Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/03/2013

(UK) Being Human, saison 5 : the desire to be human is the end, not the beginning

"What none of you realised, none of us realised, is
- the desire to be human is the end, not the beginning.

To want it is to have it. You're not wasting your time, Tom.
You've already won."
(Hal - 5.06, The Last Broadcast)

beinghuman50a.jpg

Il est temps de revenir sur mon deuil sériephile de ce mois de mars. Being Human s'est achevée il y a presque deux semaines en Angleterre. Si la série aura donc bénéficié de cinq saisons pour exploiter son concept, une durée très honorable, la pointe de regret est pourtant là en commençant la rédaction de ce billet. C'est en effet peut-être par la plus aboutie et belle de ses saisons qu'elle s'est conclue. En disant adieu à une série, on mesure souvent son importance : elle m'aura prouvé que ce n'est pas pour rien qu'elle fut une des rares à avoir l'honneur de sa propre catégorie dédiée sur ce blog. Je l'ai suivie avec un attachement jamais démenti, passant par tous les états : j'ai connu les semi-déceptions, les frustrations, mais aussi ces grands moments, forts, chargés d'une humanité qui m'a touché au coeur.

Par-dessus tout la grande caractéristique de Being Human est d'avoir toujours su se réinventer. Jusqu'au bout. Mon histoire avec elle a commencé durant l'hiver 2008 par un pilote loin d'être parfait, mais où perçaient un charme et un potentiel indéniables. C'est pourtant une autre série, à la tonalité réajustée, avec un casting quasiment entièrement renouvelé (elle avait perdu deux de ses trois acteurs principaux) qui, finalement, a vu le jour en janvier 2009 après une mobilisation (méritée) de fans de la première heure. J'ai passé la moitié de la première saison à regretter "l'originale" et Andrea Riseborough, avant de me prendre d'affection pour ce nouveau trio. Partie d'un quotidien quasi-anecdotique s'il n'y avait eu cette dimension fantastique, Being Human s'est ensuite peu à peu tournée vers des enjeux toujours plus grands, glissant à l'occasion dans une surenchère hors de contrôle. Trois saisons éprouvantes ont conduit à une conclusion inévitable.

beinghuman5i.jpg

Au cours de sa quatrième, l'an dernier, la série a de nouveau prouvé sa faculté à s'adapter, démontrant comme peu de fiction en sont capables que sa magie dépassait les protagonistes mis en scène. Quoiqu'on en dise, cette série avait une âme, solidement ancré dans son concept, qui aura survécu à tous ces bouleversements. De nouveaux personnages ont été introduits. La téléspectatrice que j'étais s'est un instant crispée : pouvait-on envisager Being Human sans Mitchell, sans George, et enfin, sans Annie ? Pourtant, pour la troisième fois, elle m'a conquise. Hal et Tom se sont imposés naturellement. Et, quelque part au fil de cette cinquième saison, j'ai soudain pris conscience que ce dernier trio sera sans doute l'image de Being Human que j'emporterais pour la postérité.

Tuée la saison précédente, Alex, jeune femme au fort caractère, a vite trouvé ses marques pour compléter un duo vampire/loup-garou qui avait déjà montré tout son potentiel. L'étonnante dynamique née entre Hal et Tom, deux personnages si dissemblables, a fonctionné à merveille au cours de cette saison 5, vacillant plus d'une fois et pourtant toujours si solide. Dans le même temps, la série a poursuivi dans la surenchère pour désigner l'ennemi de la saison. La menace des vampires, récurrente depuis le début, réduite à néant par la fin des Old Ones, Toby Whithouse s'est logiquement tourné vers le plus grand adversaire qu'un scénariste puisse envisager dans une mythologie surnaturelle : le Diable. Une ultime bataille, pour une ultime saison, tel était donc le programme.

beinghuman5f.jpg

La réussite de cette saison 5 tient en premier lieu au fait d'avoir prolongé le retour aux sources entrevu la saison précédente : s'être rappelé que le charme de Being Human repose sur ces petites scènes d'une vie quotidienne se démarquant seulement de l'ordinaire par le twist fantastique apporté par la nature des différents protagonistes. Par-delà son univers surnaturel, la série doit tout à l'humanité, souvent touchante, toujours empreinte de doutes, qui émane de ses personnages. C'est dans leurs contradictions que ces derniers se révèlent. La série se construit sur ces dualités. On retrouve cette caractéristique jusque dans les relations que les protagonistes entretiennent. Il n'y avait rien de plus improbable que l'amitié naissante entre Hal et Tom, entre un ancien vampire un peu snob, obsédé par l'ordre, avec des troubles obsessionnels compulsifs qui lui permettent de canaliser ses pulsions, et un jeune loup-garou spontané, ayant encore tellement à apprendre de la vie. La série n'a pourtant jamais sonné aussi juste que durant ces instants-là.

Au fil des épisodes, se sont esquissés des portraits toujours riches en contrastes, mettant ainsi en lumière l'essence même de la série. Tous ces personnages ont dévoilé plusieurs facettes. Tom a désarmé le téléspectateur par la troublante vulnérabilité et l'inattendue innocence qu'il a préservées, lui pourtant tellement endurci par son éducation et ses combats contre les vampires. Hal a séduit autant par ses phases où son magnétisme vampirique ressort que par les passages où il vacille en tentant désespérément de retrouver le contrôle chèrement acquis de lui-même. Alex a touché par ce qu'elle représentait : une vie coupée nette, dont elle conservait malgré tout la répartie et la vitalité qui la définissaient. Toutes ces figures multidimensionnelles se sont cherchées, égarées, rassurées... Elles tendaient à l'aveuglette vers une supposée normalité qui demeurait cet idéal brandi d'une humanité perdue, sans comprendre que c'étaient justement tous ces questionnements, tous ces échecs, qui les rendent simplement... humains.

beinghuman52d.jpg

Fidèle à la tonalité particulière de Being Human, cette saison 5 a alterné, dans ses intrigues, les phases de dramédie du quotidien, légère voire insouciante, et les basculements vers une fiction horrifique, culminant avec quelques scènes sanguinolantes et dramatiques à souhait. Cela lui a permis d'explorer plus avant des thématiques familières, comme l'impossible rédemption des vampires. Le décrochage de Hal a été bien traité, en choisissant l'angle de l'addiction et en introduisant aussi l'idée d'une sorte de deuxième personnalité, comme un double maléfique. De manière générale, chaque personnage a eu droit à ses moments, nous offrant de nombreuses scènes mémorables qui ont su toucher : des confrontations à l'intensité bouleversantes aux passages à la simplicité touchante. Being Human n'a jamais semblé plus fidèle à elle-même que lors de ces instants précieux où l'écriture éclaire la spécificité de ce concept.

Parallèlement, le fil rouge diabolique s'est fait de plus en plus inquiétant. Les tensions sont devenues pesantes, s'exacerbant face à différentes péripéties. Les grandes confrontations finales n'ont jamais été le point fort de Being Human, laquelle a toujours préféré la construction progressive les précédant. Mais ce à quoi est parvenu le dernier épisode constitue une magnifique chute, orchestrée en deux temps. Embrasser une humanité retrouvée en faisant disparaître la nature respective des personnages, c'est tout d'abord leur permettre de toucher le rêve qu'ils chérissaient tant. C'est dans le même temps offrir au téléspectateur une décharge émotionnelle rare. Suggérer ensuite, enfin, que tout ne serait resté bel et bien qu'un rêve, diabolique, une utopie, c'est rester fidèle jusqu'au bout à la dualité inhérente à la série. Je n'ai pas besoin de connaître la réponse qu'apportera le DVD pour être satisfaite, je préfère ces trois petits points de suspension suggestifs. C'est une fin avec ses contrastes que chacun peut conclure comme il l'entend.

beinghuman5r.jpg

Sur la forme, Being Human a acquis une identité visuelle bien à elle au fil de ses saisons. Dans cette fiction fantastique qui n'a jamais eu un budget d'effets spéciaux très conséquent, ce sont les transformations en loup-garous qui ont toujours été l'écueil le plus problématique à surmonter. Qu'importe, la série a su naviguer entre ses genres, oscillant opportunément, suivant les scènes ou les épisodes, entre la dramédie humaine attachante et des emprunts aux codes de l'horreur fantastique. Elle n'aura pas hésité à recourrir à quelques effets de styles classiques de ce dernier genre, avec une mise en scène qui ne s'est jamais montrée avare en hémoglobine. Quant à sa bande-son, elle a su trouver quelques chansons bien choisies pour l'accompagner.

Enfin, côté casting, cette saison 5 a de nouveau accueilli quelques solides guest-stars pour construire le fil rouge, avec Phil Davis (Bleak House, Collision, Whitechapel) pour incarner le Diable, et Steven Robertson (Tess of the D'Ubervilles, The Bletchley Circle) pour interpréter un fonctionnaire très (trop) zélé. Surtout, elle a permis de confirmer tout le bien que l'on pouvait penser de son trio de jeunes acteurs qui ont su admirablement s'affirmer au fil des épisodes. Promue pour l'occasion, Kate Bracken a apporté une fraîcheur et une vitalité appréciable, venant compléter le duo déjà en place. Michael Socha (This is England) a su, lui, capturer la complexité de Tom, un personnage qui restera sans doute comme le plus attachant et désarmant de la série. Quant à Damien Molony, il aura séduit et marqué dans un rôle très riche, franchement fascinant, qui lui aura en plus donner l'occasion de s'exprimer dans des registres très différents. 

beinghuman5w.jpg
beinghuman5x.jpg

Bilan : Au terme de cette cinquième saison, Being Human s'en est sans doute allée de la meilleure des façons : avec les honneurs d'une sortie réussie et une dernière saison admirable, fidèle à ce qui aura fait l'essence de la série, en insufflant à son concept une fraîcheur nouvelle. Ce n'est pas sans regret que le téléspectateur fait ses adieux à ce trio de personages qui a su si bien s'imposer, tout en n'ayant finalement eu qu'une poignée d'épisodes bien à lui. Mais c'est au moins sur l'impression de satisfaction laissée par cette ultime saison que cette série se clôture.

Finir Being Human laisse un vide. Elle a fait partie de mon quotidien téléphagique pendant six ans, même si elle compte moins de 40 épisodes. Je ne nie pas qu'elle m'a fait passer par tous les états, de l'enthousiasme à la déception. J'en garderai pourtant avant tout le souvenir d'une série capable de générer quelques instants véritablement magiques d'une humanité touchante, attachante et sincère, comme peu de fictions savent le faire. Ce fut une aventure sériephile avec ses hauts et ses bas que je ne regrette pas d'avoir vécue.

En guise d'ultime conclusion, permettez-moi de vous conseiller la lecture de deux beaux billets d'adieux qui, chacun à leur façon, m'ont parlé pour dire au revoir à Being Human : celui de Carole et celui de Saru.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la saison :

20/03/2013

(J-Drama / Pilote) Saikou no Rikon : une comédie nuancée et authentique sur la fin d'une relation

saikounorikon0-1.jpg

Restons au Japon en ce mercredi asiatique pour revenir sur une autre intéressante série de cet hiver : Saikou no Rikon. Diffusé sur Fuji TV dans son créneau du jeudi soir à 22h depuis le 10 janvier 2013, ce drama s'achèvera justement demain au terme de 11 épisodes. Ce week-end, je me suis plongée dans les premiers épisodes avec curiosité. Saikou no Rikon se présentait comme une comédie romantique relationnelle ; cependant elle avait plusieurs atouts pour retenir l'attention. D'une part, évidemment, son casting solide donnait envie de lui donner une chance. D'autre part, son scénario était signé Sakamoto Yuji, scénariste à qui l'on doit notamment un drama marquant comme Mother. Dès le pilote, Saikou no Rikon prouve être capable d'investir un registre bien à elle, maniant une tonalité légère et des pointes plus sérieuses, voire poignantes, autour de la problématique du mariage et des relations amoureuses arrivant à leur fin.

saikounorikonf.jpg

Saikou no Rikon s'ouvre sur le quotidien d'un couple qui bat de l'aile. Comme désaccordés, Mitsuo et Yuka mènent deux vies en parallèle : chaque action de l'un n'engendre que frustrations et incompréhensions chez l'autre. Réunis par les évènements du 11 mars, ils se sont ensuite mariés rapidement ; mais ils semblent s'être tout aussi vite éloignés, ayant dérivé loin l'un de l'autre. Les traits de caractère de chacun ressortent, exacerbant une fatigue et une forme d'exaspération générales. Si Mitsuo est un mari avec ses exigences en matière d'ordre et d'organisation, et un sens des priorités assez particulier (comme s'inquiéter plus pour son bonsaï que pour sa femme après un tremblement de terre). Yuka est, elle, plus spontanée humainement, mais aussi désordonnée. Après avoir adopté le point de vue du mari et présenté ses récriminations répétées, l'épisode se conclut par une décision de divorce prise par Yuka : elle aura finalement été remettre les papiers qu'ils avaient remplis lors d'une énième soirée d'agacement de Mitsuo.

Seulement le divorce ne se résume pas seulement à soumettre des papiers à l'administration. Comment annoncer la nouvelle de la rupture à leurs familles respectives ? A partir de quand peuvent-ils envisager de refaire leur vie amoureuse ; et surtout, comment ? La situation est d'autant plus troublée par le fait que Mitsuo et Yuka continuent pour le moment de vivre ensemble, Yuka ayant dû renoncer à rentrer vivre chez ses parents qui n'ont pas la place de l'accueillir. Cet échec les amène aussi à s'interroger sur l'amour et sur ce qu'ils peuvent attendre d'une relation ; par-delà les griefs qu'ils adressent à l'autre, c'est aussi sur eux-mêmes qu'ils s'interrogent. En cette période trouble, leur route croise celle d'un autre couple : la femme est une ex-petite amie d'université de Mitsuo pour laquelle il a toujours des sentiments. Si en apparence, ce duo semble avoir trouvé un équilibre qui lui est propre, ce dernier apparaît aussi très précaire... Dans les tergiversations amoureuses qu'elle se propose de raconter, la série va aussi être un véritable apprentissage de soi.

saikounorikone.jpg

Si on pouvait craindre le genre des comédies romantiques définitivement saturé, Saikou no Rikon prouve qu'il est toujours possible de proposer une fiction très rafraîchissante dans ce registre. Sa légèreté ambiante est parfaitement utilisée comme un moyen narratif permettant d'explorer, de façon très directe, des thématiques relationnelles diverses. La sobriété de son approche comique est à saluer : le drama ne cherche jamais à forcer sur la corde de l'humour, ne tentant ni d'enchaîner les gags, ni de provoquer coûte que coûte des éclats de rire. C'est par petites touches qu'il fait régulièrement sourire, grâce aux décalages et aux réactions de ses personnages. Signe de sa maîtrise narrative, il est aussi capable d'une versatilité de tons appréciables, gérant avec habilité des passages plus poignants émotionnellement.

La particularité de Saikou no Rikon tient aussi à son angle d'attaque : le drama met en scène des couples en train de se défaire, évoquant donc d'abord ces moments où l'amour vascille et où bien des certitudes s'effondrent. Pour capturer les spécificités de ces périodes difficiles, le drama a la chance de pouvoir s'appuyer sur de riches dialogues, souvent savoureux, étonnamment justes, portés par une écriture ciselée très solide. Il s'agit d'une série qui laisse une large place à l'expression de chacun : il y a la volonté de permettre aux personnages de dévoiler leurs états d'âme et d'expliquer leurs attentes. Ces multiples échanges rapides, mais aussi ces longues tirades tendant vers le monologue, apparaissent comme autant de fenêtres grandes ouvertes vers le coeur de chacun. Derrière la difficulté des uns et des autres de traduire en mots leurs ressentis, voire leurs sentiments, se perçoit aussi plus simplement la difficulté que chacun a de se connaître et de se comprendre.

Dans cette optique, Saikou no Rikon accorde un soin tout particulier à ses personnages, détaillant leurs réactions mais aussi leurs points de vue face aux situations mises en scène. S'esquissent des portraits complexes, éloignés de toutes caricatures unidimensionnelles. Les différents protagonistes sont présentés avec leurs qualités et leur défauts : ils forment des personnes entières, complexes, armées de leurs certitudes et amoindries par leurs points faibles. Tour à tour agaçants, touchants, déconcertants, et même désarmants, ils constituent un quatuor très dissemblable. La diffuse impression de proximité et de normalité qui les entoure séduit un téléspectateur justement prêt à s'investir dans des personnages qui, eux-mêmes, se perdent et sont en quête de nouveaux repères dans les intrigues relationnelles éprouvantes qu'ils traversent. Il y a, dans cet ensemble terriblement humain et si riche en contradictions, une forme d'authenticité et d'émotions à fleur de peau qui permettent à la série de trouver son identité propre dans un genre pourtant sur-exploité.

saikounorikon2i.jpg

La forme s'adapte parfaitement à la maîtrise narrative que l'on retrouve sur le fond et aux évolutions des tonalités. La réalisation est relativement classique ; cependant, elle sait jouer sur tous les ressorts du genre, capable d'évoquer la comédie burlesque comme de relater des scènes solitaires déprimantes. Mais c'est surtout toute l'ambiance musicale du drama qui impulse un dynamisme des plus appréciables. Les instrumentaux sont bien choisis, tout en ayant cette retenue constante qui évite tout excès. Symbole de cet intéressant dosage, on retrouve en guise de générique de fin une belle chanson de Kuwata Keisuke (intitulée Yin Yang - mais le seul fait de confier une chanson de fin à ce chanteur est généralement gage de qualité ; souvenez-vous de Control ~ Hanzai Shinri Sousa). Durant ce générique, les personnages suivent une chorégraphie qui évolue à chaque épisode, en fonction des évènements qui se sont déroulés. Une parfaite façon, bien dans le ton de la série, pour conclure ces 45 minutes !

Enfin, le dernier argument en faveur de Saikou no Rikon tient à son casting. Prometteur sur le papier, il s'impose d'emblée comme une belle réussite. Dès le pilote, c'est tout d'abord Eita (Last Friends, Soredemo Ikite Yuku) qui se démarque, avec un personnage qu'il aurait été facile de trouver vite agaçant s'il n'y avait pas eu ce jeu riche en nuances de l'acteur, qui maîtrise les longues tirades, comme les éléments un peu plus burlesques, de façon extrêmement convaincante. Ono Machiko (Gaiji Keisatsu, Mother, Magma) interprète, avec beaucoup de naturel, sa très vite ex-femme, qui se dévoile progressivement au cours de ces premiers épisodes. Quant au couple qui rentre dans leurs vies tandis que le quotidien de Mitsuo et Yuka éclate, ils sont joués respectivement par Maki Yoko (Unmei no Hito) et Ayano Go (Cleopatra na Onnatachi).

saikounorikont.jpgsaikounorikon2m.jpg
saikounorikon2p.jpg

Bilan : Doté d'une écriture dense, accordant un soin particulier aux détails pour caractériser et comprendre les différents personnages, ainsi que les situations dans lesquelles ils se trouvent, Saikou no Rikon signe des débuts très solides. Sa tonalité légère, mais capable de versatilité, apporte une fraîcheur appréciable. Bénéficiant d'un casting convaincant, avec des acteurs qui vont trouver ici des rôles dans lesquels ils peuvent pleinement s'exprimer, ce drama très parlant choisit de plus un angle d'approche intéressant, celui de la fin d'une relation, conscient qu'un amour vascillant révèle toujours bien des choses sur chacun d'entre nous. C'est donc une fiction toute en nuances, pleine d'humanité, qui démarre sur de bonnes bases. Les amateurs devraient apprécier. A suivre !


NOTE : 7,5/10


Le générique de fin du 1er épisode (la mise en scène évolue d'un épisode à l'autre) :

Une bande-annonce du drama :

BONUS - Le clip de la chanson de fin en entier :

16/03/2013

(Pilote DAN) Livvagterne (The Protectors) : une fiction riche et à suspense, au sein d'un service de protection des personnalités


livvagterne0a.jpg

L'engouement pour les fictions scandinaves qui a gagné ces dernières années l'Angleterre n'a pas seulement eu pour conséquence d'encourager BBC4 à faire de nouvelles acquisitions dans ce registre, il a également permis à NordicNoir d'éditer directement en DVD des séries inédites outre-Manche (et en France). C'est ainsi qu'en début d'année est sortie la première saison de Rejseholdet (Unit One en version internationale), une des premières séries de DR ayant suivi la révolution de son approche des fictions à la fin des années 90 et récompensée d'un Emmy Award international en 2002. S'il faudra un jour que j'évoque cette série policière procédurale, c'est une plus récente qui retient mon attention aujourd'hui : Livvagterne (The Protectors).

La première saison de cette série sort justement ce lundi 18 mars en Angleterre (le coffret est par exemple disponible par là). Diffusée de 2009 à 2010, sur DR1, cette fiction danoise comporte 2 saisons de 10 épisodes chacune. Elle a également remporté un Emmy Award international, en 2009. Elle a été créée par Mai Brostrom et Peter Thorsboe, c'est-à-dire la même équipe de scénaristes à l'origine de Rejseholdet, mais aussi d'une autre des grandes valeurs danoises de la décennie écoulée, Ornen : En krimi-odyssé (The Eagle) (une autre série sur laquelle il faudra que je revienne). Après un double épisode pilote prometteur, la suite de Livvagterne m'a définitivement happé devant mon petit écran. En attendant la réception du DVD, la review qui suit évoque donc ces débuts.

livvagternee.jpg

Livvagterne met en scène une branche spéciale de la police danoise, connue sous le nom de P.E.T. (Politiets Efterretningstjeneste : c'est-à-dire, le service de renseignements de la police - ce nom ne sera pas étranger aux téléspectateurs de Forbrydelsen, notamment pour sa troisième saison). Il s'agit d'une unité en charge de la protection des personnalités considérées comme à risque dans le pays, c'est-à-dire principalement des responsables politiques, mais aussi la famille royale du Danemark. Durant ces missions de protection, le quotidien de ces agents ne se résume pas uniquement à jouer les gardes du corps. Il passe aussi par du travail d'investigation policière classique, ainsi que par la surveillance, voire l'espionnage, puisqu'ils sont notamment conduits à s'intéresser aux menaces terroristes, de toutes natures, qui peuvent mettre en danger les personnes dont ils ont la charge.

Au sein du PET, Livvagterne s'arrête tout particulièrement sur trois nouvelles recrues qui réussissent les tests - pour le moins difficiles - pour intégrer le service au cours du pilote : Jasmina El Murad, Jonas Goldschmidt et Rasmus Poulsen. Ces trois policiers, aux caractères très différents, forgent rapidement entre eux une solide amitié - deux d'entre eux se connaissaient déjà auparavant. Nous faisant indirectement naviguer dans les coulisses du pouvoir au contact des puissants, la série va donc nous relater les missions de protection auxquelles le trio va participer, les épisodes étant rythmés par leur gestion des menaces de diverses origines. Le récit n'oubliera cependant pas non plus de nous introduire dans leur vie personnelle, révélant leurs aspirations et leurs ambitions.

livvagternea.jpg

Livvagterne bénéficie d'un concept au potentiel très riche, dont elle va vite entreprendre d'exploiter les diverses facettes. Mettant en scène un service de protection, elle ne se réduit donc pas à une simple fiction policière, déclinant une version de whodunit. Les missions des agents du PET peuvent prendre des tournures très différentes. Tout d'abord, il y a le travail le plus quotidien, vite routinier, qui consiste en l'accompagnement des personnalités à risques, avec toute la discrétion exigée sur la vie privée de ces dernières, même si certaines ne manquent pas, parfois, de compliquer considérablement la tâche des policiers. Puis, dès qu'une menace potentielle est entrevue, on bascule dans des investigations policières plus classiques pour identifier précisément la source du danger. La série se rapproche alors des fictions d'espionnage, avec mises sous surveillance et autres collectes de renseignements. Tendant par moment vers une sorte de Spooks à la danoise, cela ne surprendra donc pas de voir que Livvagterne laisse ici une large place aux luttes antiterroristes.

Pour traiter de ces affaires, la série suit un format procédural. Cependant, pour ces débuts de saison 1, l'intrigue se construit toujours sur deux épisodes. Ce mini-arc de 2 heures lui laisse ainsi une durée suffisante pour permettre à l'histoire d'être bien développée. Le rythme narratif est efficace et suit une évolution souvent plutôt rapide, sans temps morts. De manière générale, la fiction renvoie une impression de maîtrise très appréciable, capable de prendre parfois son temps quand la scène s'y prête, tout en restant en mesure d'accélérer et d'insuffler une vraie tension quand pointent les tournants plus dramatiques. Ce savoir-faire est particulièrement perceptible dans le soin raffiné avec lequel la série traite ses cliffhangers qui concluent la fin de la première partie de chaque affaire : le suspense sur lequel elle laisse le téléspectateur rend impossible toute attente avant de visionner l'épisode suivant !

livvagternem.jpg

Outre cette approche policière solide, Livvagterne présente aussi certaines des caractéristiques des fictions de DR. Ces missions de protection concernent souvent des individus publics, en vue, notamment donc des politiciens (la première affaire touche le ministre de la Défense ; la deuxième, la ministre de la Culture) : le téléspectateur déjà familier du milieu politique danois depuis Borgen et Forbrydelsen ne sera donc pas dépaysé. Indirectement la série nous fait évoluer dans des coulisses du pouvoir où ses personnages sont les témoins privilégiés des prises de décision, mais n'en sont pas les acteurs, devant rester en retrait sans intervenir. Cependant, cela permet à la fiction de résolument s'inscrire au sein de la société danoise moderne et de mettre en scène les débats qui la parcourent. Les premiers thèmes traités sont ici particulièrement révélateurs : la première affaire questionne en filigrane l'engagement militaire danois en Irak, tandis que la deuxième parle d'immigration, d'intégration et d'extrêmisme, avec la montée de groupuscules d'extrême-droite.

Cet angle est aussi perceptible dans le choix des personnages principaux qui reflètent le multiculturalisme de la société danoise. La figure de Jasmina El Murad est à ce titre très intéressante : immigrée d'origine égyptienne, symbole d'une intégration réussie au sein de la société, elle doit aussi trouver sa place au PET en tant que femme dans une unité très masculine. Si Livvagterne se concentre en priorité sur ses affaires policières, la série va s'intéresser à ses personnages au-delà de leur seule vie professionnelle. D'autant plus que chacune de ces deux premières affaires touche de manière particulière un ou plusieurs de ses agents, qu'il s'agisse d'évènements marquants auxquels ils assistent ou bien parce qu'ils se retrouvent mêlés aux enjeux en cause et deviennent à leur tour des cibles potentielles. Sur ce dernier point lié au danger des missions confiées, la série a été claire dès le départ puisque dès le premier quart d'heure, nous assistons à la mort d'un de ses agents dans l'exercice de ses fonctions.

livvagterneu.jpg

Sur la forme, la réalisation de Livvagterne suit une approche qui sied tout particulièrement aux fictions à suspense. Elle adopte en effet un style nerveux et tendu, très direct dans la mise en scène, avec une caméra qui bouge beaucoup (sans pour autant jamais tomber dans l'excès). Conséquence de ce choix, l'image se place le plus souvent au plus près des protagonistes, proposant peu de plans larges. L'ensemble apparaît convaincant, et de solide facture, correspondant parfaitement à la tonalité ambiante et au sujet relaté. Quant au générique, s'il ne marque pas musicalement, il est visuellement tout aussi maîtrisé. 

Enfin, Livvagterne peut s'appuyer sur un casting qui apparaît solide, au sein duquel tout le monde trouve progressivement ses marques durant ces premiers épisodes. Dans le trio principal, Jasmina est interprétée par Cecilie Stenpsil. Peut-être parce qu'elle est celle qui est la plus mise en avant au cours de ces débuts, elle s'impose de la manière la plus convaincante. André Babikian joue lui Jonas, tandis que Soren Vejby incarne Rasmus. A leurs côtés, on retrouve notamment Thomas W. Gabrielsson (Äkta Människor, Forbrydelsen III), Ellen Hillingso, Ditte Grabol, Rasmus Bjerg (Julestjerner), Tommy Kenter, Michael Sand ou encore Kate Kjolbye.

livvagterner.jpg
livvagternez.jpg
livvagternei.jpg

Bilan : Mêlant la protection de personnalités, le policier d'investigation et une pointe d'espionnage et de lutte antiterrorisme, Livvagterne bénéficie d'un concept de départ riche qu'elle va entreprendre d'exploiter sous toutes ses coutures. Leur proximité de fait avec le pouvoir et avec ses enjeux politiques confère aux storylines mises en scène une dimension particulière, en prise avec la société danoise actuelle et les problématiques qui la parcourent. La série n'en néglige cependant pas un trio principal de personnages intéressants, la fiction ne se limitant pas à leur seule vie professionnelle. L'écriture est solide, sachant manier l'art du cliffhanger. Sans réinventer son genre, Livvagterne se montre convaincante. A conseiller à tout amateur de séries scandinaves (et au-delà). De mon côté, je compte continuer mon visionnage. A suivre !


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série :

13/03/2013

(J-Drama / Pilote) xxxHOLiC : celui qui voyait les esprits et celle qui exauçait les voeux

xxxholic.jpg

Restons au Japon en ce mercredi asiatique pour s'intéresser à la saison hivernale en cours. C'est l'occasion de se pencher sur un genre que j'ai assez peu exploré ces dernières années dans le petit écran japonais : le fantastique. Parmi les projets notables de l'hiver, figurait en effet l'adaptation live d'un célèbre manga de Clamp, xxxHOLiC. Je ne connais ce dernier que de nom (suivant la fameuse règle qui me fait débuter par une série pour finir dans la version papier d'origine), mais le thème de l'histoire, ainsi que la beauté des images que les premières previews avaient laissée entrevoir, suffisaient à ma curiosité.

Proposé par la chaîne câblée WOWOW, xxxHOLiC sera composé de 8 épisodes, d'une demi-heure chacun. Sa diffusion a débuté le 24 février 2013. Derrière ce travail d'adaptation à destination du petit écran, nous retrouvons au scénario et à la réalisation Tsugita Jun et Toyoshima Keisuke. Après deux épisodes regardés, mes premières impressions sont positives : j'ai apprécié l'incursion proposée, mais aussi l'univers construit (même si je n'ai pas d'autres références avec lesquelles le comparer). Reste au développement mythologique à tenir ses promesses !

xxxholico.jpg

Watanuki Kimihiro est un jeune lycéen qui a toujours eu une faculté particulière : il est capable de voir les esprits et autres fantômes, qu'il semble attirer. Son quotidien est constamment perturbé par ces apparitions impromptues et souvent inquiétantes. Un jour, il découvre par hasard la maison de Ichihara Yuko. Cette dernière est une sorcière tenant une bien étrange boutique, ouverte à tous : elle se propose d'exaucer les voeux de ses clients, en échange d'un paiement équivalent à la valeur que son client accorde au voeu accompli.

Kimihiro voit dans cette rencontre l'opportunité dont il rêvait : la possiblité de se débarasser enfin de ce don qui pèse tant sur sa vie. Yuko accepte sur le principe sa requête, mais elle demande en échange qu'il vienne travailler à mi-temps dans son magasin. Simple aide-ménager, Kimihiro se retrouve ainsi au plus près du commerce très particulier qui s'y déroule. Il va vivre et assister à différentes affaires conclues par Yuko. Or ces dernières sont loin de trouver des résolutions toujours heureuses.

xxxholicf.jpg

Le pilote de xxxHOLiC remplit parfaitement son office : il nous glisse efficacement dans un univers fantastique qui a ses codes propres. S'esquisse une mythologie dense où se perçoit un potentiel certain pour grandir et se développer au fur et à mesure que l'histoire progressera. Du fait de la durée relativement courte de ses épisodes, le drama opte pour une narration très directe, qui se contente de l'essentiel sans tergiversation inutile. Il en résulte une construction du récit relativement simple et linéaire, qui retient sans difficulté l'attention. Chaque épisode semble destiné à proposer un double niveau de lecture : d'une part, Kimihiro est le témoin d'une affaire particulière conclue par Yuko dans le cadre de son commerce de voeux (xxxHOLic suit donc une approche procedural) ; d'autre part, le fil rouge repose sur l'exploration plus avant, du point de vue de Kimihiro, des mystères mythologiques introduits dans la série, qu'il s'agisse de ceux propres à sa condition ou bien de ses rapports avec la sorcière.

La limite du format adopté tient à la simplicité d'exécution des affaires que le commerce de Yuko va nous faire suivre. Dans ces deux épisodes, leur déroulement est très calibré et prévisible. La première histoire, extrêmement réduite étant donné que le pilote sert à relater la rencontre entre Kimihiro et Yuko, est une fable moralisatrice sur le mensonge. La seconde, plus développée, suit un schéma identique, traitant cette fois de l'avidité démesurée d'un personnage. Pourtant xxxHOLiC fonctionne bien à l'écran, car le drama repose sur des enjeux qui dépassent ces seuls "cases-of-the-week". Plus que la morale à retenir, c'est la manière dont ces affaires affectent les personnages principaux qui importe. Surtout, le concept permet de voir se dessiner un univers très riche, extrêmement intriguant, dont les mystères font plus qu'aiguiser la curiosité du téléspectateur. A ce titre, la gestion de la dimension fantastique se révèle d'ailleurs convaincante : misant beaucoup sur des effets d'ambiance et sur du suggestif, la série n'a pas besoin d'une débauche d'effets spéciaux pour conférer aux images et à son histoire une tonalité très particulière qui s'assure de notre fidélité pour la suite.

xxxholice.jpg

Si xxxHOLiC réussit l'installation de son cadre, le drama le doit beaucoup au soin apporté à sa forme. La réalisation, appliquée, insuffle une atmosphère fantastique à part, sorte d'énigmatique surnaturel aux passages parfois un peu inquiétants. Elle dose suffisamment bien ses effets, ne donnant jamais l'impression de vouloir trop en faire. De nombreux plans jouent sur des symboliques dans les mises en scène, qui sont riches en détails. Les images ont aussi une teinte travaillée particulière, alternant des dominantes, rouge, verte, très sombre ou encore blanche, suivant les lieux et l'ambiance recherchée. De plus, la bande-son n'est pas en reste pour introduire une pointe de mystérieux. Quant au générique (cf. 1ère vidéo ci-dessous), il se révèle non seulement assez réussi esthétiquement, mais la chanson (Aitai, par Shikao Suga) est également très plaisante à l'écoute. xxxHOLic frôle ainsi le sans-faute au niveau visuel.

Quant au casting, s'il semble un peu s'effacer par moment devant une caméra qui privilégie en premier lieu la construction de son atmosphère, il apparaît dans l'ensemble solide, chacun trouvant assez vite ses marques dans le rôle qui lui est confié. Watanuki Kimihiro est interprété par Sometani Shota (Hei no Naka no Chuugakkou, Gou, Tsumi to Batsu), tandis que Ichihara Yuka l'est par (Watanabe) Anne (JOKER Yurusarezaru Sosakan, Yokai Ningen Bem). Autour de ce duo central autour desquels tout gravite, on croise notamment Higashide Masahiro (Kekkon Shinai) et Miyazaki Karen (Kazoku Hotei).

xxxholicy.jpgxxxholicm.jpg
xxxholict.jpg

Bilan : Doté d'une narration simple et directe, xxxHOLiC propose une introduction efficace dans son univers bien particulier. Fable moralisatrice par sa mise en scène des affaires conclues par Yuko, suivant ainsi un format semi-procedural, le drama se démarque avant tout par l'atmosphère mystérieuse dans laquelle il plonge le téléspectateur, réussissant admirablement à cultiver un surnaturel énigmatique superbement mis en valeur visuellement. L'ensemble intrigue et aiguise ainsi la curiosité. xxxHOLiC est donc une oeuvre soignée qui s'apprécie sur la forme, et interroge sur le fond, le tout bénéficiant d'un concept prometteur.

J'ai conscience que le fait de ne pas connaître le manga est peut-être un atout pour apprécier pleinement cette série. En plus de ne pas avoir la tentation de comparer et d'évaluer le travail d'adaptation, je l'aborde sans a priori, ni certitudes sur l'orientation à venir de l'histoire. Mais en ce qui me concerne, une chose est sûre : je serai au rendez-vous pour la suite.


NOTE : 7/10


Le générique du drama :


Les bande-annonces (en VOSTFR) du drama :

10/03/2013

(Pilote US) Vikings : à la conquête de l'Ouest, par Odin !

vikings0.jpg

Après le succès rencontré l'an dernier par la mini-série Hatfields & McCoys, History Channel poursuit ses incursions dans le genre des séries historiques. Le week-end dernier (le 3 mars 2013), elle lançait ainsi deux nouveautés qui ont été un joli succès côté audiences. C'est tout particulièrement vrai pour la première, The Bible - une mini-série dont vous devinez le sujet -, ayant servi de lead-in à cette soirée de fictions qui s'est poursuivie avec la diffusion du pilote de Vikings.

A l'origine de cette dernière, dont une saison de 9 épisodes est prévue, se trouve Michael Hirst, une figure familière des fictions historiques à qui l'on doit notamment The Tudors de Showtime. Vous connaissez mon inclinaison pour tout se qui ressemble de près ou de loin à une série en costumes : avec son cadre moyenâgeux, Vikings bénéficiait d'un sujet de départ qui avait retenu mon attention, sorte de complément à une de mes lectures actuelles, les Histoires Saxonnes de Bernard Cornwell (des livres qui parlent de l'Angleterre du IXe siècle, entre Saxons et Vikings). Si le pilote m'a un peu laissé sur ma faim, le deuxième est venu confirmer que la série pouvait disposer d'un intéressant souffle narratif. A la conquête de l'Ouest, par Odin !

vikingsd.jpg

Vikings débute à la toute fin du VIIIe siècle. Elle met en scène un ambitieux viking, Ragnar Lothbrok (une figure mi-historique, mi-légendaire du peuple viking) qui rêve de partir à l'assaut des territoires qui se trouvent à l'ouest de la Scandinavie, vers des terres où se trouveraient de nombreuses richesses, mais où s'étend aussi le culte d'un nouveau Dieu. Il partage ses espoirs avec son épouse, Lagertha, une femme de caractère qui sait également manier les armes. C'est cependant sur son impulsif frère, Rollo, que Ragnar s'appuie pour monter ses projets, même s'il apparaît vite d'un soutien très aléatoire, nourrissant des sentiments et ressentiments complexes à son égard.

Les aspirations de Ragnar se heurtent au conservatisme intransigeant du chef local, Haraldson, qui, crispé sur son pouvoir et pas particulièrement visionnaire, envoie invariablement ses hommes piller l'Est depuis des années. En dépit de cette opposition, les choses s'apprêtent enfin à changer : avec l'aide d'un ami, Floki, concepteur de navires capables de parcourir de grandes distances sur les mers, et d'un objet qui lui permet de s'orienter grâce au soleil en naviguant, Ragnar entend désormais réaliser l'expédition dont il rêve et partir vers ces nouveaux territoires, et vers de nouvelles découvertes.

vikingsb.jpg

Vikings est un mélange, assumé et plutôt bien dosé narrativement, entre le divertissement moyenâgeux musclé et abrasif, et la volonté de nous présenter cette société nordique, très superficiellement connue de la plupart des téléspectateurs. La série a ainsi l'art de surfer sur nos préconceptions et sur les images que l'on peut avoir de ce peuple, guère associé dans la mémoire collective au pacifisme, tout en distillant quelques détails culturels qui viennent donner un certain cachet à la reconstitution proposée. Le pilote nous offre ainsi un aperçu de leurs croyances religieuses, puis, dès le deuxième épisode, s'amorce l'opposition entre le paganisme Viking et le christianisme, avec l'évangélisation qui se poursuit en Europe. On a également l'occasion d'assister au rendu de la justice, et de voir le rôle des hommes libres dans le verdict ainsi que l'influence du Earl, protégeant avant tout ses intérêts. Ces différents éléments permettent d'offrir à la série un cadre cohérent - c'est tout l'objet du premier épisode - sur lequel elle va pouvoir ensuite s'appuyer pour développer son histoire.

Sur ce plan justement, Vikings se révèle plutôt simple et basique. Elle va explorer des thèmes familiers, les adaptant à l'époque mise en scène. Au programme de ces conquêtes vers l'Ouest : heurts d'égos et d'ambitions, luttes de pouvoirs, relations de couples et art de faire la guerre, le tout sur fond d'opposition entre un chef établi s'accrochant à ses prérogatives et un jeune ambitieux qui entend redistribuer les cartes à son profit, usant non seulement de son sens de l'initiative mais aussi d'avancées technologiques. Après un premier épisode introductif, le récit décolle vite, sans tergiversation inutile. Les dynamiques qui s'installent entre les personnages sont plutôt pimentées, souvent construites dans la confrontation. De façon appréciable, au sein de cette société guerrière, les femmes savent s'imposer, à l'image de Lagertha qui dévoile une adresse intéressante au tisonnier dès le pilote. Les personnages ont pour la plupart leurs ambivalences (quand ils n'apparaissent pas uniformément sous un jour sombre), comme en témoigne le versant inquiétant que laisse vite transparaître le frère du protagoniste principal. Ragnar lui-même, tout entier consacré à ses projets, a l'aplomb (et la foi, étant donné ses "visions divines") de ceux qui ne doutent jamais du bienfondé de leurs ambitions, au risque de s'y brûler.

vikingsm.jpg

Sur la forme, Vikings tire parti de son lieu de tournage, l'Irlande, pour proposer quelques jolis paysages "simili-nordiques". Les effets spéciaux ont certaines limites (la bataille introductive avec les Walkyries emportant l'âme des guerriers), mais l'ensemble reste honorable. Moyen-Âge oblige, l'éclairage n'est pas le fort des scènes intérieures, a fortiori lorsqu'elles sont nocturnes, cependant, il n'en demeure pas moins que le téléspectateur se glisse sans difficulté dans l'univers reproduit sous ses yeux. Par ailleurs, la série s'offre aussi un générique assez soigné qui a le mérite de bien poser l'ambiance et l'univers.

Enfin Vikings rassemble un casting au sein duquel certains doivent encore s'affirmer. Mais Travis Fimmel (The Beast) interprète de manière convaincante le héros, apportant à son personnage la dose d'assurance qui convient. Katheryn Winnick (Bones) incarne son épouse. Clive Standen (Camelot) joue son frère, figure rassurante lorsque la bataille vient, mais souvent inquiétante. L'ami concepteur du navire sur lequel repose les espoirs de Ragnar est interprété par Gustaf Skarsgard (Bibliotekstjuven), tandis que le chef auquel il s'oppose l'est par Gabriel Byrne (In Treatment, Secret State). Jessalyn Gilsig (Boston Public, Glee) incarne l'épouse de ce dernier. Enfin, George Blagden joue un moine saxon capturé lors d'un raid au cours du deuxième épisode. En guise de repères linguistiques, chacun parle anglais avec un étrange accent qui, personnellement, m'a un peu perturbé.

vikingsr.jpgvikingsf.jpg vikingsg.jpg

Bilan : Un ancien peuple guerrier avec ses moeurs et ses croyances, de la violence, de jolis paysages, un peu de mal de mer, quelques pillages, le tout sur fond de confrontations d'ambitions et de quêtes de grandeurs et de richesses : Vikings rassemble un cocktail d'ingrédients qui a tout pour donner du divertissement historique moyenâgeux musclé. La série n'a certes pas les ambitions d'une incursion dans la fantasy moyenâgeuse à la Game of Thrones, mais elle a certainement les moyens de proposer une saison honnête et efficace dans son genre. Pour les amateurs.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série :