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03/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 1


“My name is Alex Drake. And, quite frankly, your guess is as good as mine.”

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Nouveau générique pour débuter la dernière ligne droite de la série, avec une phrase introductive qui résume bien le trouble qui s'est désormais installé au sein de cet univers. Entre le présent et le passé, le réveil et le coma, la frontière préservant la réalité s'efface peu à peu et tout s'entrechoque. A l'image des premières minutes de la série, le téléspectateur suit Alex sur un chemin de traverse qui ne distingue plus ces deux mondes, les entremêlant pour poser plus explicitement les mystères premiers qui sont à la base du concept sur lequel repose cette franchise depuis Life on Mars et que la saison se promet de résoudre.

Par ce premier épisode, Ashes to Ashes s'offre un très solide retour, exposant efficacement les enjeux à venir et offrant des pistes de réflexion mythologiques promptes à titiller la curiosité du téléspectateur. Ajoutons à cela le plaisir de retrouver la série en elle-meme, agrémentée de cette dynamique de groupe inimitable et de ses personnages auxquels on s'est, mine de rien, tant à attacher... Une heure de bonheur téléphagique qui vous réconcilie avec votre petit écran.

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Trois mois se sont écoulés depuis le final de la saison 2, dramatique ou sous forme de happy end, suivant votre perspective. Dans le présent, Alex a bien du mal à se ré-acclimater à cette réalité qui lui semble tellement aseptisée, bien moins vivante que l'intensité offerte par sa plongée dans les années 80. Un mal-être qui nous amène logiquement sur les traces de Life on Mars et nous rappelle la façon dont Sam n'était pas parvenu à se réconcilier avec son époque. Sauf que l'enjeu dépasse ici la seule personne d'Alex. La jeune femme, plongée dans le coma en 1982, reçoit des bribes d'informations de ses collègues qui viennent lui rendre visite, ressentant à quel point ils ont besoin de son aide. Un appel du passé d'autant plus difficile à repouser que son réveil est déterminant pour l'avenir de Gene, qui, accusé d'avoir tiré volontairement sur elle, s'est enfui à l'étranger. Après quelques tergiversations, il rentre en Angleterre, devant se rendre à l'évidence : il se définit par sa vie de policier. Or, seule Alex pourra la lui rendre. Dans le même temps, pour accentuer l'urgence de la situation, une petite fille a disparu. Ray, désormais en charge de l'unité, ne sait où donner de la tête. La nécessité du retour des deux têtes dirigeantes de l'équipe, pour un numéro de duettistes dont ils ont le secret, s'impose comme une évidence. C'est la direction que va logiquement prendre l'épisode, tout en glissant vers une mythologie toujours plus dense.

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Car, de plus en plus, Ashes to Ashes nourrit l'ambiguïté de son univers, sapant nos certitudes et troublant toujours plus la ligne de réalité. La transition du présent au passé qu'opère, presque naturellement, Alex, en début d'épisode, est particulièrement révélatrice de cette approche, soulignant la volonté toujours plus poussée des scénaristes de brouiller les points d'ancrage du téléspectateur, mais également de son héroïne. Nous ne savons pas si un évènement particulier se produit dans le présent, mais, dans le passé, c'est le retour de Gene à ses côtés qui semble être le déclencheur du réveil d'Alex en 1982. Un réveil dans un lit d'hôpital étonamment similaire à celui, opérant le passage inverse, qui avait conclu la saison précédente. Pour le moment, la série nourrit la curiosité du téléspectateur, se contentant de susciter les interrogations et laissant finalement notre imagination libre d'interpréter cela, en entendant une réponse des scénaristes. Mais une chose est certaine : désormais, les choses nous sont présentées comme si les deux époques étaient bel et bien deux réalités à part entière. Et au sein de la tension suscitée par cette coexistence, celle des années 80 semble se solidifier chaque jour davantage et prendre une place prépondérante dans les priorités d'Alex. C'est dans cette réalité que se trouvent les réponses qu'elle cherche.

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Au-delà de ce tourbillon mythologique qui retient logiquement toute notre attention, plus pragmatiquement, la lutte contre le crime continue en 1982, avec une routine invariable. Au cours de la parenthèse qui vient de s'écouler, Ray a été promu à la tête de l'équipe. Shaz est retournée à ses cafés, de nouveau célibataire, tandis que Chris en a profité pour lire un peu, après toutes les agitations expérimentées lors de la saison précédente. Mais le point central de tout l'univers de Ashes to Ashes reste le personnage de Gene Hunt, dont le retour est à la hauteur du personnage, à la présence qui s'impose au-delà même du poste de télévision. Fidèle à lui-même, incontournable par le seul fait d'être là, il faut toute son audace pour permettre à la série de retrouver, au pas de charge, son équilibre au sein du commissariat. Revenir comme si de rien n'était semble bien entendu utopique et irréalisable, pourtant, c'est aussi la seule voie que l'on imagine pouvoir être prise par Gene : il revient fidèle au poste, flic avant tout. Un rétablissement conforme au personnage qui a également le mérite de ne pas faire traîner les choses.

Pour remobiliser les troupes, l'épisode propose une enquête "prétexte" assez solide, dont l'objectif est surtout de remettre toutes les dynamiques en place, ressuscitant les oppositions de style comme les relations entre chacun des personnages. Pour jouer sur une fibre sensible, l'affaire à résoudre est celle de l'enlèvement d'une petite fille, accompagnée d'une demande de rançon. Classique parmi les classiques. L'instinct de Gene, pointant presque naturellement sur un suspect qu'il apparaît pourtant si illogique de désigner, la vivacité d'esprit et les qualités diplomatiques d'Alex, les maladresses de Ray, le soutien de Shaz, tout revient quasi-automatiquement au cours d'une enquête menée avec rythme. Cette storyline a le mérite de nous replonger avec beaucoup de plaisir dans cet univers atypique et si riche qu'est parvenu à construire Ashes to Ashes.

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Mais l'enjeu de ce premier épisode n'est pas dans le sauvetage de l'enfant kidnappé, il se trouve ailleurs, dans la façon dont il donne le ton des interrogations qui vont rythmer l'ensemble de la saison. Car c'est le rôle-clé joué par Gene Hunt qui apparaît bel et bien placé au coeur de tout; et vers lequel tout pointe. L'épisode semble ne jamais trop insister sur ce point qu'il souligne en surabondance. Un Gene à nouveau présenté avec beaucoup d'ambiguïtés. A ce titre, l'introduction d'un intrigant nouveau personnage majeur trouble un peu les cartes, le présentant sous un autre jour. Le DCI Jim Keats (Daniel Mays) travaille en effet pour les affaires internes et son opinion sur Gene, guère reluisante, semble déjà toute faite. La scène finale de confrontation entre les deux hommes est magistralement bien construite, posant les bases d'une opposition quasi-viscérale, où demeurent encore tant de non-dits qu'il manque des éléments de comphrénsion déterminants au téléspectateur, témoin privilégié de cette déclaration de guerre.

Le personnage de Jim Keats s'impose d'entrée comme un être troublant à plus d'un titre. Ses propos, souvent cryptiques, soulèvent plus de questions qu'ils n'en résolvent. Quel est son rôle réel, son objectif ultime et, surtout, que sait-il très concrètement de la situation d'Alex... tant d'interrogations qu'il parvient à soulever en quelques scènes et qui lui permettent de signer des débuts particulièrement réussis dans l'univers de la série. Il paraît suivre son propre agenda, mais pour le moment, le téléspectateur ne peut que constater que sa curiosité est piquée et attendre avec impatience la suite.

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Cependant, s'il y a un aspect vraiment réussi dans ce premier épisode, c'est sa capacité à introduire la nouvelle saison. Car c'est définitivement sous le signe du mystère qu'elle démarre, avec des thématiques où la mythologie de la franchise prend désormais le pas sur les anciennes préoccupations d'Alex. La volonté de rentrer chez soi, à son époque, n'est plus l'objectif premier, cette obsession envahissante qui dictait toutes ses décisions. Elle est rentrée, mais sans résoudre la question fondamentale de la nature de cette réalité de 1982. Or le repos ne paraît désormais possible pour Alex que lorsqu'elle aura cerné l'ensemble du tableau, qui forme une énigme dont Gene Hunt est le coeur ou la clé.

Avec une telle ouverture mythologique, où le questionnement porte sur les fondations même du concept à la base de la franchise, il est logique que l'ombre de Sam Tyler paraisse planer de façon omniprésente sur l'épisode. Il est un élément fixe dans ce double univers où Alex évolue désormais, en ayant établi des passerelles fortes entre les deux. A mesure que les lignes et les délimitations de la réalité se troublent et s'effondrent, il est normal que la série effectue une forme de retour aux sources. Une promesse d'autant plus excitante pour le téléspectateur, compagnon fidèle depuis cinq années.

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Bilan : Ashes to Ashes nous revient avec un épisode convaincant et bien calibré pour remettre les choses en place et poser efficacement les bases de la saison à venir, aiguisant à dessein la curiosité du téléspectateur et esquissant de nombreuses questions qui appelleront des réponses avant la fin. Insistant sur l'importance du personnage de Gene, qui, d'une façon ou d'une autre, constitue un élément central de ce qui se joue sous nos yeux, la série continue de troubler son héroïne, comme le téléspectateur, en brouillant la frontière d'une réalité qui semble toujours plus volatile et relative. En somme, voici une très bonne façon de reprendre l'histoire et d'offrir de belles promesses pour boucler la boucle ouverte par Life on Mars.


NOTE : 8,75/10


Le nouveau générique de cette saison 3 :


La bande-annonce du prochain épisode :

02/04/2010

(UK) Ashes to Ashes : une dernière saison pour résoudre ces énigmes temporelles ?


On y est ! Je ne vous cache pas mon excitation ; certains téléphages auront attendu des réponses aux mystères temporels relatifs à une île perdue, mais pour moi, ce premier semestre 2010 sera marqué par les réponses à une autre énigme temporelle ! Car ce soir débute un bien beau week-end en terres sériephiles britanniques avec, tout d'abord, la reprise de Ashes to Ashes, le spin-off de Life on Mars, qui nous revient pour sa troisième et dernière saison. L'occasion aujourd'hui d'évoquer un peu la série ; ce qu'elle nous a déjà offert et les attentes suscitées par le series finale de l'an passé.

(J'en profite pour préciser que Ashes to Ashes sera reviewée sur ce blog épisodes par épisodes. Au programme donc, à partir de ce week-end, un menu 100% UK et BBC avec Ashes to Ashes et Doctor Who, histoire de faire honneur à la bannière qui trône en haut de la page.)

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Reprenons au commencement. Spin-off changeant de décennie, Ashes to Ashes va se réapproprier les codes scénaristiques se trouvant à la base de Life on Mars. La transition entre les deux s'opère assez naturellement, car l'héroïne, Alex Drake (Keeley Hawes), n'est pas seulement policière, elle est également psychologue. Et surtout, elle a lu les rapports concernant le "cas Sam Tyler", notamment ceux dans lesquels il a raconté son expérience vécue en 1973 lors de son bref "retour" dans le présent. Ashes to Ashes reproduit le même schéma de départ : placée entre la vie et la mort en 2008, après s'être fait tirer dessus, la jeune femme se réveille en 1981, au sein d'une équipe très familière, composée des mêmes policiers dont parlait Sam. Mais Alex dispose de l'expérience passée de son collègue, ainsi que d'une raison supplémentaire de s'accrocher à sa vie et au présent : elle est la mère d'une petite fille, qui va constituer sa motivation première tout au long des deux premières saisons.

A partir de ce synopsis s'inscrivant dans une directe continuité de son prédécesseur, Ashes to Ashes allait avoir la lourde tâche de trouver un juste équilibre entre la franchise à laquelle elle appartenait et sa propre identité. Encore une fois, prendre le relais de Life on Mars n'était pas chose aisée, pas seulement en raison de sa qualité de "série dérivée". Dans ma review, la semaine dernière, j'avais souligné combien Life on Mars était une série qui fonctionnait grâce à l'attachement de ses téléspectateurs : elle avait réussi à nouer une relation basée sur l'affectif, un des éléments les plus subjectifs et, surtout, des plus volatiles qui soit... Or, c'est cet aspect qui générait l'alchimie faisant de la série, une fiction à part qui s'était imposée avec une telle force dans le paysage télévisuel. Mais il n'existe pas de science exacte pour reproduire un tel résultat, qui est la conséquence directe d'un équilibre fragile entre les personnages, les situations mises en scène, les acteurs, ou encore l'ambiance générale.

Transposer l'action dans les années 80, en remplaçant Sam par Alex et en reprenant les mêmes ingrédients que l'originale, ne garantissait aucunement un succès similaire. C'est sans doute pour cela que Ashes to Ashes commença d'abord par se chercher un peu...

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Ne souhaitant pas reproduire un simple copier-coller de la quête de Sam, dont nous avions été témoin au cours des deux années précédentes, Ashes to Ashes choisissait tout d'abord de pleinement exploiter le fait qu'Alex connaissait l'expérience de 1973 et qu'elle disposait donc déjà d'une théorie pré-constituée sur ces évènements. Réagissant en psychologue, elle déconstruit cette réalité des années 80, s'imposant dès le départ une prise de distance avec cet univers dans lequel elle est embarquée malgré elle. Si bien qu'au cours de la première saison, en sur-analysant l'ensemble et en réduisant les personnages qui l'entourent à des "constructions mentales", Alex rationalise à l'extrême le concept de départ de la franchise. Les doutes, les pointes de folie et d'hallucinations, qui avaient pu plonger Sam dans un tourbillon entre fantastique et folie, s'effaçaient donc derrière la froide rationnalité d'une psychologue qui ne reconnaît pas la vie propre de ce monde des années 80. Cet excès de prise de contrôle sur la réalité, ne laissant presque plus de place au mystère, et présentant comme certaine la théorie d'Alex, selon laquelle, tout cela serait une création de son cerveau comateux, une reproduction mentale due au fait qu'elle a lue les dossiers sur Sam, bouscula un peu l'équilibre traditionnel de la franchise. Life on Mars était faite de mystère, une balade non identifiée, une invitation aux frontières de l'imaginaire, de la réalité et de la science. Ashes to Ashes réduisait cet acquis à sa plus simple expression, ne laissant survivre qu'un seul aspect. Cela explique sans doute les difficultés initiales de la série : à trop vouloir se démarquer et proposer une façon de fonctionner propre, elle se détachait également de ce qui avait fait l'attrait principal de sa grande soeur. La première saison ne fut pas désagréable à suivre, loin de là, et elle eut ses bons moments, mais le téléspectateur garda l'impression qu'il manquait quelque chose au tableau.

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C'est pourquoi l'évolution amorcée au cours de la saison 2 fut particulièrement bienvenue. La série renouait en effet avec ce mélange des genres, remettant en cause les certitudes d'Alex et opérant une redistribution des cartes des plus intrigantes. Plus aboutie que la précédente, sa construction bénéficiait d'un solide fil rouge, avec une affaire de policiers corrompus. Comme dans Life on Mars, les actions d'Alex ont une répercussion sur son état de santé dans le présent/futur, métaphores des problèmes qu'elle y rencontre et qu'elle doit résoudre. Seulement, cette fois, les scénaristes n'hésitent pas à abattre certains pans de la réalité, en brouillant un peu plus les rapports temporels entre les deux époques. La nature même de cet univers où les années 80 ont été recréées devient une question centrale, s'éloignant des froides analyses cliniques délivrées par Alex aux débuts. L'introduction de Martin Summers, un autre patient de l'hôpital, est déterminante et permet à la saison de renouer avec cette zone trouble d'incertitudes, dans laquelle Life on Mars excellait. Au-delà d'une reprise en main du concept même de la franchise, le personnage d'Alex se rapproche également de plus en plus de celui de Sam. Le détachement obsessionnel qu'elle avait mis en place comme mécanisme de défense se fissure peu à peu. Son obsession de rentrer prend le pas sur tout le reste, consciente que tous les obstacles qu'elle rencontre sont des formes de mise à l'épreuve, qui culminent dans un final d'anthologie.

En somme, après une première saison plus clinique et moins intensément humaine que ce à quoi la franchise nous avait habitué, la deuxième renoue avec une tradition de mélange des genres, remettant en cause bien des certitudes et se réappropriant pleinement le concept en renouvelant les questions laissées sans réponse pour le téléspectateur.

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Cela nous conduit évidemment à évoquer ce fameux final de la saison 2. J'ai revu ce huitième épisode dimanche dernier, afin de réactiver mes souvenirs. Il m'a rappelé à quel point l'attente de cette dernière saison fut si insupportable. Concluant les storylines en apothéose sur une série de scènes d'anthologie, Ashes to Ashes nous offrait plusieurs confrontations intenses, d'une part entre Summers et Alex, mais surtout, d'autre part, entre Gene et Alex. Leurs rapports s'étaient dégradés au cours de la saison. La confiance avait disparu, laissant place à une méfiance réciproque, exacerbée du côté de Gene dans ce dernier épisode. La résolution de l'intrigue des flics corrompus, permettant du même coup de mettre Summers hors-jeu, se termine dans une fusillade, où les circonstances conduisent, par accident, son supérieur à abattre Alex par balle. Tout cela constitue le déclic symbolique nécessaire ; l'élément décisif qui permet à la jeune femme de se réveiller du coma dans lequel elle était plongée dans le présent. Sa tâche est accomplie : sa quête d'un retour en 2008, sa volonté de retrouver sa fille... toutes ces obsessions pour lesquelles elle a luttées au cours des deux saisons qui viennent de s'écouler.

Seulement, c'est dans ce moment d'euphorie, qui se présentait comme l'happy end vers laquelle la série toute entière tendait, que les scénaristes choisissent d'abattre le dernier mur de réalité, la dernière séparation existant entre passé et futur/présent. Car Alex, en 2008, retrouve les hallucinations dont elle était devenue coutumière dans le passé. Ces voix lointaines qui lui indiquaient qu'elle était à l'hôpital, dans le coma. Seulement, cette fois, le rapport à la réalité est inversé. Ici, c'est Gene qui l'informe de son état de santé, à travers les écrans d'ordinateurs qui l'entourent : elle est plongée en réanimation dans ces années 80 qu'elle vient juste de parvenir à quitter et Gene se retrouve accusé de l'avoir, volontairement, blessée. Le lien n'est, une nouvelle fois, pas rompu avec ce passé dont Alex, comme Sam, était parvenue à s'extraire. Continuation logique de l'évolution amorcée au cours de la saison, Ashes to Ashes opère une redistribution des cartes des plus bouleversantes. Une seule envie pour le téléspectateur : la suite !

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Bilan : Initialement spin-off hésitant sur l'héritage à accepter en provenance de Life on Mars, Ashes to Ashes aura prouvé la ressource de ses scénaristes, toujours à la recherche de l'équilibre permettant à la série de trouver sa tonalité et son identité. Après une première saison où ne perçait peut-être pas assez cette pointe de folie, ce caractère non catégorisable, si étrange, de la franchise, la deuxième aura bénéficié d'une construction globale plus aboutie, mais aussi d'une réappropriation passionnante et des plus intrigantes des bases de la série. Le final laissait en suspens de nombreuses nouvelles questions qui expliquent la grande attente suscitée par cette saison 3 ; car toutes les réponses nous sont promises, pour ce qui devrait être une vraie conclusion de la franchise.


NOTE : 8/10


Une bande-annonce de cette saison 3 :

31/03/2010

(US) Caprica, mi-saison 1 : le futur de l'humanité toujours en attente d'un vrai début


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Vendredi dernier s'est terminée la diffusion de la première partie de la saison 1 de Caprica. Neuf épisodes, pour une durée bien brève venue corser un peu plus le travail des scénaristes, en leur imposant le format rigide et a-sériephile de deux mi-saisons devant être construites de façon quasi-indépendante. Cette mauvaise habitude prise par certaines chaînes de proposer une programmation qui va, par nature, contre les atouts potentiels d'un format d'une vraie saison de 20 épisodes n'a guère aidé Caprica à trouver son rythme. Au contraire. Je serais tentée de penser que cet ajout de contraintes supplémentaires a surtout entravé le développement de la série. Cela se ressent avec d'autant plus d'acuité que, disons-le franchement, cette dernière aura éprouvé quelques difficultés pour trouver ses marques, en pratiquant longtemps une forme de navigation en vue, au sein des grands éléments du scénario, sans que la cohésion d'ensemble ne prenne véritablement forme.

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En effet, après neuf épisodes, le premier constat assez paradoxal qui s'impose, c'est l'étrange impression que Caprica n'a pas encore véritablement commencé. Le final du neuvième épisode et les différents évènements qu'il comporte entre-ouvrent peut-être la porte vers les vrais débuts de l'Histoire. Jusque là, la série aura usé la patience du téléspectateur attendant patiemment qu'elle embrasse pleinement le coeur de son sujet et cesse de tourner autour. Au fond, cette première partie de saison lui aura permis de maintenir son rang un prequel intrigant centré, sur un univers qui exerce son attrait sur le téléspectateur, mais nous n'aurons fait qu'entre-apercevoir un potentiel encore inexploité. Bref, ces neuf premiers épisodes ont gardé un fâcheux arrière-goût d'exposition dont la lente progression aura paru trop souvent vaine, se perdant dans des effets de style dilatoires assez frustrants au bout d'un moment.

Si bien que, sans pour autant avoir eu envie de laisser la série s'en aller sans moi, j'avoue restée très mitigée, pas pleinement convaincue des options narratives adoptées et encore plus perplexe face au traitement de certains personnages. Cela me chagrine assez car, a priori, Caprica aurait eu tout pour me plaire ; mais elle n'est pour l'instant que cette série dans laquelle je fais le choix conscient de m'investir "sur le long terme" (en espérant une saison 2, que le cocktail prenne avec le temps, et que ces idées soient enfin concrétisées !), cependant au sortir de laquelle, je suis généralement proportionnellement plus frustrée que satisfaite...

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Comme je l'ai dit, le problème de cette première partie n'est pas une question de concept. Ce dernier demeure des plus solides. Mais ce sont les options prises pour le mettre en scène qui coincent. En fait, Caprica regorge de bonnes idées, qu'il s'agisse de grands thèmes généraux posés par la série ou bien d'éléments moins importants, petits détails qui aiguiseront la curiosité des plus attentifs. Leur intérêt n'est pas démenti. Pensez donc : l'intelligence artificielle, la robotique, les rapports entre réel et virtuel... tout cela ne figure pas parmi les grands classiques de la science-fiction pour rien. Ils exercent une  fascination certaine et proposent un potentiel de départ aux possibilités très riches pour toute fiction envisageant de les traiter. Saupoudré l'ensemble de problématiques existentielles où pointent un soupçon de rhétorique religieuse et de thèmes plus ou moins mystiques, et vous obtenez un cocktail forcément des plus intrigants. Ajoutez à cela le fait que vous connaissez la fin de l'histoire et la tragédie qui va se prépare sous vos yeux, et vous voilà captivé. Certes, en dépit de certains questionnements communs, le résultat est très différent du penchant "space-opera", façon appel de l'espace post-apocalyptique, de la série mère, Battlestar Galactica, mais cette évolution ne surprend pas et s'impose logiquement au vu du récit envisagé.

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Seulement, une fois ces problématiques posées, notamment au cours d'un pilote très correct en terme d'exposition des enjeux, Caprica passe malheureusement les huit épisodes suivants à enregistrer au ralenti les conséquences du drame initial, comme si les scénaristes craignaient de trop donner tout de suite. Si les grandes thématiques demeurent, elles paraissent ensuite presque égarées dans l'arrière-plan : maintenues dans la série de façon implicite, par les parallèles automatiques faits par un téléspectateur qui bénéficie de plus de recul et d'une vision d'ensemble lui permettant de garder à l'esprit le caractère fondamental de la genèse qui se déroule sous ses yeux. Il manque ainsi à la série la force d'une cohésion globale entre toutes ses storylines. Elle passe une trop grande partie de cette mi-saison à broder sur des intrigues à la marge, nous laissant songeur sur la manière de comprendre ces éléments anecdotiques qui relèvent plus de la contextualisation, aussi "sexy" qu'elle soit grâce l'univers proposé, celui de Caprica, aux technologies et aux moeurs à part.

Mais au-delà de cet effort, en parallèle, à une progression concrète des storylines, la série préfère user d'un recours à la symbolique, s'employant à réaliser des mises en scène à la portée particulièrement forte (ex. l'image de la Trinité évoquée avec Zoe, le caractère angélique d'une des scènes du final..). L'idée est intéressante ; seulement, encore une fois, les scénaristes ne transforment pas toujours leur essai et le téléspectateur garde l'impression désagréable qu'il y a trop de choses qui sont laissées en chantier, trop de bonnes idées juste esquissées. Il en ressort ainsi un sentiment de dispersion frustrant.

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Cette impression est renforcée par le second reproche majeur que j'adresserais à la série : le traitement de ses personnages. Sans vouloir absolument aller jusqu'à ressentir de l'empathie pour ces individus touchés de plein fouet par des drames et qui se débattent au sein de cette société "futuriste" (même si le terme est littéralement anachronique dans le cas présent), beaucoup restent très difficiles à cerner, marqués par des évolutions inconsistantes, manquant de cohérence. S'il est compréhensible qu'Adama père subisse de plein fouet le deuil de sa fille, fallait-il le faire évoluer à une vitesse disproportionnée de l'homme de loi, reniant presque ses origines, à celui qui serait prêt à ordonner une exécution, puis à celui qui se perd dans New Cap City ? Si tout peut se justifier théoriquement, et apparaître a priori cohérent sur le papier, porté à l'écran, cela donne surtout l'impression d'une psychologie un peu bâclée, cédant aux poncifs du genre et construite façon girouette... Ce côté un peu brouillon, qui n'est pas propre à Adama, fait qu'il est difficile d'éprouver quoique ce soit pour des personnages dont les dilemmes sont traités au pas de charge. En terme d'évolution, les différents visages d'Amanda Graystone ont également de quoi déstabiliser, même si le couple Graystone est incontestablement l'élément le plus solide du scénario : de mère éplorée à épouse forte sortant son mari de certains bourbiers, à la régression finale vers un passé où elle avait perdu le sens de la réalité...

C'est assez paradoxal de se plaindre du ralenti excessif du développement des storylines, tout en pointant un approfondissement des personnages insuffisamment posé. En fait, toutes ces remarques soulignent surtout les difficultés qu'ont éprouvé les scénaristes pour calibrer correctement cette première partie de saison. Etait-ce dû à la brièveté des 9 épisodes ? Est-ce une période d'ajustement par laquelle ils ont dû passer pour maîtriser ensuite leur sujet ? Reste que cette écriture brouillonne donne l'impression de progresser par à-coups. Encore une fois, on perçoit toujours ce que les scénaristes avaient en tête, quel était leur projet... Mais le manque de subtilité dans l'écriture lui confère un côté très factice, qui sonne un peu faux, comme si c'était forcé. De plus, à côté, il y a également des personnages vraiment difficiles à apprécier, dont la place laisse perplexe, à l'image de Sister Clarice. Si l'idée du S.T.O., ou l'introduction globale du monothéisme soulignent l'existence de bases intéressantes, il manque un élément pour assurer la cohérence et la pleine portée...

On garde la désagréable impression que les scénaristes eux-mêmes ne savent pas trop où ils vont : dispersion et manque de cohésion semblent les reproches auxquels on se heurte dans tous les aspects du show.

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Bilan : Le souci de Caprica ne provient pas d'un manque de fond ; au contraire, qu'il s'agisse des concepts généraux ou bien des petits détails de reconstitution de l'univers des colonies, on croise des tas de bonnes idées. Le problème intervient dans leur mise en scène, trop souvent inconsistante et brouillonne. Les initiatives intrigantes ne sont pas toujours transformées, les scénaristes ne vont pas toujours au bout des choses et paraissent régulièrement se disperser sans cohésion d'ensemble. Le recours aux symboles ne peut occulter le fait que la série passe ses neuf premiers épisodes sans réelle progression concrète, ponctuée par deux brusques accélérations - celle du pilote et celle du dernier épisode. Tout cela laisse un arrière-goût de profonde vanité s'installer.

En somme, Caprica a le potentiel. A elle de parvenir à dépasser cette première phase d'exposition, où elle aura effectué un certain nombre de réglages, pour pleinement concrétiser les bonnes idées que l'on voit esquissées.


NOTE : 6/10


Le générique de Caprica :


Une bande-annonce de la série :


28/03/2010

(K-Drama / Pilote) Harvest Villa : cocktail détonnant de genres très différents


Mine de rien, ce blog commence à contenir un certain nombre de "tests de pilotes" de séries coréennes ! Et vu la nouvelle vague de nouveautés en train d'arriver avec le printemps, la tendance ne va sans doute pas aller en diminuant. Car, le cercle est pernicieux : la curiosité nourrit la curiosité. Je crois avoir trouvé mes marques dans ce nouveau paysage téléphagique. J'ai intégré la Corée du Sud dans mes habitudes téléphagiques quotidiennes : sélection des sites d'intérêt, inauguration d'une page de flux rss sur mon reader, réflexe de la consulter plusieurs fois par jour... Bref, un fonctionnement sériephile des plus classiques.
Si bien que je suis en train de réfléchir à une réorganisation de la catégorie "Séries asiatiques" : peut-être opérer une distinction, à l'image des séries des autres nationalités, entre les reviews des pilotes et les critiques d'ensemble de séries. Vu que la rubrique commence à être assez remplie, cela permettrait à chacun de s'y retrouver plus facilement.

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Toujours plongée dans les nouveaux dramas ayant débuté au cours de ce mois de mars, ma  découverte de la semaine fut assez étonnante ; je n'ai toujours pas réussi à bien la cerner après le visionnage des deux premiers épisodes. Présentée de façon assez intrigante comme un drama alliant suspense et comédie, le tout saupoudré d'un zeste de drama, Harvest Villa paraissait proposer un mélange des genres potentiellement intéressant, ou du moins assez original pour susciter la curiosité de la téléspectatrice que je suis. Ayant débuté le 5 mars 2010 sur la chaîne câblée sud-coréenne tvN, elle devrait normalement comporter un total de 16 à 20 épisodes.

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La volonté de Harvest Villa apparaît d'emblée de se positionner à un croisement des genres, cherchant à prendre en défaut l'attente du téléspectateur, tout en s'appropriant des ficelles de genres très différents, tellement classiques que l'on pourrait les qualifier de clichés. Cette envie d'impulser une certaine folie se remarque dès la construction, un peu hâchée et brouillonne, du pilote. Ce dernier s'ouvre en effet sur une scène digne d'un drame à suspense : dans une ambiance nocturne et angoissante, alors qu'une tempête fait rage dehors, un meurtre est en train de se commettre. Voulant manifestement obtenir quelque chose de leur victime, trois individus anonymes, encapuchonés, poursuivent et font tomber un vieil homme du toit d'un immeuble, sous les yeux effarés d'un alcoolique, habitant le bâtiment, qui en perd la raison. Le bref aperçu des autres occupants, dans leurs appartements, n'est pas fait pour rassurer le téléspectateur, instantanément intrigué par ce qui se joue sous ses yeux, qu'il ne peut comprendre pour le moment. Une brève scène policière nous indique ensuite que les autorités concluent à un suicide, classant ainsi rapidement l'affaire.

Après cette entrée en matière qui prend à rebours le téléspectateur par la tension et l'ambiance inquiétante distillées dans l'immeuble où le drame s'est produit, l'épisode enchaîne sans la moindre transition sur des scènes tout droit sorties de la plus classique et fleur bleue des comédies romantiques sud-coréennes. Elles vont nous permettre de présenter le fils de la victime dont nous venons d'assister à la mort et qui est le personnage principal de la série. Ici, la série empile les poncifs du genre : coup de foudre à l'égard de la jolie voisine qui vient de s'installer, tentatives de flirt calamiteuse et pseudo-rebondissements, aux ficelles énormes. Cela cherche à être drôle, sans vraiment y réussir. Ou plutôt est-ce une mise en application de la maxime selon laquelle, plus c'est énorme, plus cela peut passer auprès du téléspectateur.

Cette collision des genres peut quelque peu déstabiliser. Reste que ce traitement finalement un peu par l'absurde, en accumulant les stéréotypes, n'éclipse cependant pas complètement le fil rouge que va constituer le meurtre du départ. Car le fils hérite de la propriété de son père, sous la condition de devoir aller y habiter jusqu'à ses 32 ans, qui interviendront dans quelques mois. Mais il est probable que ce qui lui paraît comme être une brève parenthèse l'amènera à creuser ce mystère qui entoure le bâtiment et le soi-disant suicide de son père, qu'il n'avait pas revu depuis des années.

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Le concept clé de Harvest Villa a priori était donc une envie de mêler plusieurs genres très différents. Rester à déterminer quel cocktail tous ces ingrédients allaient produire. En effet, si cette initiative peut apporter un peu de sang neuf à ces concepts, cela pouvait aussi se révéler une ambition potentiellement glissante et déboucher sur un étrange hybride improbable à la narration pas très équilibrée. Le début du drama le place en fait entre ces deux résultats extrêmes. Car c'est au final un bien étrange alliage, assez étonnant, qui ressort de tout cela. Pas désagréable à suivre, mais assez désarçonnant quand même. On obtient une alternance de scènes très diverses, qui empruntent aux stéréotypes des fictions coréennes pour chacun des genres vers lesquelles elles sont censées tendre, le tout s'enchaînant sans la moindre transition. Ainsi, à un passage digne de la plus traditionnelle des comédies romantiques, succède une scène tout droit sortie d'un policier sombre. Cette versatilité dans la tonalité, qui s'opère de façon très rapide, fait qu'il est assez difficile de cerner immédiatement où est-ce que l'on a mis les pieds. Initialement, cela peut laisser quelque peu perplexe le téléspectateur qui est assailli de mille et une interrogations : Où les scénaristes veulent-ils en venir ? Quelle ambiance cherchent-ils vraiment à créer ? Qu'est-ce que c'est que cet O.T.N.I. (object télévisuel non identifié) ?

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Cet emprunt assumé à tous les poncifs des différents genres, presque opposés, parvient, au cours du deuxième épisode, à se stabiliser un peu. Ou du moins le téléspectateur commence-t-il à s'y habituer. Romance, comédie, policier, suspense, presque action... Tout y est. On retrouve même parfois ce mélange au sein d'une seule scène, ou alors c'est la storyline dont elles dépendent qui donne le ton. Une chose est sûre, la série, avec ses clins d'oeil et cette volonté de jouer sur ces clichés, ne se visionne pas au premier degré. Même les instants qui ne sont pas estampillés "comédie", par leur présentation très over-the-top, se regardent avec une nécessaire prise de distance salvatrice. Finalement, Harvest Villa semble être une série cherchant volontairement à provoquer un cocktail détonnant, souhaitant avant tout divertir et encourageant le téléspectateur à s'amuser face aux rebondissements improbables et autres storylines qui s'ajoutent à l'intrigue principale. Car, en dépit de l'impression de beaucoup de disperser, il y a effectivement un fil rouge conservé, à la connotation plus mystérieuse, mais qui, pour le moment, soulève des questions un peu abstraites sur l'imbrication réelle de tous les personnages. Au fond, la déstabilisation initiale du téléspectateur paraît voulue afin de l'encourager à se prendre au jeu.

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En ce qui concerne l'atmosphère globale de la série, en marge d'une réalisation classique qui n'hésite pas à jouer dans le burlesque des comédies asiatiques, le petit plus réside dans la musique. La bande-son est agrémentée par tout un tas de morceaux bien rythmés et très décalés, qui jouent volontairement sur leur caractère entraînant pour accentuer l'impression que nous sommes dans un étrange mélange des genres assez improbable. Le choix se révèle donc plutôt opportun, fidèle à l'image recherchée par le drama.

Du côté des acteurs, Lee Bo Young semble être dotée d'un don d'ubiquité en ce printemps 2010, puisqu'en plus d'assurer le lead-in féminin dans The Birth of The Rich, elle incarne également l'intérêt romantique potentiel dans Harvest Villa. Le héros est interprété par Shin Ha Kyun, que je connaissais pas, mais qui revient aux dramas après une longue période d'absence. Baek Yoon Shik (Hero) joue le plus inquiétant des habitants de l'immeuble, au métier assez particulier. La série bénéficie d'une galerie de personnages très riches, parmi lesquels on retrouve un certain nombre de têtes familières : Kim Chang Wan (Queen of Housewives), Jo Mi Ryung (que vous pouvez croiser actuellement dans Life is beautiful), Kwon Byung Gil ou encore la rafraîchissant Kang Byul (Creating Destiny).

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Bilan : Les débuts de Harvest Villa révèlent donc un certain potentiel, sans pour autant pleinement concrétiser l'essai. Si l'on perçoit bien la volonté de mixer les genres de façon assez détonnante et d'imposer une prise de distance qui peut se révéler sympathique si le téléspectateur joue le jeu, le drama butte sur un certain manque d'homogénéité qualitative que le temps et l'installation claires des intrigues pourront peut-être corriger.


NOTE : 5/10


La bande-annonce de la série :

Le générique de la série (avec la petite musique entraînante récurrente, façon folklore russe) :


27/03/2010

(ITA) Romanzo criminale, saison 1 : un polar romain au coeur des années de plomb italiennes


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Aujourd'hui, une critique qui marque la poursuite de "l'internationalisation" de ce blog, avec une fiction d'une nouvelle nationalité (et l'apparition d'une catégorie généraliste par la même occasion).


Je ne vous cache pas mon excitation lorsque j'ai mis la main, il y a une dizaine de jours, à un prix raisonnable, sur le coffret DVD de la première saison d'une série que je souhaitais découvrir depuis plus d'un an, et dans laquelle j'étais prête à investir "à l'aveugle" sans hésitation : il s'agit de Romanzo Criminale. Cette fiction a la particularité de provenir de l'autre côté des Alpes. La saison 1, comportant 12 épisodes, y fut diffusée au cours de l'hiver 2008-2009 sur la chaîne câblée italienne Sky Cinéma 1. Ayant rencontré un succès tant auprès du public que des critiques, une deuxième saison a été commandée et est annoncée pour la fin de l'année en Italie (novembre 2010).

En France, nous (enfin, du moins, les chanceux abonnés) avons eu l'opportunité de pouvoir la découvrir l'été dernier grâce à Canal +, qui confirmait une nouvelle fois que les (bonnes) séries européennes ont une place dans sa grille. De mon côté, ne recevant pas cette chaîne, j'ai donc dû patienter encore un peu en surveillant la sortie du DVD (décembre 2009) ainsi que l'évolution des prix. Mais le retard est désormais rattrapé ; et cette découverte s'est révélée être largement à la hauteur de mes attentes, voire les a même dépassées.

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Parler d'un "investissement à l'aveugle" lorsque j'évoque cette série est sans doute un peu excessif. Car si j'étais si curieuse de découvrir cette adaptation télévisée de Romanzo Criminale, dont il existe aussi un film éponyme sorti en 2005 (plus condensé, mais qui mérite également le détour), c'était tout d'abord parce que j'avais lu et beaucoup aimé le roman d'origine, d'où sont tirées toutes ces versions à destination du petit et grand écran. Récit dont l'auteur, Giancarlo de Cataldo, a exercé les fonctions de magistrat, il s'agit certes d'une histoire de gangsters, mais pas seulement, tant elle s'attache avec beaucoup de soin à dresser un portrait riche, vivant et détaillé sans complaisance de l'Italie des années de plomb.

Romanzo Criminale se révèle d'autant plus prenante et intrigante qu'elle s'inspire de faits réels. Ce qu'elle se propose en effet de nous relater, c'est une version romancée de l'histoire de la bande de la Magliana, qui tint le milieu romain dans les années 70-80. Régnant sur les activités criminelles de la capitale italienne, elle joua également un rôle dans les tensions secouant l'Italie de cette période, entretenant des rapports ambiguës avec les milieux d'extrême-droite, ainsi qu'avec la Mafia. Ces liens troubles permettent à la série de dépasser le cloisonnement des genres, offrant ainsi un véritable polar noir au contenu particulièrement dense et intéressant.

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Romanzo Criminale est tout d'abord une fiction nous plongeant dans la destinée mouvementée d'une bande de malfrats qui va faire main basse sur les activités criminelles de Rome à la fin des années 70. Auparavant, jamais aucun groupe n'avait pu imposer son autorité sur une ville qui avait fini par sembler imprenable, chaque tentative se soldant par une implosion fatale en vol. Lieu de compromis où s'exerce l'influence des différentes Mafias du sud du pays, la ville va pourtant céder sous les coups d'éclats de la bande de la Magliana, réussissant là où tous les autres avaient échoué. La série nous entraîne aux origines de cette association criminelle. Cette union, de ce qui correspondait initialement à deux bandes distinctes, se forge dans le sang et l'argent de l'enlèvement et du meurtre d'un riche homme d'affaires, le baron Rosselini. Dans l'euphorie de ce coup de maître et portés par l'ambition et la vision de celui que l'on surnomme le Libanais, ses différents membres vont poursuivre leur collaboration commune en réinvestissant les sommes gagnées grâce à la rançon dans le trafic de drogue.

Dirigée par un trio d'individualités très dissemblables, où le Libanais s'impose comme le leader naturel, aux côtés de Froid et de Dandy, cette bande va peu à peu gravir tous les échelons dans sa course folle aux sommets des hautes sphères du crime, jusqu'à parvenir à exercer un contrôle sans partage sur Rome. Dans cette entreprise, les heurts avec les pontes déjà en place ne sont que règlements de comptes de bas étage, en comparaison des forces tentaculaires avec lesquelles alliance et compromis se révèlent rapidement nécessaires. Cette navigation à vue dans ces eaux dangereuses les conduira ainsi à se rapprocher de la Mafia calabraise ou encore sicilienne, à côtoyer des mouvances politiques extrémistes, à un moment où elles sont à leur apogée, et dont sont également proches d'autres personnes directement liées au pouvoir étatique, à qui le gang devra rendre certains services pour survivre, notamment par une collaboration avec les services secrets italiens.

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Pour mettre en scène ces évènements très denses, il faut souligner l'ambitieuse construction narrative de la série. En effet, Romanzo Criminale nous fait certes vivre le développement de la bande, avec une ascension irrésistible portée par leur arrogance et leur ambition. Mais la série prend également le temps de marquer chaque étape, de décrire les obstacles imprévus placés sur leurs routes. Au-delà d'une continuité toujours présente, le côté feuilletonnant ne prend jamais le pas sur l'indépendance que conserve chaque épisode. Parvenant à trouver le juste équilibre entre les développements sur le long terme et des intrigues quotidiennes toutes aussi solides même si leur intérêt peut varier, bouclées en une heure, la première saison constitue un vaste arc, où la morale finale pourrait être une réflexion sur le caractère dévorant, et au final auto-destructeur, de l'ambition. La fin est à la fois une conclusion convaincante, dont le caractère inévitable est perceptible très tôt, mais aussi une redistribution des cartes qui promet une saison 2 toute aussi passionnante.

Autre bonne idée qui ajoute à la richesse de l'univers proposé par Romanzo Criminale, et qui permet de contribuer à l'ambiance de polar sur laquelle la série capitalise pleinement : c'est l'introduction, en opposant récurrent, d'un commissaire têtu, Nicola Scialoja, qui sera en charge de la première affaire fondatrice du gang, l'enlèvement du baron Rossellini. Frustré par son échec, par la suite, son entêtement à les voir tomber n'aura de cesse de grandir à mesure que la bande prendra du pouvoir. Le personnage de Scialoja offre le pendant policier parfait au groupe. S'imposant progressivement comme l'adversaire solitaire de tout un système qui s'auto-régule de lui-même, il n'est pas non plus dénué d'ambiguïtés. En un mot, il symbolise un autre versant de cette société italienne de la fin des années 70, avec ses propres paradoxes et contradictions.

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Au-delà de la solidité de l'histoire, au coeur de cette épopée criminelle, les protagonistes constituent l'âme de la série, volatils et explosifs à son image. Disposant de personnalités très différentes, ils sont tous des personnages hauts en couleur, dont un trio principal va rapidement émerger. L'ambition insatiable de certains, cette absence de satisfaction qui les pousse toujours plus loin dans ce règne sans partage sur Rome, les amène sur des voies de plus en plus dangereuses. A la simplicité des objectifs des débuts succèdent une gestion des affaires où priment l'immédiateté et le court terme. Ils brûlent leur empire avec la même ferveur qu'ils ont savouré les premiers succès. Au-delà de ces excès, la série présente, avec beaucoup d'authenticité, le fragile équilibre qui a fait naître la bande de la Magliana : les intérêts personnels de chacun, mêlés à un égo toujours prompt à se manifester, sont une menace constante pour la cohésion d'un groupe que l'on devine, dès le départ, précaire. Le compromis atteint se résume à un fonctionnement hybride, entre démocratie participative, où chacun est un associé ayant voix au chapitre des prises de décision, et des orientations globales impulsées par des leaders naturels, dont le Libanais est le coeur.

Cette dynamique de groupe, atypique, est un constant rappel de l'instabilité explosive qui fait le quotidien de la série. Soulignant les rapports de force permanents, et la versatilité première de chacun des personnages, la fiction choisit l'angle du réalisme pour traiter de la vie du gang. Pas de codes de l'honneur désuets, pas d'amitiés placées au-dessus de tout, simplement un ensemble d'individus pragmatiques, pesant toujours avec soin leurs propres intérêts dans cette alliance collective. Ils agissent ou réagissent avec plus ou moins de passivité, selon leurs personnalités, mais, plus que tout, ils restent toujours profondément indépendants. Le rapport hiérarchique entre eux est fondé sur des non-dits, une capacité instinctive de la part de certains à s'imposer, cependant ils gardent ancrés en eux leurs réflexes de délinquants issus de la Rome éclatée et jamais vraiment domptée.

Romanzo Criminale parvient ainsi à créer une atmosphère semblable à une poudrière, violente et souvent létale, mais maintenant toujours une cohésion d'une volatilité addictive pour le téléspectateur. Cette tension constante est une vraie réussite à saluer, soutenant des intrigues bien construites et permettant à la série de se créer une identité propre.

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Cependant, Romanzo Criminale n'est pas seulement une simple série de gangsters : ce polar trouve en effet une résonance historique particulière, d'autant plus forte qu'elle évoque des faits encore très récents. Elle dresse un portrait vif et complexe d'une décennie tragique de l'histoire italienne, celle des années de plomb. Période intense de déchirements politiques et sociaux passionnels, la série nous en propose une reconstitution minutieuse où elle parvient à retranscrire, avec beaucoup de justesse, l'atmosphère qui régnait dans le pays. Elle nous fait vivre au plus près les violents soubresauts que connut une Italie déchirée par ses extrêmes. En suivant les actions et les contacts de la bande de la Magliana et du milieu romain en général, Romanzo Criminale nous conduit à croiser tous les acteurs de l'ombre des évènements sanglants qui vont marquer cette époque : des Brigades Rouges aux groupuscules d'extrême-droite, des troubles services secrets italiens aux différentes Mafias. Les responsabilités de chacun dans cette escalade qui sera qualifiée de "stratégie de la tension" ne sont pas toujours clairement appréhendées, mais cet instantané photographique est très révélateur.

La première saison se déroulant de 1978 à 1980, elle va évoquer plusieurs des grandes tragédies de ces années de plomb, au  coeur des heures les plus sombres de cette période, emportées dans une spirale tragique de montées des violences. Au printemps 1978, c'est le traumatisme de l'enlèvement et de l'exécution du politicien Aldo Moro, le dirigeant de la démocratie-chrétienne, par les Brigades Rouges. Radicalisant les positions, s'ensuivent escalades des tensions et répressions policières. Puis, dans le dernier quart de la saison, au cours de l'été 1980, le pays sera secoué par un attentat à la bombe particulièrement meurtrier, celui de la gare de Bologne qui 85 morts, perpétré par l'extrême-droite italienne.

C'est donc avec pour toile de fond ces références constantes et incontournables que Romanzo Criminale va nous faire vivre l'épopée criminelle, hors de contrôle, de la bande de la Magliana. Un contexte historique particulier qui aura également son incidence.

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Enfin, sur la forme, Romanzo Criminale m'a agréablement surprise. Ne connaissant pas vraiment la production télévisée italienne, je ne savais trop à quoi m'attendre. Mais finalement, tout en étant très classique, la série fait preuve d'une maturité très intéressante. La réalisation est de bonne facture. Le réalisateur trouve progressivement ses marques, proposant certains plans très convaincants. L'image paraît initialement un peu sombre ou brouillonne par moment, mais elle n'hésite pas non plus à recourir à des teintes plus chatoyantes sur certaines scènes extérieures, l'ensemble soulignant une réelle volonté de reconstitution de l'ambiance de ces années 70. Le style s'affirme donc au fil des épisodes, le téléspectateur s'habituant également aux choix faits et les adoptant.

Par ailleurs, la série prend beaucoup de plaisir à souligner l'intensité et les contrastes de certaines scènes clés, par le recours au fameux montage parallèle, dont la scène la plus symbolique est celle qui suivra, en alternance, les festivités d'un mariage et l'exécution d'un ennemi. C'est un procédé très classique, mais accompagné d'une musique appropriée, il fait toujours de l'effet. D'ailleurs, la bande-son, composée d'un thème récurrent adéquat et de chansons d'époque, après une importante utilisation dans le pilote, sera utilisée avec plus de parcimonie et une certaine justesse par la suite. Jamais envahissante, elle constituera une musique d'ambiance plutôt entraînante, très appréciable pour souligner certaines scènes ou faire office de transition.

Enfin, l'ensemble des acteurs (qui m'étaient tous inconnus : Francesco Montanari, Vinicio Marchioni, Alessandro Roja, Marco Bocci et Daniela Virgilio) délivrent une prestation assez solide. Je pense sincèrement que la série est à pleinement savourer en version originale. C'est peut-être une appréciation très personnelle, car elle a dégrippé en moi quelques bases rouillées (il semblerait que j'ai conservé plus de souvenirs que je ne le pensais de mes années d'études) et m'a rappelé à quel point j'aimais cette belle langue qu'est l'italien. Cependant, comme il s'agit aussi d'une série d'ambiance, l'immersion du téléspectateur ne peut, à mon sens, que passer par la version originale.

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Bilan : Polar noir passionnant, sur fond de chronique sociale et de reconstitution historique d'une époque particulièrement agitée où l'Italie traversa une des périodes les plus sombres de sa démocratie, Romanzo Criminale acquiert progressivement au cours de la saison une dimension qui dépasse la simple série de gangsters. C'est par la durée que son scénario solide peut pleinement trouver ses marques. Son format lui permet d'exploiter pleinement tous les ressorts narratifs que le roman d'origine pouvait poser. En cela, sa construction se révèle au final bien maîtrisée et très agréable à suivre pour le téléspectateur, dont l'intérêt n'est jamais pris en défaut.

Romanzo Criminale est donc une réussite, avec une saison 1 admirablement bien mise en scène et qui dresse un portrait fascinant et complexe de l'Italie des années de plomb. Une série à découvrir sans hésitation.


NOTE : 8,25/10


La bande-annonce (en VO sous-titrée anglais) :