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23/01/2010

(US) Sleeper Cell : incontournable série sur le difficile thème du terrorisme

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France 4 a débuté en ce mois de janvier la diffusion d'une des plus abouties séries de la chaîne câblée américaine Showtime, courte avec seulement 2 saisons, mais incontournable : Sleeper Cell. Composée de 18 épisodes au total, mettant en scène un solide casting, avec notamment Michael Ealy et Oded Fehr, sa première saison fut diffusée au cours du mois de décembre 2005 aux Etats-Unis.

Sleeper Cell appartient à ces fictions post-11 septembre qui ont entrepris de traiter du terrorisme, et plus globalement des peurs qu'il engendre. Pourtant, à partir de la thématique classique des cellules terroristes dormantes, la série s'est d'abord imposée par le contraste offert. Alors qu'en début d'année 2005, la Fox proposait ce qui allaient sans doute être les heures les plus noires (en terme de message véhiculé à l'écran) de la série 24, en creusant l'image d'un terrorisme familial, caricatural à outrance, prompt à faire basculer vers une paranoïa irréfléchie, Showtime allait opter pour un angle de narration radicalement différent sur un sujet pourtant similaire. Nul besoin, ici, de diffuser, durant la pause publicitaire, un message "apaisant" pour rappeler aux téléspectateurs que les musulmans américains condamnent également le terrorisme, comme cela avait été le cas pour 24.

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Construite initialement pour une saison, Sleeper Cell propose donc un arc complet, se suffisant à lui-même, au cours de ses 10 premiers épisodes. La saison 2, faisant office de suite, tout en allant au-delà du concept de départ, sans être aussi réussie que la première, ne dépareillera pas l'ensemble.

La série met en scène l'agent du FBI, Darwyn Al-Hakim (Michael Ealy), qui reçoit la mission d'infiltrer un réseau terroriste dormant, et plus précisément une cellule islamiste, infiltrée aux Etats-Unis et constituée autour d'un leader d'origine saoudienne, Farik (Oded Fehr). Ce groupe, que la première saison va nous présenter, capte immédiatement l'attention du téléspectateur par sa diversité, tant pour les origines nationales de chacun des membres, que pour leurs parcours personnels. Ce n'est pas un portrait uniforme et unidimensionnel qui nous est proposé. L'extrémisme mis en scène n'est pas uniforme, les motivations sont très différentes. En cela, il s'agit d'un des atouts majeurs de la série : de se détacher de toute idée préconçue pour dresser des portraits ambivalents, loin des simples clichés, avec une cellule composée, donc, d'un Saoudien, d'un Bosniaque ayant vu sa famille massacrée par les Serbes lors de la guerre, d'un Français, ancien skin-head converti à l'Islam, et d'un Américain de classe relativement aisée, désabusé par son pays et qui a trouvé un nouveau sens à sa vie. Cette volonté de se tourner vers l'international, de ne pas s'enfermer dans les stéréotypes, est presque ressenti comme une bouffée d'air frais par le téléspectateur, qui peut suivre sans arrière-pensée l'efficace déroulement des évènements de cette fiction polyglotte.

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Sleeper Cell alterne de façon convaincante des phases d'action et d'attente, sur fond de tension psychologique constante, usant les personnages comme le téléspectateur. Fiction à suspense, elle reprend à son compte les ressorts scénaristiques classiques de ce genre : la mission d'infiltration de Darwyn satisfera pleinement tous les amateurs de récits d'espionnage, mêlant paranoïa nécessaire et enquête policière, entrecoupées de scènes chocs et de passages particulièrement tendus. Cette série doit être visionnée par un public averti ; le premier épisode donne d'ailleurs immédiatement le ton : le téléspectateur assiste à l'exécution d'un traître, par le biais d'une glaçante mise à mort par lapidation. Mais si les intrigues de fond constituent une réussite, ce n'est pas là que réside la particularité de Sleeper Cell. En effet, ce qui rend son visionnage incontournable, c'est que grâce au recul et à la distance qu'elle est capable de prendre par rapport à son difficile sujet, elle se démarque radicalement de nombre de fictions sur le terrorisme, bâclées et ayant trop souvent cédé à une facilité en bien des aspects condamnables.

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Sleeper Cell n'est pas une énième série sur le terrorisme. Au fil des épisodes, les scénaristes ne se cantonnent pas uniquement dans une optique sécuritaire, à travers la préparation des attentats. La série esquisse, certes modestement, mais avec une volonté louable et plutôt bien inspirée, des questions plus complexes, moins évidentes. Parmi les thématiques abordées, il y a par exemple celle de la religion, de son instrumentalisation idéologique, nationaliste, ou encore guerrière, par des individus s'en réclamant. A plusieurs reprises, la série rappelle que cette "war against terror" n'est pas une guerre contre une croyance, comme certains la réduiraient de façon caricaturale, mais c'est une guerre au sein même de cette croyance. Ce combat est d'ailleurs symbolisé par la mise en scène de l'affrontement entre les deux figures centrales que sont Darwyn et Farik (mais se retrouve aussi dans des épisodes fondamentaux, comme Scholar (1.03)). Tous deux musulmans, intimement persuadés d'être dans le vrai, qui justifient des prises de position et des actes opposés, derrière un voile religieux qui porte le même nom.

De plus, Sleeper Cell est une série particulièrement riche et intéressante, non seulement pour les nuances et les ambivalences qu'elle n'hésite pas à dépeindre, mais aussi parce qu'elle n'impose jamais une vision manichéenne au téléspectateur. La caméra reste comme en retrait, se contentant de proposer des pistes de réflexion, refusant de trancher de façon péremptoire des problématiques bien trop compliquées pour relever d'un univers utopique où tout serait, ou tout noir, ou tout blanc. Il est nécessaire de dépasser cela.

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Bilan : Sleeper Cell est une des séries, abordant le difficile sujet du terrorisme islamiste, les plus réussies et abouties des années 2000. Offrant une vision nuancée, proposant des pistes de réflexion, tout autant que s'imposant comme un thriller efficace entre espionnage et enquête policière, elle demeure une oeuvre incontournable, à plusieurs niveaux de lecture pour le téléspectateur. A découvrir.


NOTE : 8,5/10


Le générique de la première saison :

 

Un extrait de la saison 1 (en VF) :

 

Commentaires

Un grand cru anglais et surtout l'anti 24 absolu !
Par contre, je n'ai jamais pu m'arrêter de penser à WISEGUY en la suivant.
D'ailleurs, il est préférable d'en cesser le visionnage après la saison 1... comme WISEGUY... ;)

Écrit par : Jérôme | 24/01/2010

Je suis la première chanter les louanges des britanniques, mais rendons à César ce qui est à César, Sleeper Cell est bien américain ; du câble, certes, mais quand même US. ^_^
(Et, en effet, un anti-24 en bien des aspects : ce qui prouve que l'on ne peut cataloguer l'ensemble de la production américaine dans un même sac. C'est en un sens très rassurant !)


Sinon, je ne connaissais pas du tout Wiseguy. Merci de m'aider à enrichir ma culture téléphagique ! Ca a l'air d'être une série potentiellement intéressante pour son concept d'infiltration. Mais j'espère qu'elle est plus convaincante que le dernier essai du genre que j'ai eu l'occasion de voir : Dark Blue, avec Dylan McDermott.

Écrit par : Livia | 24/01/2010

Au temps pour moi, j'ai toujours cru que c'était anglais (rouge de honte)...

Concernant WISEGUY, l'arc "Stellgrave" est (de très loin) le meilleur : brillant, tant dans l'écriture que dans l'interprétation (le regretté Ray Sharkey en tête) !
Ensuite, cela va du correct (Profitt, Polley) avec les talentueux Kevin Spacey et Fred Dalton Thompson, au pathétique (toute la 4ème et dernière saison, sans Ken Wahl, remplacé par le piteux Steven Bauer)...

Écrit par : Jérôme | 24/01/2010

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