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15/02/2012

(J-Drama / Pilote) Seinaru Kaibutsutachi : entre drama médical et thriller ambivalent

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Après trois semaines passées à s'intéresser à la saison actuelle en Corée du Sud, il est temps de repartir pour le Japon en ce mercredi asiatique. Je dois dire que cet hiver 2012 n'offre pas la programmation la plus enthousiasmante qui soit. A priori, peu de projets avaient retenu mon attention à la seule lecture des pitchs. Certains ne sont pas déplaisants, à l'image du pilote de Hungry, mais au-delà du concept de restaurant français, l'histoire est trop classique pour me convaincre de poursuivre plus avant. S'il faudra que je jette un oeil sur la comédie 13 say no hello work, je mise beaucoup sur Shokuzai, dont j'aurais sans doute l'occasion de vous parler la semaine prochaine. En attendant, je me suis permise une expérimentation, en tentant Seinaru Kaibutsutachi.

Il s'agit d'une expérience car, vous le savez,  je suis assez peu portée sur les séries médicales. Occidental ou asiatique, c'est un sujet que j'ai plutôt tendance à éviter. Mais ce drama semblait cependant avoir plus à offrir, avec un fil rouge assez sombre et quelques accents de thriller, qui ont aiguisé ma curiosité. Diffusé le jeudi soir sur TV Asahi depuis le mois de janvier 2012, Seinaru Kaibutsutachi est l'adaptation d'un roman de Len Kawahara. J'avoue rester pour le moment plutôt mitigée, mais j'ai quand même regardé sans trop de difficulté les trois premiers épisodes de la série.

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Seinaru Kaibutsutachi débute par le flashforward d'une tragédie se déroulant durant une nuit pluvieuse. Une jeune femme enceinte est laissée devant l'hôpital Okubo. Les médecins, parmi eux Shiba Kengo, interviennent rapidement, mais si l'enfant peut être sauvé, la mère s'enfonce inéxorablement. La voix off de Shiba Kengo nous explique alors que les évènements de ce soir-là ne doivent rien au hasard, et qu'ils font partie d'un plan... Le jeune chirurgien va alors nous ramèner un an plus tôt, pour nous expliquer les circonstances qui ont conduit à cette nuit-là.

A l'époque, il est un interne prometteur dans un hôpital universitaire prestigieux. Mais trop droit et n'arrivant pas à se faire une place dans ce milieu ambitieux et concurrentiel, il est "exilé" dans un hôpital excentré, celui d'Okubo, qui doit alors faire face à d'importantes difficultés financières. S'il y découvre un supérieur tyrannique, c'est l'infirmière en chef, Kasugai Yuka, qui retient son attention. La jeune femme, sur laquelle on sait très peu de choses à l'hôpital, fait preuve d'un sang froid et d'une détermination exemplaires. 

Dans le même temps, la soeur de cette dernière, Keiko, se marie avec Fuga Toshio, un responsable d'établissements scolaires issu d'une famille très aisée. Mais au cours de la cérémonie, la jeune femme, alors enceinte, fait une fausse couche. Pour sauver sa vie, elle doit subir une intervention chirurgicale qui la prive à jamais d'avoir un enfant. Profondément marquée, au contact permanent des enfants de par son travail, Keiko ne peut admettre d'oublier ses rêves de maternité. Elle se tourne vers sa soeur aînée pour lui demander de faire office de mère porteuse, une pratique interdite par la loi japonaise. Si Yuka refuse, les deux jeunes femmes vont finalement se tourner vers une connaissance de Keiko qui, elle, accepte. Mais les réelles motivations de chacun ne sont pas toujours celles que les apparences renvoient... 

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Seinaru Kaibutsutachi emprunte à plusieurs genres très différents : le thriller, le drama avec un héros redresseur de torts (ici dans le domaine médical), ou encore la tentative de portrait social en s'intéressant à toutes les classes, des plus aisées jusqu'aux plus pauvres qui viennent se faire soigner à l'hôpital. Sur le papier, l'ensemble s'annonce ambitieux, mais c'est peut-être là où se situe le premier problème de la série. A trop vouloir jouer sur tous les tableaux à la fois, elle finit par ne réussir à n'être totalement convaincante dans aucun de ses domaines.

En effet, au cours des premiers épisodes, on a un peu l'impression d'assister à plusieurs dramas construits en parallèle, passant de l'un à l'autre sans transition, mais dont la finalité et la tonalité sont presque sans rapport. Face à cette dispersion qui brouille la portée de l'histoire, une storyline parvient cependant à tirer son épingle du jeu : celle du suspense, introduit grâce au fil rouge central qui doit nous conduire à la nuit fatale. C'est elle qui peut permettre au drama de s'imposer à terme, et surtout de fidéliser le téléspectateur.

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Cependant, en attendant, le déséquilibre au sein des histoires des premiers épisodes se répercute également sur les personnages. Le versant le plus classiquement médical est exploré par Shiba Kengo, que l'on suit au sein de ce nouvel hôpital où il vient d'être affecté. Le jeune chirurgien conçoit son métier comme un quasi-sacerdoce. Appliqué, pleinement investi dans le sort de ses patients, il apparaît dans ce début de drama trop lisse par rapport à tout ce qui se joue autour de lui. Etant le narrateur de l'histoire, il nous annonce donc les dérapages/tragédies à venir, mais il souffre un peu du syndrome de l'observateur extérieur, trop fade par contraste avec les protagonistes de la trame principale. 

Ces derniers, par leurs ambivalences, certains non-dits ou incertitudes qui les entourent, interpellent et impliquent le téléspectateur. Car au-delà de l'enjeu représenté par la maternité, traitée comme un besoin tour à tour psychologique et social, Seinaru Kaibutsutachi semble s'orienter sur l'exploration de motivations plus sombres, sur ce que l'on peut être prêt à faire pour parvenir à ses fins. Dans ce registre, Kasugai Yuka, par le mystère qui l'entoure, s'impose progressivement comme la figure la plus intrigante, voire inquiétante. Et c'est grâce à eux que l'on finit par se laisser prendre à ce jeu des faux-semblants/fuyants, où chacun se cache et poursuit ses objectifs. 

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Sur la forme, Seinaru Kaibutsutachi  bénéficie d'une réalisation correcte, sans prendre de risque, ni faire preuve d'une réelle ambition. Le principal reproche que je lui adresserais serait lié à sa bande-son, qui, en se rappelant qu'il s'agit d'un thriller potentiellement tragique, dramatise certains passages à outrance, de manière grandiloquente et disproportionnée par rapport au reste de la tonalité du drama. Les Ave Maria de Schubert et autres morceaux de musique classique peuvent constituer une solide OST s'ils sont utilisés avec justesse, mais leur emploi dans Seinaru Kaibutsutachi  sonne souvent trop artificiel. Peut-être qu'au fur et à mesure que la tension s'accentuera, elles paraîtront plus opportunes.

Côté casting, enfin, chacun investit plutôt efficacement le registre dans lequel évolue son personnage. C'est sans doute Nakatani Miki (Keizoku, JIN) qui m'a fait la plus forte impression, mais elle dispose des atouts d'un rôle ambivalent à multiples facettes. Okada Masaki (Otomen) reste pour le moment dans un registre de jeune docteur entièrement dédié à son métier qui, sans surprise, lui va bien. Kato Ai (Best Friend) met un peu de temps à trouver ses marques, mais elle sait retranscrire la détresse et les illusions suite à la fausse couche. Sinon, ne levez pas les yeux au ciel, je vous promets que je n'avais pas fait attention au fait que Hasegawa Hiroki (Second Virgin, Suzuki Sensei, Kaseifu no Mita) figurait encore à l'affiche de ce drama ; à croire que le petit écran japonais est devenu trop petit (ou alors, il est vraiment partout). Parmi les autres rôles secondaires, on croise notamment Suzuki Anne, Omasa Aya, Katsumura Masanobu, Hirata Mitsuru, Kohinata Fumiyo ou encore Watanabe Ikkei. 

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Bilan : Seinaru Kaibutsutachi est un drama qui joue sur de multiples registres, de l'initatique au médical, en passant par le thriller. Le problème est que l'on passe les trois premiers épisodes à attendre impatiemment de voir se rejoindre l'ensemble, et à espérer que la tension monte d'un cran lorsque le récit sera devenu plus homogène. Car au-delà de son décor médical, du drame central qui l'occupe autour de la maternité, c'est avant tout pour ses accents de fiction à suspense qu'il retient l'attention. Il reste à espérer qu'au fil de la progression de l'intrigue, les différentes parties disjointes de Seinaru Kaibutsutachi ne formeront plus qu'une histoire. C'est qu'en dépit de ces inégalités - et d'un certain manque de subtilité dans l'écriture qui pénalise certains propos -, j'ai envie de connaître le fin mot de l'histoire !  


NOTE : 5,75/10 

08/02/2012

(K-Drama) What's up (première partie) : au-delà du simple drama musical, un apprentissage de la vie

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Pour terminer avec le cycle "J'aurais voulu être un artiste" entamé sur ce blog vendredi dernier avec Smash, puis Forestillinger, le mercredi asiatique du jour se met au diapason avec What's up. J'ai commencé ce drama avec une curiosité mêlée d'appréhension. Pensez bien que l'enjeu était de taille : pouvait-il réussir là où Dream High, You've fallen for me (Heartstrings) ou encore The Musical avaient échoué ? C'était ma dernière chance d'apprécier un drama "musical". Et peut-être parce qu'il s'est avéré être plus que cela, c'est avec un réel plaisir que je me suis investie dans cette série.

Précisons tout d'abord que What's Up est un de ces rescapés qui aura profité de la révolution du câble, l'an passé, en Corée du Sud. Entièrement tourné avant sa diffusion, il aura longtemps cherché un créneau, pour finalement arriver sur MBN, où il a été diffusé à partir du 3 décembre 2011, les samedi et dimanche soirs. Il s'est achevé la semaine dernière, au terme de 20 épisodes. Initialement, ce billet était censé être une review de pilote. Mais une nuit de semi-insomnie plus tard, ayant vu les 12 premiers épisodes, on parlera donc plutôt de bilan de mi-saison. Ce qui en soit va me permettre d'éclairer les atouts d'un drama qui, s'il n'est pas sans maladresses, n'en demeure pas moins solide et touchant par son humanité.

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What's up nous introduit dans le quotidien d'étudiants du département spécialisé dans les comédies musicales d'une université à l'extérieur de Séoul. L'histoire adopte une approche relativement classique pour ce genre, puisqu'elle va offrir au téléspectateur l'occasion de suivre la nouvelle promotion, l'accompagnant des épreuves de sélection pour gagner le précieux ticket d'entrée, jusqu'à une représentation musicale en guise de show final qui permettra de montrer combien ils ont appris (du moins c'est que je déduis de l'état d'avancement de mon visionnage).

S'intéressant aux étudiants, mais aussi à certains des professeurs, What's up est un drama choral qui nous fait suivre toute une galerie de personnages qui vont mûrir et faire la paix avec eux-même et leur passé, au fil d'un récit qui prend régulièrement des accents un peu initiatiques. De l'ancien délinquant qui a commis l'irréparable et qui est en quête de rédemption à celui qui est complètement paralysé dès qu'il s'agit de faire une performance en public, de celle un peu ingénue qui embrasse une carrière artistique sur les pas de son défunt père jusqu'à celui qui tente d'arbitrer entre sa passion pour la musique et le nécessaire secret qu'il doit préserver sur ses origines... A défaut de réelle originalité, ce sont des personnages qui ne manquent pas de relief que l'on va accompagner.

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Pour comprendre le charme qui s'opère devant What's up, il faut tout d'abord souligner l'ambiance de la série. Loin du clinquant un peu vide qui est une dérive récurrente de nombre de fictions dites "musicales", ce drama investit immédiatement un registre plus dramatique et mâture. Dès la première scène, le ton est donné, avec une chanson surprenante qui retentit, Vois sur ton chemin, des Choristes. Passée la surprise initiale pour le téléspectateur français, puisque ce n'est pas vraiment le genre de chanson que l'on s'attend à trouver là, il faut reconnaître que cette dernière offre une introduction parfaite. En effet, au-delà du mélange des influences musicales, ce flashforward introduit des personnages endeuillés et attristés par un évènement (décès ?) qui ne nous est pas précisé. On devine donc que ce n'est pas devant un simple drama à paillettes que l'on s'installe, mais qu'au contraire, la série va suivre un cheminement plus émotionnel.

La suite du drama confirme les premières impressions laissées par le pilote : le background musical, qui reste toujours un réel atout car utilisé à bon escient et sans jamais se substituer au scénario, se superpose à une véritable leçon de vie. Ce double apprentissage, à la fois artistique, mais également sur soi-même, demeurera une composante centrale d'un scénario étoffé qui y gagne en épaisseur. Ce parti pris peut dans un premier temps dérouter : je me suis initialement demandée, en voyant dès le départ introduites des storylines très dramatiques n'ayant rien à voir avec la dimension musicale, s'il n'y avait pas un risque de trop se disperser. Cependant, sans que le scénario évite certains clichés-coïncidences dont les sud-coréens raffolent, ni quelques raccourcis un peu maladroits, à mesure que l'histoire progresse, la volonté de ne pas faire de What's up un simple drama musical se légitime pleinement. Car c'est par ce côté sombre inattendu que la série gagne une autre dimension, et impose ses personnages.

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En effet, What's up est un vrai drama choral, dont la force réside dans l'humanité, mais aussi une certaine authenticité émotionnelle, qui transparaissent de l'ensemble. Chaque protagoniste se cherche, en quête d'affirmation, de rédemption ou tout simplement souhaitant être en mesure de faire la paix avec soi-même ou avec son passé. La réussite de l'histoire tient à sa capacité à impliquer le téléspectateur dans le destin de tous ces personnages, aux multiples facettes. Ne s'intéressant pas uniquement aux figures principales, la série éclaire tour à tour chacun des protagonistes, fonctionnant pour cela par petits arcs narratifs. Dévoilant et complexifiant les différentes personnalités, tout en fournissant des clés de compréhension, cela a surtout pour avantage de les humaniser.

Ainsi, si cette construction scénaristique a ses limites, car elle peut sembler un peu artificiel par moment, créant des conflits pour ensuite les oublier (Oh Doo Ri et sa mère par exemple) ; dans le même temps, elle permet vraiment de s'attacher aisément à tous. Cela fonctionne d'autant mieux que, progressivement, eux-mêmes constituent peu à peu une bande d'amis qui va découvrir la solidarité entre étudiants. Il y a une justesse dans la manière dont sont caractérisés leurs rapports, qu'il est assez rare de voir mise en scène. Pourtant, assez paradoxalement si vous observez la présentation de l'affiche promo ci-dessus, je dois avouer que ce sont avant tout les personnages secondaires qui ont retenu mon attention. On peut même dire que je me suis rarement autant attaché à un drama dans lequel j'ai aussi peu aimé les personnages principaux.

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C'est bien simple, j'ai adoré la spontanéité et la grâce naturelle de Park Tae Hee, touchante dans sa façon de chérir encore le lien qu'elle a pu avoir avec son père décédé il y a un an. J'ai immédiatement aimé Oh Doo Ri, en observatrice cynique dans un premier temps, qui s'émancipe de la tutelle de sa mère pour peu à peu s'investir également dans le groupe. Les deux "stars" de la fac, une actrice qui fait partie de la promotion, et un compositeur au génie un peu déconnecté, offrent aussi un pendant plus professionnel, avec déjà une expérience de la scène qui tranche avec l'inconséquence de nombre des plus jeunes. J'ai même fini par prendre en pitié le manque de timing chronique de Kim Byung Gun et toutes ses maladresses à répétition. Quant aux professeurs, je ne vous cache pas que Sun Woo Young, avec son sens de la provocation et ses propres blessures passées, est rapidement devenu mon personnage préféré.

En revanche, sans être insensible à la situation difficile de Ha Do Sung ou à la quête de rédemption de Jang Jae Hun, je n'ai pas ressenti pour eux l'attachement spontané dont leurs camarades ont bénéficié. Je ne les déteste pas, je suis leur progression avec le même intérêt, mais je n'ai pas trouvé chez eux l'authenticité et la nuance des autres protagonistes. Peut-être est-ce parce qu'ils sont plus clairement introduits dès le départ, en forçant pas mal les traits, et qu'il n'y a donc pas eu ce charme de la découverte progressive. Cependant, cela ne m'a pas empêché d'apprécier l'ensemble ; ce qui montre bien que la force de ce drama est indéniablement la solidité de sa dimension chorale !

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Sur la forme, What's up dispose d'une réalisation maîtrisée. J'ai beaucoup aimé la photographie qui correspond bien à ce récit de vie qu'est finalement la série. De plus, le drama utilise assez efficacement le background musical. Non seulement les numéros de chant des étudiants sont bien exécutés, tout en conservant une part de spontanéité bienvenue, mais plus généralement la bande-son très diversifiée permet à la série de s'imposer dans ce registre musical sans se restreindre à un seul genre. Le premier épisode est assez révélateur de cette volonté d'échapper à tout classement : la série débute par les Choristes, pour plonger ensuite dans une tranche beaucoup plus hard rock avec le concert d'Hadès, puis c'est un passage du Fantôme de l'Opéra qui est utilisé... Il y a une vraie volonté de prendre en considération toute la musique qui apporte un plus et constitue une réelle richesse.

Enfin, il convient de conclure cette review en saluant le casting de What's up qui permet au drama d'asseoir son registre collectif. On retrouve en tête d'affiche Im Ju Hwan (Tamra, the Island) et Kang Dae Sung (il sait chanter ; pour jouer, ça viendra avec le temps). A leurs côtés, j'ai découvert et grandement apprécié Im Joo Eun (Soul, Wild Romance) et Kim Ji Won (High Kick! 3), les deux rôles féminins les plus convaincants du drama. J'ai aussi retrouvé avec (beaucoup) de plaisir Oh Man Suk (The Vineyard Man, The King and I, Wild Romance), dans ce rôle de professeur atypique. A noter également que, dans les personnages plus secondaires, Lee Soo Hyuk a confirmé tout le bien que je pensais de lui après White Christmas.

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Bilan : Surprenant par sa dimension dramatique, What's up est plus qu'un simple drama musical. Investissant une tonalité plutôt sombre, loin des paillettes auxquelles ce genre peut donner lieu, il s'agit d'une vraie série chorale qui, derrière l'apprentissage artistique, propose une réelle leçon de vie. Cultivant son humanité, elle saura toucher l'affectif d'un téléspectateur qui s'attache très rapidement à sa galerie de personnages. Sans éviter certains poncifs et raccourcis narratifs, il y a cependant une forme d'authenticité dans les relations qui y sont dépeintes, qui donne envie de s'impliquer. Et l'écriture est égale et homogène, la première moitié du drama ne souffrant d'aucun passage à vide.

En résumé, si vous ne deviez en choisir qu'un parmi les différents k-dramas musicaux de ces derniers mois, entre Dream High, Heartstrings, The Musical et What's Up, mon conseil sera : n'hésitez pas, optez pour le dernier !


NOTE : 7/10


La première scène de la série (avec la chanson Vois sur ton chemin, des Choristes) :


Une bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST (Lunatic, par Daesung) :

01/02/2012

(K-Drama / Pilote) History of the Salaryman : une enthousiasmante comédie noire dans le monde de l'entreprise


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Poursuivons l'exploration des nouveautés du pays du Matin Calme en ce mercredi asiatique. Il semblerait en effet que l'année 2012 commence sous les meilleures auspices dans le petit écran sud-coréen. En ce mois de janvier, j'avais classé History of the Salaryman dans la catégorie des "curiosités à tester", tant les bandes-annonces et les affiches promos (quelque peu étranges/inclassables) m'intriguaient tout en me laissant circonspecte. C'était un peu le genre de drama dont on ne sait trop quoi attendre tant l'ensemble semble déroutant, et au fond, c'était peut-être ce trait spécifique qui était le plus excitant a priori : où allait-on mettre les pieds ?

Pour le savoir, il a fallu attendre la diffusion qui a commencé le 2 janvier 2012 sur SBS, les lundi et mardi soirs. La série devrait comprendre 20 épisodes au total. Il faut préciser que l'équipe à l'origine de ce drama n'est pas un duo inconnu, puisque c'est celle à qui l'on doit Giant. Si History of the Salaryman a débuté assez timidement et que ses audiences restent très moyennes et aléatoires, je ne vais pas faire durer le suspense : j'ai été très agréablement surprise par les premiers épisodes de ce drama, lequel s'impose comme mon premier coup de coeur de l'année. En espérant qu'il poursuive sur ces bases enthousiasmantes !

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History of the Salaryman nous plonge dans le milieu ultraconcurrentiel de grands conglomérats industriels, notamment pharmaceutiques. C'est au sein du groupe Chunha que le drama se déroule principalement. S'il est dirigé d'une main de fer par le patriarche Jin Shi Hwang, ce dernier songe à sa succession : peu confiant dans les capacités de son ambitieux fils, il espère pouvoir compter sur sa petite-fille, Baek Yeo Chi. Mais cette dernière, excentrique jeune femme trop gâtée, se désintéresse complètement de ces affaires. Dans le même temps, cependant, en dépit des tensions internes, le groupe Chunha développe un nouveau médicament qui pourrait considérablement allonger l'espérance de vie. C'est au cours des essais cliniques du produit, dont la direction est confiée à Cha Woo Hee, que nos principaux protagonistes vont avoir  l'occasion de se rencontrer pour la première fois.

Rêvant d'un emploi stable dans une grande entreprise, Oh Yoo Bang enchaîne pour le moment les petits boulots sans parvenir à trouver sa voie. Finalement, une éventuelle opportunité s'ouvre lorsqu'un cadre de Chunha lui donne pour mission d'infiltrer les essais cliniques afin d'extraire un échantillon du produit miracle inventé. Mais Yoo Bang n'est pas le seul à se trouver diligenté sur place avec une mission similaire : un directeur d'un groupe concurrent, Choi Hang Woo, se fait également admettre dans le même but. Finalement, les effets secondaires du médicament et la découverte (erronée) d'un autre espion industriel précipite la fin du programme (et de la carrière de Woo Hee). Une scène de fureur de Yeo Chi, et la révélation du déroulement du test, achèveront de faire échouer le lancement du produit.

Suite à tous ces évènements, Yoo Bang reçoit un soutien inattendu pour réussir l'examen d'entrée au sein du groupe Chunha. Il a la surprise de retrouver dans son service la caractérielle Yeo Chi, punie pour ses excès d'impertinence et devant désormais accepter le statut de simple salariée. Pendant ce temps, Hang Woo continue d'oeuvrer en coulisse pour la chute du groupe Chunha afin de venger la mort de son père, dont le suicide serait lié au président actuel de l'entreprise.

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Le premier aspect marquant de History of the Salaryman tient à sa richesse de tons. Le drama se révèle en effet être un cocktail détonnant de différents genres, le tout porté par une écriture qui témoigne d'un vrai sens du rythme narratif, ne laissant jamais place à aucun temps mort. Il propose un mélange de thèmes classiques du petit écran sud-coréen, comme l'opposition des classes sociales, les liens personnels naissant peu à peu de premières rencontres antagonistes nourries de qui pro quo, mais aussi des thèmes d'héritage familial et de vengeance... Tout en empruntant ses codes à la comédie, sans hésiter à faire dans le burlesque, la série nous plonge également dans les coulisses de luttes de pouvoir internes et de concurrence, entre et au sein des grandes entreprises. Elle délivre alors des scènes au cours desquelles le drama semble plus emprunter son art des intrigues et des complots, des alliances et des retournements, à un sageuk. Et les confrontations ont les accents de véritables batailles ayant pour cadre l'entreprise. Le résultat, très dense, surprend dans le bon sens du terme.

Il faut dire que ce drama a une façon d'assumer certaines situations les plus farfelues avec un aplomb et un naturel qui s'avèrent très enthousiasmants. Dès les scènes d'ouverture - il débute sur un classique flashforward -, History of the Salaryman s'impose dans un registre prenant et rafraîchissant qui se complaît dans un certain humour noir assumé et qui sait exploiter toute la palette de tonalités à sa disposition. La série captive par sa capacité à manier l'absurde et l'auto-dérision, ne reculant devant aucun ridicule, ni excès théâtralisés, tout en pouvant basculer la minute d'après dans un passage autrement plus sérieux où l'émotionnel prédomine. Le soin apporté aux détails des mises en scène offre aussi son lot de moments proprement jubilatoires. Dans les premiers épisodes, le destin "exceptionnel et tragique" de la fameuse poule du président du groupe Chunha, cobaye du produit miracle, illustre parfaitement cette faculté à flirter avec les extrêmes, en repoussant les limites et en provoquant pour mieux capturer l'attention d'un téléspectateur surpris, sans pour autant jamais en faire trop. 

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Outre ces mélanges osés et dosés, la réussite de History of the Salaryman tient à ses personnages. Ils s'imposent très vite à l'écran, bien caractérisés, permettant d'impliquer émotionellement le téléspectateur dans le devenir de chacun. C'est qu'ils sonnent très humains, avec leurs failles, leurs préconceptions, leurs qualités comme leurs défauts. Aucun n'est unidimensionnel, et leurs personnalités se nuancent progressivement, esquissant une part de complexité et d'ambivalence dès les premiers épisodes. Aucun ne suscite une complète antipathie, même Hang Woo qui, derrière son machiavélisme, laisse entrevoir son lot de blessures. Yeo Chi aurait pu être une énième tête à claque d'héritière, elle est au contraire une jubilatoire explosion permanente de scandales les plus improbables. Les antagonismes et oppositions qui se forment entre les personnages, comme les rapprochements surprenants et associations inattendues qui s'opèrent, forgent des relations volatiles, assez pimentées, qui sont un plaisir à suivre.

De plus, ce qui permet d'être optimiste pour la suite, c'est que les personnages semblent tous disposer d'une marge de progression pour mûrir et véritablement se révéler. Le téléspectateur perçoit chez eux un réel potentiel, narratif et humain, à faire grandir. Comment ainsi ne pas s'attacher à Yoo Bang qui, en dépit de ses réactions parfois excessivement spontanées et assez naïves, n'en démontre pas moins un réel pragmatisme et un sens de la débrouillardise qui finiront par payer ? Fils prodigue ayant hérité du rêve d'ascension sociale de son défunt père, il s'est déjà considérablement endurci au contact de nombre de déceptions. Il apparaît vite comme bien plus complexe et solide que les premières images proposées par la série. De même, on devine que Yeo Chi a un long chemin à parcourir pour quitter ses airs d'enfant gâtée, mais que le caractère de la jeune femme ne l'handicapera pas toujours. Si elle semble si déconnectée de la réalité, elle n'a pas moins toutes les clés en main pour faire quelque chose de sa vie. C'est un tableau donc très vivant et évolutif que forment les personnages.

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Solide sur le fond, History of the Salaryman est également un drama très soigné sur la forme. On y retrouve, avec la même réussite, ce cocktail surprenant qui s'impose comme la marque de la série. La réalisation est impeccable. Sobre quand il faut, elle reste toujours très dynamique, n'hésitant pas non plus à verser dans quelques excès de théâtralisation dans la mise en scène, lesquels, volontairement excessifs, déclencheront chez le téléspectateur plus d'un fou rire. La photographie est plutôt sombre, ce qui correspond parfaitement aux thèmes abordés. De manière générale, l'esthétique apparaît comme un écho parfait à la tonalité versatile du drama. Et l'utilisation de la bande-son est convaincante : cette dernière mêle admirablement les styles les plus divers, entre thèmes pop-culturels connus comme des musiques de films, des morceaux de musique classique au parfum faussement épique et des chansons récurrentes plus orientées k-pop, classiques d'un k-drama.

Enfin, History of a Salaryman ne serait pas aussi enthousiasmant s'il ne s'appuyait pas sur un casting excellent, à la hauteur du scénario. Je ne doutais pas un instant que Lee Bum Soo (On Air, Giant) serait parfait dans ce rôle de salarié a priori moyen qui trouve peu à peu ses marques et amorce son ascension ; j'aime beaucoup comment très vite le personnage s'affirme, sans jamais se départir d'une certaine innocence. J'ai par contre eu un gros coup de coeur pour Jung Ryu Won (Automn Shower, Ja Myung Go), qui était la seule que je ne connaissais pas au sein du casting principal. Alors même que le type de rôle qui lui est confié peut souvent avoir tendance à m'agacer, elle est ici extra en héritière excentrique dont la personnalité va, elle aussi, peu à peu se nuancer. Elle impose une sacrée présence à l'écran. De son côté, Jung Gyu Woon (Dr Champ, Sign) est également efficace dans un rôle assez sombre qu'il maîtrise bien. Enfin Hong Soo Hyun (Temptation of an Angel, Lie to me, The Princess Man) complète avec énergie ce quatuor.

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Bilan : Comédie noire mêlant les genres, toujours très dynamique et souvent jubilatoire, History of the Salaryman est un drama abouti sur le monde des entreprises. Bénéficiant d'une écriture habile, il sait jouer sur tous les registres. Avec un certain sens de la provocation, ne reculant devant aucun excès, il réussit dans l'humour comme dans l'émotionnel, dans l'absurde comme dans les mises en scène plus nuancées et complexes. S'affirmant dans cette alternance des tonalités, la série trouve un équilibre rafraîchissant qui la démarque d'autres productions ayant perdu leur âme dans le sur-formatage.

Même si je ne veux pas trop m'emballer, et que seul le temps nous dira si History of the Salaryman saura préserver l'étincelle de ses débuts, au vu de la solidité de ces premiers épisodes, j'ai envie de faire confiance aux scénaristes pour poursuivre sur cette voie. 


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la série :


Une chanson de l'OST :

25/01/2012

(K-Drama / Pilote) Fermentation Family : le quotidien dégustatif et humain d'un restaurant

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Retour en Corée du Sud en ce mercredi asiatique pour évoquer mes impressions sur les premiers épisodes d'une série du câble, actuellement en cours de diffusion : Fermentation Family. Plusieurs éléments avaient aiguisé ma curiosité à l'égard de ce drama : le fait qu'il soit écrit par Kim Ji Woo, à qui l'on doit justement Resurrection ou encore The Devil ; la tonalité des affiches promos qui m'intriguait ; et puis aussi, n'étant pas d'humeur à me lancer dans une comédie romantique, Fermentation Family me semblait donc proposer une alternative à tester.

Cette série est diffusée sur la chaîne jTBC depuis le 7 décembre 2011, les mercredi et jeudi soirs, et se clôturera le mois prochain. Du fait de sa présence sur le câble, son exposition reste très limitée (les audiences oscillent actuellement autour de la barre fatidique des 1% de parts de marché), si bien que je n'avais pas eu l'occasion de lire des échos sur le drama avant de me lancer. J'en ressors finalement, après trois épisodes, avec une impression globalement mitigée, même si j'y ai trouvé une chaleur humaine et dégustative qui ne m'a pas laissé indifférente.

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Fermentation Family s'intéresse au quotidien d'un restaurant coréen traditionnel et familial, Chunjin, particulièrement connu pour ses plats au kimchi. L'établissement, qui a toujours privilégié sa taille modeste et une ambiance chaleureuse pour des clients parmi lesquels on croise nombre de fidèles habitués, connaît dernièrement des difficultés financières. Tandis que le propriétaire actuel, Lee Ki Chan, refuse obstinément les offres de rachat d'une société qui se fait de plus en plus pressante, sa fille, Kang San, peu impliquée dans le devenir de cette entreprise de famille, se rêve chef d'un grand restaurant et ne revient que très rarement dans ce lieu chargé de souvenirs. Elle travaille pour un établissement en ville. C'est là-bas qu'elle croise pour la première fois Ko Ho Tae, ce dernier critiquant à voix haute un plat qu'elle a préparé.

Pourtant Ho Tae n'a rien d'un expert culinaire : c'est un homme de main de la mafia locale, même s'il a toujours gardé une certaine indépendance. C'est cet état d'esprit qui l'amène à entrer en conflit avec le nouveau chef de leur groupe, lequel se lance dans une pratique de prêts à taux usuraires que Ho Tae n'approuve pas. Le défiant ouvertement, il finit roué de coups par ses collègues... Les choses auraient pu être plus graves si Kang San n'était pas intervenue. Pressée par sa soeur de venir voir leur père pour son anniversaire, elle ramène finalement Ho Tae dans la vaste demeure familiale. Or ces lieux éveillent des souvenirs enfouis chez le gangster. Orphelin abandonné lorsqu'il avait 4 ans, le restaurant et son cadre lui sont étonnamment familiers. Y-est-il déjà venu auparavant ? Ayant besoin de faire profil bas, Ho Tae décide de travailler au restaurant en espérant éclaircir les zones d'ombre de son passé qui l'y rattachent.

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Disposant d'histoires relativement classiques et simples, Fermentation Family est avant tout une série d'ambiance : elle retient l'attention par la chaleur humaine diffuse qui en émane. Les premières scènes peuvent un instant entretenir le doute sur la tonalité réelle du drama, mais très vite, ce dernier abandonne toute explositivité artificielle pour s'épanouir dans un registre plus intimiste. Il cherche non pas tant à captiver qu'à toucher émotionnellement le téléspectateur. Le rythme de narration y est volontairement lent ; le drama verse même occasionnellement dans un contemplatif assumé par le biais de plans en extérieur ou de scènes consacrées à la préparation de la nourriture. De manière générale, le récit se réapproprie des valeurs traditionnelles en plaçant en son centre une thématique familiale, entendu au sens le plus large du terme. En effet, ce restaurant supposément célèbre apparaît très vite comme un lieu où le lien social se noue entre une poignée d'habitués et les propriétaires, mais aussi comme un asile offert à ces égarés vulnérables qui échouent devant sa porte, enfants comme adultes.

Il y a donc quelque chose de foncièrement attachant dans l'authenticité, fragile et volatile, de Fermentation Family. C'est à la fois ce qui fait la force et l'identité de ce drama, mais aussi sa limite. En effet si on s'imprègne peu à peu de son atmosphère, on ne bascule jamais dans un visionnage addictif où les épisodes s'enchaîneraient tout seul. En limitant les enjeux à un seul fil rouge (la recherche des origines du héros), auxquels se greffent le quotidien du restaurant et quelques tranches de vie, la série prend le risque d'une histoire minimaliste. Fermentation Family semble  tout miser sur l'empathie et le lien qu'elle s'estime capable de nouer avec le téléspectateur, au détriment peut-être d'une intrigue plus ambitieuse. Elle y réussit très bien à l'occasion : certaines scènes sont un régal de justesse, avec des échanges qui sonnent à la fois très justes et très touchants. Cependant l'écriture reste inégale, et les maladresses ne manquent pas. Assez paradoxalement d'ailleurs, ces dernières peuvent parfois devenir des atouts : ce côté un peu artisanal, accentué par le cadre du restaurant loin de la ville, met à nu une humanité précieuse. L'équilibre est donc précaire, mais en son coeur, il y a bel et bien une étincelle qui oscille : l'âme de la série.

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Sur la forme, Fermentation Family est un drama à l'esthétique soignée qui bénéficie d'une photographie à dominante très claire. Au-delà de quelques plans d'inspiration quasi-cinématographique, la caméra parvient à très bien mettre en valeur le décor du restaurant installé dans une vaste demeure coréenne traditionnelle. Elle réussit d'ailleurs toutes les scènes en extérieur. Elle n'a pas son pareil non plus pour vous faire saliver en filmant la nourriture. En revanche, lorsque la série s'essaye à un registre plus orienté action, comme durant la scène d'ouverture, elle perd immédiatement en crédibilité et se révèle assez peu convaincante. En résumé, Fermentation Family ne maîtrise pas tous les genres auxquels elle s'essaie, mais elle s'épanouit efficacement dans le principal, ce qui est sans doute l'essentiel. Du côté de la bande-son, c'est l'utilisation d'instrumentaux assez légers qui m'a le plus charmé. Ils contribuent à l'ambiance intimiste de la série.

Côté casting, Fermentation Family rassemble des acteurs qui me sont a priori sympathiques ; je suis donc prête à leur pardonner une tendance généralisée à un certain sur-jeu parfois pas toujours approprié dans un drama qui distille avec parcimonie des éléments comiques tout en restant globalement dans un registre dramatique. On retrouve tout d'abord, parmi les acteurs principaux, Song Il Gook (Jumong, Lobbyist, Crime Squad) qui navigue à vue entre les genres, gangster/apprenti-cuisinier/orphelin. Si ses scènes les plus réussies sont les passages les plus posés, où il sait rester sobre, il y a aussi une vraie alchimie qui s'installe avec Park Jin Hee (The Woman who still wants to marry, Giant). Leur duo fonctionne d'autant mieux que l'actrice s'approprie bien son rôle de femme forte et offre ainsi un parfait pendant. A leurs côtés, on croise également Kim Young Hoon, Kang Shin Il ou encore Choi Jae Sung.

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Bilan : Dotée d'un rythme lent et d'histoires relativement classiques, Fermentation Family aurait pu n'être qu'une énième exploration de thématiques liées à la famille, épicée par son cadre culinaire. Cependant il se dégage un charme diffus, presque désuet, que les maladresses narratives ne sauraient occulter. Il y a quelque chose de profondément touchant et humain dans ce récit qui ne laisse pas insensible. Sans être incontournable ou marquante, il s'agit d'une de ces fictions attachantes, pas clinquantes pour un sou, qui finit par faire de sa simplicité un peu artisanale un de ses atouts. Il faudra sans doute que le scénario se densifie et gagne en ambition pour que Fermentation Family puisse vraiment prétendre s'inscrire dans la durée, mais voilà une expérience dégustative et contemplative assez plaisante.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :


La chanson de l'OST (J-Cera - 이깟 사랑) :

18/01/2012

(J-Drama) Second Virgin : un drama troublant sur la confrontation des sentiments aux conventions sociales


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Avant de repartir, mercredi prochain, vers le petit écran sud-coréen de ces dernières semaines, je vous propose aujourd'hui un bilan de ma première série japonaise visionnée en 2012. Second Virgin s'était récemment invitée sur ma liste des dramas à voir suite à mon exploration de la filmographie de Hasegawa Hiroki (l'acteur n'ayant pas joué dans tant de séries que ça, l'objectif était pour une fois réalisable). Je ne pensais pas a priori la regarder de si tôt, mais un commentaire de Katzina, ainsi que la critique de Lynda l'an dernier, ont quelque peu précipité mon planning. Ce que je ne regrette absolument pas.

Comportant 10 épisodes de 45 minutes environ chacun, Second Virgin a été diffusé sur NHK, du 12 octobre au 14 décembre 2010. S'il a commencé avec de faibles audiences, le drama a peu à peu conquis un certain public, en dépit ou grâce (suivant les points de vue) aux controverses qu'ont pu susciter certaines scènes plutôt osées pour une série japonaise diffusée en prime-time. Un film a même été commandé et est sorti en septembre 2011 au Japon : il se déroule cinq ans après les faits relatés dans la série.

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Après s'être ouvert sur un flashforward assez dramatique qui laisse le sort d'un des personnages principaux en suspens, Second Virgin repart quelques années en arrière pour nous expliquer l'engrenage des évènements qui ont conduit à cette scène. Nakamura Rui est alors une femme d'affaires à succès qui fait partie de la direction d'une maison d'édition. Si sa vie professionnelle est une réussite, faisant preuve d'un sixième sens pour découvrir de nouveaux talents et publier les futurs best-stellers, sa vie personnelle est en revanche en ruine. Depuis son divorce, il y a des années, elle n'a plus connu de relation amoureuse, se consacrant entièrement à son métier, au point de faire élever son fils, désormais adulte, loin d'elle.

Par ses relations, elle rencontre un jour un jeune homme spécialisé dans la finance, Suzuki Kou. Ce dernier est animé d'une passion et d'une ambition qui retiennent son attention : il rêve de réformer les règles qui encadrent - et entravent à ses yeux - le marché japonais, pour en faire un concurrent direct aux pays voisins comme la Chine. Rui entreprend de lui faire écrire un livre que sa compagnie publiera. Au fil de leurs rencontres, quelque chose naît entre eux. Kou est pourtant marié, et a 17 ans de mois que Rui. Mais les conventions sociales s'effacent derrière la force des sentiments...

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S'intéressant à la nature et aux limites des relations humaines, le thème central de Second Virgin est celui de la confrontation des sentiments aux convenances imposées par la société. De manière récurrente, il éclaire et célèbre l'impuissance de chacun face à l'attachement et à l'amour qui peuvent naître sans crier gare d'une rencontre inattendue. Si la question de l'adultère restera la storyline principale, le drama dispose en plus de toute une galerie de personnages secondaires qui vont illustrer chacun à leur manière cette thématique relationnelle : les rapports du fils de Riu avec sa petite amie qui a quasiment l'âge de sa mère, ou encore le patron de Riu, gay, qui décide finalement de vivre avec celui qu'il aime, participent ainsi à l'exploration de ce sujet.

Pour autant, c'est bien la tonalité particulière conférée par le rapprochement de Riu et de Kou qui va faire l'originalité de ce drama. Une part de l'attrait de Second Virgin tient au frisson de l'interdit et au parfum sulfureux qui l'entourent, auxquels se mêle une constante ambivalence. Il surprend en effet par sa capacité à capturer l'intensité des émotions de chacun avec une retenue caractéristique des séries japonaises. Tout en mettant en scène la rigidité avec laquelle s'articulent des rapports sociaux très codifiés, a fortiori dans la sphère professionnelle, le drama joue habilement sur les contrastes, introduisant par intermittence des failles dans ce tableau trop policé : ce sont les scènes plutôt osées comme la première nuit ensemble de Rui et Kou, ou encore les soudaines confrontations durant lesquelles les masques tombent. Toutes ces brusques explosions de passion troublent justement du fait de leur caractère exceptionnel qui leur donne une amplitude et une portée supplémentaires.

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Si, derrière une apparence presque glacée, les étincelles de Second Virgin sont capables de toucher le téléspectateur, c'est aussi parce que l'autre thème sous-jacent de ce drama est celui de la recherche de soi, avec des personnages qui se découvrent eux-mêmes face à ces situations qu'ils n'avaient jamais envisagées. Ils doutent, tâtonnent, revoient leurs priorités. Cela permet de susciter une réelle empathie, qui n'est, une nouvelle fois, pas dénuée d'ambiguïté. Chaque personnage a ses failles, et il est impossible d'avoir une lecture manichéenne de la situation. Certes il est assez facile d'accompagner Nakamura Rui à la découverte des voies insoupçonnées par lesquelles son coeur s'exprime, mais cela reste un mariage qu'elle va briser. Quant à celui qui conquiert son amour, son égocentrisme et son ambition teintée d'arrogance sont à peine contrebalancées par cette énergie passionnée qui l'anime. C'est par les vulnérabilités que l'histoire fait naître en eux qu'ils s'humanisent. A leurs côtés, le personnage de Suzuki Marie restera le moins abouti et intéressant, longtemps trop binaire et sans nuance pour susciter la moindre compassion.

Au-delà de son exploration des relations humaines et sociales, la construction de Second Virgin n'est pas sans emprunter certains ingrédients plus proches d'un thriller. Si l'univers financier dans lequel évolue Kou restera toujours très abstrait, le flashforward ouvrant le premier épisode fait que l'on a conscience d'assister à un compte à rebours. Peu importe que les différents protagonistes semblent côtoyer un temps les sommets de leur domaine respectif et allier vie professionnelle et personnelle, le téléspectateur garde toujours à l'esprit que ce bonheur est éphémère. L'histoire n'est pas un aller-simple vers un happy end. Pour relater cet engrenage, le drama n'hésitera pas à jouer sur certains effets narratifs parfois assez grossiers, entre raccourcis et coïncidences directement inspirés du soap. Mais on pardonne au scénario ces défauts car l'enjeu est ailleurs. Éclairant les incertitude et volatilité amoureuses, Second Virgin nous plonge une mélancolie lancinante : son histoire n'est pas triste, c'est juste la vie et les limites qui lui sont inhérentes.

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Sur la forme, Second Virgin est un drama classique, avec une photographie typique du petit écran japonais - une alternance de teintes aux couleurs claires (bleuté, beige...). Si on retrouve une certaine tendance à la mise en scène un peu figée et théâtrale, il faut cependant noter que la série offrira aussi quelques passages intimistes qui, par contraste, marqueront encore plus le téléspectateur. Par ailleurs, le drama est accompagné d'une bande-son travaillée et plutôt originale, comme en témoigne l'utilisation de ce "bip-bip" qui en devient presque glaçant lorsque les personnages sont à la croisée des chemins et doivent faire des choix déterminants. Retentissent également des morceaux instrumentaux plus dynamiques qui suivent finalement parfaitement les hauts et les bas de chacun des protagonistes. Il s'agit par conséquent d'une série soignée qui, tout en restant classique, sait se construire une identité esthétique propre.

Enfin, Second Virgin bénéficie d'un intéressant casting, même si les performances du trio principal sont inégales. Suzuki Kyoka (Karei naru Ichizoku) est parfaite en femme d'affaires qui découvre soudainement la vulnérabilité que peuvent provoquer les sentiments. Hasegawa Hiroki (Suzuki Sensei, Kaseifu no Mita) est excellent dans ce registre ambigü de l'ambitieux qui réussit, mais qui se retrouve emporté par ses passions presque autodestructrices et finit par voir tout lui échapper. Je serais en revanche plus mitigée sur Fukada Kyoko (Karei naru Spy) : censé dépeindre un personnage rigide à l'évolution narrativement assez chaotique, elle peine à susciter la moindre empathie pour Marie, à la fois trop inexpressive et trop dans le sur-jeu quand il s'agit de manifester des émotions. A leurs côtés, on retrouve une galerie de seconds rôles très convaincants, parmi lesquels on croise Danta Yasunori ou encore Kusabue Mitsuko.

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Bilan : Drama intrigant et original sur le relationnel, Second Virgin fascine par son ambivalence. Si son scénario cède parfois à des facilités discutables, il réussit admirablement à capturer l'intensité et le trouble des sentiments qui l'animent. Sa dimension sulfureuse n'a rien de racôleur, mais permet au contraire de mieux souligner le contraste entre des individus guidés par leurs émotions et la rigidité d'une société codifiée qui préfèrerait les étouffer. S'il y a parfois comme un arrière-goût un peu désespéré dans ce drama, on y trouve aussi une force surprenante : il faut saisir la vie et les opportunités qu'elle procure. Second Virgin est en ce sens une vraie tranche de vie, avec ses contradictions et ses souffrances, mais aussi ses instants de bonheur à chérir.


NOTE : 7,75/10


Un teaser (du film) :