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31/03/2013

(Pilote CAN) Orphan Black : des doubles, des secrets et des échanges d'identités

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Week-end de Pâques riche en changements dans mes programmes sériephiles printaniers (il faut bien mettre à profit ce lundi férié). Non seulement plusieurs séries signent un retour remarqué, avec la reprise de la saison 7 de Doctor Who hier et le début de la saison 3 de Game of Thrones ce soir, mais une nouvelle série que j'attendais avec une certaine curiosité débutait également, ce samedi 30 mars 2013, en Amérique du Nord : Orphan Black.

Deuxième série originale de BBC America après Copper, co-produite avec la chaîne canadienne Space, on retrouve derrière cette fiction deux Canadiens, Graeme Manson et John Fawcett (qu'on a déjà croisé derrière la caméra pour certains épisodes de The Border, The Bridge ou encore Lost Girl). Orphan Black a pour l'instant été commandée pour une saison de 10 épisodes. Sur le papier, elle semble avoir le potentiel pour s'inscrire dans la lignée des divertissants high concept de science-fiction canadiens, à l'image de Continuum l'an passé. Une impression confirmée par un pilote qui m'a donné envie de revenir pour la suite.

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Sarah est une jeune arnaqueuse débrouillarde qui n'a pas été épargnée par la vie. Orpheline, ne sachant rien de ses origines, elle a grandi en famille d'accueil, aux côtés d'un frère adoptif dont elle est toujours proche, Felix. Elle a aussi une petite fille, Kira, qu'elle n'a pas vue depuis 10 mois lorsque débute la série. La vie de Sarah est donc déjà passablement compliquée, avec un petit ami qu'elle vient de quitter violemment, en lui volant de la drogue qu'elle espère revendre pour recommencer ailleurs une nouvelle vie. Ses projets changent quand une jeune femme inconnue, mais lui ressemblant traits pour traits, se suicide sous ses yeux en se jetant sous un train. Elle va alors mettre le doigt dans un engrenage très dangereux.

En effet, perturbée par cette ressemblance frappante, mais aussi pragmatique, Sarah vole les affaires personnelles que son double a abandonnées sur le quai. Elle parvient ainsi à s'introduire chez Beth. Découvrant des relevés de comptes avec une forte somme, Sarah décide même d'aller plus loin dans l'arnarque en prenant pour un temps l'identité de la défunte afin d'accéder à l'argent. Mais Beth avait aussi son lot de problèmes : policière, elle était suspendue pour avoir abattu une civile. Sarah se retrouve prise malgré elle dans cette vie qui lui est étrangère. Puis, très vite, leur mystérieuse ressemblance acquiert une autre dimension lorsque Sarah rencontre encore une autre femme qui lui ressemble en tout point physiquement... et manque alors de se faire abattre. C'est dans le mystère de ses origines que doit se trouver la réponse à tous ces évènements.

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Orphan Black signe un pilote efficace et divertissant. La série se réapproprie, avec une tonalité bien à elle et un style à la fois simple et direct, des thèmes familiers qui laissent entrevoir du potentiel. L'univers esquissé intrigue, entremêlant des histoires de doubles destinées à nous faire explorer et repousser les limites connues de la science (le clonage se profile en arrière-plan), des secrets des origines jalousement gardés dans lesquels perce une pointe conspirationniste et des échanges d'identités qui requièrent un jeu compliqué de poker-menteur pour faire illusion... Les enjeux et les mystères entourant Sarah sont donc bien introduits, avec de nombreuses questions soulevées. Surtout, l'épisode installe une ambiance des plus plaisantes à suivre : la tonalité y est versatile, ce qui dynamise un peu plus une narration déjà bien rythmée, avec une histoire qui progresse vite. Le pilote joue en plus sur des changements de tons globalement bien maîtrisés, se ménageant des moments sérieux versant dans le registre du thriller, et des passages autrement plus légers qui tendent vers la dramédie.

Si le téléspectateur se prend aisément au jeu de ce divertissement à suspense, c'est aussi parce que Orphan Black peut compter sur une héroïne convaincante qui, dotée d'un sens de la débrouillardise aiguisé, révèle différentes facettes d'une personnalité tout en ombres et lumières. Sarah est quelqu'un qui s'est endurci au contact d'une vie où elle n'a pas eu beaucoup d'opportunités. Mais elle a aussi fait des choix discutables, comme celui de laisser sa fille derrière elle pendant presque une année. Elle n'aspirait à rien d'autre qu'un possible nouveau départ : son objectif en devenant Beth était simple, vider le compte en banque de la défunte, sans vraiment penser aux conséquences d'un échange d'identité. Or la voilà entraînée malgré elle dans des enjeux autrement plus complexes, qui la dépassent. La série tient là une figure centrale sur laquelle elle peut se reposer. Le seul autre personnage sur lequel le pilote s'attarde un peu est son frère adoptif, Felix, qui apporte une autre perspective sur les évènements. La complicité, existant entre les deux en dépit des reproches, est l'occasion d'humaniser des relations humaines qui restent dans l'ensemble assez froides (Sarah devant donner l'illusion aux connaissances de Beth).  

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Intriguante et efficace sur le fond, la série sait tirer le meilleur parti des moyens qu'elle a à disposition. Tournée dans les environs de Toronto, elle bénéficie d'une réalisation très correcte, s'adaptant aux contraintes matérielles. Sa photographie, avec des teintes à dominante froides, correspond bien à l'ambiance qu'elle essaie de construire. Le seul bémol à lui adresser sera sans doute du côté de la bande-son : les musiques, énergiques comme tout thriller qui se respecte, sont parfois assez envahissantes, avec des passages où tout paraît éclipsé derrière elles.

Enfin, Orphan Black dispose d'un dernier atout, son casting, ou plus précisément son actrice principale, Tatiana Maslany (World without end). Elle interprète l'héroïne, et toutes les différents doubles qui peut exister d'elle. Cela nécessite d'avoir les épaules suffisamment solides pour porter la série, et c'est un challenge qu'elle relève sans mal, apportant une vraie présence à l'écran, avec une vitalité appréciable. Du fait du format de la série, l'épisode tourne logiquement quelque peu au "Tatiana Maslany show", seul Jordan Gavaris (Unnatural History) tire son épingle du jeu dans ce premier épisode, en interprétant le frère adoptif de Sarah. On retrouve également Dylan Bruce (The Bay) qui incarne le petit ami de Beth), Maria Doyle Kennedy (The Tudors, Titanic), la mère adoptive de Sarah, ou encore Kevin Hanchard, le partenaire policier de Beth.

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Bilan : Orphan Black signe des débuts intéressants. Divertissement prenant et efficace, le pilote est plaisant à suivre grâce à une narration rapide et fluide, dotée une tonalité versatile qui fait toute sa fraîcheur. Signe que la série a des ambitions, il est aussi plutôt dense, avec de nombreuses questions soulevées et des thématiques à explorer qui balaient un large champs : pour certaines très personnelles, pour d'autres autrement plus mystérieuses. A la fin de l'épisode, l'histoire est bel et bien lancée, même si le concept annoncé, celui du clonage, n'est pas encore formellement introduit. Il faudra voir si la suite parviendra à conserver le bon dosage de cette introduction, sans s'essouffler. Mais la saison ne doit compter que 10 épisodes, et le potentiel est là. A suivre.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série :

24/12/2010

(Mini-série UK) The Nativity : ce soir, c'est Noël...

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En ce vendredi 24 décembre, tâchons de rester dans cet esprit particulier qui semble flotter dans l'air. Je vais donc vous parler d'une mini-série, conçue pour les fêtes, diffusée cette semaine, sur BBC1, et qui s'est achevée hier soir. Son titre semble suffisamment explicite sur le thème traité : The Nativity. Ecrite par le scénariste Tony Jordan (à qui l'on doit un certain nombre d'épisodes de Hustle ou encore de Life on Mars) et composée de 4 épisodes, d'une trentaine de minutes chacun, elle relate donc en deux petites heures une version romancée de la nativité.

Si c'est en grande partie pour son casting - on y retrouve notamment Andrew Buchan - que je me suis d'abord intéressée à cette mini-série, j'ai finalement passé une soirée pas déplaisante devant cette fiction qui est parfaite et uniquement destinée à être visionnée durant cette veille de fête. Les deux heures passent toutes seules, en partie grâce à une dimension humaine quelque peu inattendue que la mini-série va efficacement parvenir à exploiter.

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Construite de façon très académique, sur 4 épisodes, la mini-série se concentre sur le couple formé par Marie et Joseph au cours de l'année précédant la naissance de Jésus et sur les épreuves qu'ils vont devoir traverser, tout en prenant soin de recontextualiser ce récit principal. Pour évoquer la situation du royaume de Judée à l'époque, opprimé et ployant sous les taxes, elle met en scène un jeune berger de Bethléem, Thomas, tout en faisant apparaître pour quelques scènes un roi Hérode dégénéré. Quant à l'aspect théologique, il est incarné par les rois mages dont les discussions éclairent la dimension prophétique de l'évènement qui est appelé à se produire.

Pour autant, l'intérêt de The Nativity va résider dans l'approche narrative particulière choisie pour relater une histoire trop connue et trop re-écrite pour surprendre ou ménager encore une part d'originalité. Tony Jordan a donc choisi de se placer dans une perspective résolument humaine, en s'intéressant en priorité à ce couple en devenir que formaient alors Marie et Joseph. Ils étaient promis l'un à l'autre, mais non encore formellement mariés. Comment cette relation non encore consommée survivra-t-elle à la visite de Gabriel et au passage du Saint-Esprit ? Car l'affirmation de Marie, sur le fait d'être enceinte et vierge, constitue un non-sens biologique pour son entourage avant tout profondément blessé par ce qui est perçu comme une trahison de la par de la jeune femme. Si bien que finalement, ce sur quoi la mini-série s'arrête, c'est sur la manière dont ces deux jeunes gens, qui étaient encore insouciants, vont être placés devant des responsabilités et des choix qu'ils n'ont jamais demandés et la façon dont ils vont peu à peu accepter cette destinée, consolidant ainsi leur couple.

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S'il vous fallait une seule raison pour vous risquer devant The Nativity en cette période de fêtes (non, pas uniquement pour l'argument présenté dans la screen-capture ci-dessus), indépendamment de toute dimension religieuse, vous la trouverez incontestablement dans les scènes parfois brillantes que vont avoir, tout au long de la mini-série, Marie et Joseph.  La dynamique qui s'installe entre eux est admirablement bien décrite. Elle est portée à l'écran avec une vitalité plutôt innocente, couplée d'une connotation émotionnelle touchante qui sonne finalement très juste. Le téléspectateur, se sentant étonnamment impliqué, suit et partage avec eux les différentes étapes pourtant prévisibles de leur relation, de la progressive complicité, puis au rejet et à la trahison que constitue en apparence la grossesse de Marie, pour enfin parvenir à l'acceptation.

En fait, la mini-série s'attache à dépeindre avec beaucoup d'authenticité les réactions de chacun, d'incrédubilité comme d'acceptation, permettant ainsi de dépoussiérer une histoire trop connue. Au-delà de la naissance d'un Messie, ce qu'elle choisit de raconter, c'est la façon dont ces jeunes gens a priori anonymes vont être personnellement affectés par cette destinée hors du commun qui vient ainsi frapper leur couple. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la qualité de l'écriture, globalement bien calibrée et tout en retenue, se ressent tout particulièrement lors des passages où prévaut une dimension dramatique. Les meilleures scènes sont ainsi celles de leurs confrontations. Loin du récit purement descriptif, où un aspect trop dogmatique aurait déshumanisé l'histoire, The Nativity surprend finalement par son exploitation d'une dimension très humaine dans son récit.

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A l'image de l'effort de recontextualisation très scolaire qui est fait, par l'utilisation du berger ou des rois mages pour replacer cette naissance dans le contexte spécifique où elle intervient, historiquement et théologiquement, les décors et la reconstitution d'époque restent sobres et plutôt minimalistes. En fait, c'est surtout par son arrière-plan musical que The Nativity se crée et plonge progressivement le téléspectateur dans l'atmosphère particulière de la mini-série. La bande-son prend progressivement de l'importance, utilisée notamment de façon prenante pour souligner l'importance de certains passages.

Enfin, The Nativity doit énormément à son casting. Non seulement pour les noms alléchants qu'elle rassemble dans notre petit écran, mais aussi pour l'alchimie qui s'installe instantanément entre ses deux acteurs principaux. Andrew Buchan (The Fixer, Cranford, Garrow's Law) et Tatiana Maslany (Heartland) délivrent en effet des prestations très convaincantes, pleines de fraîcheur et d'une touche d'innocence émotionnelle en parfaite adéquation avec la tonalité adoptée et, surtout, permettant à la mini-série de vraiment pleinement explorer cette dynamique de couple. A leurs côtés, se pressent d'autres figures familières du petit écran britannique, telles Peter Capaldi (The Thick of it, Torchwood), Al Weaver (Personal Affairs, Five Daughters), Art Malik (Holby City), Jack Shepherd (All about George) ou encore Obi Abili (Moses Jones).

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Bilan : The Nativity est une mini-série qui s'inscrit évidemment dans une période particulière, conçue pour être visionnée avec l'"esprit de Noël" en arrière-plan. Si elle mérite que l'on s'y attarde, c'est tout autant pour les performances de ses acteurs principaux, que pour la dimension très humaine explorée dans le récit mis en scène, qui opte pour une écriture assez innocente et émotionnelle qui sied parfaitement à ce 24 décembre.

Au final, disons que si jamais vous vous retrouvez ce soir bloqué par la neige, coincé chez vous avec votre frigo vide et pour seule perspective de se résigner à transmettre vos voeux par téléphone, voici un programme télévisé parfait pour la soirée afin de préserver l'esprit des fêtes. Mais attention, demain soir, le charme de cette mini-série sans prétention de circonstance sera déjà rompu. A mettre alors de côté pour l'an prochain.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la mini-série :