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16/02/2014

(Pilote EST) ENSV: Eesti Nõukogude Sotsialistlik Vabariik (RSSE) : une comédie familiale en république soviétique


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Aujourd'hui, reprenons nos excursions sériephiles (européennes) : direction l'Estonie ! Les plus anciens lecteurs parmi vous s'en souviennent, ce n'est pas la première fois que My Télé is rich! pose ses valises dans ce pays d'Europe du Nord. En effet, il y a deux ans, le visionnage de Klass - Elu pärast avait été une véritable claque téléphagique ; il s'agit d'une de ces séries dont on ne ressort pas tout à fait indemne, mais à l'égard de laquelle on reste admiratif et marqué. C'était déjà Eurochannel qui avait permis cette découverte, et c'est à nouveau cette même chaîne qui nous entraîne en Estonie en ce début d'année, cette fois pour ENSV: Eesti Nõukogude Sotsialistlik Vabariik (RSSE en version française).

Avec ENSV, nous nous situons dans un registre très différent, celui de la comédie. Et même de la comédie dite "historique" pourrait-on dire, puisque la série entreprend de nous ramener trois décennies en arrière au temps d'une Estonie soviétique et du quotidien que connaissait le pays au début des années 80. A partir du thème soviétique, c'est donc pour une fois l'occasion de quitter l'espionnage exploré avec The Americans ou Seventeen Moments of Spring pour découvrir un nouveau genre. Réalisée par Ain Mäeots et Marko Piirsoo, la série a trouvé son public en Estonie, puisque, diffusée depuis 2010, elle compte à ce jour déjà quatre saisons. C'est la première qui débutera le dimanche 23 février prochain sur Eurochannel. Les épisodes sont courts : ils durent une petite demi-heure. C'est le moment d'être curieux...

[La review qui suit a été écrite après le visionnage des deux premiers épisodes.]

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ENSV renvoie le téléspectateur au temps de la RSSE (la République Socialiste Soviétique d’Estonie). La série s'ouvre en effet en novembre 1982. Elle se propose de nous faire suivre le quotidien d'une famille estonienne ordinaire. Ainsi, chez les Kadak, il y a tout d'abord la mère, membre du parti communiste. Elle a installé chez elle son nouveau compagnon, tandis que son mari, absent, vogue en mer. Elle a aussi deux enfants, désormais grands adolescents ; la passion de l'un d'eux pour tout ce qui vient de l'Ouest et notamment de Finlande ne manque jamais de causer quelques problèmes. Il faut dire que le grand-père non plus ne souscrit guère au régime, et ne rate plus généralement jamais une occasion de s'élever contre tout ce qui est russe... Or la famille doit partager son appartement avec une vraie communiste intransigeante, dont le fils fait partie de la militsia. Face à de tels protagonistes, les petites tranches de vie promettent donc d'être animées.

Assez logiquement, c'est sur la dimension historique de son récit que ENSV se démarque en premier lieu. L'objet de la fiction est clairement une œuvre de reconstitution de la société estonienne des années 80. Il s'agit de jeter un éclairage -avec une touche d'humour décalé, fonctionnant souvent à froid- sur tout ce qui caractérisait la vie d'alors, sous ce régime autoritaire. Chaque épisode est donc rempli de références, voire de petits clins d’œil à des spécificités d'époque. Il est important de signaler que ces derniers ne sont jamais perdus pour le téléspectateur étranger car, par souci d'accessibilité aux plus jeunes générations estoniennes qui n'ont pas vécu cette période, se glissent dans le récit de petites parenthèses explicatives qui présentent en accéléré, avec des schémas, certains aspects du quotidien, tels, par exemple, les programmes télévisés. De même, le premier épisode choisit un point de démarrage emblématique : il s'ouvre le 11 novembre 1982, avec l'annonce de la mort de Brejnev. Entre réaction endeuillée officielle et préoccupations toutes personnelles bien éloignées, l'épisode se construit sur cette dualité sur laquelle il va pleinement jouer.

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L'originalité de ENSV tient toute entière dans ce cadre soviétique et les problématiques particulières, voire les anecdotes d'époque, qu'il permet d'évoquer. Sinon, la série emprunte les ficelles narratives les plus traditionnelles de la comédie familiale, revenant ici sur un terrain connu du téléspectateur : l'ensemble est assez prévisible, mais sympathique. L'inspiration des codes des sitcoms occidentales est d'ailleurs perceptible. La série est quasiment entièrement tournée en intérieur. Au cours des deux premiers épisodes, l'action se concentre sur un espace limité : l'appartement partagé, pouvant exceptionnellement nous entraîner jusqu'au bureau où travaille la mère, voire au pied de l'immeuble. La promiscuité causée par le partage du lieu de vie entre deux familles multiplie les sources de tension potentielles, en plus de celles liées à une famille Kadak "recomposée", les enfants n'acceptant qu'avec réticence le nouveau compagnon de leur mère. Cette dernière est d'ailleurs le personnage qui s'impose avec le plus de force au cours de ces deux premiers épisodes ; elle régit en effet sa vie et sa carrière avec poigne.

Sur la forme, la réalisation prend assez peu d'initiative notable, tout au plus s'efforce-t-elle de retranscrire le dynamisme impulsé par un rythme de narration toujours vif. Quelques images d'archives se glissent également dans le montage, renforçant cette volonté d'une reconstitution authentique. Le générique, très simple, est d'ailleurs à cette image (pour un aperçu, je vous renvoie au premier épisode en ligne sur YouTube, disponible par là). Côté casting, au sein de la famille dont les représentants sont les protagonistes principaux, on retrouve Laine Mägi (déjà croisée dans Klass - Elu pärast), Mait Malmsten (Kelgukoerad), Tiit Sukk, Liisa Pulk, Feliks Kark et Indrek Taalmaa (Tuulepealne maa). Dans le rôle des voisins envahissants avec qui les Kadak partagent leur appartement, on retrouve Argo Aadli (Nurjatud tüdrukud) et Helene Vannari (Wikmani poisid). Tandis que Paul Laasik (Kelgukoerad) interprète un membre du parti, collègue de travail de la mère.

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Bilan : Comédie familiale calibrée et sympathique, ENSV se démarque au sein de ce genre assez balisé par le décor soviétique qu'elle plante en arrière-plan. En effet, à travers le quotidien d'une famille estonienne du début des années 80, c'est la reconstitution d'une époque que vise la série, le récit multipliant les références et les anecdotes sur ce qui parsemait alors la vie en régime soviétique. Cette dimension culturelle et historique particulière est ce qui fait la spécificité de la fiction. La brièveté des épisodes, et le rythme narratif rapide avec lequel les épisodes sont menés, rendent l'ensemble très accessible.

En somme, c'est une curiosité, de tonalité légère, qui jette un éclairage intéressant sur l'Europe soviétique et la vision que peut en cultiver, aujourd'hui, un pays balte comme l'Estonie.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la série (en VOSTF) :

29/03/2013

(SE) 27 sekundmeter snö (Vertiges) : huis clos suédois dans la lignée des oeuvres d'Agatha Christie

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Le billet du jour est dédié aux fiction policières. A la télévision tout d'abord, avec un rendez-vous pris ce soir, sur France 2, pour le retour des petits meurtres d'Agatha Christie. Cet épisode inaugure pour l'occasion un nouveau duo qui a la (difficile) tâche de succèder au commissaire Larosière et à l'inspecteur Lampion. J'espère en tout cas qu'elle aura su maintenir la dynamique qui avait pu me la faire apprécier l'automne dernier (je l'avais alors rattrapée en une dizaine de jours). Pour se faire une idée, la bande-annonce à voir par là.

En attendant, c'est une excursion plus nordique que je vous propose dans ma critique de ce soir : direction la Suède ! 27 sekundmeter snö (Vertiges en version française) est une mini-série comptant 2 épisodes d'1h30 environ, datant de 2005. Réalisée par Tobias Falk, il s'agit de l'adaptation à l'écran du premier roman, portant le même titre, de Kjerstin Göransson-Ljungman, publié en 1939. Encore inédite en France, cette fiction arrivera à partir du 13 avril prochain sur la chaîne Eurochannel, qui continue d'entrouvrir pour nous les portes de la culture européenne. 27 sekundmeter snö est un huis clos d'investigation, vite paranoïaque, sur lequel flotte un parfum s'inscrivant dans la lignée directe des Sir Arthur Conan Doyle et autre Agatha Christie. Avis aux amateurs.

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27 sekundmeter snö se déroule en Suède, en 1939, à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Un petit groupe de personnalités très dissemblables se retrouve pour une excursion à ski à travers les montagnes suédoises. Guidé par un médecin, on retrouve parmi eux un entrepreneur au caractère peu abordable et sa fille, un couple marié, ou encore une actrice et son ami français. Soudain pris dans une violente tempête de neige, ils sont contraints de trouver refuge dans une bâtisse isolée tenue par une vieille dame, Frida, qui les accueille à bras ouvert.

Mais le sentiment de soulagement et de sécurité une fois bien installés dans leur abri sera éphémère : au cours de leur première nuit, l'entrepreneur est assassiné. Son corps est retrouvé sans vie, sur son lit, un couteau planté dans le dos. Coupé du monde par les éléments naturels qui continuent de se déchaîner dehors, le petit groupe a conscience que le meurtrier se trouve forcément parmi eux. Or ce ne sont ni les secrets, ni les tensions, qui manquent en leur sein. Tous ont aussi eu une opportunité d'accéder au lieu du crime cette fameuse nuit. Ils vont devoir mener l'enquête par eux-mêmes, pour espérer comprendre le mobile d'un tel acte et démasquer le tueur, afin de sortir indemnes d'un voyage où, confinés dans ce huis clos glacé, il devient aisé de glisser peu à peu dans une paranoïa dangereuse.

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27 sekundmeter snö affiche et reprend à son compte tous les ingrédients les plus classiques d'un whodunit à huis clos, avec l'invariable efficacité attachée à ce type d'histoire qui a l'art de piquer la curiosité de tout téléspectateur amateur de mystère. Initialement, elle débute sur une excursion à ski dont l'insouciance apparente sonne pourtant déjà un peu faux, comme si quelque chose se tramait en arrière-plan. Logiquement c'est à partir du meurtre que la mini-série décolle vraiment. L'énigme à résoudre est basique : "Qui a tué l'entrepreneur, dans sa chambre, avec son propre couteau ?" La particularité tient ici au fait que nul enquêteur officiel ne va intervenir sur place. La seule personne relativement neutre est la logeuse. Sans tergiverser, elle prend immédiatement ses responsabilités pour éclaircir cette affaire et découvrir le meurtrier, refusant d'attendre la fin de la tempête. A partir de cette base, 27 sekundmeter snö déroule ensuite une histoire simple et directe qui, en empruntant bien des fausses pistes, va nous conduire au tueur.

Le chemin vers la vérité ne sera pas aisé. Rapidement, tous les personnages dévoilent leurs ambiguïtés, avec des secrets qu'ils dissimulent plus ou moins bien. La mini-série joue à dessein sur ces dualités pour distiller une ambiance qui glisse vers une sourde paranoïa. En fait, tout le monde, ou presque, peut avoir un mobile ; tout le monde, ou presque, a eu une opportunité cette nuit fatale... Mais qui la vraiment saisit ? Des suspects les plus évidents à ceux qu'on n'ose point soupçonner au départ, mais qui, peu à peu, s'imposent comme une possibilité, 27 sekundmeter snö se construit une galerie de meurtriers potentiels dans la droite lignée des oeuvres qui l'ont précédée dans son genre. Il est facile de se prendre au jeu de ce mystère. Cependant, si l'ensemble se suit sans déplaisir, il manque quelque chose à la narration pour vraiment captiver. L'écriture montre des limites, notamment avec un rythme trop inégal où la tension peine à s'établir. Si bien que malgré du potentiel, 27 sekundmeter snö reste une déclinaison très scolaire de whodunit, esquissant un tableau froid et trop distant de personnages auprès desquels il est difficile de s'impliquer.

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Sur la forme, 27 sekundmeter snö joue sur le huis clos imposé par les conditions météorologiques pour construire cette ambiance qui éprouve les nerfs des différents protagonistes. La luminosité est faible dans le chalet ; derrière chaque fenêtre givrée, on aperçoit les éléments se déchaîner dehors. L'hostilité extérieure s'introduit dans la maison à partir de la découverte du meurtre. La tempête est un acteur influant sur le récit, tout d'abord en isolant les personnages. puis, lorsqu'elle cesse enfin. Le soleil revenu, chacun semble retrouver une sérénité un instant perdue dans la promiscuité trop oppressante du chalet. La mini-série joue ainsi sur les contrastes lumineux : les repères revenant dès que pointent à nouveau les premiers rayons du soleil, et que les terres enneigées éblouissent à nouveau à perte de vue. La musique joue quant à elle son rôle d'accompagnement, appuyant les tonalités des différentes scènes.

Côté casting, les limites de l'écriture dans la caractérisation des personnages pèsent sur les performances d'acteurs dont certains restent inégaux et un peu en retrait. Parmi les têtes familières du petit écran suédoise, il y a celui qui s'impose comme le leader du groupe, leur guide - et docteur : il est interprété par Jacob Ericksson dont ceux qui ont vu l'adaptation suédoise de Millenium se rappelleront peut-être (très occupé en ce début d'année 2013, puisqu'on a pu le voir dans Molanders ou encore dans En Pilgrims Död). A ses côtés, on retrouve une galerie disparate de figures qui vont venir, chacun leur tour, semer le doute dans l'esprit du téléspectateur : Elisabeth Carlsson, Jan Mybrand, Jamil Drissi (s'exprimant toujours en "français"), Livia Millhagen, Malena Engström, Mylaine Hedreul (Höök), Ulricha Johnson (Kommissarie Winter) ou encore Niklas Falk (Tre Kronor). Anders Ahlbom (Våra vänners liv) incarne celui qui va mourir assassiné, tandis que Gunilla Abrahamsson joue la logeuse.

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Bilan : Assumant pleinement ses influences Agatha-Christie-nnes, 27 sekundmeter snö se réapproprie les bases simples et classiques d'un whodunit à huis clos. Tout téléspectateur appréciant de tels récits d'enquêtes y retrouvera un parfum de mystère et une dynamique soupçonneuse caractéristique auprès desquels il est facile de se prendre au jeu pour les 3 petites heures que dure cette fiction. Cependant cette mini-série souffre de limites d'écriture, notamment dans la construction de sa tension, ainsi que dans le traitement de ses personnages, qui l'empêcheront de pleinement exploiter le potentiel offert par son cadre particulier. Si je l'ai suivie sans déplaisir, elle est sans doute à réserver aux amateurs du genre qui souhaiteraient tester une déclinaison nordique de ces ficelles whodunit.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la mini-série :

17/02/2013

(Mini-série IRL) Prosperity (Prospérité) : chroniques humaines désillusionnées

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Au cours de ses balades européennes, My Télé is Rich! a eu l'occasion de poser ses valises dans de nombreux pays. Mais voilà plusieurs années que le blog n'était plus revenu en Irlande : depuis une review de la saison 1 d'une série qui demeure d'ailleurs la valeur irlandaise sûre actuelle, Love/Hate (il faudra un jour que je vous parle des saisons suivantes). Trois ans avant Love/Hate, RTÉ avait diffusé en septembre 2007 une mini-série d'un tout autre genre, Prosperity. Créée par Mark O'Halloran (à qui l'on doit notamment le film Adam & Paul, qui partage un personnage avec la série), et réalisée par Lenny Abrahamson, cette fiction comporte en tout 4 épisodes d'une cinquantaine de minutes chacun. Nommée en 2008 aux IFTA (Irish Film and Television Awards) où elle remporta deux prix, Prosperity est en ce mois de février 2013 diffusée sur Eurochannel. Comme toujours, le service de VOD de la chaîne (rendez-vous sur son site internet) devrait permettre aux curieux ne l'ayant pas sur leur télévision de tester par eux-mêmes cette série qui, par son sujet, trouve un écho très actuel.

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Proposant une suite de chroniques humaines, Prosperity adopte le format d'une anthologie, à la manière d'un Redfern Now par exemple en Australie l'automne dernier. Au cours de ces quatre épisodes, elle va nous raconter la journée de personnages très différents, qui n'ont rien en commun si ce n'est le fait qu'ils peuvent être amenés à se croiser dans leur quotidien.

Le premier épisode nous permet ainsi de faire la connaissance de Stacey, une adolescente de 17 ans, mère de famille. Venant d'un milieu défavorisé, elle vit actuellement dans un Bed & Breakfast faisant office de refuge d'urgence vers lequel les services sociaux l'ont orientée. A chaque épisode, de nouvelles thématiques seront abordées dans les portraits dressés : le deuxième épisode s'intéresse à Gavin, un adolescent de 14 ans souffrant de bégaiement en manque terrible de repères ; le troisième s'arrête sur Georgie, un père de famille d'une quarantaine d'année, au chômage, revenu vivre chez sa mère ; enfin, le dernier épisode met en lumière Pala, une jeune femme d'origine nigériane qui tente de survivre tout en espérant faire venir un jour son fils, resté au pays, en Irlande.

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Diffusée en 2007 avec pour ambition d'éclairer l'envers du miracle économique irlandais d'alors et son lot de laissés-pour-compte, Prosperity trouve aussi une résonnance particulière dans le contexte actuel. Au cours de ces quatre épisodes, armée d'une sobriété d'écriture qu'elle va toujours préserver, la mini-série met en scène des situations où prédominent misère, perte de repères et détresse humaine. La caméra s'immisce véritablement dans les vies de ces différents protagonistes, faisant office de témoin privilégié pour capturer un quotidien à la fois sombre et ordinaire. Se perçoit en filigrane la démarche de l'auteur : une volonté de réalisme, d'authenticité, pour parler d'une réalité que l'on préfère souvent oublier, ou reléguer loin de notre conscience. Ce parti pris rapproche Prosperity du documentaire : la narration y est abrupte, directe, refusant tout artifice. La mini-série ne romance pas une journée dans la vie de ces personnages, elle nous glisse dans ces existences, présentées sans fard, adoptant le rythme lent qui correspond tout simplement à celui de leurs vies.

Le visionnage se révèle plutôt éprouvant pour le téléspectateur qui ne peut rester indifférent : Prosperity est en effet une suite de portraits de personnages au bord du précipice. Au-delà d'un envers désenchanté, ce sont l'absence d'issue et l'impression de fatalité pesante qui marquent. Par exemple, dans le premier épisode, nous suivons la journée - qui semble véritablement interminable - de Stacey. Contrainte de quitter sa chambre au petit matin pour ne la réintégrer qu'en fin d'après-midi, elle erre, attendant simplement que le temps passe, naviguant entre la rue et le centre commercial, avec un détour par les services sociaux. La léthargie de l'adolescente, qui ne s'exprime que par monosyllabe, pèse sur tout l'épisode qui s'égrène avec la même lenteur que sa journée. Aucun des micro-évènements anecdotiques qui peuvent venir troubler ce quotidien désespérément plat ne semble avoir d'emprise sur Stacey. Elle cultive ses rêves inaccessibles d'un futur avec le père de son enfant, tout en ne renvoyant que l'image désillusionnée d'une existence sans issues.

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Cette recherche de proximité, de prise avec le réel, se retrouve sur la forme. Dans sa réalisation, Prosperity est une fiction qui privilégie la sobriété, qui n'hésite pas à user du silence et qui ne cherche jamais à édulcorer les passages qu'elle met en scène. Ambitionnant de trouver une certaine justesse grâce à ce type d'approche du quotidien, la série évite le misérabilisme, tout en apparaissant comme un témoignage qui entend faire réagir le téléspectateur.

Pour réussir cet objectif, il faut aussi noter que le casting est au diapason de cette tonalité particulière, souhaitant le naturel et l'authentique pour évoquer ces figures qui ont chacune leur expérience et leur vécu, à la fois égarée et touchante. Au fil des épisodes, on retrouvera d'abord Siobhan Shanahan, pour interpréter Stacey, puis Shane Thornton, Gary Egan et enfin Diveen Henry.

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Bilan : Il pèse sur Prosperity une lourde chape de désillusion que la cruelle ironie du titre de la mini-série ne fait qu'accentuer. Présentant des tranches de vie de personnes en marge de toute réussite sociale, laissés-pour-compte sans autre issue, elle dresse des portraits très humains, pessimistes, parfois douloureux, mais touchants aussi. Ces oubliés du miracle économique irlandais ainsi évoqués en 2007 ne sont pas juste des reflets de désespoir à Dublin ; cette mini-série est un miroir tendu vers nos sociétés actuelles bien au-delà de l'Irlande. C'est aussi pour cela que cette chronique sociale n'est pas d'un visionnage facile, mais que ce dernier se révèle en tout cas mérité.


NOTE : 6,75/10


La bande-annonce de la mini-série :

11/01/2013

(NOR) Torpedo (Torpille) : une enquête difficile vers un engrenage létal

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Mes programmes de ce début d'année 2013 sont placés sous le signe de la Scandinavie. Il m'a tout d'abord fallu digérer le final de Forbrydelsen et faire mon deuil de cette série danoise qui aura marqué mon ouverture au petit écran européen. Pour me changer les idées, j'ai choisi de poursuivre mes escapades scandinaves en mettant le cap plus au nord. Je suis remontée en Suède, où j'achève de rattraper la version anglaise de Wallander (sur laquelle je reviendrai très prochainement), et en Norvège, où je me suis plongée dans une mini-série intitulée Torpedo. Ce thriller s'est avéré très prenant.

Ecrite et réalisée par Trygve Allister Diesen, Torpedo (Torpille en version française) a été diffusée sur TV2 en 2007. Comprenant 4 épisodes de 48 minutes, elle a retenu l'attention en Norvège. La bonne nouvelle, c'est que cette intéressante fiction du petit écran nordique nous parvient enfin en France en ce début d'année 2013 grâce à Eurochannel qui continue d'être une voie d'accès à surveiller pour les productions européennes. La chaîne a en effet entrepris sa diffusion depuis la semaine dernière (les multi-rediffusions devraient vous permettre de la rattraper, et pour ceux qui n'ont pas Eurochannel, le service de VOD est à surveiller). Torpedo est une brève mini-série efficace que devraient apprécier les amateurs.

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Terje Jonassen, un ancien soldat et commando, s'est reconverti depuis son retour à la vie civile en homme de main, redoutable notamment pour collecter les dettes de jeu. Son professionnalisme rigoureux permet souvent d'éviter que des situations sensibles ne dégénèrent : s'il ne cherche pas la violence pour la violence, il n'hésite pas à y recourir s'il s'y estime contraint et effraie facilement plus d'un récalcitrant. Terje est marié à Sissel, une belle femme dont le portrait s'affiche actuellement sur tous les écrans publicitaires de la ville. Ils ont ensemble une petite fille, Maja. Le défi quotidien de Terje est de trouver l'équilibre entre un travail où les commanditaires sont peu conciliants, avec des horaires parfois compliqués, et une vie familiale à soigner.

Mais tout bascule brusquement un jour. Une collecte de dette dont il devait avoir la charge tourne mal, notamment en raison des prises d'initiative peu inspirées de l'acolyte auquel il avait confié la tâche de finir le travail, Terje ayant préféré pouvoir profiter pleinement de l'anniversaire de sa fille. Ce dérapage suscite la colère du boss mafieux local, Cedomir. Cependant, le bien des affaires primant, Terje pense pouvoir vite tout arranger. Mais lorsqu'il rentre chez lui avec sa fille pour organiser l'anniversaire de cette dernière, il découvre le corps sans vie de sa femme dans la salle de bain : elle a été abattue à bout portant. Connu pour sa jalousie, Terje devient immédiatement un suspect privilégié pour la police.

Se sachant innocent, il n'entend pas rester les bras croisés et entreprend sa propre enquête pour retrouver le meurtrier. Plongeant dans les bas-fonds du crime organisé norvégien, la douleur lui faisant oublier toute prudence, il prend le risque de provoquer un engrenage dangereux. Mais il va aussi découvrir qu'il ne connaissait peut-être pas Sissel aussi bien qu'il le croyait.

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Torpedo est un thriller musclé qui sait jouer sur plusieurs tableaux : c'est une série d'action, dont certains passages empruntent aux fictions de gangsters, mais qui ne néglige pas pour autant des passages plus posés permettant des développements personnels. Sa mise en scène, à la sobriété calculée, renvoie une impression de réalisme abrasif qui contribue grandement à la tension ambiante. Bénéficiant d'un scénario solide et bien huilé, la fiction sait ménager le suspense jusqu'à la fin. Elle a pour atout de se dérouler sur une durée brève (4 jours, soit un épisode par jour) : elle peut ainsi relater sans temps mort l'enchaînement rapide d'évènements qui vont complètement bouleverser la vie de son personnage principal. L'histoire nous est racontée uniquement du point de vue de ce dernier, permettant de partager ses questionnements, mais aussi de mesurer combien la situation lui échappe progressivement. Il faut dire que Treje est en bien des points le prototype du protagoniste de film d'action : sombre et efficace, il s'épanouit parfaitement dans l'atmosphère particulière de la mini-série. Avec détermination, mais aussi des limites comme ses éclats violents, il nous entraîne dans cette investigation difficile où il tente de faire preuve de la même froideur rationnelle qui lui servait tant dans son travail.

Très vite, Torpedo prend les allures d'une quête de vengeance, mais il serait bien réducteur de la cantonner uniquement à ce genre. En effet, elle est surtout l'histoire de la descente aux enfers d'un homme prêt à tout bousculer, jusqu'aux bas fonds les plus mal famés du crime norvégien, pour retrouver le meurtrier de sa femme. Avant d'envisager la revanche, il s'agit d'abord pour lui de comprendre ce qu'il s'est passé. Sur ce plan, la mini-série n'a pas son pareil pour jouer des faux semblants et des coïncidences, et nous lancer sur de multiples fausses pistes. A mesure que Terje progresse, tout ne cesse de se complexifier ; et il découvre qu'il ignorait bien des choses sur la vie de Sissel. Les doutes se multiplient alors : et si les secrets de sa femme avaient provoqué sa perte ? Au fil des rebondissements, Terje peine à faire le tri entre les mensonges et les demi-vérités que chacun consent à lui dire. Torpedo réussit très bien à nous glisser dans une ambiance tendue et paranoïaque, où il faut se méfier de tout et où rien ne doit être pris pour argent comptant. C'est un engrenage létal qui se met en branle, très bien géré jusqu'à la fin et un ultime twist qui laisse un goût chargé d'amertume en parfait accord avec le parti pris réaliste et la tonalité sombre de l'ensemble.

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L'atmosphère pleine de tension que cultive Torpedo est renforcée par les intéressants choix faits par le réalisateur, Trygve Allister Diesen (un nom qui parlera peut-être à ceux qui ont apprécié Kommissarie Winter au printemps dernier sur Arte, puisqu'il s'était chargé de la réalisation des deux premiers épisodes). Filmée caméra à l'épaule, la mini-série bénéficie d'une réalisation extrêmement nerveuse, avec des plans toujours proches des protagonistes. Comme un écho à la tonalité de la mini-série, l'image est relativement sombre, avec une photographie qui semble jouer sur le contraste glacé entre la noirceur ambiante et le paysage enneigé qui est mis en scène (soit dit en passant, cet enneignement a laissé la téléspectatrice de latitudes tempérées que je suis effarée : comment est-il possible de conduire si vite sur une route si blanche ?!). A cela s'ajoute une bande-son sobre et appropriée, à l'image du générique (cf. vidéo ci-dessous).

Enfin, le casting se met au diapason. Le rôle principal est confié à Jorgen Langhelle qui trouve avec aisance ses marques dans ce registre de rudesse efficace caractérisant son personnage. Dans son entourage, on retrouve Aksel Hennie qui interprète son compère, plus souvent source d'ennuis que d'une réelle aide. La tête la plus connue du sériephile amateur du petit écran scandinave est sans doute Dejan Cukic (Hvor svært kan det være, Nikolaj og Julie, Borgia), que j'avais apprécié l'année dernière dans la série danoise Forestillinger, qui, cette fois-ci, incarne un chef mafieux que le héros va affronter. On croise également Rebekka Karijord, Gard Eidsvold, Lisa Werlinder, Kyrre Haugen Sydness, Morten Faldaas (Hjem), Maria Schwartz Dal, Anneke von der Lippe et Sven Nordin.

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Bilan : Récit musclé et mouvementé d'une enquête qui ne cesse de se complexifier, Torpedo met en scène l'enclenchement d'un engrenage létal. Fiction à la tension efficace, prenante jusqu'à la fin, elle sait très bien entretenir les fausses pistes et multiplier les faux semblants, jusqu'à une résolution intéressante en parfait accord avec la tonalité quelque peu désillusionnée dans laquelle elle nous plonge. En résumé, il s'agit d'une mini-série intéressante dans son genre, une expérience qui devrait parler aux amateurs de suspense, d'action, comme à ceux qui ont succombé aux sirènes scandinaves.


NOTE : 7,25/10


Le générique de la série :

Une bande-annonce :

03/11/2012

(ISL) Hamarinn (The Cliff / La Falaise) : enquête criminelle sur fond de folklore légendaire local

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My Télé is rich! a pour habitude de partir s'évader sous les latitudes nordiques islandaises dès que le thermomètre atteint des hauteurs déraisonnables. C'est ce que j'appelle une contre-programmation tempérée ; elle est en plus le prétexte parfait pour cultiver l'affection toute particulière que je nourris pour l'Islande. Pourtant, le week-end dernier, c'est alors qu'une épaisse couche de neige ensevelissait ma ville que je me suis plongée dans Hamarinn, une mini-série datant de 2009, écrite par Sveinbjörn I. Baldvinsson (connue sous le titre The Cliff en version internationale, La Falaise en version française).

Si j'ai ainsi bravé - ou presque - les éléments, c'est que cette fiction est diffusée en France sur Eurochannel à partir de ce soir (à minuit) et qu'elle est d'ores et déjà disponible sur le service VOD de la chaîne qui propose par cet intermédiaire un certain nombre des séries qu'elle a eu l'occasion de diffuser (une opportunité, pour les amateurs de séries européennes, d'effectuer éventuellement quelques rattrapages). En ce qui concerne Hamarinn, cette mini-série comptant 4 épisodes m'a permis de poursuivre, avec encore une fois une fiction très intéressante, mon incursion dans le polar islandais, mêlant folklore légendaire local et enquête criminelle solide. Ce n'est pas encore aujourd'hui que mon affection pour l'Islande va se démentir.

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Le calme d'un village retiré dans la campagne islandaise est perturbé lorsqu'un accident se produit de nuit sur un chantier, dans d'étranges circonstances. En effet, alors que des terrassements doivent avoir lieu pour moderniser les infrastructures énergétiques, un des ouvriers chute avec son engin du haut de la falaise qui doit être rasée. Il est transporté à l'hôpital dans le coma. Non seulement il s'agit de déterminer si c'est un simple accident, une tentative de suicide ou un véritable meurtre, mais la police s'intéresse d'autant plus à ce drame que des explosifs devant servir aux travaux ont aussi disparu.

L'affaire est particulièrement sensible car la réalisation du projet d'aménagement est très controversée, et la falaise en cause cristallise toutes les tensions locales. Des militants écologistes pointent ainsi la destruction des sites naturels jusqu'alors préservés qu'elle entraînera. Des entrepreneurs locaux s'affrontent pour récupérer le contrat afin de poursuivre les travaux. Et les plus anciens rappellent eux que cette falaise n'est pas de la simple roche, mais que sur son sol sacré se croisent des créatures surnaturelles qu'il ne faut pas déranger... 

L'enquête qui s'annonce bien complexe est confiée à une jeune policière, Inga, qui a encore tout à prouver aux yeux de son supérieur. Méfiant, ce dernier lui adjoint l'assistance d'un policier de Reykjavik, Helgi, qui a grandi sur les lieux du crime et connaît bien la petite communauté au sein de laquelle il va falloir démêler les fils des secrets et des motivations de chacun.

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Hamarinn s'inscrit dans la droite ligne des polars nordiques, exploitant pleinement cette approche grâce à une construction narrative, classique mais solide, qui permet quatre riches épisodes. Elle délivre une intrigue policière efficacement menée, usant de ficelles rôdées et multipliant à dessein les fausses pistes, pour retomber finalement sur une résolution cohérente venant conclure un enquête difficile. Element important du récit, la dimension humaine n'est jamais négligée. La mini-série se repose en partie sur la dynamique efficace qui s'installe au sein de son duo principal d'enquêteurs : aux concurrence et méfiance initiales succèdent un rapprochement progressif, une confiance, puis un vrai soutien. Le schéma est certes familier, mais il fonctionne d'autant mieux que le scénario prend soin de leur donner une consistance, dévoilant un passé, des incertitudes et des blessures qui peinent à se refermer. Ces personnages apparaissent ainsi faillibles, usant même parfois de moyens discutables pour parvenir à leurs fins. Les figures secondaires sont également bien traitées : le poids des histoires de familles, des traditions opposées à la modernité, des secrets à peine avoués et des amours déçus pèsent sur le drame qui se joue sous nos yeux. L'enjeu du récit est autant d'identifier un éventuel coupable que de mesurer l'impact des évènements sur la communauté touchée, mais aussi sur les enquêteurs chez qui elle ravive d'autres questionnements intimes.

Cependant la réelle valeur ajoutée de Hamarinn du polar tient surtout à l'ambiance très particulière qui s'y développe, entreprenant d'explorer des légendes du folklore islandais. La localisation loin de la ville est déterminante : elle permet d'introduire légitimement, et en leur donnant de l'importance, toutes les croyances héritées des ouïes-dires et traditions se transmettant au sein des petites communautés rurales. L'histoire glisse ainsi peu à peu vers une dimension surnaturelle, toujours utilisée avec parcimonie. Si on assiste à des phénomènes paranormaux, ceux-ci sont complètement intégrés au récit, comme normalisés. Qu'il s'agisse d'apparitions visuelles, tel l'homme au long manteau, ou encore de coïncidences troublantes, tel ce jeune garçon semblant capable de voir bien des choses, la mini-série préfère rester dans le suggestif. Elle ne tente jamais de les expliquer, laissant à chacun le soin de tirer ses propres conclusions. Comme si, dans ce soin reculé d'Islande, tout pouvait être envisageable. Il y plane ainsi l'ombre vénérable, à l'occasion menaçante, de cette falaise. Une inquiétude sourde flotte dans l'atmosphère, les questions informulées se bousculant : cette falaise est-elle vraiment maudite ? Tous les incidents qui l'entourent ont-ils une cause qui dépasse l'entendement des policiers ? Mais si Hamarinn nous plonge dans des superstitutions et des manifestations intriguantes, elle n'oublie jamais qu'elle reste un polar. Cette immersion dans un folklore typique apporte un cachet et une identité à une enquête qui aurait sans doute été sinon un peu trop classique, mais le téléspectateur n'en a pas moins ce pour quoi il est venu : une histoire policière résolue rationnellement à la fin. Le contrat est donc parfaitement rempli.

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Sur la forme, Hamarinn bénéficie d'une réalisation solide qui a été confiée à Reynir Lyngda. Les effets de la caméra contribuent à créer l'ambiance très particulière de la mini-série : tant en nous introduisant dans un polar classique égaré en pleine capagne - mettant donc en avant le paysage islandais -, elle sait aussi jouer sur une hypothèse surnaturelle plus angoissante, sans jamais trop en faire (quelques apparitions de silhouettes suffisent à diffuser une sourde angoisse en écho aux légendes locales). L'autre élément formel qui joue également un rôle fondamental est sa riche bande originale. La récompense remportée par cette dernière aux Edda Awards en 2010 est pleinement justifiée : l'accompagnant dans ses brusques montées d'inquiétude, comme dans la routine de l'enquête, la musique rythme le récit et lui confère une tonalité à part.

Enfin Hamarinn dispose d'un casting homogène dont les intéractions fonctionnent à l'écran. Les développements suivis par les rapports de la paire d'enquêteurs peuvent sembler très convenus, mais la série peut s'appuyer sur deux acteurs sympathiques, ayant une bonne alchimie entre eux, Björn Hlynur Haraldsson et Dóra Jóhannsdóttir. Avec ses pulls nordiques, son caractère affirmé et sa manière de s'inscrire en porte à faux vis-à-vis de ses collègues, il est facile de rapprocher le rôle de cette dernière des héroïnes de polars nordiques qui sont devenues pour nous des figures familières emblématiques, de Sarah Lund à Saga Noren. Le casting plus secondaire n'est pas en reste, chacun étant bien rentré dans le rôle qui lui est dévolu.

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Bilan : Proposant une enquête efficace couvrant ses quatre épisodes, Hamarinn est un polar nordique aux ressorts narratifs très classiques, aussi bien dans sa gestion toujours très humaine de personnages qu'elle prend le temps de développer, que dans la construction de son intrigue. Cependant, en plus d'être une fiction policière correcte, cette mini-série a pour elle une vraie identité islandaise, marquée par une ambiance à part qui nous plonge dans le folklore légendaire local et toutes les croyances qui l'accompagnent. Flirtant avec le surnaturel de manière étrangement normalisée, elle nous entraîne dans un coin perdu d'Islande pour nous proposer un mélange des genres intriguant qui se révèle être bien plus qu'un simple récit policier.

Rendez-vous donc sur Eurochannel pour les curieux ; voire, sinon, comme souvent en Islande, le coffret DVD contient une piste de sous-titres anglais.


NOTE : 7,25/10


La bande-annonce de la mini-série :