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04/07/2010

(Téléphagie) Consommation en séries et culture en général : une crise, quelle crise ?


Les questions téléphagiques existentielles de Livia, le retour... Cela faisait quelques mois que je ne vous avais plus ennuyés avec elles ! Cependant, ma tentative de rédiger l'édito de ce mois de juillet m'a plongée dans une nouvelle introspection sur le sujet. Rappelez-vous, en décembre, je vous parlais de "crise téléphagique". Je me lamentais à l'époque sur la pauvreté des nouveautés de la saison 2009-2010 aux Etats-Unis. Depuis, j'ai l'impression d'avoir atteint un nouveau stade dans ma téléphagie mais, peut-être aussi, d'y voir un peu plus clair.

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Ce mois de juin a été propice, aux Etats-Unis, au lancement de multiples séries de mi-saison, qu'il s'agisse des fonds de tiroirs des grands networks ou des dernières nées de chaînes câblées. Persons Unknown, Scoundrels, Pretty Little Liars, Huge, etc... je les ai bien vues passer, j'ai même parcouru quelques critiques sur ces diverses nouveautés. L'offre était donc bien là. Pourtant, je n'ai regardé, en tout et pour tout, qu'un seul pilote américain au cours du mois de juin : il s'agissait de Rubicon. Parallèlement, si on fait les comptes, dans la même période, j'ai visionné 5 pilotes de séries ou mini-séries britanniques, y compris les "essais" de BBC3, 5 pilotes de séries sud-coréennes et 1 pilote de série japonaise (qui a dit que je n'étais pas pilotovore ?). Vous comprenez ma préoccupation : ma consommation américaine a chuté au niveau de la japonaise. Et pour que vous cerniez bien l'étendue de cette désaffection, il faut préciser que je ne regarde, actuellement diffusée, qu'une seule série américaine par semaine (merci True Blood). Et la seule reprise que j'attends, en ce mois de juillet, venue d'outre-Atlantique, c'est White Collar. Pourtant, si on prend mon visionnage de séries dans sa globalité, le niveau se maintient.

Bref, les Etats-Unis et moi, nous sommes un peu en train de voir nos routes téléphagiques s'éloigner de plus en plus. Que se passe-t-il ? Où est passée cette hégémonie qui a construit ma sériephilie au cours des quinze dernières années ? Est-ce une question de goûts qui évoluent, d'attentes désormais différentes ? Les séries américaines seraient-elles devenues "nulles" ? Pourtant, dans la blogosphère et sur les forums dédiés au sujet, j'ai l'impression que mon cri retentit dans un vide sidéral, comme si j'étais seule confrontée à ces doutes, tout le monde poursuivant son quotidien téléphagique sans le moindre grain de sable pour ébranler ses certitudes (même si certains n'ont pas été tendres avec les dernières nouveautés). Le problème viendrait-il donc de moi, non de l'offre téléphagique proposée ?

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Alors je me pose des questions : pourquoi n'ai-je même pas eu envie de tester tel ou tel pilote américain en ce mois de juin ? Ce n'est pas un souci de qualité, puisque je n'ai même pas souhaité visionner les pilotes. En y repensant, il y a tout un tas de raisons qui me viennent à l'esprit, très différentes suivant les cas. Par exemple, il y a ces séries des grands networks que l'on devine, avant même leur programmation, déjà condamnées. Prenons Persons Unknown. Honnêtement, l'histoire aurait potentiellement pu me plaire, le casting également. Mais pourquoi aurais-je envie d'aller m'investir dans une série déjà virtuellement abandonnée, en laquelle personne ne parait croire ? Cela ne me donne aucune motivation pour tenter l'aventure, peu importe que les scénaristes aient prévu de boucler l'ensemble en 13 épisodes réglementaires. Ne vous moquez pas, non, je ne suis pas devenue allergique au fonctionnement de la télévision américaine, j'ai juste maintenant un peu de mal à cautionner certaines pratiques. Je deviens peut-être conservatrice, mais j'ai l'impression d'avoir désormais besoin d'une part de certitude. Une mini-série britannique (ou une saison de 6 épisodes), ou bien une série asiatique, vous savez généralement d'avance où vous mettez les pieds et dans quoi vous allez vous s'investir. Il y a un contrat pré-établi et univoque avec la chaîne de diffusion.

Sauf que, si ce besoin de sécurité agit effectivement à la marge chez moi, vous allez m'objecter à juste titre que j'ai pourtant testé les pilotes de séries "potentielles" de BBC3, pour lesquelles aucune certitude n'existe. Et à partir de là, je crois qu'on touche à un second problème, structurel celui-là, que je suis en train de percevoir de plus en plus clairement. J'ai longtemps été plus que fascinée par ce vaste pays que sont les Etats-Unis, par sa diversité, ses paradoxes, sa culture et son histoire. Or, désormais, il faut le reconnaître : cet intérêt a faibli. Ne vous méprenez pas, il y a des aspects qui exercent toujours chez moi une véritable fascination : le Sud profond, l'histoire passée ou certains milieux plus atypiques. En revanche, les surannés New York ou Los Angeles me laissent à présent presque de marbre.

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On aurait tort de voir en la "sériephilie" une passion indépendante et de vouloir cloisonner ses diverses activités culturelles. Mon attrait pour les séries a toujours été conçu comme partie intégrante d'une vie culturelle plus globale. Finalement, est-ce un hasard si, au cours des quinze dernières années, les romans que j'ai le plus lus étaient écrits par des auteurs américains, si les films que j'allais le plus voir au cinéma étaient américains ? Il ne faut pas y voir là qu'une simple question d'offre dominante. Or, aujourd'hui, si je fais un bilan plus général de ce début d'année 2010, quels livres ai-je lus dernièrement (histoire de faire quelques parallèles) ? L'ombre des armes, de Hwang Sok Yong, Là-bas, sans bruit, tombe un pétale de Ch'oe Yun, L'éternel Empire de Yi In Hwa, Le pendule de Foucault d'Umberto Ecco... Pour tout vous dire, le dernier auteur américain que j'ai lu en 2010, c'était Cormac McCarthy, vous visualisez donc le genre.

J'ai souvent l'habitude de dire que la téléphagie fonctionne par cycle, avec un mouvement de balancier incessant, mais je pense aussi qu'elle s'inscrit dans une curiosité culturelle globale, avec laquelle elle intéragit. Elle est un reflet de centres d'intérêts plus profonds. J'avoue avoir longtemps pensé qu'il y avait quelque chose de déterminant dans le seul format télévisuel. Le postulat de base, moteur de tout, serait l'affirmation suivante : "j'aime les séries". Naïvement, j'imaginais que, au-delà des frontières, le label "série" serait ce dénominateur commun qui expliquerait, seul, cette volonté constamment renouvelée de toujours faire de nouvelles découvertes. C'est une vision des choses à laquelle je ne crois plus vraiment ; ou, du moins, je pense que c'est très réducteur d'apprécier ainsi son identité téléphagique.

Chacun a un rapport propre au petit écran, qui lui est personnel, par conséquent, mes vues sont très subjectives. Mais, de façon plus prononcée qu'auparavant, j'ai l'impression que ce qui me motive à pousser toujours plus loin la découverte de nouveaux horizons téléphagiques, ce n'est pas seulement la sériephilie en tant que telle, c'est un mouvement plus vaste. Ce n'est probablement pas un hasard si ma baisse d'intérêt pour les productions américaines coïncide avec ma baisse d'intérêt pour l'Amérique en général. Pour moi, les séries ont toujours constitué un vecteur d'ouverture vers une culture, vers une société. Leur visionnage a pu être la conséquence d'un intérêt pré-existent pour tel ou tel pays, ou bien il a pu aussi générer une fascination pour de nouvelles destinations. Je ne me serais sans doute jamais véritablement arrêtée sur la culture asiatique si je n'avais pas eu le prisme des séries pour m'y introduire. Pourtant, désormais, mon attrait dépasse de loin ce seul média télévisuel. Il existe une intéraction entre tous les aspects de cette vie culturelle que je n'avais jamais perçue aussi clairement qu'actuellement.

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Certes, à trop essayer de comprendre le pourquoi du comment, j'en viens peut-être à tirer des conclusions excessives, mais je pense avoir mis à jour certaines dynamiques téléphagiques, dont je n'avais jusqu'à présent jamais pleinement pris conscience.

Au fond, peut-être que mon problème avec les séries américaines, surtout celles des grands networks, ce n'est pas un souci de qualité, de style ou même de politique de diffusion... Peut-être que mon réel problème vient surtout du fait qu'elles racontent une Amérique, ou du moins une facette de celle-ci, qui ne m'intéresse plus désormais ?

J'avoue que c'est plus une hypothèse qu'une certitude, mais c'est un peu comme cela que je comprends ma sériephile actuellement. Mon amour des séries ne semble pas remis en cause, j'en veux pour preuve le temps que je passe toujours devant elles... Alors, serait-ce une forme de maturation d'une passion qui, elle, demeure intacte ? Est-ce grave, docteur ?


Et vous, chers lecteurs, rassurez-moi, avez-vous déjà expérimenté ce type de "crise téléphagique" ? Les nouvelles productions des grands networks US vous fascinent-elles toujours autant ?

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PS : Tout cela ne veut pas dire que je ne parlerai plus de séries américaines sur ce blog, mais il fallait que je vous confie un peu mes doutes et essaye de vous expliquer pourquoi je parle de ces fictions proportionnellement assez peu, par comparaison à la place prise par les séries britanniques ou coréennes.

03/07/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 13 : The Big Bang (series finale)


"Fezes are cool." (Le Docteur)

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Après une première partie de series finale qui avait su générer une forte attente et une grande anticipation, dans lesquelles se mêlaient, pour le téléspectateur, un suspense et une jubilation enthousiasmante, la seule interrogation, à l'amorce de ce dernier épisode de la saison 5, était la suivante : la conclusion allait-elle être à la hauteur des espoirs ainsi ? Pouvait-elle poursuivre dans ce sentiment enivrant teinté de démesure ressenti en découvrant l'alliance formée contre le Docteur ?

La première réaction engendrée par ce series finale aura sans doute été le réflexe, que l'on a tous eu, de relancer une seconde fois l'épisode, immédiatement après que le générique de fin se soit terminé. Parce que s'il y a bien une chose de certaine, c'est que, outre la recrudescence de la consommation d'aspirine suscitée par sa construction narrative, il était difficile de ne pas s'égarer dans les lignes temporelles fluctuantes et autres paradoxes régis par des lois très toujours très relatives.

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La résolution de l'intrigue va en effet adopter un format des plus déstabilisants, Steven Moffat nous plongeant sans ménagement dans les tourbillons du Temps. Passé, présent et futur se mélangent tels des concepts d'une relativité vertigineuse, se marquant et s'auto-influençant à travers un enchaînement d'évènements qui voit le Docteur tirer les ficelles, en digne chef d'orchestre. C'est peu dire que ce choix scénaristique génère autant de questions, qu'il n'apporte de réponses. Entre paradoxes temporels, anomalies réelles ou simplement logique incomprise échappant sur le moment au téléspectateur, il est difficile de parvenir à faire s'emboîter rigoureusement tous les détails dont le fil narratif principal regorge. Ce n'est d'ailleurs qu'au cours du second visionnage que j'ai eu l'occasion de m'attarder sur des points plus secondaires de l'intrigue.

Il faut bien avouer que l'épisode démarre sur les chapeaux de roue, nous laissant aussi interdit que notre Rory endeuillé qui pleure sa bien-aimée dans l'Antiquité, même si nul ne sait si la surprise provient de l'apparition du Docteur, ou de l'accoutrement qu'il porte, fèze et balais en tête, assortiment qui m'a fait penser à l'image d'un sorcier fou. Le Tardis a bien explosé. L'Univers s'est effondré sur lui-même, les failles éradiquant toute la création, passée, actuelle et à venir. Les diverses races qui s'étaient alliées pour mettre hors d'état de nuire le Time Lord ne sont plus que des fossiles temporels. Dans un ciel proposant désormais une nuit sans étoile, seule la Terre demeure encore présente, dernière étincelle d'une vie qui n'existe déjà plus. Sa proximité avec le Tardis la situant au coeur de l'explosion, cela lui fait profiter d'un sursis illusoire.

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Le retrécissement de l'univers permet au Docteur d'utiliser le gadget de River pour facilement voyager dans le temps, manipulant les évènements afin d'essayer de sauver ce qui peut encore l'être. Une bonne partie de l'épisode va se résumer en une innovante expérience narrative, aussi stimulante qu'étrange pour le téléspectateur. Steven Moffat annihile volontairement tout repère temporel, nous délivrant des bribes d'informations venues de toutes époques, tel un puzzle incomplet qu'il resterait à assembler. Tout en conservant le point de vue de ses compagnons, la ligne temporelle du Docteur se brouille sous nos yeux, tandis qu'il s'efforce de réparer une Création brisée.

Le schéma narratif adopté se révèle être une troublante façon de déconstruire nos certitudes traditionnelles. Cependant, ce recours régulier à un futur Docteur conditionnant les actions de nos héros dans la ligne temporelle que le téléspectateur suit, n'échappe pas à un certain effet de répétition. Certes, les directives sibyllines du Time Lord sont toujours des plus intrigantes, l'annonce de sa mort y compris, mais on a aussi le sentiment qu'au-delà de cette pique d'excitation ressenti par le téléspectateur, les clés de l'histoire nous échappent complètement, donnant comme résultat une résolution qui, paradoxalement, se trouve être à la fois excessivement complexe et d'une étrange simplicité. 

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Particulièrement compliqué, tout en conservant une fausse apparence de bricolage rudimentaire, voici les deux qualificatifs qui résumeraient parfaitement l'utilisation des voyages temporels dans The Big Bang. Toute l'intrigue se construit autour d'eux, évacuant finalement avec une aisance presque déconcertante l'emprisonnement dans la Pandorica. Cependant l'intérêt de cette boîte ne va pas se résumer à cette seule fonction ; elle va en effet jouer un rôle clé dans rien moins que la restauration de l'Univers.

L'astuce permettant d'inverser les effets de l'explosion du Tardis remet à nouveau au centre de l'épisode une thématique constante de la saison, celle de la mémoire. Les souvenirs ne se perdent jamais complètement, demeurant tels des empreintes indélébiles à partir desquelles tout peut être reconstruit, semblables à une mémoire génétique. Le Docteur se sacrifiera pour permettre cette forme de "reboot" de l'univers, rendu possible grâce à la Pandorica qui a pu conserver l'essence de ce qui constituait l'Univers d'avant l'explosion.

La "restauration" du Docteur suivra un schéma similaire. Si le souvenir de son existence-même aura été éradiqué au cours du processus, puisqu'il se trouvait au centre de l'explosion, c'est à nouveau par la mémoire qu'il va pouvoir renaître. Cela sera cependant l'occasion d'offrir quelques scènes d'adieux émouvantes, alors même que le téléspectateur a pleinement conscience qu'un ultime twist aura lieu, tout cela ne pouvant se finir ainsi. Mais les quelques mots qu'Eleven glisse à une Amy enfant, endormie dans sa chambre, prendront un tournant émotionnel vraiment poignant, qui doit beaucoup à la fantastique prestation de Matt Smith.

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Si la construction de l'épisode m'a laissée une certaine frustration, le recours aux tourments des paradoxes temporels m'ayant paru un peu excessif dans la première partie, ce sentiment se mêle cependant à l'excitation générée par cette écriture à l'envers, d'un scénario stimulant où tout s'entremêle avec beaucoup de piquants. Certes, cela n'est pas toujours pleinement homogène, mais, au-delà de l'intrigue principale, la grande valeur de The Big Bang réside dans les instants magiques dont il regorge.

Steven Moffat aime accorder un soin particulier aux détails, s'assurer de petites créations ou reconstitutions, à la marge, qui vont marquer un épisode et permettre sa pérennité dans la mémoire collective des fans. De scènes incontournables (comme l'arrivée du Docteur dans un accoutrement ridicule devant un Rory choqué et endueillé) en répliques cultes (telle "Feezes are cool"), d'échanges mémorables (le Docteur, en train de disparaître, à côté du lit d'Amy enfant) en petites informations "mythiques" du plus bel effet (la légende du soldat romain protégeant la Pandorica à travers les siècles), il est nécessaire de souligner à quel point The Big Bang réussit particulièrement bien cet aspect.

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En somme, ce series finale résume toutes les forces, mais aussi les quelques faiblesses, d'une saison 5 que j'aurais au final beaucoup appréciée. Le one-man-show offert à Matt Smith aura tenu toutes ses promesses ; il n'y a plus de qualificatifs assez dithyrambiques pour exprimer avec quelle réussite et quelle autorité cet acteur se sera progressivement affirmé au fil de la saison. Magistral de versatilité, riche en nuances et en paradoxes, mêlant légèreté et côté plus sombre, il aura paradoxalement, à terme, fait un peu d'ombre à ses compagnons. Non pas qu'Amy soit un personnage inintéressant, carelle forme un duo détonnant avec le Docteur ; mais dans les derniers épisodes, je ne pouvais m'empêcher d'attendre avec beaucoup d'anticipation les scènes où Eleven, seul, pourrait laisser libre cours à sa nature de Time Lord, sans être canalisé. Aussi jubilatoire qu'attachant, Matt Smith aura été à la hauteur du défi qui lui était posé. Bravo à lui.

Steven Moffat aura quant à lui marqué ses distances avec les codes classiques de Russell T. Davies. Il n'aura accepté l'héritage laissé que sous bénéfice d'inventaire, et aura entrepris la re-écriture de certaines des conventions de la série. Sous son impulsion, Doctor Who s'est rapproché d'une féérie fantastique, où le merveilleux se dispute à une facette sombre qui ne saurait être occultée. La série aura ainsi souvent exploité l'esprit des contes de fées, se plaisant à stimuler l'imaginaire d'un téléspectateur conquis par cette atmosphère magique.

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La conclusion de cette saison 5 constitue une nouvelle étape dans la réappropriation de cette mythologie par Steven Moffat. En effet, ce series finale n'est pas une véritable résolution. Il laisse au contraire en suspens plus d'interrogations que de réponses, ouvrant déjà les pistes principales de la sixième saison. Le Docteur a certes empêché la fin de l'Univers, mais il ignore ce qui a pu entraîner le Tardis en 2010 et provoquer son explosion. Il ne sait pas quelle force agit ainsi dans les coulisses de la Création, quelle est cette voix qui appelle au "silence". Le fil rouge de la saison n'est qu'une bataille dans une guerre plus vaste qui reste à conduire. En cela, Steven Moffat rompt avec les habitudes de son prédécesseur : la saison 5 ne constituera pas à un tout. Plus ambitieux, c'est un arc global trans-saisons que le scénariste veut construire.

Et dans cet arc global, un autre personnage appelé à jouer un rôle central sera assurément River Song. Figure entourée de mystères, elle et ses "spoilers" auront une place dans la saison à venir, qui apportera peut-être quelques unes des réponses tant attendues la concernant, à commencer par savoir qui elle est et comment le Docteur et elle se sont rencontrés. Est-elle liée, d'une façon ou d'une autre, au "silence" ?

La saison 5 se conclut donc avec presque autant d'incertitudes en suspens qu'au cours de la saison. Il reste cependant une satisfaction, bouclant symboliquement le voyage initiatique entamé lors du premier épisode : le mariage de Amy et Rory a bien lieu, à la date prévue. Chacun a désormais mûri à travers les évènements de la saison : il marque une entrée dans la vie adulte, mais, signe d'une paix intérieure, d'une maturité nouvelle, il n'entraîne pas une rupture avec l'appel au fantastique émanant de l'univers du Docteur. La réalité et le merveilleux ne sont plus antinomiques, comme ils l'étaient par le passé. Le jeune couple a embrassé ce monde ; leur décision de suivre le Docteur, à la fin de l'épisode, en est l'illustration.   

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Bilan : Dans ses forces comme dans ses faiblesses, The Big Bang est un épisode s'inscrivant pleinement dans la lignée de la saison. Étrangement déstabilisant dans sa construction narrative, stimulant dans son enchaînement des évènements, marquant par les petits détails et autres répliques cultes dont il regorge, il porte l'empreinte de Steven Moffat jusque dans sa résolution, en rupture avec le schéma traditionnel des series finale de Doctor Who. Ouvert sur la suite, il poursuit la construction d'une mythologie autour de ce "silence", autour de River Song également. Une mythologie au sein de laquelle l'explosion du Tardis n'est qu'une péripétie parmi d'autres. Ce dernier choix scénaristique ambitieux ne fera sans doute pas l'unanimité, mais je garderai un bon souvenir de cette saison 5, illuminée par un Matt Smith absolument fantastique dont il faut louer et applaudir les performances.

Et dire qu'il va désormais falloir attendre Noël !... Mes semaines téléphagiques à venir vont me sembler bien vide.


NOTE : 9/10

01/07/2010

(Pilote UK) Rev. : it's hell being a vicar...

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Du Vicar of Dibley à Father Ted, on peut probablement affirmer qu'il existe une certaine tradition britannique à développer des "comédies cléricales". La télévision anglaise s'est déjà passablement amusée à mettre en scène, de la plus improbable ou caricaturale des manières, ses hommes d'Eglise. Si bien que le sujet de la dernière nouveauté diffusée sur BBC2 pour cet été n'apparaissait pas particulièrement original, même s'il proposait une modernisation de ces classiques. Si le parallèle instinctivement fait par le téléspectateur s'établissait plutôt avec The Vicar of Dibley au vu du seul synopsis, par la tonalité adoptée dans son pilote, Rev. marque immédiatement une certaine distance avec ses prédécesseurs, s'inscrivant dans un registre plus mesuré, et en un sens, plus réaliste.

En ce qui me concerne, la seule présence de Tom Hollander (également créateur de la série, aux côtés de James Wood) suffisait à attiser ma curiosité, de sorte que la découverte du pilote, diffusé ce lundi soir outre-Manche, s'imposait d'elle-même. Cette première saison de Rev. comportera 6 épisodes, d'une durée d'une demi-heure chacun.

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Rev. raconte l'acclimatation urbaine (mouvementée) du Révérend Adam Smallbone : en provenance d'une petite paroisse rurale, le voilà nouvellement promu à St Saviour, dans l'Est de Londres, au sein d'une communauté éclatée où le manque de dynamisme des paroissiens viendrait rapidement à bout des efforts les plus patients. Au-delà du quasi-désert hebdomadaire que constitue le service religieux, Adam doit gérer les sollicitations les plus diverses, notamment des demandes de faveur défiant son sens moral pouvant provenir de fidèles fréquentant l'église, mais aussi d'opportunistes découvrant soudain un intérêt surprenant pour la foi. Il faut alors au révérend beaucoup de bonne volonté, une sacrée dose d'humilité et des compromis constants pour gérer ce quotidien pas toujours de tout repos.

Outre des paroissiens envahissants et hauts en couleurs, ne mesurant pas toujours ce qu'ils exigent, Adam peut heureusement compter sur quelques soutiens à géométrie variable. L'aide la plus précieuse est sans doute celle apportée par son épouse, Alex. Si cette dernière, avocate menant sa propre carrière professionnelle, ne rentre pas dans les stéréotypes traditionnellement associés à l'image de la femme d'un révérend, elle fait cependant des efforts pour s'adapter ; ce qui rend finalement leur association des plus rafraîchissantes. Les collègues d'Adam sont en revanche plus réservés. Nigel l'assiste dans la gestion de la paroisse, tout en rêvant de promotion et de se trouver, un jour, à sa place. Enfin, son supérieur hiérarchique direct, avec ses objectifs chiffrés et ses analyses sans concession, maintient une pression constante sur le Révérend, reproduisant ironiquement des schémas de management pas si éloignés du style mafieux.

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Je dois dire que le résultat proposé par le pilote de Rev. est assez différent de ce à quoi je m'attendais. La série opte en effet pour une approche relativement réaliste de la fonction de révérend dans notre société moderne sécularisée. Loin d'être une simple sitcom, qui s'amuserait de ses excès et exploiterait les potentielles situations improbables que cette situation peut générer, Rev. se révèle beaucoup plus mesurée. Adoptant une tonalité cynique et désabusée à souhait, la série s'inscrit dans une tradition d'humour noir feutré, où les passages prêtant à sourire sont mis en scène de façon plus subtile. Si certains dialogues s'avèrent effectivement décalés à souhait, on reste toujours dans une froide retenue. Le téléspectateur y perçoit d'ailleurs sans difficulté les efforts des scénaristes pour essayer de dresser un portrait juste, pas si éloigné de la réalité, d'une paroisse populaire anglicane.

Rev. ne provoquera donc pas de rires aux éclats chez ses téléspectateurs. Le pilote s'installe en douceur, introduisant les paroissiens et nous présentant le quotidien d'Adam. La qualité d'écriture est un peu inégale, certaines scènes traînant un brin en longueur. Cependant, l'épisode contient plusieurs échanges inspirés, cocasses à souhait et dont les décalages sont parfaitement mis en lumière par un personnage principal rendu attachant par ses doutes et sa volonté de bien faire. Adam n'a pourtant rien d'un utopiste ; il est bien conscient des exigences de pragmatisme imposées par la société de son temps. Le dilemme va alors être de déterminer où se situe la ligne jaune à ne moralement pas franchir. L'exemple du jour, la réparation du vitrail brisé, est une illustration qui indique bien vers quelle voie des péripéties du quotidien la série pourra se développer.

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La thématique principale de Rev. s'avère finalement être des plus classiques : Adam est certes un homme de Dieu, mais il reste aussi un être humain, avec ses préoccupations, ses mauvaises habitudes (la boisson notamment) et ses failles. Il n'a rien d'un modèle infaillible, et c'est sur cette dichotomie, entre l'image idéalisée à laquelle renvoie la fonction et ce quotidien beaucoup plus terre à terre, que la série investit, avec une certaine réussite (exemple de dialogue : "je propose de réciter nos prières tout doucement... pour ceux qui auraient la gueule de bois ce matin"). Il se dégage du tableau présenté par Rev. une ambiance finalement assez attachante, dans laquelle la dimension humaine occupe une place déterminante. Sans provocation inutile, ni réelle révolution dans l'approche de son sujet, la série trouve progressivement un rythme, conservant un caractère mesuré qui n'empêche pas les petites piques et situations plus cocasses qui prêteront à sourire.

Sur un plan technique, Rev. est un reflet de cette paroisse urbaine quelque peu en déshérence, ses images adoptant des couleurs plutôt sombres, mises en avant par une réalisation très sobre. La série peut également compter sur un casting des plus solides, emmené par un Tom Hollander (Wives and Daughters, Cambridge Spies, The Company, Desperate Romantics), tout en nuances, en grande forme. A ses côtés, le téléspectateur familier du petit écran britannique retrouvera notamment Olivia Colman (Green Wing, Beautiful People), Miles Jupp, Simon McBurney ou encore Steve Evets (Five Days).

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Bilan : Rev. se situe un peu à la croisée des genres, comédie sombre flirtant avec le réalisme et une réelle volonté de décrire le quotidien moderne d'un révérend. C'est l'homme derrière la fonction qui intéresse la série, s'appliquant à souligner les dilemmes auxquels il doit faire face.

S'il laisse entrevoir un certain potentiel, ce premier épisode reste cependant trop timoré pour réellement s'imposer. Le téléspectateur regrettera en effet le peu de prise de risque d'une histoire qui suit finalement un chemin très balisé. On perçoit parfois les hésitations des scénaristes pour atteindre le juste équilibre dans la tonalité de leur série ; mais il est logique que le pilote permette également certains réglages.

Au final, cela n'est pas déplaisant à suivre. On s'attache facilement. Il manque seulement un soupçon de piquant pour réellement accrocher le téléspectateur. Mais je veux bien laisser à la série un peu plus de temps pour s'installer.


NOTE : 6,5/10


Des previews :


30/06/2010

Mercredi asiatique... without words.

En ce dernier mercredi asiatique de juin, j'avais initialement prévu d'écrire quelques mots sur le pilote de Comrades, un des dramas de l'été marquant l'anniversaire des 60 ans du début de la guerre de Corée. Ou, sinon, si la chaleur m'avait fait trouver refuge auprès d'une fiction plus rafraîchissante, j'aurais aussi pu vous parler de l'attachante et simple mini-série de MBC, Running Gu. Un peu de sport, des émotions brutes et une durée de seulement 4 épisodes.

Mais, aujourd'hui, il va falloir me pardonner, je n'ai pas le coeur à parler séries.


En début de semaine, Ladyteruki (du blog Ladytelephagy) avait publié un dossier très intéressant sur la télévision sud-coréenne, disponible sur le site SeriesLive : Annyong haseyo : la télévision coréenne pour les nuls. Je vous invite fortement à le découvrir. C'est l'occasion ou jamais d'être curieux. Ceux qui apprécient les kdramas liront cet article avec beaucoup d'intérêt et apprendront sans aucun doute des choses sur le contexte de diffusion de ces séries. Tandis que pour les téléphages sans attache particulière avec l'Asie, c'est une opportunité de se cultiver, et pourquoi pas, d'entre-ouvrir la porte de cet univers téléphagique encore inexploré. Ladyteruki y aborde tous les sujets : des statuts des chaînes jusqu'au public visé par ces dramas que l'on aime tant. Elle évoque aussi les carrières, souvent brèves, des visages du monde de l'entertainment, s'arrêtant sur la facette plus sombre de cette industrie. Ladyteruki y mentionnait notamment l'actrice Ja Yun Jang, illustration de ce taux de suicide très élevé parmi les acteurs coréens. Cette évocation a malheureusement trouvé un écho particulier dans les informations de ce matin.


Il y a des acteurs(-rices) auxquel(le)s on s'attache plus que d'autres. Des noms dont on va suivre la filmographie avec attention. Il peut y avoir mille et une raisons à cela. Qu'on apprécie particulièrement leur jeu, qu'on soit tombé sous le charme d'une de leurs interprétations, ou bien encore qu'ils aient incarné un des personnages principaux dans une de nos séries favorites... Tout téléphage a des acteurs qui vont retenir, plus que les autres, son attention. Ceux que l'on appellera parfois, dans un excès de sentimentalisme, nos "acteurs préférés", pour lesquels on surveillera les projets, au sujet desquels on glanera les dernières informations...


Apprendre leur décès vous touche.

Souvent plus que ce que vous auriez pu penser.

Surtout quand l'acteur en question n'avait que 32 ans et encore toute une vie devant lui.


Alors, ce matin, après avoir lu la nouvelle tombée dans la nuit, je n'ai pas envie de parler drama.

Je ne sais d'ailleurs quoi écrire.

Juste saluer sa mémoire.

Et, éventuellement, vous inviter à découvrir ses deux derniers dramas, à l'occasion desquels je vous avais déjà confié combien j'appréciais cet acteur.
Story of a Man (The slingshot) fut sans doute un des meilleurs, si ce n'est le meilleur drama, de la saison 2009 en Corée du Sud. Un passionnant thriller admirablement bien construit scénaristiquement et bénéficiant d'une galerie de personnages très solides. Ma critique :
Story of a man, un face-à-face très prenant.
On Air pourra parfaire votre culture, un complément opportun avec l'article de Ladyteruki, en vous immergeant dans les coulisses de la conception d'une série télévisée. Ma critique : On air, le making-of d'une série télévisée.

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En somme, seulement trois mots pour résumer le billet de ce dernier mercredi asiatique de juin :

Rest in peace.

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Pour un mercredi asiatique "normal" sur ce blog, il faudra attendre la semaine prochaine... quand j'aurais séché mes larmes.

27/06/2010

(UK) The IT Crowd, series 4 : corrosive et désopilante immersion au sein d'un service informatique


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Vendredi soir débutait sur Channel 4 la quatrième saison inédite de The It Crowd. On avait presque oublié qu'elle était encore en production et c'est peu dire que ces nouveaux épisodes se seront faits attendre, puisque la diffusion de la saison 3 datait de fin 2008, soit il y a plus d'une année et demie.

Je vous ai déjà parlé de mes difficultés à apprécier le genre comique. On touche ici à une frontière constante dans mes goûts téléphagiques, dont l'existence remonte à l'origine de mon visionnage de séries. Cependant, de temps à autre, je croise une comédie qui va réussir à me fidéliser timidement. Si je ne suis pas restée insensible à Arrested Development ou à The Office (US) aux Etats-Unis, j'avoue que je cultive surtout un certain penchant pour l'humour corrosif si accrocheur des comédies d'outre-manche. The Thick of It, Black Books ou encore The Office, voilà sans doute le type d'humour qui me convient le mieux, même si tout cela reste à la marge dans ma consommation sériephile générale.

Toujours est-il que dans cette liste des fictions où l'on retrouve le cynisme inimitable de l'humour britannique (style que je pense apprécier de plus en plus, au vu de mes visionnages d'intégrales, depuis un an, de séries comme Yes Minister, Blackadder ou encore Jeeves & Wooster), figure The It Crowd.

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The IT Crowd est une sitcom qui fut lancée en 2006, donc en précurseur des séries qui mettront ensuite en avant geeks et autres nerds outre-Atlantique (la vague de ce genre date de la saison US 2007-2008). Une adaptation américaine sera d'ailleurs un temps envisagée, sans que le projet se concrétise.

Cette série nous narre les éreintantes journées de travail (et, exceptionnellement, quelques fois en extérieur) au sein du service informatique d'une grande entreprise anglaise. Jeune cadre ambitieuse, Jen crut à une promotion lorsqu'elle décrocha un poste de manager dans ce département. Mais c'est derrière un bureau presque glauque, dans les sous-sols du siège de sa société, qu'elle attérit, avec pour mission d'encadrer deux collègues de travail dont le but professionnel ultime semblait être d'en faire le moins possible. La cohabitation entre la pragmatique Jen et ces deux informaticiens, véritables geeks dans l'âme, n'allait pas être de tout repos ; l'occasion finalement pour chacun de s'ouvrir un peu à un autre monde, presque une autre réalité pour certains.

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L'atout de The It Crowd réside dans l'alchimie qui se dégage de ses personnages, portée par cette ambiance corrosive qu'elle va réussir à installer. La sitcom parvient à trouver cet équilibre étrange, presque improbable, d'association des opposés, source inépuisable de situations cocasses souvent drôles. Nous ne sommes pas dans du mockumentary rigide comme The Office. La série entérine certes l'importante modernisation des codes scénaristiques du genre datant des années 2000, mais elle opère cependant un compromis avec des ingrédients  plus classiques, n'hésitant à utiliser (avec un certain succès) les poncifs traditionnels, dans les relations professionnelles, mais aussi personnelles.

D'un cynisme constamment réaffirmé, maniant avec habileté cet humour noir aussi indéfinissable que jubilatoire que certains qualifieront d'"humour anglais", The It Crowd est une série résolument excentrique, parfois franchement surréelle, mais toujours très dynamique, assumant et revendiquant ses excès et l'absurdité de certaines situations ainsi créées. Souvent désopilante, la série brouille notre sens de la normalité, caricature et prend ses distances avec l'univers qu'elle dépeint. Elle mise beaucoup sur un comique de situation dans lequel elle excelle, tout en sachant diversifier également ses ressorts narratifs (notre duo de geeks offrant un terrain propice au comique de caractère). Le téléspectateur se laisse aisément prendre au jeu.

Même si elle se déroule sur un lieu de travail, les histoires ne concernent pas toujours uniquement le quotidien de l'entreprise. Nous avons certes droit à notre dose de rivalités inter-services et à un patron caricatural à souhait, mais la vie privée des personnages trouvera aussi une place au milieu de tout cela. C'est d'autant plus opportun que la césure entre deux mondes, celui de Jen et celui des deux informaticiens, se répercute logiquement (et souvent délicieusement) dans cette vie extérieure, notamment en ce qui concerne les relations amoureuses.

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Pour ce retour après un an et demi de disette, The It Crowd propose un épisode où l'on retrouve toutes les thématiques classiques de la série. Jen et ses rêves de promotion la font postuler à la fonction de manager chargée de s'occuper des hommes d'affaires invités par son patron, une fonction pseudo "culturelle" dont elle ne comprend pas réellement les implications et ce à quoi renvoie, en l'espèce, le terme "entertainment". Comme Roy, en pleine phase de dépression amoureuse, le lui explique en version cinéphile : la voilà intronisée en nouveau "Fredo" (cf. Le Parrain 2).

De qui pro quos en progressive immersion dans son rôle, Jen se charge tant bien que mal de sa mission, au cours de laquelle, une fois de plus, le clash des différents univers culturels de notre trio est pleinement mis à profit, permettant de plus au final de résoudre la situation. En effet, les jeux de rôle imaginés et animés par Moss vont se révéler plus attrayants que ce que le téléspectateur aurait pu imaginer. Au terme d'un processus qui souligne la maîtrise du scénario et la complémentarité constamment renouvelée des personnages, tout le monde y trouvera son compte... sauf Jen qu'une autre de ses initiatives, aussi spontanées que malheureuses, rattrape avant qu'elle ne puisse récolter les fruits de sa réussite.

En résumé, c'est un solide épisode que j'ai sans doute d'autant plus apprécié qu'il s'agissait de retrouvailles et que ce trio m'avait considérablement manqué. Moss demeure inimitable et unique, ressort comique le plus constant de la série. Et l'ensemble, homogène, se regarde avec plaisir !

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Bilan : Avec son ton corrosif à souhait, son habile maniement de l'absurde, son ambiance désopilante autant qu'excessive et ses personnages haut en couleur qui se complètent parfaitement, The It Crowd se révèle être une comédie attachante que l'on suit avec plaisir. On y retrouve la tonalité propre aux comédies british, avec cette noirceur un peu critique, teinté d'un cynisme aigre-doux jubilatoire.

Le tout se révèle bien plus accrocheur que ses très (trop) diluées et bien trop fades (et plates) consoeurs américaines (The Big Bang Theory en tête).


NOTE : 7/10


Le générique :


Les trailers de la saison 4 :