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03/04/2013

(J-Drama) Made in Japan : le déclin du modèle industriel japonais

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"TV Show Mirrors a Japanese Battery Maker’s Bind" (The New York Times), "TV drama captures public angst at "Made in Japan" decline" (Reuters). Il est plutôt rare que des dramas japonais en cours de diffusion trouvent un écho jusque dans les médias anglo-saxons. Les articles qui ont été consacrés à Made in Japan démontrent combien les problématiques soulevées par cette récente mini-série de la NHK ont une résonnance particulière, qui interpelle dans la situation économique actuelle. Ce thème du déclin ou de la fin d'un modèle industriel revient d'ailleurs régulièrement jusque dans nos médias. C'est par une mini-série que la NHK a décidé de l'évoquer cet hiver.

Diffusé les samedi soirs sur NHK BS Premium du 26 janvier au 9 février 2013, Made in Japan est un drama qui compte 3 épisodes d'1h15 environ chacun. Sur le papier, les thèmes industriels et financiers peuvent paraître un peu arides pour servir de base à une fiction. Mais la télévision japonaise a démontré par le passé sa capacité à aborder, avec une qualité et une justesse à saluer, de tels sujets. On se souvient du magistral Hagetaka, ou encore de la perspective historique apportée par Fumou Chitai. Si Made in Japan s'inscrit dans une continuité thématique, autant vous prévenir : il n'atteint cependant pas la qualité de ses aînés. Ce qui ne signifie pas pour autant qu'il ne soit pas digne d'intérêt.

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Made in Japan met en scène les difficultés rencontrées par un des géants industriels nippons, Takumi Electronics (groupe fictif derrière lequel on peut deviner des groupes comme Sony). Confronté à un yen qui reste fort, à la crise économique, mais aussi à la montée d'autres puissances en Asie comme la Chine ou la Corée du Sud, le groupe est au bord de la faillite. Les banques songent à retirer leurs soutiens financiers, ce qui serait le début de la fin. Face à cette situation, le chairman de la société sollicite un de ses managers, Yagahi Atsushi, pour mettre en place une équipe de la dernière chance : il s'agit de concevoir un plan de restructuration d'urgence. La tâche a tout d'une mission impossible : ils ont en effet seulement trois mois pour proposer un projet viable.

Le futur de Takumi est notamment lié à la conclusion de contrats avec d'autres sociétés portant sur une batterie à lithium dernier cri, développée depuis des années au sein de son département de recherche. Mais une société chinoise, Laisheng, lance également la commercialisation d'une batterie similaire, qu'elle propose à un prix bien inférieur au constructeur japonais. Or Takumi découvre que les caractéristiques techniques du produit de Laisheng sont extrêmement proches du leur. Trop proches pour qu'il s'agisse d'un produit indépendant. En se rendant à Shangai pour y rencontrer le dirigeant chinois, Yahagi et ses collègues apprennent que l'ingénieur en charge du développement de la batterie chez Laisheng est un ancien responsable de la même mission chez Takumi...

Les tensions entre les deux compagnies s'exacerbent. Ce sont sa survie, le sort de dizaines de milliers d'employés, mais aussi une certaine conception de l'industrie japonaise, que Takumi joue sur ce dossier.

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L'intérêt de Made in Japan tient au thème traité : il est un miroir tendu vers une industrie japonaise, oscillant entre un certain volontarisme afin de continuer à aller de l'avant en quête d'un nouveau souffle, et une amertume diffuse qui se matérialise par le rappel, répétitif mais tellement vain, des années glorieuses où le modèle Takumi était à son zénith. A travers le portrait dressé, c'est le constat de conceptions industrielles désormais dépassées et prises de vitesse qui transparaît, avec des responsables qui s'illusionnent et se raccrochent à leurs anciens repères. Le drama fait le choix d'évoquer la concurrence chinoise, soulignant les oppositions de style et de culture des hommes qui font ces entreprises. Si la série s'adresse à un public avant tout japonais, elle ne sur-joue pas la fibre nationaliste. Le modèle auquel se réfère toujours Yagahi a, certes, fait sa fierté, mais tout dans le drama indique aussi qu'il appartient au passé, durement rattrapé par la réalité. Soulignant les impasses dans lesquelles s'enferme l'équipe de restructuration, mettant en exergue les décalages et incompréhensions entre les vieux réflexes et la situation concrète existante au niveau mondial, le drama décrit des réactions face à ce déclin acté. Cette mini-série dresse donc un portrait très intéressant du Japon actuel et de son milieu industriel.

Mais Made in Japan n'est pas juste un écho aux préoccupations japonaises, c'est aussi un drama. Or, dans ce registre de la fiction, tout en suivant une construction plutôt efficace, il révèle certaines limites. Le premier problème tient à l'approche choisie par les scénaristes : par crainte que les thèmes industriels et financiers ne soient trop abrasifs, ils n'ont pas hésité à verser dans le mélodrame. Cela s'est traduit par certains twists ou rebondissements personnels qui sonnent soit forcés, soit excessifs. Ne bénéficiant que de 3 épisodes, il y a peu de place pour installer de façon satisfaisante des personnages souvent juste esquissés. Il aurait mieux fallu que la fiction opte pour la sobriété et ne joue que sur le seul tableau industriel. L'autre limite tient au message trop apparent que Made in Japan entend faire passer : en filigrane, il s'agit de remobiliser, de redonner un espoir, pour retrouver, si ce n'est l'éclat d'antan, du moins une place de choix. Cela se ressent tout particulièrement dans la conclusion, où se concrétisent de nouveaux partenariats, de nouvelles ouvertures, notamment avec la Chine. Le passé est révolu, et cette redistribution des cartes s'accompagne de discours teintés d'un idéalisme presque moralisateur pour ce se tourner vers l'avenir. Il y a donc un certain manque de subtilité dans la thèse promue ici qui amoindrit la fiction.

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Sur la forme, Made in Japan s'appuie sur une réalisation sobre et très classique. Entre filtres de couleur et quelques plans en extérieur symboliques, le drama reprend les recettes les plus traditionnelles du petit écran japonais. Il se montre un peu plus entreprenant concernant sa bande-son, sans pour autant que ces choix soient toujours bien dosés ou convaincants. Un effort est cependant fait : comme un écho à l'histoire relatée et surtout à la diffuse amertume qui s'en dégage, on y croise des thèmes musicaux assez grinçants, et d'autres, plus solennels, comme en quête d'un nouveau souffle et d'un dynamisme perdu.

Les limites formelles de Made in Japan sont contrebalancées par la présence d'un très solide casting sur lequel le drama peut compter. Le personnage central, Yagahi Atsushi, est interprété par Karasawa Toshiaki (Fumou Chitai, Guilty Akuma to Keiyakushita Onna) qui a cette faculté - déjà soulignée dans Fumou Chitai - à interpréter des personnages à la fois très rigides et très expressifs (sans sur-jeu), source d'une ambivalence qui sied parfaitement au rôle qu'il tient ici. Il est entouré par quelques valeurs sûres du petit écran japonais, tels que Takahashi Katsumi (Koshonin, Ryomaden, Don Quixote) (qui incarne l'ancien employé de Takumi), Yoshioka Hidetaka (Dr. Koto Shinryojo) (le spécialiste financier) et Kunimura Jun (Soratobu Taiya, Saka no Ue no Kumo, Suitei Yuuzai) (l'ingénieur en chef). Plus en arrière-plan, on retrouve également Otsuka Nene, Sakai Miki, Kanai Yuta, Oikawa Mitsuhiro ou encore Kishibe Ittoku.

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Bilan : Traitant, avec beaucoup d'acuité, d'un sujet - le déclin du modèle industriel japonais - qui trouve un écho particulier dans l'actualité, Made in Japan est un drama très intéressant par ce qu'il révèle du Japon (et de la façon dont les Japonais conçoivent cette crise). Il oscille en permanence entre l'amertume d'un éclat passé définitivement révolu et la volonté d'aller de l'avant pour retrouver un dynamisme. Mais si son thème retient l'attention, le récit souffre de plusieurs limites qui amoindrissent cette mini-série : d'une part, un penchant au mélodrame pas toujours bien géré, d'autre part, un message en arrière-plan guère subtile pour re-mobiliser autour du "Made in Japan" et qui aboutit à une fin de compromis et d'espoir sonnant trop forcée et idéalisée.

En résumé, Made in Japan est un drama qui mérite d'être vu pour le portrait qu'il propose du Japon, mais qui est loin de la qualité et de la force dramatique d'un Hagetaka (si vous ne l'avez pas encore vu, permettez-moi de jouer les prosélytes : foncez !). Made in Japan reste cependant à conseiller à tous ceux qui s'intéressent au pays du Soleil Levant.

NOTE : 6,5/10

31/03/2013

(Pilote CAN) Orphan Black : des doubles, des secrets et des échanges d'identités

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Week-end de Pâques riche en changements dans mes programmes sériephiles printaniers (il faut bien mettre à profit ce lundi férié). Non seulement plusieurs séries signent un retour remarqué, avec la reprise de la saison 7 de Doctor Who hier et le début de la saison 3 de Game of Thrones ce soir, mais une nouvelle série que j'attendais avec une certaine curiosité débutait également, ce samedi 30 mars 2013, en Amérique du Nord : Orphan Black.

Deuxième série originale de BBC America après Copper, co-produite avec la chaîne canadienne Space, on retrouve derrière cette fiction deux Canadiens, Graeme Manson et John Fawcett (qu'on a déjà croisé derrière la caméra pour certains épisodes de The Border, The Bridge ou encore Lost Girl). Orphan Black a pour l'instant été commandée pour une saison de 10 épisodes. Sur le papier, elle semble avoir le potentiel pour s'inscrire dans la lignée des divertissants high concept de science-fiction canadiens, à l'image de Continuum l'an passé. Une impression confirmée par un pilote qui m'a donné envie de revenir pour la suite.

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Sarah est une jeune arnaqueuse débrouillarde qui n'a pas été épargnée par la vie. Orpheline, ne sachant rien de ses origines, elle a grandi en famille d'accueil, aux côtés d'un frère adoptif dont elle est toujours proche, Felix. Elle a aussi une petite fille, Kira, qu'elle n'a pas vue depuis 10 mois lorsque débute la série. La vie de Sarah est donc déjà passablement compliquée, avec un petit ami qu'elle vient de quitter violemment, en lui volant de la drogue qu'elle espère revendre pour recommencer ailleurs une nouvelle vie. Ses projets changent quand une jeune femme inconnue, mais lui ressemblant traits pour traits, se suicide sous ses yeux en se jetant sous un train. Elle va alors mettre le doigt dans un engrenage très dangereux.

En effet, perturbée par cette ressemblance frappante, mais aussi pragmatique, Sarah vole les affaires personnelles que son double a abandonnées sur le quai. Elle parvient ainsi à s'introduire chez Beth. Découvrant des relevés de comptes avec une forte somme, Sarah décide même d'aller plus loin dans l'arnarque en prenant pour un temps l'identité de la défunte afin d'accéder à l'argent. Mais Beth avait aussi son lot de problèmes : policière, elle était suspendue pour avoir abattu une civile. Sarah se retrouve prise malgré elle dans cette vie qui lui est étrangère. Puis, très vite, leur mystérieuse ressemblance acquiert une autre dimension lorsque Sarah rencontre encore une autre femme qui lui ressemble en tout point physiquement... et manque alors de se faire abattre. C'est dans le mystère de ses origines que doit se trouver la réponse à tous ces évènements.

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Orphan Black signe un pilote efficace et divertissant. La série se réapproprie, avec une tonalité bien à elle et un style à la fois simple et direct, des thèmes familiers qui laissent entrevoir du potentiel. L'univers esquissé intrigue, entremêlant des histoires de doubles destinées à nous faire explorer et repousser les limites connues de la science (le clonage se profile en arrière-plan), des secrets des origines jalousement gardés dans lesquels perce une pointe conspirationniste et des échanges d'identités qui requièrent un jeu compliqué de poker-menteur pour faire illusion... Les enjeux et les mystères entourant Sarah sont donc bien introduits, avec de nombreuses questions soulevées. Surtout, l'épisode installe une ambiance des plus plaisantes à suivre : la tonalité y est versatile, ce qui dynamise un peu plus une narration déjà bien rythmée, avec une histoire qui progresse vite. Le pilote joue en plus sur des changements de tons globalement bien maîtrisés, se ménageant des moments sérieux versant dans le registre du thriller, et des passages autrement plus légers qui tendent vers la dramédie.

Si le téléspectateur se prend aisément au jeu de ce divertissement à suspense, c'est aussi parce que Orphan Black peut compter sur une héroïne convaincante qui, dotée d'un sens de la débrouillardise aiguisé, révèle différentes facettes d'une personnalité tout en ombres et lumières. Sarah est quelqu'un qui s'est endurci au contact d'une vie où elle n'a pas eu beaucoup d'opportunités. Mais elle a aussi fait des choix discutables, comme celui de laisser sa fille derrière elle pendant presque une année. Elle n'aspirait à rien d'autre qu'un possible nouveau départ : son objectif en devenant Beth était simple, vider le compte en banque de la défunte, sans vraiment penser aux conséquences d'un échange d'identité. Or la voilà entraînée malgré elle dans des enjeux autrement plus complexes, qui la dépassent. La série tient là une figure centrale sur laquelle elle peut se reposer. Le seul autre personnage sur lequel le pilote s'attarde un peu est son frère adoptif, Felix, qui apporte une autre perspective sur les évènements. La complicité, existant entre les deux en dépit des reproches, est l'occasion d'humaniser des relations humaines qui restent dans l'ensemble assez froides (Sarah devant donner l'illusion aux connaissances de Beth).  

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Intriguante et efficace sur le fond, la série sait tirer le meilleur parti des moyens qu'elle a à disposition. Tournée dans les environs de Toronto, elle bénéficie d'une réalisation très correcte, s'adaptant aux contraintes matérielles. Sa photographie, avec des teintes à dominante froides, correspond bien à l'ambiance qu'elle essaie de construire. Le seul bémol à lui adresser sera sans doute du côté de la bande-son : les musiques, énergiques comme tout thriller qui se respecte, sont parfois assez envahissantes, avec des passages où tout paraît éclipsé derrière elles.

Enfin, Orphan Black dispose d'un dernier atout, son casting, ou plus précisément son actrice principale, Tatiana Maslany (World without end). Elle interprète l'héroïne, et toutes les différents doubles qui peut exister d'elle. Cela nécessite d'avoir les épaules suffisamment solides pour porter la série, et c'est un challenge qu'elle relève sans mal, apportant une vraie présence à l'écran, avec une vitalité appréciable. Du fait du format de la série, l'épisode tourne logiquement quelque peu au "Tatiana Maslany show", seul Jordan Gavaris (Unnatural History) tire son épingle du jeu dans ce premier épisode, en interprétant le frère adoptif de Sarah. On retrouve également Dylan Bruce (The Bay) qui incarne le petit ami de Beth), Maria Doyle Kennedy (The Tudors, Titanic), la mère adoptive de Sarah, ou encore Kevin Hanchard, le partenaire policier de Beth.

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Bilan : Orphan Black signe des débuts intéressants. Divertissement prenant et efficace, le pilote est plaisant à suivre grâce à une narration rapide et fluide, dotée une tonalité versatile qui fait toute sa fraîcheur. Signe que la série a des ambitions, il est aussi plutôt dense, avec de nombreuses questions soulevées et des thématiques à explorer qui balaient un large champs : pour certaines très personnelles, pour d'autres autrement plus mystérieuses. A la fin de l'épisode, l'histoire est bel et bien lancée, même si le concept annoncé, celui du clonage, n'est pas encore formellement introduit. Il faudra voir si la suite parviendra à conserver le bon dosage de cette introduction, sans s'essouffler. Mais la saison ne doit compter que 10 épisodes, et le potentiel est là. A suivre.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série :

29/03/2013

(SE) 27 sekundmeter snö (Vertiges) : huis clos suédois dans la lignée des oeuvres d'Agatha Christie

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Le billet du jour est dédié aux fiction policières. A la télévision tout d'abord, avec un rendez-vous pris ce soir, sur France 2, pour le retour des petits meurtres d'Agatha Christie. Cet épisode inaugure pour l'occasion un nouveau duo qui a la (difficile) tâche de succèder au commissaire Larosière et à l'inspecteur Lampion. J'espère en tout cas qu'elle aura su maintenir la dynamique qui avait pu me la faire apprécier l'automne dernier (je l'avais alors rattrapée en une dizaine de jours). Pour se faire une idée, la bande-annonce à voir par là.

En attendant, c'est une excursion plus nordique que je vous propose dans ma critique de ce soir : direction la Suède ! 27 sekundmeter snö (Vertiges en version française) est une mini-série comptant 2 épisodes d'1h30 environ, datant de 2005. Réalisée par Tobias Falk, il s'agit de l'adaptation à l'écran du premier roman, portant le même titre, de Kjerstin Göransson-Ljungman, publié en 1939. Encore inédite en France, cette fiction arrivera à partir du 13 avril prochain sur la chaîne Eurochannel, qui continue d'entrouvrir pour nous les portes de la culture européenne. 27 sekundmeter snö est un huis clos d'investigation, vite paranoïaque, sur lequel flotte un parfum s'inscrivant dans la lignée directe des Sir Arthur Conan Doyle et autre Agatha Christie. Avis aux amateurs.

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27 sekundmeter snö se déroule en Suède, en 1939, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Un petit groupe de personnalités très dissemblables se retrouve pour une excursion à ski à travers les montagnes suédoises. Guidé par un médecin, on retrouve parmi eux un entrepreneur au caractère peu abordable et sa fille, un couple marié, ou encore une actrice et son ami français. Soudain pris dans une violente tempête de neige, ils sont contraints de trouver refuge dans une bâtisse isolée tenue par une vieille dame, Frida, qui les accueille à bras ouvert.

Mais le sentiment de soulagement et de sécurité une fois bien installés dans leur abri sera éphémère : au cours de leur première nuit, l'entrepreneur est assassiné. Son corps est retrouvé sans vie, sur son lit, un couteau planté dans le dos. Coupé du monde par les éléments naturels qui continuent de se déchaîner dehors, le petit groupe a conscience que le meurtrier se trouve forcément parmi eux. Or ce ne sont ni les secrets, ni les tensions, qui manquent en leur sein. Tous ont aussi eu une opportunité d'accéder au lieu du crime cette fameuse nuit. Ils vont devoir mener l'enquête par eux-mêmes, pour espérer comprendre le mobile d'un tel acte et démasquer le tueur, afin de sortir indemnes d'un voyage où, confinés dans ce huis clos glacé, il devient aisé de glisser peu à peu dans une paranoïa dangereuse.

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27 sekundmeter snö affiche et reprend à son compte tous les ingrédients les plus classiques d'un whodunit à huis clos, avec l'invariable efficacité attachée à ce type d'histoire qui a l'art de piquer la curiosité de tout téléspectateur amateur de mystère. Initialement, elle débute sur une excursion à ski dont l'insouciance apparente sonne pourtant déjà un peu faux, comme si quelque chose se tramait en arrière-plan. Logiquement c'est à partir du meurtre que la mini-série décolle vraiment. L'énigme à résoudre est basique : "Qui a tué l'entrepreneur, dans sa chambre, avec son propre couteau ?" La particularité tient ici au fait que nul enquêteur officiel ne va intervenir sur place. La seule personne relativement neutre est la logeuse. Sans tergiverser, elle prend immédiatement ses responsabilités pour éclaircir cette affaire et découvrir le meurtrier, refusant d'attendre la fin de la tempête. A partir de cette base, 27 sekundmeter snö déroule ensuite une histoire simple et directe qui, en empruntant bien des fausses pistes, va nous conduire au tueur.

Le chemin vers la vérité ne sera pas aisé. Rapidement, tous les personnages dévoilent leurs ambiguïtés, avec des secrets qu'ils dissimulent plus ou moins bien. La mini-série joue à dessein sur ces dualités pour distiller une ambiance qui glisse vers une sourde paranoïa. En fait, tout le monde, ou presque, peut avoir un mobile ; tout le monde, ou presque, a eu une opportunité cette nuit fatale... Mais qui la vraiment saisit ? Des suspects les plus évidents à ceux qu'on n'ose point soupçonner au départ, mais qui, peu à peu, s'imposent comme une possibilité, 27 sekundmeter snö se construit une galerie de meurtriers potentiels dans la droite lignée des oeuvres qui l'ont précédée dans son genre. Il est facile de se prendre au jeu de ce mystère. Cependant, si l'ensemble se suit sans déplaisir, il manque quelque chose à la narration pour vraiment captiver. L'écriture montre des limites, notamment avec un rythme trop inégal où la tension peine à s'établir. Si bien que malgré du potentiel, 27 sekundmeter snö reste une déclinaison très scolaire de whodunit, esquissant un tableau froid et trop distant de personnages auprès desquels il est difficile de s'impliquer.

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Sur la forme, 27 sekundmeter snö joue sur le huis clos imposé par les conditions météorologiques pour construire cette ambiance qui éprouve les nerfs des différents protagonistes. La luminosité est faible dans le chalet ; derrière chaque fenêtre givrée, on aperçoit les éléments se déchaîner dehors. L'hostilité extérieure s'introduit dans la maison à partir de la découverte du meurtre. La tempête est un acteur influant sur le récit, tout d'abord en isolant les personnages. puis, lorsqu'elle cesse enfin. Le soleil revenu, chacun semble retrouver une sérénité un instant perdue dans la promiscuité trop oppressante du chalet. La mini-série joue ainsi sur les contrastes lumineux : les repères revenant dès que pointent à nouveau les premiers rayons du soleil, et que les terres enneigées éblouissent à nouveau à perte de vue. La musique joue quant à elle son rôle d'accompagnement, appuyant les tonalités des différentes scènes.

Côté casting, les limites de l'écriture dans la caractérisation des personnages pèsent sur les performances d'acteurs dont certains restent inégaux et un peu en retrait. Parmi les têtes familières du petit écran suédoise, il y a celui qui s'impose comme le leader du groupe, leur guide - et docteur : il est interprété par Jacob Ericksson dont ceux qui ont vu l'adaptation suédoise de Millenium se rappelleront peut-être (très occupé en ce début d'année 2013, puisqu'on a pu le voir dans Molanders ou encore dans En Pilgrims Död). A ses côtés, on retrouve une galerie disparate de figures qui vont venir, chacun leur tour, semer le doute dans l'esprit du téléspectateur : Elisabeth Carlsson, Jan Mybrand, Jamil Drissi (s'exprimant toujours en "français"), Livia Millhagen, Malena Engström, Mylaine Hedreul (Höök), Ulricha Johnson (Kommissarie Winter) ou encore Niklas Falk (Tre Kronor). Anders Ahlbom (Våra vänners liv) incarne celui qui va mourir assassiné, tandis que Gunilla Abrahamsson joue la logeuse.

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Bilan : Assumant pleinement ses influences Agatha-Christie-nnes, 27 sekundmeter snö se réapproprie les bases simples et classiques d'un whodunit à huis clos. Tout téléspectateur appréciant de tels récits d'enquêtes y retrouvera un parfum de mystère et une dynamique soupçonneuse caractéristique auprès desquels il est facile de se prendre au jeu pour les 3 petites heures que dure cette fiction. Cependant cette mini-série souffre de limites d'écriture, notamment dans la construction de sa tension, ainsi que dans le traitement de ses personnages, qui l'empêcheront de pleinement exploiter le potentiel offert par son cadre particulier. Si je l'ai suivie sans déplaisir, elle est sans doute à réserver aux amateurs du genre qui souhaiteraient tester une déclinaison nordique de ces ficelles whodunit.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la mini-série :

27/03/2013

(K-Drama / Pilote) The Virus : un classique thriller pandémique

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Hypocondriaques aux abris ! Le concept dans l'air du temps en ce printemps 2013 sur le câble sud-coréen, c'est la lutte contre les pandémies. La sériephile que je suis, qui a gardé un très bon souvenir de l'approche de ce sujet dans la série canadienne Regenesis (surtout de sa grande saison 1 !), ne pouvait que voir sa curiosité éveillée. D'autant qu'en dehors de leurs synopsis aux influences communes, les deux chaînes à s'essayer à ce genre ont généralement des styles et des approches très différents. Je ne vais pas vous cacher que le drama que je suis la plus curieuse de découvrir est celui de jTBC, The End of The World. Mais en attendant d'éventuels (hypothétiques ?) sous-titres anglais, c'est vers The Virus que je me suis tournée.

Ce dernier, dont dix épisodes sont prévus, est diffusé depuis le 1er mars 2013 sur OCN. Si cette chaîne du câble ne convainc pas toujours dans les genres auxquels elle s'essaie, il faut reconnaître malgré tout qu'elle a su se forger une identité propre ces dernières années dans le petit écran sud-coréen, de Vampire Prosecutor à Special Affairs Team TEN (dont la saison 2 arrive le moins prochain à l'antenne), en passant par Hero. La voir s'attaquer au thriller pandémique suit donc la logique de sa politique de fictions, surtout au vu de l'approche très calibrée - et sur certains points, assez limitée - que laissent entrevoir les deux premiers épisodes de The Virus.

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Suivant la tradition du genre, The Virus s'ouvre sur un flashforward aux accents dramatiques : son personnage principal, Lee Myung Hyun, y est poursuivi par la police. Il affirme qu'il faut reprendre tous les éléments de l'enquête autour de ce virus qui a commencé à se propager moins d'un mois auparavant. Acculé sur le toit d'un immeuble, il manifeste soudain les symptômes inquiétants (et plutôt spectaculaires) de la maladie. Le drama nous ramène alors quelques jours auparavant, au tout début de la crise sanitaire : appelés pour un incendie dans un centre médical, des pompiers y découvrent des cadavres dont la mort n'est pas liée au feu. Très vite, ceux qui sont intervenus sur les lieux meurent à leur tour...

Comme il ne fait aucun doute qu'un virus est à l'oeuvre, le CDC sud-coréen (Center for Disease Control) est appelé pour enquêter. L'équipe d'investigation, dirigée par Lee Myung Hyun, doit faire face, avec des moyens humains et logistiques restreints, à une maladie qui semble fatale dans 100% des cas, et suit un mode de transmission identique à celui de la grippe. Un risque important de très grave pandémie pèse sur Séoul. Cependant les politiques sont pour le moment surtout préoccupés par la préservation de l'image de la Corée du Sud. Ne voulant pas alarmer le public, ils préservent le secret. Les cas qui sont reportés laissent pourtant à penser qu'un individu infecté et contagieux, mais qui semble résister à la maladie, se déplace inconscient du danger qu'il représente. Le CDC se lance dans une chasse à l'homme pour ce "patient zéro" qui peut être la clé de tout.

Quelle est l'origine de ce virus et qu'est-ce qui se cache réellement derrière cette pandémie ? Quel sera le sort de Lee Myung Hyun ? Autant d'enjeux auxquels The Virus va tâcher d'apporter des réponses.

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S'il existe quelque part un manuel type de la fiction sur une catastrophe pandémique, The Virus applique à la lettre le classique cahier des charges qu'il fournit. Mettant en scène avec insistance la propagation contagieuse du virus, distillant les doutes et les questions sur l'origine de la maladie en se ménageant une voie possible vers le conspirationnisme, et pointant une hiérarchie et un gouvernement frileux et médiocre, recroquevillé sur l'idée qu'il faut avant tout éviter de nuire à l'image du pays, ce drama bénéficie de l'efficacité toute mécanique que lui offre son concept. La recette est calibrée à souhait, le rythme plutôt rapide permettant de retenir l'attention. Le scénario ne recherche pas l'innovation : les développements sont très prévisibles, et auront sans doute un air de "déjà vu" pour quiconque un tant soit peu familier avec ce type de récit.  Cependant il faut reconnaître que l'ensemble apparaît globalement assez huilé, assumant tous les poncifs qui sont empruntés. La curiosité du téléspectateur est au final aiguisée par l'énigme qui s'esquisse sous ses yeux.

Partant donc sur des bases correctes - sans marquer - dans le registre du thriller, l'écriture de The Virus révèle des limites plus criantes et problématiques quand elle touche aux personnages mis en scène. Plus que l'énième déclinaison de l'immuable héros "chevalier blanc froid et pas toujours diplomate seul contre sa hiérarchie" proposée, ce qui pose plus généralement souci, c'est le fait que tous les personnages apparaissent unidimensionnels, avec un travail de caractérisation à peine minimal qui confine à la transparence. Ces problèmes sont également perceptibles quand le drama tente - un peu vainement - d'humaniser son récit et de faire gagner en consistance ses protagonistes. C'est avec un manque criant de subtilité que la série est alors capable d'enchaîner sans transition des scènes très froides et des passages où l'émotionnel dramatique est surligné à l'excès, comme lorsqu'est dévoilé le passé endeuillé du personnage principal ou lorsque nous découvrons que son ex-femme est une des contaminées du virus. Le contraste dans les tonalités qui se succèdent sur une très brève période dénote un manque d'homogénéité et de maîtrise de la narration qui rend le drama peu engageant : il est en effet difficile de s'impliquer aux côtés de telles figures.

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Sur la forme, The Virus a ce style et l'ambiance un peu sombre, parfois nerveuse, que l'on retrouve dans d'autres dramas d'OCN. Si on peut regretter quelques effets de caméras inutiles dans certaines scènes, et une tendance aux gros plans dispensable, la réalisation correspond au genre investi : le téléspectateur sait immédiatement qu'il est devant un thriller calibré lorsqu'il s'installe devant ce drama.

Enfin, le casting apparaît handicapé par une écriture qui met peu en valeur les acteurs. C'est Uhm Ki Joon (The World That They Live In, Hero (MBC), Ghost) qui interprète le protagoniste principal. Il a la présence à l'écran requise pour ce genre de rôle, mais il a une inclinaison à tomber dans le sur-jeu dans certaines scènes - dès que son personnage s'implique émotionnellement - qui gagnerait à être plus nuancée. Le casting qui l'entoure laisse une impression mitigée, manquant d'implicationn ou n'ayant pas les lignes de dialogues qui permettent de vraiment s'exprimer. On y croise notamment Lee So Jung, Lee Ki Woo, Ahn Suk Hwan, Jo Hee Bong, Yoo Bin, Park Min Woo, Hyun Woo, Oh Yong ou encore Song Young Kyu.

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Bilan : Bénéficiant d'un efficacité mécanique liée à une correcte exploitation de son concept de thriller pandémique, The Virus part sur des bases honnêtes pour proposer une histoire à suspense rondement menée. Si on peut lui reprocher sa relative prévisibilité et une ambition qui reste très minimale, le mystère est bien posé et les questions sans réponses intriguent. Cependant les limites de l'écriture se font plus problématiques au niveau du traitement des personnages ou encore dans la gestion pas toujours très adroite des changements de tonalités. Il sera sans doute difficile pour The Virus de dépasser cela, mais il peut éventuellement retenir l'attention des amateurs de pandémies catastrophes, ici développées dans le cadre particulier sud-coréen.

Avec un tel drama, OCN poursuit donc ses expérimentations et ouvertures. Cela ne donne pas toujours des fictions mémorables, mais cela a le mérite de permettre l'exploration d'autres genres par rapport aux grandes chaînes. Une certaine alternative câblée, à faire grandir.


NOTE : 5,5/10


Une bande-annonce de la série :

24/03/2013

(Pilote AUS) Please Like Me : un Girls au masculin ?

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Pour conclure le week-end, direction l'Australie aujourd'hui ! Depuis le début d'année 2013, son petit écran a proposé, avec plus ou moins d'inspiration, plusieurs nouveautés très différentes. Il y a par exemple eu The Doctor Blake Mysteries, une série policière historique qui pourra plaire aux amateurs (pour plus d'informations, je vous invite à lire la fiche de présentation de Thierry Attard). Côté dramédie policière, le pilote de Mr & Mrs Murder fut beaucoup plus indigeste, je vous propose donc de l'oublier. Restait sur ma liste à tester une série dans laquelle je me suis plongée cette semaine : Please Like Me.

Une comédie, dans les colonnes de ce blog, cela reste une rareté. Mais la télévision australienne récidive pour la deuxième fois en quelques mois puisque A Moody Christmas avait su retenir mon attention l'automne dernier. Please like me est une série qui a débuté le 28 février 2013, sur ABC2, pour une saison de 6 épisodes d'une demi-heure chacun. Il s'agit d'une création de Josh Thomas, un jeune comique australien qui porte ici à l'écran des passages de son spectacle. A noter que la série sera présentée à la fin du mois prochain à Paris lors de la 4e édition du Festival SériesMania (aux côtés de deux autres fictions australiennes : Puberty Blues, une chronique adolescente que je recommande chaudement, et de Redfern Now). 

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Please Like Me nous plonge dans la vie de Josh, laquelle prend, en quelques jours, des tournants pour le moins inattendus à la veille de ses 21 ans. Il y a d'abord sa petite-amie qui rompt avec lui alors qu'ils s'apprêtent à partager une glace hors de prix. Outre le fait qu'ils se soient de plus en plus éloignés l'un de l'autre, elle lui fait également remarquer qu'il est probablement gay. Pour se changer les idées, Josh rend visite à son meilleur ami, Tom, à son travail. L'occasion de rencontrer le nouveau collègue de ce dernier, Geoffrey, un très charmant jeune homme qui ne perd pas de temps pour se faire inviter à l'appartement que partagent en colocation Josh et Tom... puis dans le lit de Josh.

En plus de ces questionnements et errances amoureuses, Josh doit gérer dès le lendemain une autre type de crise, familiale cette fois-ci. Sa mère a fait une overdose de médicaments qui ressemble fort à une tentative de suicide. Or elle vit seule depuis son divorce avec le père de Josh. Le médecin leur conseillant de ne pas la laisser à sa solitude, voilà Josh à devoir envisager de retourner vivre chez sa mère, avec toutes les complications qu'une telle cohabitation peut laisser entrevoir. Dans le même temps, son père n'est pas d'une grande aide : la conscience coupable, il cache sa nouvelle compagne et ne fait qu'un peu plus peser sur le quotidien de son fils. Please Like Me va donc nous relater le quotidien de Josh, et de tous ceux qui gravitent autour du jeune homme.

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Présentée comme un "Girls au masculin" dans le communiqué de presse du Festival SeriesMania (avec toutes les limites de ces exercices de comparaison), Please Like Me installe rapidement une tonalité bien à elle. Son récit adopte un étrange faux rythme qui peut d'abord dérouter. Multipliant les temps de flottement qui viennent rompre la narration, la série privilégie avant tout la mise en scène de quelques instantanés représentatifs du quotidien compliqué de Josh et des bouleversements qu'il connaît. Afin de provoquer ces passages mémorables, les intrigues peuvent ainsi progresser excessivement vite, à l'image de la vie amoureuse du héros. Ce style d'écriture particulier s'affranchit donc de certaines contraintes narratives pour aller à l'essentiel ; pour autant, il n'en reste pas moins fluide et, surtout, ne perd pas le fil comique de la fiction.

L'humour de Please Like Me repose sur des répliques et des réparties les plus directes qui soient, et sur les situations embarassantes que le personnage principal, avec sa récurrente maladresse, provoque ou désamorce avec plus ou moins de tact. Il faut un léger temps d'acclimatation pour rentrer dans cette série. Tout ne fonctionne d'ailleurs pas toujours. Mais, en dépit de quelques passages un peu lourds, cet élan comique qui semble toujours prendre un malin plaisir à s'inscrire à contre-temps fait mouche. Non seulement le téléspectateur sourit, mais surtout, il se surprend rapidement à s'attacher à cet ensemble. Car Please Like Me est une fiction très humaine, où perce, derrière les échanges mis en scène - lesquels résonnent parfois de manière tellement improbable prononcés à haute voix - , une étonnante et touchante justesse. C'est dans ce dernier aspect que réside le précieux et fragile équilibre de cette série.

En tant que figure centrale, autour de qui toute l'histoire tourne, et dont on partage tous les états d'âme, Josh aurait vite pu devenir agaçant. Please Like Me évite pour le moment cet écueil. Les maladresses et les doutes humanisent un personnage qui se situe encore dans cette phase transitoire entre l'irresponsabilité de la jeunesse, parfois infantile, et la prise de conscience de l'entrée dans l'âge adulte. De plus, la série ne vire pas au simple one man show, mais repose sur ses intéractions avec une galerie de protagonistes dont les traits de caractère, bien personnels, ressortent vite, qu'ils soient ordinaires à l'excès ou hauts en couleurs. Ce sont les confrontations, les échanges à rebours et toutes les dynamiques, ou leur flagrante absence, qui sont le ressort du récit. L'équilibre empreint d'humanité de Please Like Me tient d'ailleurs à son diffus mélange des tonalités : la série aborde aussi un versant plus sombre, dramatique, notamment avec la dépression de la mère de Josh, prouvant qu'elle est bien le récit d'une vie, sous tous ses aspects, et non une simple comédie relationnelle.

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Sur la forme, peu de choses à signaler sur Please Like Me qui reste une fiction calibrée et assez sobre. La photographie est maîtrisée et cohérente : à l'éclat excessif de certains passages - comme la scène d'ouverture de rupture au soleil - succèdera par exemple le grisâtre terne de l'hôpital où Josh rendra visite à sa mère. La série use une sorte de mini-générique changeant chaque épisode qui met en scène son personnage principal dans une activité du quotidien.

Enfin, côté casting, Please Like Me est centrée sur Josh, interprété par Josh Thomas. Ce n'est pas un acteur de formation et il n'a pas non plus de véritable expérience en la matière, mais, logiquement, il est tout simplement ce personnage, qu'il joue avec le naturel qui convient. A ses côtés, on retrouve un casting qui ne dépareille pas et se met au diapason : on croise notamment Thomas Ward, Caitlin Stasey, Debra Lawrance, David Roberts, Judi Farr, Wade Briggs, Andrew S. Gilbert, Nikita Leigh-Pritchard et Renee Lim.

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Bilan : Construite à dessein sur un faux rythme, Please Like Me va à l'essentiel au cours de ces premiers épisodes. Elle trouve son ton, détonnant mélange d'authenticité et de décalages. Son humour repose sur quelques confus instants de flottement et des élans spontanés plus ou moins maladroits de ses personnages. Si son écriture n'évite pas quelques excès, il émane d'elle une humanité, ainsi qu'une forme de sincérité, qui touchent le téléspectateur et qui rendent l'ensemble attachant. Le téléspectateur français ne connaissant a priori pas Josh Thomas, cela permet de découvrir la série sans préconception. Une intéressante comédie, donc, qui a aussi pour elle d'être brève. A surveiller si elle préserve son équilbre jusqu'au bout.


NOTE : 7/10


Une bande-annonce de la série :