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15/01/2011

[TV Meme] Day 20. Favorite kiss

On entame aujourd'hui le virage romantique de ce TV Meme avec, pour commencer, une question qui peut légitimer mille et une réponses différentes toute aussi justifiées : celle du baiser préféré. J'écris souvent que je ne suis pas quelqu'un de fleur bleue par nature, que les romances ont plus souvent suscité chez moi un profond ennui qu'une éphémère émotion... Mais derrière ce faux coeur de pierre, en y réfléchissant, je me surprends finalement à découvrir qu'il y a quand même une logique et une certaine sensibilité dans la manière dont je perçois ce type de passages romantiques.

Il faut dire que les baisers, il y en a de toutes sortes. Les passionnels qui nous font frémir, les attendus qui nous font fondre, les hésitants qui en deviennent touchants, les ratés qui nous font sourire, et même des involontaires qui donneraient plus envie de s'arracher les cheveux. Cependant, l'impact dudit baiser tient souvent bien plus au contexte dans lequel il s'inscrit, aux personnages qu'il implique, qu'à la scène elle-même qui va se dérouler sous nos yeux. Fatalement, celui qu'échangera un couple auquel on s'est attaché, pour lequel on a milité ("shippé") plus ou moins consciemment pendant des mois, voire des années, ne saurait nous laisser indifférent. La mise en scène a certes son importance, mais elle sera plus la cerise sur le gâteau que réellement déterminante dans nos souvenirs.

J'avoue que je n'avais jusqu'à présent jamais vraiment réfléchi sur mes rapports aux romances, et plus précisément à ces scènes de consécration amoureuse. Sans surprise, il y a tout d'abord un premier constat à faire : les baisers ne font pas partie des scènes qui me marquent traditionnellement et resteront associés à une série. La plupart du temps, elles figurent dans la colonne des images oubliées. Je me souviendrais que le baiser a eu lieu comme d'un fait, une avancée dans l'histoire, mais les images du passage auront disparu. (Quand je vous disais que je suis une grande romantique.)

En raison de cet obstacle mémoriel, si je remonte dans l'histoire de ma sériephilie, il y en a finalement assez peu qui sortent du lot. Ce qu'il fait qu'ils sont si particuliers, ce qui les rend différents, plus fondamentaux que les autres, c'est qu'ils ont laissé une empreinte émotionnelle, et c'est à ça que se raccrochent mes souvenirs. En laissant volontairement de côté un couple sur lequel je reviendrai la semaine prochaine, dans les instantanés qui défilent sous mes yeux, un trio se détache :

_ Celui qui constitue mon premier souvenir : C'était un baiser qui remonte à une époque où je n'étais que sériephile en devenir ("en formation"), où toutes ces implications - le feuilletonnant, l'attachement aux personnages, l'attente - étaient encore tellement nouvelles. C'était aussi une ère où je n'avais pas d'accès internet, ni les moyens de savoir si mes rêves d'apprentie-shipper seraient concrétisés par les scénaristes. C'est donc en quelque sorte une première fois dans ma téléphagie : avoir espéré le baiser et l'avoir vu se réaliser. Il s'agit du baiser de la réconciliation échangé entre Carol et Doug à la fin de la saison 3 d'Urgences.

 

_ Puis, il y a eu celui qui a marqué mon adolescence : Le premier baiser échangé entre Rory et Jess, dans la saison 2 de Gilmore Girls. Parce que, quoiqu'on en dise, pour moi, ces deux-là resteront toujours la paire qui aurait dû être, celle qui était la plus naturelle, la plus intéressante et la plus complémentaire. Ne me parlez pas de Dean ou de Logan. Je suppose que j'étais moi-aussi à l'époque dans une période où l'on se sent prête à fondre pour les bad boy.


_ Enfin, celui que j'ai le plus attendu : Sept longues saisons...! Oui, je vais vous parler d'A la Maison Blanche (The West Wing). Ce n'est pas une série qui a jamais centré son récit sur les relations amoureuses. Et quand elle s'y est risquée à l'occasion, cela a donné des résultats très contrastés. Mais elle ne pouvait pas se conclure sans offrir ce que tout téléspectateur savait et attendait : Josh et Donna consacrant (enfin) leurs sentiments dans l'euphorie d'une victoire électorale :

 

Cependant, ce n'est pas vers le petit écran occidental que je vais m'arrêter aujourd'hui (il fallait bien que cela arrive à un moment de ce TV Meme). Comme je vous l'ai dit, à mes yeux, c'est la dimension émotionnelle qui prime sur tout le reste pour faire du baiser un moment vraiment marquant qui restera graver dans ma mémoire. Et ce bref instant où j'ai l'impression de redécouvrir une fibre fleur bleue oubliée, au cours des deux dernières années, je l'ai trouvé sur un autre continent : l'Asie.

Oh, j'en conviens, vous y trouverez rarement des étreintes passionnées (et je peux comprendre, dans certains cas, les réserves de Tite Souris sur ce point). Cependant, quand je pense à un "baiser", je ne fais pas non plus référence à la rencontre incertaine et excessivement figée de deux lèvres qui s'effleurent par la magie de l'angle d'une caméra qui donne l'impression qu'elles se touchent. Je laisse aussi de côté tous ces baisers "accidentels" rattachés aux lois de la gravité, au ressort comique incertain. Je vous parle de ces scènes naturelles, impulsives ou non, souvent relativement chastes ou du moins en retenue, qui viennent consacrer et souligner un aspect sentimental qui est son coeur et sa raison d'être. Un baiser, c'est quelque chose qui n'est jamais banalisé dans ces séries. Un évènement qui ne peut pas être anodin. En investissant le registre de l'émotionnel avec la forme d'innocence propre à son écriture, elle en décuple finalement le ressenti du téléspectateur. Voilà pourquoi, dernièrement, ce sont ces baisers qui savent me toucher plus, ou du moins plus profondément.


Le dernier baiser à m'avoir ainsi marqué date de cet été 2010. Je vous en ai déjà parlé dans un bilan précédent, il nous vient de Corée du Sud : il se trouve dans l'épisode 8 de Coffee House.  (Désolée pour la qualité de la vidéo avec le logo de la chaîne flouté, il a fallu que j'aille jusque sur le web chinois pour vous la trouver.)

Ce passage vient conclure un épisode extrêment pimenté, où Jin Soo et Eun Young auront joué à l'excès sur des mises en scène et des manipulations volontaires à destination de leurs entourages respectifs, qui auront fait monter la tension entre eux durant toute l'heure. Dans sa représentation, il y a tous les classiques formels du baiser k-drama-esque : un certain degré d'inévitabilité couplé d'une impulsion soudaine d'un des deux personnages, une mise en scène théâtrale avec la caméra qui s'écarte pour nous présenter l'instant sous tous les angles, le lancement de la musique de l'OST associée aux moments romantiques. Outre le fait que ce couple m'a fait passer par tous les états au cours du drama, ce qui lui donne aussi sa force, c'est qu'elle s'inscrit parfaitement dans la narration globale. Bref, sur le moment, sans que je puisse vraiment vous l'expliquer de façon rationnelle, elle m'a juste complètement fait défaillir devant mon petit écran. Une illustration parfaite que c'est bien la dimension émotionnelle qui prime et l'emporte sur tout le reste à mes yeux. (Le pire étant que cette scène me procure toujours autant de frissons même au trentième revisionnage de ce seul passage.)

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Pour autant, en 2010, c'est un autre baiser, qui s'inscrit dans un registre différent, mais tout aussi intense, se trouvant dans un drama coréen datant de 2009 qui a pour moi frôlé la perfection à tous les points de vue : il se trouve dans City Hall.

Ici aussi, peut-être encore plus que dans Coffee House où la mise en scène avait son importance, c'est dans une forme de portée symbolique que se trouve la force de cette scène. A priori, si vous ne connaissez pas le drama, elle pourrait vous sembler banale. Mais c'est bien tout le contraire. Elle marque à plus d'un titre. Parce qu'il s'en dégage une assurance - ou un aplomb - pleine d'une douceur et d'une matûrité presque inattendues. Elle pose pour la première fois une rupture nette dans la dynamique de confrontation classiquement à l'oeuvre au sein de ce couple, à laquelle succède durant cette brève scène une tendresse jusqu'alors jamais consacrée. Ce contraste est d'autant plus frappant que le baiser est d'ailleurs opportunément précédé d'un échange plein de teasing, où Jo Gook teste les limites de Mi Rae, lui annonçant avec sa diffuse arrogance habituelle qu'il va lui donner une bonne raison de le gifler. Et pourtant, par cette scène, on perçoit bien que les deux franchissent en conscience une nouvelle étape dans leur relation.

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C'est donc ce baiser échangé entre Jo Gook et Mi Rae, dans l'épisode 14 de City Hall qui constitue mon "favorite kiss".

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22/09/2010

(K-Drama) Coffee House : une série touchante et attachante, mais au récit trop dilué


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S'il est toujours grisant de se disperser en découvertes exotiques, d'entreprendre mille et un chantiers téléphagiques, je ne trouve jamais assez de temps pour venir ensuite dresser un bilan des séries dont je vous ai présenté les premiers épisodes et dont j'ai continué le visionnage. Je profite donc d'une semaine où la rentrée américaine bat son plein - et où mon coup de coeur du moment est japonais (je vous en promets une review d'ensemble très prochainement, étant donné que la diffusion de ce jdrama s'est achevée il y a une semaine au Japon) - pour revenir sur une des comédies romantiques du printemps : Coffee House.

J'avais beaucoup apprécié le côté attachant et burlesque que les premiers épisodes de ce drama proposaient. Pour rappel, ma review de l'époque avait été celle-ci : Coffee House : ambiance caféinée pour une comédie romantique rafraîchissante. J'ai, depuis, achevé mon visionnage des 18 épisodes que comporte cette série : a-t-elle poursuivi sur la voie de ses convaincants débuts ? Et bien disons que je garde une impression mitigée de l'ensemble : un profond attachement qui ne s'est pas démenti, mais, à côté, une dilution continuelle du fil narratif dans le dernier tiers qui a été très dommageable.

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Versatile à l'excès, Coffee House aura multiplié les hésitations sentimentales, au point de nous proposer une situation finalement bien plus complexe qu'un classique triangle amoureux. En nous entraînant dans les coulisses du monde de l'édition, ce drama nous invitait à suivre les interactions, souvent explosives, d'un trio, puis quatuor, des plus hauts en couleurs. Jin Soo est un écrivain à succès, irascible et arrogant, qui tente vainement de distraire son ennui de façon pas toujours très fine. C'est pour cela qu'il a embauché Seung Yeon comme secrétaire, une jeune femme encore immature et ingénue, qui saura s'endurcir à ses côtés. Jin Soo entretient des relations chaotiques - mais pourtant fortes et, en un sens, très compréhensives - avec sa patronne, présidente de sa maison d'édition, Eun Young. Cette dernière s'est engagée sur une voie de célibat quasi-sacerdotal depuis que son ex-fiancé l'a trompée. Mais ce dernier n'a toujours pas baissé les bras et rêve d'une réconciliation.

Au final, d'une façon pas toujours pleinement maîtrisée et parfois excessivement naïve, Coffee House prend les accents d'une jolie leçon d'humanité, certes classique mais qui a pour elle de toujours rester très chaleureuse. Le téléspectateur suit avec une certaine indulgence et un brin d'amusement cet apprentissage sur la vie que chaque protagoniste va expérimenter au fil de la série, en y étant plus ou moins réceptif. Chacun aura l'occasion de mûrir en se découvrant, et en apprenant à identifier et comprendre ses sentiments, disposant ainsi d'une opportunité volatile de faire la paix avec le tourbillon émotionnel parfois très trouble qu'ils peuvent ressentir. Dans cette perspective, Coffee House présente donc tous les attraits d'une comédie romantique - peu d'originalité de ce point de vue par rapport aux canons du genre - ; son atout est d'être menée avec beaucoup d'énergie, mais aussi de savoir capitaliser sur un charme incontestable.

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Car le profond attachement du téléspectateur, qui ne se dément pas au fil de la série, est sans doute la fondation la plus solide sur laquelle repose ce drama. La complicité évidente entre les différents personnages, la manière dont leurs relations seront dépeintes et mises en scène, avec une petite touche toujours un peu pétillante, apportent incontestablement beaucoup de fraîcheur à l'ensemble. Mais surtout, il y flotte comme une dose de faux romantisme fleur bleue qui sied particulièrement bien à l'ambiance globale, prompte au burlesque facile, de Coffee House.

Alors même que je ne suis pas une téléspectatrice traditionnellement très sensible à cette dimension purement sentimentale, j'ai été véritablement prise par surprise par la façon dont ce drama, à travers quelques scènes parfaitement dosées, a su me toucher en plein coeur. Les séries sud-coréennes ont cela de magique qu'elles s'inscrivent dans l'émotionnel, disposant d'une capacité unique pour découvrir des cordes sensibles dont le téléspectateur ignorait jusqu'à l'existence. Naviguant quelque part entre une innocence narrative culturelle et des envolées sentimentales naturelles, certains k-dramas parviennent à créer une forme d'osmose émotionnelle, suffisamment rare pour être chérie. C'est toujours très personnel, ce ressenti variant d'un téléspectateur à l'autre. Mais Coffee House a été un de ceux-là pour moi. Même devant une série comme City Hall, qui m'avait pourtant considérablement remuée, je n'avais pas perçu une telle intensité.

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Doté d'un dynamisme très humain, le rythme de Coffee House bénéficie également de l'enchaînement de gags rocambolesques qui, en dépit de certains excès, prêteront plus d'une fois à sourire. Si les rapports entre Jin Soo et Seung Yeon sont propices aux caricatures, ils offrent aussi une base constamment renouvelée à un burlesque de circonstances. Peu à peu, cependant, la tonalité du drama évolue. Les gags s'espacent, devenant moins absurdes, à mesure que chaque personnage semble mûrir et, finalement, apprendre au contact de l'autre, même inconsciemment. Alors que la série se concentre alors prioritairement sur les états d'âme émotionnels de ses protagonistes, les scénaristes semblent alors perdre un peu la maîtrise de la construction narrative.

En effet, Coffee House s'épuise à tenter vainement de poursuivre sur son rythme initial de retournements de situation incessants. La durée de 18 épisodes apparaît trop longue pour l'histoire mise en scène. L'impression d'une dilution exacerbée de l'intrigue se ressent fortement ; d'autant que le téléspectateur se perd un peu dans les multiples changements d'orientation que la série se permet pour tenter de maintenir sa versatilité amoureuse. Cela devient plus poussif, mais aussi répétitif, perdant une partie de sa fraîcheur. Pour se rattraper, il restera la conclusion : tout dépendra alors de votre impression personnelle, suivant le couple que vous rêviez de voir finir ensemble. La question a suffisamment agité les fans lors de la diffusion pour avoir son importance.

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Sur la forme, Coffee House aura présenté une réalisation classique de comédie romantique, sans trop en faire. Ce sont les chansons issues de son OST qui m'auront sans doute le plus marquée, ayant passé une partie de l'été à les écouter en boucle. Rythmée et prenante comme l'ambiance initiale de ce drama, elles auront constitué un reflet parfait et entraînant, invitation musicale à suivre les errances amoureuses de ses héros.

Côté casting, il n'y a pas d'adjectif suffisamment louangeur pour qualifier l'interprétation de Kang Ji Hwan (Capital Scandal, Hong Gil Dong). Si j'avais déjà visionné d'autres dramas dans lesquels il jouait un des rôles principaux, c'est en revanche le premier dans lequel il s'impose avec autant de charisme. Même s'il avait laissé entrevoir cet aspect, par intermittence, dans Capital Scandal, il n'avait jamais été aussi constant. A ses côtés, Ham Eun Jung (du groupe T-ara) n'est sans doute pas la plus grande actrice qui soit et son jeu apparaît rapidement très stéréotypé. Cependant, elle bénéficie de la fraîcheur de son personnage pour s'en tirer honorablement. Quant à Park Si Yeon (My Girl, Story of a Man), même si j'ai pu lire beaucoup de reviews où elle fait rarement l'unanimité, c'est une actrice que j'apprécie. Elle poursuit sa progression et s'affirme dans des registres aux tonalités très différentes. Enfin, Jung Woong In aura investi avec beaucoup de conviction le registre plus comique de son personnage, s'en sortant très bien.

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Bilan : Profondément attachante, Coffee House laisse donc une impression au final mitigée. Dotée d'une capacité à toucher et à émouvoir la fibre la plus sensible du téléspectateur, elle fait preuve d'une richesse sentimentale à saluer. Cependant, les scénaristes s'égareront un peu dans la structure narrative de l'histoire, ne parvenant pas à maintenir l'équilibre du drama à mesure qu'il évolue vers plus de maturité. Le dernier tiers apparaît ainsi quelque peu répétitif, 18 épisodes constituant peut-être une durée trop longue.

Au final, même si j'ai été, par certains aspects, un peu déçue par cet étiolement, je ne regrette absolument pas d'avoir pu suivre ce drama. J'ai vraiment savouré certaines scènes délicieuses et j'en garde une profonde affection, ainsi que beaucoup de souvenirs très agréables.


NOTE : 6,5/10


Le bonus parodique final délicieusement décalé :

 

Une des chansons de l'OST :

06/09/2010

(Téléphagie) Les séries et la musique : le savoir-faire sud-coréen (part. 2)


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Choisir des pistes musicales plaisantes, c'est une chose. Parvenir à les utiliser à propos, c'en est une autre. Or, à mes yeux, s'il est un pays qui manie à merveille cet art d'allier séries et musique, c'est la Corée du Sud. En fait, il existe généralement une forme d'osmose entre ces deux aspects qui engendre une réciprocité généralement bien maîtrisée, leur permettant de se mettre mutuellement en valeur. Le téléspectateur finit par associer et mêler les échos positifs de part et d'autre. C'est bien simple, depuis le début de l'année 2010, j'ai dû avoir autant de coups de coeur pour des OST de k-dramas qu'en une décennie entière de téléphagie occidentale. (J'avoue qu'il m'est même arrivée d'aimer la musique, sans apprécier le drama ; le dernier exemple que j'ai en tête est Road Number One.)

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Un filon d'exploitation florissant

Ne cachons pas la dimension marketing liée à cette production : l'industrie sud-coréenne de l'entertainement maîtrise parfaitement toutes les ficelles. Pour bien comprendre les enjeux, il suffit de jeter un oeil sur les divers classements des singles les plus vendus/téléchargés sur les plate-formes légales chaque semaine. Par exemple, prenons la dernière synthèse des 5 grands sites de musiques du pays (Melon, Bugs, Mnet, Soribada, Dosirak)
qu'assure KPopNet4 de façon hebdomadaire, proposée pour la dernière semaine du mois d'août au pays du Matin Calme.

Dans le top 30 des singles, on retrouve rien moins que 7 singles issus d'OST de dramas. Le savoir-faire marketing est encore plus flagrant lorsque l'on analyse de près ces sorties, puisque ces 7 morceaux couvrent en réalité "seulement" 3 séries différentes. Tout d'abord, il y a les singles tirés du grand succès d'audience actuel en Corée du Sud, Baker King, encore représenté dans ce top 30 par 2 singles (alors même qu'ils sont présents depuis quelques temps déjà, une longévité à souligner). A ses côtés, le drama actuellement à son apogée musicale est incontestablement My Girlfriend is a Gumiho, lancé le 11 août dernier sur SBS, dont on retrouve rien mois que les 4 singles différents de l'OST dans le top 30. Les dates de sorties de ces derniers sont d'ailleurs significatives : les chansons ont été disponibles, respectivement, les 4 août, 11 août, 20 août et 25 août pour la dernière... Parlez-moi d'une campagne parfaitement orchestrée ! Mieux encore, le morceau d'OST le plus haut dans le classement (n°4) est rien moins qu'une entrée, pour le moins fracassante, relevant d'un drama dont la diffusion est prévue... pour le mois de novembre prochain. Il s'agit en effet du premier extrait de l'OST d'Athena : Goddess of War (le spin-off d'IRIS) dont SBS a lancé la campagne de promotion fin d'août.

Ces exemples illustrent parfaitement la réciprocité installée entre ces deux volets de l'entertainement sud-coréen et cette forme de complémentarité, mais aussi de dépendance qui existe, chacun pouvant être instrumentalisé pour promouvoir l'autre. Dans le cadre de My Girlfriend is a Gumiho, la série sert de tremplin de promotion pour les chansons (l'acteur principal est d'ailleurs l'interprète de la chanson du premier single - ainsi, la boucle est bouclée) ; dans le cadre d'Athena, c'est la chanson qui sert de mise en bouche.

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La composition des OST : une recette bien huilée

Si les soundtracks des dramas font recette et que tout le monde y trouve finalement son compte dans la distribution qui s'opére, c'est aussi parce qu'elles n'ont généralement pas leur pareil pour séduire le public.

 A quoi ressemble l'OST "type" d'un drama ?

Une OST se compose généralement d'une partie de chansons et d'une partie de simples instrumentaux. Il est fréquent d'ailleurs de rencontrer dans l'OST plusieurs versions, instrumentale et chantée, du même morceau. Parmi les chansons, on trouve quelques reprises (l'import de "classiques" étrangers n'est pas rare, avec une certaine tendance anglo-saxonne), mais aussi des inédits conçus spécialement pour la série. La plupart des musiques d'une OST auront chacune un interprète différent, ce qui va donc multiplier les influences et les interventions sur une même soundtrack. On y croise généralement au moins un acteur (ou une actrice) de la série. Les carrières acteur/chanteur ne sont pas cloisonnées en Corée du Sud ; et même si ladite personne n'a jamais envisagé son futur dans la chanson, elle saura généralement pousser la chansonnette sans trop de difficulté. Par ailleurs, participent également des chanteurs et/ou groupes extérieurs, sans aucun lien avec le drama ; ils peuvent être déjà connus, prêtant ainsi une part de leur notoriété à la série, ou bien, moins présent sur la scène médiatique, ils vont se servir de la série comme tremplin personnel. Il y a une forme de donnant-donnant constat entre les deux sphères de l'industrie du divertissement.

 Quant aux chansons, la diversité de leurs styles ne doit pas cacher qu'à quelques variantes près, leur contenu reste fidèle à un grand classique : la thématique de l'amour impossible/la rupture/l'adieu demeure la grande source d'inspiration première de la plupart d'entre elles. Pour peu qu'on se penche un peu sur  les paroles, ces dernières sont généralement assez édifiantes. L'amour est au fond un thème qui transcende tous les genres et les styles de dramas. Cependant, il faut bien insister sur le fait que tous les genres musicaux sont représentés et explorés, de façon à s'adapter au mieux à la tonalité de la série. On y trouve ainsi beaucoup de balades mélancoliques appréciées dans le cadre des sempiternels mélodramas, mais aussi des morceaux très dynamiques, plus orientés variétés, destinés à mettre en valeur l'atmosphère légère des comédies. Il y aura également des chansons aux accents franchement épiques pour accompagner les séries historiques.

En règle générale, le morceau musical s'appréciera pleinement si l'on a vu le drama ; et ce, même si certaines chansons peuvent s'imposer de manière indépendante. Reste que l'association d'une mélodie au souvenir d'un moment téléphagique agréable demeure le plus sûr moyen de diffusion de ces OST, mais aussi une façon d'assurer leur pérennité. L'assimilation du morceau par le téléspectateur est de plus facilitée par sa récurrence au cours des épisodes : la simple répétition de l'écoute familiarisera toute oreille récalcitrante qui n'aura pas eu un coup de foudre instantané.

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Aperçu de soundtracks : éclectisme et multiplicité

Examinons maintenant quels morceaux ont pu marquer mon parcours téléphagique au pays du Matin Calme.

L'instrument de prédilection des OST de kdramas est le piano. Rien de tel que son utilisation pour proposer des thèmes profondément touchants et mélancoliques, qui vous donneraient presque instantanément envie de fondre en larmes lorsque les premières notes retentissent. L'OST de Bicheonmu est à mes yeux une des plus abouties sur ce point (pas seulement parce que cette série est celle qui m'a sans doute tiré le plus de larmes). Comment ne pas frissonner et rester insensible devant la beauté mélancolique de cette superbe composition ? 

(Nocturne, par Park Ji Yoon)
OST du drama Bicheonmu

Autre exemple de piano doux déchirant : A song of sorrow, par Kim Bum Soo, issue du drama Damo. Cette approche chargée d'une extrême douceur n'est pas le seul registre musical permettant d'éclairer et de faire vibrer la fibre tragique d'un drama. Les sud-coréens maîtrisent toutes les nuances de ce genre, pouvant également proposer des chansons qui déboucheront sur un résultat tout aussi poignant, mais où le fond musical sera plus riche en instruments de musique diversifiés et où le rythme sera un peu plus tranchant. Toujours dans Damo, nous y trouvons le parfait exemple illustrant ces subtiles variations dans l'émotionnel :

(A song of devotion, par Page)
OST du drama Damo


Si le piano demeure un instrument apprécié, il faut préciser que son utilisation ne renvoie pas automatiquement à des morceaux mélancoliques ou tristes. En effet, couramment employé pour souligner et servir toutes sortes de tonalités, il peut également, par exemple, constituer le support de chansons entraînantes à souhait, en offrant en guise de refrain mélodieux, une petite ritournelle agréable à l'oreille :

(Blood tears, par Lisa)
OST du drama Gumiho : The Tale of the Fox's Child

 
Au-delà de ces questions instrumentales, plus généralement, il est facile d'affirmer que la Corée du Sud est le pays des ballades. On y croise toutes les variantes du genre, déclinées avec toutes les nuances possibles et imaginables. Il est rare qu'une OST de kdrama n'en contienne pas au moins une. Il est fréquent d'en croiser plusieurs. Pour les interpréter, les possibilités ne manquent pas. On n'hésite pas à mettre à contribution les acteurs de la série, mais on est aussi prêt à se tourner vers d'autres chanteurs, plus ou moins confirmés, ou à faire appel aux multiples groupes et autres boys bands qui sévissent dans l'entertainment coréen.
Exemple du degré d'imbrication entre l'industrie de la musique et celle de la télévision, dernièrement, Baker King a ainsi pu confier la conception d'une de ses chansons phares à Lee Sung Chul, un des chanteurs coréens les plus productifs en terme de ballades.

Dans ce style musical, l'approche la plus épurée - et peut-être une des plus agréable - demeure une valeur sûre : la ballade intimiste, où la sobriété est maître mot et où le fond musical se contente d'accompagner tout en douceur, une voix simple qui ne force pas. I am Legend a proposé, dans ce registre, une belle version mélancolique le mois dernier, avec une chanson interprétée par Kim Jung Eun. Mais une des premières à m'avoir marqué dans ce style est issue du drama On Air. On pourra remarquer que, sans doute à dessein, dans chacun de ces exemples, le morceau est interprété par l'actrice principale de la série : un choix pas si innocent et plutôt judicieux.


(Shadow, par Song Yoon Ah)

OST du drama On Air


Si l'identité musicale du drama se forge naturellement dans le cadre d'une ballade personnelle comme citée ci-dessus, c'est un peu moins vrai pour les ballades plus classiques. Elles ne
s'apprécieront sans doute vraiment que si l'on a visionné la série - car certaines donnent parfois le sentiment d'être un peu interchangeables -, associant ainsi des souvenirs à cette mélodie. Cependant, on croise aussi dans ce genre quelques petites perles assez marquantes qui vont sortir du lot. Parmi mes préférés, figure une belle ballade langoureuse à souhait, qui vint rythmer un drama un peu plus ancien, All in :

(Just like the first day, par Park Yong Ha)
OST du drama All in


Comme je l'ai dit, les kdramas ne se contentent pas d'exploiter les doubles compétences de leurs acteurs, ils recourent également à des artistes populaires, déjà installés. S'opèrera alors la jonction entre deux sphères a priori réellement indépendantes, l'industrie musicale et l'industrie télévisée. Cette collaboration permet de mêler le style musical de l'artiste sollicité avec la tonalité particulière du drama à mettre en valeur. Pour une comédie romantique assez légère et explosive, comme Coffee House, cela donnera un morceau de kpop entraînant et dynamique à souhait, penchant vers la variété :



(Page One, par SG Wannabe & Ock Ju Hyun)
OST du drama Coffee House


Toujours dans ce cadre, certaines des plus belles OST de kdramas sont nées de cette collaboration : le recours à ces chanteurs peut en effet aussi déboucher sur de superbes ballades musicalement abouties et qui sauront vous transporter. Un drama comme The Legend, qui propose dans son ensemble une des plus belles OST qu'il m'ait été donné d'écouter (ecléctique, particulièrement riche et très réussie), exploitera ainsi à merveille cette voie, avec une chanson où pointe une dose de merveilleux, teinté d'épique, qui sied parfaitement à cette série :


(Love song for a thousand years, par TVXQ (DBSQ))

OST du drama The Legend


Par ailleurs, on ne soulignera jamais assez à quel point tous les genres musicaux sont représentés. Certains dramas contiendront des petits morceaux très légers, tel Go Go Chan, dans Coffee Prince. D'autres morceaux investiront des styles un peu moins présents à l'écran, tel du r'n'b, dans City Hall :

(I'll believe in myself, par Jung In ft. Bizzy)
OST du drama City Hall


Les OST s'adaptent donc à la tonalité des séries, mais elles vont également se positionner par rapport aux époques relatées. Il y aura alors deux approches possibles : soit la musique va s'inscrire dans le prolongement de la période mise en scène, permettant ainsi d'accentuer le dépaysement, soit il y aura une rupture volontaire qui sera orchestrée, de façon à distiller une certaine ambivalence dans l'atmosphère de la série.

Pour ce qui est de la première hypothèse, un des meilleures illustrations se trouve dans l'OST de Capital Scandal. En écho au contexte des années 30, pour un drama se déroulant durant l'occupation japonaise, elle nous plonge dans un morceau swinguant à souhait :

(Kyung Sung Scandal, par Eru)
OST du drama Capital Scandal


Dans le registre des sageuk - les kdramas historiques -, on retrouve les deux grandes écoles au sein des productions. Soit il va s'agir d'exalter cette fibre épique contenue dans le drama, à la manière par exemple, de Jumong. Ou bien, certaines OST vont prendre le téléspectateur à contre-pied en optant pour des styles musicaux où pointe un flagrant anachronisme qui peut quelque peu déstabiliser dans un premier temps : parmi cette seconde tendance, on peut citer Damo et ses morceaux de krock endiablés, ou, plus récemment, Chuno (Slave Hunters).

Relevant de la première voie, voici un exemple d'envolée épique :

(Sesang-i nareul ora hane, par Insooni)
OST du drama Jumong

Relevant de la seconde voie, certains k-dramas vous prouveront avec beaucoup d'aplomb qu'une introduction type "chants grégoriens" qui enchaîne sur du rock endiablé en plein XVIIe siècle, et bien si, c'est possible...

(Change, par Gloomy 30's)
OST du drama Chuno (Slave Hunters)

De la même manière, toujours dans ce décalage anachronique, du rock électrique :

(Fate, par Kim Sang Min)
OST du drama Damo


Enfin, les dramas eux-mêmes parachèvent parfois la confusion des deux sphères musique et série, en intégrant l'univers musical directement dans les storyline. La série mettra alors en scène un chanteur ou bien un groupe fictif. Gloria, You're Beautiful, ou encore dernièrement I am Legend, rentrent tous dans cette catégorie. Et, une fois encore, cela ouvre un horizon particulièrement éclectique : il y en a pour tous les publics, et pour tous les goûts.

I am Legend propose des morceaux plutôt dynamiques, de la pop tendant vers  le rock, à l'image d'un de mes récents coups de coeur :

(Millions roses, par Come back Madonna)
OST du drama I am Legend


En mode Idols (boys bans), A.N.Jell aura été un groupe "fictif" particulièrement marquant et rentable, surfant sur le buzz et le "phènomène" You're Beautiful en fin d'année 2009 :

(I will promise you, par A.N.Jell)
OST du drama You're Beautiful

 

Pour conclure, en guise de dernière illustration de cette extraordinaire diversité des OST de k-drama, voici mon dernier gros coup de coeur du moment, issu de la soundtrack de My Girlfriend is a Gumiho, un morceau étrangement féérique d'où s'échappe comme une pointe de magie :

(Fox Rain (Sun Shower), par Lee Sun Hee)
OST du drama My Girlfriend is a Gumiho



En conclusion, j'ai envie d'insister sur le fait que la Corée du Sud n'est pas seulement un des pays qui propose les OST originales les plus abouties, avec des morceaux qui constituent et apportent une réelle valeur ajoutée à ses séries, soutenant ainsi leur contenu. Elle est aussi un des plus pragmatiques, faisant partie de ceux qui ont le mieux perçu tous les avantages à imbriquer ces deux volets, poussant la réciprocité entre musiques et séries à son maximum. Là où les Etats-Unis balbutient un Glee plus ou moins digeste, la Corée du Sud fait preuve d'une maîtrise globalement bien supérieure dans ce domaine.

Toutes les OST ne sont pas aussi marquantes que celles que j'ai pu évoquer ici, mais, dans l'ensemble, j'espère que cet article aura pu vous présenter un aperçu synthétique de la richesse de l'univers musical des kdramas, expliquant pourquoi il est à mes yeux le plus soigné parmi les nationalités dont le petit écran m'est familier.


Et vous, comment percevez-vous et ressentez-vous cet univers téléphagique musical du pays du Matin Calme ? Vous avez déjà poussé l'écoute des OST hors visionnage de la série ? Quelles sont les k-dramas qui ont pu vous marquer dans cette perspective ?

 

En complément, je vous conseille d'aller lire l'article d'Eclair sur Les OST de séries et de films coréens, ce dernier dispose en effet sans doute d'une vision d'ensemble plus complète, en raison d'un meilleur recul et d'une plus grande expérience sur tout ce qui touche à la Corée.

26/05/2010

(K-Drama / Pilote) Coffee House : ambiance caféinée pour une comédie romantique rafraîchissante


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En ce mercredi asiatique, je vais vous présenter une comédie romantique placée sous le signe d'une délicieuse arôme caféinée, parfum qui évoque toujours dans l'inconscient du téléspectateur quelques bons souvenirs du petit écran sud-coréen. Cette nouvelle série, diffusée sur SBS, les lundi et mardi soir, s'intitule Coffee House. Elle a débuté le 17 mai 2010.

Outre le casting, j'avoue que ce sont surtout les sympathiques affiches promotionnelles, mêlant café et écriture, qui avaient attiré mon attention sur ce drama que j'attendais donc avec une certaine curiosité. Et je crois bien que je n'aurais pas besoin d'aller chercher plus loin mon coup de coeur sucré et rafraîchissant des prochaines semaines, tant ces deux premiers épisodes furent un petit régal, une bulle d'air frais et de comédie légère et dynamique, comme la télévision coréenne sait si bien le faire lorsque les scénaristes parviennent à trouver un juste équilibre dans le canevas de narration classique exploité. Je me suis laissée charmer par cette ambiance, qui, si on s'en réfère aux dramas de cette année 2010, m'a un peu rappelé Pasta ; mais avec un petit quelque chose en plus.

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Coffee House se propose de nous plonger dans le monde de l'écriture, en nous entraînant dans les coulisses très animées d'une maison d'édition. Lee Jin Soo est un écrivain à succès, auteur de plusieurs best-sellers, mais dont les provocations mettent les nerfs de Seo Eun Young, la présidente de la société qui l'emploie, à rude épreuve. Après un énième faux-bond, exaspérée par ses excentricités, elle menace de le renvoyer et de le poursuivre en justice sur la base des multiples incartades qu'elle a dû subir et gérer au cours de la décennie écoulée. Pour aplanir les angles et revenir à un prudent statu quo dans lequel chacun trouve son compte, quoique les deux puissent prétendre à haute voix, Jin Soo soumet à Eun Young une nouvelle idée de roman, non seulement très intéressante, mais aussi potentiellement très rentable. Transigeant, la jeune femme décide alors de lui accorder un sursis de six mois pour lui laisser le temps d'écrire ce projet ; s'il ne parvient pas à respecter ce délai, elle mettra ses menaces d'action en justice à exécution.

Parallèlement, au cours d'une de ses escapades loin de ses obligations professionnelles, Jin Soo s'est réfugié, un jour de pluie, dans le café familial que tient Kang Seung Yeon, une jeune femme qui aide sa famille à s'en occuper en attendant de trouver un emploi. Vivant à travers les aventures romanesques romancées dans ses chers manhwas, Seung Yeun traverse une période difficile. Elle vient de rompre avec son petit-ami et sa famille lui reproche de plus en plus ouvertement de ne pas parvenir à gérer correctement sa vie, puisqu'elle cumule célibat et chômage. Si la première rencontre entre Seung Yeon et Jin Soo se révèle des plus rocambolesques, impliquant scènes de ménage, serrure défectueuse et autres tragiques mauvais timing, quelle n'est pas la surprise de la jeune femme lorsque l'écrivain la recontacte pour lui proposer un poste de secrétaire travaillant sous ses ordres. Grâce à un ami commun qui a su se montrer convaincant auprès de Jin Soo, Seung Yeon décroche un job très bien payé qui semble inespéré et qui devrait durer les six mois accordés par la maison d'édition. Mais la jeune femme va vite découvrir que ce poste n'est pas vraiment ce à quoi elle s'attendait et que, derrière ses apparentes bonnes manières, Jin Soo est un être plutôt invivable.

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La grande force de Coffee House réside incontestablement dans ses personnages. Chacun à leur manière, avec leurs défauts, leurs excès, mais aussi leurs paradoxes, ils se révèlent tous très attachants. Si chacun correspond à un stéréotype bien défini, le téléspectateur est agréablement surpris par la fraîcheur qui émane d'eux. Leurs portraits s'avèrent finalement plus subtiles que ce qu'on aurait pu penser a priori, bénéficiant d'une écriture assez fine et plutôt bien inspirée globalement. Tous ont leur part de dualité, leurs comportements n'étant pas dénués d'ambiguïtés. Cela permet donc d'obtenir des personnages très vivants, absolument pas figés, ni enfermés dans des caricatures.

Jin Soo est un écrivain de talent qui, dans le plus pur respect des canons de la télévision sud-coréenne, n'a pas un caractère des plus faciles. D'un naturel arrogant, perfectionniste frôlant l'obsession sur certains points comme la conception du café, et faisant preuve d'un effarant manque de savoir-vivre dès qu'on prend le temps de le connaître un peu, il présente pourtant à la face du monde une apparence courtoise, cachant ses réelles pensées derrière un faux sourire artificiel qui en trompe plus d'un. Tour à tour incarnation Darcy-esque ou homme arrogant pouvant faire des remarques vraiment blessantes lorsque le masque tombe, la dualité du personnage exerce rapidement une certaine fascination. Si ce type de série nous a habitué à la personnalité rugueuse, parfois très peu avenante, du personnage principal, le fait de jouer sur ces deux facettes (comme dans Pasta par exemple) apporte une nuance supplémentaire à l'ensemble et permet de trouver un équilibre entre les différents protagonistes.

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Au cours des deux premiers épisodes, les deux autres personnages développés sont les deux figures féminines centrales de la série. Seung Yeon, avec cette innocence propre aux héroïnes de comédies romantiques, revendique la naïveté dynamique d'une jeunesse qui n'a eu que peu l'occasion de se confronter à la vie réelle. Pleine de fraîcheur et de volonté, elle évite de tomber dans les excès pour se montrer assez attachante. A l'opposé, Eun Young, la présidente de la maison d'édition, navigue entre la femme d'affaires impitoyable ayant réussi et la jeune femme à la vie amoureuse en ruines, toujours marquée par un abandon de fiancé datant de plusieurs années. C'est aussi un personnage qui fait preuve de beaucoup d'ambivalence, notamment dans ses rapports explosifs avec Jin Soo qui sont une des réussites de ces épisodes. Entre incompatibilité de caractères et amitiés sincères, les deux jeunes gens se côtoient - se supportent, diraient certains - depuis plus de dix ans. Ils se connaissent l'un l'autre, presque plus qu'eux-mêmes ; et la façon, très volatile, avec laquelle leurs rapports sont traités ne manque pas de piment.

Ainsi, Coffee House se révèle comme une comédie fraîche, dont le dynamisme, qui ne se dément pas au fil de ces deux premiers épisodes, transmet au téléspectateur une bonne humeur contagieuse. Exploitant, avec une certaine réussite, un comique de situation dont plusieurs scènes auront réussi à me faire éclater de rire, la série évite d'en faire trop et de tomber dans une surenchère qui l'aurait alourdie, préférant entretenir une légèreté très agréable. Se réappropriant les codes scénaristiques des fictions du genre, elle s'amuse elle-même des ficelles qu'elle emploie. Pour cela, elle utilise notamment, avec parcimonie, la voix off de l'héroïne. Cette dernière, grâce à son imagination débordante et ses parallèles instinctifs avec les histoires des manhwas qu'elle dévore, est une narratrice sympathique, pas envahissante, mais qui permet de se jouer des clichés en les déconstruisant.

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Sur un plan formel, Coffee House est dotée d'une réalisation assez dynamique, n'hésitant pas à recourir à certains effets de style, petits ajouts typiques des comédies du genre. En revanche, la musique ne m'a pas particulièrement marqué pour le moment ; les quelques morceaux récurrents étant assez quelconque et oubliables.

Enfin, le casting, assez prometteur à l'origine, se révèle des plus solides. Les acteurs principaux sont pleinement entrés dans leur personnage dès le départ ; ce qui permet d'asseoir le récit. En tête d'affiche, nous retrouvons Kang Ji Hwan (Capital Scandal, Hong Gil Dong) qui réussit de façon plutôt convaincante à jouer sur l'ambivalence de Jin Soo. A ses côtés, Ham Eun Jung (sans doute plus connue des amateurs de k-pop) s'impose dans un registre rafraîchissant. Energique à souhait, Park Si Yeon (My Girl, Story of a Man) incarne la présidente de la maison d'édition qui emploie Jin Soo. Enfin, Jung Woong In interprète un ex-fiancé plutôt envahissant.

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Bilan : Ces deux premiers épisodes de Coffee House laissent entrevoir une charmante comédie, rafraîchissante et légère. On s'attache quasi-instantanément à des personnages non dépourvus de défauts, mais ayant aussi leurs ambivalences. Il se dégage de l'ensemble une ambiance sucrée et agréable, sur fond de péripéties rythmées, à laquelle il est difficile de ne pas adhérer. Tout en utilisant des ficelles scénaristes classiques, l'écriture de Coffee House se révèle plutôt subtile, avec plusieurs scènes vraiment bien inspirées. Pas de lourdeurs, relativement peu d'exagérations, des passages drôles et des relations entre les personnages volatiles à souhait : un cocktail sympathique comme les sud-coréens savent si bien le faire et qui prend instantanément !


NOTE : 7,5/10


Des bande-annonces de la série :