Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/01/2011

[TV Meme] Day 20. Favorite kiss

On entame aujourd'hui le virage romantique de ce TV Meme avec, pour commencer, une question qui peut légitimer mille et une réponses différentes toute aussi justifiées : celle du baiser préféré. J'écris souvent que je ne suis pas quelqu'un de fleur bleue par nature, que les romances ont plus souvent suscité chez moi un profond ennui qu'une éphémère émotion... Mais derrière ce faux coeur de pierre, en y réfléchissant, je me surprends finalement à découvrir qu'il y a quand même une logique et une certaine sensibilité dans la manière dont je perçois ce type de passages romantiques.

Il faut dire que les baisers, il y en a de toutes sortes. Les passionnels qui nous font frémir, les attendus qui nous font fondre, les hésitants qui en deviennent touchants, les ratés qui nous font sourire, et même des involontaires qui donneraient plus envie de s'arracher les cheveux. Cependant, l'impact dudit baiser tient souvent bien plus au contexte dans lequel il s'inscrit, aux personnages qu'il implique, qu'à la scène elle-même qui va se dérouler sous nos yeux. Fatalement, celui qu'échangera un couple auquel on s'est attaché, pour lequel on a milité ("shippé") plus ou moins consciemment pendant des mois, voire des années, ne saurait nous laisser indifférent. La mise en scène a certes son importance, mais elle sera plus la cerise sur le gâteau que réellement déterminante dans nos souvenirs.

J'avoue que je n'avais jusqu'à présent jamais vraiment réfléchi sur mes rapports aux romances, et plus précisément à ces scènes de consécration amoureuse. Sans surprise, il y a tout d'abord un premier constat à faire : les baisers ne font pas partie des scènes qui me marquent traditionnellement et resteront associés à une série. La plupart du temps, elles figurent dans la colonne des images oubliées. Je me souviendrais que le baiser a eu lieu comme d'un fait, une avancée dans l'histoire, mais les images du passage auront disparu. (Quand je vous disais que je suis une grande romantique.)

En raison de cet obstacle mémoriel, si je remonte dans l'histoire de ma sériephilie, il y en a finalement assez peu qui sortent du lot. Ce qu'il fait qu'ils sont si particuliers, ce qui les rend différents, plus fondamentaux que les autres, c'est qu'ils ont laissé une empreinte émotionnelle, et c'est à ça que se raccrochent mes souvenirs. En laissant volontairement de côté un couple sur lequel je reviendrai la semaine prochaine, dans les instantanés qui défilent sous mes yeux, un trio se détache :

_ Celui qui constitue mon premier souvenir : C'était un baiser qui remonte à une époque où je n'étais que sériephile en devenir ("en formation"), où toutes ces implications - le feuilletonnant, l'attachement aux personnages, l'attente - étaient encore tellement nouvelles. C'était aussi une ère où je n'avais pas d'accès internet, ni les moyens de savoir si mes rêves d'apprentie-shipper seraient concrétisés par les scénaristes. C'est donc en quelque sorte une première fois dans ma téléphagie : avoir espéré le baiser et l'avoir vu se réaliser. Il s'agit du baiser de la réconciliation échangé entre Carol et Doug à la fin de la saison 3 d'Urgences.

 

_ Puis, il y a eu celui qui a marqué mon adolescence : Le premier baiser échangé entre Rory et Jess, dans la saison 2 de Gilmore Girls. Parce que, quoiqu'on en dise, pour moi, ces deux-là resteront toujours la paire qui aurait dû être, celle qui était la plus naturelle, la plus intéressante et la plus complémentaire. Ne me parlez pas de Dean ou de Logan. Je suppose que j'étais moi-aussi à l'époque dans une période où l'on se sent prête à fondre pour les bad boy.


_ Enfin, celui que j'ai le plus attendu : Sept longues saisons...! Oui, je vais vous parler d'A la Maison Blanche (The West Wing). Ce n'est pas une série qui a jamais centré son récit sur les relations amoureuses. Et quand elle s'y est risquée à l'occasion, cela a donné des résultats très contrastés. Mais elle ne pouvait pas se conclure sans offrir ce que tout téléspectateur savait et attendait : Josh et Donna consacrant (enfin) leurs sentiments dans l'euphorie d'une victoire électorale :

 

Cependant, ce n'est pas vers le petit écran occidental que je vais m'arrêter aujourd'hui (il fallait bien que cela arrive à un moment de ce TV Meme). Comme je vous l'ai dit, à mes yeux, c'est la dimension émotionnelle qui prime sur tout le reste pour faire du baiser un moment vraiment marquant qui restera graver dans ma mémoire. Et ce bref instant où j'ai l'impression de redécouvrir une fibre fleur bleue oubliée, au cours des deux dernières années, je l'ai trouvé sur un autre continent : l'Asie.

Oh, j'en conviens, vous y trouverez rarement des étreintes passionnées (et je peux comprendre, dans certains cas, les réserves de Tite Souris sur ce point). Cependant, quand je pense à un "baiser", je ne fais pas non plus référence à la rencontre incertaine et excessivement figée de deux lèvres qui s'effleurent par la magie de l'angle d'une caméra qui donne l'impression qu'elles se touchent. Je laisse aussi de côté tous ces baisers "accidentels" rattachés aux lois de la gravité, au ressort comique incertain. Je vous parle de ces scènes naturelles, impulsives ou non, souvent relativement chastes ou du moins en retenue, qui viennent consacrer et souligner un aspect sentimental qui est son coeur et sa raison d'être. Un baiser, c'est quelque chose qui n'est jamais banalisé dans ces séries. Un évènement qui ne peut pas être anodin. En investissant le registre de l'émotionnel avec la forme d'innocence propre à son écriture, elle en décuple finalement le ressenti du téléspectateur. Voilà pourquoi, dernièrement, ce sont ces baisers qui savent me toucher plus, ou du moins plus profondément.


Le dernier baiser à m'avoir ainsi marqué date de cet été 2010. Je vous en ai déjà parlé dans un bilan précédent, il nous vient de Corée du Sud : il se trouve dans l'épisode 8 de Coffee House.  (Désolée pour la qualité de la vidéo avec le logo de la chaîne flouté, il a fallu que j'aille jusque sur le web chinois pour vous la trouver.)

Ce passage vient conclure un épisode extrêment pimenté, où Jin Soo et Eun Young auront joué à l'excès sur des mises en scène et des manipulations volontaires à destination de leurs entourages respectifs, qui auront fait monter la tension entre eux durant toute l'heure. Dans sa représentation, il y a tous les classiques formels du baiser k-drama-esque : un certain degré d'inévitabilité couplé d'une impulsion soudaine d'un des deux personnages, une mise en scène théâtrale avec la caméra qui s'écarte pour nous présenter l'instant sous tous les angles, le lancement de la musique de l'OST associée aux moments romantiques. Outre le fait que ce couple m'a fait passer par tous les états au cours du drama, ce qui lui donne aussi sa force, c'est qu'elle s'inscrit parfaitement dans la narration globale. Bref, sur le moment, sans que je puisse vraiment vous l'expliquer de façon rationnelle, elle m'a juste complètement fait défaillir devant mon petit écran. Une illustration parfaite que c'est bien la dimension émotionnelle qui prime et l'emporte sur tout le reste à mes yeux. (Le pire étant que cette scène me procure toujours autant de frissons même au trentième revisionnage de ce seul passage.)

coffeehousekissensemble.jpg


Pour autant, en 2010, c'est un autre baiser, qui s'inscrit dans un registre différent, mais tout aussi intense, se trouvant dans un drama coréen datant de 2009 qui a pour moi frôlé la perfection à tous les points de vue : il se trouve dans City Hall.

Ici aussi, peut-être encore plus que dans Coffee House où la mise en scène avait son importance, c'est dans une forme de portée symbolique que se trouve la force de cette scène. A priori, si vous ne connaissez pas le drama, elle pourrait vous sembler banale. Mais c'est bien tout le contraire. Elle marque à plus d'un titre. Parce qu'il s'en dégage une assurance - ou un aplomb - pleine d'une douceur et d'une matûrité presque inattendues. Elle pose pour la première fois une rupture nette dans la dynamique de confrontation classiquement à l'oeuvre au sein de ce couple, à laquelle succède durant cette brève scène une tendresse jusqu'alors jamais consacrée. Ce contraste est d'autant plus frappant que le baiser est d'ailleurs opportunément précédé d'un échange plein de teasing, où Jo Gook teste les limites de Mi Rae, lui annonçant avec sa diffuse arrogance habituelle qu'il va lui donner une bonne raison de le gifler. Et pourtant, par cette scène, on perçoit bien que les deux franchissent en conscience une nouvelle étape dans leur relation.

cityhallkiss1.jpg

C'est donc ce baiser échangé entre Jo Gook et Mi Rae, dans l'épisode 14 de City Hall qui constitue mon "favorite kiss".

cityhallkiss2.jpg

06/09/2010

(Téléphagie) Les séries et la musique : le savoir-faire sud-coréen (part. 2)


ostkdrama1.jpg


Choisir des pistes musicales plaisantes, c'est une chose. Parvenir à les utiliser à propos, c'en est une autre. Or, à mes yeux, s'il est un pays qui manie à merveille cet art d'allier séries et musique, c'est la Corée du Sud. En fait, il existe généralement une forme d'osmose entre ces deux aspects qui engendre une réciprocité généralement bien maîtrisée, leur permettant de se mettre mutuellement en valeur. Le téléspectateur finit par associer et mêler les échos positifs de part et d'autre. C'est bien simple, depuis le début de l'année 2010, j'ai dû avoir autant de coups de coeur pour des OST de k-dramas qu'en une décennie entière de téléphagie occidentale. (J'avoue qu'il m'est même arrivée d'aimer la musique, sans apprécier le drama ; le dernier exemple que j'ai en tête est Road Number One.)

ostkdrama3.jpg

Un filon d'exploitation florissant

Ne cachons pas la dimension marketing liée à cette production : l'industrie sud-coréenne de l'entertainement maîtrise parfaitement toutes les ficelles. Pour bien comprendre les enjeux, il suffit de jeter un oeil sur les divers classements des singles les plus vendus/téléchargés sur les plate-formes légales chaque semaine. Par exemple, prenons la dernière synthèse des 5 grands sites de musiques du pays (Melon, Bugs, Mnet, Soribada, Dosirak)
qu'assure KPopNet4 de façon hebdomadaire, proposée pour la dernière semaine du mois d'août au pays du Matin Calme.

Dans le top 30 des singles, on retrouve rien moins que 7 singles issus d'OST de dramas. Le savoir-faire marketing est encore plus flagrant lorsque l'on analyse de près ces sorties, puisque ces 7 morceaux couvrent en réalité "seulement" 3 séries différentes. Tout d'abord, il y a les singles tirés du grand succès d'audience actuel en Corée du Sud, Baker King, encore représenté dans ce top 30 par 2 singles (alors même qu'ils sont présents depuis quelques temps déjà, une longévité à souligner). A ses côtés, le drama actuellement à son apogée musicale est incontestablement My Girlfriend is a Gumiho, lancé le 11 août dernier sur SBS, dont on retrouve rien mois que les 4 singles différents de l'OST dans le top 30. Les dates de sorties de ces derniers sont d'ailleurs significatives : les chansons ont été disponibles, respectivement, les 4 août, 11 août, 20 août et 25 août pour la dernière... Parlez-moi d'une campagne parfaitement orchestrée ! Mieux encore, le morceau d'OST le plus haut dans le classement (n°4) est rien moins qu'une entrée, pour le moins fracassante, relevant d'un drama dont la diffusion est prévue... pour le mois de novembre prochain. Il s'agit en effet du premier extrait de l'OST d'Athena : Goddess of War (le spin-off d'IRIS) dont SBS a lancé la campagne de promotion fin d'août.

Ces exemples illustrent parfaitement la réciprocité installée entre ces deux volets de l'entertainement sud-coréen et cette forme de complémentarité, mais aussi de dépendance qui existe, chacun pouvant être instrumentalisé pour promouvoir l'autre. Dans le cadre de My Girlfriend is a Gumiho, la série sert de tremplin de promotion pour les chansons (l'acteur principal est d'ailleurs l'interprète de la chanson du premier single - ainsi, la boucle est bouclée) ; dans le cadre d'Athena, c'est la chanson qui sert de mise en bouche.

ostkdrama2.jpg

La composition des OST : une recette bien huilée

Si les soundtracks des dramas font recette et que tout le monde y trouve finalement son compte dans la distribution qui s'opére, c'est aussi parce qu'elles n'ont généralement pas leur pareil pour séduire le public.

 A quoi ressemble l'OST "type" d'un drama ?

Une OST se compose généralement d'une partie de chansons et d'une partie de simples instrumentaux. Il est fréquent d'ailleurs de rencontrer dans l'OST plusieurs versions, instrumentale et chantée, du même morceau. Parmi les chansons, on trouve quelques reprises (l'import de "classiques" étrangers n'est pas rare, avec une certaine tendance anglo-saxonne), mais aussi des inédits conçus spécialement pour la série. La plupart des musiques d'une OST auront chacune un interprète différent, ce qui va donc multiplier les influences et les interventions sur une même soundtrack. On y croise généralement au moins un acteur (ou une actrice) de la série. Les carrières acteur/chanteur ne sont pas cloisonnées en Corée du Sud ; et même si ladite personne n'a jamais envisagé son futur dans la chanson, elle saura généralement pousser la chansonnette sans trop de difficulté. Par ailleurs, participent également des chanteurs et/ou groupes extérieurs, sans aucun lien avec le drama ; ils peuvent être déjà connus, prêtant ainsi une part de leur notoriété à la série, ou bien, moins présent sur la scène médiatique, ils vont se servir de la série comme tremplin personnel. Il y a une forme de donnant-donnant constat entre les deux sphères de l'industrie du divertissement.

 Quant aux chansons, la diversité de leurs styles ne doit pas cacher qu'à quelques variantes près, leur contenu reste fidèle à un grand classique : la thématique de l'amour impossible/la rupture/l'adieu demeure la grande source d'inspiration première de la plupart d'entre elles. Pour peu qu'on se penche un peu sur  les paroles, ces dernières sont généralement assez édifiantes. L'amour est au fond un thème qui transcende tous les genres et les styles de dramas. Cependant, il faut bien insister sur le fait que tous les genres musicaux sont représentés et explorés, de façon à s'adapter au mieux à la tonalité de la série. On y trouve ainsi beaucoup de balades mélancoliques appréciées dans le cadre des sempiternels mélodramas, mais aussi des morceaux très dynamiques, plus orientés variétés, destinés à mettre en valeur l'atmosphère légère des comédies. Il y aura également des chansons aux accents franchement épiques pour accompagner les séries historiques.

En règle générale, le morceau musical s'appréciera pleinement si l'on a vu le drama ; et ce, même si certaines chansons peuvent s'imposer de manière indépendante. Reste que l'association d'une mélodie au souvenir d'un moment téléphagique agréable demeure le plus sûr moyen de diffusion de ces OST, mais aussi une façon d'assurer leur pérennité. L'assimilation du morceau par le téléspectateur est de plus facilitée par sa récurrence au cours des épisodes : la simple répétition de l'écoute familiarisera toute oreille récalcitrante qui n'aura pas eu un coup de foudre instantané.

ostkdrama4.jpg


Aperçu de soundtracks : éclectisme et multiplicité

Examinons maintenant quels morceaux ont pu marquer mon parcours téléphagique au pays du Matin Calme.

L'instrument de prédilection des OST de kdramas est le piano. Rien de tel que son utilisation pour proposer des thèmes profondément touchants et mélancoliques, qui vous donneraient presque instantanément envie de fondre en larmes lorsque les premières notes retentissent. L'OST de Bicheonmu est à mes yeux une des plus abouties sur ce point (pas seulement parce que cette série est celle qui m'a sans doute tiré le plus de larmes). Comment ne pas frissonner et rester insensible devant la beauté mélancolique de cette superbe composition ? 

(Nocturne, par Park Ji Yoon)
OST du drama Bicheonmu

Autre exemple de piano doux déchirant : A song of sorrow, par Kim Bum Soo, issue du drama Damo. Cette approche chargée d'une extrême douceur n'est pas le seul registre musical permettant d'éclairer et de faire vibrer la fibre tragique d'un drama. Les sud-coréens maîtrisent toutes les nuances de ce genre, pouvant également proposer des chansons qui déboucheront sur un résultat tout aussi poignant, mais où le fond musical sera plus riche en instruments de musique diversifiés et où le rythme sera un peu plus tranchant. Toujours dans Damo, nous y trouvons le parfait exemple illustrant ces subtiles variations dans l'émotionnel :

(A song of devotion, par Page)
OST du drama Damo


Si le piano demeure un instrument apprécié, il faut préciser que son utilisation ne renvoie pas automatiquement à des morceaux mélancoliques ou tristes. En effet, couramment employé pour souligner et servir toutes sortes de tonalités, il peut également, par exemple, constituer le support de chansons entraînantes à souhait, en offrant en guise de refrain mélodieux, une petite ritournelle agréable à l'oreille :

(Blood tears, par Lisa)
OST du drama Gumiho : The Tale of the Fox's Child

 
Au-delà de ces questions instrumentales, plus généralement, il est facile d'affirmer que la Corée du Sud est le pays des ballades. On y croise toutes les variantes du genre, déclinées avec toutes les nuances possibles et imaginables. Il est rare qu'une OST de kdrama n'en contienne pas au moins une. Il est fréquent d'en croiser plusieurs. Pour les interpréter, les possibilités ne manquent pas. On n'hésite pas à mettre à contribution les acteurs de la série, mais on est aussi prêt à se tourner vers d'autres chanteurs, plus ou moins confirmés, ou à faire appel aux multiples groupes et autres boys bands qui sévissent dans l'entertainment coréen.
Exemple du degré d'imbrication entre l'industrie de la musique et celle de la télévision, dernièrement, Baker King a ainsi pu confier la conception d'une de ses chansons phares à Lee Sung Chul, un des chanteurs coréens les plus productifs en terme de ballades.

Dans ce style musical, l'approche la plus épurée - et peut-être une des plus agréable - demeure une valeur sûre : la ballade intimiste, où la sobriété est maître mot et où le fond musical se contente d'accompagner tout en douceur, une voix simple qui ne force pas. I am Legend a proposé, dans ce registre, une belle version mélancolique le mois dernier, avec une chanson interprétée par Kim Jung Eun. Mais une des premières à m'avoir marqué dans ce style est issue du drama On Air. On pourra remarquer que, sans doute à dessein, dans chacun de ces exemples, le morceau est interprété par l'actrice principale de la série : un choix pas si innocent et plutôt judicieux.


(Shadow, par Song Yoon Ah)

OST du drama On Air


Si l'identité musicale du drama se forge naturellement dans le cadre d'une ballade personnelle comme citée ci-dessus, c'est un peu moins vrai pour les ballades plus classiques. Elles ne
s'apprécieront sans doute vraiment que si l'on a visionné la série - car certaines donnent parfois le sentiment d'être un peu interchangeables -, associant ainsi des souvenirs à cette mélodie. Cependant, on croise aussi dans ce genre quelques petites perles assez marquantes qui vont sortir du lot. Parmi mes préférés, figure une belle ballade langoureuse à souhait, qui vint rythmer un drama un peu plus ancien, All in :

(Just like the first day, par Park Yong Ha)
OST du drama All in


Comme je l'ai dit, les kdramas ne se contentent pas d'exploiter les doubles compétences de leurs acteurs, ils recourent également à des artistes populaires, déjà installés. S'opèrera alors la jonction entre deux sphères a priori réellement indépendantes, l'industrie musicale et l'industrie télévisée. Cette collaboration permet de mêler le style musical de l'artiste sollicité avec la tonalité particulière du drama à mettre en valeur. Pour une comédie romantique assez légère et explosive, comme Coffee House, cela donnera un morceau de kpop entraînant et dynamique à souhait, penchant vers la variété :



(Page One, par SG Wannabe & Ock Ju Hyun)
OST du drama Coffee House


Toujours dans ce cadre, certaines des plus belles OST de kdramas sont nées de cette collaboration : le recours à ces chanteurs peut en effet aussi déboucher sur de superbes ballades musicalement abouties et qui sauront vous transporter. Un drama comme The Legend, qui propose dans son ensemble une des plus belles OST qu'il m'ait été donné d'écouter (ecléctique, particulièrement riche et très réussie), exploitera ainsi à merveille cette voie, avec une chanson où pointe une dose de merveilleux, teinté d'épique, qui sied parfaitement à cette série :


(Love song for a thousand years, par TVXQ (DBSQ))

OST du drama The Legend


Par ailleurs, on ne soulignera jamais assez à quel point tous les genres musicaux sont représentés. Certains dramas contiendront des petits morceaux très légers, tel Go Go Chan, dans Coffee Prince. D'autres morceaux investiront des styles un peu moins présents à l'écran, tel du r'n'b, dans City Hall :

(I'll believe in myself, par Jung In ft. Bizzy)
OST du drama City Hall


Les OST s'adaptent donc à la tonalité des séries, mais elles vont également se positionner par rapport aux époques relatées. Il y aura alors deux approches possibles : soit la musique va s'inscrire dans le prolongement de la période mise en scène, permettant ainsi d'accentuer le dépaysement, soit il y aura une rupture volontaire qui sera orchestrée, de façon à distiller une certaine ambivalence dans l'atmosphère de la série.

Pour ce qui est de la première hypothèse, un des meilleures illustrations se trouve dans l'OST de Capital Scandal. En écho au contexte des années 30, pour un drama se déroulant durant l'occupation japonaise, elle nous plonge dans un morceau swinguant à souhait :

(Kyung Sung Scandal, par Eru)
OST du drama Capital Scandal


Dans le registre des sageuk - les kdramas historiques -, on retrouve les deux grandes écoles au sein des productions. Soit il va s'agir d'exalter cette fibre épique contenue dans le drama, à la manière par exemple, de Jumong. Ou bien, certaines OST vont prendre le téléspectateur à contre-pied en optant pour des styles musicaux où pointe un flagrant anachronisme qui peut quelque peu déstabiliser dans un premier temps : parmi cette seconde tendance, on peut citer Damo et ses morceaux de krock endiablés, ou, plus récemment, Chuno (Slave Hunters).

Relevant de la première voie, voici un exemple d'envolée épique :

(Sesang-i nareul ora hane, par Insooni)
OST du drama Jumong

Relevant de la seconde voie, certains k-dramas vous prouveront avec beaucoup d'aplomb qu'une introduction type "chants grégoriens" qui enchaîne sur du rock endiablé en plein XVIIe siècle, et bien si, c'est possible...

(Change, par Gloomy 30's)
OST du drama Chuno (Slave Hunters)

De la même manière, toujours dans ce décalage anachronique, du rock électrique :

(Fate, par Kim Sang Min)
OST du drama Damo


Enfin, les dramas eux-mêmes parachèvent parfois la confusion des deux sphères musique et série, en intégrant l'univers musical directement dans les storyline. La série mettra alors en scène un chanteur ou bien un groupe fictif. Gloria, You're Beautiful, ou encore dernièrement I am Legend, rentrent tous dans cette catégorie. Et, une fois encore, cela ouvre un horizon particulièrement éclectique : il y en a pour tous les publics, et pour tous les goûts.

I am Legend propose des morceaux plutôt dynamiques, de la pop tendant vers  le rock, à l'image d'un de mes récents coups de coeur :

(Millions roses, par Come back Madonna)
OST du drama I am Legend


En mode Idols (boys bans), A.N.Jell aura été un groupe "fictif" particulièrement marquant et rentable, surfant sur le buzz et le "phènomène" You're Beautiful en fin d'année 2009 :

(I will promise you, par A.N.Jell)
OST du drama You're Beautiful

 

Pour conclure, en guise de dernière illustration de cette extraordinaire diversité des OST de k-drama, voici mon dernier gros coup de coeur du moment, issu de la soundtrack de My Girlfriend is a Gumiho, un morceau étrangement féérique d'où s'échappe comme une pointe de magie :

(Fox Rain (Sun Shower), par Lee Sun Hee)
OST du drama My Girlfriend is a Gumiho



En conclusion, j'ai envie d'insister sur le fait que la Corée du Sud n'est pas seulement un des pays qui propose les OST originales les plus abouties, avec des morceaux qui constituent et apportent une réelle valeur ajoutée à ses séries, soutenant ainsi leur contenu. Elle est aussi un des plus pragmatiques, faisant partie de ceux qui ont le mieux perçu tous les avantages à imbriquer ces deux volets, poussant la réciprocité entre musiques et séries à son maximum. Là où les Etats-Unis balbutient un Glee plus ou moins digeste, la Corée du Sud fait preuve d'une maîtrise globalement bien supérieure dans ce domaine.

Toutes les OST ne sont pas aussi marquantes que celles que j'ai pu évoquer ici, mais, dans l'ensemble, j'espère que cet article aura pu vous présenter un aperçu synthétique de la richesse de l'univers musical des kdramas, expliquant pourquoi il est à mes yeux le plus soigné parmi les nationalités dont le petit écran m'est familier.


Et vous, comment percevez-vous et ressentez-vous cet univers téléphagique musical du pays du Matin Calme ? Vous avez déjà poussé l'écoute des OST hors visionnage de la série ? Quelles sont les k-dramas qui ont pu vous marquer dans cette perspective ?

 

En complément, je vous conseille d'aller lire l'article d'Eclair sur Les OST de séries et de films coréens, ce dernier dispose en effet sans doute d'une vision d'ensemble plus complète, en raison d'un meilleur recul et d'une plus grande expérience sur tout ce qui touche à la Corée.

10/07/2010

(K-Drama) City Hall : une attachante série dans les coulisses de la politique, de la mairie à la Maison Bleue...



cityhall3.jpg

Comme je vous l'annonçais dans l'édito de ce mois de juillet (cf. à gauche), le "mercredi asiatique" est une case bien étroite pour contenir toutes les séries asiatiques dont j'ai envie de vous parler actuellement. La semaine blanche causée par la triste nouvelle de la fin du mois de juin n'a pas arrangé les choses. Par conséquent, je vous propose de profiter du, certes tout relatif, calme estival et du fait que je ne critique aucune série épisode par épisode en ce moment, pour déborder un petit peu et glisser quelques reviews de dramas en provenance du pays du Matin Calme (voire au-delà), en dehors du planning traditionnellement suivi par ce blog.

Aujourd'hui, je vais ainsi vous parler d'un drama que j'ai fini il y a déjà quelques semaines. Avec lui, nous remontons  un peu le temps, car il ne date pas de cette année, mais du printemps 2009. Diffusé sur SBS et composé de 20 épisodes, il figure, à mes yeux, parmi les jolies réussites de la saison dernière en Corée du Sud et mérite pleinement qu'un article, sous forme de bilan global, lui soit consacré. Il s'agit de City Hall.

cityhall2.jpg

City Hall est une série aussi rafraîchissante qu'enthousiasmante qui nous plonge dans les coulisses de la vie politique locale, et même nationale, à travers les destins croisés de plusieurs personnages aux parcours et aux motivations très différents. Nous y suivons le tourbillon rythmé des ambitions des uns et des autres, de la modeste mairie de la petite ville d'Inju aux rêves présidentiels les plus démeusurés, conduisant à la Maison Bleue (Parenthèse culturelle : La "Maison Bleue" est le nom utilisé pour désigner la résidence présidentielle, située à Séoul - de la même manière qu'on parle de Maison Blanche aux Etats-Unis. Elle doit son appelation aux tuiles bleues de son toit : cf. photo).

Tout débute avec la nomination d'un nouveau maire adjoint dans cette ville au parfum de ruralité qu'est Inju. C'est un jeune carriériste aux dents longues, Jo Gook, qui est désigné. Brillant et rompu aux manoeuvres politiques en tout genre, il est plein d'ambitions et parrainé par quelques puissantes figures politiques, dont l'emblématique "BB" (Big Brother). Le jeune homme débarque donc l'esprit déjà tourné vers des échéances nationales, prêt à actionner un agenda politique serré, sensé le conduire, à moyenne échéance, dans les plus hautes sphères du pouvoir, à destination du poste suprême de la vie politique sud-coréenne, la présidence.

Parallèlement, bien loin de ces rêves de grandeur abstraits, Shin Mi Rae mène la vie anonyme d'une secrétaire servant les cafés, dans les échelons les plus bas des employés de l'hôtel de ville d'Inju. D'une spontanéité parfois désarmante, elle se disperse entre services rendus à des amis et son quotidien familial, aux côtés de sa mère, stagnant sans véritable perspective de carrière dans sa branche professionnelle. Mais une initiative politique assez étonnante de la mairie, un concours de beauté ouvert aux habitantes de la ville, va l'entraîner dans un engrenage, où les évènements qui s'enchaînent vont prendre un tour des plus inattendus... A terme, s'ouvre devant elle une hypothétique carrière politique pour laquelle, en jeune novice encore mal aguerrie à ces usages, elle a tout à apprendre pour espérer remporter la mairie qu'elle va être encouragée à briguer. 

cityhallb.jpg

Initié sur un ton dynamique de comédie romantique légère, le drama mûrit, au fil des épisodes, avec ses personnages, gagnant en sobriété, tout en conservant une authenticité émotionnelle touchante qui m'a véritablement conquise.

C'est en effet dans sa dimension humaine que se trouve l'attrait majeur de City Hall. La série bénéficie de  l'alchimie qui se crée entre ses personnages, en particulier - assez logiquement - au sein de son duo principal. Si elle débute de la plus classique des façons, en se réappropriant les ficelles scénaristiques des romances teintées d'humour qui ne manquent pas à la télévision sud-coréenne, agrémentant ses premiers épisodes de passages burlesques et de clash inévitables entre les deux personnages centraux, la série va toutefois éviter les excès. En parvenant rapidement à établir un équilibre dans les rapports entre ses deux personnages, elle va donner une épaisseur, mais aussi une certaine subtilité, à cette relation hésitante qui s'esquisse progressivement sous nos yeux.

Si Jo Gook, par son assurance jamais prise en défaut et sa maîtrise du jeu politique, semble toujours garder le contrôle de la situation, Mi Rae impose, face à lui, sa personnalité, mais aussi ses valeurs. Elle devient rapidement bien plus qu'une énième déclinaison de l'héroïne ingénue dont les dramas de ce genre raffolent. Obstinée et consciencieuse, elle apprend de ses erreurs et ajuste son attitude. Finalement, sans jamais renier ses principes, le téléspectateur la voit grandir au fil de la série. Son ascension professionnelle, initiée au départ presque par hasard, va se trouver justifiée grâce à la dimension que prend le personnage à mesure qu'elle devient, tout simplement, adulte.

cityhalld.jpg

La force, mais aussi l'intérêt, de la relation qui s'établit peu à peu, presqu'à leur insu, entre Mi Rae et Jo Gook, est justement qu'elle n'est pas à sens unique. Cette réciprocité, de plus en plus affirmée au fil de la série, va leur permettre de s'épanouir et également de s'émanciper de mauvais réflexes du passé. Ils vont s'enrichir mutuellement, se fortifiant au contact de l'autre. Si cette maturation sonne si juste, c'est en partie en raison de la richesse de chacun des protagonistes. Loin d'être unidimensionnels, le drama n'hésite pas à mettre en valeur la complexité de leurs personnalité, soulignant les paradoxes qui peuvent les traverser et ces failles dont ils ont eux-mêmes conscience.

Derrière la simplicité de façade de Mi Rae se cache une jeune femme très sensible à l'intérêt général, qui comprend ce que signifie se mettre au service du collectif. Elle va trouver en elle la force de caractère nécessaire pour relever les défis qui jalonnent le lancement d'une carrière politique. L'aide Jo Gook sera nécessaire au départ, mais elle va progressivement s'émanciper, s'endurcissant à travers les épreuves et acquérant une saine indépendance des plus satisfaisantes. Elle s'impose pleinement comme une femme de poigne qui n'hésitera pas à aller à la confrontation pour faire triompher ses idées.

De façon similaire, les certitudes de Jo Gook vont être ébranlées par les nouvelles perspectives qui s'ouvrent dans sa vie. Rompu aux rouages de la politique, il découvre que l'ambition ne suffit pas pour donner l'étincelle qui fera la différence afin d'entamer son irrésistible ascension. Son arrogance ne peut éternellement masquer son absence de vision. Ce relativisme pragmatique dont il se fait le représentant le plus zélé - écho à bien des hommes politiques de nos sociétés modernes - n'est-il pas vain s'il ne peut distinguer le tableau plus vaste, que constitue un pays à gouverner ? S'il n'a d'autre guide que ses intérêts personnels, comment pourrait-il mener à bien un projet à l'échelle nationale ?

cityhalla.jpg

Ainsi, au-delà de son apparence de comédie romantique, City Hall est aussi une série initiatique, qui voit ses personnages grandir avec elle. Cette évolution est d'autant plus appréciable pour le téléspectateur qu'elle permet au drama d'aborder, avec une certaine maturité, l'immersion proposée dans un univers assez particulier, le monde politique. Bien entendu, City Hall ne renie pas l'idéalisme, parfois touchant, qui reste l'apanage de ce genre de séries sud-coréennes, mais elle ouvre malgré tout les portes des coulisses de la vie politique, tant locale que nationale, de ce pays.

Or, je vous ai déjà confié, notamment lorsque j'ai fait le tour de toutes les séries britanniques traitant du sujet, mon penchant pour cette thématique. Ce drama ne faillit pas à la règle : ce cadre contribue, de belle manière, à la densité et à l'intérêt de cette série. Jusqu'à présent, IRIS avait été ma seule occasion de pénétrer dans les couloirs de la Maison Bleue. Si l'occupation de ce bureau constite l'objectif avoué, dans City Hall, il est encore inaccessible. Nous nous situons ici dans les échelons plus bas de la vie politique. Le drama s'attache à nous faire découvrir,  avec sa tonalité toujours légère et rafraîchissante, tous les aspects de ce monde. Et c'est ainsi qu'il est efficacement rythmé par toutes ces péripéties politiques. Nous y suivons les protagonistes au cours de leurs campagnes électorales, municipales mais aussi législatives, jusqu'à leur gestion du quotidien d'un élu, ayant à sa charge une ville ou bien une circonscription qu'il doit représenter au plan national.

cityhalle.jpg

Sur un plan technique, City Hall bénéficie d'une réalisation chatoyante, agréable à suivre. Un peu à l'image du contenu du drama, on y retrouve cette petite impression sucrée, mais sans excès. Si, pour ma part, j'ai beaucoup apprécié la bande-son, qui est agrémentée de plusieurs chansons récurrentes vite entêtantes et cadrant bien avec l'ambiance globale, il faut quand même préciser qu'il y a sans doute une sur-exploitation de cet aspect formel. Les quasi "pauses" musicales, au sein des épisodes, sont en effet récurrentes. J'ai adhéré à cette façon de faire ressortir l'émotionnel, en partie en raison de mon attachement aux personnages, mais certains téléspectateurs pourraient sans doute juger que le réalisateur en fait parfois un peu trop.

Enfin, je n'ai que des compliments à adresser au casting de ce drama. Cha Seung Won (Bodyguard ; il sera aussi à l'affiche d'Athena en novembre prochain) est admirable d'ambivalence. Charmant les téléspectateurs avec le même aplomb que ses vis-à-vis dans la série, l'arrogance de son personnage n'en fait jamais quelqu'un d'antipathique ; au contraire. A ses côtés, Kim Sun Ah (My Name is Kim Sam Soon) s'affirme progressivement avec beaucoup de classe, partageant l'évolution suivie par son personnages. Lee Hyung Chul (On Air, Pasta), d'une sobriété toujours efficace, s'impose en conseiller avisé, tandis que Choo Sang Mi (Snow in August) s'amuse de son personnage invivable.

cityhallh.jpg

Bilan : City Hall est une série aussi rafraîchissante qu'attachante, qui doit beaucoup à l'alchimie existant entre ses personnages et à l'ambiance qu'elle réussit à créer. Comédie légère à ses débuts, romance ambivalente qui évite de trop en faire par la suite, elle mûrit au fil de l'évolution de ses protagonistes. Tandis que le cadre politique permet d'enchaîner les nouveaux défis et de maintenir un rythme dynamique, sans temps mort, le téléspectateur ne peut qu'être touché par l'authenticité émotionnelle qui se dégage de l'histoire racontée.

City Hall est ainsi un beau drama que j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre.


NOTE : 8,5/10


Une bande-annonce du drama :

Une des chansons de l'OST de la série (MV - contient des images "spoilers") :