et qu'on reste pour le moment un peu sur sa faim, le potentiel semble là.

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Cependant, au-delà de ces atours, Longmire reste une simple série policière pour l'instant strictement procédurale, où les enquêtes, sur un épisode, ne brillent pas par leur originalité. C'est généralement très convenu. Plus problématique, en usant de ficelles trop classiques, la série se montre parfois assez maladroite dans ses développements : les raccourcis et certaines mises en scène pèsent sur le pilote ; le second épisode étant sur ce plan plus équilibré et homogène. L'apport de la série repose ici sur sur sa figure centrale, le shérif. D'une part, parce que c'est un personnage un peu hors du temps, il permet de cultiver le côté old school assumé de la fiction. L'épisode prend toujours volontairement son temps, loin de la mécanique sur-vitaminée et ultra-huilée de la ville. L'expérience y joue souvent un rôle décisif, Walt s'appuyant sur son passé et sa longue connaissance de son comté pour connecter les indices.

D'autre part, ce héros posé et assuré est aussi un homme brisé intérieurement par la mort de sa femme. Connaissant cette souffrance que représente la perte d'un être cher, il fait preuve d'une empathie rare envers les proches des victimes. La dimension émotionnelle et le traumatisme qu'engendrent les meurtres ne sont pas négligés dans cette série, et c'est un point positif à souligner. Walt est donc un personnage de romans policiers qui s'inscrit dans des canons certes très traditionnels, mais efficaces. Il reste à espérer que les personnages qui l'entourent n'en seront pas pour autant oubliés et pourront à terme être plus fouillés que les brèves esquisses proposées pour le moment (mais le deuxième épisode offre ici quelques pistes à suivre).

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Au cours du pilote, je me suis demandée si une partie des maladresses de Longmire n'étaient pas liées à la forme. La prévisibilité de certaines scènes est en effet multipliée par les choix d'une caméra qui suggère et pointe des évidences, au risque de tomber dans la mauvaise caricature, comme le montre la scène du témoin abattu dans le premier épisode, avec cette fenêtre sur laquelle l'image insistait tant. Si les paysages s'imposent d'eux-mêmes dans toute leur splendeur, dès qu'il s'agit de créer une ambiance en huis clos, ou de suivre un personnage dans l'enquête, la réalisation manque d'initiative. Et la bande-son ne permet pas de corriger le tir. A sa décharge, il faut dire qu'elle démarre sur un très mauvais choix qui laisse un a priori négatif pour la suite : la scène d'ouverture est envahie d'une musique quelconque qui échoue à poser l'atmosphère à laquelle elle aspirait. En résumé, il y a une sacrée marge de progression sur le plan formel.

Enfin, Longmire bénéficie d'un casting correct. C'est un acteur australien, Robert Taylor (croisé dans Killing Time l'an dernier), qui incarne ce shérif du fin fond du Wyoming : il a la présence et les épaules nécessaires pour faire de son personnage cette figure centrale un peu écorchée autour de laquelle tournent les intrigues. A ses côtés, j'ai retrouvé avec plaisir Katee Sackhoff (Battlestar Galactica) qui trouve vite le ton juste pour jouer une adjointe assurée qui ne manque pas de réparties. Je serais plus mitigée en revanche sur Bailey Chase (Saving Grace), l'autre adjoint, mais pour le moment, il faut dire que son personnage est resté cantonné en arrière-plan présenté sous un jour peu favorable. C'est Cassidy Freeman (Smallville) qui incarne la fille de Walt. Enfin, on retrouve également Lou Diamond Phillips (Stargate Universe, Numb3rs), Louanne Stephens (Friday Night Lights) ou encore Adam Bartley.

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Bilan : Evasion vers l'Ouest, Longmire se démarque par son cadre dépaysant et par la lenteur de son rythme, symbolisé par un personnage principal patriarcal, dont les blessures mal cicatrisées font de lui un héros-type solide. Sans faire dans la subtilité, la série est efficace. Elle reste cependant pour le moment un cop show procédural extrêmement classique, avec des ambitions limitées. Telle quelle, elle peut plaire aux amateurs de séries policières souhaitant changer d'air, mais échoue à élargir son public. Il faut donc espérer que les scénaristes sauront se montrer plus entreprenants et moins réfractaires aux risques par la suite : si elle a du potentiel, elle ne se donne pas encore les moyens de pleinement l'exploiter.

Je pense lui accorder quelques épisodes, histoire de voir l'orientation prise (parce que je ne suis pas insensible à l'ambiance).


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :


27/05/2012

(Pilote US) Bunheads : des débuts attachants sur lesquels flotte un parfum familier

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Je l'avoue, ABC Family n'est pas vraiment une chaîne dont je surveille les séries. Question d'âge, de goût, d'affinité... Mais même si je fais rarement partie du public visé par ses productions, je reconnais qu'elle sait aussi parfois s'entourer de noms qui retiennent l'attention du sériephile, comme Huge par exemple il y a 2 ans (de Winnie Holzman, la créatrice de Angela 15 ans). Cet été, la nouveauté qui aiguise la curiosité est signée par une autre valeur sûre du petit écran américain, Amy Sherman-Palladino.

La créatrice de Gilmore Girls revient ici à la recette qui a fait son succès, réunissant plusieurs générations de femmes dans Bunheads. Cette série débutera le 11 juin 2012 sur ABC Family, avec une saison 1 qui comprendra 10 épisodes. Et, au vu de ce pilote sur lequel flotte indubitablement un parfum caractéristique qui ne peut que rappeler Stars Hollow, je serai au rendez-vous pour voir quelle orientation prendra la série.

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Ce premier épisode de Bunheads s'intéresse au tournant que prend soudain la vie de Michelle. Danseuse à Las Vegas, avec une carrière qui n'est plus que l'ombre du potentiel entre-aperçu par le passé, elle subit une nouvelle audition négative, sans même avoir eu l'occasion de prouver son talent. Abattue, elle accepte l'invitation à dîner d'un de ses plus fidèles admirateurs. Or ce dernier, simplement de passage en ville, décide de la demander en mariage. Après une nuit de festivités, Michelle accepte et quitte les paillettes de Las Vegas pour la petite bourgade côtière dans laquelle vit celui qui est désormais son mari.

Ce dernier avait bien présenté la superbe vue promise de la chambre à coucher, mais il avait omis certains détails non négligeables. Comme le fait qu'il vive toujours avec sa mère, laquelle dirige une école de danse dans un bâtiment attenant à la propriété. Pour Michelle, le contraste avec Las Vegas est marquant : elle découvre une petite ville tranquille où chacun se connaît, sans réelles animations, ni sorties. Ce premier jour sur place, et la fête qui vient le clôturer, est l'occasion pour elle de découvrir ceux dont elle semble désormais destinée à partager le quotidien, et notamment quatre adolescentes qui fréquentent l'école de danse de sa belle-mère.

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Même si vous ratez le nom d'Amy Sherman-Palladino en début d'épisode lorsqu'il apparaît à l'écran, il n'existera très vite aucun doute dans votre esprit sur l'identité de la scénariste se trouvant à l'origine du pilote que vous êtes en train de découvrir. Des parallèles se font naturellement avec Gilmore Girls tant l'inspiration commune et l'influence sont perceptibles. La scénariste a à l'évidence souhaité renouer avec le genre qui a fait son succès passé, à l'égard duquel elle avait démontré un savoir-faire certain. On retrouve ainsi un style d'écriture très caractéristique : beaucoup d'énergie communicative dans le récit, porté par des dialogues dynamiques que ponctuent quelques longues tirades-monologues aux accents familiers. Le cadre même de la série n'est pas inconnu : dans le calme confondant de cette bourgade, on entre-aperçoit une communauté où tous les habitants se connaissent. Une ambiance de petite ville côtière qui est un écho évident à celle légèrement sucrée et feutrée de Stars Hollow. Pour le moment, ce sont surtout les intérieurs de quelques lieux clés qui sont entrevus : à voir si la série saura faire du décor un acteur à part entière de l'histoire.

Et puis, il y a le plus important, le thème central de Bunheads : tout en suivant cette figure centrale arrivant tout droit de Las Vegas, le pilote nous présente l'école de danse qui va permettre de réunir autour d'une passion commune trois générations : Fanny Flowers, la belle-mère, Michelle et plusieurs adolescentes qui y suivent des leçons. La caractérisation des personnages est convaincante dans cette première introduction qui dessine des personnages féminins forts, avec du potentiel. Le groupe d'adolescentes a une bonne dynamique. Michelle est très attachante, héroïne qui vit pleinement ses passions, tout en ayant aussi par son vécu son lot de regrets. Quant à Fanny, derrière son air revêche, elle est malgré tout prête à donner une chance à sa belle-fille. Le principal objet de ce pilote est d'organiser le parachutage de Michelle dans cette petite ville retirée où tout n'attend qu'elle pour s'animer. Il use pour cela de ficelles un peu grosses, assume quelques raccourcis, et l'ultime twist de fin d'épisode renforce cette impression tout en soulevant des questions sur l'orientation future. Cependant, il est difficile de ne pas se laisser entraîner par la dynamique de l'ensemble : en effet, comme la scénariste, le téléspectateur n'a vite qu'une seule envie, poser ses bagages et s'installer. Mission peut-être pas parfaitement exécutée, mais accomplie avec succès !

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Sur la forme, le pilote de Bunheads  bénéficie d'une réalisation correcte, avec une ambiance musicale appropriée à la tonalité de la série. Le principal enjeu pour la suite tiendra sans doute à la façon d'exploiter le cadre de cette ville, sans se contenter de simplement naviguer entre deux ou trois lieux clés - en alternant scènes en intérieur et en extérieur - ; mais le décor de la maison dans laquelle Michelle met les pieds vaut à lui-seul le déplacement et tend à prouver que la fiction devrait également soigner cet aspect.

Enfin, Bunheads dispose d'un casting sympathique. Sutton Foster incarne avec beaucoup d'énergie Michelle, sachant retranscrire aussi bien la passion animant son personnage, le sarcasme que lui apporte son expérience et une nature tendance à prendre du recul par rapport à sa situation. Contribuant à renforcer les parallèles avec Gilmore Girls, c'est avec beaucoup de plaisir qu'on retrouve Kelly Bishop qui incarne avec le style qu'on lui connaît la belle-mère. Enfin, les adolescentes sont assez justement interprétées par Kaitlyn Jenkins, Julia Goldani, Bailey Buntain et Emma Dumont.

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Bilan : Doté d'une écriture fine à l'énergie communicative, Bunheads délivre un pilote attachant qui réussit sa principale mission : celle d'organiser l'arrivée de Michelle au sein de l'école de danse, de façon à pouvoir ensuite exploiter les éléments narratifs ainsi réunis. Ce premier épisode dispose d'un charme certain et d'une chaleur humaine très plaisante. Le potentiel est donc là, le principal enjeu pour le futur sera de trouver le juste équilibre entre les différents personnages féminins, en trouvant une place à chacun. Pour le reste, à Bunheads de grandir et de trouver sa tonalité propre pour ne pas être qu'une forme d'ersatz ABC Family-ien de Gilmore Girls. En tout cas, j'ai ajouté cette série à mon planning estival ; en espérant qu'elle tienne ses promesses.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :