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04/02/2010

(Mini-série UK) Blackpool : ovni musico-policier so british


Je progresse (lentement) dans mon visionnage de mes piles de DVD à découvrir. Au cours des derniers jours, j'ai fini une mini-série que je souhaitais voir depuis longtemps, Blackpool. Datant de 2004 (et comptant 6 épisodes), elle aiguisait ma curiosité tant en raison de son intrigant concept que pour son attrayant casting. C'est avec plaisir que je peux écrire que le résultat fut à la hauteur de mes espérances, cette fiction m'ayant offert quelques instants téléphagiques vraiment grisants.

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Ripley Holden (David Morrissey) est un entrepreneur à succès. Porté par sa folie des grandeurs, il rêve de transformer la ville balnéaire de Blackpool, dans le nord de l'Angleterre, en un Las Vegas britannique. Détenteur d'un casino, il a de grands projets pour l'étendre, notamment en lui adjoignant un grand hôtel. Mais, un jour, un cadavre est découvert dans son établissement. La victime, un jeune homme à la réputation loin d'être parfaite, allait prochainement se marrier. L'inspecteur Carlisle (David Tennant) est appelé en renfort à Blackpool pour enquêter sur cet homicide. Rapidement, il s'intéresse de très près aux Holden, soupçonnant instinctivement Ripley d'être lié à ce meurtre. Mais les choses vont se compliquer pour Carlisle quand il va commencer à interroger les autres membres de la famille.

A partir de cette base policière très classique, Blackpool va parfaitement exploiter un format réellement original, teinté de comédie musicale et développé dans une atmosphère décalée, qui va en surprendre plus d'un.

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En fait, face à Blackpool, le téléspectateur a un peu l'impression d'être tombé devant un étrange OVNI télévisuel : voilà un sentiment assez jubilatoire. Il s'agit d'une production dynamique qui ne se refuse rien en mêlant, avec une pointe de provocation et d'autodérision, les genres et les tons. Dotée d'une atmosphère clinquante pour le moins indéfinissable, où règnent les artifices, cette mini-série se complaît dans un superficiel accrocheur qui va finalement se révéler bien plus subtil et profond que la première impression pouvait le laisser penser. Elle est un hymne aux eszatz, aux "pseudos-genres", tant sur le fond que sur la forme. Son originalité ne réside pas dans les ingrédients utilisés - d'un classicisme parfois presque caricatural -, mais dans le coktail qu'elle ose réaliser en se les réappropriant pleinement. Initialement, tout semble n'être qu'apparence, brouillant les pistes pour échapper avec obstination à toute catégorisation. De ces nombreux excès - faux défauts, vraies maladresses, second degré volontaire... l'interprétation reste au choix du téléspectateur -, découle un univers digne d'une histoire de faussaire, comme dirait la chanson.

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Tout téléspectateur s'essayant à la classer dans un genre précis voit sa démarche vouée à l'échec. Serait-ce une une mini-série policière ? Certes. Mais l'enjeu de découvrir le meurtrier apparaît rapidement très secondaire, presque anecdotique. L'enquête devient alors avant tout prétexte à des confrontations personnelles et à des ajustements sentimentaux. Si bien que la fiction n'a bientôt de policière que la toile de fond, constante, mais que le téléspectateur laisse inconsciemment en retrait.

Serait-ce une comédie musicale ? Elle se dote à plusieurs reprises des accents les plus classiques, comme une forme d'hommage... mais la vraie chanson originale couvre toujours à moitié la voix des acteurs, donnant une étrange impression de faux play-back déroutante. Et pourtant, les scènes chantées demeurent un des atouts principaux de cette mini-série. Car ces moments frôlent à plusieurs reprises le génial, instants décalés carrément jubilatoires, qui vous donnent  une envie irrépressible d'applaudir devant votre petit écran. Le dynamisme est contagieux, le rythme prenant... Sans même s'en rendre compte, le téléspectateur se retrouve instantanément embarqué dans ces parenthèses loufoques et savoureuses auxquelles Blackpool doit tant.

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Pourtant, derrière tous ces faux-semblants et ce côté si brillant et voyant, Blackpool surprend par son évolution. En effet, au fil des épisodes, la mini-série acquiert une dimension plus humaine et l'écriture apparaît plus subtile, plus réfléchie. Elle révèle progressivement les ambivalences de personnages loin d'être unidimensionnels, cachées derrière des apparences stéréotypées. Les rapports entre les différents protagonistes bénéficient également d'un traitement plus soigné, qui sonne assez authentique, et les rend dans l'ensemble attachants. La mise en perspective la plus marquante est probablement celle de Ripley Holden, le propriétaire du casino, qui navigue initialement dans une zone très trouble, où ses colères et son arrogance déconcertent. D'ailleurs, le dénouement de la série surprend agréablement : loin d'être aussi convenu que l'enquête policière ne le laisserait paraître, il y flotte ce même parfum de folie douce qui règne sur l'ensemble de la fiction.

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Si, sur le fond, la mini-série se révèle surprenante et plaisante, le casting joue également pour beaucoup dans l'affectif que développe rapidement le téléspectateur pour Blackpool. Certes, je confesse être probablement un brin pré-conquise a priori, n'ayant jamais été insensible à aucun des acteurs principaux de cette production. Cependant, cela n'enlève rien à leurs mérites. En effet, il faut tout d'abord saluer et applaudir la performance grandiose de David Morrissey (State of Play, Meadowlands), tout simplement génial en homme d'affaires atteint de la folie des grandeurs, qui emporte tout sur son passage. Ecrasant de charisme, il donne une toute autre dimension à certaines scènes qui auraient pu rester anecdotiques. A ses côtés, David Tennant (Doctor Who) est fidèle à lui-même, moins excentrique que celui sur lequel il enquête ; mais j'avoue que le seul petit accent écossais qu'il conserve ici (ce qui est assez rare) suffit à me faire fondre. Sarah Parish (Mistresses) complète de façon convaincante ce trio. D'ailleurs, de manière générale, c'est le casting dans son ensemble, jusqu'aux seconds rôles comme Bryan Dick, qui s'avère très solide.

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Bilan : A partir d'un format très original, Blackpool nous conte une histoire très classique, dotée d'une intrigue policière sans surprise. Mais l'enjeu n'est pas là. Le téléspectateur se prend facilement au jeu très étrange de cet ersatz de comédie musicale, tout en s'attachant facilement aux personnages. Au fur et à mesure que la mini-série avance, il est très appréciable de constater que, contrairement à ce que l'on pouvait craindre au départ, elle ne s'enferme pas dans un côté unidimensionnel ; et, en ce sens, le personnage de David Morrissey m'a agréablement surprise par son évolution tout au long de la série. Ce n'est pas manichéen, c'est déjanté, et la surprise de clôture ne viendra pas de la chute apportée à l'enquête policière.


NOTE : 8,5/10


Pour un aperçu musical de ce qui fait de cette mini-série une incontournable, voici quelques chansons - de la plus soft à une des inoubliables chorégraphiées (avec David Tennant menant la danse - cf. la 3ème).

A savourer :

(Gambler, Johnny Cash)

 

(Don't stop me now, Queen)

 

(The boy with the thorn in his side, The Smiths)

02/02/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 4

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Being Human continue sa progression dans une saison 2 décidément solide et qui semble plus maîtrisée que la première. La série suit désormais une routine bien huilée, confirmée par ce quatrième épisode qui permet de s'intéresser à chaque membre de notre trio, en continuant à développer leurs storylines. La tonalité reste à dominante sombre, et le téléspectateur ressent de plus en plus fortement que tout ne pourra pas se terminer bien.

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Dans cette atmosphère assez pesante, c'est à nouveau à Annie qu'échoit les quelques bulles d'optimisme de l'épisode. La jeune femme rencontre un autre fantôme, plus ancien, Sykes, qui va accepter de lui enseigner quelques fondamentaux sur sa condition de morte. Cela commence par une technique vitale : parvenir à échapper aux gardiens de la porte conduisant dans l'au-delà, qui ne cessent leur offensive contre Annie. N'ayant encore jamais eu d'enseignants/mentors, à la différence de George, par exemple, la saison passée, c'est intéressant de donner à la jeune femme l'occasion de s'épanouir. Même si la conclusion de l'histoire ne fait guère de doute, en dépit du faux suspense assez artificiel que les scénaristes tentent d'instaurer, c'est un perfectionnement bienvenue pour ce personnage, elle qui est désormais de nouveau invisible. De plus, la storyline va permettre de clôre définitivement l'enjeu autour de la porte, qui la hantait depuis le début de saison : désormais, cette épreuve réussie, elle ne traversera la porte que de sa propre volonté, sans y être forcée.

J'ai bien apprécié cette storyline pour plusieurs raisons. Le personnage d'Annie apporte incontestablement une fraîcheur et un certain optimisme, ou une insouciance, que ses compagnons ne peuvent atteindre actuellement. Son dynamisme est contagieux ; et, finalement, elle offre un parfait contraste par rapport aux histoires plus sombres et pessimistes qui entourent George et Mitchell. Cela confère une équilibre de tons intéressant à la série. De plus, la présence de l'excellent Bryan Dick en guest-star est toujours un plaisir à savourer ; la dernière où il lui confie son histoire était particulièrement touchante et très bien jouée.

Heureusement qu'Annie permet d'apporter un peu plus de légèreté à un épisode qui, sinon, semble avant tout destiné à nous montrer le glissement toujours plus dangereux de nos deux autres héros.

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Désormais "roi" des vampires de la ville, Mitchell s'efforce de les canaliser. Pour cela, il ordonne de cesser toute attaque contre les humains et, finalement, parvient à une nouvelle idée qui ne manque pas d'originalité : instaurer des réunions pour "Blood-Addict Anonyms".

Dans cette optique, Mitchell reçoit l'aide quelque peu inattendue d'Ivan, toujours présent pour assister à l'éventuel plongeon dans le chaos de la ville. Ce personnage versatile apparaît toujours aussi difficile à cerner. S'il apporte un soutien décisif aux projets de Mitchell, en entraînant plusieurs autres vampires à sa suite dans le programme mis en place, il contribue également à saper un peu plus les bases morales de leur dirigeant. En effet, Ivan se révèle incapable de résister à l'appel du sang ; et Mitchell incapable de le lui imposer. Les deux vampires parviennent à un compromis encore plus pernicieux : Ivan continuera d'intervenir dans les réunions, alors même qu'il n'essaie plus de se sevrer.

La scène où Mitchell lui offre une victime, attachée et enfermée au fond d'une des cellules de leur quartier général, est hautement symbolique. C'est un sacrifice moral de plus réalisé au nom d'un intérêt collectif supérieur : le soutien apparent d'Ivan est déterminant pour la réussite du projet de Mitchell. Mais jusqu'où ce dernier peut-il aller sur cette dangereuse pente sans franchir le seuil de non-retour qui paraît, à chaque épisode, se rapprocher dangereusement ? Ses contours moraux sont de plus en plus flous ; la responsabilité d'une communauté achève de relativiser nombre d'actes qu'un observateur extérieur ne pourrait que réprouver.

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Enfin, en parallèle, le contrôle du loup est la thématique qui transcende la dernière grande storyline.

En réaction à sa rupture avec Gina, après l'apathie de la semaine précédente, George manifeste soudain le besoin de reprendre sa vie en main. Pourquoi ne pas repartir de l'avant, sa condition de loup-garou ne l'handicapant qu'une nuit par semaine ? En quelques jours, il va réussir à décrocher un nouveau travail, rencontrer une nouvelle petite amie potentielle... Mais le jeune homme commet la naïve erreur de croire qu'en lui, ses deux natures seraient soigneusement cloisonnées, le loup n'apparaissant qu'avec la pleine lune. Ayant acheté une cage, il absorbe des somnifères la nuit de la pleine lune, de façon à ce que sa transformation se passe le plus calmement du monde. Si, pour la première fois, il peut se rassurer sur ses actions lors de son "black-out", les choses échappent ensuite rapidement à son contrôle. Le loup qui est en George s'agite et se manifeste en pleine journée, George ayant des sautes d'agressivité et de violence brutales. Il apprend là une cruelle leçon : il n'est pas possible d'écarter, d'oublier le loup qui est en lui ; ce dernier est une part de sa nature bien plus profonde qu'il ne l'avait admis jusqu'à présent.

La pleine lune est aussi l'occasion pour l'organisation secrète d'expérimenter sur un sujet volontaire : Nina. Cependant, à mesure que nous découvrons les ressorts et les motivations qui gouvernent ses membres, le téléspectateur constate que tous n'ont pas exactement les mêmes aspirations. Lucy apparaît sous un jour bien plus humain que la révélation finale de la semaine passée aurait pu nous le faire croire. Loin d'être aussi manipulatrice que son collègue, elle connait la nature de Mitchell, mais elle paraît prête à se raccrocher à la volonté de changement affichée par ce dernier. (Elle risque cependant de vite déchanter en découvrant la réelle ampleur de ces "changements" au vu du chemin emprunté récemment par le vampire.)

La tension continue donc de monter ; la confrontation chaque épisode plus inéluctable... mais le téléspecatteur n'est pas vraiment surpris que Nina survive grâce à l'intervention de Lucy ; c'est à peine s'il a resenti une petite inquiétude : dans Being Human, tout est toujours très policé. En un sens, il était encore trop tôt pour un tournant si dramatique alors que nous abordions la mi-saison.

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Bilan : La série poursuit le développement de ses intrigues sur un rythme de croisière qui est loin d'être déplaisant. L'équilibre est bien trouvé entre chaque personnage, aucun n'étant privilégié au détriment des deux autres ; ce qui donne un ensemble soudé et homogène qui se suit aisément. Sans sortir du lot, cet épisode se révèle solide et sans temps mort, tout en posant des pistes nouvelles pour la suite de la saison.


NOTE : 7,5/10

31/01/2010

(K-Drama / Pilote) JeJoongWon : médecine, tradition et modernité dans une fin de XIXe siècle troublée


En ce dimanche consacré à mes explorations dans les contrées téléphagiques asiatiques, je vais vous parler d'une série qui constitue pour moi, de par l'originalité et le traitement de son sujet, une des très agréables surprises de cette rentrée hivernale : JeJoongWon. Diffusée depuis le 4 janvier 2010 sur SBS (Corée du Sud), elle devrait a priori compter 36 épisodes.

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A priori présenté comme un drama historique, JeJoongWon se révèle être bien plus que cela, mêlant médical et Histoire, en nous plongeant au coeur d'une période de profond bouleversement, celle de la fin du XIXe siècle. "JeJoongWon" renvoie au nom du premier hôpital moderne qui fut établi en Corée, par un missionnaire américain, en avril 1885. Il introduisit au pays du matin calme, la médecine occidentale ainsi que de nouvelles disciplines, telle la chirurgie, dans une société où les classes populaires avaient encore recours aux traditionnels shamans et aux exorcistes pour guérir certains malades. L'hôpital initia la formation d'une poignée de jeunes Coréens aux sciences médicales à partir de 1886.

Débutant en 1884, c'est la vie de plusieurs personnages qui vont fréquenter cet établissement que ce drama se propose de suivre. Ces différents protagonistes, provenant de milieux très divers, ont pour point commun de souhaiter apprendre les techniques occidentales de guérison. Parmi eux, figure Hwang Jung (Park Yong Woo) : issu d'un milieu pauvre,  fils d'un boucher, la maladie de sa mère va le conduire à s'intéresser à ce pan encore inconnu des sciences étrangères. A l'opposé, Baek Do Yang (Yeon Jung Hoon), de naissance noble, sera prêt à sacrifier son statut pour pouvoir apprendre cette nouvelle discipline. Tandis que la figure centrale féminine, Yoo Seok Ran (Han Hye Jin), a, elle, été élevée au contact de la culture occidentale par le biais de son père.

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Ce qui marque immédiatement dans ce premier épisode d'exposition, ce n'est pas tant les brefs aperçus de techniques de médecine "moderne" -offrant un double décalage historique et culturel au téléspectateur- que la confrontation sous-jacente et exacerbée entre tradition et modernité ; c'est l'éternel débat entre Anciens et Modernes. Cette thématique s'impose rapidement comme centrale, les histoires personnelles s'imbriquant en fait dans la dualité mise en scène, servant tant à expliquer qu'à souligner cette opposition. Car l'aspect médical prédominant du drama n'occulte pas le contexte particulièrement troublé de cette époque. Au contraire.

Le début de la série prend judicieusement le temps de bien exposer la situation ; de façon à ce que le téléspectateur comprenne quels sont les enjeux véritables posés par cette question, simple seulement en apparence, de la réception de la médecine moderne occidentale. En effet, sur fond de fortes tensions sociales et politiques, l'histoire se déroule dans les dernières années, difficiles, de la Corée du Choson (Joseon), alors écartelée par de profonds chocs culturels, entre le respect de ses traditions et la modernité des nouveaux modes de vie introduits par les étrangers. Le pays se fracture entre conservateurs, partisans d'une ligne dure intransigeante, et les tenants d'une certaine modernité qui délaissent peu à peu les anciens cloisonnements historiques de la société coréenne. De plus, à ces problèmes internes, s'ajoutent les luttes d'influences que se livrent, sur place, les puissances étrangères, à commencer par les pressions d"un Japon impérial de plus en plus pressant.

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Pour illustrer et humaniser ces bouleversements profonds, la série choisit de s'intéresser au destin de plusieurs personnages, dont la diversité des origines permet de souligner les changements en cours. Le pilote prend le temps d'exposer la situation de départ de chacun d'entre eux, permettant au téléspectateur de s'attacher rapidement aux trois figures principales.

La fascination de Hwang Jung pour la médecine s'explique par la maladie minant peu à peu sa mère. D'origine très modeste, fils de boucher dans une société où chacune des corporations professionnelles est encore régie de façon très stricte, il se retrouve coincé entre le poids des traditions et des codes que son père souhaite le voir perpétuer et la conscience de l'existence de nouvelles conceptions, apportant tant des techniques de guérison révolutionnaires qu'une vision très différente du monde qui l'entoure. Ces idées, sapant l'ordre établi, irriguent de plus en plus le pays, en dépit des mesures gouvernementales pour empêcher leur diffusion.

L'épisode regorge de nombreux parallèles symboliques permettant de souligner ces tensions. Au-delà des vêtements portés, entre costumes traditionnels et habits occidentaux, il propose également un contraste particulièrement marquant entre la mise à mort de la vache, ritualisée et empreinte d'une certaine forme de sacralité, par la corporation des bouchers et le banquet noble, tenu à la "mode occidentale", où des étrangers sont invités. Si Hwang Jun se démène pour fournir des médicaments à sa mère -son père faisant, lui, venir un shaman-, l'argent devient rapidement un obstacle insurmontable pour qui souhaite se voir prodiguer des soins modernes. En témoigne son passage dans l'hôpital japonais. Cela conduit le jeune homme sur des sentiers dangereux...

A l'opposé, Baek Do Yang est un jeune noble, fils d'un important dignitaire du régime. Il nourrit une véritable passion pour la science occidentale, n'hésitant pas à se procurer, pour les étudier, des livres d'anatomie humaine interdits. Un intérêt allant ouvertement à l'encontre de la volonté politique du gouvernement et pouvant apporter bien des ennuis, auxquels il échappe pour le moment en utilisant son rang et le nom de son père. Doté d'une soif d'apprendre jamais rassasiée, qui l'amène toujours plus loin dans ses explorations, sa situation d'équilibriste ne pourra probablement pas perdurer très longtemps...

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Le casting apparaît solide. J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Han Hye Jin, l'incontournable Sohsuhno de Jumong, en figure féminine centrale autour de laquelle s'esquisse déjà un triangle amoureux inévitable. Le personnage principal, Hwang Jung, fils de boucher initialement enfermé sous le poids de la rigidité sociale, est joué par Park Yong Woo (Terms of Endearment). Enfin, Yun Jung Hoom (East of Eden) incarne Baek Do Yang, un jeune noble, prêt à rompre avec les traditions de son statut, pour se consacrer à l'apprentissage de la médecine occidentale. Pour le moment, qu'il s'agisse du casting principal ou des acteurs secondaires, parmi lesquels on croise plusieurs têtes familières, telles Won Ki Joon (le prince Young Po dans Jumong), tous apparaissent convaincants.

Sur la forme, JeJoongWon se présente comme une série très classique. La reconstitution historique est soignée, tant concernant les décors que les costumes, servie par une réalisation appliquée. De ce point de vue-là, le drama n'offre pas d'innovation particulière, s'inscrivant dans la lignée des séries de ce genre. La bande-son ne m'a, pour le moment, pas marqué. A la différence, par exemple, de l'autre drama historique du moment, Chuno (Slave Hunters), JeJoongWon apparaît avant tout privilégier le fond ; ce qui est tout autant appréciable, si la solidité du scénario, entrevue dans ce premier épisode, se confirme par la suite.

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Bilan : Drama médical historique, JeJoongWoo mélange de façon originale et très intéressante les genres. Il nous offre une plongée dans une période troublée de la Corée, une époque de transition où la société est alors traversée par de violentes tensions et oppositions entre tradition et modernité. Cette thématique générale va servir de toile de fond à une série évoquant la médecine du XIXe siècle, en suivant l'apprentissage de plusieurs protagonistes au parcours très différent. Captant aisément l'attention du téléspectateur curieux, le pilote de JeJoongWoo pose efficacement les bases d'une fiction originale, intrigante et instructive à suivre.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce :

29/01/2010

(Comparaisons en séries) Chocs culturels : séries et nudité, des orgies aux petits nuages...


Parce que la comparaison des petits écrans téléphagiques peut être une source d'études souvent drôles, pour un téléspectateur témoin des pratiques opposées les plus extrêmes, pourquoi ne pas vous relater les plus cocasses anecdotes de mes aventures en terres sériephiles ?

Vous savez qu'en apprentie téléphage travaillant le caractère éclectique de ses goûts, j'aime à regarder des séries télévisées de toute provenance. Suivant cette voie d'exploration, on se trouve parfois confronté à des clashs de culture téléphagique pouvant remettre en cause bien des préconceptions. Décalés ou exaspérants, ces "chocs culturels" ne laissent pas indifférents.

Comme je sais que tout le monde n'a pas le temps de s'offrir de telle ballade, laissez-moi vous faire le récit de quelques contrastes télévisuels. 


En guise d'inauguration, je vais vous parler d'un sujet "porteur", à la problématique plus universelle (ou presque) que racoleuse : le rapport du petit écran à la nudité. Logiquement, le traitement varie énormément suivant la chaîne de diffusion, le public ciblé... ou encore la nationalité de la série. Si je laisserai de côté l'extrême chasteté traditionnelle des dramas japonais, mes voyages sériephiles m'ont conduit, ce mois-ci, à observer les positions les plus diamétralement opposées. Si bien que la comparaison entre plusieurs séries m'a semblé trop marquante (et rigolote) pour que je ne la partage pas avec vous.

Jugez par vous-même...

D'une part, je vous présente Spartacus : Blood & Sand ; une série que l'on pourrait aisément rebaptiser Spartacus : Blood & Sex. Toujours prompte à souligner la grande libéralité des moeurs romaines, la télévision américaine câblée avait déjà quelques antécédents en la matière. Il faut dire que les reconstitutions historiques de certaines époques s'y prêtent facilement. Mais, en l'espèce, le pilote de la série en oublie d'ailleurs son scénario... Là n'est cependant pas l'enjeu de ce billet.
Pour illustrer mon propos, voici une screen-capture (esthétique) issue du premier épisode :

Lien direct (Site de screen-captures)


D'autre part, la tendance inverse peut être illustrée par deux autres séries. Deux fictions coréennes, qui - Ciel ! - laissent entrevoir des bouts de peau dénudée, voire dont les scenarii impliquent (théoriquement ?) des moments de nudité complète, suffisamment provocateurs pour potentiellement déstabiliser le téléspectateur. Si, d'habitude, il est plus facile de contourner la difficulté en écartant ce type de scènes, la libéralisation moderne des moeurs (le simple visionnage de Chuno prouve bien qu'un certain cap a été franchi dans cette série de ce point de vue-là) amène les scénaristes à faire de savants compromis. Dans cette zone grise aux contours fluctuants, tout repose alors sur les épaules des responsables des images (réalisateurs et autres intervenants a posteriori) qui, confrontés à cet inextricable dilemme, ne manquent jamais de ressources. Ils sont même très forts... pour déboucher sur des situations plutôt étranges, vu d'un regard extérieur.

Tout d'abord, prouvant une fois de plus que l'enfer est pavé de bonnes intentions, pensez que, par leurs techniques, ils parviennent à rendre quasiment suggestive une scène qui, a priori, ne l'était pas plus que ça...

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(Chuno (Slave Hunters) (2010), Episode 7)

... en réussissant à flouter la poitrine d'une demoiselle qui est pourtant bel et bien habillée d'un haut blanc (cf. dessous le floutage)...


Mais ils ne sont pas au bout de leurs peines. Des scénaristes retors les confrontent parfois à des situations encore plus tendancieuses. Il faut alors savoir faire preuve d'un véritable esprit d'initiative. Reconnaissons leur, une fois encore, une inventivité particulièrement louable, qui conduit à des résultats visuels quelque peu inattendus... Voyez vous-même :

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(You're Beautiful (2009), Episode 3)

... le chaste reflet dans le miroir, capturé par la caméra, prouvant d'ailleurs toute l'inutilité de ces ravissants petits nuages... puisqu'il  n'y a même pas ici de nudité proprement dite !

 

Ainsi, pour résumer : nous avons, d'un côté, l'instrumentalisation gratuite d'une nudité exposée sans tabou ; de l'autre, l'utilisation de stratagèmes inventifs, et finalement suggestifs, afin de dissimuler une nudité... inexistante...


J'aime ces chocs culturels téléphagiques. On ne s'ennuie jamais en voyageant dans le petit écran (même s'il est parfois difficile d'en conserver son sérieux) !

27/01/2010

(UK) Being Human : series 2, episode 3

Ce troisième épisode de Being Human permet à la série de continuer d'explorer les grandes thématiques de la saison, notamment sa portée morale, tout en faisant progresser chacun des personnages. Cependant, sa construction souffre d'un déséquilibre entre les deux grandes storylines du jour, qui laisse une impression un peu mitigée malgré tout, en dépit de l'esquisse de certains éléments très intéressants. L'épisode se divise, en effet, en deux histoires, la première apparaît quelque peu anecdotique, tandis que la seconde sera génératrice de nouveaux dilemmes pour notre trio, et plus particulièrement pour Mitchell.

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Aux côtés des développements vampiriques, Annie et George se voient offrir une forme de parenthèse, avec une storyline traitée sur un ton très léger, pouvant quelque peu dérouter le téléspectateur. Annie étant redevenue invisible au commun des mortels, elle a dû abandonner Hugh et son bar. Elle décide cependant de jouer les bons samaritains et de parvenir à le faire renouer avec une ancienne petite amie qui fut l'amour de sa vie. Dans cette optique, elle entraîne dans ses plans un George déprimé, qui végète à la maison. Cette histoire bénéficie d'une étrange tonalité de comédie romantique, dont le contraste, trop marqué avec l'atmosphère sombre de la série, perturbe un peu.

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Il est assez surprenant de constater qu'Annie ne s'est pas laissée décourager par son cruel retour en arrière. En dépit de son invisibilité, de sa perte de rapports avec le reste du monde, elle continue d'aller de l'avant, avec un entrain étonnant. Son humeur depuis le début de la saison me semble excessivement dynamique au vu de sa condition ; mais cela peut aussi être interprété comme un mécanisme psychologique de défense, une forme de fuite en avant afin d'éviter une confrontation désagréable avec ses peurs existentielles légitimes. De plus, cela permet en l'espèce d'éviter un naufrage généralisé dans l'auto-apitoiement, George étant englué dans sa phase post-rupture, depuis le départ de Nina. Ce sauvetage de la vie amoureuse du gentil Hugh offre, en fin de compte, une parenthèse de transition pour ce duo, donnant l'occasion aux scénaristes d'apporter une touche d'humour, dans un épisode qui, centré sur les sanguinolents problèmes vampiriques de Mitchell, en aurait difficilement trouvé autrement.

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Après deux épisodes mettant en avant l'univers des loup-garous, ce troisième se concentre donc sur les vampires, en explorant toujours plus en avant les conséquences de la mort d'Herrick et le progressif chaos qui s'installe. La communauté qu'il régissait se délite peu à peu, s'attaque non plus à des marginaux mais à des citoyens bien intégrés... et accentue chaque jour la menace d'être exposée. Mitchell, à l'hôpital, assiste en témoin impuissant à cette dérive. Finalement incapable de rester en retrait, alors qu'il craint une exposition publique des vampires, constatant que personne d'autre ne semble prêt à prendre ses responsabilités, le voilà qui, peu à peu, se glisse dans les bottes d'Herrick. Initialement, il s'efforce de restaurer le système, utilisant notamment le chef policier, plus que content de collaborer une fois un significatif pot-de-vin reçu. Mais, au fil de l'épisode, les actions de Mitchell prennent un tour plus sombres : plus que jamais, la fin justifie les moyens. Le sens des priorités du vampire évolue dangereusement.

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A partir du moment où le sauvetage de la communauté vampirique est devenu son objectif premier, les autres considérations s'effacent. Sacrifier un pion ou un principe au nom de l'intérêt collectif, du fameux "bien commun", semble se justifier... Une fois Mitchell pris dans l'engrenage, il s'enfonce toujours plus loin sur une voie très ambivalente. Nous sommes ici à nouveau confrontés à une des problématiques majeures de la saison : la question morale. La semaine passée, il s'agissait de la première marche, aider un meurtrier en raison d'une forme de solidarité surnaturelle, afin de se protéger. Désormais, les actions de Mitchell prennent un tour toujours plus discutable. Si bien qu'à la fin de l'épisode, le téléspectateur peut légitimement se demander si le vampire n'a pas déjà franchi le Rubicon.

Cette dérive morale offre un ressort scénaristique très intéressant, qui permet d'occulter un peu le fait que son intronisation en tant que "roi" ne m'a pas paru pleinement crédible, au vu de ce que l'on sait du personnage et même si ce sont les circonstances qui l'y ont conduit. L'idéal d'humanité initial n'est plus qu'un lointain souvenir. Il n'est même plus le principal enjeu. Certes, Mitchell souhaiterait à terme amener les vampires à suivre son propre style de vie ; mais, pour le moment, ce à quoi nous assistons, c'est à son propre glissement dans le leur.

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En parallèle, l'intrigue avec l'organisation fondamentaliste secrète est laissée un peu en retrait, même si la caméra nous la rappelle constamment en insistant sur la présence du micro dans le salon de la collocation. Pourtant, en une seule scène, en conclusion, l'épisode remet en perspective un certain nombre d'évènements de ce début de saison. Nina les a bien rejoint, probablement dans l'espoir que la promesse de la "guérir" soit vraie : ils ont besoin de loup-garous pour poursuivre leurs expériences mortelles dont nous avons déjà été témoins. La dangerosité de l'organisation apparaît soudain plus concrète pour nos amis ; la confrontation se rapproche à grand pas.

D'autant que le twist final achève d'indiquer à quel point l'ensemble de la saison va être tournée vers cet affrontement. Being Human nous a habitué à l'utilisation de "toutéliés" scénaristiques, bien calibrés, mais prenant rarement au dépourvu le téléspectateur : la révélation de l'identité du docteur Jaggart en est un. Les références religieuses de la jeune femme tout au long de l'épisode, tout comme son intérêt aigu pour le surnaturel, mettaient inconsciemment en garde ; finalement, tout s'emboîte en ne laissant pas la place au hasard. Ainsi, le love interest potentiel de Mitchell ne sera pas une simple redite de l'histoire de George et Nina. Cela ouvre de nouvelles perspectives très intéressantes, même si j'ai du mal à comprendre cette forme d'infiltration par une responsable de l'organisation, alors qu'ils ont les moyens de surveiller les faits et gestes du trio.

Cette implication de la docteur dans cette grande intrigue tendrait aussi à prouver que, les coïncidences n'existant pas, il est probable que le couple de vampires, introduit en début de saison, ait également un rôle à jouer dans les évènements qui vont avoir lieu en ville, l'affrontement apparaissant de plus en plus inéluctable.

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Bilan : S'il marque une petite baisse de régime après l'excellent épisode précédent, l'histoire continue de progresser efficacement et sans temps mort, posant d'intéressantes bases pour la suite. Ma principale réserve provient de la storyline de transition offerte à George et Annie, tandis que l'intrigue vampirique poursuit un développement intriguant : cette parenthèse plus légère ne s'insère pas de manière pleinement convaincante dans l'ambiance globale de ce début de saison et peine à trouver une crédibilité. Cependant, l'apport d'ensemble de l'épisode offre de belles promesses, confirmées par la bande-annonce du prochain épisode.


NOTE : 7/10