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15/05/2012

(Pilote US) Common Law : des policiers en thérapie de couple

 

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Les séries d'USA Network ont cela de confortable que l'on sait exactement à quoi s'attendre lorsqu'on s'installe devant sa dernière nouveauté. La formule est désormais presque trop bien rôdée, le charme initial pouvant finir par être occulté par l'impression d'une recette mécaniquement reproduite à l'infini. Pour autant, en dépit de cette prévisibilité et des limites qui lui sont inhérentes, j'attends toujours chaque nouvelle série de cette chaîne avec curiosité. Car dans les constantes d'une sériephilie bien équilibrée, j'ai besoin de ma série USA Network. Synonyme de détente assumée, et même d'été (avant que la chaîne ne se soit amusée à découper ses diffusions sur toute l'année).

C'est dans cet état d'esprit que j'ai donc abordé Common Law, la petite dernière du genre, qui a débuté ce vendredi 11 mai aux Etats-Unis. On y retrouve toutes les doses attendues de buddy show, de bromance et autres dynamiques relationnelles classiques... sans pour autant que le concept ne convainc totalement : la petite pointe d'originalité constituée par l'improbable thérapie de couple peut-elle l'emporter sur le trop classique duo de flics mis en scène et un arrière-plan qui sonne très forcé ? Ce sera tout l'enjeu des épisodes à venir.

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Se déroulant à Los Angeles, Common Law suit les enquêtes d'un duo de détectives de la police criminelle, Travis Marks et Wes Mitchell. Deux policiers très différents dans leurs tempéraments comme dans l'approche de leur métier, mais dont l'association produit les meilleurs résultats du département en terme d'élucidation de crimes. Ou du moins produisait. Car après plusieurs années durant lesquelles ils ont formé une équipe de choc, toujours complémentaires sur le terrain, quelque chose s'est cassé dans leurs rapports.

Les frustrations du quotidien se sont additionnées, chacun finissant par trop bien connaître les travers de l'autre... Les disputes ont alors commencé à empiéter sur leur travail. Refusant de les séparer pour assigner chacun à un nouveau partenaire, mais ne supportant plus leurs querelles incessantes, leur supérieur décide de prendre les choses en main : il les envoie... en thérapie de couple, consulter le Dr Elyse Ryan. Cette dernière saura-t-elle résoudre la crise ? Ou les tensions vont-elles finir par avoir raison de ce pourtant très efficace duo d'enquêteurs ?

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Common Law assume de manière décomplexée - et parfois même un peu trop - sa fonction de pur divertissement : en s'appuyant sur ses bases de cop show, elle n'hésite pas à mettre en scène les situations les plus improbables pouvant en découler. Sans surprise, tout l'attrait du pilote réside dans le ping pong verbal incessant qui a lieu entre les deux protagonistes principaux. Les sujets de friction sont nombreux, et s'enchaînent de manière convenue au vu des caractères bien définis et très opposés de chacun. A la décontraction et aux flirts constants, vaguement irresponsables, de l'un s'opposent le côté psycho-rigide de l'autre, incapable même de tourner la page de son mariage. Les traits sont forcés à l'extrême, mais cela n'en donne pas moins des passages de confrontation aussi attendus que franchement sympathiques, avec plusieurs francs éclats de rire à la clé (même si bon nombre de ces scènes figuraient dans la longue bande-annonce). Et puis ce numéro de duettistes a aussi l'avantage de rythmer assez efficacement une histoire qui sinon risquerait sans doute de paraître un peu longue (le pilote faisant plus d'une heure).

Si elle a tout de la série typique d'USA Network, Common Law tente malgré tout d'apporter sa pierre à l'édifice de la chaîne. Tandis que des fictions comme Suits ou White Collar nous relatent la genèse d'un efficace duo (et plus généralement, d'une amitié), Common Law se place à une étape plus avancée. Nos deux compères travaillent depuis des années ensemble. Ils se connaissent bien. Même trop bien. Et ils ne se supportent désormais plus. La série peut alors introduire le twist qui lui est propre : l'envoi forcé en thérapie de couple. Mais hormis quelques blagues prévisibles, le potentiel n'est qu'entre-aperçu au cours de ce pilote : les sessions en "couples" et la thérapie en général restent un prétexte, esquissées de manière superficielle sans s'imposer comme le pivôt d'un ensemble qu'elles ne dynamisent pas. A cette limite s'ajoutent les travers les plus traditionnels des séries d'USA Network, avec une intrigue policière du jour - la mort du fils d'un juge - d'une banalité confondante, de laquelle le téléspectateur décroche rapidement. Certes, ce n'est pas l'enjeu ; mais la série n'essaye même pas de faire illusion. Enfin, si la paire principale fonctionne bien, ce n'est pas le cas des personnages secondaires qui les entourent : échouant à introduire quelques figures crédibles, la série glisse dans des caricatures binaires peu avenantes.

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Sur la forme, Common Law est également un produit USA Network parfaitement calibré : la réalisation est maîtrisée, dynamique, avec une photographie correspondant à ce mélange de cop show et de divertissement revendiqué. La ville de Los Angeles est à l'occasion entre-aperçue, mais elle ne s'impose pas comme un acteur à part entière comme pour les séries new-yorkaises de la chaîne. 

Enfin, Common Law réunit un casting dans l'ensemble sympathique. Les différences sont telles au sein du duo principal qu'il est facile pour chacun de trouver ses marques : Michael Ealy (The Good Wife) excelle dans un registre décontracté si éloigné du premier rôle dans lequel il m'a marqué (Sleeper Cell), tandis que Warren Kole se positionne de manière convaincante dans un registre froid qui n'est qu'accentué par le contraste entre les deux partenaires. A leurs côtés, on retrouve Jack McGee (Players) qui incarne leur supérieur ; tandis que Sonya Walger (Tell Me You Love Me, FlashForward) aura sans doute bien du travail pour jouer les thérapeutes de choc. A noter que ce pilote a été pour moi l'occasion de recroiser Miss Parker (Andrea Parker), travaillant au bureau du procureur, et une certaine nostalgie n'est jamais loin dans ces cas-là.

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Bilan : Le potentiel du pilote de Common Law repose presque entièrement sur la dynamique centrale du duo d'enquêteurs. Tout en assumant avec aplomb le registre du divertissement, la recette typique d'USA Network est cependant ici plombée par un certain nombre de défauts : parfois trop improbable ou trop caricaturale, elle souffre aussi du classicisme sans twist particulier qu'apportent ces bases de cop show. Ces dernières font flotter sur la série un faux air des 80s' à la Miami Vice. Cela fonctionne certes par moment, mais l'étincelle reste intermittente et l'ensemble trop inconsistant pour ne pas risquer de vite lasser.

Suits ne reprenant qu'en juin, je pense donc laisser quelques épisodes à la série. Mais Common Law est sans doute, plus que d'autres issues de la même chaîne, à réserver aux adeptes des bromances divertissantes d'USA Network.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :

23/01/2010

(US) Sleeper Cell : incontournable série sur le difficile thème du terrorisme

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France 4 a débuté en ce mois de janvier la diffusion d'une des plus abouties séries de la chaîne câblée américaine Showtime, courte avec seulement 2 saisons, mais incontournable : Sleeper Cell. Composée de 18 épisodes au total, mettant en scène un solide casting, avec notamment Michael Ealy et Oded Fehr, sa première saison fut diffusée au cours du mois de décembre 2005 aux Etats-Unis.

Sleeper Cell appartient à ces fictions post-11 septembre qui ont entrepris de traiter du terrorisme, et plus globalement des peurs qu'il engendre. Pourtant, à partir de la thématique classique des cellules terroristes dormantes, la série s'est d'abord imposée par le contraste offert. Alors qu'en début d'année 2005, la Fox proposait ce qui allaient sans doute être les heures les plus noires (en terme de message véhiculé à l'écran) de la série 24, en creusant l'image d'un terrorisme familial, caricatural à outrance, prompt à faire basculer vers une paranoïa irréfléchie, Showtime allait opter pour un angle de narration radicalement différent sur un sujet pourtant similaire. Nul besoin, ici, de diffuser, durant la pause publicitaire, un message "apaisant" pour rappeler aux téléspectateurs que les musulmans américains condamnent également le terrorisme, comme cela avait été le cas pour 24.

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Construite initialement pour une saison, Sleeper Cell propose donc un arc complet, se suffisant à lui-même, au cours de ses 10 premiers épisodes. La saison 2, faisant office de suite, tout en allant au-delà du concept de départ, sans être aussi réussie que la première, ne dépareillera pas l'ensemble.

La série met en scène l'agent du FBI, Darwyn Al-Hakim (Michael Ealy), qui reçoit la mission d'infiltrer un réseau terroriste dormant, et plus précisément une cellule islamiste, infiltrée aux Etats-Unis et constituée autour d'un leader d'origine saoudienne, Farik (Oded Fehr). Ce groupe, que la première saison va nous présenter, capte immédiatement l'attention du téléspectateur par sa diversité, tant pour les origines nationales de chacun des membres, que pour leurs parcours personnels. Ce n'est pas un portrait uniforme et unidimensionnel qui nous est proposé. L'extrémisme mis en scène n'est pas uniforme, les motivations sont très différentes. En cela, il s'agit d'un des atouts majeurs de la série : de se détacher de toute idée préconçue pour dresser des portraits ambivalents, loin des simples clichés, avec une cellule composée, donc, d'un Saoudien, d'un Bosniaque ayant vu sa famille massacrée par les Serbes lors de la guerre, d'un Français, ancien skin-head converti à l'Islam, et d'un Américain de classe relativement aisée, désabusé par son pays et qui a trouvé un nouveau sens à sa vie. Cette volonté de se tourner vers l'international, de ne pas s'enfermer dans les stéréotypes, est presque ressenti comme une bouffée d'air frais par le téléspectateur, qui peut suivre sans arrière-pensée l'efficace déroulement des évènements de cette fiction polyglotte.

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Sleeper Cell alterne de façon convaincante des phases d'action et d'attente, sur fond de tension psychologique constante, usant les personnages comme le téléspectateur. Fiction à suspense, elle reprend à son compte les ressorts scénaristiques classiques de ce genre : la mission d'infiltration de Darwyn satisfera pleinement tous les amateurs de récits d'espionnage, mêlant paranoïa nécessaire et enquête policière, entrecoupées de scènes chocs et de passages particulièrement tendus. Cette série doit être visionnée par un public averti ; le premier épisode donne d'ailleurs immédiatement le ton : le téléspectateur assiste à l'exécution d'un traître, par le biais d'une glaçante mise à mort par lapidation. Mais si les intrigues de fond constituent une réussite, ce n'est pas là que réside la particularité de Sleeper Cell. En effet, ce qui rend son visionnage incontournable, c'est que grâce au recul et à la distance qu'elle est capable de prendre par rapport à son difficile sujet, elle se démarque radicalement de nombre de fictions sur le terrorisme, bâclées et ayant trop souvent cédé à une facilité en bien des aspects condamnables.

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Sleeper Cell n'est pas une énième série sur le terrorisme. Au fil des épisodes, les scénaristes ne se cantonnent pas uniquement dans une optique sécuritaire, à travers la préparation des attentats. La série esquisse, certes modestement, mais avec une volonté louable et plutôt bien inspirée, des questions plus complexes, moins évidentes. Parmi les thématiques abordées, il y a par exemple celle de la religion, de son instrumentalisation idéologique, nationaliste, ou encore guerrière, par des individus s'en réclamant. A plusieurs reprises, la série rappelle que cette "war against terror" n'est pas une guerre contre une croyance, comme certains la réduiraient de façon caricaturale, mais c'est une guerre au sein même de cette croyance. Ce combat est d'ailleurs symbolisé par la mise en scène de l'affrontement entre les deux figures centrales que sont Darwyn et Farik (mais se retrouve aussi dans des épisodes fondamentaux, comme Scholar (1.03)). Tous deux musulmans, intimement persuadés d'être dans le vrai, qui justifient des prises de position et des actes opposés, derrière un voile religieux qui porte le même nom.

De plus, Sleeper Cell est une série particulièrement riche et intéressante, non seulement pour les nuances et les ambivalences qu'elle n'hésite pas à dépeindre, mais aussi parce qu'elle n'impose jamais une vision manichéenne au téléspectateur. La caméra reste comme en retrait, se contentant de proposer des pistes de réflexion, refusant de trancher de façon péremptoire des problématiques bien trop compliquées pour relever d'un univers utopique où tout serait, ou tout noir, ou tout blanc. Il est nécessaire de dépasser cela.

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Bilan : Sleeper Cell est une des séries, abordant le difficile sujet du terrorisme islamiste, les plus réussies et abouties des années 2000. Offrant une vision nuancée, proposant des pistes de réflexion, tout autant que s'imposant comme un thriller efficace entre espionnage et enquête policière, elle demeure une oeuvre incontournable, à plusieurs niveaux de lecture pour le téléspectateur. A découvrir.


NOTE : 8,5/10


Le générique de la première saison :

 

Un extrait de la saison 1 (en VF) :