16/03/2010
(Pilote / Mini-série US) The Pacific, Part One : Guadalcanal / Leckie
Beaucoup d'excitation téléphagique pour cette semaine qui constitue une des charnières de mon premier semestre sériephile 2010, avec l'arrivée de deux des trois nouveautés américaines, dans lesquelles je place plus ou moins tous mes espoirs outre-Atlantique : The Pacific et Justified (ce soir, sur FX) (la troisième étant Treme, au mois d'avril sur HBO).
En fait, c'est presque un euphémisme d'écrire que j'attendais avec impatience The Pacific. Depuis l'époque où le projet a été simplement annoncé, mon impatience n'a fait que croître. Ce n'est pas forcément une bonne chose, j'en suis consciente. Tout téléphage le sait : l'espérance est le meilleur moyen de finir déçu. Pire, on peut se gâcher le visionnage d'une fiction honnête, simplement parce que l'on avait imaginé monts et merveilles. Certes, de mon côté, j'avoue aussi n'avoir pas eu non plus une stratégie très avisée. Le revisionnage de Band of Brothers en ce début d'année m'a bien rafraîchi la mémoire et rappelé à quel point j'aimais cette mini-série.
Bref, j'ai eu beau me promettre de ne pas placer mes espoirs trop hauts, j'avais quand même souligné la date du 14 mars sur mon agenda. Restait à mettre de côté tous mes préjugés, m'installer devant la télé... et alea jacta est !
The Pacific s'ouvre sur un épisode dont la construction se découpe en deux parties. Il débute par une longue introduction, ayant une pure fonction d'exposition parfaitement assumée. Après un rappel des évènements de décembre 1941, avec l'utilisation d'images d'archives et la voix de Roosevelt en fond sonore, nous voici immédiatement plongés dans cette Amérique encore sous le choc, traumatisée par Pearl Harbor, et qui mobilise ses soldats afin d'entrer en guerre. Cette mini-série va nous faire suivre la Seconde Guerre Mondiale sur un front moins connu pour un Européen : le front Pacifique, à travers les destins croisés de trois militaires. L'exposé pédagogique initial, un brin didactique, a l'avantage de poser clairement le contexte et la situation historique dans laquelle nous allons être plongés. Ce souci de partir sur des bases claires, afin que le téléspectateur ne rencontre aucun obstacle pour rentrer dans l'histoire, se retrouve également dans le premier quart d'heure de l'épisode. Il est en effet utilisé par les scénaristes comme une parenthèse introductive, présentant les trois personnages qui constitueront nos points de repères à travers les soubresauts meurtriers à venir. Ce sont leurs parcours qui nous feront vivre cette guerre.
Ces rapides portraits dressés se révèlent de facture somme toute très classique, esquissant en un minimum de temps les bases de leurs personnalités, sur un format sans originalité particulière. Chacun dispose d'un background très différent. John Basilone, fils d'immigrés italiens, est déjà un militaire de carrière, qui a plusieurs années de service derrière lui, notamment un séjour aux Philippines. Il rejoint les marines à l'aube de cette guerre. Un milieu populaire très différent de celui d'Eugene Sledge, jeune homme tout juste sorti de l'adolescence du haut de ses 18 ans. Il est issu d'une riche famille du Sud, originaire de l'Alabama. Pour le moment, il ne fait qu'exprimer son désir de rejoindre l'armée, confronté à l'opposition de son père, qui lui diagnostique un souffle au coeur permettant de tranquilliser sa mère. Enfin, Robert Leckie est un homme de lettres, qui a grandi sur la côte Est, en Pennsylvanie. C'est aux côtés de ce dernier que le téléspectateur va véritablement rentrer dans la réalité du conflit au cours la seconde partie de l'épisode.
Ainsi, nous avons trois protagonistes aux parcours séparés, mais qui vont tous les conduire dans le Pacifique. Le seul lien relationnel entre existant dans ce pilote, se situe entre deux de ces trois personnages principaux et va prendre une forme indirecte : le meilleur ami d'Eugene, Sidney Phillips, se retrouve en effet affecté à l'unité de Robert Leckie. En raison de cet éventail éclaté, ce temps de présentation en rupture se justifie. Mais il est aussi la raison pour laquelle ce premier épisode met un peu de temps à atteindre son rythme de croisière. C'est un choix délibéré d'avoir ainsi débuté ; du point de vue du téléspectateur, pour qui personne ne se ressemble plus que deux soldats portant leur harnachement et leur casque, couverts de terre et de sang, c'est aussi une attention bienvenue, afin de bien enregistrer qui est qui, avant que le récit ne commence vraiment.
C'est avec le début officiel des hostilités sur le terrain, que l'épisode prend toute son ampleur et acquiert sa pleine dimension, rappelant ses ambitions au bon souvenir du téléspectateur. Ce qui marque, c'est l'aisance avec laquelle, après cette première parenthèse introductive très neutre, l'épisode bascule, sans transition, dans un récit de guerre aux accents empreints d'une authenticité qui sonne très naturelle. Car les scénaristes trouvent instantanément le ton adéquat pour nous immerger aux côtés d'une unité qui s'apprête à débarquer sur le premier objectif stratégique américain, l'île de Guadalcanal. Les Japonais l'ont conquise au cours de leur offensive de décembre 1941 : s'ils réussissent à y construire une base aérienne, ils couperaient les Etats-Unis de l'Australie, et s'assureraient ainsi une hégémonie sans partage sur la zone du Pacifique.
C'est donc sur ce petit bout de terre exotique, en plein hémisphère sud, que vont se dérouler les premiers contacts et combats terrestres avec les Japonais. Au-delà de Robert Leckie, figure centrale de la narration auquel le téléspectateur s'attache rapidement, c'est toute une unité qui prend vie sous nos yeux, avec beaucoup de facilité. La dynamique des rapports entre les différents soldats se révèle inspirée et bien écrite, développée sans accroc. Aussi classique qu'apparaisse ce récit, il trouve facilement une tonalité juste et convaincante : on ressent, avec les soldats, l'attente, les fausses angoisses, les incertitudes et, enfin, les émotions fortes des premières escarmouches... Tout paraîtrait presque trop calibré si l'épisode ne nous offrait pas également ces premières scènes vraiment marquantes, qui nous rappellent que nous ne sommes pas devant n'importe quelle fiction de guerre, comme nous aurions pu un instant l'imaginer après ce début ronronnant. La confrontation directe avec les Japonais donne lieu à un résultat horrifiant. Plus que le combat en lui-même, c'est aussi la différence culturelle qui frappe, avec notamment ce rapport à la mort et au sacrifice qu'ont les Japonais. Elle s'illustre de la plus glaçante des façons avec cette plage couverte de cadavres une fois le soleil levé, conséquence du fait que ces soldats continuaient d'avancer alors même que la voie était définitivement bouchée par les mitrailleuses américaines. Mais ce rapport à la mort passe aussi par le choix de ce blessé qui préfère se faire exploser à la grenade plutôt que d'être pris par l'ennemi. De part et d'autre, déjà, l'horreur et l'absurdité des combats révèlent des pans de la nature humaine que l'on préfère cacher dans l'ombre. Des scènes où le regard de Robert Leckie apporte une dimension plus humaine qui permet au téléspectateur d'apprécier d'autant plus le repère que constitue ce personnage.
Ces premiers combats sont également l'occasion de souligner la spécificité du décor dans lequel se déroule The Pacific, et que la mini-série, par son esthétisme soigné, va parfaitement savoir exploiter. Il y a cet océan bleu à perte de vue, ces plantes exotiques, ce climat humide et chaud... Tous ces éléments qui évoquent instinctivement ces lieux rêvés loin des soucis du quotidien. Si bien qu'un contraste saisissant s'impose d'emblée entre le cadre de cette île tropicale, aux fausses apparences paradisiaques, et les horreurs qui ont lieu derrière cette végétation touffue. The Pacific choisit à dessein de mettre en avant ce cadre où une guerre pourrait presque paraître déplacée, permettant d'en souligner avec force le paradoxe à la fois glacial, cruel et fascinant. Dans cette perspective, l'image de la plage jonchée de cadavres à perte de vue restera gravée dans la rétine du téléspectateur : elle constitue une réussite symbolique qui interpelle. Car ce tableau, à la belle esthétique presque indécente au vu de l'horreur ainsi mise en scène, reflète pourtant déjà la noirceur la plus extrême de cette guerre.
Avec l'exploitation du décor proposé par l'île de Guadalcanal, nous touchons également à un autre des atouts de The Pacific : il s'agit bien évidemment de la forme. Projet ambitieux, disposant d'un budget conséquent qui lui permet de voir les choses en grand, la mini-série nous propose une réalisation particulièrement soignée. Encore une fois, la caméra n'est jamais meilleure que lorsqu'il s'agit de porter à l'écran les scènes de guerre. Ces dernières lui permettent en effet de renouer avec ce raffinement assez fascinant, où la beauté première des images se heurte à la froide réalité de la barbarie ainsi dépeinte. Plaçant ainsi le téléspectateur presque en porte-à-faux, suscitant inconsciemment un certain malaise, cela confère une dimension supplémentaire au récit, retenant l'attention jusque dans les moindres détails des scènes de transition. Ici, la forme n'est pas seulement un moyen au service du fond. Elle est un composant à part entière qui le complète, conférant un impact encore plus décisif à certains passages clés. Parvenir à faire fonctionner en harmonie l'histoire et le visuel est l'objectif théoriqe de toute fiction télévisée, The Pacific y réussit avec beaucoup de maîtrise dans la seconde partie de l'épisode. De bonne augure pour la suite.
Bilan : Ce premier épisode prend son temps pour introduire le cadre de cette mini-série, en commençant par nosu présenter les protagonistes. Cette fonction d'exposition, sous une forme très classique, retarde quelque peu le début réel de l'histoire, mais offre une parenthèse bienvenue qui fournit toutes les clés au téléspectateur pour comprendre la suite. Puis, dans ses deux derniers tiers, The Pacific se révèle à la hauteur de ses ambitions, en acquérant peu à peu toute sa dimension, parvenant instantanément à trouver le ton juste pour relater les premiers combats, avec des images qui restent déjà gravées dans notre mémoire, bien servies par le soin accordé à la forme, bénéficiant d'une réalisation et d'une photo très travaillées.
Ce premier épisode lance donc la mini-série sur de bons rails et légitimise les attentes initiales, nous laissant avec une bonne impression d'ensemble et le sentiment que le récit devrait être capable de mûrir et d'exploiter efficacement son cadre dans les prochains épisodes.
NOTE : 8,5/10
Le superbe (et très long) générique :
Une bande-annonce diffusée sur HBO :
21:46 Publié dans (Mini-séries US), (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : hbo, the pacific, joseph mazzello, jon seda, james badge dale | Facebook |
14/03/2010
(K-Drama / Pilote) The Birth of The Rich : le monde des riches héritiers
L'approche du printemps va amorcer le premier renouvellement des programmes du petit écran coréen et l'arrivée de plusieurs nouveautés récemment débarquées ou à venir. Parmi celles qui ont pris leurs quartiers depuis le début de ce mois de mars en Corée du Sud, on retrouve des dramas aux thématiques assez diverses, mais qui restent en terrain très connu. J'avoue que, pour le moment, rien ne m'a vraiment convaincu parmi les deux que j'ai testés. D'une part, il y a le kitsh d'action très marqué 80s', adaptation d'un manhwa à voir au second degré, avec A Man Called God, d'autre part, la comédie romantique avec en toile de fond l'univers fantasmé des sphères les plus riches du pays, The Birth of The Rich. C'est de cette dernière, qui a débuté le 1er mars 2010 sur KBS2, dont je vais vous parler en ce dimanche asiatique.
Placée sous le signe de l'ascension sociale, The Birth of The Rich met en scène un héros aux rêves matérialistes déjà très tôt ancrés dans son esprit : il est persuadé d'être le fils d'une riche famille et raconte, dès son plus jeune âge, comment sa mère croisa un jour la route du président d'un Chaebol (ensemble industriel familial d'entreprises très diverses) et en fut séparé par le hasard et les circonstances, sans que ce dernier soit informé du fait que, de la nuit qu'ils avaient passé ensemble, allait naître un enfant. Seulement, sa mère resta également dans l'ignorance de l'identité de celui qui fut, le temps de quelques heures, son amant.
Profondément marqué par cette histoire fondatrice, en dépit de sa condition très modeste, Ji Hyun Woo s'est mis en tête de retrouver ce père biologique mystérieux. Le seul lien qu'il conserve est une médaille, cadeau précipité d'au revoir fait à sa mère. Pour découvrir qui il est, le jeune homme choisit de côtoyer les individus les plus fortunés du pays en travaillant dans un hôtel de luxe. Souhaitant rapidement quitter la condition sociale qu'il occupe actuellement, il étudie en parallèle le monde des affaires, de loin, avec ses moyens, cachant mal sa fascination pour ce milieu.
Son quotidien à l'hôtel va être quelque peu bouleversé par l'arrivée de Lee Bo Young, l'héritière caractérielle et intransigeante d'une riche famille, qui veut s'imposer dans ce monde de businessmen très masculin. Avec des habitudes très atypiques pour une personne ayant plus d'argent qu'elle ne peut en dépenser, sa rencontre avec Ji Hyun Woo va instantanément faire des étincelles et se changer en confrontation.
En posant dès le départ les certitudes animant son héros imperturbable, The Birth of the Rich brasse, de la plus classique des manières, de grandes thématiques traditionnelles des séries coréennes. Avec en toile de fond les hasards de la vie et ses coïncidences uniques, ce drama se positionne dans la droite ligne de ces histoires récurrentes de destinée que, par une attitude active, le personnage principal souhaite aider à s'accomplir. Oeuvrant souvent à la limite de l'arrogance presque insolente, Ji Hyun Woo manoeuvre et se donne tous les moyens, sans compromission, en vue d'atteindre l'objectif qu'il s'est fixé. La fascination ainsi mise en scène pour les hautes sphères des affaires et les riches palaces est également un décor assez connu, rejouant les gammes classiques des dynamiques d'opposition entre héritiers et parvenus, travailleurs et opportunistes.
Dotée de protagonistes ayant chacun un fort caractère, la série s'amuse évidemment des oppositions et des confrontations inévitables qui vont en résulter. Mais elle ne parvient pas à se départir de l'impression tenace d'un déroulement trop convenu et balisé. Les clashs prêtent à sourire, cependant ils sont construits d'une façon sans doute excessivement artificielle, ce qui donne parfois le sentiment d'assister à des passages un peu forcés, manquant de relief et de spontanéité. A la différence d'autres comédies romantiques proposées cette année (Pasta, The Woman Who Still Wants To Marry), tirant avec dextérité leur épingle du jeu, en misant sur une authenticité rafraîchissante et des personnages attachants dans lesquels on peut s'identifier, The Birth of the Rich reste pour le moment en retrait. Avec ses protagonistes assez froids et ses ressorts scénaristiques sans surprise, elle se révèle trop timorée ou péchant peut-être par manque d'ambition.
Si le pilote se révèle assez plat sur le fond, avec un déroulement trop prévisible dans lequel il manque une petite touche de personnalité qui permettrait à The Birth of The Rich de s'imposer en tant que telle, le casting se montre pour le moment, également, assez banal et plutôt effacé ; même si ce drama marque quand même quelques retours au petit écran après plusieurs années d'absence pour deux de ses acteurs.
Ji Hyun Woo, vu l'an dernier dans la comédie Invicible Lee Pyung Kang, incarne avec une certaine sobriété ce jeune homme qui s'imagine héritier d'un Chaebol, persuadé d'être appelé à connaître un destin fortuné. Il fait le travail, mais sans plus pour le moment. Son pendant féminin, Lee Bo Young (Queen of the Game, qui date de 2007), héritière atypique et intransigeante, parvient plus efficacement à mettre en avant la force de caractère de son personnage. Les deux acteurs n'ont eu que quelques scènes ensemble, dans ce pilote, et il est trop tôt pour affirmer que l'alchimie prendra entre ces deux-là.
Pour compléter le casting principal, nous retrouvons Nam Goong Min (lui aussi de retour après une longue période sans drama, son dernier, datant de 2006, était One fine day), en héritier puissant, homme d'affaires déjà très impliqué dans le monde de la finance. Sa brève apparition ne permet pas de juger le personnage, si ce n'est qu'il correspond a priori au stéréotype parfait, à l'image que l'on peut se faire d'un second rôle masculin dans une série coréenne romantique. Enfin, Lee Si Young (croisée l'an dernier dans Loving you a thousand times) complète ce quatuor.
Bilan : The Birth of The Rich nous offre un premier épisode assez convenu, qui déroule sur un rythme régulier sans vraiment interpelé, ni retenir l'attention du téléspectateur. Si tout est bien huilé, le drama cherche encore sa tonalité et une identité. La dynamique entre les personnages principaux se présente comme une énième déclinaison de confrontations entre opposés, mais aucun ne s'impose vraiment à l'écran, conservant une certaine froideur qui empêche tout attachement ou identification.
En somme, voici un pilote qui ronronne doucement, se suit sans trop de difficulté, mais peine à aiguiser la curiosité du téléspectateur pour l'intéresser à la suite. Je ne pense pas continuer la découverte.
NOTE : 4/10
La bande-annonce :
12:18 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : kbs, birth of the rich, birth of a rich man, ji hyun woo, lee bo young, lee si young, nam goong min | Facebook |
13/03/2010
(US) White Collar, saison 1 : En un mot, "charmant"
Mardi soir s'est achevée la première saison, comportant 14 épisodes, du nouveau hit de USA Network, White Collar. Souvenez-vous, le test du pilote constituait une des premières notes de ce blog : White Collar : Charm me if you can !. Finalement, à la différence de la majeure partie des nouveautés de cette saison 2009-2010, je suis bel et bien restée devant cette fiction, estampillée "divertissement et détente", jusqu'au bout de la saison. Et, à des périodes où j'étais tombée au seuil téléphagique critique de seulement 3 ou 4 série américaines suivies par semaine, j'avoue même avoir pris pas mal de plaisir à suivre ces pseudos enquêtes et la dynamique plaisante qui règne dans cette série, portée par un duo d'acteurs à l'alchimie évidente à l'écran.
White Collar, c'est le type de production parfait à caser après une journée de boulot, un petit bol d'air frais revigorant dans le paysage téléphagique. Parmi les petits plus qui font de la série ce qu'elle est, il faut tout d'abord saluer la tonalité qui se dégage de l'ensemble. Elle est en effet dotée de dialogues bien ciselés, agrémentés de petites piques qui font souvent mouche et d'une capacité à verser dans le second degré, dès que cela nécessaire, rafraîchissant et qui met instantanément le téléspectateur à l'aise. Si bien que ce show se construit très rapidement un joli capital sympathie, qu'il va ensuite s'efforcer de cultiver, avec beaucoup de soin et une certaine réussite, tout au long de la saison. Jouant sur une forme de bonne humeur générale contagieuse, l'atmosphère globale bénéficie pleinement de cette légèreté bien calibrée. L'ambiance parvient, presque sans effort apparent, à fidéliser le téléspectateur, bien aidée par l'autre grand atout de la série, qui réside dans sa dimension humaine.
S'inscrivant dans la droite lignée des autres fictions phares de la chaîne USA Network, White Collar choisit en effet de donner la priorité à ses personnages. Cela a pour conséquence plus discutable de reléguer au second plan les enquêtes, qui apparaissent souvent comme une sorte de toile de fond, servant plus de faire-valoir et de prétexte afin de mettre en avant les dynamiques existant entre les différents personnages. Plus que tout, la série trouve sa raison d'être dans le sacré numéro de duettistes offert par les deux protagonistes principaux : est mise en scène une relation virevoltante et fluctuante, basée initialement sur un certain respect des capacités "professionnelles" de chacun, mais qui devient progressivement synonyme d'une amitié atypique, où la question récurrente reste celle de la confiance.
Peter, l'agent du FBI, et Neal, l'escroc détenu avec qui il a conclu ce partenariat de travail, jouent sur une classique dynamique du petit écran : l'association des opposés. Mais aussi traditionnelle que cela puisse paraître a priori, il se dégage de leur paire, de façon assez étonnante, une complicité authentique, parfois malicieuse, parfois très sérieuse, particulièrement rafraîchissante. Elle constitue l'âme de la série. Car c'est sur ces personnages, attachants et sympathiques, que White Collar mise pour séduire le téléspectateur et le convaincre de rester. C'est en effet par l'angle de l'affectif que la série va s'imposer comme incontournable dans l'agenda du téléphage : un divertissement, certes sans prétention, mais diablement charmant.
Au-delà de la dynamique plaisante instaurée entre nos deux héros, si agréable à suivre, White Collar ne serait pas White Collar sans ses acteurs. Car elle est l'illustration à succès d'une série construite par et sur son casting principal, bien équilibré et choisi. L'alchimie existante entre Peter et Neal n'émane pas seulement du script ; Tim DeKay (Carnivàle) et Matt Bomer (Tru Calling, Chuck) ont une complicité instinctive à l'écran qui permet justement de jouer, avec beaucoup de naturel, sur cet aspect. Dans ces séries où la dimension humaine est déterminante, c'est un élément clé. Or, les deux ont parfaitement intégré les différentes facettes de leurs personnages respectifs, et la dynamique qui se dégagent de leurs intéractions devient rapidement contagieuse.
De plus, je l'avoue, depuis le temps que j'espérais secrètement que Matt Bomer décroche un rôle principal dans une série dans laquelle je pourrais m'investir (ses précédents essais ne m'avaient jamais vraiment emballé), je pouvais rarement rêver meilleure occasion, tant le personnage Neal est juste parfaitement adéquat pour son jeu d'acteur et lui correspond naturellement (même si, certes, je ne prétends pas faire preuve d'une grande objectivité dans mes jugements le concernant).
Reste que si cette saison 1 aura été très plaisante à suivre, il faut cependant reconnaître que la série marche à l'affectif, n'offrant pas toujours des storylines à la hauteur de ce jeu relationnel qu'elle sait si bien mettre en scène. Après un premier épisode d'ouverture convaincant, la suite sera d'une qualité plus fluctuante, alternant entre enquêtes trop convenues d'un classicisme extrême et affaires un peu bancales, à la cohérence parfois un brin douteuse, sur lesquelles il ne faut pas trop s'attarder. Le FBI ressemblera plus d'une fois plus à une agence de détective privé qu'à une organisation fédérale... Dans la deuxième partie de la saison, les scénaristes commenceront à utiliser un peu plus le passé de Neal, ramenant à plusieurs reprises des adversaires ou connaissances opérant de l'autre côté de la barrière de la loi, pour des confrontations qui suivent un schéma invariable qui devient un peu répétitif. De plus, le supposé fil rouge construit tout au long de la saison ne brille pas par l'intérêt qu'il suscite chez le téléspectateur : tournant autour d'une mystérieuse Kate, pour laquelle on peine à comprendre l'obsession que Neal éprouve, elle amènera surtout des micro-enjeux (la boîte à musique), quelques faux retournement de situations (le cliffhanger de mi-saison) et une conclusion explosive qui constitue un cliffhanger comme un autre. Rien de bien transcendant.
Ainsi, si elles se suivent pourtant sans s'ennuyer, avec un rythme toujours entraînant, ces storylines ne marquent pas vraiment, permettant avant tout aux personnages - et surtout à Neal - de faire le show ; mais ce, avouons-le, pour le plus grand plaisir du téléspectateur.
Bilan : White Collar s'est révélé être un divertissement charmant et plaisant. L'atout de la série est d'être parvenue à exploiter, avec une fraîcheur étonnante et beaucoup de légèreté, la dynamique pourtant classique de l'association entre deux personnages que tout oppose a priori. C'est agréable, honnête, et cela se suit sans arrière-pensée. Au final, voici donc une fiction où l'affectif joue un rôle déterminant et dont l'attrait repose principalement sur ses personnages attachants et son casting des plus convaincants. Mais ces différents ingrédients prennent très bien ; et le mélange tient ses promesses !
Pour ma part, c'est un peu typiquement le genre de série pour lequel j'ai souvent une tolérance d'environ deux/trois saisons, avant de passer à autre chose (jurisprudence Psych et Burn Notice, notamment, sur la même chaîne). Mais, pendant l'intervalle, je vais prendre beaucoup de plaisir, grâce à l'ambiance générale qui y règne. Et je serai au rendez-vous pour la saison 2, dès cet été.
Pour le moment, je savoure donc. Et puis, vous ai-je dit combien j'appréciais Matt Bomer ?
NOTE : 7/10
Une vue globale sur la série :
Le rendez-vous pris pour la saison 2, avec spoilers du finale de la saison 1 :
18:17 Publié dans (Séries américaines) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : usa network, white collar, matt bomer, tim dekay | Facebook |
11/03/2010
(Pilote CAN) The Bridge : luttes d'influences et de pouvoirs au sein de la police
Comme souvent, le calendrier téléphagique n'est pas dépourvu d'ironie. Tenez, je passe des mois à me lamenter de l'absence de tout véritable "cop-show chroniqué du quotidien" à l'antenne ; et voilà que, la même semaine, le petit écran voyait affluer plusieurs séries de ce genre. En effet, en ce début du mois de mars, si les inédits de Southland revenaient sur TNT aux Etats-Unis, parallèlement, au Canada, débutait une nouvelle fiction, co-production entre CTV et l'américaine CBS : The Bridge.
The Bridge nous plonge dans le quotidien désanchanté d'une force de police gangrénée par les ambitions personnelles de chacun, mais aussi par la corruption, à tous les niveaux de la hiérarchie. Chacun sert un statu quo précaire, jouant avec les médias et manipulant les apparences afin de parvenir à ses fins. Pour accentuer les contrastes, face à cette hiérarchie brouillée où les oppositions internes sont exacerbées, le titre de la série fait référence à l'image de ce pont, centrale, qui est tout aussi symbolique que très concrète : elle renvoie également au rapport que cet ouvrage fait ainsi exister entre deux extrêmes de la ville, reliant le quartier d'un ghetto populaire à des ensembles pavillonnaires aux superbes villas.
Au coeur de ce milieu trouble, la série suit le parcours de Frank Leo (Aaron Douglas), officier patrouilleur profondément intègre, avec un fort caractère et suffisamment de présence pour être en mesure de rallier ses collègues aux causes pour lesquelles il choisirait de se battre. Ce pilote pose le cadre et les enjeux de son action, l'amenant à être élu représentant syndical, suite à un ensemble d'évènements au cours desquels son tempérament de leader se sera affirmé par la force des choses et où il se sera imposé comme véritablement capable de défendre les intérêts des policiers, même ceux au grade peu élevé. L'histoire s'inspire d'un fait réel : le parcours d'un syndicaliste, Craig Bromell, et l'action qu'il mena au sein de la police de Toronto, dans les années 90 jusqu'au début des années 2000.
Construire un cop-show sur la croisade d'un syndicaliste qui souhaite nettoyer la police de sa ville de toutes les compromissions et dérives qu'elle connaît, s'érigeant dans le même temps en solide rempart pour protéger ses collègues contre les excès médiatiques dirigés contre eux, mais aussi contre les dérapages que ce dur métier peut déclencher, c'est choisir une approche en somme assez originale. Cela permet à The Bridge de ne pas se présenter comme un énième formula-show policier, mais, au contraire, d'essayer d'apporter quelque chose à l'édifice des séries de ce genre. De ce point de vue, cette fiction part donc d'une bonne idée et le téléspectateur perçoit rapidement son potentiel, à mesure que Frank Leo s'affirme et adopte des prises des positions pour lesquelles il lui faut aller à contre-courant d'une hiérarchie arc-boutée sur ses privilèges et ses ambitions.
En s'ouvrant sur un pilote surchargé en drames humains et en problèmes très divers à régler, les scénaristes laissent entre-apercevoir l'ampleur de la tâche qui attend le policier. Figure centrale de l'épisode, au cours duquel son personnage acquiert peu à peu toute sa dimension, Frank renvoie à l'image classique de ces héros droits et responsables, capable de galvaniser ceux qui les entourent, mais également de faire preuve d'un pragmatisme froid et détaché. Un leader manifeste qui, derrière ses accents de simplicité et d'honnêteté, va aisément être apprécié par le téléspectateur, pour qui il va constituer le point de repère à suivre dans ce tourbillon de luttes d'influence intestines et complexes.
S'il est bien un reproche que l'on ne peut pas adresser à ce pilote, c'est de ne pas essayer de nous plonger dans un décor ambigü. La série se place d'office dans un cadre plutôt désillusionné, où les accords sous le manteau et les arrangements en coulisses sont monnaie courante ; où la gestion de la sécurité et le maintien de l'ordre public donnent lieu à des arbitrages parfois un peu douteux, où l'intérêt général apparaît bien lointain. Très rapidement, The Bridge essaye de mettre en lumière des rapports de force tortueux et les manipulations qui ont cours au sein même de l'institution policière, actions qui feraient presque paraître la délinquance quotidienne extérieure comme un détail d'ajustementr en toile de fond. L'instrumentalisation des affaires, le recours aux écoutes, l'infiltration - ou la débauchage - d'informateurs au sein des services, théoriquement sensés travailler à un but commun, tous les moyens sont légitimes et les protagonistes ne reculent devant rien. Schématiquement, s'affrontent ainsi les partisans du statu quo et ceux qui aspirent à un vrai nettoyage et à une remise à plat de l'institution.
Pour autant, aussi louables soient-ils, ces efforts ne sont pas pleinement couronnés de succès. Mon regret majeur reste le caractère très propret, un brin aseptisé, dont souffre l'ensemble. Certes, The Bridge est destiné à un public large, de grand network. Mais, avec ce fascinant, et très prenant, jeu de surveillance et de paranoïa qui s'installe peu à peu, c'est presque un réflexe de dresser des parallèles avec la maîtresse canadienne du genre, Intelligence. Or, cette dernière, diffusée sur CBC, n'était pas non plus câblée. Cependant, cela ne l'a pas empêché d'afficher de réelles ambitions et de toujours essayer, avec ses moyens et à son niveau, d'instaurer une atmosphère très sombre, tendue, se nourrissant de l'ambiguïté de ses personnages comme de celle des situations créées. A mes yeux, cette ambiance plus noire aurait parfaitement collé au sujet de The Bridge, qui pêche par excès de classicisme et de prudence. Elle aurait conféré aux drames, qui s'enchaînent à un tel rythme dans ce pilote, qu'ils laissent le téléspectateur un brin essouflé, un caractère vraiment marquant, et peut-être permis que la série fasse plus que juste essayer d'esquisser une ambivalence dans les rapports de force qu'elle installe.
L'autre élément sur lequel The Bridge est très perfectible, mais que le temps corrigera éventuellement, renvoie à l'aspect humain du show. En effet, pour une série centrée sur les relations, elle demeure très impersonnelle : le téléspectateur éprouve, tout au long de l'épisode, beaucoup de difficulté à éprouover la moindre empathie et à s'impliquer émotionnellement. Si le héros se complexifie au fil du pilote, sa présence s'imposant d'elle-même alors qu'il acquiert un véritable statut de leader d'hommes, en revanche, les autres personnages, utiles faire-valoirs assez vains, paraissent cantonnés dans des stéréotypes unidimensionnels déjà ennuyeux. Aucun n'attire l'attention, ni ne sort du lot : chacun renvoie à une figure préconstruite assez clichée, introduite sans subtilité. Trop tournée vers un protagoniste central, il faudra que The Bridge travaille plus cet arrière-plan manifestement laissé en friches, et essaye de conférer une certaine épaisseur psychologiques à des individus, pour le moment trop facilement catégorisables.
L'évolution est sans doute faisable, d'autant que le casting est globalement très correct. Outre Aaron Douglas (Battlestar Galactica), qui prend progressivement ses marques et se retrouve parfaitement imprégné du personnage dès la fin du pilote, le téléspectateur croise un certain nombre de têtes connues du petit écran nord-américain : Frank Cassini (qu'on a pu entre-voir dans Da Vinci's City Hall ou Intelligence), Inga Cadranel (The Eleventh Hour, Rent-a-Goalie), Michael Murphy (The Eleventh Hour), Ona Grauer (Intelligence) ou encore Paul Popowich (Angela's Eyes).
Bilan : The Bridge bénéfice d'un angle d'attaque intéressant, choisissant de nous dévoiler les rouages et mécaniques internes à la police. Ce ne sont pas tant les faits divers et les enquêtes, mais plutôt les luttes d'influence, stigmatisant les dérives et excès ayant cours au sein de l'institution, qui vont attirer notre attention. Pourtant, tout en laissant entrevoir un potentiel prometteur, ce pilote, paradoxalement peut-être trop timoré, souffre de défauts importants. Désireux d'accrocher le téléspectateur, les scénaristes n'ont pas hésité à verser dans la surenchère presque gratuite ; les mille et une péripéties qui déciment l'unité de Frank, comme autant d'épreuves et de drames qui se suivent, paraissent un peu trop forcées, en un si court laps de temps, donnant un effet très artificiel. Outre la difficulté à s'impliquer humainement auprès d'autres personnages que le héros, le côté extrêmement classique et calibré de la série se ressent aussi dans l'ambiance. Encore une fois, on perçoit les possibilités offertes, mais, pour le moment, la série ne parvient pas encore à imposer une identité propre, avec son décor passe-partout, sa réalisation conventionnelle et ses choix de bande-son quelque peu hasardeux.
En somme, si ce pilote dévoile des éléments intéressants, il souligne aussi de sérieuses limites conceptuelles, qu'il faudra que The Bridge puisse dépasser.
NOTE : 6/10
La bande-annonce de la série :
08:51 Publié dans (Séries canadiennes) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ctv, the bridge, aaron douglas, frank cassini, inga cadranel, michael murphy, ona grauer, paul popowich | Facebook |
09/03/2010
(US) Southland, saison 2 : sobre chronique humaine du quotidien de policiers à L.A.
La semaine dernière débutait la seconde saison de Southland. Nous avions quitté nos policiers de Los Angeles au printemps dernier sur NBC, en croisant les doigts pour que ce grand network, peu réputé dernièrement pour ses politiques téléphagiques, veuille bien consentir à octroyer quelques épisodes supplémentaires à une série dont le potentiel était manifeste. Dans un étrange éclair de lucidité passager, elle renouvelait initialement Southland, commandant 13 nouveaux épisodes. Mais l'automne revenant, soudain, la série ne parut plus à sa place dans la grille des programmes de sa chaîne. Six épisodes étaient déjà dans la boîte. Nouveaux atermoiements. Timidement, une chaîne câblée se manifesta : TNT. Après avoir été mise à mort sans diffusion, Southland se voyait ressuscitée sous perfusion : un sursis de six épisodes lui était octroyé, juste de quoi diffuser les épisodes déjà tournés. C'est déjà ça.
Ainsi donc, c'est sur TNT que le téléspectateur retrouvait Southland mardi soir dernier. Cette création de John Wells (nom resté associé à Urgences et New York 911) n'offrira pas l'occasion de me réconcilier avec NBC.
Southland choisit de nous faire partager le quotidien de policiers de Los Angeles, situés à plusieurs échelons, dans leur journée rythmée par la violence ordinaire, entre interpellations de suspects, querelles de voisinage, fusillades et autres crimes de sang. Cet angle diversifié permet à chaque épisode de bénéficier de plusieurs intrigues, traitées en parallèle, qui peuvent rester indépendantes, mais sont aussi parfois amenées à se recouper. L'intérêt de ce schéma narratif, c'est d'offrir ainsi l'occasion de s'intéresser à la dynamique des rapports existant au sein de plusieurs duos de partenaires. Nous nous situons au bas de la hiérarchie, mais à divers degrés.
Le duo le plus symbolique de la série, qui a marqué la première saison, reste l'association de l'apprenti flic, encore stagiaire, Ben Sherman (un Ben McKenzie qui m'a plutôt convaincue, après Newport Beach) avec son instructeur, John Cooper (Michael Cudlitz, croisé dans Standoff et Band of Brothers notamment), en officiers patrouillant leur secteur dans leur voiture de police. Optant de réellement s'investir dans leurs personnages, au fil des épisodes, les scénaristes révèlent peu à peu des personnalités à multiples facettes, bien plus complexes que l'on aurait pu imaginer de prime abord. Chacun balaye de nombreuses idées reçues, qu'il s'agisse des origines sociales de Ben Sherman ou des secrets de John Cooper. Initialement presque improbable, leur paire fonctionne finalement très bien, jouant sur le ressort classique ancien/nouveau. Plusieurs autres personnages gravitent dans l'équipe des patrouilleurs, incompétents notoires, policiers marchant sur une corde raide ou bien, simple agent faisant leur boulot. Il y a comme une réminescence de New York 911 qui règne, et ce n'est pas pour me déplaire.
En parallèle, Southland choisit de se concentrer sur le service des homicides, permettant ainsi de suivre l'intégralité des enquêtes au côté des inspecteurs. Sur le même schéma que pour les patrouilleurs, c'est à nouveau sur les associations entre partenaires que la série se concentre, avec deux duos de détectives distincts. Il y a, d'une part, les très professionnels et efficaces Lydia Adams (Regina King) et Russell Clarke (Tom Everett Scott, vu dans Saved ou encore The Street), avec leur complicité presque naturelle, personnages posés et réfléchis qui apportent leur expérience et une intuition instinctive souvent bien inspirée sur les scènes de crimes. D'autre part, nous avons deux autres collègues, plus portés à parfois trop en faire, Nate Moretta (Kevin Alejandro, croisé dans Shark ou encore Ugly Betty) et Sammy Bryant (Shawn Hatosy). Un peu moins mis en avant, ils héritent de storylines plus classiques.
L'attrait de Southland, c'est de sincèrement essayer de mettre en avant ses personnages, à travers leur vie professionnelle, par les enquêtes policières, mais pas seulement, s'intéressant aussi par intermittence à leur vie privée. La série ne dispose pas de personnages s'imposant comme sortant du lot et pouvant se présenter comme atypique. Cette absence de surenchère traduit une volonté de sobriété qui fait aussi la force de ce portrait qu'elle dresse : en dépit du cadre, sur fond de guerre des gangs à Los Angeles, il n'y a rien de la noirceur d'un The Shield, seulement une volonté de présenter un quotidien, presque monotone, mais qui n'est pas dépourvu d'accents réalistes. Sans apporter de nouveauté à ce genre de fiction, Southland s'inscrit honnêtement dans une tradition sous-représentée à la télévision américaine actuellement.
Le season premiere, diffusé mardi dernier, a lancé la saison de la plus convaincante des manières, choisissant de traiter directement des conséquences des évènements de la fin de saison passée, sans s'arrêter sur leur découverte. Parmi les officiers de patrouille, Chickie Brown subit la mise à l'écart de ses collègues, suite à sa gestion des problèmes de dépendance de son partenaire. Elle se retrouve associée à un policier incompétent, incapable de faire son job, mais qui peut surtout se révéler dangereux sur le terrain. Ben Sherman entre lui dans la dernière phase de son stage. Du côté des détectives, sévèrement blessé dans le season finale, Russell Clarke n'a toujours pas quitté l'hôpital et se remet difficilement, avec une longue convalescence devant lui. Si Lydia n'oublie pas son partenaire, les doutes sur sa santé amènent un nouveau venu à devoir faire équipe avec la jeune femme. Ambitieux, assez hautain, mais également pragmatique, l'association commence par faire des étincelles. Le quotidien des patrouilleurs et des inspecteurs va se croiser, confrontés à la disparition d'un vieil homme. En parallèle, Moretta et Bryant tournent autour d'un dangereux trafiquant, auquel ils lient le mort de la dernière enquête qu'ils ont récupérée. Pour cela, ils se rapprochent d'une force d'intervention, une coopération entre différents services, destinée à le faire tomber.
Bilan : Southland n'est pas parfaite, pourtant, le potentiel perçu donne incontestablement envie de s'investir dans cette série qui est, en quelques épisodes à la diffusion hasardeuse, parvenue à se créer un univers propre et clairement identifié. Construite sur les bases et avec les ficelles scénaristiques d'un cop-show classique, elle prend toute sa dimension lorsqu'elle laisse libre cours à sa dimension humaine. Le petit écran, croulant sous les formula-show aseptisés, manque cruellement de ces chroniques du quotidien qui ont marqué les dernières décennies. C'est aussi pour cela que Southland attire l'attention : c'est une petite bouffée d'air frais qui remplit, sans prétention, une case actuellement un peu oubliée par les chaînes américaines.
NOTE : 7/10
Vidéo promo diffusée par TNT pour la saison 2 :
07:59 Publié dans (Séries américaines) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tnt, nbc, southland, ben mckenzie, michael cudlitz, regina king, tom everett scott, kevin alejandro, shawn hatosy | Facebook |