09/11/2012
(Mini-série UK) A very British coup : thriller de politique-fiction pessimiste à la fois glaçant et prenant
Ce mercredi soir (7 novembre 2012) commençait sur Channel 4, en Angleterre, Secret State, une mini-série s'inscrivant dans le registre prisé du thriller politique - les chaînes anglaises surfant depuis une décennie dans la voie ouverte par State of Play. Même si la lecture du synopsis semble de prime abord assez différent, il faut préciser qu'elle s'inspire d'un roman écrit au début des années 80 par un politique anglais, Chris Mullin, A very British coup. Cet ouvrage, relatant les destinées troublées d'un gouvernement travailliste et publié dans l'Angleterre Thatcherienne d'alors, a déjà donné lieu à une première adaptation qui figure parmi les quelques oeuvres clés de politique-fiction typiquement britanniques incontournables (que j'avais déjà évoquée dans mon dossier sur les séries & la politique en avril dernier).
Diffusée en 1988, également sur Channel 4, A very British coup comporte trois épisodes et est scénarisée par Alan Plater. Oeuvre pessimiste sur la réalité de la démocratie, elle a marqué son époque, mais se visionne encore très bien aujourd'hui. L'aura dont elle jouit toujours (les BAFTA et Emmy qu'elle a remportés y contribuant également) n'est pas usurpée. Avant de jeter un oeil au nouvel essai qu'est Secret State, permettez-moi donc de profiter de l'occasion pour revenir sur cet essai glaçant de politique-fiction qu'est A very British coup.
Les élections législatives du printemps 1989 sont remportées par le Parti Travailliste. Son leader, Harry Perkins, un homme issu d'un milieu populaire, représente les vues de l'aile gauche du parti. Parmi les mesures phares du programme qu'il entend mettre en oeuvre, figurent notamment la fin des monopoles dans les médias - et notamment la presse - de grands groupes capitalistes, l'organisation d'un désarmement nucléaire unilatéral ou encore la fermeture des bases militaires américaines existant sur le sol britannique. Il entend conduire sa politique avec une communication très ouverte, où le principe est de dire la vérité.
L'arrivée d'un tel gouvernement socialiste n'est évidemment pas du goût de l'establishment britannique, d'autant que Harry Perkins semble être un homme de conviction, droit dans ses bottes, qui n'est pas influençable. Rapprochés par des intérêts convergents, différents acteurs de l'ombre entrent alors en action dans les coulisses du pouvoir réel pour faire chuter ce Premier Ministre encombrant. Parmi ces opposants au sein desquels on retrouve aussi bien des magnats de la presse que des agents américains dont le pays s'inquiète pour ses intérêts en Europe, le directeur du MI5 s'impose comme une figure dominante du fait des ressources dont il dispose. Aristocrate représentant tout ce que Perkins souhaiterait changer dans la société, Sir Percy Browne se révèle être un adversaire dangereux. Tandis que dans le même temps le Premier Ministre ne peut guère compter que sur une poignée de fidèles pour tenter de mener à bien ses projets...
Regarder A very British coup aujourd'hui, c'est tout d'abord constater que si le propos de la mini-série n'a rien perdu de sa force, l'ensemble demeure représentatif d'une époque particulière, celle des années 80. Elle décrit l'arrivée au pouvoir de l'aile la plus à gauche du parti travailliste, avec un programme de campagne suscitant la peur du capital et provoquant une panique boursière. De même, les enjeux géopolitiques envisagés sont ceux d'une période où la guerre froide n'est pas encore achevée et où l'URSS existe encore. Les thèmes ici envisagés, telles la dénucléarisation ou la fin de la "special relationship" avec les Etats-Unis, ont des enjeux particuliers. De plus, l'histoire a été écrite et publiée - et la série diffusée - dans l'Angleterre conservatrice de Margaret Thatcher. Sa réception par le public de la fin des années 80 ne peut donc pleinement s'apprécier et se comprendre sans se replacer dans ce contexte global.
Pourtant, cette nécessaire recontextualisation n'amoindrit en rien le propos de A very British coup. Si une oeuvre comme House of Cards, quelques années plus tard, transposera magnifiquement à l'écran tout le cynisme et le machiavélisme de la lutte pour le pouvoir, il souffle sur cette mini-série un pessimisme ambiant plus marquant car il touche à l'essence même du régime démocratique. En montrant la réaction des élites et leur organisation contre celui qui a remporté les élections, le récit oppose à la volonté du peuple celle d'un pouvoir de l'ombre. La capacité d'action du politique se trouve ici activement réduite par ceux que l'attaché de presse de Perkins appelle lui-même les "real masters" du pays. En dressant le portrait d'une véritable oligarchie, avec un establishment prêt à tout pour protéger ses intérêts et tirant les ficelles en marge des élections, loin du regard des gouvernés, A very British coup trouve un écho qui parle toujours au téléspectateur de 2012, alors que les questions du poids du monde financier, de certaines instances ou de l'abandon de souveraineté n'ont pas quitté l'actualité.
Par ailleurs, A very British coup reste une fiction à la construction très efficace. Véritable thriller politique mettant en scène une partie d'échecs létale au sommet de l'Etat, la mini-série propose trois épisodes exécutés sans le moindre temps mort, où la lutte entre chaque camp ne cesse de s'intensifier. Perkins a beau se présenter devant les caméras comme un homme simple issu du peuple, il est d'une lucité à toute épreuve. Son expérience lui permet de parfaitement comprendre la réalité des rapports de force à l'oeuvre, identifiant les rouages en train de s'activer pour précipiter son échec. Ses adversaires sont coriaces, et leurs ressources, multiples, rendent le combat - on le devine d'emblée - trop inégal. Mais ce Premier Ministre, stratège qui lutte pour ses idées et qui reste un homme intègre n'entendant pas se compromettre pour le pouvoir, implique vraiment le téléspectateur à ses côtés. Ses confrontations avec le chef du MI5 sont d'une intensité bluffante, et sa faculté à retourner des situations semblant sans issue force le respect. Si on peut peut-être reprocher à certains passages de prendre quelques raccourcis, l'ensemble s'agence vraiment de manière glaçante.
Sur la forme, A very British coup a logiquement vieilli visuellement, sans que la mise en scène datée n'affecte en rien la portée d'une histoire qui repose sur la finesse et le côté percutant des dialogues. Surtout, il faut relever que la mini-série bénéficie d'une bande-son extrêmement riche, rythmée et envahissante à la manière d'une musique de campagne électorale. Elle s'avère toujours très efficace pour accompagner le récit.
Enfin A very British coup n'aurait sans doute pas eu un tel impact sans son casting extrêmement solide et convaincant. Il faut commencer par rendre hommage à Ray McAnally (A Perfect Spy) dont la performance en Harry Perkins est magistrale : il sait allier avec beaucoup de justesse et de subtilité la bonhomie apparente de l'homme politique et la finesse et la précision du stratège qui s'efforce de mener à bien ses projets, le tout en ayant une présence marquante à l'écran. Face à lui, Alan MacNaughton dirige les hostilités avec un flegme inébranlable et une main de maître (ce qui ne surprendra pas la téléspectatrice que je suis qui a tant savouré la manière dont il incarnait Sir Wellingham dans The Sandbaggers). Autour d'eux, on retrouve notamment Keith Allen, Geoffrey Beevers, Marjorie Yates, Jim Carter, Philip Madoc, Jeremy Young, Tim McInnerny ou encore Shane Rimmer.
Bilan : Exercice de politique-fiction très pessimiste sur la réalité et la nature du régime démocratique et des rapports de force qui s'y jouent en coulisse, A very British coup est une oeuvre de son époque, mais aussi une histoire qui trouve toujours un écho particulier de nos jours. Thriller bien construit mettant en scène un véritable coup d'Etat fomenté dans les coulisses feutrées des élites, loin du regard des gouvernés, cette mini-série n'a rien perdu de son efficacité, et les questionnements soulevés restent glaçants. Parmi les libertés prises avec le livre d'origine, il faut noter sa conclusion qui suggère de manière très amère l'échec de tous les protagonistes : la défaite de Perkins, comme celle du maintien de l'illusion démocratique.
En résumé, A very British coup est une oeuvre politique dont je recommande (encore aujourd'hui) le visionnage. Pour les curieux, elle existe en DVD en Angleterre (malheureusement sans piste de sous-titres, à réserver donc aux anglophones).
NOTE : 8/10
19:11 Publié dans (Mini-séries UK), (Oldies - 50s-80s) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : a very british coup, channel 4, chris mullin, alan plater, ray mcanally, alan macnaughton, keith allen, geoffrey beevers, marjorie yates, jim carter, philip madoc, jeremy young, tim mcinnerny, shane rimmer, roger brierley, bernard kay, oscar quitak, oliver ford davies, david mckail, kika markham, andy croft | Facebook |
27/12/2011
(UK) Downton Abbey, Christmas special episode : un passage réussi de 1919 à 1920
Au pied du sapin cette année, les chaînes anglaises gâtaient tout particulièrement leurs téléspectateurs, apportant chacune leurs cadeaux afin de parfaitement conclure Noël le soir du 25 décembre. A 21 heures, sur ITV1, un christmas special de Downton Abbey était ainsi offert, proposant de nous faire vivre les fêtes au sein de cette grande maisonnée.
Après la saison 2 mitigée diffusée cet automne, marquée par des choix scénaristiques discutables, j'attendais ce double épisode avec un mélange de curiosité (parce que mon attachement à la série demeure toujours aussi fort), mais aussi une certaine crainte (ne souhaitant pas assister à la répétition des mêmes erreurs).
L'objet de ce christmas special était double : il fallait offrir une transition à une saison 2 mélodramatique et éprouvante, avec un certain nombre de storylines en cours à préciser, tout en posant les orientations à venir pour la future saison 3. L'épisode va remplir ses objectifs en nous faisant vivre les fêtes de fin d'année 1919 à Downton Abbey, et le passage en 1920.
C'est l'occasion de découvrir quelles sont les traditions de la maisonnée, et comment les rapports entre maîtres de maison et serviteurs s'organisent durant cette période d'exceptions. Mais en dépit de la paix désormais revenue, les fêtes n'en demeurent pas moins obscurcies par le procès de Bates, accusé du meurtre de sa femme. Il risque la peine capitale s'il est reconnu coupable. Si l'ombre de ce drame potentiel plane sur les lieux, au sein même de la demeure, la réunion familiale exacerbe également les tensions, mais aussi les sentiments... Tandis que Rosamund se voit courtisée par un chasseur de fortune qu'elle considère comme un mari acceptable par défaut, les relations entre Mary et Richard se dégradent.
Downton Abbey retrouve indéniablement des couleurs au cours d'un christmas special qui renoue avec la magie des heures les plus fastes de la série. S'inscrivant dans la continuité directe de la saison 2, tout en ambitionnant de liquider certains éléments du passé qui n'ont que trop durer, l'épisode adopte cette construction chorale, rythmée et parfaitement huilée, qui était la grande marque de la série. La densité des storylines n'occulte ainsi pas la cohérence d'ensemble de leur développement. L'histoire est parfaitement mise en valeur par des dialogues, souvent savoureux et ciselés avec soin, qui trouvent le juste équilibre entre passages dramatiques et quelques piques légères qui font mouches.
Un des grands atouts de Downton Abbey demeure cette faculté à susciter l'empathie du téléspectateur, faisant vibrer son coeur comme rarement devant le petit écran. Ce christmas special est en effet un cocktail d'émotions plus intenses les unes que les autres. Avec ses hauts et ses bas, ses espoirs et ses désillusions, l'épisode fournit son lot d'instants poignants, mais aussi de scènes de vrai bonheur qui déposent un sourire béat sur nos lèvres. Fidèle à l'esprit des fêtes de fin d'année, sa structure est rapidement identifiable et relativement prévisible : il débute de manière plutôt pessimiste, pour finalement ensuite renouer avec l'espoir, que ce dernier se concrétise pour certains ou reste seulement au stade de l'esquisse pour d'autres.
La réussite de cette heure et demie, que l'on ne voit pas passer, est en fait de répondre admirablement bien à toutes les attentes légitimes du téléspectateur. A défaut de surprises, l'épisode est rythmé - de façon très soutenue - par des évènements et autres rebondissements qui s'enchaînent de manière logique. Fidèle à l'esprit de Downton Abbey, Julian Fellowes redistribue efficacement les cartes entre les protagonistes, sans chercher à prendre des détours ou des raccourcis inutiles qui accentueraient artificiellement les effets. L'impression d'une certaine transition et d'un retour aux sources est renforcé par le fait que le thème central de l'épisode semble être celui de la solidarité entre les maîtres et leurs serviteurs au sein d'une maisonnée unie par les difficultés, mais aussi par les célébrations.
Par contraste, toutes les pièces rapportées à l'occasion de ces festivités vont se retrouver en porte à faux par rapport à cet instant de communion. L'évènement clôturant la période, le bal des domestiques, est à ce titre hautement symbolique, représentant parfaitement ce moment. Downton Abbey apparaît alors comme un refuge contre les attaques à venir. Ce parti pris narratif est habile, car il ne fait qu'accroître l'attachement du téléspectateur à toute cette galerie de personnages. C'est à leurs côtés que l'on souhaite affronter la tempête médiatique future - sur Bates comme sur le scandale du diplomate turc -, laquelle ne fait que resserrer les liens entre les personnages. D'ailleurs, Mrs O'Brien continue de voir sa personnalité se nuancer, Thomas restant le seul toujours dépeint aussi négativement.
Enfin, c'est tout un paragraphe qu'il faut sans doute consacrer à la superbe scène finale qui vient conclure l'épisode. Elle est pour moi, sans conteste, le plus beau cadeau de Noël envisageable. Au cours de ces dernières années, Mary et Matthew ont été un des rares couples (potentiels) du petit écran, dont les échanges et la torture sentimentale vécue ont su littéralement me faire fondre. Ils éveillent mes plus primaires instincts shippers, et c'est donc avec une saveur toute particulière que j'ai visionné (et re(x3)visionné depuis) cette dernière scène qui nous fait quitter Downton Abbey sur la note la plus positive qui soit.
Oubliées les errances de la saison 2, Lavinia et Richard enfin derrière eux, l'éternel manque de synchronisation entre Mary et Matthew semble n'être, au moins pour cette nuit magique, plus qu'un mauvais souvenir. Tout au long de l'épisode, leurs vraies retrouvailles se sont imposées comme une évidence imminente. Mais la mise en scène du moment qui devait parachever cette évolution est vraiment réussie et confère à ce passage une magie supplémentaire : en extérieur, sur un manteau neigeux, entourés de flocons qui virevoltent autour d'eux, cette scène, quasi-féérique, est tout simplement magnifique.
Bilan : Episode de transition efficace posant des bases intéressantes pour la suite, qu'il s'agisse de la bonne nouvelle envoyée par Sybil à ses parents ou de la révision du procès de Bates qu'il va falloir obtenir, ce christmas special permet à Downton Abbey de renouer avec la magie originelle de ce superbe period drama, avec des dialogues ciselés et une construction narrative chorale bien maîtrisée. Offrant une heure et demie riche en émotions les plus contradictoires, l'épisode respecte à la perfection l'esprit des fêtes de fin d'année en se terminant sur une scène finale qui fait chavirer les coeurs et nous permet de dire au revoir à la série les yeux brillants de satisfaction.
Après cet épisode de réconciliation, le mot de la fin sera donc : vivement la saison 3 !
NOTE : 9/10
La bande-annonce de l'épisode :
(EDIT) Bonus : la scène finale entre Matthew et Mary :
13:24 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : downton abbey, itv, julian fellowes, hugh bonneville, maggie smith, elizabeth mcgovern, michelle dockery, dan stevens, penelope wilton, jim carter, phyllis logan, siobhan finneran, joanne froggatt | Facebook |
27/11/2011
(UK) Downton Abbey, saison 2 : tournant mélodramatique dans la tourmente de la Première Guerre Mondiale
Poursuivons les bilans sur les séries du petit écran anglais de ces dernières semaines, avec une review qui se sera révélée bien difficile à rédiger. Downton Abbey avait été un de mes grands coups de coeur (si ce n'est "LE" coup de coeur) de l'an passé ; un period drama aussi marquant que savoureux qui avait su me faire vibrer comme rarement. C'était donc avec une certaine impatience que j'attendais cette saison 2 qui a été diffusée cet automne sur ITV1. L'équilibre narratif, tant loué, allait-il perdurer ? La série allait-elle se maintenir à la hauteur d'une réputation qu'elle s'était forgée de façon très méritée ?
Tout l'enjeu de cette nouvelle saison aura été la négociation du tournant constitué par la Première Guerre Mondiale. La saison 1 nous avait quitté sur la déclaration de guerre de 1914, la suite nous plonge directement dans le conflit pour couvrir une période relativement étendue qui nous conduira jusqu'en 1919. La vaste demeure qu'est Downton Abbey va une nouvelle fois être le reflet des évolutions du pays, avec ses hommes au front, l'effort de guerre requis des civils et ses blessés qui affluent. Comment chacun va-t-il traverser, humainement et émotionnellement, ces bouleversements ?
La Première Guerre Mondiale agit sur Downton Abbey comme sur ses personnages : on y retrouve une perte d'innocence, en étant soudain confronté à la réalité d'un conflit qui fait peser une véritable épée de Damoclès sur certains personnages. La série embrasse un tournant mélodramatique qui se révèle souvent poignant, parfois même très éprouvant (les pyramides de kleenex construites lors du visionnage de certains épisodes sont là pour en attester). Plus que tout, le ressenti émotionnel demeure la dynamique centrale la série. Downton Abbey conserve en effet une faculté rare, celle d'être capable d'ouvrir et de toucher directement le coeur du téléspectateur. Elle peut nous émouvoir en simplement quelques lignes de dialogues ou en une scène symbolique parfaitement maîtrisée. Cette marque de fabrique reste une des forces de l'oeuvre.
Parallèlement, la saison 2 s'inscrit également dans une continuité revendiquée sur le fond. En dépit de tous les bouleversements traversés, les bases de la série demeurent invariables. Elles semblent même revendiquer une dimension presque intemporelle qu'elles acquièrent en raison du recours abusif à des ellipses qui nous font traverser les années sans en avoir pleinement conscience. Tandis que la guerre permet d'accélérer le tourbillon des changements sociaux, la frontière entre les deux milieux devient de plus en plus poreuse - le personnage de Sybie en restant le symbole le plus représentatif. De plus, la série continue d'explorer ses relations phares, lesquelles semblent vouées à ne pouvoir fonctionner : Mr Bates et Anna, Matthew et Mary... Mais en voulant trop protéger ces recettes inchangées, la série en perd la fraîcheur étonnante qui avait marqué sa première saison.
Si la saison 1 de Downton Abbey était un bijou, elle le devait non à son originalité - la série embrassait et s'appropriait les codes narratifs d'un period drama classique sans les remettre en cause -, mais pour l'équilibre fragile et précieux qu'elle avait su trouver. Semblable à une partition musicale parfaitement huilée, l'enchaînement des évènements et l'entremêlement des storylines avaient permis un parcours sans fautes. Au cours de cette saison 2, le sens du dosage se dilue, une part de la magie également. Les dialogues sont toujours aussi bien ciselés, mais il manque une spontanéité. Les ficelles narratives se retrouvent soudain comme exposées au grand jour. La série en devient prévisible, tant dans ses développements que dans ses retournements de situation.
Plus problématique, en poursuivant l'exploration des relations qui avaient constitué l'assise de la première saison, Downton Abbey tombe dans le travers de la répétition, en appliquant invariablement une même recette pour rythmer les rapprochements et éloignements de chacun. Au-delà du gênant sentiment de vanité qu'ont certaines des épreuves qui s'élèvent constamment sur la route de nos héros, le scénariste prend en plus la frustrante habitude de ne pas aller toujours au bout des storylines qu'il initie. Les problèmes soulevés ont trop souvent l'art de se résoudre en empruntant un raccourci facile, qui élimine l'obstacle d'une façon ou d'une autre, revenant brutalement au point de départ. En cédant ainsi au plus simple, la série perd également en nuances, certains comportements relevant alors plus de la caricature, voire sortant même du canon établi jusqu'alors par la fiction. La qualité se fait donc plus inégale.
S'il y a à redire sur le fond, il faut en revanche reconnaître que Downton Abbey demeure égale à elle-même sur la forme. Conservant toujours ce style particulièrement soigné et l'art d'une mise en scène où la caméra alterne habilement entre des plans larges, qui prennent la mesure des décors, et des passages au cadre plus serré permettant de souligner des scènes plus intimes. Ce savoir-faire permet une reconstitution historique appréciable, à saluer jusque dans les quelques scènes de guerre proposées. La clarté de la photographique accentue d'ailleurs cette impression quasi-enchanteresque qui fait de la série un plaisir pour les yeux.
Enfin, Downton Abbey continue de pouvoir s'appuyer sur un casting très solide qui donne vie à cette galerie éclatée de personnages si différents. Il est une nouvelle fois difficile de faire des choix devant une telle homogénéité, mais soulignons que ce sont souvent les femmes qui resplendissent le plus cette saison. Certaines s'affirment et évoluent favorablement, à l'image par exemple de Laura Carmichael dont le personnage d'Edith se nuance. Jessica Brown Findlay conserve une fraîcheur admirable à l'écran. Maggie Smith, fidèle à elle-même, bénéficie une nouvelle fois des quelques lignes les plus percutantes, celles qui emportent toute la scène dans laquelle elle joue. Par ailleurs, la sobriété de Brendan Coyle fait toujours des merveilles à l'écran. Enfin, pour conclure sur une note plus légère, il faut bien avouer que je ne suis décidément pas insensible au charme de Dan Stevens (au point de m'avoir fait regarder Have I Got News For You qu'il présentait ce vendredi...).
Bilan : La Première Guerre Mondiale permet à Downton Abbey d'embrasser un tournant mélodramatique au cours duquel la série, à l'image de ses personnages, perd une part de son innocence. Plus sombre et poignante que la première, elle aura su me faire vibrer émotionnellement comme peu de fictions en sont capables. Cependant, si cette deuxième saison reste fidèle aux thèmes qui ont fait la force de la série, c'est avec moins de subtilité qu'elle applique des recettes semblables. Devenue prévisible, la série ne parvient pas à dépasser ses schémas fondateurs, au risque de tomber dans une certaine répétition au parfum quelque peu vain.
Mais ne vous y trompez pas, si l'enthousiasme dithyrambique qu'avait suscité chez moi la première saison explique en partie cette review mitigée, Downton Abbey reste un très solide period drama, qui se repose habilement sur des personnages ne laissant pas indifférents. J'attends donc avec impatience l'épisode spécial de Noël qui sera diffusé le 25 décembre sur ITV1 !
NOTE : 7,75/10
La bande-annonce de la saison 2 :
11:10 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (13) | Tags : itv, downton abbey, julian fellowes, hugh bonneville, maggie smith, elizabeth mcgovern, michelle dockery, dan stevens, penelope wilton, jim carter, phyllis logan, siobhan finneran, joanne froggatt | Facebook |
18/11/2010
(UK) Downton Abbey, series 1 : un period drama aussi savoureux que luxueux
Meilleure nouveauté téléphagique anglo-saxonne de cet automne 2010, il était proprement inconcevable que je ne prenne pas le temps de rédiger une review en forme de bilan, tressant les louanges d'une des grandes et belles surprises de cette rentrée que fut Downton Abbey.
Succès public chaque dimanche soir sur ITV1, où elle a fédéré le public anglais en réalisant d'impressionnantes audiences, ce sera avec une plume d'autant plus légère que cette critique sera écrite. En effet, le téléspectateur a l'assurance de retrouver le quotidien de ce château et la vie de ses habitants l'an prochain, pour une saison 2, en bien des points parfaitement introduite par un final de saison 1 qui ouvre des perspectives narratives importantes, se concluant dans la torpeur de l'été 1914.
Si j'aborde cette review avec un entrain que j'espère communicatif, c'est que l'enthousiasme ressenti durant le visionnage du pilote de Downton Abbey ne s'est en réalité jamais démenti tout au long d'une saison, dont la richesse et la densité furent source d'une fascination constamment renouvelée pour cet univers codifié et coloré ainsi porté à l'écran. Où commencer, si ce n'est en évoquant la magie d'une écriture virevoltante et chatoyante, où les dialogues délicieusement ciselés se trouvent portés par une sobriété et une subtilité d'ensemble, qui construisent toute en nuances une atmosphère inimitable, que l'on ne peut réellement comprendre qu'en regardant un épisode.
Loin de la reconstitution historique descriptive et déshumanisée qui est un travers dans lequel tombent certaines fictions, c'est par sa vitalité revigorante que Downton Abbey s'illustre. Elle doit cela à la qualité de son écriture, mais également à la manière dont celle-ci va adopter une volatilité des tonalités des plus grisantes. Si la réalité de cette société rigide d'avant-guerre demeure une constante en arrière-plan, elle pèse sur les personnages sans jamais éteindre l'étincelle qui anime la série. Cette dernière demeure un drama au sens littéral du terme, mais la narration extrêmement vive lui permet d'alterner à bon escient, passages plus sombres, voire douloureux, et petits interludes résolument légers, où pointe un humour également tout en sobriété offrant une détente bienvenue au téléspectateur. L'intelligence et la vigueur des réparties de personnages toujours inspirés apportent une spontanéité, pleine d'authenticité, des plus prenantes. Si elle s'inscrit dans un registre tout en retenue, par cette forme d'imprévisibilité quelque peu enivrante qu'elle adopte, Downton Abbey se révèle ainsi plus pimentée que ce que son concept aurait pu laisser penser.
Cette ambiance rapidement addictive s'explique également par la dimension profondément humaine que développe la série. Car la réussite éclatante de Downton Abbey, c'est aussi de savoir instinctivement toucher le téléspectateur, d'être capable de l'impliquer immédiatement dans le quotidien du château en l'invitant à suivre les existences plus ou moins troublées d'une galerie de personnages particulièrement riche. Il règne comme une fausse impression de proximité vis-à-vis de chacun ; et si le téléspectateur se trouvera logiquement plus d'affinités avec les uns ou les autres, il s'investira pleinement dans les storylines, toutes plus ou moins liées, que la série présentera. Des jalousies plus ou moins maîtrisées aux peines de coeur, des problèmes d'argent aux basses vengeances qui ne rebuteront pas certains, c'est tout un quotidien coloré et intense, souvent passionné, voire passionnel, qui nous est dépeint. Si certains rebondissements pourront paraître à l'occasion un peu excessifs, le téléspectateur se laissera emporter sans peine par le souffle d'ensemble.
L'atout de Downton Abbey est de disposer de nombreux personnages qui sont, chacun, envisagés comme des individualités indépendantes, aux personnalités travaillées. Avec des figures fortes et quelques tempéraments hors normes, la série dispose d'un potentiel humain impressionnant qu'elle va s'attacher à pleinement exploiter, consciente qu'il représente une de ses forces. Certes, la série n'évitera pas l'écueil de quelques portraits plus unidimensionnels, qui pourront faire débat, comme Thomas, Mrs O'Brien ou encore l'attitude d'Edith. Mais le plus important demeure qu'à aucun moment, la série ne laissera indifférent un téléspectateur prompt à prendre parti dans les conflits qui s'esquissent ou les prises de position que certains adopteront. Par cet emploi à bon escient de ses personnages, et même si certains auraient gagné à être plus nuancés, la série réussit rapidement à gagner l'affectif du téléspectateur, acquérant un capital sympathie des plus confortables.
Cette animée galerie de personnages permet également à Downton Abbey d'assurer une reconstitution d'époque qui sonne authentique. Car cette fiction, à travers toutes les figures si diverses que le domaine rassemble, apparaît comme le reflet d'une société britannique en mutation, parcourue par des tensions, où le respect des traditions qu'incarne cette noblesse aux codes sociaux rigides, versant entre paternalisme et gouvernance, vient se heurter à l'apparition et à la consécration de nouvelles idées. Des suffragettes militant pour le droit de vote des femmes jusqu'aux socialistes, l'esprit tourné vers la lutte des classes, c'est au final un portrait excessivement riche et surtout très vivant d'une époque qui est dressé.
La série capte avec beaucoup de justesse ces frémissements vers les changements qui se font jour. C'est assez fascinant d'assister à l'évolution progressive des mentalités, particulièrement mise en exergue par ce parallèle que la série permet en faisant se côtoyer des protagonistes appartenant à des classes sociales si différentes. Car cette ébullition des idées conduit à terme à une émancipation inévitable, où chacun pourra ne plus considérer sa position sociale comme définitivement fixée ; une révolution des esprits dans un monde où pèse encore lourdement le poids d'une forme de prédestination des individus qui ne peuvent imaginer d'autres futurs que celui qui semble déjà tout tracé dès leur naissance. Avec la fraîcheur et la candeur qui lui sont propres, Sybil illustre à merveille toutes les ambivalences inhérentes à cette période de transition.
Period drama ambitieux et accompli sur le fond, Downton Abbey fait preuve de tout autant de maîtrise sur la forme. Dotée d'un accompagnement musical sobre des plus opportuns et s'ouvrant sur un générique qui donne immédiatement le ton et que l'on prend plaisir à retrouver, la série propose une magnifique reconstitution d'époque qui va ravir les yeux d'un téléspectateur immédiatement séduit par l'esthétique et la photographie de cette réalisation luxueuse. Au-delà des superbes costumes et d'un soin apporté aux détails de l'époque recréée, c'est sans doute le cadre du tournage qu'est ce château du Berkshire, le Highclere Castle, qui impressionne le plus, offrant un somptueux décor à l'histoire.
Enfin, il serait inconcevable de ne pas saluer le casting qui a donné vie à cette série. Un casting pour lequel il n'y a sans doute pas de compliments suffisamment louangeurs permettant de qualifier et d'applaudir la performance d'ensemble proposée. Parmi ces acteurs qui ont tous rempli avec beaucoup d'implication et de savoir-faire leurs rôles, s'il fallait n'en retenir que quelques-uns, je serais tentée de, tout d'abord, rappeler combien Maggie Smith est tout simplement extraordinaire à l'écran, combien Hugh Bonneville incarne à merveille cette figure parfaite du Lord ou encore combien Michelle Dockery a su prendre la mesure de l'ambivalence du personnage de Lady Mary. Mais ce serait injuste pour ceux que je n'aurais pas mentionné : donc saluons simplement cette réussite collective.
Bilan : Ambitieux period drama doté d'une écriture fine particulièrement bien maîtrisée, Downton Abbey est une réussite aussi bien visuelle que narrative. Derrière ses couleurs chatoyantes et ses dialogues savoureux, c'est une série profondément humaine dont les personnages, qui ne peuvent laisser insensibles, constituent le coeur. Délicieusement virevoltante, presque enivrante, elle s'impose comme une fiction aboutie, dépassant la simple reconstitution d'une époque pour parvenir à donner véritablement vie à ses protagonistes.
En somme, Downton Abbey se savoure sans modération. Une série à ne pas rater !
NOTE : 9/10
Le générique de la série :
20:41 Publié dans (Séries britanniques) | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : itv, downton abbey, julian fellowes, hugh bonneville, maggie smith, elizabeth mcgovern, michelle dockery, dan stevens, penelope wilton, jim carter, phyllis logan, siobhan finneran, joanne froggatt | Facebook |
01/10/2010
(Pilote UK) Downton Abbey : un somptueux period drama
Le 1er XXe siècle a décidément les honneurs du petit écran en ce début d'automne 2010, nous offrant pour le moment deux des pilotes introductifs les plus accrocheurs de cette rentrée occidentale. Alors certes, j'ai une fibre historique particulièrement sensible. Seulement, dans les deux cas, ces deux fictions se situent potentiellement dans un créneau bien plus large que la simple "série en costumes". On y trouve tant une réelle dimension humaine, qu'un reflet sociétal intrigant qui sait aiguiser la curiosité du téléspectateur.
Après HBO qui se propose de faire revivre l'Atlantic City du temps de la prohibition, c'est ITV qui nous présente un period drama somptueux, s'ouvrant en 1912. Un autre continent, un autre milieu et un autre genre, pour un même soin méticuleux apporté à la reconstitution d'époque. La chaîne anglaise a mis les petits plats dans les grands et semble avoir eu les moyens de ses ambitions, pour le plus grand plaisir d'un téléspectateur comblé tant par le fond que par la forme, au cours de ce premier épisode diffusé ce dimanche soir (26 septembre) en Angleterre.
Ecrit par Julian Followes, à qui l'on doit notamment Gosford Park, Downton Abbey s'ouvre dans l'avant-guerre, en 1912, sur un drame maritime resté dans les mémoires (et que ITV a justement pour projet de faire revivre au petit écran, avec le même Julian Followes aux commandes), le naufrage du Titanic. Les nouvelles de la tragédie touchent, au petit matin, le château qui va servir de cadre à la fiction. Downton Abbey fait office de luxueuse demeure pour Lord Grantham et sa famille. Elle est d'ailleurs juridiquement rattachée à ce titre de noblesse, liant ainsi l'immeuble au devenir du titre.
Or le drame survenu dans l'océan Atlantique ne va pas rester un simple fait divers impersonnel relaté par quelques lignes d'articles dans les journaux. En même temps que l'information est publiée dans la presse, un télégramme en provenance de New York apporte une triste nouvelle. Deux proches parents du maître de maison figuraient à bord du navire. Lord Grantham n'ayant eu que des filles, ils étaient ses uniques héritiers pour conserver Downton Abbey, ce lieu dans lequel ils se sont tant investis, au sein de l'entourage proche de la famille.
Une fois posé ce sujet d'héritage, source d'une préoccupation principale qui sous-tend l'ensemble de l'histoire, c'est par la pleine exploitation de sa dimension chorale que Downton Abbey acquiert un tout autre relief. Dotée d'une riche galerie de personnages, elle s'attache à individualiser et humaniser chacun, se préoccupant de la plus humble servante jusqu'au Lord à la tête de la maisonnée. Cet ensemble hétéroclyte, instantané d'une certaine réalité sociale d'époque, va faire la richesse de ce premier épisode, rythmé par des dialogues savoureux et des piques ciselées à merveille.
Cette heure se révèle être d'une densité et d'une volatilité admirables, créant et capturant parfaitement une ambiance intense, où la rigidité de la hiérarchie se heurte aux rapports de force constants qui se jouent en toile de fond, à tous les échelons. Ainsi, tandis que chacun s'inquiète pour le futur et ce nouvel héritier, cousin fort lointain et inconnu soudainement intronisé par le sort, ce sont aussi des tensions plus immédiates et concrètes qui agitent tous les protagonistes de ce petit monde ordonnancé à l'excès. L'arrivée d'un nouveau valet, Bates, ancien soldat qui cotoya Lord Grantham à la guerre, perturbe ainsi les conventions. Tandis que certains lorgnent sur son poste, d'autres se préoccupent des apparences : un semi-invalide, en raison d'une blessure, peut-il remplir cet office efficacement et sans dépareiller avec le decorum huilé quotidien ?
Le premier élément qui frappe donc lors du visionnage de cet épisode, c'est le caractère tellement vivant du tableau qui est ainsi dressé. Derrière ce cadre de reconstitution historique soignée, où certaines scènes versent dans un élégant théâtralisme, c'est en fait un fascinant dynamisme qui traverse toute la fiction. Face aux ambitions contrariées des uns et aux alliances de circonstances des autres, le téléspectateur se trouve comme happé dans un tourbillon de tensions contradictoires que la promiscuité de Downton Abbey exacerbe logiquement.
Par la vitalité et la versatilité de sa tonalité, Downton Abbey est une oeuvre remarquable à plus d'un titre : si le soin apporté à ce décor, riche en détails, est un plaisir pour les yeux, la maîtrise de la mise en scène et de la narration impressionne. Il se dégage en effet quelque chose de confusément grisant, presque enivrant, au sein de cet univers virevoltant. L'histoire peut n'être encore qu'au stade de l'exposition, les préoccupations juridico-financières peuvent paraître excessivement abstraites... mais l'ensemble posé semble tellement abouti que l'on se surprend à s'investir pleinement dans le quotidien présenté, sans faire le moindre effort conscient.
Si l'ambiance de la maisonnée est si bien dépeinte, c'est aussi grâce au travail réalisé sur les personnages introduits, dont les aspirations personnelles commencent à être esquissées dans ce premier épisode, comme un avant-goût des développements à suivre. Dotés de personnalités hautes en couleurs, tous s'imposent naturellement à l'écran. Aucun n'apparaît unidimensionnel. D'emblée, on perçoit les ambivalences ou les paradoxes des postures adoptées par ces protagonistes dont les portraits s'affinent au fil de l'épisode, donnant avant tout, pour le moment, une grande envie d'en savoir plus.
Cette dimension humaine très travaillée se renforce par le contraste rapidement évident, entre les apparences rigides du decorum et la réalité des coulisses du château. Sous la surface faussement aseptisée, où les convenances sociales ont été parfaitement intégrées, Downton Abbey dévoile un univers teinté d'ambiguïtés, bien plus complexe et, surtout, très impitoyable. Au-delà de l'intensité des sentiments et des jalousies entretenues, ce sont des rapports de forces subtils qui s'esquissent, captivant tout particulièrement le téléspectateur.
Abouti sur le fond, Downton Abbey l'est également sur la forme, proposant une photographie somptueuse et une belle réalisation particulièrement soignée. C'est un vrai plaisir pour les yeux que de suivre ce costume drama qui éblouit facilement le téléspectateur par sa reconstitution de l'intérieur de ce château. Le budget, conséquent, a été manifestement investi à bon escient. Le visuel est de plus accompagné d'une superbe bande-son, sublimant et soulignant certains passages, qui achève de vous transporter dans l'histoire.
Enfin, pour couronner le tout, les répliques délicieusement ciselées qui rythment l'épisode sont confiées à un casting cinq étoiles. Parler d'une distribution impressionnante est presque un euphémisme ; la performance est en plus à la hauteur des attentes suscitées : tout le monde est au diapason pour proposer de magnifiques interprétations. Pensez donc que l'on retrouve notamment à l'affiche : Hugh Bonneville (The Silence, Lost in Austen), Maggie Smith (Nanny McPhee and the Big Bang, Harry Potter), Elizabeth McGovern (Three Moons over Milford), Michelle Dockery (Cranford), Dan Stevens (Sense & Sensibility), Penelope Wilton (Doctor Who, Pride & Prejudice), Jim Carter (Cranford), Phyllis Logan, Siobhan Finneran (Benidorm), Joanne Froggatt (Robin Hood), Rob James-Collier (Coronation Street) ou encore Brendan Coyle (Lark Rise to Candleford).
Bilan : Downton Abbey est un somptueux costume drama dont le premier épisode est à la hauteur des ambitions formelles affichées. Reconstitution historique soignée, proposant des images qui sont un délice pour les yeux, elle s'impose par la densité et la richesse de son écriture. Les dialogues sont souvent savoureux, les personnages ambivalents mais fascinants. On perçoit une réelle dimension humaine, très travaillée, qui permet de sublimer l'instantané historique et social d'une époque. A savourer.
NOTE : 8,75/10
La bande-annonce de la série :
19:36 Publié dans (Pilotes UK) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : itv, downton abbey, julian fellowes, hugh bonneville, maggie smith, elizabeth mcgovern, michelle dockery, dan stevens, penelope wilton, jim carter, phyllis logan, siobhan finneran, joanne froggatt | Facebook |