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13/06/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 11 : The Lodger

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The Lodger correspond à une petite pause proposée aux téléspectateurs, une opportunité pour reprendre son souffle et de se remettre des derniers épisodes riches en émotions, avant d'attaquer l'arc final qui verra la prophétie annoncée en début de saison se réaliser, la Pandorica s'ouvrira. En attendant ces grandes manoeuvres, ce onzième épisode, avec en toile de fond une aventure quelque peu anecdotique, offre au Docteur un terrain d'expression à sa convenance, pour verser dans une sorte de "one-man-show" enthousiasmant. On ne le répètera jamais assez, mais une chose est bel et bien certaine : Matt Smith maîtrise désormais plus que parfaitement son sujet. Et il n'est jamais plus époustouflant que lorsqu'il s'agit d'exposer en pleine lumière la personnalité du Docteur, génie versatile et hyperactif, prompt à se laisser emporter dans ses élans de Time Lord. Bref, sans marquer, The Lodger se révèle être une belle célébration d'Eleven. Peut-être ce qu'il fallait avant d'abord la dernière ligne droite.

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Si le Docteur est sur-exposé dans cet épisode, c'est en partie la conséquence du twist de départ : Amy et lui sont une nouvelle fois séparés. En effet, le Tardis rencontre des difficultés pour se fixer au lieu et à l'époque voulus. Le Docteur ayant mis un nez dehors, le vaisseau, instable, repart sans lui, le laissant la tête dans l'herbe du parc où ils avaient attéri tandis qu'Amy est coincée à l'intérieur. Pris dans une sorte de boucle spatio-temporelle, le Tardis est bloqué dans un entre-deux de turbulences. Pour espérer le stabiliser et ramener Amy sur Terre, il faut identifier et stopper la source de ces troubles. L'épisode ne s'appesantit pas sur cette recherche, qui ne pose pas vraiment de difficulté au Docteur, bien aidé par des tours de passe-passe temporels.

Le problème provient du premier étage d'une maison de banlieue pavillonnaire quelconque. Ne sachant à quoi s'attendre, privé de l'assistance du Tardis et ne devant surtout pas se regénérer dans l'aventure au risque de voir le Tardis se perdre avec Amy, le Docteur est contraint d'adopter une tactique d'infiltration plus subtile qu'à l'accoutumée : il répond à une offre de collocation pour louer une chambre dans l'appartement du dessous. En raison de cette approche moins directe et de l'isolement relatif du Docteur, The Lodger va donc se rapprocher des épisodes qui ont pu par le passé mettre en scène une forme d'infiltration. Le Docteur doit découvrir ce qui se cache à l'étage, sans éveiller les soupçons, ni l'attention du résidant du dessus. Le téléspectateur est bien conscient qu'il s'agit d'un prétexte scénaristique sans doute un peu facie, mais l'enjeu de l'épisode en dépend : ce qui intéresse le scénariste, ce sont les efforts d'adaptation du Docteur. Ses essais pour suivre un quotidien et un mode de vie humain le plus normal possible vont constituer l'attraction principale de ces quarante minutes, d'où ma qualification, par moment, de "one-man-show". 

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On retrouve, dans ces efforts de socialisation avec de nouveaux compagnons le temps d'une aventure, la petite touche de folie qui avait marqué l'introduction d'Eleven au cours du premier épisode de la saison. Ce ressenti ne provient pas seulement du fait que c'est la première fois depuis 10 épisodes que le Docteur met les pieds dans une cuisine pour nous concocter une de ces préparations culinaires dont il a le secret - et qui, en dépit de la manière de la concevoir, se révèlera bonne. Globalement, la dynamique avec son colocataire prend parfaitement, si bien qu'on retrouve un faux air de première rencontre avec Amy Pond. A croire que la solitude sied d'une certaine façon au Docteur, permettant à sa personnalité excentrique de se manifester et de s'épanouir pleinement, sans être contrebalancé par une présence pouvant le catalyser comme celle d'Amy.

Tout cela ressort au contact des nouvelles rencontres qu'il peut faire, nous offrant des passages proprement jubilatoires où le Docteur est absolument génial. Si je ne devais retenir qu'une seule chose de cet épisode, c'est l'opportunité qu'il offre d'explorer plus en avant et de pleinement apprécier cette personnalité complexe du Time Lord. Les scènes enthousiasmantes ne manquent pas. Dès la première rencontre avec son futur colocataire, sur le palier de la porte d'entrée, le ton est donné. Le Docteur s'impose naturellement, monologuant au gré de ses pensées. Les échanges entre les deux hommes sont juste hilarants, et vont garder ce côté décalé pour le reste de l'épisode. La collocation, quelle merveilleuse invention. Le Docteur dans la cuisine, le Docteur dans la salle de bain, le Docteur s'immisçant dans les projets amoureux de son nouvel ami... Le scénario exploite pleinement la situation, faisant le tour de toutes les péripéties les plus cocasses que cela pouvait générer. Et, peut-être en clin d'oeil à l'évènement sportif du mois, le Docteur va même jusqu'à s'essayer -avec un certain succès- au football ! Bref, est mis en scène un ensemble de scènes du quotidien, d'une telle normalité que leur étrangeté n'en est que plus accentuée tant elles sont inhabituelles pour notre excentrique Time Lord. Cela donne d'excellents moments de télévision.

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Un peu écrasée par la performance, l'intrigue du jour peinera tout au long de l'épisode à atteindre sa pleine envergure. Sans doute parce qu'en dépit de son omniprésence, elle peine à retenir notre attention. En effet, si les contacts intermittents avec Amy et les bruits venant du dessus constituent un rappel nécessaire et constant de la dangerosité de la situation, on ne s'inquiète jamais réellement de l'issue de l'aventure. Certes, cette saison a déjà prouvé qu'elle savait nous surprendre, mais le téléspectateur ressent bien que The Lodger est un épisode de transition, une bulle d'air frais en guise de parenthèse, permettant de se reposer avant de s'attaquer à l'enjeu majeur de la saison, ces craquelures spatio-temporelles qui fragmentent l'univers.

La résolution de l'intrigue va suivre le même état d'esprit. Tout d'abord, il y a la révélation expresse de ce qui est en train de se produire au colocataire. Avouons que le partage télépathique d'informations, c'est un procédé bien pratique : une facilité pour le scénariste  qui a un grand avantage, cela permet d'expédier toute cette phase d'explication et de digestion des informations en quelques secondes, balayant toutes les questions potentielles du colocataire qui sait désormais tout ce qu'il y a à savoir. Le voilà donc catapulté sans plus de cérémonie assistant "temporaire" du Time Lord, le temps d'une aventure sans lendemain, ce qui justifie cette rapidité d'exécution : inutile de s'appesantir sur le moment anecdotique de la révélation.

Le danger alien du premier étage se révèla être finalement un vaisseau alien en perdition, auquel le système de survie recherche désespérément un pilote. Il grille - au sens littéral du terme - les passants happés dans la rue, à essayer de trouver un individu adéquat supportant la charge. Au final tout est expédié rapidement sans que cela paraisse une issue majeure; Le colocataire aura eu son utilité grâce à son amour pour la sédentarité - et pour la belle demoiselle à laquelle il peut enfin déclarer sa flamme. Le vaisseau alien en perdition se désagrègera (révélant l'absence de premier étage dans la maison). Et le Tardis pourra enfin se poser, avec une Amy assez secouée à son bord... Happy end. En somme, jusque dans cette résolution peu travaillée, on perçoit bien que l'enjeu de l'épisode est ailleurs.

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Episode de transition, The Lodger est une occasion de se concentrer sur le Docteur, et de savourer le fait que la série détient un des personnages principaux les plus enthousiasmants, complexes et fascinants du paysage téléphagique actuel. Et j'avoue que mettre en valeur cet aspect est  une chose que j'apprécie au plus haut point. La séparation d'Amy, très en retrait, n'est pas préjudiciable à l'équilibre de l'histoire, car c'est cette absence relative qui permet  au Docteur de faire étalage, de façon si marquée et sans contrôle, de ses réflexes de socialisation véritablement jubilatoires. Au fond, explorer plus avant et se concentrer sur les petits détails de la personnalité délicieusement excentrique du Docteur est une façon de masquer les faiblesses de l'intrigue principale, aventure un peu anecdotique que le téléspectateur relègue inconsciemment rapidement au second plan durant l'épisode. The Lodger demande simplement à ce que l'on profite de l'ambiance qui se dégage de l'ensemble.

Avant la dernière ligne droite de la saison, cet épisode est une piqûre de rappel savoureuse, rappelant au téléspectateur tout le plaisir qu'il y a à suivre notre Time Lord favori, dans ses vives réparties comme dans ses nombreuses contradictions qui l'animent. Et c'est aussi une façon d'offrir à Matt Smith un magnifique terrain d'expression à sa convenance, en saluant sa performance tout au long de la saison. Car, si son jeu vaut tous les superlatifs, il faut aussi souligner à quel point l'acteur n'est jamais aussi bon que quand il met pleinement en scène le comportement versatile et dynamique de son personnage. Dans cet épisode, il frôle la perfection.

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Bilan : The Lodger est un épisode de transition qui, avec son aventure un peu anecdotique en arrière-plan, se révèle finalement être un bel hymne au Docteur, lui donnant l'occasion de laisser sa personnalité s'exprimer sans retenu. Ces quarante minutes sont un condensé de scènes jubilatoires, de prétextes à des réparties et échanges décalés savoureux. Ce n'est pas un épisode dont l'apport marquera la saison 5, mais c'est une paranthèse très plaisante et un choix qui peut se justifier alors que la série amorce le virage pour rentrer dans sa dernière ligne droite.


NOTE : 8/10


L'arc final débute la semaine prochaine, The Pandorica Opens :

12/06/2010

(Pilote UK) Dappers : Bristol single mums

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Après Pulse la semaine dernière, ce jeudi soir, BBC3 poursuivait ses propositions de nouvelles séries avec la diffusion de deux pilotes, projet potentiel si les retours plaisent à la chaîne. Construits sur un format de 30 minutes par épisode, Dappers et Stanley Park illustrent bien les efforts de diversité et la bonne volonté (même si le résultat n'est pas toujours à la hauteur) de BBC3. Visant tous des publics assez ciblés, mais différents, ces deux derniers pilotes exploitent cependant des concepts plus modestes et moins originaux dans le paysage téléphagique, que l'horreur fantastique de Pulse. Prêtant parfois à sourire, ils se situent sur un registre léger, plutôt orienté comédie.

Ecrite par Catherine Johnson (scénariste du film Mamma Mia!), Dappers n'est pas déplaisante, mais reste cependant très (trop?) mesurée dans toutes les idées qu'elle transpose à l'écran.

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Habitant dans un logement social de Bristol, Ashley et Faye sont deux jeunes mères célibataires, sans emploi stable, qui tentent difficilement de joindre les deux bouts en cumulant aides familiales et petits boulots divers. Leur vie tourne autour de leurs enfants, étant prêtes à tout pour ces derniers. Amies très proches, complices unies dans et contre les soucis que chaque journée engendre, elles revendiquent avec une certaine fierté leur qualité de mère. Vivant dans le même immeuble, elles passent leur journée ensemble, partageant activités et états d'âme.

Dappers raconte donc leur quotidien pas toujours simple. Elles doivent tout d'abord gérer leurs rapports avec les pères respectifs de leurs enfants, des jeunes hommes souvent absents et loin d'être très fiables. Pourtant, naviguant de façon tout aussi versatile entre frustration et espoir, elles caressent toujours le doux rêve de parvenir à cet idéal de famille "complète", souhaitant, pour l'une, que son petit ami se responsabilise un jour, pour l'autre, qu'il revienne simplement à ses côtés et cesse de batifoler partout.

Outre une vie personnelle chaotique où leurs enfants demeurent le seul élément solide et stable de leurs journées, Ashley et Faye connaissent un quotidien rythmé par les péripéties qu'elles se créent. Elles s'inventent des combines pour améliorer leur vie matérielle, entre petits boulots souvent sans lendemain et anecdotiques vols à l'étalage sans conséquence. L'idée de l'épisode consiste ainsi à organiser une garderie des chiens des habitants du voisinage pour la journée. Cela se passe plutôt bien jusqu'à ce que la perte de l'un d'entre eux ne fasse éclater au grand jour à quel point elles ne maîtrisent absolument pas ce sujet animalier. En parallèle, leurs relations avec leurs voisins, caricature de "gens bien sous tous rapports", s'enveniment chaque jour davantage.

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Dappers s'inscrit dans une tonalité légère, entièrement construite sur la dynamique existant entre les deux mères au centre de l'histoire. Leur complicité se suivant avec plaisir, tout comme leurs réparties toujours très spontanées, cela confère à l'ensemble une ambiance plutôt agréable. La série s'investit donc beaucoup dans l'atmosphère, ambitionnant à nous immerger dans les préoccupations du milieu populaire qu'elle décrit. Les parallèles avec d'autres fictions viennent naturellement à l'esprit, malheureusement peut-être au détriment de Dappers. Nous sommes sur BBC3, donc en quête d'une certaine fraîcheur et bien loin des provocations et du trash maîtrisé d'une série comme Shameless, qui demeure une référence pour le portrait de ces classes populaires. C'est bien entendu logique, car Dappers n'a pas les mêmes ambitions et ne vise sans doute pas exactement le même public. Reste une frustration face à toutes les possibilités que ce concept permettait : ce pilote ne parvient pas à se départir de ce côté un peu "gentillet", qui se suit sans déplaisir, mais sans conséquence. Ne marquant pas le téléspectateur, la série peine à lui faire prendre rendez-vous pour l'avenir.

Côté casting, on retrouve des actrices familières du petit écran : Lenora Crichlow (Being Human, Material Girl), en habituée de ce type de projet, et Ty Glaser (qu'on a pu voir récemment dans Above Suspicion). Elles parviennent à bien mettre en valeur la complicité qui unit leurs deux personnages, recréant devant la caméra une amitié sobre et solide qui crédibilise très bien les relations humaines décrites.

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Bilan : Le pilote de Dappers n'est pas désagréable à suivre. Le quotidien mouvementé, agrémenté de péripéties burlesques, de ces deux jeunes mères pragmatiques, vaut en grande partie pour la complicité dont elles font preuve à l'écran. L'ensemble est plutôt vivant et cela prête quelque fois à sourire, sans plus. Au final, le pilote parvient à se créer une ambiance assez intéressante. Comme nous sommes sur BBC3, Dappers reste logiquement sur un registre assez soft et léger. Trop peut-être. Car sans réel piquant, sans impertinence véritable, tout cela se regarde un peu sans conséquence. Si bien que la pérennité du concept ne semble pas complètement assurée : ce cadre pourra-t-il vraiment fournir matière et intéresser les téléspectateurs durant une saison complète ? Même si, six épisodes, ce n'est non plus excessivement difficile à combler.


NOTE : 4,5/10


La scène d'ouverture de l'épisode :

10/06/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 10 : Vincent and the Doctor


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Avec Vincent and the Doctor, la saison 5 de Doctor Who propose ici un de ses épisodes les plus maîtrisés et aboutis de l'année. A la découverte d'une figure historique et culturelle, on y retrouve cette ambiance troublante d'ambivalence, entre happy end et fatalité, constante très intéressante de la saison. Épisode tour à tour prenant, touchant, émouvant et drôle, le téléspectateur passe un excellent moment devant son petit écran.

Et puis, mine de rien, on peut commencer à esquisser quelques réflexions sur cette saison. Nous en sommes déjà (!) au dixième épisode, la fin approche à grands pas. Pourtant ai-je l'impression de ne pas voir la saison passer ? Je dois avouer que je savoure de façon hebdomadaire sans le moins du monde me projeter vers le season finale. Ça, c'est généralement plutôt bon signe dans une série !

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L'épisode s'ouvre sur une balade anecdotique de notre duo au Musée du Quai d'Orsay à Paris. Amy ignore qu'elle vient de perdre un être cher, et le Docteur, ne pouvant détacher ses pensées de cette tragédie, réalise tous ses rêves, comme pour essayer à sa manière de compenser, d'offrir ce réconfort dont Amy doit avoir, au moins inconsciemment, besoin. C'est ainsi que nos voyageurs visitent l'exposition consacrée à Van Gogh, présentée par un guide touristique fabuleux, Bill Nighy qui s'invite avec classe et superbe pour quelques scènes. Le Docteur s'arrête cependant devant le tableau d'une église. A une des fenêtres est dessinée une étrange silhouette qui interpelle instinctivement le Time Lord, tous ses sens en alerte. Ce n'est pas une ombre anonyme sortie du cerveau tourmenté du peintre, mais bien un danger. Il prend donc la décision d'enquêter sur cette créature...

Un renseignement chronologique plus tard, Amy et le Docteur débarquent donc en juin 1890, à la rencontre de Van Gogh, moins d'un an avant que le célèbre peintre ne mette fin à ses jours. Menant une vie de marginal, ses peintures invendues traînant chez lui, production pour laquelle son talent n'est pas reconnu, il accumule les dettes au café du bourg, incapable de les payer, personne n'acceptant ses "croûtes" comme monnaie d'échange. Paria naturellement méfiant, instable et versatile, Van Gogh offre une première rencontre à la hauteur des attentes du téléspectateur. C'est une constante de la série, les premiers échanges entre le Docteur et des personnages historiques, toujours dotés d'une forte personnalité, provoquent invariablement des étincelles et donnent lieu à des répliques cinglantes souvent jubilatoires. Celle-ci ne déroge pas à la règle, fausse bataille d'égo entre deux figures qui ne se laissent pas facilement démonter. Il faut le charme et la spontanéité d'Amy, source de bien des apaisements, pour prendre la voie médiane de la transaction.

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Quelques minutes seulement passées dans cette bourgade confirment au Docteur tous les soupçons qu'il pouvait avoir sur l'existence d'une créature dangereuse qui y sévirait. Plusieurs villageois sont morts. Or, nos deux voyageurs, raccompagnant finalement le peintre chez lui après avoir été chassés à ses côtés du lieu où le cadavre de la dernière victime a été retrouvé, découvrent pourquoi le tableau représentait la menace. Tout aussi haut en couleur et instable mentalement, ce n'est pourtant pas la folie qui lui fait voir charger cette créature invisible qui existe bel et bien, laissant sur son chemin un sillage de mort. Sa vision unique du décor qui l'entoure - ce que retranscrit en partie ces tableaux - lui permet de percevoir ce qu'un oeil normal, d'humain comme de Time Lord, ne peut capter.

Cette créature est évidemment extraterrestre. La façon dont elle est traitée suit un schéma classique pour la série. Il y a tout d'abord l'identification du danger, au moyen d'un improbable outil de reconnaissance qui traînait dans le vide-grenier du Tardis depuis des années. La première confrontation est évidemment compliquée, et le sauvetage in extremis. Tout cela se déroule dans une relative insouciance, l'humour se mêlant naturellement à l'ensemble, témoignant du fait que l'importance de l'épisode réside bien plus dans la rencontre avec Van Gogh et toute la symbolique à laquelle elle renvoie, plutôt que dans cet énième affrontement avec un dangereux alien. Enfin, vient l' affrontement final dans cette église où le monstre apparaissait sur le tableau exposé au XXIe siècle. C'est Van Gogh qui sauve nos deux voyageurs d'une situation compliquée, réussissant finalement à tuer la créature en se servant du fait qu'il est le seul à la voir.

Pourtant, cette conclusion est une fausse happy end, à l'image de bien des épisodes dans cette saison 5. Le Docteur révèle ensuite que cette créature avait été abandonnée par les siens, car elle était aveugle. Elle tuait au hasard, en chargeant, probablement parce que cette situation lui était insupportable. Van Gogh semble à ce moment-là ressentir presque une forme d'empathie, ou du moins de compréhension du comportement si dangereux qu'elle a eu. Cette fin garde donc un goût doux-amer qui reflète la tonalité d'ensemble de l'épisode.

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Car cet épisode, chargé d'une mélancolie sous-jacente, nous propose finalement une forme de deuil. Ce recueillement, dont la faille spatio-temporelle nous aura privé en effaçant Rory de la mémoire d'Amy, va se vivre à travers le destin déjà scellé du génie qu'était Van Gogh. Car Amy, sans y prendre garde, avec une insouciance presque condamnable, s'attache à cet homme. Elle espère en secret pouvoir changer quelque chose, empêcher ou du moins reculer la tragédie déjà programmée. Elle n'a pas de souvenirs de Rory, pourtant, tout au fond d'elle, quelque chose est brisé. Van Gogh le perçoit, lui. Elle se contente, elle, de réagir à un ressenti qu'elle ne peut exprimer, essayant, espérant apporter ce petit quelque chose qui rallongerait la vie du peintre.

C'est au fond l'objectif secret du voyage dans le futur que le Docteur offre à la fin à Van Gogh. Nos deux amis lui permettent de découvrir sa renommée posthume et ce qu'il laissera aux générations futures. En accédant à la postérité après sa mort, il gagnera une forme d'immortalité. Non, il ne sera pas oublié. Oui, son talent sera un jour reconnu, célébré même. Mais cette incursion dans le futur, si elle l'émeut profondément, ne changera pas l'histoire. D'ailleurs le Docteur aurait-il cédé à l'impulsion d'Amy s'il avait pensé un instant que cela pourrait remettre en cause un élément sans doute à jamais fixé dans la ligne temporelle, le suicide de Van Gogh ? Il y a une fatalité, une immutabilité, dans cette fin tragique.

Ses espérances déçues, Amy semble affectée, mais le Docteur lui délivre un discours  comme toujours chargé d'une vitalité qui reboosterait quiconque. Ils lui ont offert de belles choses, lui permettant d'entrevoir quelque chose au-delà même de sa mort, n'est-ce pas déjà précieux ?

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Dans cette ambiance qui oscille entre une légèreté de façade et une thématique plus pesante en arrière-plan, ce qui frappe peut-être le plus durant l'épisode, c'est l'omniprésence, latente la plupart du temps, de la mort. La symbolique des tournesols, sur lesquels Amy insiste lourdement, est à ce titre particulièrement révélatrice et forte. Ce n'est pas un épisode "classique" suivant le décès d'un personnage, mais nous sommes projetés dans une zone trouble, une espèce de "faux deuil", perceptible sans être exposé au grand jour. L'inconscient d'Amy pleure son fiancé oublié. Le Docteur est plus prévenant que jamais, la conduisant là où elle le souhaite, essayant de la satisfaire. Mais, lui-aussi, souffre en secret d'une situation dont il se sent responsable. Son lapsus, lorsqu'il lâche tout haut le prénom de Rory, montre bien à quel point ce dernier occupe encore ses pensées.

La force de l'épisode est finalement de parvenir à conserver omniprésent un souvenir qui n'est plus et ne peut plus être énoncé à voix haute. Derrière les apparences, s'opére un travail de deuil  silencieux. Ce caractère implicite se révèle peut-être encore plus touchant encore qu'un traitement classique, sans doute parce qu'il joue sur la fibre émotive du téléspectateur, qui se retrouve à ressentir les regrets non formulés par les personnages, à commencer par Amy.

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Car cet épisode est effectivement chargé de regrets, une continuation inavoué du drame qui s'est vécu et sur lequel on ne peut faire le travail de deuil attendu. L'intrigue fil rouge des failles spatio-temporelles est d'ailleurs mise entre parenthèses. Aucune mention n'y est faite, aucun indice n'apparaît. Au fond, cela paraît logique. Il n'y a plus besoin de justifier de son importance, cette craquelure fatale est dans tous les esprits, du téléspectateur comme du Docteur. Tout le monde a saisi ce qui est à l'oeuvre, inutile d'y revenir pour le moment. Elle s'efface donc presque pudiquement afin de permettre à chacun d'apprécier cette aventure, mais aussi, en son for interne, de dire au revoir à Rory.

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Billan : Vincent and the Doctor est un épisode subtile, riche en ambivalences et en émotions. L'aventure est classique mais rythmée, elle se suit de façon plaisante. Cependant l'enjeu véritable est ailleurs. Alternant les touches fantaisistes pleines de légèreté et les moments plus touchant, l'épisode nous amène à la découverte d'un peintre à la destinée tragique, artiste mal aimé en son temps auquel nos deux voyageurs tenteront d'apporter une brève paix intérieure. Mais dans le même temps, s'opère un travail de deuil implicite à la fois troublant et touchant. Il s'agit incontestablement d'une réussite, petite mine d'or dans laquelle on retrouve tout ce qui fait la série. Cela se savoure sans modération.


NOTE : 9,5/10


La bande-annonce du prochain épisode :

09/06/2010

(K-Drama / Pilote) Bad Guy : un élégant thriller très sombre


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En ce mercredi asiatique, je vais vous présenter un drama qui tranche avec les différentes déclinaisons de comédies romantiques de ces dernières semaines. Diffusée par SBS les mercredi et jeudi, depuis le 26 mai 2010, Bad Guy devrait compter 20 épisodes. Il s'inscrit dans un autre créneau également très apprécié de la télévision sud-coréenne, celui de la vengeance. Si l'aspect sentimental ne disparaît jamais complètement d'un tel drama, la série se réapproprie également les codes scénaristiques du thriller, distillant un suspense des plus prenants en posant ses intrigues. Comme vous connaissez mon inclinaison naturelle pour ce type de fiction, vous devinez que j'étais très impatiente de découvrir le résultat ; d'autant que la campagne de promotion autour de la série laissait entrevoir d'intéressantes choses, ainsi que des images à l'esthétique soigné.

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Thriller à l'ambiance intrigante, Bad Guy n'en part pas moins sur les bases les plus classiques qui soient à la télévision sud-coréenne, en déclinant la thématique de la vengeance à partir de ressorts très connus. Tous les ingrédients du genre sont là : une famille puissante détenant un Chaebol, des tragédies ayant façonné les personnages dans l'enfance et des comptes à solder de la plus implacable des manières, l'ensemble posant les bases d'une revanche destructrice impitoyable.

La genèse de ces futures tragédies s'est logiquement déroulée très tôt, dans le sang d'un autre drame. Le patriarche de la famille Hong, qui détient le puissant groupe Haeshin, avait eu un enfant hors-mariage. Un fils, qu'il fit recherché par ses hommes. Ces derniers revinrent avec un jeune garçon, Gun Wook, arraché sans ménagement à sa famille et intégré de fait au sein des Hong. Mais après un bref temps d'ajustement, des tests ADN révélèrent que Gun Wook n'était pas ce fils caché. Le vrai Tae Sung Hong fut finalement retrouvé. Il prit alors la place de Gun Wook, tandis que ce dernier était rejeté sans ménagement hors de la maisonnée (au sens propre du terme). Ses vrais parents furent alors appelés pour venir le récupérer. Malheureusement, en arrivant sous un temps apocalyptique, ils eurent un terrible accident de voiture. De ce gâchis orchestré par les puissants dont lui et sa famille ne furent que des victimes collatérales, Gun Wook en aura gardé un ressentiment qui se sera peu à peu changé en une haine profonde envers les Hong, se fortifiant au fil des ans. Devenu adulte, jouant les doublures/cascadeurs devant les caméras cinématographiques, il est désormais décidé à employer tous les moyens pour détruire ce clan.

En parallèle, tournant également autour de cette riche famille, Moon Jae In est conseillère dans le domaine de l'art. Son activité professionnelle l'amène à fréquenter les Hong, et à se lier notamment d'amitié avec la plus jeune fille, Mo Ne, dont la main est déjà promise à un financier bien plus âgé qu'elle. Ambitieuse, Jae In est une pragmatique qui rêve d'accéder à un certain statut social en jetant son dévolu sur de riches héritiers. C'est comme cela qu'elle va croiser la route de Gun Wook.

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Bad Guy nous dévoile progressivement cette situation de départ, en adoptant un choix narratif au final plutôt avisé. En effet, les scénaristes refusent de donner toute l'histoire "clef en main" aux téléspectateurs, comme le choix de la facilité aurait pu le justifier, casant un premier quart d'heure, larmoyant à souhait, qui aurait permis de situer chaque personnage. Au contraire, le drama opte pour une voie plus subtile, et moins directement accessible, en débutant l'histoire dans un présent où les projets de chacun sont déjà à l'oeuvre. Bad Guy nous plonge donc immédiatement, sans explication particulière, dans le quotidien des divers protagonistes, misant sur une ambiance faisant la part belle au mystère et au suspense. Peu à peu, tout va s'assembler sous nos yeux et révéler un toutélié des plus intrigants, nourrissant opportunément la paranoïa du téléspectateur qui se laisse facilement prendre au jeu.

Le procédé de narration est classique, mais s'avère assez opportun en l'espèce : les scénaristes décident d'utiliser le recours aux flash-backs. Ils dévoilent ainsi peu à peu les motivations qui se cachent derrière le tableau des rapports de force prenant progressivement forme sous nos yeux. Certes, cette méthode peut initialement quelque peu déstabiliser, car on a l'impression de prendre en cours de route une intrigue déjà commencée, naviguant tout d'abord à vue et peinant à identifier les vrais enjeux. Une forme de responsabilisation du téléspectateur s'opère : ce dernier doit interpréter et parfois extrapoler sur le sens de certains regards ou de paroles échangés. En ce sens, Bad Guy accroche et nécessite tout de suite toute notre attention, nous encourageant à nous poser des questions. De plus, a posteriori, une fois le visionnage des deux premiers épisodes effectué, la façon dont les pièces du puzzle s'emboîtent progressivement se montre assez efficace, confirmant la curiosité du téléspectateur et permettant d'asseoir l'ambiance assez sombre de la série.

Ainsi, si cette construction narrative nous laisse dans un premier temps plutôt dans l'expectative, elle prouve par la suite tout son bienfondé et laisse entrevoir une certaine maîtrise de leur sujet par les scénaristes, ce qui peut inciter à l'optimisme pour la suite.

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En choisissant de poser d'abord l'ambiance globale du drama, chargée de mystères et de tensions, avant de proposer des explications, Bad Guy réussit à tout d'abord capitaliser sur le ton très sombre, donné dès la première scène, où une jeune femme, manifestement effrayée par quelqu'un dont on ne distingue pas le visage, se retrouve acculée sur le toit d'un immeuble d'où elle glisse. Elle est tuée par sa terrible chute, la police, après enquête, concluant au suicide. Illustration de cette volonté des scénaristes d'interpeler le téléspectateur, lui laissant le soin de faire ses propres déductions par lui-même, ce n'est qu'au cours du deuxième épisode que nous sera révélé qui était cette jeune femme et qu'elle était son lien avec ce qui joue dans le drama.

Ainsi, Bad Guy s'impose tout d'abord par son atmosphère intrigante. Les scénaristes préfèrent dans un premier temps suggérer, avant de consacrer ou expliciter une situation. Le traitement des personnages rejoint un style similaire : ces derniers révèlent peu d'eux-mêmes, laissant aux évènements le soin des les installer. L'exemple le plus flagrant est sans doute la façon dont Gun Wook est présenté. Les scénaristes usent et abusent à son égard du stéréotype du personnage froid/mystérieux/stoïque. Si dans certaines fictions, cela pourrait finir par être très lourd, heureusement, ici, l'acteur principal, Kim Nam Gil, a naturellement une présence forte à l'écran sans avoir à en faire plus.

L'atout de Bad Guy est aussi de réussir à captiver le téléspectateur très rapidement pour le sort de personnages pour la plupart antipathiques aux premiers abords, ou du moins dont les comportements ou les motivations ne sont pas toujours des plus reluisantes, même si tous conservent une part de non-dits et d'ambivalences des plus troublantes. La douce innocence, teintée de naïveté de Mo Ne, ne permet pas d'occulter cette impression que nous nous retrouvons projetés dans une fosse aux lions, où les ambitions et les rancoeurs de chacun dictent leurs attitudes et les conduisent à suivre une philosophie de vie dans laquelle ils sont prêts à (presque?) tout pour parvenir à leurs fins. Pour autant, au-delà de ce premier contact assez sombre qui contribue à donner le ton de la série, il est bien difficile de cataloguer les différents protagonistes. Si chacun a son côté sombre, derrière ce masque, on décèle des personnalités plus complexes que cette image de façade. Les carapaces se brisent d'ailleurs à plusieurs reprises, apportant une dimension plus humaine qui nuance les positions.

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Evoquer l'effort de subtilité des scénaristes ne doit pas cependant masquer les quelques excès dans lequel ils n'hésitent pas à verser à plusieurs reprises. Bad Guy est une série assez noire, forgée sur des tragédies, il est donc logique d'y retrouver une part de mélodrama au travers de quelques scènes déchirantes. S'ils observent tout d'abord une certaine sobriété, aidés par cette volonté de ne pas trop en révéler immédiatement, au cours du second épisode, les scénaristes ne résistent pas toujours à la tentation de trop en faire. La série bascule en effet parfois dans du mélodramatique lacrymale un brin excessif, symbolisé par un passage de flash-back : la mise en scène de la mort des parents de Gun Wook. L'accident est provoqué par le chien adoré du gamin qui laisse échapper la laisse parce qu'il attendait depuis des heures sous la pluie, avec une entaille de 30 cm dans le dos causée par une chute à travers une vitre... Certes, cela explique bien des choses sur son état mental 20 ans après les faits, mais disons que le désir de vengeance aurait parfaitement pu se justifier sans animal domestique, ni accident se déroulant sous les yeux de Gun Wook...

L'autre reproche pouvant peut-être être adressé à ces deux premiers épisodes, mais que le temps va logiquement résoudre, c'est un problème de cohésion, issu de l'impression de suivre deux histoires parallèles à la tonalité assez différente. En effet, d'une part on assiste aux premiers pas vengeurs de Gun Wook et on s'immisce dans la vie de la famille Hong, d'autre part, on suit l'aspirante à un beau mariage, Moon Jae In, dans son propre quotidien. Il y a un certain déséquilibre entre les enjeux et l'importance respective de ces deux storylines qui entraîne des ruptures de rythme au sein des épisodes. Elles se croisent seulement à l'insu des deux protagonistes principaux; et il faut attendre le final de l'épisode 2 pour voir enfin la série devenir un tout, où toutes les intrigues sont réunies. Cette construction-là ne fonctionne donc pas toujours, mais ce problème ne devrait plus se poser à l'avenir.

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Intrigant et prenant sur le fond, Bad Guy se révèle en plus particulièrement classe sur la forme. En effet, ce drama propose dans l'ensemble de belles images, efficacement mises en valeur par une réalisation soignée et agrémentées de quelques jolis plans du plus bel effet. Cela donne au final un bel esthétique d'ensemble qui sert le contenu de la série. La bande-son s'inscrit dans une perspective similaire : Bad Guy propose une belle OST, avec quelques chansons d'ambiance assez mélancolique, parfaites pour capter l'essence du drama, et une musique au piano entraînante qui dynamise considérablement les scènes de clash et dont le téléspectateur est vite fan.

Le casting confirme tout le bien que l'on pouvait en penser sur le papier. Charismatique à souhait, Kim Nam Gil (Queen Seon Duk) réussit parfaitement à imposer à l'écran un personnage principal relativement stoïque. Han Ga In (Witch Amusement) incarne avec une certaine fraîcheur Moon Jae Ni et ses plans de mariage avec héritiers. Du côté de la famille Hong, la fratrie est également bien représentée. La toujours solide Oh Yun Soo (The Queen Returns, Bittersweet Life, Jumong) est la soeur aînée, la méfiante et très intense Tae Ra. Jung So Min joue la douce Mo Ne. Enfin, Kim Jae Wook (Coffee Prince) est l'explosif et versatile Tae Sung.

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Bilan : S'ils ne sont pas dépourvus de quelques maladresses, ces deux premiers épisodes remplissent efficacement leur mission première : aiguiser la curiosité et l'intérêt du téléspectateur, et poser l'ambiance globale de la série. Bad Guy est un thriller sombre et intrigant, où les motivations des personnages gardent une part de mystère et où le protagoniste principal est entouré d'une aura inquiétante qui s'accentue au fil des épisodes. Cette atmosphère froide mais intense captive rapidement l'attention. Prenant sur le fond, Bad Guy séduit également sur la forme, où son esthétique, comme sa bande-son assez inspirée, révèlent un certain standing appréciable.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :

06/06/2010

(Pilote UK) Pulse : horreur sanglante à la croisée du médical et du fantastique


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Je vous ai déjà parlé de mes divers traumatismes téléphagiques liés à des fictions estampillées horreur, arrivées on-ne-sait-comment à se frayer un chemin jusqu'au petit écran de ma télévision. La curiosité sériephile est parfois à ce prix. J'espérais cependant en avoir fini pour l'année avec l'horreur médicale après le visionnage de Coma il y a quelques mois (vrai drama d'horreur : un régal pour les amateurs du genre). Mais BBC3 ne m'a pas écouté. Elle a développé un projet se déroulant dans un hôpital (encore !), agrémenté d'effusions d'hémoglobine et même d'apparition de "dead people" : Pulse.  Cependant, la tension et ce flirt avec le gore ne nous plongent pas dans de la pure horreur d'épouvante (à la différence de Coma). La série capitalise plutôt sur une ambiance inquiétante, un peu dans la lignée de Au-delà du réel ou Kingdom Hospital. Quelques frissons, mais pas trop non plus.

Pulse s'inscrit dans la "saison des pilotes"  qu'affectionne la chaîne anglaise ; c'est-à-dire qu'elle diffuse à son antenne plusieurs pilotes (trois pour être précis), des "séries potentielles" dont elle lèvera ensuite l'option et commandera une saison entière... ou pas... avec plus ou moins de réactivité (cf. la fameuse jurisprudence Being Human), suivant les audiences, les réactions des critiques, du public. Donc, ce pilote n'est pas encore une série, mais, pris en charge par le scénariste Paul Cornell (à qui l'on doit notamment le double épisode marquant de la saison 3 de Doctor Who, Human Nature/The Family of Blood), il affiche incontestablement des idées qui, si elles restent encore à affiner, paraissent bien intéressantes. Si BBC3 venait à confirmer le projet, une première saison serait diffusée en 2011.

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Pulse se déroule au sein d'un hôpital privé, l'archétype du lieu où tous les fantasmes horrifiques sont permis. Hannah Carter, étudiante en médecine, y revient sur les traces professionnelles de sa mère, dont le décès est encore récent, en reprenant sa formation dans l'établissement hospitalier universitaire au sein duquel cette dernière officiait. La jeune femme avait pris une pause nécessaire après avoir perdu ses nerfs au cours d'une opération qui a mal tourné. Encore fragile, elle n'est pas certaine d'être prête à faire face à la pression d'un job très concurrentiel et aux implications émotionnelles qu'entraînent ses patients.

Ses craintes se confirment, se changeant en doutes sur ses capacités, lorsque, lors de sa première consultation, il lui semble voir des formes bouger sous la peau d'un patient. Elle s'inquiète, de plus en plus troublée. Souffre-t-elle d'hallucinations ? Craque-t-elle à nouveau nerveusement ? Mais sa logique la conduit à creuser d'autres pistes, un brin plus rationnelles, mais tout aussi inquiétantes. Que fait-on réellement subir à son patient ? A quoi renvoie ses opérations chirurgicales à répétition sur un cas dont on ne s'explique pas que l'homme soit encore vivant ? Et comment interpréter le comportement de son ex-petit ami, chirurgien tiitulaire dans cet hôpital ?

Il se passe des choses étranges, dans cet hôpital, qui ne sont manifestement pas seulement issues de l'imagination de Hannah. Qu'est-ce qui est réellement en cours derrière ces murs ? Quelles expériences défiant et repoussant les limites de la raison et la science y sont menées en secret ?

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Dès les premières minutes, entre plans de caméra tremblants et musique de circonstance, le ton de Pulse est donné : il s'agit d'une série d'ambiance. Nous sommes dans de l'horreur qui se bâtit sur le suggestif, manipulant et exploitant le ressenti du téléspectateur, l'invitant à se prendre au jeu en s'immergeant dans cette atmosphère nerveuse, chargée d'une insécurité diffuse. On ne sait ce qui peut surgir au détour d'un couloir ; mais l'important réside surtout dans le fait que l'on s'attend au pire, glissant subrepticement dans une sourde paranoïa, se surprenant à s'arrêter suspicieusement sur le moindre détail en apparence (et parfois réellement) anecdotique.

Ce suggestif nourrit la tension du téléspectateur, l'intriguant et le préparant au basculement véritable à venir dans des scènes d'horreur. Car le pilote va crescendo, encourageant d'abord le malaise de l'héroïne et, par ricochet, celui du téléspectateur. Puis, peu à peu, à mesure que les sujets d'inquiétude se précisent, la série s'affirme dans le créneau de l'horreur fantastique/médicale, exploitant ce riche terreau des classiques cauchemardesques rattachés à ce lieu. Une question tourne en boucle, devenant chaque minute plus oppressante : que se passe-t-il derrière les portes closes de ces couloirs d'un blanc trompeusement immaculé ?

De la même façon, à mesure que les menaces se matérialisent, l'épisode développe un autre caractère de l'horreur télévisée, versant dans un gore qui trouve parfaitement sa place dans un hôpital. La série s'offre ainsi quelques passages sanguinolents à souhait, de plus en plus marquants : après avoir débuté sur la table d'opération, ces scènes se finissent par des découpages d'assaillant mort/vivant à la scie électrique dans les couloirs de la morgue. Ce recours au registre du gore contribue à accroître l'impression de malaise du téléspectateur, mettant ses nerfs à rude épreuve.

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Si on se laisse facilement gagné par cette atmosphère nerveuse et oppressante, située à l'intersection floue de la science et du fantastique, tout n'est pas parfait. Mais une chose est sûre : les créateurs se sont investis et ont eu à coeur d'essayer de faire de Pulse une série avec son identité, sa marque de fabrique et un ton qui lui est propre. Si, sur le fond, ce pilote se réapproprie avec un certain succès, mais sans trop de prises de risque, les ficelles classiques de l'horreur en milieu médical, on perçoit également une volonté - pas toujours bien concrétisée - de bien faire sur la forme.

Le réalisateur tente ainsi beaucoup. Des initiatives qui n'apparaissent pas toujours opportunes, un peu trop artificielles parfois, mais qui ont le mérite d'exister. Des passages filmés la caméra tressautant à l'épaule jusqu'aux plans plus ou moins droits ou en retrait, ce pilote est parsemé de nombreux essais. Certes, ces expériences ont une réussite variable. Mais, en dépit de quelques maladresses, le but est atteint : jamais le téléspectateur ne se départit du sentiment de trouble qui émane à dessein du style ainsi créé. Au final, la forme permet de véritablement asseoir Pulse dans son registre horrifique aussi efficacement que les débauches d'hémoglobine.

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Côté casting, les hasards des programmations des chaînes font parfois bien les choses, puisque l'héroïne de Pulse est incarnée pas la rafraîchissante Claire Foy (Little Dorrit), avec laquelle le téléspectateur britannique a pu se re-familiariser en début de semaine, puisqu'elle jouait la figure féminine de Going Postal sur Sky One. Elle se révèle très convaincante dans un rôle somme toute très classique pour ce genre de fiction, naviguant entre une naïveté intermittente et un pragmatisme faisant ressortir le fort caractère de son personnage.

A ses côtés, et même si certains ne survivent pas au pilote, nous retrouvons notamment : Stephen Campbell Moore (Ashes to Ashes), Gregg Chillin (Being Human), Ben Miles (Lark Rise to Candleford), Matti Houghton (qui jouait récemment les guest-stars dans un des derniers épisodes de Luther), Caroline Goodall ou encore Alan Williams.

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Bilan : Se situant au croisement incertain du scientifique et du fantastique, Pulse s'inscrit dans une tradition d'horreur médicale, agrémentée d'une touche gore qui lui permet de conforter l'ambiance nerveuse et tendue qu'elle réussit à créer. L'univers hospitalier est efficacement introduit, tout comme les protagonistes. L'épisode peut se visionner seul et le twist final constitue un honnête cliffhanger qui esquisse d'intéressantes promesses pour la suite (si suite il y a). L'ensemble est porté par le dynamisme enthousiaste de ses créateurs, qui témoignent d'une envie de tenter et d'expérimenter. Ce n'est pas toujours pleinement maîtrisé, parfois un peu brouillon, mais le téléspectateur se laisse facilement prendre au jeu et gagner par l'atmosphère ainsi créée.

Au vu du potentiel que laisse entrevoir ce pilote, je serais curieuse de découvrir une saison complète de cet acabit. Les communiqués de presse de BBC3 sont à surveiller !


NOTE : 6,5/10


La bande-annonce du pilote :