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26/05/2010

(K-Drama / Pilote) Coffee House : ambiance caféinée pour une comédie romantique rafraîchissante


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En ce mercredi asiatique, je vais vous présenter une comédie romantique placée sous le signe d'une délicieuse arôme caféinée, parfum qui évoque toujours dans l'inconscient du téléspectateur quelques bons souvenirs du petit écran sud-coréen. Cette nouvelle série, diffusée sur SBS, les lundi et mardi soir, s'intitule Coffee House. Elle a débuté le 17 mai 2010.

Outre le casting, j'avoue que ce sont surtout les sympathiques affiches promotionnelles, mêlant café et écriture, qui avaient attiré mon attention sur ce drama que j'attendais donc avec une certaine curiosité. Et je crois bien que je n'aurais pas besoin d'aller chercher plus loin mon coup de coeur sucré et rafraîchissant des prochaines semaines, tant ces deux premiers épisodes furent un petit régal, une bulle d'air frais et de comédie légère et dynamique, comme la télévision coréenne sait si bien le faire lorsque les scénaristes parviennent à trouver un juste équilibre dans le canevas de narration classique exploité. Je me suis laissée charmer par cette ambiance, qui, si on s'en réfère aux dramas de cette année 2010, m'a un peu rappelé Pasta ; mais avec un petit quelque chose en plus.

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Coffee House se propose de nous plonger dans le monde de l'écriture, en nous entraînant dans les coulisses très animées d'une maison d'édition. Lee Jin Soo est un écrivain à succès, auteur de plusieurs best-sellers, mais dont les provocations mettent les nerfs de Seo Eun Young, la présidente de la société qui l'emploie, à rude épreuve. Après un énième faux-bond, exaspérée par ses excentricités, elle menace de le renvoyer et de le poursuivre en justice sur la base des multiples incartades qu'elle a dû subir et gérer au cours de la décennie écoulée. Pour aplanir les angles et revenir à un prudent statu quo dans lequel chacun trouve son compte, quoique les deux puissent prétendre à haute voix, Jin Soo soumet à Eun Young une nouvelle idée de roman, non seulement très intéressante, mais aussi potentiellement très rentable. Transigeant, la jeune femme décide alors de lui accorder un sursis de six mois pour lui laisser le temps d'écrire ce projet ; s'il ne parvient pas à respecter ce délai, elle mettra ses menaces d'action en justice à exécution.

Parallèlement, au cours d'une de ses escapades loin de ses obligations professionnelles, Jin Soo s'est réfugié, un jour de pluie, dans le café familial que tient Kang Seung Yeon, une jeune femme qui aide sa famille à s'en occuper en attendant de trouver un emploi. Vivant à travers les aventures romanesques romancées dans ses chers manhwas, Seung Yeun traverse une période difficile. Elle vient de rompre avec son petit-ami et sa famille lui reproche de plus en plus ouvertement de ne pas parvenir à gérer correctement sa vie, puisqu'elle cumule célibat et chômage. Si la première rencontre entre Seung Yeon et Jin Soo se révèle des plus rocambolesques, impliquant scènes de ménage, serrure défectueuse et autres tragiques mauvais timing, quelle n'est pas la surprise de la jeune femme lorsque l'écrivain la recontacte pour lui proposer un poste de secrétaire travaillant sous ses ordres. Grâce à un ami commun qui a su se montrer convaincant auprès de Jin Soo, Seung Yeon décroche un job très bien payé qui semble inespéré et qui devrait durer les six mois accordés par la maison d'édition. Mais la jeune femme va vite découvrir que ce poste n'est pas vraiment ce à quoi elle s'attendait et que, derrière ses apparentes bonnes manières, Jin Soo est un être plutôt invivable.

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La grande force de Coffee House réside incontestablement dans ses personnages. Chacun à leur manière, avec leurs défauts, leurs excès, mais aussi leurs paradoxes, ils se révèlent tous très attachants. Si chacun correspond à un stéréotype bien défini, le téléspectateur est agréablement surpris par la fraîcheur qui émane d'eux. Leurs portraits s'avèrent finalement plus subtiles que ce qu'on aurait pu penser a priori, bénéficiant d'une écriture assez fine et plutôt bien inspirée globalement. Tous ont leur part de dualité, leurs comportements n'étant pas dénués d'ambiguïtés. Cela permet donc d'obtenir des personnages très vivants, absolument pas figés, ni enfermés dans des caricatures.

Jin Soo est un écrivain de talent qui, dans le plus pur respect des canons de la télévision sud-coréenne, n'a pas un caractère des plus faciles. D'un naturel arrogant, perfectionniste frôlant l'obsession sur certains points comme la conception du café, et faisant preuve d'un effarant manque de savoir-vivre dès qu'on prend le temps de le connaître un peu, il présente pourtant à la face du monde une apparence courtoise, cachant ses réelles pensées derrière un faux sourire artificiel qui en trompe plus d'un. Tour à tour incarnation Darcy-esque ou homme arrogant pouvant faire des remarques vraiment blessantes lorsque le masque tombe, la dualité du personnage exerce rapidement une certaine fascination. Si ce type de série nous a habitué à la personnalité rugueuse, parfois très peu avenante, du personnage principal, le fait de jouer sur ces deux facettes (comme dans Pasta par exemple) apporte une nuance supplémentaire à l'ensemble et permet de trouver un équilibre entre les différents protagonistes.

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Au cours des deux premiers épisodes, les deux autres personnages développés sont les deux figures féminines centrales de la série. Seung Yeon, avec cette innocence propre aux héroïnes de comédies romantiques, revendique la naïveté dynamique d'une jeunesse qui n'a eu que peu l'occasion de se confronter à la vie réelle. Pleine de fraîcheur et de volonté, elle évite de tomber dans les excès pour se montrer assez attachante. A l'opposé, Eun Young, la présidente de la maison d'édition, navigue entre la femme d'affaires impitoyable ayant réussi et la jeune femme à la vie amoureuse en ruines, toujours marquée par un abandon de fiancé datant de plusieurs années. C'est aussi un personnage qui fait preuve de beaucoup d'ambivalence, notamment dans ses rapports explosifs avec Jin Soo qui sont une des réussites de ces épisodes. Entre incompatibilité de caractères et amitiés sincères, les deux jeunes gens se côtoient - se supportent, diraient certains - depuis plus de dix ans. Ils se connaissent l'un l'autre, presque plus qu'eux-mêmes ; et la façon, très volatile, avec laquelle leurs rapports sont traités ne manque pas de piment.

Ainsi, Coffee House se révèle comme une comédie fraîche, dont le dynamisme, qui ne se dément pas au fil de ces deux premiers épisodes, transmet au téléspectateur une bonne humeur contagieuse. Exploitant, avec une certaine réussite, un comique de situation dont plusieurs scènes auront réussi à me faire éclater de rire, la série évite d'en faire trop et de tomber dans une surenchère qui l'aurait alourdie, préférant entretenir une légèreté très agréable. Se réappropriant les codes scénaristiques des fictions du genre, elle s'amuse elle-même des ficelles qu'elle emploie. Pour cela, elle utilise notamment, avec parcimonie, la voix off de l'héroïne. Cette dernière, grâce à son imagination débordante et ses parallèles instinctifs avec les histoires des manhwas qu'elle dévore, est une narratrice sympathique, pas envahissante, mais qui permet de se jouer des clichés en les déconstruisant.

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Sur un plan formel, Coffee House est dotée d'une réalisation assez dynamique, n'hésitant pas à recourir à certains effets de style, petits ajouts typiques des comédies du genre. En revanche, la musique ne m'a pas particulièrement marqué pour le moment ; les quelques morceaux récurrents étant assez quelconque et oubliables.

Enfin, le casting, assez prometteur à l'origine, se révèle des plus solides. Les acteurs principaux sont pleinement entrés dans leur personnage dès le départ ; ce qui permet d'asseoir le récit. En tête d'affiche, nous retrouvons Kang Ji Hwan (Capital Scandal, Hong Gil Dong) qui réussit de façon plutôt convaincante à jouer sur l'ambivalence de Jin Soo. A ses côtés, Ham Eun Jung (sans doute plus connue des amateurs de k-pop) s'impose dans un registre rafraîchissant. Energique à souhait, Park Si Yeon (My Girl, Story of a Man) incarne la présidente de la maison d'édition qui emploie Jin Soo. Enfin, Jung Woong In interprète un ex-fiancé plutôt envahissant.

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Bilan : Ces deux premiers épisodes de Coffee House laissent entrevoir une charmante comédie, rafraîchissante et légère. On s'attache quasi-instantanément à des personnages non dépourvus de défauts, mais ayant aussi leurs ambivalences. Il se dégage de l'ensemble une ambiance sucrée et agréable, sur fond de péripéties rythmées, à laquelle il est difficile de ne pas adhérer. Tout en utilisant des ficelles scénaristes classiques, l'écriture de Coffee House se révèle plutôt subtile, avec plusieurs scènes vraiment bien inspirées. Pas de lourdeurs, relativement peu d'exagérations, des passages drôles et des relations entre les personnages volatiles à souhait : un cocktail sympathique comme les sud-coréens savent si bien le faire et qui prend instantanément !


NOTE : 7,5/10


Des bande-annonces de la série :

 

23/05/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 8 : The Hungry Earth (1)


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Il s'agit de la première partie d'une nouvelle aventure s'étalant sur deux épisodes. De façon plus marquée que dans le précédent double épisode, The Hungry Earth s'apparente à une vaste introduction, révélant progressivement les enjeux du jour, mais dont la portée réelle dépendra clairement de la réussite de la seconde partie. Se terminant sur un cliffhanger prévisible mais efficace, c'est peut-être plus le trailer de l'épisode suivant qui laisse le téléspectateur frustré et impatient. Pour ce qui est de The Hungry Earth, c'est aussi l'occasion de renouer avec des créatures de la mythologie de l'ancienne série de Doctor Who, que nous n'avions pas recroisées depuis 2005, les Silurians (Homo Reptilia), qui furent introduit pour la première fois dans cet univers en 1970.

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L'épisode s'ouvre sur un de ces inattendus dont le Docteur a le secret, les atterrissages non maîtrisés du Tardis dans des lieux ou des époques imprévus, alors qu'une plage ensoleillée et reposant était promise à nos héros. Ainsi, alors qu'ils devaient débarquer en plein carnaval de Rio de Janeiro, nos amis en sont pour leurs frais en se découvrant arrivés au fin fond de la campagne britannique, dans le cimetière d'un petit bourg perdu, en 2020. Le temps de s'auto-saluer avec leurs "futurs soi" en plein pèlerinage sur la colline opposée - petite anecdote futuriste d'une chose que j'imagine totalement Amy et Rory pouvoir faire dans quelques années - , et les voilà rapidement projetés dans une aventure aux accents de choc des civilisations, où l'étiquette "d'envahisseurs" est impossible à apposer, à la différence de tant de confrontations avec d'autres créatures non humaines.

C'est que, dans ce bout de campagne perdu, se trouve également une installation minière. Les responsables, des chercheurs, ont entrepris de creuser le plus profond possible, ayant découvert un minerais datant de plusieurs millions d'années. Or, s'il y a bien une règle primaire de survie que Doctor Who nous a enseignée au cours de ces dernières saisons, c'est que cette obsession très humaine, que Jules Verne traduisait déjà en mots il y a plus d'un siècle, est dangereuse. Le monde sous-terrain regorge généralement de secrets oubliés qu'il est plus prudent de laisser dormir en paix. Malheureusement, dans l'épisode du jour, il est trop tard pour sauvegarder cette tranquilité. Un trou de plusieurs dizaines de kilomètres de profondeur a déjà été percé ; et, la veille, la machine qui continue de creuser a réveillé quelque chose.

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Or, ce quelque chose, quel qu'il soit, a pour le moment un effet direct sur le sol de cette bourgade. Il ne s'agit pas seulement des cadavres des personnes enterrées dans le cimetière qui disparaissent mystérieusement, mais, surtout, d'étranges trous qui sont apparus autour de l'installation minière. L'homme responsable de la surveillance de nuit a disparu. Lorsque le Docteur et Amy pénètrent sur les lieux, la situation a déjà échappé à tout contrôle. Plutôt habilement, l'épisode maintient dans un premier temps le mystère, en n'identifiant pas immédiatement les adversaires du jour. Au contraire, il commence par donner comme vie à la Terre : un phénomène se produit, aspirant les gens sous la surface comme si un sol a priori inoffensif se changeait en sables mouvants vivants.

Une nouvelle fois, le Docteur et Amy vont se retrouver séparés par les évènements ; et Amy va partager le sort des victimes, disparaissant sous terre. Si le téléspectateur ne se fait pas excessivement de souci pour le sort de la jeune femme, j'ai été surprise par l'intensité et la force de cette scène où le Docteur finit par lâcher la main d'Amy qui est "avalée" sous ses yeux. Il se dégage de cette échange une émotion assez poignante qui m'a profondément touchée. Cela sonnait très juste, sans sur-jouer dans le dramatique.

Cette nouvelle séparation forcée entre Amy et le Docteur, au cours d'une aventure, ne désquilibre cependant pas notre équipe, en raison de la présence de Rory, qui continue de s'intégrer naturellement dans la dynamique globale. C'est sur lui qu'échoue donc le rôle de servir d'appoint au Docteur ; une mission dont il s'acquitte avec brio, confirmant également le fait qu'il forme un duo très sympathique à suivre associé au Docteur. C'est d'ailleurs une des forces de ce casting que de pouvoir actuellement aussi bien fonctionner en trio qu'en duo, chacun des trois protagonistes se révélant très complémentaire avec les deux autres.

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D'autant qu'en l'espèce, il n'y a pas de temps à perdre. Le sauvetage d'Amy viendra en son temps, tout d'abord il s'agit d'assurer l'accueil des créatures réveillées sous la Terre et qui s'apprêtent à surgir à la surface. Accompagné d'une poignée d'humains, c'est au Docteur de sauver la situation, en commençant par apprécier quels sont les enjeux. L'épisode bascule durant quelques scènes dans la "fiction de monstres" classique, en témoigne cette course-poursuite entre les tombes du cimetière. Une ambiance introductive des plus suggestives pour permettre ensuite la première rencontre directe avec un ennemi désormais identifié par le Docteur : il s'agit des Silurians. Ces derniers, qui appartiennent à la mythologie whonesque, sont des humanoïdes reptiliens, une autre branche de l'évolution. Ils sont donc eux-aussi des terriens. Ce qui permet quelques remarques décalées du Docteur, pointant qu'il ne s'agit pas d'une invasion, et que techniquement, les Silurians ne sont pas des extraterrestres.

Avec l'aide de Rory, le Time Lord réussit à capturer une des Silurians, confirmant que nous sommes dans un processus de prises d'otages réciproques et que, pour le moment, aucune victime n'est (encore) à déplorer dans les différents camps. La confrontation avec Alaya, la Silurian, est à la hauteur des attentes que cette progressive introduction avait pu susciter. Le personnage se révèle hostile, campant sur ses positions ; et le Docteur alterne entre enthousiasme de croiser à nouveau cette race et menaces claires, jouant plus que jamais sur la dualité de la personnalité d'Eleven.

De cet échange, il ressort surtout une menace de guerre, entre Silurians et êtres humains, tous deux proclamant leurs droits légitimes sur "leur" Terre. L'objectif du Docteur va donc être d'éviter cette escalade. Pour atténeur les tensions, il devient nécessaire de prendre contact directement avec les Silurians. Mais le Time Lord sous-estime considérablement la gravité de la situation... Car c'est une entière civilisation d'homo reptilia qui a perduré dans les sous-sols de ce petit bout perdu de la Grande-Bretagne, et qui a été dérangée.

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Si l'épisode est un peu lent à démarrer et ne se dégage jamais de l'impression qu'il fait simplement office de vaste introduction avant que les choses sérieuses ne commencent réellement dans la seconde partie, il introduit cependant plusieurs thématiques qui seront sans doute un peu plus développées ensuite.

Ce sont peut-être les parallèles évidents entre les humains et les Silurians qui sont les plus marquants, car il ne s'agit pas des bons côtés de chacune des deux races. Ils partagent en effet les mêmes réflexes de survie meurtriers. Ainsi, la mère humaine rassemble-t-elle des armes, prête à se battre, en suivant le même instinct "guerrier/territorial" que les Silurians eux-mêmes une fois qu'ils ont été agressés. De façon encore plus éclatante, l'épisode pointe les similitudes dans leur attitude vis-à-vis des prisonniers. La première suggestion faite par le responsable minier n'est-elle pas de disséquer la Silurian, afin d'identifier ses faiblesses et ainsi mieux connaître cette race ennemie ? Evidemment, le Docteur se charge de balayer cette idée, mais ce n'est pas un hasard si nous découvrons ensuite à la fin de l'épisode que les Silurians ont, de leur côté, fait la même chose à leurs otages.

On retrouve de part et d'autre des sentiments similaires : la défiance, la peur, de cette autre race ; une revendication territoriale de la planète, où l'autre n'est pas sensé avoir une place, assimilé à un envahisseur qu'il n'est pas ; et puis, cet instinct guerrier qui refait surface... Le discours du Docteur qui choisit de bien mettre les choses au point avant de ne partir en quête des Silurians est particulièrement révélateur. Il confie l'otage Silurian aux trois humains restants, mais est conscient qu'il ne peut pleinement faire confiance à leur nature primaire. Les humains sont bien plus proches des Silurians qu'aucune des deux races ne souhaiteraient le reconnaître ; préserver la paix est l'objectif d'un Time Lord, pas forcément d'êtres humains qui réagissent à une attaque. Heureusement, Rory reste également sur place. Cependant, les affirmations narquoises d'Alaya suffisent à bien pointer le risque de dérapage existant. L'otage doit rester vivante, mais ça n'ira pas forcément de soi. D'autant que cette dernière rêverait de se transformer en martyre pour déclencher des représailles sanglantes.

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Outre ce parallèle qui brouille le lisibilité des deux camps en présence, l'épisode offre une nouvelle fois au Docteur la possibilité de mettre en lumière toute l'ambivalence de son personnage. Je me repète, mais je suis chaque semaine fasciné par les contrastes d'attitudes et d'émotions qu'Eleven peut exprimer au cours d'une seule scène. The Hungry Planet propose encore plusieurs exemples soulignant cette ambiguïté. C'est ainsi le cas lors de sa discussion avec la Silurian, où il débute porté par l'excitation de cette nouvelle rencontre avec cette espèce, témoignant d'un enthousiasme sincère pour leur technologie, avant que les réponses d'Alaya à ses questions ne l'assombrissent. C'est en particulier le mensonge selon lequel elle serait la dernière de son espèce, d'autant plus cruel quand il est adressé au dernier des Time Lords, qui l'amène à se montrer plus menaçant. Matt Smith module à merveille son visage et le ton de sa voix suivant les circonstances. Une performance de haut vol.

Dans cette même lignée, je retiendrais également la scène où la mère rassemble des armes "pour se défendre", prouvant bien que la menace de rupture de la paix peut provenir des deux espèces. Le Docteur lui indique qu'il agit sans avoir recours à de tels procédés, l'invitant à oublier cette alternative sur un très ambigu "I'm asking nicely", où perce derrière un sourire poli, un ordre ne souffrant d'aucune discussion où l'on descellerait presque une menace tout juste voilée.

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Bilan : The Hungry Planet apparaît donc avant tout comme une introduction pour la seconde partie de l'aventure, qui promet beaucoup. Après un départ très calme, l'épisode accélère progressivement, construisant peu à peu une tension qui culmine avec l'arrivée à la surface des Silurians. La ré-introduction de cette créature rattachée à la mythologie globale de l'univers whonesque se révèle des plus efficaces. Au final, ces quarante minutes esquissent différentes thématiques, comme le parallèle dressé entre ces homo reptilia et les êtres humains peuplant la surface de la Terre. Et si le cliffhanger se termine de façon prévisible, mais le trailer achève d'aiguiser l'intérêt du téléspectateur pour une suite qui promet beaucoup !

Pour formuler un jugement sur l'aventure elle-même, il faudra par contre attendre la seconde partie, les deux étant trop dépendantes.


NOTE : Non noté, étant donné que cet épisode est surtout une introduction pour le suivant, une note globale sera attribuée à la fin de ce double épisode.


La bande-annonce du prochain épisode, la seconde partie de l'aventure, Cold Blood :

22/05/2010

(Pilote US) The Good Guys : le retour des buddy cop shows des années 80

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Toutes les séries des grands networks US se concluent les unes après les autres en cette fin de mois de mai (il sera bientôt l'heure de dresser un bilan de la saison écoulée), tandis que leurs consoeurs estivales s'apprêtent à prendre le relais, principalement sur les chaînes câblées. Cependant, certaines chaînes insufflent encore un soupçon de nouveauté, ou plutôt d'inédits (le terme "nouveauté" étant, par bien des côtés, peu en rapport avec la réalité d'une série comme The Good Guys). C'est le cas de la Fox, sur laquelle a démarré le 19 mai 2010, The Good Guys, un cop show tout droit sorti des années 80, prouvant une nouvelle fois ce revival des fictions policières à l'ancienne, plaçant les personnages en son centre et délaissant le scientifique déshumanisé qu'avait insufflé la franchise CSI au paysage téléphagique.

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The Good Guys nous plonge dans le quotidien d'un duo d'enquêteurs de la police de Dallas. Reprenant à son compte un schéma invariable décliné depuis des décennies, les deux personnages principaux ne pourraient être plus opposés : tout les différencie, de leur façon d'être à leur conception de leur métier. Pourtant, la série va logiquement nous montrer qu'au-delà des affrontements inévitables et des clashs réguliers que l'association génère, ils forment aussi une équipe très atypique, vaguement improbable, mais finalement complémentaire.

Avec un sens inné pour fâcher ses supérieurs, assorti d'une certaine arrogance et d'une tendance à respecter scrupuleusement les règlements, Jack Bailey est un jeune carriériste qui a énervé suffisamment de monde dans son département pour se retrouver à devoir faire équipe avec le vétéran du service, relique d'un autre temps avec laquelle personne ne souhaite s'associer, Dan Stark. Ce dernier est un policier déphasé, perdu dans le souvenir des aventures de ses folles premières années dans les forces de l'ordre, qui a oublié de rentrer dans le XXIe siècle. S'il a conservé son badge, en dépit de ses écarts, notamment en boissons alcoolisées, c'est en raison d'une gloire passée : dans les années 80, lui et son partenaire ont sauvé la vie du fils du gouverneur. Hollywood en a fait un film, son ancien partenaire une crise de nerfs, et Dan Stark est resté, imperturbabe et immuable, à son poste.

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Le concept de base de The Good Guys laissait entrevoir une série se réappropriant de vieilles recettes. La promo entourant la série annonçait quelque chose d'assez décalé, la Fox ayant capitalisé plus que de raison sur la fameuse moustache de Dan Stark. Le résultat se révèle au final rempli d'une autodérision plutôt lourde, où le décalage et le ridicule des situations sont poussés jusqu'à l'absurde. Jouant sur ses codes scénaristiques, s'amusant des clichés qu'elle convoque et empile à l'écran, ce pilote finit cependant par faire frôler l'indigestion au téléspectateur. Car c'est sans finesse, et avec une complaisance assez grasse, que la série verse dans un second degré qui, s'il n'est pas forcément désagréable à suivre, ne brille pas par son originalité et ni les surprises qu'il pourrait réserver au téléspectateur. The Good Guys exploite jusqu'à l'excès son côté kitsh, sur la forme comme sur le fond, de sa réalisation jusqu'à son traitement des intrigues mises en scène.

La relation entre les deux co-équipiers évolue avec une prévisibilité déconcertante au fil de l'épisode, de la défiance jusqu'à une relative compréhension. Chacun des personnages force sur ses traits de caractère, Dan Stark symbolisant, jusqu'au bout de sa moustache, le "vieux de la vieille", allergique aux ordinateurs et à toute technologie moderne, resté coincé dans les méthodes ayant cours deux décennies auparavant et idéalisant cette période jusqu'à la caricature. A ses côtés, Jack Bailey promène ses faux airs de gendre idéal, bien sous tout rapport, avec l'assurance d'une jeunesse qui va se retrouver confrontée aux limites de ses vérités sur le travail de policier. Si cela donne une ambiance inclassable, pas déplaisante, l'accumulation de ces effets finit par peser.

The Good Guys replace également les délinquants au centre du jeu, leur appliquant le même traitement que pour ses protagonistes principaux. Cette forme d'autodérision du genre policier, ne prenant pas au sérieux les évènements relatés, même quand il s'agit de fusillade, m'a un peu rappelé, cette saison, la manière dont Justified met en scène ses propres criminels. Seulement, là où la série de FX montre une certaine habileté et finesse pour manier cette tonalité décalée, y recourrant avec parcimonie et maîtrise, The Good Guys s'y complaît en versant dans une caricature de la caricature.

L'appréciation reste ensuite très subjective. Tout dépend du téléspectateur : est-il prêt à jouer le jeu et à suivre les scénaristes sur cette voie ? Pour ma part, j'avoue que c'était un peu too much.

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Sur le fond, comme sur la forme, The Good Guys apparaît donc comme une série hors de son époque, à l'image de Dan Stark. Les scénaristes ont voulu jouer jusqu'à l'excès sur ce parti pris ; ils obtiennent une fiction de pure détente qui ne sollicite pas le cerveau fatigué du téléspectateur rentrant du travail. La narration aurait cependant pu être un peu plus fluide ; car la série s'amuse plus que de raison à faire des retours en arrière, pour expliquer comment tel ou tel personnage en est arrivé là. Cela renforce cette impression d'absence de sérieux ; la légende nous indiquant à l'écran que nous repartons en arrière s'accompagnant d'ailleurs d'un coup de feu, bruitage qui prête à sourire ou à se dire qu'ils en font vraiment trop.

Je vous avoue que, dès le départ, je me doutais que The Good Guys ne serait pas trop ma tasse de thé. Si j'ai tenu à visionner au moins le pilote, c'est autant pour dépasser mes a priori et faire preuve d'une saine curiosité sériephile, que pour retrouver les membres de son casting dans mon petit écran. Il faut savoir que Bradley Whitford et moi, c'est une histoire qui a vraiment débuté un vendredi soir de juillet 2001, sur France 2 ; quand il releva une tête pas réveillée, assommée par sa gueule de bois, du bureau sur lequel il venait de passer sa nuit, l'épée de Damoclés d'un renvoi pesant sur sa tête. Oui, il s'agissait alors du pilote d'A la Maison Blanche ; et Josh Lyman demeurera toujours pour moi une des figures les plus symboliques d'une série qui restera sans doute à jamais comme une de mes préférées, pour tout ce qu'elle a pu apporter à ma téléphagie. Par conséquent, il m'était inconcevable de ne pas au moins regarder le premier épisode de The Good Guys. En souvenir du "bon vieux temps", pour une production qui se complaît tellement à en appeler à la fibre nostalgique du téléspectateur. Aux côtés de Bradley Whitford, qui en fait peut-être un peu trop en Dan Stark, "vétéran des vétérans", on retrouve Colin Hanks (Roswell) qui correspond parfaitement à l'image de Jack Bailey. Enfin, la petite touche féminine indispensable est assurée par Diana-Maria Riva (Side ordre of life) et Jenny Wade (Reaper).

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Bilan : The Good Guys est une série plutôt adaptée à la période estivale en ce sens où elle est une invitation claire à se divertir sans réfléchir. Elle se place volontairement dans le registre de l'excès, se complaisant souvent dans une autodérision grasse. Par son cadre très 80s', elle entreprend de surfer sur la fibre nostalgique du téléspectateur qui aurait gardé quelques doux souvenirs des rodéos motorisés et fusillades multiples du petit écran de cette décennie. Malheureusement, tout cela tourne un peu à vide, se laissant submerger par une course à l'absurde qui peut lasser le téléspectateur.
Au final, le visionnage du pilote de The Good Guys se justifie surtout par son casting. La seule présence de Bradley Whitford (avec moustache !) vaut bien un bonus de +1,5 points sur la note finale attribuée à l'épisode. En souvenir du bon vieux temps. Mais la suite sera sans moi.


NOTE : 4/10


La bande-annonce de la série :

21/05/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 7

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Encore quelques heures, et nous y sommes. The end of an era.

Ce soir, une des mythologies téléphagiques les plus fascinantes de ces dernières années va arriver à sa conclusion et peut-être nous fournir des réponses tant attendues. BBC1 diffuse en effet le dernier épisode de Ashes to Ashes. Ce n'est pas seulement la fin de ce spin-off que nous allons vivre, c'est une résolution de l'énigme que constitue l'intégralité de cette franchise inaugurée il y a cinq années, avec Life on Mars, qui devrait nous être proposée. Comme tout series finale à dimension mythologique, pour le téléspectateur, l'impatience se dispute à l'appréhension : les réponses seront-elles à la hauteur ? Le dernier chapitre permettra-t-il à la série de terminer en beauté et de lui octroyer une place de choix dans la production télévisée d'outre-Manche ?

En attendant, vendredi dernier, le septième épisode, avant-dernier de la série, posait clairement les enjeux à venir ; du sort de Sam Tyler jusqu'à celui des membres de l'équipe de Gene Hunt, les questions se bousculaient à la fin de cette heure complexe et fascinante de télévision comme on l'aime.

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L'intrigue du jour nous replace pleinement dans le contexte des années 80, en évoquant la situation d'une Afrique du Sud déchirée par l'Apartheid, avec comme dilemme posé aux policiers le cas de l'ANC, qui, suivant leur perspective, est officiellement une organisation terroriste, mais qui mène un combat juste de revendication des droits. Entre préjugés où flottent un relens de racisme et la culpabilité libérale mise en exergue par Alex, les positions seront finalement bien plus nuancées que le premier portrait dressé, caricatural, ne le laisserait penser ; l'ambiance électrique s'explique en partie par le fait que l'affaire intervient alors que le traumatisme de la mort de Viv demeure comme une plaie béante et infectée, au sein du commissariat.

Un immigré sud-africain, policier infiltré au sein d'un groupe de l'ANC basé en Angleterre, est tué de plusieurs coups de couteau dans les locaux de l'organisation. Encore une fois, l'intérêt de l'histoire ne repose pas sur un éventuel suspense quant à la découverte du coupable, ou plutôt de la coupable, mais plutôt dans la façon dont l'intrigue va marquer nos héros, et plus précisément Chris. Car après les émancipations symboliques de Shaz et de Ray, la réelle interrogation est de savoir si Chris, toujours si effacé, se soumettant instinctivement au tempérament explosif de Gene Hunt, peut, comme ses deux collègues, gagner son indépendance et, d'une certaine manière, peut-être sa liberté. Prouver qu'il dispose de son libre-arbitre et qu'il peut prendre des décisions, en les assumant jusqu'à s'opposer frontalement à un Gene Hunt qui n'a jamais été aussi irascible que durant cet épisode.

Si la coupable semble rapidement toute désignée, ce n'est même pas elle qui va retenir l'attention des policiers. Gene souhaite décapiter la tête de cette cellule de l'ANC, persuadé qu'ils s'apprêtent à commettre des attentats sur le sol britannique, exportant ainsi leur conflit. Au final, ses efforts se révèleront doublement vains. L'attentat - manqué - aura lieu ; et le leader du groupe, refusant d'abandonner la jeune meutrière, se dénoncera à sa plac. Cet enchaînement qui s'apparente plus à un échec pour Gene va pourtant être propice à des prises de conscience, peut-être salvatrices.

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D'une part, Alex brise explicitement sa règle de ne jamais évoquer le futur devant ceux qui l'entourent, en annonçant au sud-africain désillusionné la libération prochaine de Nelson Mandela, puis son accession à la présidence. Le simple fait que l'homme interroge ensuite Chris sur Alex prouve que cette révélation "spoiler" l'a plus marqué qu'on ne pourrait le croire ; peut-être suffisamment pour le convaincre de poursuivre sa route, où que celle-ci soit ou le conduise. Car, d'autre part, l'homme s'impose comme un catalyseur pour le personnage de Chris. En partageant avec lui son expérience passée, il s'humanise aux yeux du jeune policier qui trouve dans ce récit une émulation lui permettant, pour la première fois, de se détacher de l'autoritarisme de Gene Hunt, afin d'imposer ses propres convictions.

Chris libèrera ainsi le combattant de l'ANC, allant à l'encontre des ordres de son chef. La dernière rencontre qui aura lieu entre les deux hommes, à l'extérieur, sera chargée de symbolique. Chris y confirme la maturation à laquelle il est parvenu au cours de l'épisode, tandis que le sud-africain laisse le téléspectateur songeur. Son passage au commissariat, sa discussion avec Alex, paraît l'avoir revigoré. Il paraît retrouver le sens de ses priorités et une raison de vivre, ou de poursuivre son chemin... Il disparaîtra dans la nuit, trop brusquement pour cela soit naturel. Qui était-il ? Un individu de passage dans cette réalité, comme Alex ? Quoiqu'il en soit, il aura autant servi de guide pour Chris, qu'il n'aura bénéficié du contact compréhensif de ce dernier et d'Alex.

En somme, l'émancipation de Chris est l'évolution majeure de l'épisode, car elle s'inscrit dans la mythologie globale de la série. Comme Shaz, comme Ray, plus tôt dans la saison, va retentir derrière lui, en fond sonore, au cours d'une scène au bar, le début de la musique de "Life on Mars". Il est le dernier membre à s'affirmer vis-à-vis de Gene, dans ce qui ressemble à une épreuve initiatique. Désormais, comme ses deux collègues, Chris se retrouve confronté à cette impression de fin du monde, à cette dilution de la réalité dans laquelle ils évoluent.

Mais quoiqu'il advienne, quoique cela signifie, Shaz, Ray et Chris seront ensemble. C'est sans doute le plus important.

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Globalement, c'est toute la mythologie de la série qui s'accélère, les intrigues du jour n'étant plus que prétextes anecdotiques pour façonner les réactions et évolutions de nos héros. Ainsi, en parallèle, Keats se montre de plus en plus pressant, de moins en moins diplomate, et son apparence de maîtrise de soi et de fausse sympathie se craquelle à vue d'oeil, laissant transparaître une agressivité qui souligne une évidente nervosité. Les évènements de l'épisode précédent ont logiquement laissé des traces dans la mémoire du téléspectateur qui le regarde sous un jour nouveau, mais également dans son attitude, plus distante. L'échéance approche. Quelqu'elle soit. Et avant la confrontation finale, il souhaite disposer de tous les atouts possibles, à commencer par ceux possédés par Alex.

Il presse donc la jeune femme afin qu'elle choisisse son camp, et lui fournisse les éléments à charge qu'elle a pu réunir contre Gene Hunt. Les rapports d'Alex avec son supérieur ont toujours été centraux dans Ashes to Ashes, formant une des fondations de la série. Alors que tout touche à son terme, logiquement, c'est dans cette relation que tout va se jouer. Dans cet épisode, mythologie et affections se mélangent en un tourbillon qui menace d'entraîner notre duo. Derrière les sentiments évidents, mis en scène de façon très touchante au cours de cette fin de soirée dans l'appartement d'Alex, il y a le point d'interrogation que constitue le sort de Sam, qui s'apparente à une épée de Damoclès sur leurs rapports, mais aussi, plus largement, sur l'ensemble de cette réalité, pouvant potentiellement tout bouleverser.

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Devant l'insistance d'Alex, parce qu'il est conscient, lui aussi, qu'il n'est plus possible de reculer, Gene lui propose une version de l'histoire au cours d'un dîner, quelque part entre le rendez-vous galant et le semi-interrogatoire. Sam ne serait en fait pas mort dans cet accident qui n'aurait servi qu'à couvrir son départ... vers où, vers quoi, Gene ne le sait pas. A supposer qu'il dise la vérité, on pourrait trouver ici un parallèle avec la volatilisation du sud-africain en fin d'épisode. Au fond, ce qui est demandé à Alex, c'est de croire sans avoir de preuve formelle. Il faut avoir la "foi", mot qui revient à plusieurs reprises depuis quelques épisodes. Référence religieuse qui nous renvoie à la mythologie générale de la série, où les parallèles symboliques ne manquent pas, ou simple qualificatif innocent, coïncidence juste troublante ? Je pense que nous en sommes arrivés à un stade où plus aucun élément n'intervient de façon innocente. Tout est connecté ; les pièces du puzzle sont devant nous, le téléspectateur ne sait simplement pas encore comment les agencer.

Si l'arrivée de Keats viendra rompre la magie du moment d'intimité que partagèrent Alex et Gene après qu'ils aient aplani toutes les tensions ayant empoisonné leur relation cette saison, elle ressemble plus à un ultime soubresaut désespéré, une dernière tentative de la part du policier d'amener Alex à douter, à rompre la confiance que Gene place en elle. Mais tout n'est-il pas déjà joué ? Depuis le début de la saison, Keats a mis tout en oeuvre pour briser le lien qui unit les deux policiers, Alex a enquêté, Gene a traversé de difficiles épreuves, mais ils se retrouvent pourtant cette soirée-là dans l'appartement d'Alex, comme si tous les efforts de Keats n'avaient servis à rien. Alex n'a-t-elle pas, inconsciemment, toujours choisi son camp, quelque soient les soupçons qu'elle ait pu nourrir à l'encontre de Gene ? A elle d'être honnête avec elle-même.

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Tout apparaît déjà presque écrit. Le téléspectateur a l'impression diffuse d'avoir déjà de nombreuses clés pour résoudre cette énigme posée par Ashes to Ashes. Les derniers épisodes ont été d'une richesse mythologique vertigineuse, fascinants et troublants ; et, au bout du compte, le sentiment qui domine est l'impression que la boucle est en train d'être bouclée. Nous sommes à la fin d'une ère, nous ignorons quelle est cette ère.

Les hallucinations auditives de Ray, Shaz et Chris ne sont qu'un indice encore flou. Mais cette réalité des années 80 renvoie de plus en plus l'image d'un simple lieu de passage, que symbolise cette vaste porte gothique s'ouvrant sur les étoiles, au seuil de laquelle se tiennent les trois policiers, en fin d'épisode. Où mène-t-elle ? Marque-t-elle une fin, ce néant ressenti par Ray ? "Où sont-ils", "où vont-ils", seront peut-être les deux questions les plus importantes pour la destinée de tous nos héros dans la dernière ligne droite qu'ils leur restent à parcourir.

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Bilan : Ce septième épisode de Ashes to Ashes continue d'abattre nos certitudes, faisant progresser un peu plus la série sur la voie du fantastique, complexifiant la mythologie et prenant un malin plaisir à prendre au dépourvu le téléspectateur. Les fondations de cette réalité des années 80 s'effondrent peu à peu, pas seulement au commissariat, mais des failles apparaissent également dans le décor de cet univers, Ray, Chris et Shaz en étant les témoins privilégiés. Dans le même temps, comme s'ils se situaient à un autre niveau, la confrontation entre Keats et Gene Hunt s'intensifie ; plaçant Alex dans l'obligation de faire un choix, un choix qui sera basé sur son coeur, car aucune certitude matérielle ne subsiste dans cette réalité.

La mythologie de Ashes to Ashes s'est révélée de plus en plus intrigante et prenante au fil de la saison, les scénaristes réussissant habilement à générer une attente de plus en plus grande ; le téléspectateur n'espère plus qu'une chose : une chute finale à la hauteur !


NOTE : 9/10

19/05/2010

(K-Drama) Dong Yi : l'irrésistible ascension sociale d'une esclave


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En ce mercredi asiatique, revenons à mes premiers amours téléphagiques de ce continent, les productions en provenance de Corée du Sud. Alors que de nouvelles séries sont ou s'apprêtent à être lancées (Giant, My Country Calls (ou Call of the country), Coffee House ou encore Bad Guy pour ce seul mois de mai - j'aurais l'occasion d'y revenir, suivant la disponibilité de sous-titres et mes affinités), arrêtons-nous aujourd'hui sur une série qui a débuté en mars dernier : Dong Yi. Ce drama appartient au genre des sageuk, c'est-à-dire des kdramas historiques. Qui dit sageuk, dit aussi souvent marathon téléphagique, car vaste fresque épique. Cinquante épisodes sont a priori prévus pour cette série, conduisant la fin de la diffusion de la série à septembre prochain. Il n'est donc pas trop tard pour s'y mettre ! Les "pauses" estivales sont faites pour ça (certes, le terme "pause" est tout relatif par rapport à la situation d'il y a quelques années, mais ce sont des séries qui se suivent toutes seules une fois que l'on est rentré dans l'histoire).

Pour ma part, j'ai pour le moment vu les dix premiers épisodes (un peu trop avancée pour parler de simple critique de "pilote" donc), sur les dix-huit à ce jour diffusés par MBC.

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A priori, Dong Yi est le type-même de drama à l'égard duquel l'addiction du  téléspectateur se construit de façon exponentielle au fil des épisodes visionnés ; une histoire qui s'inscrit résolument dans la durée et dont la pleine dimension s'acquiert dans les détours et la complexité de la réalisation d'une destinée, celle de l'héroïne. Il faut savoir que même si leur nombre d'épisodes effraye plus d'un courageux amateur occidental de kdrama, les sageuk ont plutôt la côte auprès des ménages coréens. L'an dernier, par exemple, Queen Seon Duk avait plusieurs fois dépassé les 40% de part d'audience. En début d'année, dans un style très différent mais toujours historique, Chuno (Slave Hunters) a également cartonné, dépassant allègrement la barre des 30%. Dong Yi, après avoir débuté modestement, tourne actuellement autour de 25% de part d'audience.

Vous savez aussi que, de manière générale, peu importe la nationalité, je garde toujours une affection particulière pour toute fiction touchant à l'Histoire. Il est donc logique que j'apprécie ce genre. Je crois d'ailleurs que c'est le moment où je dois confesser que j'ai acheté, cet hiver, plusieurs livres d'histoire sur la Corée, justement pour mieux cerner la culture et apprécier un peu mieux ce type de dramas. Cependant, précisons quand même que la recette ne prend pas à chaque fois ; à l'automne dernier, je n'avais pas dépassé les 4-5 premiers épisodes de Queen Seon Duk, n'ayant jamais réussi à accrocher aux enjeux du récit et aux personnages. En revanche, avec Dong Yi, l'introduction s'est faite plus aisément, naturellement. Rapidement, je me suis laissée entraîner par cette histoire qui met en scène, à nouveau, une figure centrale féminine forte que nous allons voir mûrir sous nos yeux.

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Se déroulant au XVIIe siècle, ce drama se situe à l'époque de la dynastie du Joseon, plus précisément sous le règne du roi Suk-Jong. Il est basé sur une histoire vraie, celle de Dong Yi, qui, de basse extraction, gravira les échelons sociaux pour devenir concubine royale. Le fils qui naîtra de cette liaison, Yeong-Jo, deviendra le 21e roi de Joseon. C'est donc le récit d'une irrésistible ascension sociale que se propose de nous conter la série, à travers le destin de cette jeune femme finalement lié à celui du royaume. Dong Yi se présente ainsi presque sous les traits d'un faux conte de fée, une ascension sociale fulgurante quand on pense à la rigidité de la hiérarchie sociale dans la société coréenne de cette époque-là.

Logiquement, la série s'ouvre sur certains évènements fondateurs qui vont conditionner la destinée de l'héroïne. Ce sont ainsi des faits tragiques de son enfance qui nous sont d'abord relatés. Il est à noter que cette entrée en matière se rélève particulièrement efficace : rythmée, contenant beaucoup d'action, tout en introduisant une première fois tous les protagonistes, elle s'attache à poser les fondations de l'histoire. Les quatre premiers épisodes sont ainsi consacrés à ce tournant de l'enfance de Dong Yi ; ce qui, sur une série de 50 épisodes, est relativement court et bien dosé. Les ingrédients du récit prennent rapidement : il n'y a pas d'inutile exposition, on rentre immédiatement dans le vif du sujet.

Je précise également que les questions géopolitiques se révèlent plutôt aisées à suivre dans la série, avec des clans assez facilement identifiables et clairement divisés. Le téléspectateur s'y retrouve sans souci ; et nul besoin de garder un schéma à côté de soi, pour se souvenir de tout, comme dans certains dramas historiques (tel Bicheonmu, par exemple).

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Ce drama démarre en utilisant des ficelles classiques. Petite et grande histoires se rejoignent et la vie personnelle de Dong Yi va se retrouver emportée dans le tourbillon des jeux de pouvoir des puissants du Royaume qui se livrent à une lutte d'influence sans merci. La série débute alors que le pays est  ébranlé par les meurtres de plusieurs hauts dirigeants, appartenant à la faction du Sud. Dong Yi découvre l'une des victimes, agonisant sur les berges d'une rivière. Avant de mourir, l'homme a le temps de mimer un étrange signal avec ses mains, dont elle ne comprend pas le sens, et de lui confier une plaque d'identification qu'il a peut-être arraché à son meurtrier. Cette rencontre ne va être que le premier déclencheur de ses malheurs ; car c'est toute la famille de Dong Yi qui est entraînée dans les filets d'un complot, dont ils vont devenir les victimes collatérales autant que les bouc-émissaires. Le père de la petite fille, ancien instructeur de l'actuel chef de la police, se voit en effet confier les corps des dignitaires tués afin de les autopsier, pour aider à la progression de l'enquête.

Or, tous les indices pointent vers une organisation secrète de plus en plus agitée dernièrement, la Fraternité de l'Epée. Composée d'individus appartenant au bas de la hiérarchie sociale, ses membres ont appris à manier les armes et aident les esclaves en fuite à échapper à ceux qui les pourchassent. Ils sont surveillés depuis quelques temps par le chef de la police. Même si l'assassinat de nobles n'a encore jamais fait partie de leurs activités, une attaque de la Fraternité de l'Epée a eu lieu à proximité de l'un des assassinats. Pour appuyer ces soupçons, en coulisses, les vrais responsables tirent habilement les ficelles, orientant l'enquête en semant des indices qui accusent l'organisation.

Si le père de Dong Yi comprend la machination, se reposant sur la confiance du chef de la police, il se trouve malheureusement au centre d'un conflit d'intérêts qui lui sera fatal. En effet, il enquête, certes, pour le compte des autorités ; mais il est également le leader de la Fraternité de l'Epée, cette organisation émancipatrice tant redoutée et à laquelle on finit par attribuer les pires actions. Chaque camp avançant ses pions dans l'ombre, de complots en quiproquos, tout finit dans le sang. Injustement accusés, ces combattants qui rêvaient d'une certaine égalité sociale, parmi lesquels le père et le frère de Dong Yi, seront ainsi exécutés pour des crimes qu'ils n'ont pas commis.

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Dong Yi parviendra à échapper au destin funèbre de ses proches, avec l'aide des derniers fidèles de sa famille. Déjà très obstinée, elle choisira cependant de ne pas s'enfuir, se jurant de mettre à jour cette conspiration qui provoqua une telle tragédie et de découvrir la vérité. Pour cela, son seul indice est le fameux signal que le dignitaire mourant lui indiqua sur la berge de la rivère. Or, quelques jours plus tard, en ville, elle vit une dame du palais reproduire le même geste. Décidée à retrouver cette femme afin de comprendre ce que signifie ce signe, Dong Yi entre au service du palais, comme esclave rattachée au Département Royal de Musique (où travaillait d'ailleurs son frère).

Se concluant sur ses évènements fondateurs tragiques, le drama reprend ensuite le fil de l'histoire six ans après ces faits. Dong Yi entre dans l'âge adulte, devenue une jeune femme encore très immature, mais qui a su se rendre progressivement indispensable auprès des musiciens. Grâce aux connaissances enseignées par son père, qui lui avait notamment appris à lire, elle est beaucoup plus éduquée que ce que son rang d'esclave ne le laisserait penser. Elle dispose ainsi de ressources insoupçonnées, qu'elle va devoir mettre à profit pour se sortir de situations complexes dans un palais où plusieurs camps se livrent une âpre lutte sans merci.

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Si les premiers épisodes avaient laissé une large place à l'action, à partir du moment où l'histoire se recentre sur le palais, le drama renoue avec la tradition des intrigues de Cour les plus classiques.

Au détour des corridors et des différents bâtiments composant la vaste résidence royale, sorte de ville dans la ville, les complots reprennent en effet de plus belle lorsque le roi décide de reconvoquer à ses côtés Lady Jang, une de ses favorites, pour qu'elle devienne une de ses concubines. Nous retrouvons, plusieurs annéess après, les mêmes jeux de pouvoirs entre factions rivales que ceux qui avaient coûté la vie au père de Dong Yi. Au-delà des clans du Sud et de l'Ouest, c'est entre les deux femmes les plus proches du Roi qu'a lieu l'affrontement direct, la Reine mère faisant tout ce qui est en son pouvoir pour piéger Lady Jang et obtenir son renvoi de la Cour. Au milieu de cette lutte que Dong Yi va devoir essayer de ne pas être, une nouvelle fois, sacrifiée, victime collatérale anecdotique du combat des puissants. Faisant preuve d'un esprit vif, d'un sens de l'initiative rarement pris au dépourvu et d'une loyauté obstinée, Dong Yi se fait remarquer à plusieurs reprises, attirant l'attention de Lady Jang, mais aussi du roi...

Si les enjeux sont toujours très élevés dans les intrigues en cours, le téléspectateur amateur d'action risque cependant de trouver certains développements un peu longuet. Nous sommes ici dans un sageuk au sens traditionnel du terme, où tout suit un théâtralisme codifié, avec une réalisation posée, et où les dialogues prennent plus de place que les combats. L'affrontement n'en est pas moins létal ; mais entre gens de Cour, les moyens de parvenir à ce résultat sont plus détournés et compliqués.

Personnellement, mise à part deux ou trois petites baisses de rythme vite rattrapées, je ne trouve rien à redire à ce début : la série trouve le bon dosage entre les complots et le façonnement des relations qui unissent les différents protagonistes.

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Cette dimension plus humaine constitue d'ailleurs sans doute un des atouts majeurs de Dong Yi. Le formalisme relativement figé de ce drama ne l'empêche pas de jouer dans l'émotionnel et de réussir ainsi à faire vibrer le téléspectateur devant les dilemmes et les épreuves que doivent traverser les différents protagonistes. Pour le moment, ce sont surtout - et logiquement - Dong Yi et Lady Jang qui s'imposent, deux figures féminines aux destinées finalement plus proches que leurs différences de statuts actuels ne le laisseraient penser. Lady Jang était elle-aussi de basse extraction sociale, mais éduquée et pleine de ressources, elle est parvenue à gagner sa place auprès du roi. Dong Yi n'est encore qu'une adolescente, souvent naïve et trop spontanée ; mais le drama donne justement envie au téléspectateur de suivre sa progressive mâturation, sa transformation qui va lui permettre d'accomplir une destinée insoupçonnée.

Le personnage du roi a pour le moment laissé entrevoir un potentiel intéressant, qu'il faudra exploiter. S'il est entouré de courtisans comploteurs, sa figure demeure sacrée pour chaque faction. Tous les clans s'affrontent entre eux, mais le roi se situe au-dessus de la mêlée. Se plaçant souvent en arbitre des évènements, essayant d'influer sur les rapports de force au sein de son gouvernement, afin d'atteindre un équilibre précaire, mais nécessaire, dans l'intérêt du royaume, Suk-Jong gouverne en alternant autoritaire reprise en main de ses ministres et action indirecte via quelques fidèles. Il se pose donc en maître de l'échiquier du pouvoir, que le drama symbolise par le biais du Jeu de Go.

J'ai beaucoup apprécié le fait que les rapports entre les différents personnages se révèlent généralement bien caractérisés. Ce que j'ai préféré le plus jusqu'à présent, c'est l'habile contraste proposé par les intéractions très différentes du roi avec les deux autres personnages féminins de la série. Ses relations avec Lady Jang se situent dans un registre très digne, remplies de confiance et de sentiments. Tandis qu'avec Dong Yi, simple esclave qui, surtout, ignore qui il est, pensant côtoyer un simple officier de la garde royale, il y a une spontanéité et une certaine forme d'innocence, le roi se laissant emporter par l'enthousiasme pas toujours mesuré de la jeune femme. Ces différentes facettes contribuent à donner au drama une atmosphère très rafraîchissante, appréciée par le téléspectateur et qui lui permet de s'attacher à ces protagonistes.

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Sur la forme, Dong Yi est une belle série, dotée d'une réalisation classique, mais enrichie par des décors et une reconstitution d'époque très aboutis. Le fait de s'intéresser au Département Royal de Musique permet d'offrir plusieurs belles représentations ; ces spectacles prennent la couleur du folklore par moment. C'est chatoyant et c'est un vrai plaisir pour les yeux. Cela offre un magnifique dépaysement pour le téléspectateur.

La bande-son de Dong Yi est également très bien fournie, en musiques adaptées aux différentes ambiances rencontrées. Quelques balades tristes pour illustrer le deuil, des morceaux épiques pour donner un souffle supplémentaire à certaines scènes d'action... Tout y est, tout en restant suffisamment en retrait pour ne pas empiéter sur l'histoire, évitant d'être trop envahissant.

Enfin, du côté du casting, rien à redire. Dong Yi est interprétée, à l'âge adulte, par Han Hyo Joo, l'héroïne de Brilliant Legacy l'an dernier. Ji Jin Hee (He Who Can't Marry) incarne le roi Suk-Jong. Lee So Yeon (Temptation of an Angel) est Lady Jang Hee Bin. Bae Soo Bin (Temptation of an Angel, Brilliant Legacy, Jumong) joue un ancien membre de la Fraternité de l'Epée à qui Dong Yi doit la vie. Le rôle du chef de la police revient à Jeong Jin Yeong (Kingdom of the Wind). Et, enfin, Park Ha Seon incarne la reine, et épouse officielle de Suk-Jong.

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Bilan : Dong Yi est un beau drama historique, dont les intrigues de cour sont soutenues par une intéressante dimension humaine. La série parvient à jouer sur l'affectif du téléspectateur, en dépeignant avec une certaine finesse les relations entre ses différents personnages. Si les amateurs d'action risquent de rester un peu sur leur fin au vu de ces dix premiers épisodes, les amoureux de belles reconstitutions devraient y trouver leur compte. Il émane de ce drama un souffle rafraîchissant des plus dépaysants.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

Le générique :