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23/07/2010

(UK) Jeeves and Wooster : insouciance bourgeoise et pragmatisme flegmatique pour une comédie "swinguante"

 

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Une des traditions de ce blog demeure la volonté d'explorer avec vous les trésors reconnus ou méconnus de la télévision britannique, en n'hésitant pas à remonter le temps au-delà des productions actuelles. C'est ainsi qu'aujourd'hui, je vais vous parler d'une série datant du début des années 90, Jeeves and Wooster. Cet incontournable et délicieusement swinguant britishism télévisuel, adapté des romans de P. G. Wodehouse, mit en scène le duo phare d'acteurs comiques de l'époque, les inséparables Hugh Laurie et Stephen Fry (de Blackadder à A bit of Fry and Laurie).

Diffusée sur ITV1, du 22 avril 1990 au 20 juin 1993, Jeeves and Wooster comporte 4 saisons, pour un total de 23 épisodes. Elle est malheureusement inédite en France (même si l'idée d'une adaptation VF apparaît quelque peu blasphématoire tant l'essence de la série réside dans la tonalité des dialogues de sa version originale, le fait qu'elle n'est jamais franchie la Manche est assez déprimant - trop british ?). L'intégrale est cependant disponible en coffret DVD zone 2, en Angleterre. Pour les curieux que la langue de Shakespeare n'effraie pas, mais qui ne sont pas encore parfaitement bilingues, notez bien que l'édition UK comporte des sous-titres anglais pour tous les épisodes.

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Jeeves and Wooster se déroule dans la société britannique bourgeoise de la première partie du XXe siècle, dans l'entre-deux guerres. Elle suit les pérégrinations mondaines de Bertie Wooster (Hugh Laurie). Ce jeune héritier de bonne famille, demi-aristocrate dévorant la vie en dilettante appliqué, dont le quotidien se résume à diviser son temps entre bon temps entre amis et fuites continuelles devant les responsabilités et les propositions de mariages arrangées par ses tantes. Bertie a la tête pleine de courants d'air, mais n'est jamais à court d'imagination pour mettre au point des plans, aussi complexes qu'inutiles, pour parvenir à ses fins auprès de ses comparses mondains.

Heureusement pour lui, si ses orchestrations sont généralement vouées à un échec aussi cinglant que potentiellement humiliant, il dispose à son service de l'assistance d'un valet maîtrisant parfaitement tous les rouages de cette société, en la personne de Jeeves (Stephen Fry). Toujours sur-informé, semblant conserver constamment plusieurs coups d'avance sur son très distrait maître, Jeeves sauvera la mise à son employeur plus d'une fois. Derrière ses politesses maniérées à l'excès, qui s'accompagnent d'un flegme personnel que rien ne saurait perturbé, le valet élève la manipulation au rang d'art et s'impose un cérémonial distant et détaché, en parfait contre-poids des dérapages non-contrôlés de Wooster.

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Jeeves and Wooster suit donc le quotidien, aussi mouvementé qu'anecdotique dans ses préoccupations, d'un jeune héritier profitant pleinement de l'instant présent et dont le principe de vie premier consiste à fuir devant toute responsabilité potentielle. Derrière ce savoureux parfum épicurien, c'est l'instantané d'une époque que l'on retrouve dans l'environnement mis en scène. Il nous plonge, non sans piquant et avec un détachement teinté d'un humour noir aussi flegmatique que diffus, dans les moeurs de la bonne société britannique de l'époque. La pointe de cynisme qui perce derrière les accents obséquieux de Jeeves, comme le portrait caricatural de cette classe sociale priviléiée, ne font qu'ajouter à cette impression d'ensemble.

Au-delà de son ambiance bourgeoise, Jeeves and Wooster paraît respirer et renvoyer une allure "so british" à chaque scène, personnifiant par ses ressorts et ses enjeux, une certaine époque, mais aussi une certaine image d'Epinal, entre rigidité sociale et insouciance des années folles, qui nous semblerait aujourd'hui presque folklorique, mais dont le charme de la transposition à l'écran est indéniable.

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Si le portrait global est attrayant, la force - et l'attrait majeur - de Jeeves and Wooster réside bien évidemment dans l'association de ses personnages phares, aussi improbable que logique tant la complémentarité des deux s'impose comme marquante. Le piquant de cette dynamique ainsi mise en scène se trouve notamment dans cette relation de subordination, existant entre un maître et son valet, dont la versatilité, en l'espèce, apparaît bien atypique. C'est qu'il y a incontestablement des accents d'un Mariage de Figaro moderne et britannique dans les ressorts de cette savoureuse comédie. Si bien que si leurs rapports ne s'inversent jamais, le stoïcisme réservé de Jeeves ne l'empêchera pas de gratifier la caméra de quelques sourires en coin subtiles, dont la signification est plus parlante que bien des longs discours.

Pour couronner le tout, Hugh Laurie et Stephen Fry s'en donnent à coeur joie dans cette sorte de "mano à mano" d'où perce une complicité indéniable. Leur enthousiasme se communique aisément à un téléspectateur sous le charme, tandis que chacun personnifie, dans le moindre de ces maniérismes, le personnage qu'il interprète. Hugh Laurie est parfait en aristocrate inconséquent, oscillant entre franches niaiseries et grimaces hautaines. Et, si Stephen Fry apporte la retenue nécessaire pour mettre en scène ce valet obséquieux, il parvient également, par quelques mimiques plus discrètes, à faire ressortir toute la subtilité du jeu de Jeeves, derrière ce théâtralisme poli. Délicieux !

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Bilan : Jeeves and Wooster est une comédie britannique savoureuse, objet télévisuel aussi à part que incontournable. Derrière sa façade insouciante, sa tonalité épicurienne et ses accents ironiques à l'égard de cette aristocratie d'avant-guerre, elle repose avant tout sur la dynamique atypique, plus subtile qu'une simple "subordination", existant entre un duo fabuleux de personnages haut en couleurs, qui sont l'âme de la série. Les pérégréniations mondaines de Wooster ne sont que prétextes à mettre en scène un humour théâtral, plus en finesse et en petites touches qu'il n'y paraîtrait au départ, où l'on ressent bien l'inspiration littéraire d'origine. Le téléspectateur se laisse séduire par ce charme swinguant, presque nostalgique, intemporel, qui s'y diffuse...

Jeeves and Wooster est une série à part, dont il faut savoir prendre le temps de savourer chaque épisode. Mais n'hésitez pas à être curieux, la découverte se mérite !


NOTE : 7,75/10


Le générique, délicieusement swing :


Un extrait de la série, les 20 premières minutes du premier épisode (en VOSTA) :

21/07/2010

(K-Drama / Pilote) Gumiho : Tale of the Fox's Child (Grudge : The Revolt of Gumiho) : immersion soignée dans les légendes des contes coréens

 

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En ce mercredi asiatique, changeons un peu de style. Vous songez à vous ménager une petite pause dans votre dégustation de comédies romantiques (comment ça, Coffee House ne vous a pas séduit ?!) ? Vous vous êtes montrés peu enclin à vous laisser entraîner dans des fictions de guerre (certes, Road Number One n'était pas la meilleure tentative d'incursion dans ce genre) ? Rassurez-vous, la télévision sud-coréenne a d'autres cordes à son arc. KBS2 a ainsi pensé à vous et propose une séduisante alternative qui, avec son esthétique ambitieuse, dévoile des atours chatoyants : Gumiho : Tale of the Fox's Child.

Diffusé les lundi et mardi soirs, depuis le 5 juillet 2010, c'est un drama qui n'hésite pas à mélanger différents genres, pour laisser entrevoir un potentiel des plus intéressants. Car au-delà du fantastique, définitivement à l'honneur cet été en Corée du Sud, à travers la fameuse légende des Gumihos - dont je vous avais déjà parlé il y a quelques semaines pour l'anthologie Hometown Legends (2008) -, il s'agit d'une série historique, où actions et sentiments viennent régenter une quête plus profonde, commune aux différents protagonistes : un récit de survie et de cohabitation.

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Le premier épisode de Gumiho : Tale of the Fox's Child pose une situation, plus qu'il ne donne d'indications concrètes sur la tonalité à venir de la série. Semblant naviguer entre plusieurs genres, c'est grâce à ce mélange original - et, en même temps, intrigant - qu'il retient l'attention d'un téléspectateur qui, s'il n'est pas encore conquis, voit son intérêt irrémédiablement piqué par la richesse des thématiques soulevées au cours d'une première heure laissant entrevoir bien des promesses.

L'histoire en elle-même mérite bien un épisode d'exposition pour que ses tenants et aboutissants soient compris. Derrière l'apparence de jeune femme réservée et séduisante qu'elle renvoie, Goo San Daek est en réalité une créature de légende, une Gumiho. Lorsqu'elle n'apparaît pas sous ses traits argentés, elle ressemble à une humaine normale. Il y a dix ans de cela, un homme s'était rendu jusqu'à son repère et l'avait vue sous sa véritable forme. Elle ne l'avait alors épargné qu'avec la promesse qu'il ne parlerait jamais de cette rencontre. Sur le chemin du retour qu'il emprunta, elle s'était ensuite présentée à lui sous des traits humains, le séduisant sans difficulté.

Pourquoi un tel subterfuge ? Si une Gumiho peut vivre, pendant dix années, comme une épouse modèle aux côtés d'un homme, elle pourra accéder à un trésor plus précieux que sa vie : embrasser cette humanité tant prisée, quasi-inaccessible, et se débarrasser de sa nature de Gumiho. Et, consécration la plus précieuse pour une mère préoccupée par l'avenir de sa descendance, l'enfant qu'elle aurait alors eu à l'occasion cette union deviendrait également humain, échappant à la "malédiction".

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Les années ont passé depuis la rencontre de San Daek avec celui qui est désormais devenu son époux. De leur mariage, est née Yeon Yi. Cette dernière, aujourd'hui âgée de 9 ans, est devenue une fillette éveillée et curieuse. Mais, un soir, peu de temps avant que le fameux cycle décennal ne se soit entièrement écoulé, l'alcool délie la langue du père, trop bavard, qui raconte la rencontre qu'il fit, presque dix ans auparavant, au fond d'une grotte, avec un gumiho. Cette parole inconséquente d'ivrogne brise la promesse faite jadis pour lui épargner la vie, et rompt du même coup le processus enclenché qui aurait permis à San Daek d'accéder à cette humanité qu'elle aura frôlé. En plus de perdre sa femme, c'est également sa fille que l'homme condamne. Yeon Yi ne pourra rester une petite fille comme les autres ; la puberté approchant, elle se transformera en gumiho. 

Le quotidien policé de la modeste famille prend fin cette nuit-là. Le choc de la découverte de la véritable nature de sa femme sera fatale à un mari à l'instabilité mentale accrue par l'absorption d'alcool. Il se suicidera dans la nuit mouvementée suivant la révélation. Laissant son épouse et leur fille, livrées à elles-mêmes, dans un royaume dévasté, en proie à une épidémie semant derrière elle une traînée de cadavres et des villages dépeuplés.

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Parallèlement, le pilote suit un autre fil rouge, qui rejoindra l'histoire principale avant la fin de l'épisode. Il nous introduit ainsi dans la demeure d'une famille noble locale. De santé fragile, l'état de la petite fille du maître de maison s'est aggravé, la laissant aveugle. A court de solution, son père consulte un shaman qui lui livre une solution prophétique particulièrement glaçante. Pour assurer une longue vie à l'enfant, il devra trouver l'enfant qui est née en même temps qu'elle... pour lui prendre son foie, seul remède qui garantirait la survie de sa fille. Le shaman prédit que l'enfant en question viendra naturellement à eux, entraînée par le destin.

Nul besoin de préciser, vous l'avez déjà deviné : la fin de l'épisode nous révèle que la fillette en question, visée par cette prophétie, est Yeon Yi. On retrouve ainsi ici une thématique classique à toute fiction sur les gumihos : la consommation d'organes ayant un effet revivifiant à part. Ici, de manière inversée par rapport au folklore local, qui assimile ces créatures à une parenté démoniaque, les scénaristes ont choisi de faire du gumiho la proie.

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Ainsi exposée, la situation de départ révèle déjà la complexité inhérente à ce drama, la condition de gumiho des deux héroïnes ne venant que précariser un peu plus un sort déjà peu enviable. Il s'agit d'un secret qu'elles ne doivent dévoiler sous aucun prétexte. Or, Yeon Yi ignore pour le moment tout de sa véritable nature, ses pouvoirs ne s'étant pas encore manifestés, puisqu'elle se situait dans un entre-deux, tendant à consacrer son humanité grâce au processus de transformation en cours de sa mère. Encore enfant, immature, innocente et spontanée comme peuvent l'être les fillettes de son âge, elle n'est pas en mesure de se protéger. Ce rôle va devoir être assuré par une mère, dont la méfiance des humains est viscérale.

L'intérêt de ce drama va être de ne pas hésiter à combiner plusieurs problématiques. Au poids de ce secret à préserver vient donc s'ajouter la prophétie du shaman : pour sauver la fille noble, Yeon Yi devra être sacrifiée, le jour de ses 10 ans, soit dans 3 mois. Une sorte de double épée de Damoclès pèse sur sa tête. Le pilote tire ici admirablement bien son épingle du jeu, en réussissant à mêler de façon plutôt habile et inspirée la diversité de ces enjeux, combinant efficacement ces thématiques fantastiques.

Cette originalité dans le paysage des kdramas de la saison 2010 se montre donc d'autant plus attractive, que ce qui frappe lors du visionnage de cet épisode, au-delà d'une homogénéité encore perfectible, c'est sa richesse.

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Cette richesse se manifeste à plusieurs niveaux, à commencer par la diversité de contenu que propose ce pilote.

Si Gumiho : Tale of the Fox's Child est une série dont les personnages principaux sont des héroïnes qui n'ont rien de guerrières, elle ne va pas hésiter à utiliser sa connotation fantastique pour impulser de l'action et mettre en scène des confrontations violentes. Exploitant opportunément le thème de la dualité entre l'animalité, à laquelle renvoie la nature de gumiho, et l'humanité, nous avons ainsi droit à plusieurs scènes de combat, se distinguant par de belles chorégraphies. Parmi ces passages marquants, il y en a notamment un qui symbolise parfaitement tout le potentiel de la série. Il est à la fois atypique - puisqu'il s'agit d'une attaque non par des humains, mais par des tigres - et traditionnel télévisuellement parlant, au sens noble du terme : c'est une course-poursuite à travers une forêt de bambous, digne exercice de voltige, dont le style n'est pas sans évoquer des dramas références comme Damo.

Au final, ce pilote propose un contenu dense, présenté avec beaucoup de rythme et qui alterne les tonalités, tantôt proche du drame personnel classique et intimiste, d'autre fois plus proche des codes scénaristiques de la série historique où viennent se mêler quelques combats. S'il n'y a semble-t-il aucune intrigue de cour à attendre, en revanche, le cadre de la société confucéenne, socialement si rigide et codifiée, de la Corée du Chosun (Joseon) devrait également offrir matière à réflexion sur les rapports entre les différents protagonistes.

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Au-delà de toutes les pistes potentielles qu'ouvre ce premier épisode, qui suffisent à retenir l'attention du téléspectateur, il est impossible d'en rédiger une review complète sans évoquer et louer Gumiho : Tale of the Fox's Child sur sa forme. Car la série se situe incontestablement dans la tranche haute des dramas sud-coréens, en terme de réalisation, sans non plus trop en faire, à la différnece d'un Chuno (Slave hunters). Bénéficiant d'une esthétique soignée, particulièrement aboutie, agrémentée de plans admirablement bien maîtrisés, et - surtout - d'une photo superbe, ce drama est un vrai plaisir pour les yeux du téléspectateur. Les couleurs à l'écran sont belles et chatoyantes, sans être racoleuses. Si bien qu'on ressent l'impression très agréable d'avoir devant soi une production pleinement travaillée jusque dans ses détails formels. Cette apparence est corroborée par le volet musical de la série : la bande-son s'inscrit dans une sobriété toute en retenue, très opportune. Elle joue sur l'ambiance plus ou moins dramatiques de certaines scènes, accentuant le trouble des tonalités et le mélange des genres, sans jamais verser dans la surenchère.

Enfin, le casting ne dépareille pas de ce bel ensemble. Se partagent la tête d'affiche, l'actrice accomplie, Han Eun Jung (Cinderella Man, The Lawyers of the Great Republic Korea), en mère Gumiho protectrice, et la jeune, et pourtant omni-présente dans le petit écran sud-coréen, Kim Yoo Jung (cette année, elle a joué la jeunesse des héroïnes de Dong Yi et de Road Number One). A leurs côtés, on retrouve notamment Jang Hyun Sung (croisé, un peu plus tôt cette saison 2010, dans JeJoongWon), la jeune Seo Shin Ae, Suh Joon Young, ainsi que quelques habitués des seconds rôles de dramas, tels Kim Jung Nan (Creating Destiny), Kim Gyu Chul (Merchant Kim Man Deok) ou encore Im Seo Yeon.

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Bilan : Aussi avare en indications sur l'avenir que soit le pilote de Gumiho : Tale of the Fox's Child, il remplit très efficacement sa première fonction, celle d'aiguiser la curiosité d'un téléspectateur rapidement séduit, tant par l'esthétique, qu'intrigué par ce mélange des genres.

Bénéficiant d'une écriture solide, ce premier épisode, riche en promesses, révèle un potentiel indéniable, en trouvant l'inspiration aussi bien auprès des codes des dramas historiques, sans renier les scènes d'action, qu'auprés de dramas familiaux plus intimistes. Le tout demeure assujetti à une dose de fantastique légendaire, qui permet de suivre une thématique centrale originale, et qui tranche avec les sujets traditionnels des kdramas : une quête de survie, une réflexion sur la différence... Sous-tendant et transcendant les storylines, une question demeure : quels rapports sont possibles entre humains et Gumiho ?

S'il est trop tôt pour émettre un jugement éclairé sur le drama en lui-même, ce pilote a assuré l'essentiel pour moi : il m'a donné envie de découvrir quel sort attend les personnages introduits. Et je suis d'autant plus enthousiaste que, par son sujet, il semble exploré un univers bien différent de ceux que j'ai eus l'occasion de suivre depuis le début de 2010.


NOTE : 7/10


La bande-annonce de la série :


Le générique de la série :


20/07/2010

(Mini-série UK) The Silence : à la frontière du thriller et du drame familial, la figure fragile d'une héroïne poignante

 

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Il n'y a pas que des fictions légères, chaudes et ensoleillées, à la télévision, durant l'été. Ainsi, la semaine passée, BBC1 consacrait quatre de ses soirées (du 12 au 15 juillet 2010) à la diffusion d'une mini-série intitulée The Silence. Construite autour de thématiques classiques, cette fiction nous a proposé un mélange des genres assez atypique, mêlant à son format efficacement calibré de thriller policier à suspense, un drame familial plus subtile et intimiste.

Sans se démarquer des productions britanniques du genre de ces dernières années, The Silence a gagné progressivement en intensité et en maîtrise des éléments de son scénario, allant crescendo, pour se conclure de façon très abrupte sur un choix narratif, peut-être discutable, en tout cas un brin frustrant, de ses scénaristes.

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Au-delà de son histoire de départ, c'est à travers le choix de son personnage principal que The Silence impose d'emblée sa part d'originalité. Amelia a jusqu'alors mené une vie sur-protégée par des parents omni-présents ; car cette jeune fille de 18 ans est sourde, une vulnérabilité particulière qui explique la façon dont son entourage s'occupe d'elle. Cependant sa vie dans le silence s'est terminée récemment, à la suite d'une intervention chirurgicale où elle s'est vue aposée un implant qui lui permet d'entendre, pour la première fois, des sons. L'adaptation à la cacophonie ambiante, ainsi que l'attention dont elle doit soudain faire preuve à son environnement, est aussi difficile qu'épuisant. Pour ce faire, elle suit une thérapie afin d'apprendre à maîtriser ce nouveau sens qui s'ouvre à elle.

Les séances chez sa spécialiste étant fréquentes, elle passe une partie de la semaine auprès de ses cousins, chez son oncle Jim, un policier dont le domicile est plus proche du cabinet médical que celui de ses parents. Mais un soir, le quotidien d'Amelia va être complètement boueversé. Alors qu'elle est sortie promener le chien dans le parc en bas de la rue, elle assiste, tétanisée, à la scène d'un meurtre dans les allées. Une joggeuse est renversée, volontairement, par une voiture, occupée par deux individus. Tapie dans la pénombre, Amelia distingue les traits d'un d'entre eux.

Profondément choquée, elle commence par se taire, effrayée. Puis, alors que son oncle est chargé de l'affaire, la victime étant une policière, elle finit par se confier à lui. Craignant pour sa nièce qu'il considère particulièrement vulnérable en raison de son état, Jim va devoir arbitrer ses priorités entre impératifs familiaux et vie professionnelle. Malheureusement, l'aide d'Amelia expose peu à peu une situation dont la complexité, mais aussi la dangerosité, entraîne toute la famille dans le tourbillon des moeurs peu recommandables de l'unité anti-drogue de la police de la ville.

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Par la richesse et la diversité des thèmes abordés, The Silence surprend. Si sa structure narrative s'apparente à celle d'un thriller, dont la tension se construit, montant au fil des épisodes, tandis que les pièces du puzzle se découvrent progressivement, la mini-série n'hésite pas à s'appesantir et développer des aspects plus personnels aux personnages, nous intéressant aux dynamiques internes à la famille d'Amelia, ainsi qu'à la situation particulière de cette dernière. Ce dernier aspect, plus psychologique, confère une très forte dimension humaine à une fiction dont il s'agit sans doute du principal élément d'originalité.

The Silence fait donc preuve de réelles ambitions, allant au-delà du simple thriller, en visant une double exploitation parallèle de ces deux volets. La difficulté inhérente à ce choix n'est pas pleinement surmontée : jouer sur les deux tableaux entraîne en effet quelques ruptures du rythme narratif soulignant la maîtrise parfois approximative de la structure d'ensemble. Plus que dans le récit lui-même, c'est le contraste entre les tonalités qui place certains passages en porte-à-faux, dichotomie déséquilibrée reflétant l'hésitation de scénaristes qui peinent, durant la première partie de la mini-série, à trouver un liant d'ensemble. Dans la seconde partie, le suspense aidant, les deux derniers épisodes sont plus homogènes, permettant une alternance beaucoup plus naturelle entre le thriller et le drame familial, qui en deviennent même complémentaires.

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Si ce fragile équilibre des tonalités met un peu de temps à s'établir, c'est sans doute aussi en partie parce que le volet thriller peine à s'affirmer immédiatement, restant quelque peu en retrait. L'univers policier de Jim est d'abord cantonné en arrière-plan. Puis, à mesure que l'enquête prend de l'importance et gagne en complexité, le téléspectateur finit par se prendre au jeu de la tension ambiante. Cependant, le fait que l'affaire progresse par saccades irrégulières n'aide pas, dans un premier temps, à renvoyer une apparence de maîtrise du scénario. Cependant, à mesure que les enjeux prennent corps, l'intrigue se révèle de plus en plus convaincante. La rafraîchissante sobriété dont la mini-série use lui confère au final une légitimité supplémentaire.

Reste que, plus que dans cet aspect thriller, c'est dans un créneau, plus personnel et psychologique, que The Silence se démarque et impose son style. Le volet familial, s'il n'échappe pas à certains poncifs du genre, est plus abouti, bénéficiant d'une écriture assez subtile, où l'émotionnel transparaît à fleur de peau, permettant à la mini-série de s'inscrire dans une tradition de drame où la dimension humaine, centrale, surprend agréablement le téléspectateur. Dans ce registre, la retenue avec laquelle est présenté le traumatisme d'Amelia est particulièrement appréciable. Le meurtre dont elle est témoin s'ajoute à toutes les difficultés personnelles qui la troublent depuis la pose de son implant auditif. Tous ces ajustements nécessaires se cumulent, expliquant et justifiant des états d'âme poignants, sur lesquels la mini-série choisit opportunément de se concentrer.

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The Silence est-il un thriller flirtant avec le drama familial ? Ou bien l'inverse ? La question n'a sans doute pas vraiment lieu d'être, dans la mesure où la réponse relève du domaine du ressenti propre à chaque téléspectateur. Cette capacité à mêler les deux genres est, il faut le préciser, une voie relativement classique à la télévision britannique. Cependant, la particularité de The Silence réside peut-être dans le fait que le drame familial est l'élément qui s'en détache le plus.

Pour illustrer cette affirmation, le premier élément qui me vient à l'esprit est sans doute la conclusion de The Silence qu'il me semble difficile de ne pas évoquer. En effet, la mini-série se termine de la plus abrupte des manières, un choix narratif assumé, mais qui peut décontenancer. En se concentrant sur Amelia, et sur le chemin que la jeune fille a parcouru depuis le début de cette aventure, pour parvenir à faire la paix avec elle-même et accepter les bouleversements (auditifs) récents de sa vie, The Silence délaisse ses accents de thriller, relégant cet aspect au second plan. La fin consacre - presque a posteriori - le choix du drame familial.

C'est comme si cette plongée mouvementée dans les arcanes corrompues de la police locale n'avait constitué qu'un prétexte, un parcours initiatique pour Amelia, lui permettant de s'ajuster à son nouveau rapport à ce qui l'entoure, à ses parents, mais aussi au monde des entendants dans sa globalité. Si bien que derrière cette symbolique de l'épreuve, unissant dans l'adversité les membres d'une même famille, le thriller va finalement se résoudre en simple toile de fond quasiment anecdotique. The Silence laissera ainsi le soin au téléspectateur d'extrapoler, à partir des dernières indications qui lui sont données, sur la conclusion de l'affaire, préférant se désintéresser de toutes ses ramifications qu'elle a pourtant savamment construit, pour consacrer le rôle de pivôt central du personnage d'Amelia.

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Sur la forme, The Silence est une mini-série soignée, dont la réalisation classique n'hésite pas à jouer sur les teintes et les cadres. Sans se démarquer, elle s'avère en tout cas efficace.

Enfin, le casting, très solide, permet d'asseoir le scénario. Genevieve Barr y tient, avec une certaine naïveté et beaucoup d'assurance non dépourvue d'une touche de nuance, un premier rôle-titre très convaincant ; et il convient de saluer sa performance. Douglas Henshall (Primeval, Collision) en fait parfois un peu trop dans l'émotionnel, mais il impose une présence forte à l'écran, qui contre-balance celle d'Amelia. A leurs côtés, on retrouve également Gina McKee, Hugh Bonneville (Lost in Austen), Dervla Kirwan (55 Degrees North, Material Girl), Harry Ferrier, Tom Kane, Rebecca Oldfield ou encore Richie Campbell (The Bill).

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Bilan : A si bien vouloir mêler les genres, The Silence se révèle au final plus difficile à catégoriser que son synopsis ne le laissait penser. Derrière son apparence de thriller savamment orchestré, le téléspectateur garde surtout l'impression qu'il assiste à la quête de soi d'une héroïne qui voit son rapport à l'extérieur bouleverser par son implant auditif. Si le suspense de l'affaire principale rythme les péripéties de la mini-série, c'est le drame familial qui se joue sous nos yeux qui finit par l'emporter, la conclusion paraissant symboliser le choix des scénaristes de privilégier cette dimension humaine, plus personnelle et intimiste.

S'inscrivant dans la lignée de divers thrillers proposés en mini-séries à la télévision britannique ces dernières années, The Silence ne révolutionne pas ce genre. Cependant, il contient quelques éléments qui lui sont propres, à commencer par son héroïne, admirable, qui mérite qu'on prenne le temps de s'intéresser à cette fiction.


NOTE : 6,75/10

17/07/2010

(K-Drama / Mini-série) Running (Running, Gu) : une sobre et rafraîchissante histoire d'amitié et d'entrée dans l'âge adulte

 

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S'il est toujours attrayant de parler diversité culturelle et voyages téléphagiques exotiques, il est aussi assez amusant de constater combien certaines thématiques ont un caractère universel, aptes à servir de fondements à ces mini-séries de transition qu'aiment proposer les chaînes, sorte de parenthèse en adéquation avec cette période estivale où le téléspectateur sera plus prompt à rechercher l'alliance entre la fraîcheur et les retrouvailles avec les classiques, pour un retour aux sources regénérateur.

Prenons l'exemple d'un créneau entrant parfaitement dans cette optique, celui de la série où le sport, par sa pratique ou son renoncement, sera le reflet d'un parcours d'initiation à la vie, illustration de la maturation d'une jeunesse pleine d'ambition qui doit apprendre à faire la part des choses entre rêve et réalité. On a tous déjà vu au moins une demi-douzaine de fictions télévisées exploitant ce thème... Mais les vieilles recettes ont cette aptitude à conserver le charme déroutant d'une simplicité un peu désuette et d'une humilité touchante, qui leur permet d'attirer le téléspectateur en dépit de ses ingrédients trop bien connus.

C'est sans doute pour cela que, au cours de ces dernières semaines, le téléspectateur curieux (parce que je reconnais qu'elles occupent une place, qu'on qualifiera d'anecdotique, dans la sphère téléphagique - mais, en même temps, raison de plus pour prendre le temps d'en parler) a pu suivre, dans ce même créneau de la mini-série sportive/estivale, sur l'apprentissage de la vie, deux mini-séries très dissemblables, mais ayant un rapport au sport. Une anglaise, sur BBC2, intitulée Dive, et une sud-coréenne, sur MBC, intitulée Running (Running, Gu). Chacune à sa manière, traitant dans ce cadre de thématiques très différentes, par le biais d'une approche personnelle propre à son pays d'origine, elles ont apporté leur pierre à l'édifice déjà chargé de ce type de fiction.

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Diffusée sur MBC du 10 au 17 juin 2010, Running Gu est une mini-série composée de 4 épisodes d'une heure chacun. Servant surtout de transition dans la programmation de la chaîne, qui lui offrit une exposition quelque peu chaotique, elle s'inscrit dans un registre rafraîchissant, assez chaleureux, correspondant bien à la saison estivale. C'est pourquoi je pense qu'elle mérite bien un petit coup de projecteur.

Cette mini-série raconte l'histoire de trois amis d'enfance, dont l'amitié a été ébranlée par les choix de chacun et les épreuves de la vie. Le héros, Goo Dae Gu, s'était très tôt découvert une passion pour la course à pied. C'est dans ce cadre qu'il avait noué une relation teintée d'une saine compétitivité avec Heo Ji Man, le fils d'un gros entrepreneur de la région. Concurrence sportive, mais aussi sentimentale, pour le coeur de la belle Moon Haeng Joo, qui complètait ce trio.

Seulement, à l'époque, Dae Gu devait également s'occuper de son frère, jeune garçon un peu simple d'esprit dont son père lui confiait la garde au cours des courses auxquelles il inscrivait ses garçons. Un jour, l'appel de la victoire se fit trop fort pour un Dae Gu encore enfant, qui ne prit pas sur le moment conscience de la dangerosité de sa décision. Il gagna la course dans laquelle ils étaient engagés, en délaissant la surveillance de son frère. Ce dernier, dont la passion pour les trains surpassait tout, s'écarta du parcours balisé pour s'aventurer sur les rails d'un chemin de fer. Un train arriva. L'accident mortel fut inévitable, laissant sa famille traumatisée.

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Les années passèrent. Les blessures restèrent, les non-dits s'installèrent, chacun grandissant de son côté. Finalement, ce sont trois jeunes gens, presque adultes, mais toujours sous la coupe de leurs parents, que l'on découvre au début de la série. Dae Gu a abandonné la course à pied, sur l'insistance d'un père profondément marqué par ce drame d'avoir vécu la mort d'un de ses fils, révulsé par ce sport qui a pris un des trésors de sa vie. Dae Gu se ressent toujours d'une culpabilité diffuse, qu'il n'assume pas pleinement. Ayant grandi derrière cette ombre, en porte-à-faux d'un père excessivement émotionnel, facilement étouffant, il ne s'est jamais vraiment affirmé, s'efforçant de s'occuper de cette figure restée ancrée dans le passé, tout en laissant la vie s'écouler. Sans ambition, n'ayant jamais comblé ce vide intérieur qui s'est formé, il végète en travaillant au port de la ville.

Parallèlement, Ji Man a poursuivi une carrière sportive, sous l'impulsion d'un père qui a reporté sur lui toutes ses ambitions de gloire et qui rêve de le voir représenter la Corée du Sud, lors de l'épreuve de marathon des prochains Jeux Olympiques. Régissant la vie de son fils d'une main de fer, n'hésitant pas à embaucher tout un staff autoritaire, il étouffe peu à peu Ji Man. En grandissant sur des chemins très différents, ce dernier s'est éloigné de Dae Gu. La concurrence a pris le pas sur leur amitié ; d'autant que, désormais à l'âge des épanouissements amoureux, la douce Haeng Joo exacerbe les pointes de jalousie et les sentiments conflictuels de ses deux amis. Elle-aussi, pourtant, cherche toujours sa voie. Aspirante musicienne ayant subi échec sur échec à Séoul, elle s'est rabattue sur un poste de professeur intérimaire, qu'elle essaye de concilier avec les rêves de sa mère.

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Le retour au pays de Ji Man et Haeng Joo, ainsi que les problèmes financiers causés par les éclats d'humeur du père de Dae Gu, vont rapprocher à nouveau, presque naturellement, ces trois jeunes gens qui s'étaient perdus de vue. C'est dans cette dimension très humaine, dans ce registre où l'émotionnel, à fleur de peau, donne une épaisseur supplémentaire à une histoire somme toute excessivement classique, que réside l'un des charmes principaux de Running, Gu. La mini-série parvient à dépeindre, avec une écriture spontanée et naïve, exprimant une authenticité assez touchante, les creux et les vagues d'une amitié fragile, parfois paradoxale, mais dont les fondations sont finalement plus profondes que les tensions apparentes pourraient le laisser croire.

Le sport en toile de fond fait figure de métaphore traditionnelle, réflexion inévitable sur le dépassement de soi. Son intégration dans le récit se fait sans heurt, ni rupture de la narration. Pas besoin pour le téléspectateur d'avoir la moindre affinité à l'égard de cette activité pour ressentir, avec intensité, les émotions tourbillonnantes de jeunes gens qui se cherchent, entrant progressivement dans l'âge adulte. Le contexte sportif se justifie d'autant plus que Running, Gu fait preuve d'une approche plus subtile qu'il n'y paraît. Car si la course à pied est une passion savourée sans arrière-pensée par Dae Gu, pour qui elle s'analyse comme un vecteur d'émancipation, face à un père dont la vie s'est figée avec la mort de son autre garçon, elle est, au contraire, une activité aliénante, presque oppressante lorsqu'elle est poussée à son extrême, pour Ji Man, qui doit subir l'emprise d'un père omniprésent.

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A travers ces adversités personnelles qu'ils doivent affronter seuls, Running, Gu est une ode pleine de sobriété, dédiée à l'amitié. Au-delà du sport, c'est plutôt la thématique de jeunes adultes confrontés aux attentes de leurs parents qui se révèle centrale. Le lien qui les unit sera ce qu'il leur permettra de trouver leur voie et de s'épanouir. La mini-série met donc en avant tout un aspect humain. Cette morale portée à l'écran avec une certaine naïveté, mais pas déplaisante à suivre, est un refus obstiné de réduire l'épanouissement personnel à la seule question de la réussite quantifiable dans un domaine, qu'il s'agisse, ici, du sport ou de la musique.

Enfin, sur la forme, Running, Gu dispose d'une réalisation solide, accompagnée d'images relativement soignées, où abondent les couleurs chatoyantes. Son casting, composé de jeunes acteurs, ne déparaille pas dans cette atmosphère finalement pleine de fraîcheur qui est mise en avant. Le trio principal, homogène, remplit efficacement son office ; on y retrouve Baek Sung Hyun (That fool), Park Min Young (elle sera à l'affiche, à la rentrée de septembre, du drama qui s'annonce comme un mélange atypique des genres, Sungkyunkwan Scandal) et Yoo Yun Suk (croisé dans Soul).

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Bilan : Running, Gu est le genre de mini-série estivale qui se visionne sans conséquence. D'une simplicité rafraîchissante, portée par une dose d'émotionnel dépourvue d'artifice et des ressorts scénaristiques classiques, c'est une histoire sur la vie, ses réussites comme ses échecs... Au final, elle nous propose une fable sur l'amitié, mais aussi sur la maturité, avec la gestion difficile de cette arrivée à l'âge adulte où il faut apprendre à s'émanciper, à vivre par soi-même. Le tout garde en toile de fond la thématique du dépassement de soi propre à ces fictions "sportives"...

Ne vous attendez pas à y trouver quelque chose d'original, mais, paradoxalement, c'est justement cette sobriété, ce naturel sans artificialité, qui font que la mini-série sonne souvent juste. Parfois, ce registre suffit pour offrir un moment agréable au téléspectateur. C'est ce que réussit Running, Gu. Rien de plus, rien de moins.


NOTE : 6,25/10


La bande-annonce de la mini-série :

15/07/2010

(Pilote US) Covert Affairs : les premiers pas dynamiques d'une nouvelle recrue de la CIA


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Pour aiguiser ma curiosité téléphagique en toutes circonstances, particulièrement en ces temps de recherche de séries estivales rafraîchissantes, il existe des valeurs sûres, qui fonctionneront toujours. Par exemple, parlez-moi jeux d'espions, agences gouvernementales, manipulations... Ces quelques mots clés suffisent : peu importe la nationalité de la fiction, la tonalité proposée ou bien l'ambiance recherchée... Peu importe qu'elle se présente comme divertissante ou réaliste... Immanquablement, je serais devant mon petit écran pour découvrir toute énième déclinaison d'espionnage !

Et comme la programmation américaine fait (parfois) bien les choses, une nouveauté lancée ce mardi soir par la chaîne USA Network se proposait justement de nous plonger dans les coulisses de la CIA, avec cette pointe de légèreté chaleureuse qui fait l'identité de la chaîne depuis plusieurs saisons. Intitulée Covert Affairs, elle a démarré fort, surclassant l'audience de son lead-in, White Collar, dont la saison 2 inédite débutait le même jour (pour mon plus grand plaisir). Soit dit en passant, ce retour m'a permis de constater combien Matt Bomer avait quand même franchement manqué à mon quotidien sériephile au cours des derniers mois.

Reste qu'après cette première incursion dans l'univers de Covert Affairs, je crois que je passerai bien tous mes mardis soirs estivaux devant USA Network !

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Covert Affairs suit les premiers pas d'une nouvelle recrue, Annie Walker, au sein de la CIA. Jeune femme dynamique et aventureuse, surdouée en langues étrangères, elle a beaucoup voyagé, en profitant pour faire des expériences plus ou moins positives. Elle a notamment été profondément marquée par une brève histoire d'amour de quelques semaines, sur les plages dorées du Sri Lanka, qui s'est terminée de la plus abrupte et frustrante des manières, par un billet impersonnel et une facture de bar, le gentleman en question l'abandonnant au milieu de la nuit. La réaction d'Annie fut à la hauteur de la déception causée par l'intensité de cette relation. Sa reprise en main la conduisit finalement, presque logiquement, au bureau de recrutement de l'agence de renseignements américaine. Pour ne plus être manipulé, quoi de plus logique, avec une certaine naïveté, que de chercher à devenir le manipulateur ?

Il faut cependant d'abord apprendre les ficelles d'un métier où règnent les faux-semblants. Alors qu'il lui reste encore un mois de formation, l'entraînement d'Annie est interrompu par un ordre direct en provenance de Langley. Les atouts, tant linguistiques que physiques, de la jeune femme, répondent parfaitement aux besoins d'une mission en cours. Propulsée sur le terrain des opérations, encore novice en tout, voilà donc Annie introduite dans les coulisses de la CIA. Confrontée à une supérieure aussi exigeante qu'intransigeante, elle trouve cependant un allié de poids en la personne d'Auggie Anderson, officier devenu aveugle, mais qui maîtrise à la perfection, tant les rouages que les us et coutumes de l'agence.

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Derrière ses faux accents d'un Alias qui en seraient à ses débuts, Covert Affairs fait preuve d'un dynamisme aussi enthousiasmant que contagieux. La série répond en fait parfaitement au cahier des charges attendu d'une série de USA Network. Dotée d'une ambiance résolument décontractée, mais qui ne manque ni de piment, ni d'action, elle construit rapidement le capital sympathie de ses personnages.

L'héroïne symbolise parfaitement la tonalité d'ensemble du pilote : rafraîchissante et entreprenante, elle agit sans arrière-pensée et avec une audace sans faille, pleine d'un charme assuré qui la rend instantanément attachante. Aussi centrale que soit Annie, Covert Affairs n'en oublie cependant pas de soigner tous ses personnages, colorés et marquants. Stéréotypés, ils savent aussi surprendre le téléspectateur, loin d'être aussi unidimensionnels que les premières apparences le laisseraient penser. Outre l'ambigu couple formé par deux des supérieurs hiérarchiques  d'Annie, on retiendra également la plaisante complicité qui la jeune femme noue naturellement avec Auggie, y gagnant un allié de poids pour le futur.

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Au-delà de cette dimension humaine très appréciable, qui reste de toute façon une des valeurs sûres de la chaîne (qui a assis sa réputation téléphagique dessus), le pilote de la série, s'il n'est pas exempt de maladresses, laisse entrevoir plusieurs choses intéressantes pour l'avenir. La part réservée aux courses poursuites et autres fusillades, peu mise en valeur par une réalisation brouillone et offrant quelques scènes un peu longues par endroit, prouve que la série a l'intention de ne pas occulter tout ce volet action ; de quoi muscler certains passages et rompre le ronronnement du quotidien. De plus, il est évident que suivre les premiers pas d'Annie dans son nouveau métier devrait permettre un parcours initiatique intéressant, d'autant que la série joue plutôt habilement sur une atmosphère toujours détendue, que les brusques rush d'adrénaline et tensions soudaines viennent plus entretenir que véritablement remettre en cause.

Autre point important, les scénaristes n'oublient pas d'introduire, dans ce pilote, un des futurs éléments moteurs de la série : le fameux fil rouge, teinté d'un mystère nécessaire, destiné à aiguiser la curiosité du téléspectateur et à l'inviter à suivre son évolution sur le long terme d'une saison. S'il est d'une prévisibilité un peu grossière, tant l'insistance sur la romance Sri Lankaise d'Annie avait été importante tout au long de l'heure précédente, il s'ajoute aux raisons de revenir. Qui est Ben Mercer ? Et que lui veulent les nouveaux patrons d'Annie, couple de marionnettistes intrigants, à la dynamique interne des plus pimentées ? Si ces ingrédients classiques ne renvoient sans doute pas à un futur arc des plus ambitieux, ils ont le mérite de remplir leur office avec efficacité.

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Enfin, le dernier atout non négligeable de Covert Affairs pour parler au coeur du sériephile réside dans son casting. Emmené avec beaucoup de fraîcheur, par l'enthousiasme de Piper Perabo, il est composé de beaucoup de têtes très familières du petit écran. Christopher Gorham (Odyssey 5, Jake 2.0, Harper's Island) va tenter d'y briser la malédiction qui accompagne invariablement tous ses projets. Peter Gallagher (Newport Beach) et Kari Matchett (Invasion) vont rejouer les partitions des maîtres espions. La toujours impeccable Anne Dudek (Big Love) apportera la touche familiale nécessaire. Et Eion Bailey (Band of Brothers) s'acquittera de la pointe de mystère en fil rouge.

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Bilan : Débutant sur des bases aussi dynamiques que décontractées, Covert Affairs propose un pilote plaisant à suivre. Non exempt de quelques lourdeurs maladroites, enfonçant les portes ouvertes des poncifs d'espionnage les plus classiques, il y règne cependant une atmosphère rafraîchissante, assez aboutie et maîtrisée, qui permet au téléspectateur de se prendre au jeu. La dimension humaine de la série, à travers ses personnages, prend l'ascendant sur des intrigues prévisibles, plutôt caricaturales, mais qui restent suffisamment efficaces pour donner envie de revenir et de s'investir à plus long terme.

S'annonçant comme un divertissement rythmé, parfait pour la saison, j'ai bien l'intention de poursuivre ma découverte dans les semaines à venir. Retenez-bien, le mardi, c'est sur USA Network que ça se passe cet été !


NOTE : 6,5/10


Deux bande-annonces présentant la série :