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17/05/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 7 : Amy's Choice

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Amy's Choice est un épisode atypique, qui sort du schéma narratif habituel. Derrière ses premiers abords quasi-anecdotiques, ronronnant sans véritablement trouver son rythme de croisière, il bénéficie d'une chute finale qui éclaire sous un jour entièrement différent les évènements que l'on vient de vivre et change notre perspective, et presque notre jugement, sur ces 40 minutes. Son apport introspectif se révèle donc plus ambitieux que ce qui nous est présenté tout au long de l'épisode. En posant les enjeux à la toute fin, il serait presque opportun pour le téléspectateur de s'offrir un revisionnage dans la foulée.

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Amy's Choice s'ouvre sur un changement de cadre original, signe d'une aventure déjà commencée, déstabilisant à dessein les repères du téléspectateur. En effet, le Docteur débarque à bord de son Tardis dans la campagne anglaise. Cinq ans ont passé depuis qu'il a ramené Amy et Rory sur Terre. Ces deux derniers sont toujours ensemble. Seul signe du temps écoulé, Rory s'est "négligemment" laissé pousser les cheveux de façon à pouvoir les attacher ; un fashion attentat dont le téléspectateur met un instant à se remettre. Il faut dire que la deuxième information à digérer est plus énorme encore : Amy "have swallowed a planet", ou plutôt, est enceinte ! La visite du Docteur est imprévue, il s'est en réalité embrouillé dans les commandes du Tardis. Les retrouvailles passent par une promenade aux alentours. Tout paraît si calme dans ce village. Irréellement détaché de la civilisation. Les quelques remarques sur le sujet du Docteur sont d'ailleurs salvatrices : elles prêtent à sourire et leur piquant confère un peu de relief à la platitude caricaturale que ce cadre recrée.

Mais il ne s'agit que d'une réalité possible. Car nos trois héros s'endorment soudain sur le banc pour se réveiller... à bord d'un Tardis à la dérive. Dans leur "présent" apparent. Glacés. Ils dérivent et sont attirés par l'énergie d'une "étoile froide". Si imaginer Amy accepter de faire sa vie loin de tout dans un endroit aussi reculé de cette campagne anglaise, en y menant une vie aussi peu animée, semble peu coller au personnage ; l'hypothèse de l'étoile froide défie encore plus effrontément les lois de la science. C'est là que se révèle un nouveau protagoniste. Moqueur, perspicace, arrogant, faussement joueur, il se présente sous la qualité de "Dream Lord", en écho au "Time Lord" qu'est le Docteur. Il se pose en maître d'un jeu létal dans lequel il a entraîné nos trois héros. Il les met en effet au défi de choisir entre ces deux mondes où le sommeil les guide. Un est la réalité, l'autre un rêve. Les règles sont simples. S'ils meurent dans le rêve, ils seront libérés et réintègreront la réalité. En revanche, s'ils sont tués dans le monde réel, la mort sera définitive.

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Se réappropriant des schémas narratifs classiques de jeux entre plusieurs réalités/univers, l'épisode va au final assez peu développer ce matériau, préférant se concentrer sur ses personnages. Les deux mini-aventures mises en place, comportant chacune leurs dangers, reprennent des thématiques traditionnelles de la série, qu'il s'agisse d'une rencontre imprévue du Tardis avec un astre dangereux, ou des aliens réfugiés sur Terre, ayant infiltré le club du 3e Âge du coin. Il n'y a pas la moindre originalité proposée dans leurs développements, celle sur Terre offrant juste un peu plus d'animation. C'est sans doute à ce niveau-là que se situe la faiblesse principale de l'épisode. Le téléspectateur est bien conscient que l'enjeu est ailleurs, ces micro-intrigues peinent à trouver une réelle dimension. Elles demeurent cantonnées dans du cliché anecdotique, dans lequel il est difficile de s'investir. Heureusement, les dialogues - et plus particulièrement, les tirades du Docteur -, piques au second degré savoureux ou analyses détachées de la situation empreinte d'un sarcasme détaché, permettent par intermittence de rompre cette léthargie. Mais l'épisode ne trouve jamais vraiment l'équilibre entre ces histoires-prétextes et le réel enjeu poursuivi par le scénariste ; ce qui a une incidence sur son homogénéité, le cocktail peinant à prendre.

L'attention du scénariste est ailleurs, et ça se ressent donc. Car Amy's Choice est en fait un épisode destiné à prendre le temps de s'intéresser à la psychologie de chacun de ses personnages. Nous sommes (déjà!) à mi-saison ; nous commençons à les connaître, mais voici un épisode entier où les intrigues et autre fil rouge sont mis entre parenthèses pour explorer de plus près les motivations de chacun. Cette introspection est une initiative somme toute louable, permettant d'entériner la nature des différentes relations unissant les personnages, en commençant par définitivement refermer la parenthèse ouverte par le final du cinquième épisode, lorsque s'était posé un dilemne jusqu'alors sous-jacent : la position d'Amy par rapport à ses "deux docteurs", l'un qui a passé sa vie à essayer de ressembler à cet ami imaginaire idéal des rêves d'une petite fille, et l'autre qui est revenu après tant d'années pour enfin remplir sa promesse passée.

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Le titre de l'épisode, Amy's Choice, fait donc référence, tant à la décision d'Amy de sacrifier sa vie sur cette Terre futuriste où elle est enceinte, suite à la mort de Rory, qu'à sa réalisation finale que l'homme de sa vie n'est pas le héros avec lequel elle s'est enfuie la veille de son mariage, mais bien son fiancé. Être partie à bord du Tardis était sa dernière tentative pour ne pas grandir ; le parallèle avec les univers féériques, la mythologie de Peter Pan notamment, n'est pas une constante de ce début de saison pour rien. Le mariage symbolise l'entrée dans l'âge adulte, entrée à laquelle Amy n'était pas encore prête, en dépit de ses fiançailles. Elle n'avait pas fait le deuil de son enfance ; il existait encore en elle cette part de petite fille rêvant d'explorer des horizons lointains avec son ami imaginaire.

Les retrouvailles avec le Docteur avaient fragilisé sa relation avec Rory en apparence ; mais elles étaient finalement nécessaires pour définitivement tourner cette page ouverte durant son enfance, idéalisée depuis au-delà du raisonnable. Amy a fait la paix avec ses démons du passé et ses rêves non réalisés. Désormais, alors même qu'elle vit ce conte de fées de science-fiction, elle a enfin grandi. Au gré des quelques aventures qu'elle vient de vivre, elle s'est posée des questions sur sa vie ; elle a été amené à réfléchir sur ses priorités, confrontée à des dangers contre lesquels elle a manqué de tout perdre. Au final, c'est un personnage qui, en quelques épisodes, a gagné, non en confiance en elle ou en assurance, mais en maturité. Ajoutons à cela l'opportunité que lui a offerte le Docteur de voyager avec Rory afin de pouvoir partager l'intensité et l'euphorie qui accompagnent les voyages à bord du Tardis ; et, logiquement, les choix d'Amy au cours de cet épisode tombent sous le sens et nous découvrons à travers eux la vraie Amy, qui a réussi à se comprendre et savoir ce qu'elle recherche.

Avec Amy's Choice, elle cesse de chasser un rêve inaccessible pour enfin commencer vraiment à vivre et à grandir.

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Mais, et de façon peut-être plus marquante pour une téléspectatrice telle que moi qui est quand même assez encline à suivre en priorité le personnage du Docteur, l'épisode offre également de nouveaux éléments dévoilant un peu plus la complexe personnalité de ce dernier, toujours magistralement interprété par Matt Smith. L'acteur aura vraiment réussi à s'imposer avec une aisance et une présence à l'écran à saluer : je pourrais consacrer un entier paragraphe, dans chacune de mes reviews, à louer la richesse et l'ambivalence que son jeu apporte à Eleven, collant parfaitement à l'écriture des scénaristes. Amy's Choice est une étape importante dans cette caractérisation, car il met en lumière la facette la plus obscure du Docteur. Il le fait sans que le téléspectateur se doute, avant la chute finale, de la réelle nature du duel auquel il est en train d'assister entre le Time Lord et le Dream Lord. Il faut souligner que cette ignorance est à double tranchant : d'une part, cela renforce l'impact et le choc de la révélation finale, mais d'autre part, cela empêche de saisir immédiatement tous les enjeux d'un épisode dont l'importance se cache derrière cette apparence trompeusement trop banale.

Dans la chute finale, l'explication de ce double rêve hallucinatoire cède à une certaine facilité scénariste, mais est en revanche particulièrement bien trouvée l'idée selon laquelle le Dream Lord n'était en réalité qu'une émanation du Docteur lui-même, de cette part sombre qui sommeille en lui mais qui s'est logiquement développée au cours des neuf siècles d'expérience qui sont derrière lui. Et le téléspectateur prend conscience, a posteriori, que c'est un épisode qui mériterait d'être psychanalysé qui nous fut proposé. Toutes les "vérités", souvent blessantes, assénées par le Dream Lord sur la façon de vivre et d'opérer du Docteur, ses réflexions sur ses "amis" par exemple, prennent soudain une autre dimension. Tout comme cette affirmation, lâchée par un Docteur qui avait deviné plus tôt la nature de ce Dream Lord sans la partager avec Amy et Rory : "there's only one person in the universe who hates me as much as you do", avait-il dit... Cruelle et paradoxale réalisation. Est également très révélateur le silence et le brusque changement de sujet qui accueille la question d'Amy, en fin d'épisode, faisant écho aux préoccupations des téléspectateurs. La jeune femme est incapable de concilier les deux facettes du Docteur qu'elle a vue, l'enjouée et la cynique ; et, soudain, elle s'interroge : le Docteur tient-il pour vrais, consciemment ou dans une part de son subconscient, les jugements proférés par le Dream Lord ?

Le personnage d'Eleven continue de s'étoffer, devenant chaque épisode, plus intriguant, plus ambivalent, et toujours plus intéressant. Une caractérisation réussie !

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Amy's Choice s'avère donc être finalement un épisode paradoxal. Derrière une apparence de routine  assez anecdotique, peinant à se mettre en place, il propose une introspection profonde des personnages. La résolution finale change radicalement la perspective du téléspectateur, soudain presque tenté de se lancer dans un revisionnage immédiat pour bien appréhender la portée de l'épisode et ce qu'il signifie pour le Time Lord. Car même si l'évolution d'Amy est intéressante, cela reste un "à côté" par rapport à l'envergure du Docteur qui demeure l'aspect le plus accrocheur de la série. C'est un euphémisme que d'écrire que j'aime beaucoup l'exploitation de la part plus sombre du personnage qui est proposée avec Eleven. Le "Dream Lord" est un élément supplémentaire qui vient s'ajouter à la suite d'aperçus très tangibles du côté plus obscur du Docteur, que nous avons pu voir depuis le début de la saison. Son ambiguïté, très bien mise en valeur par Matt Smith, apporte une profondeur supplémentaire et surtout accentue la fascination qu'exerce le Time Lord.

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Bilan : Si le changement de perspective offert par la chute finale apporte à l'épisode une légitimité dans l'introspection qu'il a proposée, cela intervient peut-être un peu trop à retardement. L'aventure n'est pas déplaisante à suivre, mais elle se révèle trop bancale pour être pleinement satisfaisante. Cependant, la lumière nouvelle que jette la révélation finale sauve finalement l'épisode de la tentation de le classer comme une simple aventure anecdotique. Il offre un éclairage sur ses personnages et leurs rapports qui permet au téléspectateur de mieux les comprendre. Enfin, il confirme aussi la volonté d'exploiter cette saison une facette plus sombre du Docteur, ce qui nourrit l'ambivalence du personnage de la plus convaincante et intéressante des manières.


NOTE : 7,5/10


La bande-annonce du prochain épisode :


15/05/2010

(UK) Ashes to Ashes : series 3, episode 6

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L'échéance se rapproche et les tensions construites tout au long de la saison s'exacerbent. Ce sixième épisode d'Ashes to Ashes, d'une richesse mythologique vertigineuse, brouille les cartes et nos certitudes, proposant un épisode inattendu en bien des points, chargé de symboliques de plus en plus omniprésentes. Le téléspectateur en ressort troublé comme rarement, l'esprit perdu dans des théories les plus abracadabrantesqes et des hypothèses qu'il retourne dans tous les sens... Etonnant épisode donc, perturbant et magistralement mené, qui va nous conduire à une issue tragique aussi originale que marquante.

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La construction de l'épisode rejoint le schéma narratif classique de la série, au sens où, l'évènement auquel nos héros sont confrontés sert de révélateur pour mettre en lumière la dynamique d'équipe et accentuer ses failles éventuelles. En l'espèce, ce sont des évasion et mutinerie à l'intérieur de la prison de la ville qui vont être les catalyseurs d'un engrenage létal. La thématique de la loyauté de chacun des policiers officiant dans l'équipe de Gene Hunt demeure centrale, déclinaison sans doute déterminante d'un affrontement fatal en cours dont le téléspectateur ne cerne pas encore tous les enjeux réels.

Cet épisode marque une nouvelle étape dans la confrontation entre Gene Hunt et Jim Keats, au cours duquel la faillite du premier place le second en position de force. En effet, Gene échoue à plusieurs niveaux. La scène de l'assaut de la prison, dont il assure le commandement, d'un surréalisme tout Ashes-ien, sur fond musical de Sunday Bloody Sunday, se clôture sur un échec des plus cinglants. La mutinerie se transforme en prise d'otages, Viv étant laissé sur place lors du replis des troupes policières. Ce personnage va d'ailleurs symboliser tout ce qui s'enraye et déraille au cours de cet épisode. Dans ses priorités, le lien familial a malheureusement primé sur le lien policier. Jamais il n'aura l'occasion de s'en expliquer, ni d'être absous. De la plus symbolique des manières, Gene échoue à son égard par trois fois au cours de l'épisode dans sa mission de responsable de ses hommes : tout d'abord, il ne peut l'empêcher de commettre l'irréparable, pour essayer de sauver son cousin ; il le laisse ensuite en arrière, aux mains des mutins, lorsque l'assaut tourne mal... et enfin, il ne peut le sauver à la fin, Viv payant de sa vie ces évènements.

Un personnage, même secondaire, qui décède constitue en soit un choc dans l'univers souvent policé d'Ashes to Ashes, où les interventions, dont la mise en scène est marquée d'une profonde nostalgie 80s', sont souvent chaotiques, mais où les membres appartenant à l'équipe de Gene ont toujours été assimilés à des piliers inaltérables. Ils peuvent vaciller, les tensions peuvent éclater, mais ils semblent toujours intégrer à ce cadre prédéfini qu'est cette réalité dans laquelle Alex a été parachuté. Dans cette perspective, ils ont toujours paru intouchables, ne pouvant, au bout du compte, être remis en cause. Or, avec la mort de Viv, un tournant s'opère dans la stabilité de cet univers : la série franchit une étape supplémentaire à un niveau avant tout mythologique. Et c'est un processus au cours duquel l'influence de Jim Keats est aussi inquiétante qu'incontournable.

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Si la fin tragique marque une rupture avec l'image d'univers préconstitué et immuabe, l'élément le plus important de l'épisode se rattache aux actions de Jim Keats. Tout n'est que conséquence de ses initiatives. Ce dernier, de façon bien plus directe que par le passé, manipule et orchestre les évènements de façon à conduire à cette conclusion, cherchant à saper toujours plus les fondations de l'unité de police officiant sous les ordres de Gene Hunt. Si Alex n'a pas encore une vision claire des camps et des enjeux en présence, les masques commencent cependant à tomber.

Le téléspectateur est le témoin privilégié du glissement qui est en train de se produire. En effet, le personnage de Keats a pu jusqu'à présent entretenir une certaine ambivalence, se construisant une aura de mystère autour de lui, tandis que nous observions, intrigués, sa croisade entreprise contre Gene Hunt. Or, avec ce sixième épisode, l'affrontement gagne un autre niveau. Viv n'est qu'un pion sacrifiable, dans une partie d'échecs que nous ne nous comprenons pas encore, mais qui concerne, sans nul doute, le coeur de l'énigme que renferme cet univers policier des 80s recréé sous nos yeux.

Toutes les actions de Keats, au cours de l'épisode, visent à obtenir une tragédie. Par sa présence faussement passive, il empêche Viv de se confier à Gene au début, il sème ensuite les graines du doute dans les esprits des membres de l'équipe à l'encontre de leur chef ; enfin, il appuie sur les blessures fraîches des échecs de ce dernier pour l'enfoncer... Mais, la scène où l'affrontement qui a lieu prend une toute autre dimension, c'est lors du dernier face-à-face avec un Viv mourant. Keats est le premier à arriver sur les lieux. Se penchant sur le blessé, il pose ses mains sur sa nuque. On pourrait croire, vu de loin, que c'est une forme de réconfort, mais l'impression laissée au téléspectateur est toute autre. Comment le décrire ? C'est comme si Keats faisait passer Viv dans l'au-delà, accélérant le processus ou aspirant sa vie. Keats l'éjecte de cette réalité. Lorsque Gene arrive, il est déjà trop tard. Viv est mort, ou, du moins, n'est plus de ce monde/cette réalité. D'une manière un peu similaire, Gene prendra la tête de Viv entre ses mains, pour essayer vainement de le réveiller. La question de Keats, "What are you trying to achieve ?", posée sur un ton presque narquois, laisse place à tant d'interprétations possibles, qui se bouscule dans la tête d'un téléspetateur interloqué. Gene aurait-il pu tenter d'inverser le processus ? Est-ce une simple question rhétorique ou, plus largement, une interrogation sur le pourquoi de continuer une lutte que Keats considère perdue d'avance pour Gene ?

Toujours est-il que le personnage de Keats prend une allure encore plus inquiétence que ses ambiguïtés passées. Ses interventions sont désormais de plus en plus directes. Le maintien des apparences est de plus en plus secondaire ; car une fin approche incontestablement. Mais la fin de quoi ? De qui ?

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Quelque soit cette issue, les choix d'Alex auront une influence sur celle-ci. Keats la presse de partager avec lui ses découvertes sur la mort de Sam et d'autres éléments troublants qu'elle a pu découvrir au cours de son investigation. Exploitant la moindre parcelle de doute de la jeune femme, Keats cherche à réveiller et à nourrir ses suspicions instinctives afin de lui faire changer de camp. Lui faire soupçonner suffisamment Gene pour qu'elle soit prête à abandonner toute loyauté et à se confier à Keats, renversant les rapports de force actuellement existants. Le projet semble d'autant plus envisageable que la relation existant entre Alex et Gene est devenue au mieux chaotique, au pire, assortie d'une méfiance réciproque. Nous sommes très loin des flirts des débuts de Ashes to Ashes, de cette tension sexuelle qui pouvait exister dans certaines scènes. Les deux personnages se sont éloignés, chacun poursuivant des objectifs différents qu'il n'a pas pu ou su partager avec l'autre. La complémentarité professionnelle existe toujours ; la complicité a cependant laissé place à un fossé qui se creuse chaque épisode un peu plus. On tend vers le moment où Alex ne pourra plus reculer et devra faire un choix : avoir foi en Gene et lui offrir sa confiance aveugle, ou rejoindre Keats et l'oeuvre destructrice qu'il est en train de réaliser.

Dans cet épisode, le regain de tension ne provient pas tant des erreurs de Gene dans sa gestion des évènements, que d'un nouvel intervenant qui vient brouiller un peu plus des cartes déjà très floues. Un détenu est parvenu à s'évader. Il s'agit d'un petit escroc, Thordy, qui a la particularité d'avoir été la dernière arrestation de Sam Tyler avant sa mort. Mais, surtout, ce dernier prétend être Sam lui-même. Un Sam mis hors-jeu pour avoir touché la vérité. Est-ce un mensonge pour semer le doute dans l'esprit d'Alex ? Est-il sincèrement convaincu de cela ? Ses affirmations peuvent-elles être vraies ? Il sème en tout cas le trouble chez Alex, en évoquant certains symptômes très caractéristiques de la situation de cette dernière. Mais le futur est trop dilué dans sa mémoire pour qu'il puisse y puiser des informations concrètes pour confirmer sa version. Il affirme cependant avoir résolu l'énigme de cette réalité, avoir compris sa nature ; et c'est cela, qui lui fut fatal. Considérant avec désinvolture et détachement tout ce qui appartient à cet univers, il propose à Alex un marché : la vérité contre sa liberté. Si l'indice finalement donné par Thordy n'apporte pas de réponse immédiate, cette offre permet de vérifier vers qui la jeune femme continue de se tourner en dernier ressort. Elle re-affirme (pour le moment du moins) sa loyauté envers Gene lorsque cela est important, puisque c'est en collaboration et en accord avec lui qu'elle libère Thordy.

Une fidélité aux fondations parfois tremblante cette saison, mais qui pour le moment n'a bel et bien pas été remise en cause au cours de la saison.

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Ainsi, l'épisode propose une réelle accélération dans l'exploration mythologique de la série. Sa richesse vertigineuse en symboliques des plus diverses, qu'il s'agisse de références dans les dialogues, les chansons ou bien encore simplement le simple cadre de certaines images, rend un revisionnage sans doute nécessaire pour pouvoir pleinement les recenser et les apprécier à leur juste valeur. Pour le moment, elles attisent surtout les questionnements d'un téléspectateur presque déstabilisé par une telle intensité. Le final approche, les réponses également. Mais ce qui marque pour le moment, c'est l'impression d'arriver au bout d'un cycle, à la fin d'une histoire.

L'enjeu n'est plus le sort d'Alex, il n'est plus un hypothétique retour dans un présent presque oublié, même si elle le mentionne parfois comme un simple réflexe. Désormais, ce qui est au coeur de tout, c'est le devenir de cet univers des années 80. Ses fondations semblent en effet se fissurer sous nos yeux. Ou, plus encore, cette réalité paraît se dissoudre sur place. Avec ce sixième épisode, nous ne sommes plus dans le domaine abstrait et incertain des visions. La mention des étoiles, qui continue d'être récurrente, demeure un indice, s'apparentant à des failles dans ce décor qui peine à se maintenir. Mais, maintenant, les joueurs qui paraissent "actifs" dans cette partie d'échecs dont nous ignorons encore la nature, à savoir Gene Hunt, mais aussi Jim Keats, agissent véritablement sur cet univers. La mort de Viv, sa "mise hors-jeu", ou peu importe le qualificatif auquel il faut recourir, marque la fin de l'impression d'immutabilité qui régnait autour de Gene. Elle met à jour une faille, prouvant que les choses sont passées à un autre niveau. A cela s'ajoute, l'utilisation de phrases toujours plus ambiguës, chargées en double sens, dont la portée mythologique reste encore à révéler, mais qui épaississent toujours plus le mystère.

Les thématiques de la vie et de la mort sont plus que jamais au coeur de tout. La fin de Viv confirme la fin de la stabilité de cette réalité des années 80, en exposant en plus au grand jour ce thème jusqu'à présent sous-entendu. L'univers de Ashes to Ashes va-t-il se dissoudre et s'ouvrir sur ces étoiles, porte sur le néant ? Quels sont les réels enjeux en cause ?

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Bilan : Avec ce sixième épisode, Ashes to Ashes capitalise pleinement sur le mystère qui constitue son coeur. Preuve de la maturité des scénaristes, l'épisode se révèle d'une richesse mythologique à la fois troublante et fascinante, déstabilisant volontairement le téléspectateur, tandis que toutes nos certitudes, tous les piliers que nous connaissions, disparaissent peu à peu, laissant entre-apercevoir une partie d'échecs mystérieuse dont nous ne connaissons ni la nature, ni les enjeux. Tout se dissout, l'ordre et le chaos ne paraissent plus l'apanage d'un seul camp. Ce tourbillon entraîne le téléspectateur avec beaucoup d'efficacité. Bluffant.


NOTE : 9/10

13/05/2010

(Mini-série UK) Strike Back, episodes 1 et 2 : un condensé d'action, en quête de rédemption


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Mercredi dernier a débuté sur Sky One une nouvelle mini-série, plutôt orientée action, Strike Back. Adaptée des romans de Chris Ryan, elle comportera six épisodes, dont la diffusion sera regroupée sur trois soirées (les épisodes 3 et 4 étaient diffusés hier soir). La chaîne de Rupert Murdoch semblait avoir vu les choses en grand pour cette fiction, dont le casting était également des plus accrocheurs. Les téléspectateurs friands de fiction militaire et de géopolitique musclée y retrouvent ainsi Richard Armitage (actuellement dans Spooks sur BBC One) ; même si, à titre personnel, je vous avoue que j'étais plus curieuse de découvrir le rôle attribué à Andrew Lincoln. Reste qu'en dépit de toute cette débauche de moyens, Strike Back peine cependant à justifier ses ambitions affichées.

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Aucun doute n'est laissé au téléspectateur sur le genre dans lequel Strike Back entend s'inscrire. Elle s'impose d'emblée, dès les premières scènes, comme une série résolument tournée vers l'action, en nous plongeant dans l'extraction mouvementée d'un otage, en pleine guerre d'Irak, en 2003. La réalisation est fluide, l'adrénaline monte, les balles volent, l'hémoglobine gicle : aucun effet n'est épargné au téléspectateur pour bien établir le créneau que la mini-série va investir. La construction scénaristique de ces deux premiers épisodes (qui forment ensemble une aventure) se déroule sans anicroche. Mais on garde cependant un arrière-goût de frustration, tant les schémas suivis sont d'un classique qui confine presque au cliché.

Tout débute donc en 2003, au cours d'une opération qui va mal tourner et marquer un tournant dans la vie de John Porter. Lors d'une mission derrière les lignes ennemies, John se contente de mettre hors d'état de nuire un jeune garçon portant une ceinture d'explosif, l'assommant sans le tuer. Or, quelques minutes plus tard, une fusillade retentit. John n'assiste pas à la scène, mais sur les quatre soldats l'accompagnant, seul l'officier de renseignement, Hugh Collinson, échappe aux balles fatales. Deux hommes sont laissés pour mort, un troisième est grièvement blessé et ne s'en remettra jamais. Hugh confirme les craintes de John, affirmant avoir vu le gamin, que ce dernier n'avait pu tuer, se déplacer avec une mitraillette.

S'ensuit une logique descente aux enfers progressive pour John Porter. Ejecté de l'armée, où ses compagnons d'armes ont perdu toute confiance en lui, incapable de se ré-adapter à la vie civile, sa famille se désagrège sous son regard impuissant, tandis que les regrets le rongent de l'intérieur. Sept années passent ainsi. Ne vivant plus avec les siens, John travaille désormais dans la sécurité des bâtiments du MI-6. Mais un évènement va finalement provoquer l'électrochoc attendu et offrir cette possibilité d'expiation espérée. Une journaliste britannique, Alexandra Porter, fille d'un ancien ministre des Affaires étrangères anglais, est en effet enlevée en Irak, dans la zone où l'opération fatale avait eu lieu en 2003. La jeune femme n'a que le temps d'envoyer la photo d'un de ses kidnappeurs : un jeune homme portant une cicatrice très distinctive sur un côté du visage. Or, John n'a jamais oublié cette marque, que l'enfant-kamikaze arborait sept ans plus tôt. Il reconnaît en lui le meurtrier de ses trois hommes ; mais aussi le gamin qui lui doit une dette d'honneur pour ne pas l'avoir abattu cette nuit-là.

Recontactant Hugh Collinson, désormais en charge d'une division spéciale au MI-6, John Porter obtient d'être envoyé sur place, pour aider au sauvetage de la journaliste. Sa quête de rédemption peut commencer.

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C'est donc presque un euphémisme que d'affirmer que Strike Back se situe sur des sentiers balisés. Suivant des développements prévisibles, les grandes lignes de l'histoire semblent déjà être écrites à l'avance. Certes, l'ensemble est efficace, mené énergiquement et sans temps mort inutile. Le téléspectateur n'a aucun souci pour accrocher à l'intrigue. Mais reste un regret principal : Strike Back peine à se démarquer des dizaines de fictions similaires qui l'ont précédé. Trop convenue dans ses grandes lignes, elle réussit seulement à s'affirmer par intermittence. Ainsi, les scènes entre la journaliste otage et le chef de ses ravisseurs figurent parmi les plus réussies, à la fois glaçantes et étrangement ambivalentes, elles traduisent efficacement la force des antagonismes et les excès suscitées par la radicalisation de chaque camp. Et la réaction du groupe terroriste à la demande de rançon fait figure d'électroc.

En fait, sur le plan du scénario, en dépit de quelques petits tressautements, le réel démarrage de la mini-série semble s'opérer à la toute fin du deuxième épisode (ce qui implique une certaine patience). Le twist final, salvateur, ré-injecte un intérêt à l'ensemble et donne finalement une raison au téléspectateur pas certain de vouloir poursuivre l'aventure, de découvrir où la confrontation ainsi promise va nous conduire.

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Cependant, au-delà de ces quelques passages qui sortent du lot, la mini-série se contente de suivre les actions du personnage principal, héros brisé par les évènements, mais dont la compétence à gérer ces situations de crise ne saurait être remise en cause. John Porter ne se démarque pas vraiment de ses prédécesseurs dans ce créneau : il leur emprunte les blessures passées et le traumatisme, comme le sens des responsabilités et une éthique professionnelle chevillée au corps. En somme, une psychologie binaire des plus classiques qui donne un héros parfaitement calibré, mais sans originalité particulière. Il est entouré par des personnages secondaires peu développés pour le moment, en apparence très monolithiques. Chacun s'insère dans un stéréotype, correspondant à des protagonistes trop souvent rencontrés dans des fictions de ce genre. Seule la journaliste tire réellement son épingle du je, sans doute en raison des épreuves qu'elle doit affronter et qui lui offrent l'occasion de s'affirmer dans l'adversité.

Reste qu'au final, Strike Back souffre d'un important déficit de dimension humaine. Certes, dans le cadre d'une mini-série d'action, cet élément n'était sans doute pas un des objectifs des scénaristes, qui ont préféré se concentrer sur les grandes lignes de l'intrigue, plutôt que de développer la psychologie des personnages. Cependant, il en résulte une impression de fiction quelque peu déshumanisée, alors qu'il y avait matière intéressante pour étayer cet aspect. Derrière ses recettes de blockbuster télévisuel, Strike Back aurait probablement gagné en prenant le temps de se construire une identité propre.

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Sur la forme, la mini-série s'inscrit dans la lignée du côté calibré et épuré qui ressort de son contenu. La réalisation est de bonne facture. Si les angles choisis par la caméra sont classiques, les images sont  de qualité, propres, avec des couleurs qui ressortent bien à l'écran. En somme, tout est fait pour proposer un esthétique abouti et plutôt attractif.

Enfin, Strike Back rassemble un casting des plus solides, dont on ne doute pas qu'ils puissent mener à bien l'intrigue, si tant est qu'on leur propose un scénario à la hauteur. En tête d'affiche, on retrouve Richard Armitage (Robin Hood, Spooks) dans un créneau qui lui convient bien : un rôle d'action, où il incarne un héros brisé en quête de rédemption et qui va probablement mûrir sa vengeance. A ses côtés, Laura Greenwood (Echo Beach) incarne la journaliste Alexandra Porter ; elle profite pleinement d'être sans doute celle qui dispose des scènes les plus marquantes de ce double épisode. Le très lisse Hugh Collinson est joué par Andrew Lincoln (This Life, Teachers, Afterlife) qui n'a pour le moment pas grand chose à faire. La confrontation qui s'esquisse à la fin du deuxième épisode entre ces deux anciens amis de combats promet cependant beaucoup. Parmi les autres têtes connues, on croise également Shelley Conn (Party Animals, Dead Set, Mistresses), Colin Salmon (Hex, Party Animals), Jodhi May (The Amazing Mrs Pritchard, Emma) ou encore Nicola Stephenson (Northern Lights, The Chase).

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Bilan : Strike Back est une honnête série d'action tout autant qu'un efficace divertissement. Mais tout aussi huilés que ses rouages scénaristiques apparaissent, elle se révèle frustrante pour le téléspectateur qui pouvait légitimement en attendre plus qu'une simple reproduction de stéréotypes du genre soigneusement calibrés. La mini-série ne surprend que trop rarement. Elle se contente le plus souvent de dérouler un scénario très convenu, manquant d'une réelle valeur ajoutée par rapport à toutes les déclinaisons de la fiction d'action militaire, sans prendre le moindre risque. Au final, on ne passe pas un moment  désagréable, mais c'est très léger au vu des ambitions initialement affichées. Le twist final qui conclut ces deux épisodes permettra-t-il d'injecter un peu de piment dans cet ensemble ?


NOTE : 5,5/10


La bande-annonce de la mini-série :

12/05/2010

(J-Drama / Pilote) Mother : un drame humain fascinant et bouleversant

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En ce mercredi asiatique, poursuivons la découverte des nouveautés de ce printemps 2010 au Japon, avec une série diffusée depuis le 14 avril 2010 sur la chaîne NTV, Mother. S'il est rare qu'un pilote atteigne directement une telle dimension, ce premier épisode m'a tout simplement laissée sans voix, tout autant bouleversée que fascinée par l'histoire qu'il esquisse.

Initialement, je pense avoir plutôt tendance à me tourner vers la télévision asiatique en quête de dépaysement et de détente. Cependant, ce serait très réducteur de ne retenir que cet aspect "divertissement léger" dans le paysage particulièrement éclectique qui y est proposé. Si j'ai l'habitude de ne faire que picorer dans les offres de la télévision japonaise, il y a une chose que cette expérience m'a fait retenir, c'est cette capacité inimitable des Japonais pour relater de véritables drames humains, parvenant à faire vibrer d'émotions le téléspectateur, sans jamais tomber dans un pathos larmoyant excessif et pesant. Avec une sobriété admirable, Mother s'inscrit dans cette lignée.
Cette série ne ressemble à aucun j-drama que j'ai pu voir par le passé. Mais devant ce pilote à la narration parfaitement maîtrisée, on ne peut que rester considérablement impressioné par la force du récit mis en scène. J'ai bien envie de sortir de ma réserve habituelle pour vous le conseiller chaudement, amateur de série asiatique ou non, il s'agit d'une histoire à la portée universelle.
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A la lecture de son synopsis, Mother laissait ouverte de nombreuses options dans la façon dont elle aborderait la thématique sensible qu'elle se proposait de traiter : maltraitance, enlèvement d'enfant, voire même interrogation sur la nature de la cellule familiale. Rien ne préjugeait de la tonalité qu'elle allait adopter. Les écueils à éviter étaient nombreux : du lourd mélodrame indigeste jusqu'à la dédramatisation glissante et inadéquate. C'était une histoire difficile, dans laquelle trouver le ton juste allait être déterminant. Or, le résultat dépasse en bien des points mes attentes. En adoptant une dimension à la fois intimiste et poignante, dans le cadre d'une narration admirable de retenue, cette transposition à l'écran renvoie une impression d'authenticité rare, qui accentue la force du récit ainsi délivré.
Mother raconte une histoire atypique et troublante. Suzuhara Nao est devenue une institutrice remplaçante dans une école primaire, à la suite de la perte de son emploi de biologiste à l'université. D'un naturel distant, elle ne s'anime que lorsqu'elle évoque ses chers oiseaux migrateurs, préférant s'isoler pour les observer plutôt que de rechercher le contact humain du quotidien. Elle n'éprouve ainsi aucune affinité à l'égard des enfants, ne voyant dans son travail qu'un salaire de subsistance, une parenthèse professionnelle qui devrait bientôt se clôturer. Le contact n'est pas des plus faciles avec ses élèves, mais l'attention de Nao va être attirée par l'une d'entre elles, Michiki Rena.
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Parfois dissipée, toujours très dynamique, l'enfant la prend en affection dès leurs premiers échanges. A mesure qu'elles se croisent, en dehors du cadre scolaire, maladroitement mais sûrement, des rapports privilégiés se nouent entre ces deux êtres, perdus chacun à leur manière sur le chemin de la vie. Aussi enjouée soit-elle en apparence, Rena subit un quotidien compliqué. Nao la découvre ainsi traînant dans les rues à la nuit tombée, ou se nourrissant régulièrement de crème glacée et de soda. Les soupçons de maltraitance se précisent à la vue des bleus qui marquent tout le corps de la petite fille. Mais les services sociaux, excessivement prudents, ne réagissent pas.
Un jour, Nao se rend chez Rena à l'improviste. Elle découvre l'enfant enfermée dans un sac poubelle jeté dans l'allée, avec les autres détritus. Sur la plage où elle la conduit ensuite pour lui faire admirer ses oiseaux migrateurs, Nao prend alors une décision radicale, agissant de manière impulsive. Elle annonce à Rena son intention de l'enlever, l'invitant à partir avec elle loin de cette région connue, dans un lieu où elles pourront former, ensemble, une "famille". Planifiant une mise en scène pour expliquer la disparition de Rena, l'adulte et la petite fille prennent ensuite un train, partant dans l'inconnu mener une vie basée sur le mensonge, et laissant derrière elles des soucis familiaux auxquelles elles ne pourront probablement pas éternellement échapper.
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Tout en nous narrant cet enchaînement d'évènements qui conduit à la prise de décision irrémédiable de Nao, c'est dans ses personnages principaux que ce pilote trouve sa première richesse. En effet, Mother fait preuve d'un tact et d'une nuance particulièrement matûres pour  dépeindre chacun des protagonistes.
Par quel qualificatif commencer pour décrire Rena ? Adorable et attachante, elle semble en apparence pleine de vie. Pourtant, en elle, quelque chose s'est déjà brisé. On frôle l'irréparable à plusieurs reprises au cours de ce pilote, tandis que le cercle vicieux s'accélère au sein de son cercle familial. Le petit ami de sa mère entraîne cette dernière toujours plus loin sur une voie dangereuse, la dressant progressivement contre son enfant. Le téléspectateur ne peut que sentir son coeur se serrer en assistant, impuissant, aux efforts faits naturellement par Rena pour maintenir un semblant de normalité dans un quotidien où la peur règne. Le simple plan de la caméra montrant le regard de Rena qui fixe un instant les chaussures du petit ami, laissées à l'entrée de la maison, lui indiquant qu'il est donc bien sur place, est plus fort et poignant que tous les discours. Entre brimades, humiliations et restrictions alimentaires, Rena survit, avec un pragmatisme enfantin. Elle a déjà perdu l'innocence de son âge ; mais elle reste capable de rechercher des chemins d'évasion pour continuer à aller de l'avant.
Mother contient des scènes particulièrement marquantes, voire choquantes, qui ne pourront laisser insensibles le téléspectateur, témoin privilégié du dérapage de plus en plus dangereux que prennent les choses. Rena voit ses livres et jouets jetés dehors, afin de s'en débarasser avec les ordures. Puis, c'est son cher hamster, qui ne la quittait pas, qui disparaît. Au-delà de la maltraitance, c'est à une progressive réification de la petite fille à laquelle on assiste. Réification qui culmine lors de ce face-à-face, d'une perversité malsaine, entre Rena et le petit-ami, où ce dernier la maquille. L'explosion de violence de la mère lorsqu'elle rentre entérine cette déshumanisation de l'enfant. L'habitude aidant, sa mère ne voit plus en elle qu'un poids dans sa vie, la réduisant à une simple chose avec laquelle on peut s'amuser, mais le plus souvent ennuyeuse et inutile.
Ce sont des moments qui sont particulièrement durs à regarder. La force de la série est de les relater avec une mise en scène d'une sobriété presque glaçante. Pas de pathos inutile, pas de mélodrame excessif, simplement des fragments bruts d'une réalité inavouable, qui laisse sous le choc.
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Si Rena joue impeccablement sur le registre le plus sensible, Mother prend également le temps d'explorer son autre personnage principal, adulte lui. Le pilote nous retrace ainsi l'évolution de Nao. En porte-à-faux avec son milieu professionnel, sans tendresse particulière pour les enfants, elle cache derrière cette apparence froide ses propres soucis et blessures personnelles. Son progressif attachement, puis sa prise de conscience du quotidien de l'enfant, sont des processus qui sont relatés avec beaucoup de justesse et de retenue. Sans assister à un épanchement sentimental inutile, le téléspectateur ressent pleinement l'implication émotionnelle de la jeune femme qui grandit, au fil de ses rapports avec Rena. Nao a pourtant aussi un passif conséquent qu'elle révèle en fin d'épisode à la petite fille et qui éclaire sous un jour nouveau sa terrible décision : la jeune femme a été abandonnée quand elle était enfant, et a été ensuite adoptée. Sa mère adoptive l'aime ; nul doute là-dessus, elle l'a toujours bien traitée. Mais quelques scènes nous apprennent à quel point leurs rapports sont détériorés, comme si le lien entre elles n'avait jamais pu être établi.
Mother est aussi un drame humain qui se joue à plusieurs niveaux, sur un plan personnel, mais aussi relationnel. Ce pilote nous raconte la rencontre de deux êtres, avec chacun un lourd passif, très différent. En toile de fond, se dessine une réflexion sur la famille, sur son immutabilité, et, plus généralement, sur les rapports et confusions pouvant naître entre les liens biologiques, juridiques et affectifs. Dans ce premier épisode, on retrouve une première réflexion des plus troublantes sur l'ambivalence des sentiments que l'on peut éprouver pour des personnes que nous sommes pourtant "programmés" à aimer. Avec beaucoup de tact et de nuance, sans préjugés moralisateurs, ce drama dresse un portrait d'une authenticité rare et d'une force fascinante.
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La forme se met parfaitement au service du fond, à la hauteur de la dimension atteinte par le contenu du drame qui nous est relaté. La tonalité d'ensemble de la série trouve en effet un reflet parfait dans sa bande-son. La musique consiste principalement en un superbe accompagnement au piano, tout en retenue. Magnifiant les scènes qu'elle accompagne, elle n'est jamais envahissante et ne verse à aucun moment dans la surenchère instrumentale pour souligner plus que de raison la portée de certains passages. En somme, tout est juste comme il faut, complément parfait à la sobriété globale de la série.

La réalisation est également de bonne facture, avec une image assez épurée et des teintes globalement froides qui cadrent bien avec l'atmosphère du drama. La caméra profite aussi pleinement du décor glacial et dépaysant de la petite ville portuaire où se déroule l'action pour proposer quelques très beaux plans en extérieur, entre neige et mer.
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Enfin, le casting se révèle très solide, même si, pour le moment, le pilote nous a surtout permis d'apprécier ses deux figures centrales. Matsuyuki Yasuko (First Kiss) incarne avec une certaine ambiguïté et une retenue savamment dosée cette institutrice qui n'est pas d'un relationnel facile, mais qui va progressivement s'ouvrir au contact de Rena. Cette dernière est interprétée, avec une innocence et un enthousiasme communicatif à l'écran, par la petite Ashida Mana, absolument adorable.
A leurs côtés, on retrouve des habitués du petit écran japonais, tel Yamamoto Koji, Sakai Wakana, Kurashina Kana, Kawamura Yosuke, Ichikawa Miwako ou encore Otoo Takuma.

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Bilan : Le pilote de Mother pose les bases d'un superbe drama humain, d'une sobriété poignante. Bénéficiant d'un cadre assez intimiste, la série se révèle d'une grande justesse pour aborder le difficile sujet de la maltraitance. Tout en esquissant une réflexion sur la cellule familiale, sa nature et les sentiments qui peuvent la traverser, ce drama réunit deux personnages très différents, une adulte et une enfant, dans une relation étonnante d'authenticité et de naturel.

Fascinante dans la mise en scène de son récit, Mother est aussi un drama très dur, chargé émotionnellement, mais qui contient également des scènes difficilement supportables. On ne ressort pas indemne du visionnage de ce pilote. Cependant, la découverte de ce drama est sans doute à classer dans les indispensables.


NOTE : 8,5/10


Une vidéo reprenant quelques images du pilote, avec en fond sonore la chanson principale de la série (Nakigao Smile, interprétée par Hinaco) :


09/05/2010

(UK) Doctor Who, series 5, episode 6 : The Vampires of Venice

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Après un double épisode pivôt dans la saison, Doctor Who nous propose une parenthèse un brin moins éprouvante, résolument plus légère, voire par moment franchement déjantée. Truffé d'excellentes répliques, pleines d'humour ou de second degré, l'enthousiasme du scénariste Toby Whitehouse se révèle communicatif, permettant au téléspectateur de savourer avec beaucoup de plaisir une histoire dynamique où les intéractions entre le Docteur, Amy et, surtout, Rory, sont caractérisées de façon assez jubilatoire. L'embarquement du fiancé valide d'ailleurs a posteriori l'étrange scène finale qui avait conclus le précédent épisode ; finalement, je pense pleinement adhérer à la façon dont Steven Moffat gère la volatilité des relations qu'il instaure entre ses personnages principaux. Une forme de vaudeville dans le bon sens du terme.

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Dès le pré-générique, le ton du jour est posé. Si les premières images de l'intrigue à Venise sont trop classiques pour vraiment happer l'attention du téléspectateur, en revanche, la scène se déroulant dans le présent, à la bachelor party de Rory, donne au téléspectateur un large sourire qui fait démarrer sous les meilleures auspices possibles l'épisode. Car si le moment où le Docteur surgit du gâteau d'où était sensée sortir une strip-teaseuse constituait déjà une entrée particulièrement savoureuse, prouvant une fois encore le goût prononcé pour le théâtralisme d'Eleven, la façon d'exposer le "problème" qui amène le Docteur achève de faire franchement éclater de rire le téléspectateur. Bénéficiant d'une écriture très inspirée, l'épisode recèle de tant de répliques absolument incontournables, au potentiel pour devenir cultes, qu'il serait trop difficile de les relever toutes. Cependant, au sommet des instants jubilatoires de ces 45 minutes, figure sans doute cette entrée en matière : "We need to talk about your fiancee. She tried to kiss me. Tell you what, though. You're a lucky man, she's a great kisser." (Long silence, tandis que tous les amis de Rory fixe le Docteur de façon fort peu amicale, avant d'enchaîner :) "Funny how you can say something in your head and it sounds fine...". Délicieux !

Doctor Who prend résolument des accents vaudevillesques qui sont loin d'être déplaisants, au cours de cet épisode. En dépit de cette présentation maladroite, il s'agit bien d'une tentative de sauvetage de relations opérée par le Docteur. En conséquence directe de la dernière scène de l'épisode précédent, qui faisait finalement office de transition, donnant le ton pour l'épisode à venir, Eleven prend donc l'initiative de réunir le couple officiel, avant que les aventures d'Amy ne rompent le lien qui les unissait. Se préoccupant sincèrement de leur futur, apparaissant comme un protecteur, le Docteur entreprend de les remettre sur la même longue d'ondes. Il choisit donc d'offrir à Rory l'opportunité d'un voyage à bord du Tardis, pour que les deux jeunes gens aient cette expérience aussi marquante qu'indescriptible en commun.

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Le cadeau du Docteur va être une lune de miel anticipée dans la ville symbolisant le romantisme, Venise au XVIe siècle. Une brève référence à un pari perdu avec Casanova nous confirme la tonalité beaucoup plus légère adoptée par l'épisode... Cependant, comme il n'est pas concevable qu'un voyage Whonesque se déroule dans le calme, l'escapade amoureuse se transforme rapidement en aventure mouvementée, révisant quelques classiques légendaires d'horreur. Après les loup-garous de la saison 2, les sorcières de la saison 3, l'épisode adopte un schéma similaire pour introduire dans l'univers de Doctor Who, une re-écriture du mythe des vampires. Les détails correspondent parfaitement, des crocs proéminents jusqu'à l'absence de reflet dans les miroirs.

S'il est très plaisant de voir l'excitation d'Eleven et d'Amy après cette première rencontre avec une figure centrale des légendes humaines de fantastique, la science-fiction reprend rapidement ses droits, afin de fournir une explication "rationnelle" (au sens whonesque du terme) à une telle présence à Venise. Car ces "vampires" sont en réalité des aliens, réfugiés après que leur monde ait été emporté par les craquelures qui continuent de bouleverser l'univers, transcendant les dimensions, les lieux et les époques. La signora Rosanna Calvierri se révèle être la dernière représentante de son espèce, une Sister of the Water en provenance de Saturnyne, ou plus sobrement une "fish from space". Malheureusement, seuls ses enfants mâles ont survécu au trajet vers la Terre, laissant la survie des "poissons de l'espace" en suspens, conditionnée à la transformation de femmes humaines en aliens, de façon à ce qu'elles deviennent compatibles.

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Faire d'humaines des extraterrestre est donc le processus actuellement en cours dans une Venise vivant en autarcie. Il ne s'agit cependant que de la première étape d'un plan plus vaste. Les "poissons de l'espace" ne sont pas destinés à vivre à l'air libre. Quelle meilleure destination pour eux qu'une ville aussi précairement installée sur l'eau que Venise ? L'objectif final est donc de s'approprier la ville, la noyant sous l'eau de façon à ce qu'elle devienne un lieu d'habitat possible pour l'espèce. Si c'est loin d'être la première fois que le Docteur est confronté à cette problématique où le sort d'une espèce d'aliens doit passer par le sacrifice d'êtres humains, l'épisode traite cela de façon plutôt bien inspirée.

Nous sommes ici très loin de la présentation manichéenne la Reine des Raknor par exemple. Les confrontations entre le Docteur et la Signora Calvierri sont bien écrites, d'une sobriété bienvenue, et basées sur une forme de respect réciproque qui pose des bases claires à une opposition à l'issue fatale. J'ai beaucoup apprécié ces échanges, servis, comme c'est le cas tout au long de l'épisode, par d'excellentes répliques, tel ce dialogue qui prend place lorsqu'ils s'accordent chacun le droit de poser une question à tour de rôle, se jaugeant mutuellement :
_ Where are you from ?
_ Gallifrey.
_ You should be in a museum. Or in a mausoleum.

La conclusion était dès le départ inévitable, apportant une touche plus dramatique qui vient contre-balancer la légèreté d'ensemble de l'épisode. Avec le suicide de l'alien, dévorée par ses propres enfants, c'est toute une lignée qui s'éteint, une race qui disparaît, prise entre l'effondrement en cours de l'univers et les interventions protectrices du Docteur, garant du passé de la race humaine et qui s'assure ainsi qu'aucun changement majeur ne s'opère dans l'Histoire. C'est aussi une petite piqûre de rappel des conséquences immenses que peuvent avoir les actions des Time Lords.

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La particularité de l'intrigue tient donc en partie au fait que nous ne sommes pas confrontés à une invasion au sens littérale du terme, mais plutôt une opération de survie, mettant en jeu des priorités contradictoires et devant faire des victimes collatérales. Mais le déclencheur de cette crise nous ramène au fil rouge de la saison, omni-présent en arrière-plan. Ce sont ces failles dans l'espace-temps qui sont responsables de ces bouleversements. Cependant, après le rôle majeur joué lors de l'épisode précédent, nous revenons à des références plus anecdotiques à ce phénomène. L'épisode ne permet aucune progression sur ce plan, ne nous fournissant aucune réponse, mais ne générant pas non plus de nouvelles questions. Les spéculations suscitées par l'épisode précédent suffiront sans peine à faire patienter le téléspectateur pour encore quelques semaines.

Il faut quand même retenir que le phénomène paraît prendre de l'ampleur, bouleversant de plus en plus profondément l'univers dans son ensemble, anéantissant les barrières entre les dimensions, entre les époques et les lieux : le néant grignote peu à peu la création.

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L'histoire se suit donc avec plaisir. Cependant, au-delà de l'atmosphère relativement déjantée qui y règne, j'en retiendrais surtout sa dimension humaine : les relations entre les personnages y sont très bien dépeintes et habilement écrites. Sur ce plan, la première bonne nouvelle de l'épisode est la confirmation de tout le bien que l'on pouvait penser de Rory après le premier épisode de la saison. Sa pleine introduction dans l'univers whonesque, en embarquant à son tour à bord du Tardis, se révèle à la hauteur des attentes du téléspectateur. Non seulement le personnage est plutôt sympathique et le téléspectateur s'y attache rapidement, mais les scénaristes réussissent aussi à trouver un juste équilibre pour caractériser ce triangle potentiellement glissant, entre Eleven, Amy et Rory.

La relation Amy/Rory est tout d'abord remise à l'honneur. D'une spontanéité et d'une versatilité toute vaudevillesque, les échanges volent et les sentiments se revivifient dans l'adrénaline des situations désespérées où le pire n'est évité que de justesse. Le tout surfe sur un dynamisme communicatif. Au final, la dédramatisation de la dernière scène de l'épisode précédent se fait de façon très naturelle, l'inscrivant dans une lignée de réactions psychologiques logiques.

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De plus, l'introduction de Rory dans l'équation s'avère d'autant plus bénéfique que les rapports entre le Docteur et Amy y gagnent également au cours de cette étape de transition. Le Time Lord et son assistante partagent instinctivement une complicité spontanée lorsque leur goût pour l'aventure se réveille et qu'ils se retrouvent confrontés à des situations sortant de l'ordinaire (leur première rencontre avec les vampires est particulièrement révélatrice). Mais, cela n'empêche pas Eleven de se montrer au besoin particulièrement distant et cassant avec elle s'il en ressent le besoin. Cela n'est pas la première fois depuis le début de la saison. Et même si, ici, il agit dans un but de protection de la jeune femme, suite aux remarques accusatoires de Rory, c'est une nouvelle fois l'occasion de mettre en exergue la nature de leurs rapports, mais aussi la personnalité d'Eleven.

Je vais sans doute me répéter, mais j'aime de plus en plus l'orientation que prend ce dernier. S'il peut réagir avec un enthousiasme enfantin (les vampires) comme le faisait Ten, il sait également se montrer froid et autoritaire quand il le souhaite (lorsqu'il ordonne à Amy de retourner au Tardis), voire faire preuve d'une assurance très suffisante, où sa nature de Time Lord se révèle pleinement (sa première confrontation avec l'alien). L'interprétation de Matt Smith enrichit également cette ambivalence, parvenant parfaitement à jouer sur les contrastes entre les différentes attitudes.

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Finalement, le billet de Rory pour voyager à bord du Tardis voit sa durée allonger par l'aventure vénitienne. C'est une bonne nouvelle je pense, car une des vraies bonnes surprises de The Vampires of Venice a été l'excellente dynamique s'instaurant entre le Docteur et Rory. Si leurs vifs échanges reflètent la tonalité volontairement décalée de l'épisode, quelques répliques sont absolument jubilatoires, prêtant à sourire, voire à vraiment éclater de rire devant le double-sens de certaines phrases. Au bout du compte, le téléspectateur se dit que la paire complice que reforment les deux fiancés à la fin de l'épisode peut offrir un contre-poids au Docteur, et apporter humainement et émotionnellement beaucoup au Time Lord.

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Bilan : The Vampires of Venice est un épisode de bonne facture, déjanté juste comme il faut et offrant un pendant à la tension des dernières semaines. Il propose une aventure dynamique, remplie de répliques piquantes à souhait, drôles et/ou décalées, qui communiquent cet enthousiasme général au téléspectateur. On lui pardonne volontiers la construction un peu brouillonne de l'intrigue principale, pour savourer cette délicieuse dynamique, divertissante à souhait, qui mêle moments de franche comédie et une certaine dramaturgie purement whonesque.


NOTE : 9/10


La bande-annonce du prochain épisode :