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15/12/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 7

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Avec ce septième et avant-dernier épisode, Spooks nous livre un épisode aux bases toujours chancelantes concernant le vaste complot mondial qui se précise, mais d'une efficacité redoutable, alliée à une force émotionnelle rare, en ce qui concerne l'intrigue du jour. Si bien qu'en occultant ces faiblesses devenues structurelles en cette saison 8, j'ai vraiment passé un très bon moment devant cet épisode.

L'histoire du jour se concentre sur la préparation d'une attaque anti-musulmane par une cellule isolée de "nationalistes" hindous, dont le MI-5 ignorait jusqu'à l'existence, avant que le responsable des services secrets pakistanais ne les en informe, au dernier moment, après avoir perdu son agent principal qui assurait la surveillance de ce groupe. Derrière la couverture d'une équipe de football, un homme, Dhillon, a rassemblé autour de lui quelques jeunes qu'il entraîne dans son désir de vengeance contre cette communauté religieuse. C'est l'agression de sa fille, quelques mois plus tôt, qui a déclenché cette poussée de haine, jusqu'à envisager la réalisation d'un projet d'attaque ; même si ceux qui tirent réellement les ficelles rend le tableau d'ensemble bien plus complexe, que pensé initialement. Les Pakistanais doivent leurs renseignements à un jeune homme de 17 ans, Ashok, musulman, mais ayant un nom hindou, qui a découvert cette cellule, par hasard, par le football. Pressé par le temps, le MI-5 va se retrouver forcé d'exploiter cette seule source d'informations.

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C'est dans la gestion de cette storyline que l'épisode va se révéler passionnant et diablement bien mené. Contraint de réagir dans la précipitation, le MI-5 ne peut dépendre que d'Ashok. Or, voici un jeune homme, tout juste sorti de l'adolescence, propulsé dans le monde de l'espionnage, devant continuer une mission d'infiltration périlleuse, où il risque sa vie s'il venait à être découvert. L'acteur incarnant Ashok parvient vraiment à laisser transparaître le conflit et les craintes qui l'assaillent. Effrayé, mais toujours solide, il se révèle très impressionnant ; et le téléspectateur s'implique immédiatement dans son histoire, craignant réellement pour sa vie (les habitudes sacrificielles de Spooks étant bien connues).

A côté de cette intensité émotionnelle, la froideur de Lucas offre un contraste saisissant. Il faut avouer que les deux agents de terrain phare du MI-5, Ros et Lucas, atteignent actuellement des sommets en terme de détachement, fonctionnant dans un système où la fin justifie les moyens, et où le raisonnement quantitatif (de victimes potentielles) l'emporte sur toutes considérations pseudo-morales ou bien pensantes. Heureusement, ce bannissement de tout sentiment n'a pas encore affecté tout le personnel de la section D. Ruth exprime encore ses doutes et n'hésite pas à se faire le porte-parole du téléspectateur, en apportant une vision plus humaine. De plus, c'est aussi l'occasion d'utiliser, dans ce registre, Tarik, seul agent à n'avoir pas encore perdu cette innocence des débuts. Je chéris sans doute plus que de raison ces quelques instants d'humanité, mais c'est une touche qui n'a jamais été absente de Spooks, en dépit des épreuves. Je ne veux pas que tous les personnages se coupent définitivement de ces préoccupations instinctives qui sont aussi une part d'eux-mêmes.
 
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Si l'intrigue du jour se révèle très riche émotionnellement, les références au complot mondial sont, elles, une nouvelle fois, amenées avec quelques grosses ficelles (cf. la clé usb de Sarah), peinant à crédibiliser le toutélié tenté par les scénaristes. C'est une constance de la saison qu'il est sans doute inutile de répéter ; mais, la volonté de distiller des éléments d'une trame globale tout au long des différents épisodes aura quelque peu affaibli cette intrigue, qui, jusqu'à présent, a très peu versé dans la subtilité et n'a jamais manqué d'utiliser des facilités de scénario à l'opportunité discutable. Cependant, cela n'était pas trop gênant dans ce septième épisode, car il permettait de classer ce problème dans un coin de sa tête et d'apprécier pleinement l'épisode sans arrière-pensée, pour passer un très bon moment.
 
Il reste que les dernières pièces se sont mises en place pour un final qui s'annonce explosif. Parmi les signes inquiétants, outre ces attaques coordonnées, l'arrivée du nouveau Home Secretary fait lever un sourcil suspicieux aux téléspectateurs paranoïaques (et, logiquement, à Harry). Il faut dire que le sériephile le regardera instinctivement avec méfiance : il est joué par Tobias Menzies (qui incarnait Brutus, dans Rome). Certes, Spooks a l'habitude de prendre à contre-pied nos attentes et je ne me risquerais pas au moindre pronostic, mais cela m'a paru comme un petit clin d'oeil sur le moment.
 
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Bilan : Épisode très prenant, construit d'une main de maître en dosant parfaitement action et émotionnel, il s'agit d'un des épisodes les plus solides de la saison concernant l'intrigue du jour. Du côté du complot mondial, l'imminence du péril se fait plus grande que jamais, même si l'ensemble est toujours amené de façon assez maladroite. Le final sera probablement éprouvant. Rendez-vous le 23 décembre.

NOTE : 9/10

13/12/2009

(K-Drama) Story of a Man / A Man's Story / The Slingshot : un face-à-face prenant


Le rendez-vous dominical asiatique de ce blog : je poursuis d'ailleurs mes explorations sud-coréennes, grâce aux programmes allégés de cette période pour les séries des autres nationalités. Cette semaine, j'ai ainsi commencé deux nouveaux dramas, tout en finissant celui dont je vais vous parler aujourd'hui, entamé il y a une quinzaine de jours.

Essayant d'avoir l'esprit ouvert et d'être organisée, je m'efforce d'alterner les différents genres pour tenter d'acquérir une (très partielle) vision d'ensemble des productions sud-coréennes. Par conséquent, après la comédie romantique et l'historique, je reviens aux fictions contemporaines à suspense avec Story of a Man (aka A Man's Story ou The Slingshot).

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Story of a man est une série diffusée sur KBS2, au cours du printemps 2009. Si elle a retenu mon attention, c'est tout autant pour l'intérêt suscité par la lecture de son synopsis, qu'en raison des bonnes critiques lues sur internet. Composé de 20 épisodes, ce drama, initialement basé sur un concept classique de vengeance, se détache des limites figées de ce genre pour acquérir progressivement une dimension supplémentaire, plus ambitieuse et très prenante.

La série s'ouvre sur le récit des évènements qui vont provoquer cette vendetta. A l'époque, Kim Shin est un jeune homme immature, vaguement irresponsable, incapable de garder un job sur le long terme et qui profite de la vie, aux crochets de son frère aîné. Ce dernier a repris et agrandi l'entreprise familiale, spécialisée dans l'alimentaire. Il s'agit d'une société solide, bien implantée sur ce marché. Or, un jour, sous le prétexte de faire un reportage sur l'industrie, un journaliste monte un sujet diffamatoire, dans lequel il les accuse d'utiliser des produits impropres à la consommation dans leurs recettes. Si une analyse des services d'hygiène les exonèrera quelques semaines après, le mal irréparable est fait. Leurs fournisseurs renvoient leurs produits, plus personne ne les achète, tandis que les banques réclament un remboursement immédiat. Contraint d'emprunter à des organismes peu scrupuleux, acculé de toute part, le frère finit par se suicider, laissant femme et enfants, criblés de dettes. Emporté par sa rage, Kim Shin se rend à la station de télévision, où il menace le journaliste, à ses yeux coupable, avec une arbalette. Condamné à trois ans de prison pour cette "tentative de meurtre", il reçoit, peu après son incarcération, la visite d'une jeune femme, Chae Eun Soo, venue s'excuser au nom de sa famille pour le tort causé à Kim Shin et aux siens. Eun Soo, bonté incarnée, a en effet pris l'habitude au fil des ans d'essayer de réparer les dégâts causés par la puissante entreprise familiale, Chae Dong Construction, qui a en réalité tout orchestré, à l'origine des évènements. Par la suite, la visite méprisante et glaçante du frère d'Eun Soo, Do Woo, achève de fortifier les projets de Kim Shin : il fera tomber Chae Dong Construction, pour venger la mort de son frère. Et ce, même si à l'époque, il n'a pas vraiment conscience de la difficulté de la tâche qu'il vient de s'assigner. Il mettra à profit ses trois années derrière les barreaux pour se faire des relations, au sein du grand banditisme, mais aussi avec un compagnon de cellule, surdoué des marchés boursiers, "Mazinger Hunter", dont l'aide lui sera précieuse par la suite. A sa sortie de prison, commence alors la réalisation de son objectif.

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Cependant, Story of a Man, ce n'est pas seulement un récit de vengeance. A ce fil rouge, viennent se greffer de multiples histoires humaines qui se mêlent les unes  aux autres, enrichissant d'autant la narration et sa portée. L'opposition véritable ne commence d'ailleurs réellement qu'à la mi-saison, après une douloureuse, mais nécessaire, phase d'apprentissage, où Kim Shin et l'équipe qu'il a regroupée autour de lui doivent tout d'abord reconnaître qu'ils ne jouent pas dans la même catégorie que Chae Do Woo, à qui ils n'ont rien à apprendre en terme de machiavélisme et de manipulation. Ainsi, nous assistons progressivement à une lente maturation du "héros", qui tire les leçons de ses échecs et prend la mesure de son ennemi intime. A la naïveté, teintée d'amateurisme, des plans initiaux, succèdent des projets plus ciblés et plus assurés. Cependant, les scénaristes n'isolent pas leurs personnages dans leur guerre, choisissant astucieusement de faire évoluer le "lieu de la bataille" : initialement partie sur le terrain des petites escroqueries et de la spéculation boursière, la série nous conduit jusqu'au projet de construction de complexes immobiliers, dans lesquels se trouve le rêve d'une nouvelle ville de Chae Do Woo. Les armes changent. De nouveaux drames humains viennent se greffer à l'intrigue. Mais il y a également des victimes collatérales dans cet affrontement. Les enjeux se troublent donc peu à peu.

Story of a Man nous raconte donc le développement, et le progressif renversement, des rapports de forces entre les deux personnages principaux. Si, initialement, la haine de Kim Shin est unilatérale, Chae Do Woo le considérant tout au plus comme une vague nuisance pathétique, un changement s'opère peu à peu. La série atteint une intensité supérieure lorsqu'elle entre dans cette phrase d'opposition réelle, où chacun a reconnu en l'autre son ennemi personnel. Ce choc est bien décrit et happe vraiment le téléspectateur. La prise d'assurance de Kim Shin offre finalement à Chae Do Woo un adversaire (presque) de son envergure ; et au bout du compte, c'est ce fameux aspect humain trop négligé, c'est-à-dire les sentiments, qui va jouer un rôle déterminant de déstabilisation.

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Outre l'efficacité de ses intrigues, la richesse des personnages constitue un des atouts majeurs de la série. Leur caractérisation fouillée, se nourrissant d'ambivalences, confère au récit une dimension supplémentaire. L'ensemble est bien servi par un casting très solide, où les acteurs, restant sobres tout en jouant dans des registres très différents, permettent de souligner les spécificités de chacun des personnages.
Dans l'affrontement principal dont Story of a Man raconte l'histoire, les deux acteurs exploitent parfaitement leur opposition de styles. J'ai été impressionnée par la prestation de Kim Kang Woo (Bicheonmu) qui incarne de façon fascinante, et pleine de complexité, Chae Do Woo, l'adversaire du héros. Il parvient à dégager un détachement tel avec l'extérieur, accompagné d'une maîtrise de soi de tous les instants, qu'il en est glaçant, tout autant qu'étrangement magnétique. Au fur et à mesure que la vendetta, dont il est la cible, le déstabilise, de nouveaux aspects de sa personnalité, plus ambivalents, se révèlent, ajoutant au mystère que constitue ce personnage. Son opposant, Kim Shin (Park Yong Ha), joue quant à lui dans un registre plus feutré ; une sorte d'anti-héros que les circonstances vont pousser à mûrir et à prendre, enfin, les responsabilités qu'il avait toujours fuies. Park Yong Ha (Winter Sonata, On air) est convaincant (et craquant) dans ce registre du personnage tour à tour naïf, impulsif, mais toujours attaché à ses principes, qui va apprendre et acquérir la stature nécessaire pour affronter Chae Do Woo. L'opposition est d'autant plus exacerbée que ces deux protagonistes principaux constituent vraiment l'antithèse l'un de l'autre, dans leurs rapports aux autres comme dans leur conception de la vie.

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Du côté des deux rôles féminins majeurs, il y a une forme de passage de relais qui semble s'opérer à mi-saison. Nous avions commencé la série avec en lumière Seo Kyung Ah, belle femme au fort caractère, dont les ambitions d'ascension sociale étaient déjà clairement affichées. Alors qu'elle se mue progressivement en femme fatale, son association avec Chae Do Woo va peu à peu affaiblir le personnage, tout en lui permettant de toucher au but qu'elle s'était fixée. Elle était celle qui prenait, sans s'embarrasser des autres, elle finit par se retrouver dans la peau de la demanderesse, qui dépend de son riche amant, non plus financièrement, mais sentimentalement. Sa consécration apparente scelle aussi la fin de ses illusions ; ainsi qu'une re-évaluation de ses priorités. Tandis que, parallèlement, la douce Chae Eun Soo, la soeur de Do Woo, initialement infantilisée par un entourage qui l'instrumentalise, va elle suivre le chemin de l'émancipation de cette tutelle, pour découvrir de nouveaux horizons. Presque symboliquement, l'une perd sa liberté, au moment où l'autre l'acquière. Même si j'ai eu un peu de mal à me faire à Han Yeo Woon (Chae Eun Soo), elles vont se révéler, avec Park Si Yeon (My Girl), toutes les deux efficaces dans leur rôle.
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Une galerie de personnages plus secondaires, mais tout aussi nécessaires à l'équilibre de la série, complète ce casting. Kim Shin se découvre en effet des alliés de poids dans sa bataille contre Chae Do Woo, qui ne manque, au demeurant, pas d'ennemis. Du touchant Park Ki Woong, qui incarne Ahn Kyung Tae (aka Mazinger Hunter), un jeune surdoué des milieux boursiers souffrant d'une certaine forme d'autisme, jusqu'au déterminé et toujours très posé Do Jae Myung (Lee Philip, qui s'amuse à alterner entre anglais et coréen), un avocat élevé aux Etats-Unis, en passant par l'ancien escroc rangé, mais toujours pragmatique, Park Moon Ho (joué par Lee Moon Shik), les scénaristes prennent vraiment le temps de s'investir dans chacun d'eux. Leur personnalité s'affine, évolue au fil des épisode.
De façon générale, Story of a Man soigne particulièrement la construction des relations entre ses personnages, les approfondissant et les nuançant, ce qui apporte une dimension très humaine à la série, et qui, somme toute, lui confère une âme. Ce n'est pas un simple drama à suspense, qui miserait tout sur son intrigue principale, en négligeant de compléter cet univers. Ici, les liens d'amitié, d'amour ou de haine, qui unissent et désunissent les différents protagonistes, sont toujours intenses, mais sans excès. Ils ne sont pas non plus figés ; cela donne une vraie vitalité à l'ensemble.
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Bilan : Se déroulant dans une ambiance sombre, plutôt pessimiste, Story of a man est une série prenante et intelligente, qui exploite parfaitement les codes de son concept initial de vengeance, tout en étant en mesure d'atteindre une dimension supplémentaire, grâce à la richesse de ses personnages et aux ambiguïtés sur lesquelles joue son écriture. Une fois les deux-trois premiers épisodes de mise en place passés, il est difficile de décrocher d'un drama qui devient de plus en plus addictive, au fur et à mesure que les intrigues se complexifient et que les sentiments viennent se mêler à ces règlements de compte personnels.
Si bien que non seulement j'ai trouvé cette série bien écrite et efficace, mais je l'ai aussi beaucoup aimée, l'histoire comme le casting, ayant passé un très bon moment devant mon petit écran. Je conseille donc fortement cette découverte.


NOTE : 8,5/10

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Quelques images avec, en fond sonore, la chanson de clôture des épisodes :

12/12/2009

(UK) Party Animals (La jungle du pouvoir) : glamour and politics


A moins que vous n'ayez émigré sur Mars (encore que, cette affirmation elle-même peut être discutable) ou que vous ne vous soyez imposé un embargo de toutes nouvelles en provenance d'outre-Manche, il est difficile d'échapper au buzz (doux euphémisme) orchestré par la BBC, autour de Doctor Who, qui bat son plein en ce mois de décembre... David Tennant est en lice pour le record du nombre de unes de magazines et de participations à toutes les émissions possibles et imaginables en Angleterre, afin de promouvoir sa propre mort. Ou plutôt celle de Ten. Car, le 1er janvier 2010, nous allons ouvrir l'année avec un nouveau docteur. Le Onzième du nom. L'annonce du nom de l'acteur s'apprêtant à l'incarner a été faite il y a près d'un an, suscitant divers débats et interrogations. Matt Smith, semi-inconnu, jeune acteur de 27 ans, manque surtout singulièrement de références, empêchant qu'on puisse déjà se faire une idée sur lui. La question se posait avec une telle acuité qu'il existe même un site consacré à sa réponse : whoismattsmith.com.

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Pour résoudre le mystère, en téléphage appliquée, une fois la nouvelle connue, je me suis penchée sur sa fiche imdb afin d'étudier la maigre filmographie qui s'y trouve. Un rôle dans un épisode de The Sally Lockhart Mysteries et une apparition furtive dans Secret diary of a call-girl se sont chargés de lui faire rencontrer Billie Piper (rituel préalable obligatoire) ; un autre passage fugace dans The Street ; enfin, un personnage plutôt secondaire dans une mini-série oubliable l'hiver dernier, Moses Jones... Bref, rien qui permette de se former un jugement sur l'acteur lui-même. Dans la liste, seule une série sympathique, diffusée au cours de l'hiver 2007 sur BBC2, retient vraiment l'attention : Party Animals (proposée par une chaîne d'Orange en France, sous le nom La jungle du pouvoir). Elle est composée d'une saison unique, comptant huit épisodes, au cours desquels Matt Smith tient un des rôles clés, au sein d'une solide distribution 3 étoiles. On retrouve en effet à ses côtés, notamment, Andrew Buchan (The Fixer, Garrow's Law), Andrea Riseborough (The Devil's Whore), Patrick Baladi (No heroics, Mistresses, The Office UK), Shelley Conn (Dead Set, Mistresses).

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Party Animals est une dramédie rythmée, plutôt enjouée, qui nous plonge dans les coulisses du Parlement britannique de Westminster. Ne s'étant pas fixée pour mission de faire oeuvre de pédagogie, elle se concentre principalement sur sa galerie disparate de personnages ; les intrigues politiques constituant plutôt une toile de fond, prétexte à des retournements de situation, mais dont seules les grandes lignes sont esquissées. Dynamique mais souvent désordonnée, la série navigue entre les genres, mettant plusieurs épisodes à trouver son équilibre : entre moments lourds, passages tendant plus vers la comédie et sorte de pseudo-soap clinquant, Party Animals devient peu à peu un divertissement attachant, dont le ton d'ensemble se révèle finalement assez léger. Ainsi, si elle baigne dans la politique, cet aspect s'efface derrière l"importance des rapports entre les différents personnages ; en effet, mêlant, dès le départ, coeur et travail, le relationnel finit par jouer un rôle prépondérant dans la série. C'est pourquoi l'intérêt de Party Animals ne réside pas tant dans son portrait superficiel, voire caricatural, des moeurs politiciennes modernes, que dans l'attachement que le téléspectateur développe pour ces personnages.

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Souvent stéréotypée dans ses storylines, parfois excessive dans ses mises en scène, la série conserve une distance salutaire avec son sujet, exploitant parfaitement la carte "glamour & politics" qui constitue son concept de départ. L'ambiance reste donc dans l'ensemble frivole, à quelques exceptions près, s'inscrivant dans la lignée des dramédies modernes. Si son cadre lui confère un dynamisme attrayant certain, c'est grâce à ses personnages que Party Animals parvient véritablement à séduire le téléspectateur. Nous suivons deux représentants de la Chambre des Communes et leur staff, un conservateur, l'autre travailliste, ainsi qu'une agence de lobbying, dans les coulisses agitées du Parlement britannique. Tous sont des trentenaires ambitieux ; ce qui va permettre à la série d'utiliser, dans leurs intéractions, les codes scénaristiques de comédies sentimentales, tout en conservant une légèreté toujours entretenue. Les personnages très diversifiés se révèlent surtout sympathiques. La série en profite également pour renouveler l'image des conservateurs, notamment en terme d'exposition des minorités. Logiquement portée par son très solide casting, Party Animals offre à Matt Smith un rôle énergique de jeune homme obstiné, qui n'a pas renié ses idéaux, au cours duquel l'acteur m'a convaincue de son potentiel à incarner le Docteur, notamment grâce à cette hyperactivité qu'il parvient à faire passer à l'écran.

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Bilan : Party Animals est une dramédie vivante, souvent désordonnée, sans prétention, qui joue sur une ambiance de fausse comédie sentimentale. Sa force réside dans sa capacité à se rendre attachante. En effet, elle mise sur l'aspect humain, sans chercher à pleinement exploiter le cadre politique, plutôt toile de fond et prétexte à la mise en scène des relations entre les personnages ; ce qui débouche donc sur des intrigues politiciennes souvent clichées. Mais, avec une énergie communicative jamais démentie, Party Animals remplit cependant efficacement sa mission de divertissement, à des lieux du classique ton corrosif que l'on retrouve souvent outre-manche.

Il ne faut donc pas qu'il y ait confusion : si vous êtes intéressé par une vision britannique moderne de la politique, vous ne trouverez pas satisfaction dans Party Animals. Essayez plutôt une série telle The Tick of it. En revanche, si vous recherchez un cocktail détonnant, parfois maladroit, mais toujours dynamique, entre politique et comédie sentimentale, Party Animals pourra vous faire passer un moment agréable.


NOTE : 7/10


Quelques extraits du premier épisode :

11/12/2009

(Pilote US) Men of a Certain Age : des quadragénaires à un tournant de leur vie


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La lecture du synopsis de Men of a Certain Age n'avait pas éveillé chez moi d'intérêt particulier. La chaîne américaine TNT se proposait de nous offrir une chronique du quotidien, centrée sur un trio d'amis post-quadragénaires, qui arrivent à un stade de la vie où on commence à dresser un premier bilan. A partir d'un tel concept de base dépourvu de toute valeur ajoutée scénaristique, il était difficile de savoir à quel type de fiction s'attendre. Le ton choisi pour la narration serait déterminant.

Déstabilisé par l'extrême platitude du pitch, le sériephile, un brin circonspect devant le projet, disposait cependant d'un élément pouvant attirer son oeil de téléphage : il s'agissait du casting proposé. D'un naturel nostalgique prompt à apprécier des retrouvailles avec des têtes connues appréciées, le téléspectateur voyait sa curiosité piquée par la présence des trois acteurs principaux. Se retrouvaient pour partager l'affiche : le toujours très solide Andre Braugher (Homicide, Thief, Gideon's Crossing), le plus versatile Scott Bakula (Code Quantum, Star Trek : Enterprise) qui éveille  toujours en moi la douce réminescence de mes rêves adolescents de voyages temporels, et enfin le plus controversé Ray Romano (Everybody loves Raymond), dont j'avoue n'avoir jamais supporté ce cher Raymond, et qui est à l'origine de la série... Dans ce premier épisode, les trois font preuve d'une sobriété louable. Leur jeu s'accorde parfaitement avec la simplicité du ton employé.

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Car, sur le fond, le pilote de Men of a certain Age se révèle finalement plus inspiré que les caricaturales premières images ne le laissaient présager. En effet, l'épisode parvient à installer une ambiance sur laquelle flotte une impression d'authenticité dosée et finalement prenante qui invite le téléspectateur à s'immerger dans les vies qui lui sont relatées. Cette atmosphère est nécessaire pour maintenir notre attention, tant la série se présente avant tout comme la narration d'un quotidien qui revendique sa banalité, ne cherchant à mettre en scène ni excentricités exotiques, ni grande storyline qui modèlerait le récit. Ainsi, la fiction se complaît dans une simplicité travaillée, sans jamais tomber dans les excès ou la vulgarité. Si bien que, même si ce pilote n'est pas exempt de défauts, à commencer par son intensité et son rythme plutôt inégaux, ce qui marque, c'est la façon dont l'épisode parvient à tomber si juste dans quelques scènes qui sont quasi-parfaites. L'histoire de quadragénaires qui arrivent à un carrefour dans leur vie, mais qui refusent de se laisser aller et décident de se reprendre en main, cela n'a rien de glamour a priori. Mais la force de cette chronique humaine, riche en détails, en instants a priori insignifiants, réside dans cet capacité à sublimer ces moments-là, par leur contexte et grâce au ton employé, une alternance constante quasi-schizophrène entre drame pur et dramédie plus légère.

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En fin de compte, si je devais éclairer un seul aspect du pilote qui mériterait votre curiosité, ce serait la mise en scène des relations entre les trois personnages principaux.  Loin des stéréotypes classiques, nous est décrite une amitié assez rafraîchissante. De vieux amis, très différents, qui se comprennent sans vraiment y penser. C'est un lien solide, forgé par le temps et les expériences en commun. Bref, trois hommes qui sont confortables les uns avec les autres, mais pour lesquels l'amitié équivaut surtout à des moments de détente, loin des soucis du boulot ou de la famille. Cela reflète bien, de façon assez inspirée, la volonté de simplicité des scénaristes.

Dans cette même perspective, collant à leur souci de réalisme, la réalisation s'emploie à créer une image sans éclat, presque fade, qui s'accorde parfaitement avec le récit. Quelques chansons plutôt bien choisies agrémentent l'épisode, sans excès.

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Bilan : D'une sobriété et d'une simplicité qui sonnent étonnamment juste, Men of a Certain Age propose un pilote qui, en dépit de la banalité apparente de son sujet, parvient à éveiller l'intérêt du téléspectateur grâce à cette authenticité. Non dénué de certains défauts de rythme, et bien qu'il n'évite pas quelques clichés, l'épisode apparaît comme une chronique très humaine. Il ne semble pas avoir encore définitivement choisi de ton, ou bien cherche-t-il encore son équilibre ; on passe ainsi de moments de vrais dramas, avec l'exposition des tracas agrémentant les vies des personnages principaux, à des moments plus légers, teintés d'un humour noir corrosif qui prête souvent à sourire.

Men of a Certain Age dispose donc d'un potentiel intéressant. Pour retenir sur le long terme l'attention du téléspectateur, tout dépendra cependant de sa capacité à ne pas se perdre dans un concept trop commun.


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce :


Le générique :


10/12/2009

(UK) Spooks (MI-5), series 8, épisode 6

Un nouvel épisode de Spooks qui s'inscrit dans la droite ligne de cette saison 8 ; efficace, sans que le lien unissant les storylines paraisse suffisamment convaincant, laissant quelque peu les téléspectateurs sur leur faim. A nouveau, la grande trame globale autour de la réunion de Bâle est mêlée à une intrigue du jour financière qui se situe bien dans l'air du temps.

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En effet, la série prend une résonnance très actuelle, cette fois-ci, en nous plongeant dans les arcanes du système bancaire. L'Angleterre se trouve en effet sous la menace de faire faillite, incapable de rembourser sa dette nationale, à moins qu'elle ne récupère des liquidités très rapidement. Pour cela, elle compte se servir d'un ancien employé d'une banque très importante, qui a dérobé les coordonnées et informations bancaires de clients "suspects". Mais de nombreuses personnes ont intérêt à le faire taire ; l'apprenti escroc se retrouve propulsé au coeur d'une course-poursuite, où tueurs à gage et MI-5 le recherchent activement. Cette storyline permet d'explorer superficiellement les états d'âme de Ros, toujours marquée par la mort de Jo. C'est un traitement en surface, car l'épisode ne se pose jamais vraiment, n'offrant pas de réelles scènes d'introspection. Cependant, une chose est sûre, Ros va mal : effrayer le dirigeant de la banque en allant jusqu'à le pendre à moitié pour qu'il avoue ses malversations et le rôle de sa société dans les évènements, cela ne figure pas les manuels de méthodes légales du MI-5. Voilà qui n'augure rien de bon pour la suite.

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Parallèlement, la conspiration pour changer l'ordre mondial prend peu à peu son importance, à mesure que la fin de saison se rapproche. Le MI-5 découvre progressivement toute l'étendue de l'implication de Sarah ; et, grâce à l'enquête financière, met à jour l'existence d'un ancien compte de la CIA, approvisionné de façon très conséquente, dont l'agent de la CIA est la responsable. Un compte prévu pour soutenir les actions de ceux qui étaient présents à la désormais fameuse réunion de Bâle. Encore une fois dans cette saison, Spooks refuse de rester dans l'expectative et préfère brusquer l'avancée des évènements : ainsi Lucas est-il autorisé à aller parler à Sarah pour essayer d'obtenir des renseignements et cerner ses motivations. La confrontation se termine quelque peu en queue de poisson, nous laissant avec une certaine frustration. Cela va très vite, trop vite..., et le téléspectateur conserve l'impression d'un certain manque d'homogénéité récurrent dans la gestion des intrigues.

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Dans la même optique, l'épisode propose un traitement des personnages où le manque de personnel au MI-5 se fait sentir. Tout en se concentrant sur Ros, et la façon dont elle tourne cette enquête en une affaire personnelle, l'épisode est aussi l'occasion de nous introduire aux talents de hacker de Tariq, en le mettant un peu plus en lumière. Ce nouveau venu, depuis deux épisodes, s'est bien intégré dans la dynamique d'ensemble de l'équipe ; une recrue donc efficace. Mais c'est un allié hors du MI-5 que le service perd en la personne du Home Secretary. S'ils peuvent sauver l'économie britannique, ils ne vont rien pouvoir faire contre la publication de photos compromettantes, a priori probablement trafiquées, qui présentent le ministre aux côtés de membres de la mafia, à laquelle s'ajoute la découverte d'un compte approvisionné à millions dans la banque qui concentre leurs efforts du jour. Le Home Secretary se voit contraint de démissionner. Mais dans la perspective de la conspiration de Bâle, ce départ entraîne une toute autre conséquence : le ministre était celui qui avait informé Harry de cette réunion. Dans le cadre de cette enquête officieuse, il était, somme toute, le seul allié d'un MI-5 qui se retrouve soudain très isolé, ne pouvant compter que sur ses seules ressources et ne sachant à qui accorder sa confiance. Tout dépendra probablement de son remplaçant, mais cet Home Secretary fut un des rares politiciens à avoir gagné l'estime de Harry.

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Bilan : Le puzzle de l'intrigue de conspiration mondiale se complète peu peu, dans un épisode plaisant à suivre, mais qui nous laisse un léger goût d'inachevé, avec l'impression que ses intrigues auraient pu être mieux exploitées. Il reste que si le MI-5 saisit mieux l'étendue du complot, ils ont perdu tout effet de surprise et se retrouve très isolé en Angleterre même, où leur seul appui extérieur a dû quitter son poste. La confrontation s'annonce d'autant plus dure.


NOTE : 7/10