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25/01/2010

(Mini-série US) Band of Brothers (Frères d'armes) : le chef-d'oeuvre de l'enfer de Bastogne



Depuis le début du mois, j'ai entamé avec un ami le revisionnage de Band of Brothers (parce qu'il est bon aussi de prendre le temps de revoir ses classiques et, sur un plan plus technique, pour tester le coffret Blu-Ray sur grand écran). Si je vous en parle, c'est que, ce samedi soir, nous sommes arrivés avec la Easy Company à Bastogne (Episode 6).

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Or, si les épisodes magistraux ne manquent pas dans ce chef-d'oeuvre de HBO, si plusieurs sortent vraiment du lot et marquent le téléspectateur, après toutes ces années, ce qui me revenait toujours en mémoire lorsque l'on me parlait de Band of Brothers, c'était l'image de cet enfer blanc. Ces scènes dans la neige, sous les sapins illuminés par les projectiles, aux journées rythmées par les obus de mortier faisant voler terre et chair humaine.

Revoir cet épisode m'a fait réaliser, à nouveau, pourquoi il était resté graver aussi vivement dans ma mémoire. Car Bastogne est mon épisode favori. Un des plus éprouvants également. Mais il demeure pour moi le symbole, l'étendard, de Band of Brothers. Une fois le visionnage effectué, incapable d'en détacher totalement mes pensées, j'ai repensé aux raisons pour lesquelles il était
capable de me toucher aussi profondément.

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Il s'agit incontestablement d'un des épisodes les plus aboutis de la mini-série, un pivôt incontournable au cours duquel elle acquiert une dimension supplémentaire, allant au-delà du seul simple récit, superbement écrit et réalisé, sur la Seconde Guerre Mondiale. Cela est sans doute dû en grande partie à l'angle de narration décidé par les scénaristes. Le siège de Bastogne reste un des hauts faits d'armes de la Easy Company. Pourtant, ils choisirent de nous relater ces évènements par le biais d'une option scénaristique intéressante et originale : nous immerger dans cet enfer hivernal à travers un personnage jusqu'à présent très secondaire, un des infirmiers de l'unité, Eugene Roe. Figure souvent anonyme, le rôle du medic, rarement mis en lumière dans les fictions de guerre, demeure pourtant sûrement l'un des plus difficiles à mener à bien, comme en témoignent les actions du jeune soldat tout au long de l'épisode.

Tandis que l'hiver glacial s'est abattu sur les forêts de Bastogne, les soldats s'efforcent de sécuriser une ligne de front fluctuante et percée, où le brouillard et la neige égarent facilement ceux qui n'y prennent pas garde. La compagnie est coupée des forces alliées, encerclée, ne bénéficiant que de rares largages, rendus difficiles par les conditions météorologiques extrêmes. Les journées défilent avec la même routine meurtrière. Les soldats, enterrés dans des trous individuels creusés dans la terre, surveillent le camp ennemi. Ils ne sont distraits du froid mordant que par la brève reprise immuable des hostilités, qu'il s'agisse d'une pluie d'obus de mortier s'abattant sur eux comme la plus cruelle des loteries, ou d'une patrouille partie évaluer la ligne de front.

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L'épisode s'attache à relater ces évènements du point de vue d'Eugene Roe. Dès le début, c'est à travers lui que la situation nous est présentée et que le téléspectateur découvre et prend conscience de l'enfer blanc dans lequel la compagnie est plongée. Les premières minutes sont ainsi l'occasion de visiter l'ensemble des soldats de l'unité, disséminés dans les bois, à quelques centaines de mètres des lignes allemandes, en suivant la quête entêtée et quasi-obsessionnelle de Roe pour réussir à mettre la main sur une dose de morphine ou une paire de ciseaux. Si les infirmiers ne sont pas des héros combattants, ils sont des héros du quotidien, en réussissant simplement à faire leur job en dépit des circonstances. Leur rôle, leurs préoccupations divergent de celles du reste des soldats, mais leur mission nécessite une implication de tous les instants tout aussi exténuante. Accourir dès que quelqu'un réclame une aide médicale, apporter les premiers soins au milieu du champ de bataille, sans tenir compte des balles et obus qui volent toujours autour d'eux, être le témoin constant du pire aspect de la guerre, de cette boucherie sanglante, qu'il s'agisse de constater les dégâts irréversibles faits par les obus ou d'assister aux derniers moments de camarades de régiment... Tout cela ne peut que miner même le plus cloisonné des hommes.

Progressivement, au fil de l'épisode, Roe se perd dans ces horreurs qui remplissent son quotidien. Fonctionner par automatisme, se concentrer uniquement sur les autres sans prendre le temps de soucier de soi... Cela ne tient qu'un temps. Pour sauver sa santé mentale et continuer à faire ce qui est attendu de lui, la futilité de ses efforts ne les rend pas moins appréciables. Il essaye vainement de se détacher émotionnellement d'individus dont certains mourront dans ses bras. Il s'impose une prise de distance nécessaire avec le reste de l'unité, préférant rester à l'écart lors des repas ou s'entêtant à appeler les soldats par leur nom, évitant la connotation plus personnelle du surnom. Rester extérieur. Pour survivre. Pour ne pas se laisser entraîner dans ce tourbillon létal, où la réalité devient peu à peu floue et où tous les repères se désagrègent. Comme un symbole, nous voyons le jeune infirmier se raccrocher désespérément à son chapelet en récitant ses prières, serrant ce dernier lien de façon pourtant presque futile, la seule certitude qui demeure encore.

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Tandis qu'en toile de fond, la bataille fait rage, le téléspectateur est le témoin privilégié de cette lutte intime et continuelle dont il pressent l'inutilité. Les évènements ont en effet raison des efforts de Roe. Les quelques touches d'humanité qu'il avait trouvées à l'arrière, au village de Bastogne, auprès d'une jeune infirmière, Renée, sont balayées par un bombardement allemand. Cette scène offre un contraste bouleversant au téléspectateur : la beauté d'une réalisation pyrotechnique somptueuse se superpose au drame qui se joue, derrière les ruines de ces bâtiments éventrés. L'anéantissement de cette petite bulle émotionnelle qu'il avait eu l'imprudence de créer achève de briser les dernières barrières du jeune homme, sur lequel l'accumulation des drames finit par l'emporter, tandis que, en cette veille de Noël, aucune trêve n'interrompt ce rituel meurtrier impitoyable.

Si Bastogne parvient à me toucher si profondément, c'est qu'au milieu des têtes connues des autres soldats, il est aisé de s'identifier à ce nouveau venu sur le devant de la scène. Le téléspectateur devient, pour une bataille, l'observateur de l'observateur, ayant grâce à lui une vue d'ensemble d'une situation désespérée. La tragédie de la guerre n'en est que plus pesante, nous faisant non seulement assister aux morts, mais aussi à la façon dont elles affectent les survivants. Le temps d'un épisode, en nous offrant sa perspective personnelle, Eugene Roe s'impose comme une figure entre deux, comme un lien entre le téléspectateur et les soldats. Tout  en parvenant avec justesse et subtilité à retranscrire, de manière authentique, l'état d'esprit global de la compagnie, confrontée à ces heures parmi les plus sombres de son existence, l'épisode est également une forme d'hommage à ces infirmiers de l'ombre, anonymes intervenant a posteriori, lorsque la situation individuelle de tel ou tel soldat a déjà basculé. Une double finalité enrichissante qui confère une portée particulière à cette grande heure de télévision.

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Bilan : Peut-être est-ce très subjectif, un ressenti avant tout personnel, mais vingt-quatre heures après avoir revu cet épisode, ses images défilent encore dans ma tête. C'est ce qui m'amène d'ailleurs à rédiger ce billet comme une forme d'exutoire, pour essayer vainement de formuler sur le papier, de matérialiser en quelques mots, ce tourbillon émotionnel indescriptible que Bastogne parvient à faire naître en moi.

Je ne suis pas certaine d'être parvenue à vous expliquer rationnellement l'unicité de cet épisode. Mais, plus sobrement, je me contenterai de conclure que, parmi les moments magiques du sériephile, Bastogne demeure, pour moi, une expérience téléphagique à part, qui a sa place dans mon panthéon télévisuel.

NOTE : 10/10

24/01/2010

(K-Drama / Pilote) Pasta : destins croisés culinaires et romantiques


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Dans le cadre de ce dimanche asiatique, poursuivons la découverte des nouvelles séries sud-coréennes de ce mois de janvier 2010. (Pas de bilan global cette semaine, car je n'ai eu le temps de finir aucun nouveau drama. Il faut dire que, dernièrement, je me suis attaquée aux grandes fresques historiques et à leurs dizaines et dizaines d'épisodes ; même en regardant des dramas plus courts à côté, j'ai logiquement moins de temps à leur consacrer. Ne m'en veuillez pas, parce que je prends bien trop de plaisir devant ces grands dramas historiques et dévore actuellement, avec beaucoup de délice, Jumong.)

Cependant, je reste évidemment fidèle au rendez-vous du dimanche, et souhaite vous faire partager ma passion "pilotovore". Ainsi donc, en cette rentrée hivernale, après le mitigé God of Study et l'enthousiasmant Chuno (dont je vous ai parlé, exceptionnellement, en semaine), laissez-moi vous présenter Pasta, une série jouant a priori sur une thématique de comédie romantique ultra-classique, mais dont le résultat se trouve être pourtant étonamment rafraîchissant.

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Pasta se déroule dans les cuisines d'un restaurant italien réputé, La Sfera. Seo Yoo Kyung (Gong Hyo Jin) rêve de devenir un chef cuisinier spécialisé dans la cuisine italienne ("A Pasta chef"). Persévérante, la jeune femme a passé les trois dernières années à s'occuper des tâches d'appoint, au rang le plus bas de l'équipe préparant les repas de La Sfera. Cependant, elle vient d'être promue comme assistante et devrait pouvoir -enfin- réellement cuisiner, s'occupant elle-aussi des commandes des clients. Seulement, au vu des difficultés financières et d'une réputation culinaire qui se flétrit peu à peu, le chef cuisinier est débarqué par les dirigeants du restaurant, qui embauchent, pour le remplacer, quelqu'un de plus jeune, aux prétentions salariales moindres, Choi Hyun Wook (Lee Sun Gyun). Arrogant, sûr de lui et un brin misogyne, ce dernier entend remodeler son staff suivant ses conceptions de la cuisine. Il utilise, pour cela, des techniques de management très critiquables, ponctuées de colères mémorables. Si bien qu'il va rapidement bouleverser la routine des autres employés. Cela va-t-il marquer la fin des rêves de Seo Yoo Kyung ?

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Ce synopsis confirme bien que les coulisses des cuisines des restaurants demeurent un cadre sûr pour concevoir la base d'un certain nombre de dramas asiatiques, même si, pour ma part, je n'ai encore jamais eu l'occasion de regarder les Bambino (j-drama de 2007, évoquant également la cuisine italienne) et autres Gourmet (k-drama de 2008). Pour ma première incursion dans les milieux culinaires, Pasta propose a priori un grand classique de la comédie romantique, typiquement coréenne en bien des points.

Dans cette optique, le pilote répond parfaitement à ce que le téléspectateur pouvait attendre a priori d'une telle fiction. Aucune surprise scénaristique, ni prise de risque, mais une installation efficace de l'univers du drama, avec une ambiance qui s'inscrit parfaitement dans le créneau visé. L'entrée en scène de chaque personnage est bien calibrée ; les différents protagonistes se voient immédiatement attribuer un rôle clairement identifié. D'une part, il y a l'héroïne, droite, travailleuse, aspirant à réaliser son rêve, et, d'autre part, le supérieur, colérique et arrogant. Dès le départ d'ailleurs, la série prend les devants sur l'imagination du téléspectateur, esquissant la potentialité d'une relation amoureuse entre ces deux opposés, en organisant une première rencontre improbable autour du sauvetage de poissons rouges. En parallèle, les deux autres personnages principaux, plus secondaires, restent pour le moment en retrait, pour permettre d'être en priorité bien familiarisé avec ce duo majeur à l'intérêt scénaristique plus marqué, étant à l'évidence le plus explosif et volatile.

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Tout dénué d'originalité que ce drama paraisse, pour autant, Pasta surprend agréablement. En effet, il règne dans ce pilote une forme de dynamisme contagieuse, en un sens très rafraîchissant, qui happe le téléspectateur sans que ce dernier en ait pleinement conscience. L'épisode est rythmé, prête plusieurs fois à sourire. Sans que l'on s'attache déjà aux personnages, aucune inimitié ne naît : c'est plutôt bien pensé d'avoir d'abord introduit le nouveau chef de façon informelle, pour souligner dès le départ le fait que c'est un personnage à multi-facettes, permettant d'éviter d'aliéner le téléspectateur lorsque son côté le plus tyrannique ressort avec force. L'exploitation du concept se révèle donc divertissante et plutôt bien inspirée.

De plus, le casting est a priori sympathique. Gong Hyo Jin (Hello my teacher, Thank you) y joue l'aspirante souhaitant devenir chef cuisinier. Lee Sun Gyun (The 1st Shop of Coffee Prince, Triple) lui donne la réplique, servant de vis-à-vis, parfait en tyran des fourneaux, effrayant ses employés. Pour compléter ce duo, on retrouve la belle Lee Ha Nui (aka Honey Lee) (Partner) qui incarne une présentatrice d'émissions culinaires télévisées. Le quatuor est complété par Alex (Finding Love), client habituel qui a ses entrées à La Sfera.

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Bilan : Dotée d'un concept de départ on ne peut plus classique, comédie romantique sur fond de confrontations en cuisine, je n'attendais a priori pas grand chose de Pasta. Pourtant, j'ai été surprise de l'ambiance rafraîchissante qui y est immédiatement instaurée. Emporté par ce dynamisme contagieux, le téléspectateur se laisse prendre au jeu sans s'en rendre compte. Si bien qu'au final, Pasta s'impose comme un divertissement loin d'être désagréable, qui se suit facilement et un peu sans conséquence.
Sans marquer, ni révolutionner son genre, cette série pourrait permettre de passer quelques heures sympathiques si elle concrétise ce que le potentiel que ces premiers épisodes laissent entrevoir.


NOTE : 6,5/10


Des aperçus vidéos :


 

 

23/01/2010

(US) Sleeper Cell : incontournable série sur le difficile thème du terrorisme

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France 4 a débuté en ce mois de janvier la diffusion d'une des plus abouties séries de la chaîne câblée américaine Showtime, courte avec seulement 2 saisons, mais incontournable : Sleeper Cell. Composée de 18 épisodes au total, mettant en scène un solide casting, avec notamment Michael Ealy et Oded Fehr, sa première saison fut diffusée au cours du mois de décembre 2005 aux Etats-Unis.

Sleeper Cell appartient à ces fictions post-11 septembre qui ont entrepris de traiter du terrorisme, et plus globalement des peurs qu'il engendre. Pourtant, à partir de la thématique classique des cellules terroristes dormantes, la série s'est d'abord imposée par le contraste offert. Alors qu'en début d'année 2005, la Fox proposait ce qui allaient sans doute être les heures les plus noires (en terme de message véhiculé à l'écran) de la série 24, en creusant l'image d'un terrorisme familial, caricatural à outrance, prompt à faire basculer vers une paranoïa irréfléchie, Showtime allait opter pour un angle de narration radicalement différent sur un sujet pourtant similaire. Nul besoin, ici, de diffuser, durant la pause publicitaire, un message "apaisant" pour rappeler aux téléspectateurs que les musulmans américains condamnent également le terrorisme, comme cela avait été le cas pour 24.

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Construite initialement pour une saison, Sleeper Cell propose donc un arc complet, se suffisant à lui-même, au cours de ses 10 premiers épisodes. La saison 2, faisant office de suite, tout en allant au-delà du concept de départ, sans être aussi réussie que la première, ne dépareillera pas l'ensemble.

La série met en scène l'agent du FBI, Darwyn Al-Hakim (Michael Ealy), qui reçoit la mission d'infiltrer un réseau terroriste dormant, et plus précisément une cellule islamiste, infiltrée aux Etats-Unis et constituée autour d'un leader d'origine saoudienne, Farik (Oded Fehr). Ce groupe, que la première saison va nous présenter, capte immédiatement l'attention du téléspectateur par sa diversité, tant pour les origines nationales de chacun des membres, que pour leurs parcours personnels. Ce n'est pas un portrait uniforme et unidimensionnel qui nous est proposé. L'extrémisme mis en scène n'est pas uniforme, les motivations sont très différentes. En cela, il s'agit d'un des atouts majeurs de la série : de se détacher de toute idée préconçue pour dresser des portraits ambivalents, loin des simples clichés, avec une cellule composée, donc, d'un Saoudien, d'un Bosniaque ayant vu sa famille massacrée par les Serbes lors de la guerre, d'un Français, ancien skin-head converti à l'Islam, et d'un Américain de classe relativement aisée, désabusé par son pays et qui a trouvé un nouveau sens à sa vie. Cette volonté de se tourner vers l'international, de ne pas s'enfermer dans les stéréotypes, est presque ressenti comme une bouffée d'air frais par le téléspectateur, qui peut suivre sans arrière-pensée l'efficace déroulement des évènements de cette fiction polyglotte.

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Sleeper Cell alterne de façon convaincante des phases d'action et d'attente, sur fond de tension psychologique constante, usant les personnages comme le téléspectateur. Fiction à suspense, elle reprend à son compte les ressorts scénaristiques classiques de ce genre : la mission d'infiltration de Darwyn satisfera pleinement tous les amateurs de récits d'espionnage, mêlant paranoïa nécessaire et enquête policière, entrecoupées de scènes chocs et de passages particulièrement tendus. Cette série doit être visionnée par un public averti ; le premier épisode donne d'ailleurs immédiatement le ton : le téléspectateur assiste à l'exécution d'un traître, par le biais d'une glaçante mise à mort par lapidation. Mais si les intrigues de fond constituent une réussite, ce n'est pas là que réside la particularité de Sleeper Cell. En effet, ce qui rend son visionnage incontournable, c'est que grâce au recul et à la distance qu'elle est capable de prendre par rapport à son difficile sujet, elle se démarque radicalement de nombre de fictions sur le terrorisme, bâclées et ayant trop souvent cédé à une facilité en bien des aspects condamnables.

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Sleeper Cell n'est pas une énième série sur le terrorisme. Au fil des épisodes, les scénaristes ne se cantonnent pas uniquement dans une optique sécuritaire, à travers la préparation des attentats. La série esquisse, certes modestement, mais avec une volonté louable et plutôt bien inspirée, des questions plus complexes, moins évidentes. Parmi les thématiques abordées, il y a par exemple celle de la religion, de son instrumentalisation idéologique, nationaliste, ou encore guerrière, par des individus s'en réclamant. A plusieurs reprises, la série rappelle que cette "war against terror" n'est pas une guerre contre une croyance, comme certains la réduiraient de façon caricaturale, mais c'est une guerre au sein même de cette croyance. Ce combat est d'ailleurs symbolisé par la mise en scène de l'affrontement entre les deux figures centrales que sont Darwyn et Farik (mais se retrouve aussi dans des épisodes fondamentaux, comme Scholar (1.03)). Tous deux musulmans, intimement persuadés d'être dans le vrai, qui justifient des prises de position et des actes opposés, derrière un voile religieux qui porte le même nom.

De plus, Sleeper Cell est une série particulièrement riche et intéressante, non seulement pour les nuances et les ambivalences qu'elle n'hésite pas à dépeindre, mais aussi parce qu'elle n'impose jamais une vision manichéenne au téléspectateur. La caméra reste comme en retrait, se contentant de proposer des pistes de réflexion, refusant de trancher de façon péremptoire des problématiques bien trop compliquées pour relever d'un univers utopique où tout serait, ou tout noir, ou tout blanc. Il est nécessaire de dépasser cela.

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Bilan : Sleeper Cell est une des séries, abordant le difficile sujet du terrorisme islamiste, les plus réussies et abouties des années 2000. Offrant une vision nuancée, proposant des pistes de réflexion, tout autant que s'imposant comme un thriller efficace entre espionnage et enquête policière, elle demeure une oeuvre incontournable, à plusieurs niveaux de lecture pour le téléspectateur. A découvrir.


NOTE : 8,5/10


Le générique de la première saison :

 

Un extrait de la saison 1 (en VF) :

 

21/01/2010

(K-Drama / Pilote) Chuno (Slave Hunters) : ou pourquoi ne pas perdre son temps devant Spartacus


Continuons dans l'exploration des nouvelles séries de ce mois de janvier 2010.

Si je vous parle, esclave, révolte, complots contre le pouvoir... A quelle série votre esprit téléphagique pense-t-il immédiatement ? A la sanglante Spartacus : Blood and Sand, dont la diffusion débutera le 22 janvier sur la chaîne câblée américaine Starz ? Eh bien, perdu. Souvenez-vous que je suis d'un naturel bienveillant. Je ne vais pas vous infliger des notes inutiles, en remuant le couteau dans la plaie, pour vous redire combien Spartacus : Blood and Sand, c'est nul (oui, il faudrait nuancer, mais je serai partisane aujourd'hui). Si j'étais conservatrice, je pourrais opter pour la facilité en vous conseillant tout simplement de vous replonger dans Rome, afin d'étancher votre soif d'Antiquité. Mais comme je suis une blogueuse pleine d'attention envers ses lecteurs, je vais faire mieux que ça : je vais vous parler d'une autre série traitant d'esclaves et de révoltes, dont la diffusion a débuté, avec succès (cf. Chuno breaks 30% in its second week), le 6 janvier 2010, sur KBS2 ; et qui, elle, mérite que vous consacriez quelques minutes de votre temps à lire son billet !

Je prends donc mon bâton de pèlerin téléphagique (interprétez cela comme un acte de militantisme sériephile) et vais vous parler de Chuno, a.k.a Slave Hunters (ou encore Pursuing Servants), qui est incontestablement la série sud-coréenne du moment.

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Chuno est un drama historique. Cependant il ne s'agit pas simplement d'une série d'intrigues de cour, comme certaines fictions de ce genre peuvent l'être : elle a en effet lieu la majeure partie du temps en extérieur, en nous plongeant dans les plus basses couches de la société de l'époque, auprès des esclaves.

L'histoire se déroule au XVIIe siècle, au temps de la Corée du Choson (Joseon). Elle débute en 1636, après la seconde invasion Mandchoue. Un tyran gouverne alors le pays, ayant écarté la famille régnante légitime par de multiples assassinats. Seul un prince en a réchappé et a été envoyé en exil, dans une ville loin du pouvoir. La population souffre. Elle a dû en grande partie lourdement s'endetter pour pouvoir assurer sa survie, et nombreux sont les habitants que cette situation a réduit en esclavage.

Dans cette époque troublée, Dae Gil, fils d'une famille noble ruinée, a survécu à la déchéance sociale en devenant un chasseur réputé d'esclaves en fuite. Il a constitué toute une bande autour de lui et il poursuit inlassablement une quête qui semble vouée à l'échec : retrouver une jeune femme qu'il a jadis aimée, qui était une domestique de sa famille, Un Nyun. Sa route va croiser celle de Tae Ha, un ancien garde royal, devenu esclave, suite à une injuste accusation d'un crime qu'il n'a pas commis. Il est depuis cantonné aux plus basses besognes, rattaché au travail dans les écuries. Or, Tae Ha s'enfuit un jour ; Dae Gil va se lancer à sa poursuite. Tandis que Un Nyun, sous une nouvelle identité, réapparaît. Dans le même temps, les gouvernants souhaitent en finir une fois pour toute avec le dernier survivant de l'ancienne famille régnante.

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Chuno (Slave Hunters) était sans conteste la nouveauté dont j'attendais le plus en cette rentrée de janvier en Corée du Sud. En plus de présenter un synopsis de départ, plein de potentiel, servi par un casting prometteur, les bandes-annonces laissaient entrevoir une fiction très aboutie visuellement. Et c'est avec plaisir que je vous confie que ces premiers épisodes ont été à la hauteur des promesses esquissées au cours des dernières semaines.

La première chose qui frappe le téléspectateur qui découvre Chuno, ce sont ses images. Optant pour un angle réaliste en terme de retranscription des scènes les plus violentes, elles ont à l'évidence été très travaillées. La réalisation est particulièrement soignée ; ce qui donne finalement un esthétique d'ensemble très beau. Parfois même, peut-être un peu trop, tant on ressent que le réalisateur et les monteurs se sont manifestement fait plaisir, de façon à mettre en valeur chaque action et, plus généralement, chacun des personnages. Certains ralentis lors des scènes de combat étaient peut-être dispensables ; mais il reste que, globalement, le rendu visuel est impressionnant. Cela dénote un angle résolument moderne qui fait ainsi passer les dramas historiques dans une autre dimension. Au final, le téléspectateur se voit donc offert  une série très aboutie sur un plan formel et technique, agréable à regarder sur un bel écran.

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Sur le fond, l'histoire se met peu à peu en place, sans temps morts. Le premier épisode s'avère efficace et offre ce que l'on attend d'une première exposition : il distille quelques informations intrigantes au compte-goutte, tout en posant la situation de départ à partir de laquelle le drama va évoluer. Cela fonctionne, l'ambiance prend bien et l'intérêt du téléspectateur n'est jamais pris en défaut, dans cet épisode tendu, concentrant déjà drames personnels poignants et petites parenthèses plus légères. A priori, nous retrouvons des thématiques classiques, d'injustices à réparer, de vengeance, d'amours perdus, le tout saupoudré d'un soupçon de politique et d'intrigues.

S'il est trop tôt pour évaluer si le récit s'avèrera convaincant sur le long terme, il délivre en tout cas plein de réelles promesses qui incitent à l'optimisme. Tous les ingrédients sont présents pour que cela réussisse ; et le coktail prend dès le départ. A noter aussi que la reconstitution de la société coréenne de l'époque est particulièrement bien faite ; on ressent vraiment, tant l'extrême rigidité des classes sociales, que l'intense détresse qui émane de la majeure partie de la population. Ma seule réserve, dans la construction des storylines, résiderait plutôt dans la technique choisie pour nous narrer le passé des personnages principaux : l'utilisation des flash-backs. J'aurais tendance à préférer que les scénaristes y consacrent un premier épisode, pour tout introduire, plutôt que de faire des aller-retours parfois un peu confus. Mais cela reste un point de détail.

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Par ailleurs, un autre atout incontournable de cet élégant drama réside dans son casting. On retrouve en effet à l'affiche des noms connus très attrayants, qui ne laissent pas indifférents les amateurs de k-dramas : Jang Hyuk (Tazza), qui incarne Dae Gil, le fils de noble devenu chasseur d'esclaves ; Oh Ji Ho (Fantasy Couple, Queen of Housewives), qui joue, lui, l'ancien soldat du roi devenu esclave ; et enfin, au coeur d'une distribution très masculine, la belle Lee Da Hae (My Girl, East of Eden) est l'ancienne servante de Dae Gil. Une galerie d'acteurs donc a priori très solide, qui s'impose  d'ailleurs sans difficulté dès le premier épisode.

Enfin, dernier détail qui finalise l'ambiance de la série : sa bande-son se révèle agréable, sachant efficacement mettre en valeur les actions ou les scènes qu'elle entend souligner. L'atmosphère ainsi créée, grâce à ces musiques, donne une force et une fluidité supplémentaires au récit.

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Bilan :
Chuno (Slave Hunters) propose donc un début des plus convaincants, j'irai même jusqu'à le qualifier d'enthousiasmant !
Sur un plan formel et esthétique, ce drama apparaît vraiment très travaillé, ce qui est particulièrement agréable pour l'oeil du téléspectateur. Il est parfois même peut-être un peu trop "beau", au vu de l'histoire et du milieu social dans lequel il se déroule. Mais, pour le moment, on y prend surtout beaucoup de plaisir, car, sur le fond, la série s'installe efficacement. L'histoire se met progressivement en place, captant rapidement l'intérêt du téléspectateur, tout en promettant beaucoup pour la suite.
Une série donc à découvrir pour tout amateur de dramas asiatiques !


NOTE : 7,5/10

 

Je reviendrai dresser un bilan d'ensemble dans quelques mois, une fois la diffusion de la série achevée. En attendant, toi, téléphage occidental, si jamais tu tiens absolument à suivre une aventure historique, épique et (probablement) tragique, d'esclaves, de révoltes et de complots, pourquoi ne pas essayer Chuno plutôt que de perdre ton temps devant Spartacus : Blood and Sand ?



Les bande-annonces :


20/01/2010

(US) Big Love : The Greater Good (saison 4, épisode 2)

Vous vous souvenez que je vous avais confié ne pas pouvoir reviewer deux séries en parallèle, épisode par épisode ?

En fait, après le visionnage de Being Human, je m'étais dit lundi que je ne pouvais laisser de côté cette série dont la saison 2 semble partir sur des rails prometteurs. Seulement voilà, le deuxième épisode de la saison 4 de Big Love m'a juste laissé sans voix, me rappelant pourquoi Big Love avait été ma série préférée en 2009, pourquoi je voue un culte à Chloë Sevigny (et pourquoi elle mérite tant le Golden Globe qu'elle a gagné dimanche)... Bref, tout ce qui fait que Big Love est un des meilleurs dramas actuels, un vrai grand - peu importe qu'on vous ait répété à l'envie que HBO était en déclin et autre bla-bla (et même si je n'arrive jamais à convaincre personne,  dans mon entourage, de dépasser ses préjugés quand je prononce les mots, "Utah", "polygamie" et "mormons"). 

Il était impossible de ne pas vous en parler.

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Le rapport du téléphage avec ses séries est généralement complexe. Au-delà des enjeux qualitatif, entre souvent en ligne de compte un autre élément, plus diffus, plus subjectif encore : l'affectif, un aspect sentimental difficile à cerner, qui tend parfois vers une forme d'empathie indéfinissable. Et bien, voilà le lien que j'ai noué avec Big Love. Au-delà de la finesse d'écriture, de la densité des storylines, de l'attachement aux personnages, Big Love me procure, comme ce fut le cas pour ce 2ème épisode, une sensation rare. Je vous parle de ce bref, de ce fameux moment quasi-magique d'osmose avec la fiction que l'on regarde. Cet instant de jubilation inétrieure, où tout s'emboîte, où tout sonne d'une justesse d'orfèvre, où chaque ligne de dialogue vous touche jusqu'au plus profond de votre âme de téléphage. C'est presque unique. Vous avez soudain une envie incontrôlable d'applaudir devant votre petit écran.

Tout téléphage sait combien il faut chérir ces moments-là. Car la question n'est pas d'aimer ou non la série, nous nous situons dans une autre dimension, dans cette zone à part, panthéon inaccessible au sein de notre temple téléphagique, où seules quelques rares séries parviendront (soyons honnête : dans toute ma vie de téléphage, avec les centaines de séries que j'ai pu visionner, elles se comptent sur les doigts d'une, voire peut-être éventuellement, deux mains). Big Love est la seule série actuellement en production à parvenir, de façon répétée, à susciter chez moi une telle réaction. Après un season premiere tranquille, ce second épisode a renoué avec ce qui fait de cette série, une fiction, pour moi, à part actuellement dans le paysage téléphagique.

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L'épisode s'ouvre une nouvelle révélation - au sens premier du terme - de Bill concernant son avenir et l'orientation à donner à sa vie. Les attaques politiciennes répétées contre la polygamie, en instrumentalisation la mort de Roman Grant et les enquêtes sur Juniper Creek, le conduisent à s'inquiéter sur l'avenir de sa famille si un tel homme est élu au Sénat de l'Etat de l'Utah. Le casino à peine mis sur les rails, le voilà déjà tourner vers de nouveaux projets, toujours plus ambitieux : Bill envisage de se présenter à l'élection, pour y défendre - une fois élu seulement - le Principe. L'annonce de ce projet au détour d'un dîner familial laisse toute la famille sans voix, incrédule tout comme le téléspectateur. A nouveau, cette scène met l'accent sur le fait que ce sont ses trois femmes qui font la série, la façon dont elles affrontent les épreuves, extérieures ou que leur mari leur impose. Pourtant, le téléspectateur ne peut que les admirer pour les efforts qu'elles font constamment et la souplesse dont elles ont appris à faire preuve. Mais le caractère autoritaire du fonctionnement de la famille n'en est pas moins que plus mis en exergue. Petit empire d'une richesse humaine et d'une complexité incroyable où la volonté de Bill fait loi. Barb va jusqu'à faire la démarche de mentir auprès des officiels de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, dans le but de régulariser leur statut "public" dans l'optique d'une éventuelle candidature.

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En plus de cette opposition unanime, le nouveau défi envisagé par Bill conforte Nicky dans une autre ambition, toute aussi hors de propos a priori : et si Bill s'imposait comme le nouveau prophète de Juniper Creek, maintenant que Roman Grant est mort ? A ce stade, il convient de préciser que, pour Nicky, ce n'est pas tant une question d'ambition que la marque d'une profonde crise d'identité, que les derniers bouleversements et tensions avaient quelque peu occulté, mais que la réunion d'adieu avec le procureur réveille avec encore plus de force. La saison 3 avait été témoin de la progressive prise de conscience par Nicky de l'endoctrinement dont elle avait fait l'objet et de toute cette partie de la vie et des sentiments, que son éducation lui a empêchée de connaître. Après une mise entre parenthèses de ses interrogations, en raison de la densité générale des épisodes, elles reviennent sur le devant de la scène, soulignant une fois encore la fragilité de la famille ; et surtout de l'union entre Bill et Nicky. La jeune femme recherche un sens à cette union : quoi de plus logique que de reproduire le schéma traditionnel et réconfortant dont elle a été témoin dans sa jeunesse. Si Bill devient prophète, comme l'était son grand-père, n'est-ce pas un signe si la fille du dernier prophète l'a épousé ? En recherchant désespérément une logique, une raison, à leur union, Nicky semble surtout prouver encore une fois sa volatilité potentielle.

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Je pourrais écrire des paragraphes entiers sur Nicky, tant l'ambivalence et la complexité de sa personnalité me fascine. La force de Big Love est aussi d'avoir su créer et faire évoluer trois épouses fortes, personnages centraux qui sont au coeur de la série. Si Barb assume toujours ses responsabilités, s'occupant du casino - où la tension avec les partenaires indiens est palpable - et remplissant le rôle d'épouse officielle, Margene s'est de son côté véritablement libérée. L'immature jeune femme des débuts n'est plus qu'un lointain souvenir. De par son éducation beaucoup libérale, dotée d'une initiative et d'une indépendance qui n'est plus à mettre en doute, Margene s'impose comme une véritable femme d'affaires. Son travail à la télévision lui rapporte un salaire très confortable, d'un montant bien trop élevé pour être simplement mis en commun : il va falloir envisager d'avoir recours à un comptable pour intégrer et protéger ses revenus. Je suis curieuse de voir jusqu'où Bill la laissera aller dans ce processus d'émancipation matérielle, mais aussi morale -car l'insouciance un peu infantine des débuts n'est plus. L'épanouissement personnel de chacun des membres de la famille n'a jamais été bridé, mais l'autorité et l'assise de Bill ne sauraient être remises en cause, sans que ce dernier ne réagisse.

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L'autre grande storyline de cet épisode très dense se concentre sur les projets de mariage de Sarah. J'avoue que le simple fait d'offrir de nombreuses scènes à la somptueuse Amanda Seyfried suffit déjà à me combler. Sarah s'interroge sur la voie à prendre, plus précisément sur le mariage à contracter. Religieux ou civil ? Peut-elle s'unir dans une Eglise dont elle n'approuve pas les croyances. On se situe ici dans une problématique particulière pour les Henricksons. Jusqu'où doivent être unies famille et religion ? Tout leur mode est basé sur leur croyance, mais cela peut-il entraîner une forme d'exclusion de la première, si l'on refuse la seconde ? Il s'agit pour Sarah de faire la paix avec toutes les contradictions dont elle est assaillie depuis le début de la série. J'ai apprécié la façon très juste avec laquelle ses doutes sont traités, ainsi que la résolution finale. Tout est chargé d'une symbolique omniprésente très forte : pour inaugurer une nouvelle étape dans sa vie, elle doit au préalable cautériser toutes les plaies de l'ancienne : concernant sa famille, mais aussi Heather, dont la présence s'impose logiquement.

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Parallèlement, cet épisode, particulièrement dense, voit le retour de Joey à Juniper Creek, après les évènements du season finale. Un retour hésitant d'un homme plus déterminé que jamais, changé et endurci par ce qu'il a enduré au cours des derniers mois. Il a des ambitions pour la communauté, et voit lui-aussi Bill comme un potentiel nouveau prophète. Cependant, ce semblant de paix arraché avec la mort de Roman paraît d'une grande fragilité. D'autant que J.J. soupçonne la réalité du drama survenu à la fin de la saison dernière. Des secrets et des ambitions qui vont probablement forger de nouvelles tragédies.

Autre secret, de nature très différente, celui d'Albie qui semble décidé à poursuivre cet étrange semblant de relation avec le responsable du fonds chargé de gérer les avoirs de Juniper Creek. Tous deux sont profondément croyants, appartenant à une Eglise qui condamne l'homosexualité. Pour autant, une force plus profonde, plus intense encore, les rapproche. Cette intrigue n'est pour le moment qu'esquisser à travers quelques courtes scènes, mais elle aura probablement son importance dans le futur.

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Et pour conclure l'épisode, tout comme cette review, comment ne pas évoquer cette émouvante scène finale du mariage dans le jardin. Poignante, non pas tant pour ce qu'elle représente pour une Sarah qui a enfin fait la paix avec elle-même, entrant dans la vie d'adulte en ayant soldé ses comptes avec son adolescence, que pour ce que ce spectacle symbolise pour Nicky. La jeune femme fond en sanglots, bouleversée. Ces larmes ne renvoient à l'émotion classique que l'on peut éprouver face à un tel évènement ; ce sont des larmes chargées de regrets, d'envies, d'admirations... Un mariage d'amour, réalisé par choix, en conscience, c'est plus que Nicky n'a jamais pu envisager. C'est un autre pan de la vie qu'elle n'a jamais pu explorer. Un idéal utopique dont elle comprend soudain l'importance et le bonheur, alors qu'il est consacré sous ses yeux. Chloe Sevigny est magnifique sur cette dernière image de conclusion.

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Bilan : Du grand Big Love, émouvant, complexe, subtile, aux dialogues sonnant avec beaucoup de justesse, il s'agit d'un épisode très (trop) dense qui explore avec beaucoup d'intelligence, la psychologie des personnages. Même s'il souffre parfois de cette extrême richesse, même si l'idée de lancer Bill en politique m'apparaît trop irréaliste, une fois l'heure achevée, j'ai seulement envie de le couvrir d'éloges dythirambiques, pour ces instants fusionnels où j'ai l'impression que la série frôle la perfection.
Les grands arcs de cette brève saison sont désormais clairs. Bill se tourne vers de nouveaux défis, de nouvelles ambitions à assouvir, tandis que sa famille reste fragile, unie mais, en même temps, tendue vers des directions et des aspirations si différentes. Et puis, Nicky est actuellement mon personnage télévisé préféré, cet épisode m'a une nouvelle fois conforté dans cette opinion.


NOTE : 9/10