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01/07/2012

(UK) Hit and Miss, saison 1 : le portrait troublant d'une tueuse à gage qui apprend sa paternité

 
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Jeudi soir s'est achevée en Angleterre, sur Sky Atlantic, la première saison de Hit & Miss. Comptant 6 épisodes de 45 minutes environ, elle avait débuté le 22 mai 2012. Imaginée par Paul Abbott, à qui l'on doit quelques grandes heures de la télévision britannique, comme State of Play, Shameless ou encore, l'an dernier, Exile, et écrite par Sean Conway, elle retenait logiquement l'attention. Et ce d'autant plus qu'elle met en scène une actrice que j'aime tout particulièrement, Chloë Sevigny, tout en proposant un sujet pour le moins atypique. C'était sans conteste la nouveauté que j'attendais le plus outre-Manche pour conclure un printemps qui aura laissé en Angleterre une impression mitigée. Prometteuse et ambitieuse sur le papier, Hit & Miss n'aura tenu toutes ses promesses, mais elle aura cependant été une très intéressante fiction, bien servie par une mise en scène tout simplement superbe.

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Mia est une tueuse à gage transsexuelle. Elle mène une vie entièrement dédiée à son travail, tout en suivant un traitement hormonal avant de subir une dernière opération chirurgicale. Son quotidien est bouleversé lorsqu'elle reçoit une lettre d'une ex-petite amie avec laquelle elle avait tenté de faire sa vie il y a quelques années. Mourant d'un cancer, cette dernière laisse derrière elle quatre enfants, dont l'aînée a tout juste 16 ans et, surtout, dont le troisième, Ryan, est le fils de Mia.

Le choc est double pour la tueuse : non seulement elle apprend qu'elle est père, mais en plus elle a été nommée comme le gardien légal de tous les enfants. Sans quitter son métier particulier, avec un patron en apparence compréhensif tant que ses intérêts ne sont pas en danger, Mia part donc pour la ferme isolée dans laquelle vit cette famille. De nombreux défis l'attendent : faire face à son nouveau rôle de parent et être acceptée par ces enfants.

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A la lecture de son synopsis, on aurait pu imaginer Hit & Miss s'orienter plutôt vers une série d'action. Or elle se démarque en premier lieu par sa mise en scène étonnamment contemplative. Bénéficiant d'une identité visuelle particulièrement travaillée, elle va démontrer une capacité rare pour se créer une ambiance à part et pour capter, en quelques instantanés, la joie comme la détresse de ses protagonistes. Soutenant et sublimant ce parti pris, la réalisation n'hésite pas à recourir à des plans larges, à l'influence cinématographique. Le rythme est lent. Le récit sait prendre son temps, consacrant invariablement au seul décor quelques secondes de transition entre deux scènes, voire préférant privilégier l'expression des personnages et leurs gestes, pensifs comme déchaînés, plutôt qu'un long discours. Le résultat donne un visuel absolument magnifique, où le paysage du nord de l'Angleterre - la série a été tournée dans la région de Manchester - devient un acteur à part entière du récit, superbement mis en valeur. Cette réalisation, vraiment réussie, ne laisse donc pas insensible.

Si devant Hit & Miss on retient d'abord la forme avant le fond, c'est sans doute parce que la série oscille longtemps entre les tonalités et les storylines, cherchant son équilibre et du liant dans une narration manquant de fluidité. A première vue, il faut dire qu'elle apparaissait comme un étonnant mélange des genres. Paul Abbott reconnaissait lui-même avoir voulu associer en une seule fiction deux thèmes qui ne semblaient pas destinés à cohabiter, un peu à la manière d'Exile. Ainsi Mia est certes une tueuse à gage. Cela a son importance dans son comportement, et on a l'occasion de la voir en action, parfois à plusieurs reprises dans l'épisode, généralement pour conduire des exécutions froides et parfaitement plannifiées. Cependant, la série n'est pas pour autant un thriller. En effet, utilisant les ressorts d'un drama familial, le fil rouge reste celui d'une véritable introspection du personnage central. Dans cette optique, toute centrée sur Mia qu'elle soit, la série ne néglige aucun des quatre enfants, exposant comment chacun réagit au décès de leur mère, qu'il s'agisse, pour les plus grands, d'assumer les difficultés du quotidien, ou pour les plus jeunes, de faire face à cette douloureuse absence.

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L'arrivée de Mia dans ce nouvel environnement, avec les responsabilités, mais aussi les nouvelles rencontres que cela permet, offre à Hit & Miss la possibilité de dresser un portrait à la fois fascinant et troublant de ce personnage. Au début de la série, celle qui est né garçon sous le nom de Ryan, est devenue Mia, une transsexuelle qui suit toujours un traitement hormonal et attend de subir une dernière opération chirurgicale pour parachever le changement de sexe. Aux difficultés identitaires inhérent au fait d'être une femme née dans un corps d'homme, au sein d'une famille avec laquelle elle a coupé les ponts dès ses 18 ans, s'ajoutent de nouvelles : la voilà qui apprend l'existence d'un fils dont elle ignorait tout, et de ses trois frère et soeurs laissés sans parent suite au décès de leur mère. Envisager un quotidien au sein d'une cellule familiale, aussi dysfonctionnelle soit-elle, mais aussi apprendre à être un parent pour ce fils - qui lui-même ne sait comment appeler Mia "papa", ce sont autant d'épreuves et d'ajustements compliqués qui vont être exigés d'elle. Cela permet de dépeindre un personnage vraiment intéressant, complexe, sur lequel la série peut logiquement se construire.

Seulement, si la série ne manque ni d'audace, ni d'idées, c'est dans leur exécution que la série montre ses limites, laissant un arrière-goût d'inabouti. Dans la mise en scène de ces dynamiques familiales à part, avec ces jeunes un peu en déshérence et la solidarité sans failles qui lui unit, Hit & Miss n'est pas sans évoquée Shameless. Mais le parallèle s'arrêtera là, car elle ne trouvera jamais ce précieux équilibre, plein de justesse et d'authenticité, porté par une spontanéité naturelle, qui fait la force de la première depuis neuf saisons. Si on perçoit bien la logique narrative qui sous-tend l'ensemble, l'écriture manque de subtilité et de nuance. Elle cède trop souvent à des facilités dommageables, ou prend des raccourcis dans le développement des storylines. Le problème est très perceptible durant les premiers épisodes, avec le parachutage de Mia au sein de cette famille, suivi des premières confrontations puis de l'acceptation progressive, ou encore dans la manière dont est utilisé l'oncle. Si certaines scènes sont réussies, la narration inégale amoindrit leur portée, avec des passages qui sonnent bien trop forcés ou précipités sans transition, pour satisfaire. Peinant donc à trouver la cohésion nécessaire de son récit, Hit & Miss laisse une impression un peu mitigée.

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Particulièrement réussie sur la forme tout en manquant de maîtrise sur le fond, on retient également de Hit & Miss la performance de son casting, et plus précisément de son actrice principale. La série doit en effet beaucoup à la magistrale Chloë Sevigny. Cette dernière m'avait déjà fasciné dans Big Love, dans le rôle ambivalent de Nicki, elle m'a une nouvelle fois vraiment impressionnée en interprétant ce personnage exigeant et complexe qu'est Mia. La caméra lui rend d'ailleurs pleinement justice, dévoilant une  figure à la fois troublante et marquante.

Si la série peut se reposer sur les épaules de Chloë Sevigny, cela ne signifie pas que le reste du casting va démériter. Au contraire, la série se présente sur ce plan comme très homogène. On retrouve parmi eux plusieurs têtes familières du petit écran anglais : Peter Wight (Party Animals, Public Enemies, Titanic), Jonas Armstrong (Robin Hood, Prisoners Wives), Vincent Regan (Scott & Bailey), Ben Crompton (Pramface, Ideal), Karla Crome (Misfits), Reece Noi (Waterloo Road, Father & Son), Jorden Bennie, Roma Christensen.

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Bilan : Série ambitieuse, abordant et mêlant des thèmes multiples (famille, transsexualité, criminalité), Hit & Miss dresse le portrait troublant d'une tueuse à gage à part, utilisant pour cela les ingrédients du drama familial. Tout en marquant durablement par l'atmosphère qui s'en dégage, dotée d'une identité visuelle aboutie et soignée, la série laisse cependant le téléspectateur sur un sentiment mitigé. Souffrant d'une écriture inégale qui manque de justesse, à l'occasion trop excessive ou trop précipitée, elle ne parvient pas à exploiter tout le potentiel entrevu. En résumé, c'est un projet original qui aura bénéficié de bonnes idées mais qui n'aura pas su les retranscrire à leur juste valeur.

Malgré ces réserves, je conseille cependant la découverte : l'ambiance, le ton et le sujet méritent qu'on leur laisse une chance. D'autant qu'il s'agit d'une série dans laquelle on rentre progressivement : je l'ai de plus en plus appréciée au fil des épisodes. Et au vu de la scène finale, j'espèrerais même une saison 2.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

26/02/2010

(US) Big Love : Blood Atonement (saison 4, épisode 7)


Avec ce septième épisode, Big Love nous propose incontestablement le moins réussi des épisodes de la saison. Pas seulement parce que la surprise et la jubilation sont moins présentes qu'à l'accoutumée pour le téléspectateur, mais aussi parce que la construction même de l'épisode se révèle déséquilibrée, car souffrant d'un problème majeur : un manque criant de crédibilité de la storyline principale du jour, l'organisation du sauvetage au Mexique.

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Sur des airs de road trip, l'épisode nous offre une de ses plus belles photos, avec de somptueuses images très soignées, qui retranscrivent bien l'atmosphère, d'une chaleur presque étouffante, régnant de l'autre côté de la frontière. La réalisation est très travaillée, un plaisir pour les yeux, malheureusement le fond ne suit pas la forme.

En effet, Bill est donc parti avec Joey pour délivrer ses parents et, surtout, son fils, des mains des Green, exilés au Mexique au sein de leur propre communauté. Cette opération de sauvetage apparaît quelque peu futile, a priori, mais c'est en fait l'ensemble du voyage qui sonne très artificiel. Big Love est un drama au sens HBO-ien du terme, qui met en valeur la psychologie des personnages et leurs intéractions, souvent plus contemplatifs -même pour des épisodes aussi intenses que ceux que la série a pris l'habitude de nous proposer- que plongeant dans l'action. Il y a de la violence, il y a des meurtres, mais l'enjeu n'est pas là. Ce sont les relations entre les personnages qui demeurent les plus importantes. Or, dans son traitement de sa storyline mexicaine, Big Love s'inscrit quelque peu en porte-à-faux de son image traditionnelle. Elle s'essaie sans trop de succès, à un semblant de scénario à suspense, où nous aboutissons à un sauvetage quelque peu tiré par les cheveux, grâce à Bill, et à une scène surréaliste de bras tranché à coup de machette. Sans discuter la crédibilité d'une telle vision, je n'ai pas eu l'impression de regarder Big Love durant ces scènes, comme si la série cherchait, sans le trouver, le ton adéquat pour traiter de cette parenthèse particulière. Le dépaysement ne permet pas de justifier une telle redistribution des priorités de narration et le téléspectateur garde surtout l'impression d'effets de style inutiles et qui sonnent faux.

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De par l'importance accordée à ce road trip mexicain, logiquement, le reste de l'épisode apparaît quelque peu déséquilibré, même si les storylines y sont beaucoup plus convaincantes, s'inscrivant vraiment dans la veine de la série. Les esprits rebelles qui avaient applaudi la révolution de Barb au cours de l'épisode précédent s'agaceront peut-être un peu du fait que les soupçons de Bill envers la lobbyist de Washington ne s'avèrent probablement pas sans fondement. Mais, pour ma part, j'aime le fait que les scénaristes ménagent une certaine ambiguïté. C'est au téléspectateur de juger, cependant, les personnages ne sont jamais présentés de façon manichéenne : ce n'est pas tout blanc ou tout noir, ils ont leurs défauts et font parfois des actions répréhensibles, mais ils demeurent avant tout humains. Et Bill, au même rang que les autres, même s'il n'a pas la richesse de la personnalité de ses épouses. Sur le fond, si les enjeux du casino ne sont pas toujours des plus explicites, apparaissant parfois comme un arrière-plan assez flou ou confus, les soucis des Henrickson passent à un niveau supérieur lorsque des opposants aux jeux d'argent vont jusqu'à poser une bombe -heureusement découverte à temps- dans le casino. Cette adversité devrait permettre à la famille de s'unir plus solidement avec les indiens, car ils semblent être bien seuls à affronter leurs problèmes.

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Les intrigues purement familiales demeurent la constante la plus réussie de la série. C'est un fait qui n'est plus à prouver. L'épisode explore cette thématique en continuant de s'intéresser aux conséquences de la grossesse d'Anna. Le bébé est bien de Bill. Etirant le principe du lien biologique à son maximum, Barb alterne entre promesses et menaces, alors qu'Anna annonce son intention de quitter les Etats-Unis, son petit ami devant être expulsé en Europe, son visa n'ayant pas été renouvelé. Si Barb fait preuve d'un autoritarisme qui lui est habituel, c'est Margene qui, encore une fois, démontre qu'elle est désormais capable de prendre des décisions importantes et de les assumer, en dépit des opinions du reste de la famille. En l'occurrence, c'est un mariage blanc qu'elle contracte avec le petit ami d'Anna, pour lui permettre de rester aux Etats-Unis... Comment cette situation va-t-elle être viable, très concrètement, au-delà de l'intérêt immédiat d'empêcher le départ du bébé, voilà une question bien complexe. D'autant que si la famille veut effectivement révéler après les élections sa polygamie, comment la situation de Margene pourra-t-elle être claire ? Quoiqu'en pense la jeune femme, il est fort peu probable que ce "bout de papier" qui constitue un mariage civil soit aussi insignifiant qu'elle l'imagine. En espérant qu'elle se soit aussi intéressé au régime matrimonial sous lequel elle l'a contracté...

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Enfin, Nicky semble être revenue à de meilleures dispositions concernant une éventuelle nouvelle grossesse, mais, comme souvent, même les belles intentions initiales tournent au vinaigre avec la jeune femme. En effet, alors qu'un médecin lui diagnostique un problème de fertilité qui sera difficilement réversible, voilà que sa mère lui annonce être, elle, enceinte de J.J. Au-delà de la question des liens familiaux tellement complexes dans ces familles qu'ils forment un ensemble assez malsain, cela pousse une Nicky interdite à aller chercher conseil chez un des fils de J.J., devenu médecin. Mais son père, par quelques apparitions furtives au fil de l'épisode, continue d'apparaître comme la figure incontestablement la plus dangereuse de la série, d'autant que ses plans ne sont toujours pas clairement exposés.

Un autre reproche à faire l'épisode est d'avoir occulté complètement le suicide du petit ami d'Alby et de ne même pas laisser quelques secondes à l'écran au fils de Roman Grant. Il s'agissait de la scène forte de conclusion de l'épisode précédent ; même si la storyline mexicaine occupe beaucoup de place, il aurait été plus logique de ne pas consacrer une parenthèse d'une semaine avant d'évoquer ses conséquences -autre que par une simple interview de Bill par un journaliste radio.

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Bilan : Le Mexique aura donné de jolies images, avec une photo belle et vraiment soignée, mais l'intrigue s'y déroulant, trop invraisemblable en bien des points, n'aura pas convaincu, sonnant trop faux pour que le téléspectateur y adhère. Il s'agit du plus faible épisode de la saison, pour autant, les évènements ayant lieu à la maison, avec Margene, Nicky et Anna, posent des bases intéressantes pour le futur. A suivre !


NOTE : 7,5/10

20/02/2010

(US) Big Love : Under One Roof (saison 4, episode 6)

Fin de semaine chaotique pour ma connexion internet. Si tout devrait rentrer dans l'ordre une fois de retour chez moi, en attendant, postés de façon quelque peu artisanale, voici quelques mots sur le dernier épisode diffusé de Big Love, qui est, je le maintiens, la meilleure série actuellement diffusée dans le petit écran.

La progressive implosion des Henricksons se poursuit presque inexorablement sous les yeux du téléspectateur, chaque semaine s'employant à défier toujours plus profondément le fragile équilibre encore maintenu au sein de la famille polygame.

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Les scénaristes aiment nous rappeler qu'ils n'oublient pas les péripéties passées, faisant régulièrement référence à des évènements des saisons précédentes. Dans ce sixième épisode, c'est carrément un retour - et même plusieurs retours - qu'ils consacrent sous le regard stupéfait du téléspectateur, prouvant, encore une fois, qu'il n'existe pas d'histoires laissées innocemment en suspens. Dans l'immédiat, ce sont les retrouvailles inattendues avec une Anna enceinte qui marquent la petite famille. Si elle ne fut que très brièvement mariée à Bill, elle en a donc gardé les conséquences, sans envisager de renouer, après leur rupture, avec celui qui est le père biologique de son bébé. On retrouve ici l'indépendance Anna que nous avions appris à connaître. Seulement, dans cette folie permanente qui constitue leur quotidien, ni Barb, ni Bill, n'envisagent d'abandonner un enfant conçu dans le cadre de cette union sacrée qu'ils partagent. J'ai beaucoup apprécié cette réintroduction du personnage d'Anna, avec son caractère affirmé et sa distance vis-à-vis de toutes les exigences du mode de vie particulier des Henricksons. Elle a tourné cette page d'expérience polygame avec beaucoup de pragmatisme. Et, au-delà des complications sans fin que cette révélation peut engendrer dans le futur, c'est aussi l'occasion de placer Bill devant des responsabilités qu'il fuit constamment.

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Ce rôle échoue logiquement à Barb, l'épouse la plus légitime sans doute pour adresser à son mari des critiques avec une autorité difficilement remise en cause. Nous le savons, Bill, en dépit de ses fréquents jugements hautains et paternalistes portés sur les différents membres de la famille qu'il régit, n'a jamais fait preuve d'une attitude exempte de tous reproches, le téléspectateur qui s'est souvent braqué contre lui peut en témoigner. Or, Barb, en plaçant Bill devant ses contradictions, va nous procurer le plaisir de dénoncer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas derrière leur petit écran, en pointant l'égoïsme de son époux et son habitude de, finalement, toujours servir en premier lieu ses intérêts personnels auxquels il ajuste, souvent inconsciemment d'ailleurs, ceux de sa famille. Le fait qu'il ait couché avec Anna avant même le mariage n'est qu'une petite goutte d'eau dans un vase déjà plein, où le clash avec Ben a joué une influence déterminante dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences sur la relation de Barb et Bill.

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Au-delà de ce fil conducteur, l'épisode regorge encore une fois de scènes incontournables particulièrement marquantes. Margene poursuit sa maturation. En business woman avisée qu'elle devient progressivement, la jeune femme prend des accents de plus en plus épanouies, et surtout "modernes". Elle va même jusqu'à donner des discours féministes sur sa vie et sa réussite professionnelle. Le contraste entre l'environnement familial qu'elle a choisi et ses envolées libérales pose un décalage qui nourrit un peu plus les réflexions du téléspectateur sur le dynamique de cette famille, mais qui amène aussi à se demander jusqu'où Margene ira sur cette voie de l'émancipation : quand est-ce que cette forme de double vie la fera rentrer dans un conflit interne que l'on pressent déjà ?

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Pour ce qui est du conflit interne, le personnage de Nicky s'y enfonce depuis quelques temps. Inénarrable Nicky qui passe encore une fois par toutes les émotions, offrant une série de scènes sortant du lot à son interprète, Chloé Sevigny. Celle où elle explose, lors de sa dispute avec Margene concernant leur expérience de vie respective, est d'une intensité qui laisse le téléspectateur, un instant, sans voix. Un brusque dérapage qui constitue un véritable cri du coeur où Nicky laisse entrevoir l'étendue de ses frustrations, mais aussi tout le malaise existentiel dans lequel elle se débat depuis quelques temps. Une quête identitaire, un déphasage qu'elle ressent jusqu'au plus profond d'elle-même et qu'elle met sur le compte d'une éducation qui a brisé quelque chose en elle, un ressort qu'elle recherche désormais désespérément : en témoigne la scène où elle débarque, avec une tenue ultra-provocante, au mariage de sa mère. Comment ne pas être touché, décontenancé et fasciné, par ces passages surréels où elle cherche sa fille dans ce motel si glauque où les unions ont lieu à la chaîne ? Magnifiquement mis en scène, mais aussi d'une brutalité sous-jacente terrible, vraiment glaciale.

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En parallèle, l'épisode pose les bases d'une intrigue future qui promet d'être déstabilisatrice pour la famille. Ben, voyageant avec ses grands-parents, découvre l'exotisme de Mexico. Mais la famille rencontre de vieilles connaissances, exilées de l'autre côté de la frontière, qu'il aurait mieux fallu ne jamais recroiser pour leur propre bien. Encore une fois, les scénaristes nous prouvent qu'ils n'oublient pas les contentieux des précédentes saisons. Il semble que, dans Big Love, les fantômes du passé soient toujours en mesure de revenir hanter et bouleverser les vies des différents personnages, au moment où on les aurait presque oubliés. La spirale des évènements est presque étourdissante, mais quel plaisir de suivre une série qui réserve tant de moments de jubilation, exploitant à merveille son histoire !

L'épisode nous rappelle enfin que les drames humains ne sont jamais loin. L'aventure homosexuelle d'Alby avec l'homme en charge du fonds de Junniper Creek s'ébruite peu à peu à cause de sa femme. Si le fils de Roman Grant préfère se réfugier encore dans ses illusions et séparer la réalité du monde qui l'entoure de ce petit moment de bonheur qu'il savoure, pour la première fois, aux côtés de son amant, ce dernier se retrouve au coeur d'un conflit interne beaucoup plus intense. La scène finale, dont le caractère poignant laisse le téléspectateur interdit, est terrible.

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Bilan : Un épisode d'une intensité émotionnelle encore une fois particulièrement forte : Big Love devient des plus éprouvantes à suivre. Le contenu est dense, tout s'enchaîne avec une maestria qui n'est désormais plus à prouver. J'ai beaucoup apprécié le fait que la fidélité du téléspectateur soit récompensée par le retour de plusieurs figures des saisons passées.


NOTE : 9/10

13/02/2010

(US) Big Love : Sins of the Father (saison 4, episode 5)

Il deviendrait presque prévisible, répétitif, de commencer sa review de Big Love par une onomatopée exclamative de jubilation. Pourtant, ce cinquième épisode de la saison a encore une fois su porter la série toujours plus loin sur la route dangereuse que la famille Henrickson emprunte cette année. Toujours plus loin dans ce tourbillon en apparence presque hors de contrôle, tout aussi fascinant et grisant que déconcertant par moment. Mais la série ne se laisse pas submerger par les excès mis en scène, parvenant à nourrir admirablement une ambiguïté salvatrice dans son traitement des personnages.

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Sur fond de primaires républicaines vécues au pas de course, le fil rouge de l'épisode poursuit sur les conséquences des révélations du précédent et sur cette fameuse scène finale qui avait vu Ben rassembler ses affaires pour quitter le domicile parental, suite au baiser échangé avec Margene. Suivant un schéma désormais éprouvé, sur un modèle presque choral, l'épisode va explorer les réactions de chacun, à mesure que les évènements sont révélés, tel un effet domino destructeur.

Cette crise, sans doute la plus profonde qui ait secoué la famille puisqu'elle remet en cause tous ses fondements, survient, de plus, au plus mauvais moment, alors que le stress lié aux élections est à sa comble. Le téléspectateur se retrouve véritablement happé, presque submergé, dans un tourbillon magistralement mené, qui nous étourdit par son intensité et sa richesse. Heureusement, ce récit mouvementé bénéficie, encore une fois, d'un traitement très humain, qui permet à la série de conserver un ressenti d'authenticité d'autant plus appréciable au milieu de cet apparent chaos.

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"L'exil" de Ben remet en cause la fondation la plus solide de la famille, la première : celle qui unit Bill à Barb. Car si cette dernière fait toujours preuve d'une grande patience, sacrifiant généralement aux désirs de son mari sur l'autel de l'unité familiale, cette fois-ci, la situation est bien différente. C'est cette même famille qui vole en éclat si Bill en exclut un de ses enfants. L'épisode est l'occasion de voir une Barb, les nerfs à fleur de peau, qui perd le contrôle de ses émotions comme rarement.

Toucher à un de ses enfants est un point de non-retour qui fait remonter en elle ses instincts maternels les plus primaires, en témoigne le fait qu'elle défie ouvertement Bill, en pleine convention, mais surtout sa violente réaction à l'égard de Margene.  Jamais Barb n'était apparue aussi excessive ; cette perte de contrôle, à l'image du séisme secouant sa famille, offre un signe supplémentaire de l'effritement de cette dernière. Illustration de ce retournement des choses, c'est finalement auprès d'un Tommy, plus compréhensif qu'à l'accoutumée, que Barb trouve un peu de réconfort. Cette soudaine humanisation de l'Indien, après l'opposition ouverte des premiers épisodes, indique peut-être l'ouverture d'une parenthèse à suivre, dans le futur, entre les deux co-gérants du casino.

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Celle qui subit le plus fortement les conséquences de la crise reste pourtant Margene. Cette dernière fait preuve d'un volontarisme et d'une force de caractère particulièrement affirmés, mue par une résolution forgée au cours des épreuves passées. Blessée par les attitudes de Bill, puis de Barb, elle ne cède pas à l'auto-apitoiement : elle refuse catégoriquement de porter le blâme pour la désagrégation familiale en cours sous ses yeux. L'épisode offre des scènes de confrontation d'une rare violence verbale, même pour une série riche en opposition comme Big Love.

L'obstination de Margene est une preuve supplémentaire de la maturation de la jeune femme, évolution particulièrement sensible depuis le début de saison. Si certaines scènes frisent l'excessif, cette semi-hystérie ambiante sonne pourtant toujours étrangement juste : au vu du modèle familial suivi et des situations rencontrées, il était prévisible que l'accumulation des tensions conduise à ce genre de dialogues quasi-surréalistes, mais qui trouvent leur justification dans toutes les petites rancoeurs passées où le compromis l'avait emporté.

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Alors que ses rapports se dégradent avec ses deux autres épouses, Bill renoue avec Nicky probablement de la plus pernicieuse des manières. En effet, si cette dernière semble désormais revenue à une fonction d'épouse docile, recherchant la maternité, ce qu'exige son mari d'elle va la faire réfléchir sur sa place dans la famille. Lui faire jouer les espionnes chez son adversaire direct, l'obliger à constamment mentir sur son identité qui change au gré des besoins de Bill, c'est aussi ouvrir une boîte de Pandore bien dangereuse, lorsque l'on connaît Nicky et ses blessures passées. Cette dernière s'interroge d'ailleurs sur cette étrange ambivalence dans laquelle elle est confinée.

Le monologue identitaire spontané qu'elle déclame à Barb, avec une distance presque désabusée, est particulièrement révélateur. D'autant que le téléspectateur ne peut se départir de la désagréable impression d'assister à une reproduction de la saison 3, Bill ayant remplacé Roman. Le paternalisme extrême avec lequel Bill traite Nicky, la confortant en la qualifiant de "good girl", tout autant que son instrumentalisation, prouve que les bases de leur relation ne sont toujours pas assainies.

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Mais de façon encore plus marquée que les vacillements de son cocon familial, c'est une réminescence du passé qui vient mettre Bill en face de responsabilités qu'il avait passées l'épisode à fuir, refusant d'admettre qu'il reproduisait ce même désagréable schéma qui l'avait conduit à la rue à 14 ans, jeté hors de chez lui par son père. Le parallèle douloureux s'opère, de manière forcée, à plusieurs niveaux, Big Love prouvant encore une fois sa capacité à densifier à l'extrême son récit.

En toile de fond, un fait divers tragique, mais si classique, sur un "lost boy" de Juniper Creek ramène le débat politique de la convention républicaine sur la question dérangeante de cette communauté sectaire qui vit en marge de la société. Le cas de Ben et le passé de Bill se recoupent implicitement, sous le regard effaré de Lois et de Joey, qui ont l'impression désagréable de revivre une histoire qui les a déjà brisés une première fois. La violente réaction de Lois en apprenant ce qu'il s'était passé entre son fils et son petit-fils est l'illustration poignante de blessures qui ne se refermeront jamais. Pourtant, la confrontation au casino, aussi désagréable qu'elle soit pour Bill, va permettre un progressif électrochoc, amplifié par la basse tactique de son adversaire.

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Le politicien ressort en effet les vieux dossiers de Bill, et plus précisément, son propre passé de "lost boy", cherchant à acculer son adversaire sur cette question sécuritaire. Cette technique va finalement avoir l'effet inverse, permettant une soudaine prise de conscience, peut-être salvatrice pour Bill. Ayant glissé vers le pan le plus détestable de sa personnalité au cours des derniers épisodes, emporté par ses ambitions, le final de l'épisode prend le contre-pied de ce mouvement, surprenant le téléspectateur à éprouver presque une forme de compassion pour un personnage qui a, à l'évidence, perdu le contrôle et semble le comprendre de la plus brutale des manières. Son discours, vibrant d'une sincérité presque touchante, offre une balance bienvenue ramenant Bill sur un terrain plus nuancé.

Dans cette perspective, il faut saluer la conclusion menée de main de maître, occasionnant une empathie émotionnelle rare. En effet, si Bill obtient la nomination tant recherchée, il en saisit en même temps le prix à payer. Le tiraillement entre ambitions professionnelles et institution familiale apparaît désormais flagrant, même pour lui. Et le contraste entre l'euphorie de ses supporters et la contemplation des ruines de sa famille offre une scène finale où la joie et la détresse fusionnent, laissant le téléspectateur sans voix devant une telle intensité.

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Bilan : Un épisode magistral, laissant presque sans voix par moment, où la famille Henrickson implose sous nos yeux, mais parvient à revenir à un équilibre précaire en guise de conclusion. La série utilise l'hypocrisie de Bill, que ce dernier semble incapable de reconnaître, pour parvenir à un contraste étonnant, celui d'un personnage paradoxal en mesure de prendre le téléspectateur de court avec son émouvante prise de conscience finale. Big Love est, comme toujours, placée sous le signe d'une ambiguïté presque déconcertante, mise en scène avec intelligence et nuances suivant une versatilité subtile.


NOTE : 9,5/10

06/02/2010

(US) Big Love : The Mighty and Strong (saison 4, épisode 4)


La semaine dernière, malheureusement prise aux pièges d'un emploi du temps fatal où les journées ne font que 24 heures, je n'avais pas eu l'occasion de revenir sur le troisième épisode de cette saison 4. Non qu'il ait été moins intense que le précédent : j'ai trépigné, applaudi, crié devant mon petit écran, comme seul Big Love parvient à me faire réagir. Reste que, avec l'épisode de dimanche dernier, cela semble se confirmer que cette nouvelle ("si brève !" se lamente-t-on) saison entend reproduire le même schéma de construction que l'an passé : chaque épisode paraît marquer le franchissement d'un nouveau palier franchi, allant toujours plus loin dans l'intensité, les émotions et l'extrêmité de certaines situations qui laissent le téléspectateur sans voix, entre effarement devant le contenu dépeint et émerveillement devant le chef-d'oeuvre s'animant devant lui. Si je suis vite à court de superlatifs lorsque j'évoque Big Love, il y a quelque chose d'incroyablement grisant à suivre, chaque semaine, une série qui repousse quotidiennement ses limites ; qui ne capitalise pas sur ses acquis, mais qui continue de surprendre, réussissant à exercer une véritable fascination sur le téléspectateur.

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Si l'on devait condenser en une simple phrase la portée de cet épisode 4, je pense que cela serait celle-ci : la fin des dernières illusions de légitimité de Bill. Le personnage a toujours été ambitieux, doté d'une capacité hors du commun à interpréter les faits à son avantage et à donner l'impression de porter le poids du monde sur ses épaules. Mais, bien plus que les autres hommes de Juniper Creek, Bill est, en bien des aspects, plus dangereux, plus pernicieux. En effet, ce qui le caractérise, c'est son hypocrisie. A la différence de J.J. ou Roman, par exemple, qui assument et revendiquent ce qu'ils sont, Bill se cache derrière une fausse apparence de bon père de famille, mettant en scène sa respectabilité et sa responsabilité, alors que sous la surface, il conserve et applique, plus ou moins ouvertement, les mêmes principes de vie qui ont cours dans la communauté.

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Le fait qu'il régisse de façon centralisée et autoritaire sa petite famille a toujours été une des bases de la série. Sa dernière lubie, se lancer en politique, a parfaitement illustré la façon dont les décisions se prennent chez les Henricksons, laissant les épouses interdites et Bill n'attendant que leur soutien. Cependant, avec ce quatrième épisode, nous sommes passés à un degré supérieur. En effet, il s'agit de faire face aux conséquences du "qui pro quo" ayant eu lieu au cours de l'émission de Margene, où Ben a été présenté comme son petit ami. Entre regards de travers, gênes non formulées, cette storyline est vraiment bien bien traitée. Plus que l'inceste sous-jacent, ne touche-t-on pas là à la limite même de la vie polygame, à cette réification des femmes que cela entraîne ? Le dîner où Nicky, ignorant ce dernier développement, s'énerve toute seule contre le projet de J.J. d'épouser sa mère, offre un parallèle symbolique particulièrement révélateur de ce caractère très malsain : l'ex-mari qui épouse son ancienne belle-mère, est-ce bien différent de la situation de Ben et Margene ? L'illusion de civilisation et de modernité de la famille n'achève-t-elle pas de s'effriter toute seule, face à la réalité ?

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Car les scénaristes nous conduisent bien plus loin dans ces eaux dangereuses. Bill apprend l'existence du baiser entre les deux jeunes gens, et soudain, tout le flirt des dernières saisons revient dans les mémoires. Initialement, Ben présente une version des faits où il est le seul responsable, cherchant à dédouaner Margene. Cette même Margene qui lui a pourtant avoué des sentiments la nuit auparavant. Si ce n'est qu'un bénin crush d'adolescent, Bill n'explose pas tout de suite ; il se contente de prononcer des sentences avec son air habituel de supériorité. Mais Margene ne peut se résoudre au mensonge et dans une scène bouleversante, où Ginnifer Goodwin est absolument magistrale, la jeune femme avoue qu'elle est celle qui a initié le baiser. C'est alors que la perspective de Bill change complètement et qu'il révèle sa véritable nature. Il pouvait se montrer miséricordieux avec un gamin qui lui enviait ses conquêtes. Cependant, la confession de Margene érige soudain Ben en rival. Tous les schémas d'éducation assimilés dans sa jeunesse reviennent à la surface ; et Bill ne fait que les reproduire, sans recul et sans même pleinement les assumer à haute voix. La scène finale contient, en ce sens, une violence implicite inouïe. Ces quelques brèves phrases, prononcées sur un ton anodin, échangées entre le père et le fils, sont presque effrayantes. On perçoit pleinement le fossé qui les sépare désormais. En une économie de mots, sans en faire trop, Big Love nous offre une des scènes les plus glaçantes qu'elle nous ait jamais proposé. Magistral.

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En parallèle, l'intrigue de Sarah permet de rappeler un autre drame de la saison passée, alors qu'elle s'occupe du bébé de l'Indienne renversée par sa mère dans l'épisode précédent. Plus que le contenu de la storyline, touchante mais assez convenue, cette histoire permet surtout d'apprécier les bases bien plus saines et salutaires sur lesquelles est fondé le mariage de Sarah. Face à Bill qui apostrophe son mari pour qu'il ordonne à sa femme de rendre le bébé, le jeune homme remet magnifiquement son beau-père à sa place en soulignant que ce n'est pas ainsi que fonctionnent ses rapports avec son épouse. Instant jubilatoire pour le téléspectateur qui savoure la prise de distance ainsi imposée à Bill (*j'ai applaudis devant ma télévision*). Je suis vraiment contente que Sarah ait trouvé un mari qui la mérite, loin de la reproduction des modes de vie de Juniper Creek.

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D'autant que le réquisitoire à charge contre Bill ne s'arrête pas là. Face à ses ambitions politiques, se dresse un adversaire dangereux qui menace de les exposer comme polygames, avant même l'élection. Pour cela, des services financiers sont même envoyés à Home Plus pour faire une vérification des comptes. Ils y descellent une anomalie : la couverture d'assurances des autres épouses non-officielles et de leurs enfants. Cette preuve qu'il y a des polygames à Home Plus va être révélée au public. C'est alors que Bill, avec une solennité et une capacité à manipuler que n'aurait pas renié Roman, demande à Doug de se sacrifier, pour sauver sa propre image. Doug, l'ami fidèle, qui a tant dû subir pour suivre les différentes lubies de Bill, accepte de détourner les regards en révélant sa propre situation, pour épargner Bill qui prouve encore une fois à quel point il est prêt à tout pour satisfaire ses ambitions personnelles. N'envoie-t-il pas, sans sourciller, Nicky en infiltration dans le camp politique adverse, après les sermons auxquelles elle avait eu droit, l'an passé, lorsqu'elle avait fait la même chose pour son père ?

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Au-delà de ces lourdes réflexions sur la famille Henrickson - dont on se demande bien comment elle va pouvoir rester unie, tant tout apparaît si artificiel actuellement - , cet épisode 4 était encore une fois particulièrement dense, n'offrant aucun instant de répit. Les parents de Bill prouvent une fois de plus qu'ils sont incroyables, comme on les suit dans leur excursion frontalière pour chercher les oiseaux exotiques de Lois ; et la soeur de Cathy se révèle un peu plus comme un personnage à part entière qui, j'espère, continuera à être présente. J.J. bouge peu à peu ses pions, se tournant vers Joey et Wanda et laissant sous-entendre des ennuis prochains qui promettent... Et Big Love continue de passer à une allure folle ; chacune de ses scènes, de ses storylines, mériterait de se voir consacrer un passage de cette review. Je m'arrête ici arbitrairement, mais on ne le répètera jamais assez : cette série est un chef-d'oeuvre !

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Bilan : Un épisode magistral, d'une intensité et d'une densité uniques, qui sonne comme un réquisitoire à charge contre Bill, en soulignant ses contradictions, mal dissimulées derrière une hypocrisie de façade qui ne peut que glacer le téléspectateur. Bill n'est pas un "bad guy" au sens classique du terme. C'est un personnage à part dans le monde du petit écran, car c'est sous les apparences, derrière une attitude auto-justificative constante et rassurante, que se cache ses réelles motivations.

Bref, Big Love est juste la meilleure série actuelle du petit écran. Au-delà de l'extrême satisfaction qu'elle procure, je ne peux m'empêcher d'être un peu chagrinée : pourquoi si peu de reconnaissance pour ce véritable chef-d'oeuvre ?


NOTE : 9,5/10