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13/01/2010

(Mini-série UK) The Day of the Triffids : nouvelle adaptation d'un classique de la fiction post apocalyptique




"How did it happen ?
How did the world get swallowed up so quickly ?
It was because we had our eyes closed.
Even when we could see."


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Pour terminer l'année 2009 sur une touche optimiste, quelques jours avant la reprise de la nouvelle saison de Survivors, BBC1 proposait une mini-série à l'univers post-apocalyptique, genre qu'elle semble affectionner ces derniers temps : The Day of the Triffids. A l'origine, il s'agit d'un classique de la science-fiction catastrophe, roman publié en 1951, par John Wyndham. En 1962, cette histoire devint un film au cinéma. Puis, elle fut pour la première fois adaptée à la télévision britannique en 1981, dans une mini-série de six épisodes, déjà diffusée sur cette chaîne. Fin décembre, la BBC, poursuivant donc sa politique de remise au goût du jour des fictions catastrophes présentes sur son antenne dans les années 70/80, en a proposé une nouvelle adaptation, sur un format plus court, en deux parties d'1h30 chacune.

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Le narrateur de cette mini-série est un biologiste, Bill Masen. Il a passé toute sa vie à travailler et à étudier les Triffids, obsession familiale qui lui a été transmise par ses parents, sa mère ayant été tuée sous ses yeux par ces gigantesques plantes carnivores qui peuvent se déplacer. Seulement, en dépit du danger qu'elles pourraient en théorie représenter, les Triffids ont quelque chose de précieux à apporter à l'humanité : l'industrie peut y puiser une source d'énergie, apporter une solution au problème de l'effet de serre et au risque d'arriver à court de pétrole. Chaque pays à travers le globe a donc aménager ses fermes où sont élevées, contenues et exploitées, les Triffids. Les prophètes de mauvaises augures dont les voix s'élèvent pour souligner leur danger ne sont pas écoutés. Bill Masen en fait partie. Il travaille pour une entreprise exploitant ces plantes afin d'essayer de comprendre ce qu'elles sont et de percer le mystère des sons qu'elles émettent : ne trouve-t-on pas en elles quelque chose qui pourrait s'apparenter à de l'intelligence ?

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Le danger hypothétique présenté par les Triffids demeure tout théorique, confinées qu'elles sont dans des fermes de haute sécurité. Mais un évènement naturel sans précédent, a priori anodin, va bouleverser la donne. En effet, une explosion solaire provoque un magnifique spectacle dans le ciel terrestre, sorte de condensé plus intense des aurores boréales. Seulement, au milieu de ces belles lumières chatoyantes, un rayonnement beaucoup plus intense que celui que les humains ont l'habitude de voir, éblouit, et surtout aveugle définitivement, tous ceux qui n'avaient pas les yeux couverts à ce moment-là. Bill Masen, à l'hôpital après avoir été attaqué par un Triffids, échappe à ce sort, tout comme quelques milliers de personnes suffisamment chanceuses pour avoir été occupées à autre chose qu'à regarder le ciel à ce moment fatal.

The Day of the Triffids contient tous les ingrédients attendus d'un classique récit catastrophique, nous plongeant prioritairement dans un univers chaotique post-apocalyptique. En effet, suite à la tempête solaire, la grande majorité des humains est devenue aveugle. Ils errent dans des rues dévastées, ne pouvant s'occuper seuls d'eux-mêmes, sans l'aide des quelques personnes voyantes restantes. Le pays, la Terre entière, a été fauché par cette intense luminosité, laissant les habitants comme paralysés, là où ils se trouvaient au moment fatidique. Les institutions et les services les plus basiques ne peuvent plus fonctionner sans personnel. Tout s'arrête brusquement. Et on assiste à l'écroulement d'un pays en quelques heures. Il ne s'en relèvera pas. Car pour ajouter à la tragédie, les fermes aménagées pour accueillir les Triffids se retrouvent privées d'électricité, ne pouvant plus contenir les terribles plantes carnivores, dont personne ne mesure le danger avant qu'il ne soit bien trop tard pour s'en prémunir. Elles bénéficient d'un gibier de choix, démuni et sans défense : une entière population de non-voyants, incapable de se protéger.

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Pour que cette mini-série fonctionne pour le téléspectateur, il lui faut accepter ces bases comme un postulat de départ nécessaire. Ces dernières sont tout juste esquissées dans les premières scènes. C'est à peine si l'on comprend qui sont et à quoi servent les Triffids, quels sont les enjeux qui les entourent... Les scénaristes ont en fait choisi cette introduction minimaliste, qui peut quelque peu déstabiliser le téléspectateur logique et consciencieux, dans le but de rentrer le plus rapidement possible dans le feu de l'action. Tout s'enchaîne en effet très vite : on se retrouve projeté de l'avant à l'après catastrophe lumineuse en 10 petites minutes, montre en main. Ce manque d'exposition suscite quelques interrogations sur la cohérence d'ensemble de l'univers de départ ; mais, une fois dépassé cela, le téléspectateur se laisse prendre dans la description des conséquences du terrible flash, que nous voyons s'abattre à travers  le monde grâce aux caméras de BBC News. Puis, la mise en scène d'une Londres dévastée, où le désordre règne, est particulièrement bien réalisée.

D'ailleurs, plus généralement, le vrai point fort de The Day of the Triffids réside dans son esthétique. La mini-série bénéficie d'une belle réalisation, avec des plans larges, dotés d'une abondance de jeux de lumière très appréciable. La caméra, optant pour un style très propre, nous offre de beaux cadrages qui permettent une belle reconstitution de l'atmosphère que les scénaristes tentent de donner à la fiction.

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Mais ces atouts formels ne peuvent occulter la faiblesse structurelle dont souffre cette mini-série. En effet, il s'agit une fiction balisée jusqu'à l'extrême, manquant finalement d'une âme. Les dialogues sont très (trop?) conventionnels ; les dynamiques entre les personnages se développent sans surprise. Se reposant entièrement sur le matériel dont elle disposait au départ, elle refuse de prendre le moindre risque et se contente de suivre un scénario d'où est absente une réelle valeur ajoutée. Souffrant de quelques ruptures de rythme et de longueurs évitables, l'enchaînement des évènements demeure cependant suffisamment intense pour que l'attention du téléspectateur ne soit jamais prise en défaut.

Les amateurs éprouveront sans nul doute un certain plaisir à suivre cette fiction post-apocalyptique efficace, respectant scrupuleusement les codes scénaristiques du genre et progressant par paliers. Mais ceux, qui auraient attendu un peu plus de cette nouvelle adaptation d'une histoire déjà transcrite à l'écran, resteront sur leur faim. Sans doute le récit de départ -un grand classique écrit en 1951-, même s'il est modernisé avec des préoccupations actuelles, n'offrait-il pas les nuances et subtilités qui lui aurait permis de se démarquer de ce canevas trop traditionnel un demi-siècle plus tard.

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Reste que cette impression mitigée tient aussi en partie à son casting principal, en particulier à la figure bien terne du héros. Dougray Scott se révèle plutôt fade (surtout dans la première partie), stéréotype unidimensionnel trop prévisible qui ne suscite que l'indifférence du téléspectateur. Certes peu épaulé par l'écriture de son personnage si monolithique, il ne parvient pas à prendre la mesure de ce héros et à assumer le rôle titre qui lui est ainsi conféré. Au final, seul le dernier quart de la mini-série lui permettra de commencer à jouer sur un registre plus émotionnel qu'il aurait été avisé de découvrir plus tôt. Car le récit souffre avant tout d'un manque d'empathie flagrant, le téléspectateur ne parvenant pas à créer un lien avec les personnages clés, se contenant de suivre leurs péripéties sans s'impliquer. J'ai également beaucoup de réserves à formuler à l'égard d'Eddie Izzard, "méchant" qui finit surtout par agacer et à l'égard duquel je suis restée un peu perplexe, tant pour son personnage, que pour sa façon de l'interpréter. Finalement, si Joely Richardson tire un peu mieux son épingle du jeu, en journaliste dynamique -encore un grand classique-. heureusement surtout que Brian Cox (Dennis Masen) passe faire une petite visite appréciable en fin de parcours, permettant du même coup d'approfondir le héros.

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Bilan : Fiction post-apocalyptique, au scénario trop classique pour marquer le téléspectateur, mais suffisamment efficace pour qu'il suive jusqu'au bout cette aventure, The Day of the Triffids se révèle être avant tout une mini-série esthétique, dotée de belles images bien travaillées et d'une réalisation soignée. Sur le fond, elle ne convainc pas pleinement, peu aidée par des acteurs principaux quelques peu hésitants qui peinent à s'imposer, enfermés dans des rôles trop monolithiques pour être attachants. A ce titre, d'ailleurs, les personnages secondaires s'en tirent de manière bien plus appréciable. Globalement, le scénario de cette mini-série manque d'épaisseur et ses storylines d'une réelle dimension. C'est somme toute divertissant, plutôt efficace, mais cela laisse quelques regrets au vu du soin évident apporté à la forme.


NOTE : 4,5/10


Des previews :

(US) Big Love : Free at last (saison 4, épisode 1)

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C'est un euphémisme d'écrire que j'attendais avec impatience cette saison 4 de Big Love. En 2009, ce drama, avec sa magistrale saison 3, constitua probablement ma série préférée de l'année. Par conséquent, j'étais curieuse/enthousiaste/excitée (avec le risque de la déception inhérent à cette forte attente) de retrouver les polygames de HBO pour de nouveaux ennuis à affronter. Une reprise qui s'est avérée très correcte, dans la continuité de la saison précédente, mais qui a commencé sur un bémol : un changement de générique à l'opportunité très discutable.

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La force, mais aussi parfois la faiblesse de Big Love, réside dans la richesse de sa vaste galerie de personnages auxquels elle ne peut pas toujours consacrer le temps d'antenne qu'ils mériteraient pour développer leurs storylines. Chaque épisode est toujours particulièrement intense, mêlant une multitude d'histoires qui ne se rejoignent pas toujours immédiatement. Si bien que le téléspectateur a généralement l'impression de voir défiler l'heure très rapidement, sans avoir le temps de souffler, restant frustré du survol de certains éléments qui auraient pu être plus approfondis. Ce premier épisode ne déroge pas à ce schéma devenu classique.

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Nous reprenons directement dans la continuité de la saison 3, pour retrouver les soucis que nous avions laissés aux Henricksons l'année passée. Roman Grant a disparu. Le téléspectateur sait qu'il est mort. Mais les personnages vont mettre du temps à l'apprendre, et l'ancien patriarche continue de causer bien des ennuis à ses ennemis d'hier. Le FBI, toujours à sa recherche, harcèle Juniper Creek, multipliant les descentes de police, mais aussi les Henrickson, se concentrant sur Nicky, qui occupe une position toujours très fragile au sein de la famille, rattrapée encore une fois par ses liens avec Juniper Creek.

C'est un appel de sa mère qui la précipite, à nouveau, dans les luttes  intestines de la communauté. Car il s'avère que si la mort de Roman Grant n'est pas encore connue, c'est en raison d'Adaleen, sa fidèle épouse, qui, ayant découvert le corps, l'a placé dans le garde-manger réfrigéré. Plus que pour préserver l'image de Roman, et sa prédiction non réalisée qu'il vivrait jusqu'à 126 ans, on devine Adaleen surtout perdue, cherchant désespérément à maintenir un artificiel statu quo, en préférant mettre en scène la disparition de son mari. Une fois informée, Nicky va cependant commettre une erreur classique, même si elle partait d'une bonne intention : traiter directement avec sa famille -ou plus précisément Alby- pour tenter d'étouffer l'affaire, sans vouloir impliquer les Henrickson, mais sans non plus les mettre au courant.

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Or Alby, avec son esprit retors, par bien des côtés si semblable à Nicky, choisit de profiter de cette opportunité pour donner quelques sueurs froides à Bill, en déménageant le corps de son père sur le chantier de son beau-frère. La "balade du cadavre de Roman Grant", comme on pourrait la nommer, à la fois pathétique et tragi-comique, allège d'une étrange façon le caractère pesant de ces storylines de nature avant tout dramatiques. Encore une fois prise en défaut, Nicky se retrouve à devoir affronter la méfiance de sa famille, mais les reproches seront pour plus tard. Il lui faudra plus d'une journée pour bien réaliser que son père est mort. La scène où elle craque dans la voiture aux côtés de Bill correspond parfaitement au personnage, une fois la prise de conscience progressivement réalisée, les nerfs lâchent devant cette situation irréaliste.

La mort de Roman Grant n'achève cependant pas les tensions entre Bill et sa belle-famille. Alby va reprendre le flambeau paternel. Les offres de paix teintées de menaces, que Bill formule sans sourciller, indiquent bien que les choses ne peuvent en rester là. Il faut dire qu'avoir réussi à causer en partie la perte de l'ancien patriarche de Juniper Creek lui a ouvert de nouveaux horizons. Il nourrit manifestement des ambitions toujours plus hautes. Mais si Alby doit faire face au gel des comptes de l'UEB, il fait surtout la rencontre de celui qui préside la commission de gestion nommée : une rencontre dans le parc, au cours de laquelle il a -entame ?- une relation avec cet homme. Les constantes manipulations qui ont régulièrement cours dans Big Love nous amèneraient presque à nous demander si cela a été plannifié, d'un côté ou de l'autre. S'il semble peu probable qu'Alby savait qui était le business man, au vu de sa réaction lorsqu'il le recroise, quid de ce dernier ?

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Si à Juniper Creek, les choses demeurent quelque peu chaotiques, c'est également le cas chez les Henrickson, qui s'apprêtent à ouvrir leur premier casino. Une source permanente de crises de nerfs qui pèse sur toute la famille. C'est à Barb qu'a échu la responsabilité de l'organisation ; tandis que Margene, aussi excitée qu'elle soit par ce lancement pour lequel elle a tant fait, souhaite toujours privilégier sa propre carrière, et préfère propulser Barb sur le devant de la scène.

Cependant, l'association avec Jerry Flute n'est pas aussi saine que Bill aurait pu l'espérer. Le harcèlement du FBI, suite à la disparition de Roman Grant, a nourri la méfiance des indiens. Les tensions avec Barb et ses aménagements "mormon friendly" apparaissent comme la simple partie émergée de l'iceberg. Pour le moment, le casino s'ouvre sur un premier soir à succès. Mais il semble évident que le partenariat tangue déjà très dangereusement. Les ambitions de Bill n'allant pas rester rassasiées par cette réalisation de projet, il est probable que cette dégradation risque de se poursuivre.

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Ces storylines déjà chargées ne permettent pas de consacrer beaucoup de temps aux autres personnages. Du côté des enfants, Cara Lynn vit désormais avec Nicky et s'apprête à effectuer sa rentrée à l'école. Un arrangement fait à l'insu de l'ex-mari, que Bill canalise pour le moment en arbitrant un compromis acceptable, mais la présence régulière de JJ, dans l'ombre de sa fille, ne peut être que génératrice de futurs ennuis. Sarah, elle, n'est qu'entre-aperçue au début, de façon à prendre de ses nouvelles et à évoquer les préparatifs de son futur mariage. Enfin, Ben joue les chanteurs dans un groupe, tout en aidant sa grand-mère dans le commerce apparemment fructueux d'oiseaux exotiques. Les affaires de Lois, justement, vont nous occuper pour quelques scènes, pleines d'humour noir, typiques de la dynamique de couple qu'elle entretient avec Franck. Entre menaces et partenariat entreprenarial, ces deux-là n'évolueront probablement jamais, jusqu'au jour où l'un des deux tuera l'autre. En attendant, ils parviennent à un fragile statu quo et signe une trêve qui sera sans doute brève.

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Bilan : Avec cet épisode, signe un retour dans la continuité très correct et très riche. Il permet de parachever les storylines pendantes de la saison précédente, la mort de Roman Grant et l'ouverture du casino. La famille n'a pas été épargnée par les secousses, mais elle semble retrouver progressivement un nouvel équilibre. Cependant, ce que je retiendrais en premier lieu de cet épisode, ce sont les dilemmes émotionnels des trois femmes, qui chacune à leur niveau, doivent gérer des situations difficiles. L'exposé de ces états d'âme est traité avec beaucoup de justesse.

Enfin, je demeure très réservé sur le nouveau générique proposé. Comment interpréter cette chute sans fin des quatre personnages, ainsi mise à l'écran ? Est-ce métaphorique ? Cela consacre-t-il les évolutions et la fragilisation de la famille dont nous avons été témoins la saison passée ? Vous trouverez un aperçu vidéo ci-dessous pour pouvoir vous faire votre propre opinion.


NOTE : 7,5/10


Le nouveau générique de Big Love :

11/01/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 1

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Hier soir, débutait, sur BBC3, la saison 2 de Being Human. Il s'agit de la petite série fantastique de la BBC dont le point de départ est la cohabitation sous un même toit d'un fantôme, d'un loup-garou et d'un vampire, qui aspirent tous trois à la "normalité", ou du moins à l'"humanité". La première saison avait laissé au téléspectateur un sentiment mitigé, mi-figue, mi-raisin, que j'ai déjà évoqué au cours d'un bilan rapide que j'avais dressé en novembre dernier : Being human, saison 1 : en quête d'identité et d'humanité. Cependant, comme je ne désespère pas de voir la série parvenir à exploiter peu à peu son plein potentiel, également parce que j'ai fini par m'attacher aux personnages, que les saisons sont courtes et que la précédente se terminait d'intriguante manière, je n'ai pas vraiment eu d'hésitation pour retrouver de nouveaux épisodes de Being Human. D'ailleurs, preuve de la confiance de la chaîne, une troisième saison a d'ores et déjà été commandée.

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Ce premier épisode permet avant tout à la série de tirer toutes les conséquences du mouvementé season finale précédent, tout en posant de nouveaux fils rouges, cette fois semble-t-il plus orienté vers l'univers des loup-garous. Repartant sur des bases plus sombres que ce à quoi elle nous avait habitué jusque là, Being Human nous offre au final un retour assez solide et plutôt efficace.

Logiquement, la mort d'Herrick hante toujours les esprits. En commençant par la communauté vampirique, plus animée que jamais, qui cause beaucoup de souci à George, le "tueur", qui est régulièrement attaqué. Mais le dernier duo à l'avoir assailli semble quelque peu différent : Ivan et Daisy sont très décalés, presque atypiques, même pour des vampires. Provocante à outrance, sans que l'on saisisse ses réelles intentions au-delà de cette vie hédoniste qu'elle revendique, Daisy ne laisse pas indifférent George, dans un sens purement platonique. Si on peut probablement déduire que l'introduction de ce nouveau couple de vampires va être synonyme de problèmes pour nos trois amis, il est difficile, pour le moment, de savoir comment ils s'imbriquent dans les enjeux qui s'esquissent au fil de l'épisode.

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Aussi fasciné que soit George par cette nouvelle venue, il a d'autres soucis plus urgents actuellement. Il fréquente toujours Nina. Elle vit même désormais sous leur toit. Mais, depuis ce fameux jour où il a tué Herrick et où elle a vu sa transformation, un gouffre s'est créé entre eux. Ils n'ont plus jamais eu de rapports intimes et c'est à peine s'ils se parlent, chacun broyant du noir dans un coin de leur petite chambre. Cependant, les problèmes de Nina sont bien plus profonds qu'une simple difficulté d'adaptation à la nature de George. Elle avait été griffée par ce dernier alors qu'il se transformait. Griffure qui orne toujours cruellement son bras, ne marquant pas seulement sa chair. Va-t-elle, à son tour, devenir un loup-garou ? Lui a-t-il transmis cette malédiction ?

J'ai beaucoup aimé le traitement réservé cette storyline. Si le sort de la jeune femme ne fait guère de doute, ses réactions sonnent justes et, surtout, les scénaristes ne font pas traîner les choses en longueur. Après une tentative de déni dans lequelle elle aurait voulu s'enfermer, au fur et à mesure que la pleine lune suivante approche, Nina prend bien conscience qu'elle ne peut pas fuir. Le fait qu'elle se confie à Annie est une preuve supplémentaire de son intégration dans la bande des trois que j'ai trouvé toute symbolique et fort appropriée. Ensuite, une fois cette première terrible nuit de transformation passée, Nina finira par avouer la situation à George. Or, bien plus sûrement que les assauts constants dont il peut faire l'objet, c'est bien là une nouvelle qui peut le détruire intérieurement ; car c'est non seulement sa responsabilité, d'avoir transmis cette nature qu'il déteste tant lui-même, mais c'est aussi de Nina dont il s'agit. Ce n'est pas n'importe qui, elle est la personne qu'il aime. Un cumul bien cruel pour George, qui continue donc de devoir affronter les épreuves.

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Ce développement, efficacement et rondement mené (le rythme étant un des problèmes récurrents de Being Human, cela mérite d'être souligné), suffit à donner une tonalité très sombre à l'épisode. Pour essayer de détendre l'atmosphère, les scénaristes exploitent le personnage d'Annie, dans un ressort plus léger. Elle semble décidée à dépasser sa condition de fantôme, utilisant le fait qu'elle soit désormais plus ou moins visible et solide. Sa lubie va être de vouloir travailler dans un bar. Elle réussit à décrocher ce job, cependant dans un lieu bien atypique, avec un jeune patron très compréhensif et ouvert d'esprit pour supérieur. L'occasion de quelques scènes décalées, où émane de la jeune femme une bonne humeur que l'on avait rarement eu l'occasion de voir au cours de la première saison. L'occasion aussi de rencontrer un charmant jeune homme auquel elle n'est pas indifférente (Alex Lanipekun en guest-star, tête familière aux téléspectateurs de Spooks).

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Du trio, celui qui fait le plus du sur-place, se retrouvant quelque peu en retrait, c'est Mitchell. Avec la mort d'Herrick, il a définitivement coupé tout lien avec les vampires. Ces derniers poursuivent désormais leur vendetta contre George, mais ne se préoccupent plus de lui. Mitchell n'a plus vraiment d'objectifs et se retrouve désoeuvré, en contraste avec des amis qui continuent de vivre autour de lui. Cela suscite quelques tensions avec George notamment. Logiquement, il se dit que mettre fin à son célibat auto-imposé serait la meilleure chose à faire et invente donc une nouvelle technique de drague : la technique par poisson rouge.

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Bilan : Un épisode de reprise plutôt solide, qui constitue avant tout une transition entre les évènements de la saison passée et ceux à venir. Il esquisse ainsi suffisamment de mystères, en distillant un certain nombre de questions, notamment avec l'expérience tragique sur un loup-garou réalisée par une étrange organisation qui semble s'intéresser particulièrement à notre trio. Ce qui ne peut que aiguiser la curiosité du téléspectateur. Si les scénaristes ne se sont pas départis de quelques-unes de leurs maladresses classiques de la première saison, les storylines du jour, autour des loup-garous, ne traînent pas en longueur. L'intensité de l'épisode fluctue, mais sans rupture de rythme préjudiciable. De plus, la tonalité assez sombre donne une atmosphère pessimiste assez pesante par moment, qui donne une dimension supplémentaire à l'épisode. En somme, Being Human signe un retour très correct.


NOTE : 7/10


Une preview de cette saison 2 :


10/01/2010

(K-Drama) You're Beautiful : A.N.JELL dans le monde des Idols


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Si vous fréquentez un tant soit peu les communautés internautes appréciant les séries coréennes, vous n'avez sans doute pas pu échapper au cours des derniers mois au "raz-de-marée" You're Beautiful. En dépit d'audiences un peu décevantes (mais le drama était en confrontation directe avec la "série-blockbuster" IRIS de KBS), la popularité de You're Beautiful a en revanche dépassé toutes les attentes sur internet. Le dernier drama des soeurs Hong (les prolifiques scénaristes de My Girl, Fantasy Couple, Hong Gil Dong...), diffusé au cours de l'automne 2009, devenant ainsi un petit phénomène.

J'avoue avoir été initialement assez réticente à me lancer dans You're Beautiful, en dépit (ou à cause -je suis dotée d'un esprit de contradiction tenace) du buzz énorme entourant la série. De plus, les reviews lues la comparaient aux Boys Before Flowers du début d'année 2009 (adaptation coréenne de la célèbre série japonaise, Hana Yori Dango) ; ce qui ne constitue a priori pas du tout le style de drama qui m'attire et, surtout, que je recherche. Mais le prosélytisme insistant de certains, combiné à son casting (je venais de finir Beethoven Virus), a vaincu mes dernières résistances. N'ayant pas regretté l'expérience, cela me permet donc d'y consacrer le dimanche asiatique de la semaine !

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You're Beautiful nous plonge dans l'univers de l'entertainment coréen, et plus précisément celui des Idols, au sein d'un des groupes les plus célèbres du pays : A.N.JELL. S'ils s'apprêtent à sortir leur sixième album, leur responsable décide qu'ils ont besoin d'un deuxième chanteur, de façon à soulager un peu leur chanteur principal, qui est aussi le leader du groupe, Hwang Tae Kyung. Pour cela, après des sélections, un certain Go Mi Nam est choisi. Mais suite à une opération de chirurgie esthétique qui nécessite une correction, Go Mi Nam ne peut se présenter au siège du groupe pour signer son contrat. Son manager se tourne alors vers sa soeur jumelle, Go Mi Nyu, jeune fille qui n'est jamais allée au-delà du couvent, faisant office d'orphelinat, où elle a grandi, et qui s'apprête à devenir religieuse. Go Mi Nyu accepte, avec beaucoup de réticence, de prendre très provisoirement la place de son frère, afin d'éviter que ce dernier ne rate ce qui pourrait être la chance de sa vie.

Mais Mi Nyu va devoir progressivement s'impliquer de plus en plus dans la vie des A.N.JELL. Ce qui ne devait être à l'origine qu'une substitution pour une signature officielle, la conduit finalement à partager la maison des membres du groupe, à faire des conférences de presse officielles, puis même à réaliser une performance dans un premier concert et à enregistrer un album. En plus de ce difficile ajustement à une nouvelle vie dans un milieu qui lui était étranger, la tâche de Mi Nyu va se trouver compliquée par la méfiance de ses camarades. Cette première impression va d'ailleurs se changer, chez Tae Kyung, en une profonde hostilité, les maladresses de la jeune femme ne cessant de la mettre en porte-à-faux, voire en confrontation directe, par rapport au leader des A.N.JELL.

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Au-delà de ce concept, somme toute guère novateur, You're Beautiful va surtout se démarquer par son traitement de ces diverses situations. Elle va pratiquer, voire même abuser d'une mise en scène par l'absurde, jouant avec excès sur un registre burlesque, peu crédible, mais très divertissant, qui lui permet d'exploiter pleinement son potentiel comique... Une fois bien empreinte d'une légèreté contagieuse, pleine de bonne humeur, la série peut ensuite se tourner vers d'autres dynamiques plus émotionnelles. Car, derrière la comédie romantique, comme toute série coréenne qui se respecte, se cachent des histoires de famille, des amours impossibles et/ou condamnés et le complexe héritage de sentiments contradictoires que les enfants héritent de leur passé. You're Beautiful adopte un ton adéquat, empli d'une autodérision salvatrice et bienvenue, pour évoquer toutes ses complications. La série ne se prend jamais au sérieux, tout en parvenant parfois à miser de façon juste, sur quelques scènes où l'émotion va primer.

En somme, elle trouve un équilibre approprié, tout en conservant une certaine distance avec ses personnages et les situations qu'elle crée. La preuve la plus flagrante que la série ne recherche pas le réalisme, et encore moins le premier degré, se trouve probablement dans la transformation même de Go Mi Nyu. La jeune femme fait un garçon guère crédible, avouons-le, avec des traits physiques féminins qui restent bien trop marqués pour que l'on puisse croire que le changement abuse ceux qui l'entourent (qui, certes, la découvrent dans l'ensemble assez rapidement).

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Si les histoires sont divertissantes, l'aspect indéniablement très attachant de ce drama tient beaucoup à ses personnages. Certes, chacun incarne un stéréotype, offrant en fin de compte peu de surprises. Mais ils sont toujours présentés sous un jour très supportable, si bien que, même à travers les oppositions qui naissent, le téléspectateur n'ait jamais amené à prendre partie pour l'un ou l'autre, suivant simplement avec plaisir ces éclats d'humeur.

La distribution des rôles m'a un peu rappelé les dynamiques d'un classique comme Hana Yori Dango, ou son adaptation coréenne de début 2009, Boys Before Flowers. Leur diversité est une source constante de décalages et de clashs, génératrice d'un comique burlesque, souvent excessif, mais qui prête régulièrement à sourire (voire à éclater de rire). Go Mi Nam est une jeune femme qui ne connaît encore rien de la vie,  un brin fleur bleue, plutôt innocente, elle dispose d'un talent hors du commun pour faire exactement ce qu'il ne fallait pas, et bouleverser ainsi la vie du groupe. Pleine de bonne volonté, avenante, mais d'une maladresse qui confine au tragi-comique, elle s'attire rapidement les foudres du leader, Hwang Tae Kyung. Ce dernier incarne plus ou moins son opposé. D'un abord très abrasif, avec un caractère colérique, il ne supporte pas que le contrôle d'une situation lui échappe. D'un naturel autoritaire, il se révèle aussi très maniaque et perfectionniste. S'emportant régulièrement contre Go Mi Nam, il sera cependant le premier du groupe à lui révéler qu'il connaît son secret, qu'en dépit de ses vives objections initiales, il va par la suite protéger. L'apparent bad boy qui cache, derrière cette allure, un grand coeur et des blessures personnelles anciennes, voici un classique jamais démodé, toujours efficace.

Les deux autres membres du groupe s'inscrivent dans ce même schéma global. Kang Shin Woo symbolise en quelque sorte le compagnon idéal, toujours compréhensif et d'un calme à toute épreuve. Il va constituer un allié de l'ombre pour Go Mi Nam, ayant rapidement découvert, lui aussi, qui elle est, mais restant effacé et préférant nouer une relation plus subtile avec la jeune femme. Sans doute trop subtile pour elle, avec sa capacité unique à être aveugle aux évidences. Le dernier membre du groupe, Jeremy est probablement le plus immature, mais aussi le plus spontané. Tout d'abord peu diplomate, il va s'imposer rapidement comme un ami simple et joyeux, qui saura aussi être particulièrement touchant en quelques occasions.

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Ce mélange, désordonné en apparence, mais en réalité savamment dosé, entre burlesque absurde et émotions touchantes est une constante de la série. Car You're Beautiful est avant tout une comédie romantique. Go Mi Nyu, sous les traits de Go Mi Nam, ne va pas laisser indifférente ses compagnons, rapidement très confus devant ce nouveau venu, qui enchaîne les gaffes les plus incroyables et dont l'attitude et les réactions paraissent parfois entourées d'un étrange mystère. De son côté, restera-t-elle ancrée dans sa conviction initiale qu'elle doit devenir religieuse, ou verra-t-elle la vie différemment une fois ce passage dans les coulisses des Idols effectué ?

Chaque personnage va mûrir et évoluer au fil de la saison ; Tae Kyung étant peut-être celui chez qui ce changement est le plus flagrant. Cependant, l'évolution de Go Mi Nyu ne doit pas masquer les quelques réserves de fond que l'on peut adresser à la base-même de la série. Sans remettre en cause cette absence voulue de réalisme, il me semble dommage que les scénaristes n'aient pas exploré plus concrètement le vrai Go Mi Nam. Lequel est introduit comme une ombre fantomatique dans les derniers épisodes. Il ne constitue qu'un simple prétexte ayant permis de propulser sa soeur dans cet univers, mais n'est jamais reconnu comme un vrai personnage. Cela laisse un goût d'inachevé, car ces quelques images, presque volées, ne permettent pas de fonder de façon cohérente l'idée qui est pourtant à la base de la série. Cela accroît l'impression qu'il ne s'agit que d'un simple artifice scénaristique, une facilité ensuite mise de côté. Le téléspectateur reste ainsi quelque peu frustré, insuffisamment satisfait par les résolutions de fin.

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Reste que pour nous immerger dans cette ambiance, le casting se révèle globalement efficace. La série doit beaucoup à son acteur principal masculin, Jang Geun Suk (Hwang Tae Kyung), déjà croisé dans Hong Gil Dong ou Beethoven Virus. Parfaitement à l'aise pour s'identifier à son personnage, charismatique, intense et maniéré, il délivre une très solide performance, prouvant qu'il peut désormais assurer sans faillir le rôle majeur dans un drama, excellant dans un registre très expressif, à des lieues de cette impassibilité qui avait divisé les téléspectateurs dans Hong Gil Dong. A ses côtés, si Park Shin Hye (Go Mi Nam/Go Mi Nyu), vue notamment dans Goong S, ne fait pas un garçon très crédible, mais ce n'est pas l'objectif de la série. Au contraire, le plus invraisemblable cela paraît a priori, le plus drôle cela finira le plus souvent, grâce à des situations exploitant un ressort comique généralement des plus improbables. Par conséquent, avec son air constamment effarouché et ses grands yeux expressifs, Park Shin Hye s'impose, sans avoir l'air d'y toucher, de façon convaincante. Par ailleurs, pour son premier drama, Jung Yong Hwa reste prudemment cantonné au rôle du jeune homme mignon et très posé, finalement assez effacé. Cela convient tout à fait à son personnage de Shin Woo. Enfin, Lee Hong Ki apporte une touche de folie spontanée et bon enfant à son personnage de Jeremy. 

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Bilan : You're Beautiful est une série souvent drôle, maniant un humour par l'absurde qui lui permet d'enchaîner les situations les plus improbables sans faire sourciller le téléspectateur qui aura bien du mal à ne pas éclater de rire devant certaines scènes. L'ensemble se révèle attachant et plein de vie. Si bien que les ficelles scénaristiques exploitées, d'un classique confinant aux clichés, parfaitement assumé, ne l'empêchent pas d'être un agréable divertissement, misant sur une autodérision salvatrice et un second degré rafraîchissant.

Si je n'ai toujours pas trop compris la fascination que You're Beautiful a suscité lors de sa diffusion, en faisant abstraction du buzz qui l'a entourée, j'avoue que j'ai pris pas mal de plaisir à suivre, sans arrière-pensée, cette série.


NOTE : 7/10


La bande-annonce :


Une des chansons récurrentes du drama, les A.N.JELL interprétant "Promise" :

09/01/2010

(UK) Survivors : l'après du scénario catastrophe d'une pandémie meurtrière (Bilan, saison 1)

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A partir de ce mardi 12 janvier 2009, NRJ12 entame la diffusion d'une série britannique à la thématique bien ancrée dans l'air du temps : et si la quasi-totalité des habitants de la Terre succombait à un virulent virus grippal ? Il ne s'agit pas du scénario catastrophe du ministère de la santé concernant la grippe A, mais du concept de départ de cette fiction britannique, dont la saison 1 a été diffusée en décembre 2008 sur BBC1 (donc, antérieurement au contexte grippal de 2009). Hasard du calendrier, la saison 2, comportant six épisodes, débutera en Angleterre ce même mardi 12 janvier.

Après un pilote implacable nous relatant la rapide progression inéluctable de la pandémie et ses conséquences bouleversantes, éradiquant 99% de l'humanité, Survivors se concentre ensuite sur un groupe de survivants, qui se retrouvent livrés à eux-même dans des villes désertées, où les structures et institutions sociales, mais aussi tout le confort moderne, ont été balayés par l'épidémie. Survivors est en fait un remake d'un classique de la télévision britannique : une série diffusée de 1975 à 1977 outre-Manche. Les téléphages y retrouveront de nombreuses têtes connues, habitués (avec plus ou moins de réussite) du petit écran anglais, tant dans le casting principal (Julie Graham, Max Beesley, Paterson Joseph, Zoe Tapper, Phillip Rhys), que dans les guest-stars (Freema Ageyman, Nikki Amuka-Bird).

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Se situant dans un créneau post-apocalyptique que l'on pourrait rapprocher éventuellement, dans le paysage téléphagique de ces dernières années, d'une série comme Jericho, la saison 1 de Survivors laisse dans l'ensemble une impression très mitigée. Le potentiel d'un tel scénario est évident ; mais si s'esquissent quelques éléments intéressants à creuser, dans l'ensemble, la série souffre du manque d'ambition de ses scénaristes, qui choisissent de se reposer uniquement sur le concept fort et très spécifique de cette fiction, sans prendre la peine de se réapproprier ce cadre, d'atteindre la pleine envergure que l'on serait légitimement en droit attendre d'une telle idée. La vie d'après la pandémie se voit ainsi réserver un traitement scénaristique qui n'offre aucune surprise. En résulte des intrigues trop classiques, des enchaînements de clichés, parfois divertissants, parfois indigestes, et une frustration qui ne quitte pas le téléspectateur tout au long du visionnage. L'écriture est très aseptisée, quasi-linéaire, ne prenant jamais de risques.

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L'aspect marquant, sans doute le plus réussi, de Survivors se résume en fait à son pilote, une efficace fiction catastrophe, à la fois divertissante et glaçante, exploitant tous les poncifs du genre, de façon assez prenante. On assiste à la plongée progressive de l'Angleterre dans le chaos, le pays cessant peu à peu de fonctionner, paralysé par la brusque pandémie. Les institutions officielles, dépassées, n'ont rien anticipé et vont être frappées de plein fouet, de la même manière que le reste de la population. Car la prise de conscience de la gravité de la situation, par le gouvernement comme par les citoyens, ne va intervenir que sur le tard, alors que la bataille contre l'épidémie est déjà perdue, l'issue fatale étant désormais inéluctable. Le pays entier sombre et se dissout en quelques jours... A travers le suivi du destin de quelques personnes, le téléspectateur se familiarise avec les futurs survivants et leurs tragédies personnelles.

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Puis, la série s'ouvre alors sur une nouvelle ère, le "jour d'après". Les villes, cadres de civilisation par excellence, sont devenues froide et vides. Les cadavres, que l'on devine ou l'on croise, pourrissent derrière les murs des bâtiments, laissant les survivants à la merci de nouvelles épidémies. Il n'y a plus aucun mouvement, plus aucune vie. Ce désert civilisé, ruines béantes d'une société qui n'est plus, génère une sensation pesante, particulièrement forte. Les scénaristes n'ont aucun souci pour jouer sur les symboles dans la mise en scène de ce point de départ glaçant, dans l'ensemble très efficace.

Cependant, c'est ensuite que cela se corse et que Survivors peine à tenir les promesses qu'elle a fait naître. Il va falloir décrire le nouveau mode de vie des rares survivants, des derniers êtres humains qui errent, sans but, au milieu de ce théâtre de tragédie. Chacun se retrouvant isolé, séparé des siens qui sont morts ou disparus, un groupe d'individus très hétéroclyte se forme, suivant le premier principe de survie : l'union fait la force. Il offre une galerie de personnages très différents, mais qui ne vont jamais dépasser les stéréotypes qui leur sont assignés. Trop unidimensionnels, dotés de personnalité sans nuance, on peine à s'attacher à leur sort. Au fil des épisodes, alors même que l'histoire progresse, aucun ne parvient à prendre une réelle dimension, manquant désespérément d'épaisseur.

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Si ce n'est donc pas du côté de ses protagonistes que Survivors va trouver le salut, son exploitation du grand concept de départ va se révéler également laborieuse. Il faut reconstruire une organisation sociale permettant aux derniers représentants de l'espèce humaine d'assurer leur survie. Plusieurs systèmes sont proposés, très différents : de la tendance tyrannique et liberticide d'une des dernières officielles de l'ancien gouvernement britannique jusqu'à des propositions de libre association plus souple. Mais la série, refusant d'introduire toute subtilité, ne prend jamais le temps de s'interroger réellement sur ces diverses options et leur finalité, restant trop souvent dans l'exposition caricaturale.

Enfin, le dernier fil rouge le plus affirmé laisse pour le moment le téléspectateur sur sa faim : il s'agit du développement d'une véritable théorie du complot, amenant à s''interroger sur l'origine du virus, une origine humaine qui implique que la pandémie est une conséquence du travail de scientifiques. Le téléspectateur a ainsi droit à quelques scènes entourées de mystère dans un laboratoire caché.

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Bilan : La saison 1 de Survivors s'avère être de facture très (trop) moyenne. Insuffisamment ambitieuse, en dépit de son fort concept de départ ; trop timorée pour oser prendre le moindre risque dans son écriture qui manque de subtilité, elle ne laisse qu'entre-apercevoir un potentiel bien présent mais qui n'est pas exploité. La série ne répond pas aux attentes que son pilote efficace avait fait naître chez le téléspectateur. Elle s'inscrit un peu dans la lignée de ces séries au synopsis de départ intriguant, mais qui ne parviennent pas à relever le défi de le faire vivre sur le long terme. Sa durée brève (six épisodes) peut cependant lui permettre de bénéficier de la patience du téléspectateur qui n'attendrait d'elle qu'un divertissement post-apocalyptique. Mais dans l'ensemble, cela reste une série très dispensable.


NOTE : 4/10


La bande-annonce de la saison 1 (VO) :