02/08/2010
(Mini-série UK) City of Vice : sombre polar londonien du XVIIIe siècle (La naissance des Bow Street Runners)
A l'automne dernier, BBC1 diffusait la première saison de Garrow's Law (elle en a depuis commandé une seconde). Une forme de legal drama historique, à l'écriture par déplaisante, même si un peu en retrait de mes espérances, se déroulant dans la ville de Londres au XVIIIe siècle. Malgré moi, lorsque j'avais lu le synopsis pour la première fois, j'avais inconsciemment fait le parallèle avec une autre mini-série britannique, se situant également à la croisée de l'histoire et du policier, mais qui offrit un portrait bien plus sombre et contrasté - réaliste ? - de la capitale britannique : City of Vice.
Cette fiction est une des grandes réussites télévisuelles de Channel 4. Loin du somptuaire un peu creux de The Devil's Whore par exemple, City of Vice bénéficie d'une écriture aiguisée, fascinante, faisant renouer le petit écran avec les fondations les plus profondes du polar noir.
Diffusée début 2008 sur Channel 4, City of Vice n'est pas une simple mini-série policière historique, puisqu'elle choisit de s'inspirer de faits réels et de nous relater la naissance des Bow Street Runners, sous l'impulsion du célèbre écrivain Henry Fielding. Initiés dans le contexte d'une vague sans précédent de criminalité qui amène le Parlement à devoir s'y intéresser et à allouer des fonds pour la combattre, les efforts de Henry Fielding, combinés au soutien de son frère, conduiront à la formation de la première force de police publique de la capitale anglaise, posant les fondations d'une justice rompant avec les pratiques antérieures de corruption.
Nous plongeant dans les coulisses étouffantes d'une ville où l'insécurité règne désormais, City of Vice dresse un portrait sans complaisance, teinté de noirceur, d'une société viciée. Construite de façon classique suivant le schéma d'une affaire par épisode, elle s'intéresse à tous les aspects les plus diversifiés - et, parfois, les plus repoussants - de la délinquance de l'époque. D'un apparent simple vol au meurtre sauvage d'une prostituée, en passant par des histoires de gangs ou encore des cas de prostitution d'enfants, le tableau dressé est souvent sordide. Pourtant, aussi pessimiste que soit l'image ternie qu'elle renvoie, City of Vice ne tombe jamais dans les excès, optant pour des reconstitutions toujours détaillées, mais jamais voyeuristes ou misérabilistes.
Polar noir dans la plus pure tradition du genre, City of Vice se nourrit de son absence de manichéisme. Tout en exposant en pleine lumière les pires penchants de la nature humaine, la mini-série impose le cadre moral de son époque, supprimant tous les points de repère d'un téléspectateur qui cherchera en vain à distinguer le blanc du noir, dans un milieu où le gris troublé domine. Peu de politiquement correct, pas de valeurs intangibles et point de happy end rassurant non plus, au terme d'enquêtes qui laissent le plus souvent un arrière-goût amer, teinté d'un malaise lancinant et d'une certaine frustration. La justice est à ce prix.
Au-delà du caractère atypique et marquant de son cadre, la force de City of Vice réside aussi dans l'épaisseur de ses personnages principaux, deux demi-frères, aux caractères et aux mentalités très différents, que leur aversion pour le crime a unis dans ce projet. S'ils se présentent comme des observateurs extérieurs, détachés ou non, des extrêmités dans lesquelles leur société sombre, ils en symbolisent également bien des aspects, illustration des paradoxes d'une époque. Les deux hommes sont très dissemblables, leur différence de religion venant s'ajouter à des tempéraments aussi complémentaires que parfois conflictuels. Protestant, Henry Fielding est un écrivain à succès. Esprit aventureux, n'hésitant pas à s'inscrire en porte-à-faux de la rigidité sociale de son temps (en témoigne son mariage), il sait se montrer d'un naturel plus conciliant, sachant faire preuve de souplesse suivant les situations. John Fielding est d'un naturel plus intransigeant. Catholique, devenu aveugle alors qu'il rentrait dans l'âge adulte, il se montre toujours très méthodique dans les affaires traitées, canalisant si besoin est les élans de son frère.
Particulièrement aboutie sur le fond, City of Vice l'est également sur la forme, à commencer par une reconstitution minutieuse du Londres du milieu du XVIIIe siècle. Les amoureux d'Histoire et de cette ville y trouveront leur compte. La mini-série a même recours à des images en 3D pour nous faire voyager dans ses tortueuses ruelles, donnant une perspective unique de la capitale anglaise et renforçant notre impression d'une véritable immersion dans cette cité. La réalisation reste sinon assez classique, peu figée. Pour respecter la tonalité du récit, la caméra emploie des teintes sombres, ce qui donne des images assez peu colorés, mais qui accentuent cette sensatin de plonger dans les coulisses de l'époque. Le tout est accompagné d'une bande-son composée de morceaux de musique classique.
Le casting est à la hauteur du haut standing d'ensemble, réunissant, pour incarner les deux frères, le magistral Ian McDiarmid (Charles II: The Power & The Passion) et Iain Glen (Wives and Daughters, Glasgow Kiss, The Diary of Anne Franck). Impressionnant dans leurs personnifications de ces deux figures historiques que furent les Fielding, ils délivrent une performance sobre et appliquée, des plus fascinantes, qui contribue beaucoup à asseoir la portée du récit. A leurs côtés, on retrouve notamment Steve Speirs (No Heroics), Francis Magee (No Angels), Alice O'Connell ou encore Sam Spruell.
Bilan : Reconstitution historique aboutie, polar noir sombre et intense, City of Vice nous plonge dans une ambiance aussi troublante que fascinante, dans les bas-fonds londoniens les plus sordides, en plein XVIIIe siècle. Sans jamais céder à la tentation du misérabilisme voyeuriste, derrière son cadre policier, elle dresse un portrait noir et glauque d'une cité qui dissimule derrière ses façades des moeurs troubles, mais aussi toute une partie de la population marginalisée, noyée dans une pauvreté où il n'y a pas d'échappatoire.
NOTE : 9/10
La bande-annonce de la mini-série :
14:31 Publié dans (Mini-séries UK) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : city of vice, channel 4, ian mcdiarmid, iain glen, francis magee, steve speirs, alice o'connell, sam spruell, sean francis | Facebook |
30/07/2010
(UK) Black Books : excentricités alcoolisées dans une savoureuse comédie de l'absurde
Mine de rien, voici rien moins que le sixième billet d'une catégorie que j'avais initialement créée comme un défi à moi-même et à mes tendances téléphagiques dépressives : les "comédies britanniques". C'était un double challenge car, en plus d'être difficile à satisfaire dans le registre de l'humour, je suis souvent atteinte du syndrome de la page blanche lorsqu'il s'agit ensuite d'en rédiger une critique. Voyez-y peut-être une incapacité personnelle à analyser ou conceptualiser une telle fiction... Je ne sais pas.
La précision "british" de la catégorie s'expliquait par le fait que j'ai toujours eu un penchant plus prononcé pour le corrosif humour noir d'outre-Manche. Preuve de motivation, souvenez-vous, j'étais même remontée jusqu'en 1980 pour trouver des comédies répondant à mes attentes (je ne me lasse pas de ce petit bijou qu'est Yes Minister). Aujourd'hui, je reviens dans une période téléphagique plus contemporaine puisque, après les années 90 la semaine dernière, j'investis cette fois les années 2000, pour vous parler d'un OVNI télévisé dont seuls les britanniques ont le secret de la conception : Black Books. Comptant 3 saisons, pour un total de 18 épisodes en tout, elle fut diffusée de 2000 à 2004 sur Channel 4.
Black Books est une sitcom qui se complaît dans une dynamique de tous les excès défiant constamment toute logique. Elle se déroule principalement dans une petite librairie du même nom, dont le propriétaire, Bernard Black, personnifie à outrance l'esprit de la série. Misanthrope alcoolique, marginal anarchique, excentrique égoïste, il auto-gère vaguement son magasin d'une façon anti-commerciale toute personnelle, qui laisse songeur sur la viabilité d'une entreprise donnant plutôt l'impression d'être une bulle retirée du monde. Fervent partisan du moindre effort, mais toujours partant pour des soirées arrosées, qui ont tendance à déborder sur le reste de la journée, Bernard ne manque pourtant pas d'ingéniosité. Tout en cultivant, sans avoir l'air d'y toucher, un sens de la provocation naturel, il fait également beaucoup d'efforts pour rester en marge des préoccupations normales du quotidien.
Cette attitude ne dynamise pas vraiment sa vie sociale. Ainsi, il n'a, au début de la série, qu'une seule et unique amie : Fran. Cette dernière s'occupe d'un magasin de décorations, vendant mille et un gadgets à l'utilité au mieux discutable, au pire inexistante. Pendant féminin parfait à Bernard et compagne de beuverie chevronnée, Fran est malgré tout pleine d'une bonne volonté, aussi maladroite qu'inefficace. Certes décalée, elle est aussi pragmatique comme toute trentenaire dont l'horloge biologique s'est activée a le secret. Mais ses rêves de maris potentiels et de futurs colorés finissent généralement en douloureux réveils de lendemain de fête, l'échec noyé dans l'alcool aux côtés de Bernard.
Enfin, au cours du pilote, suite à une série de quiproquos improbables où la boisson joue un rôle déterminant - typiquement Black Books-iens, donc -, Bernard embauche une sorte d'assistant, Manny, un ex-comptable récemment viré, dont la fonction, initialement quelque peu floue, va prendre de plus en plus d'importance dans le quotidien du libraire.
A partir de ce cadre de base, Black Books développe un univers très décalé, assez unique en son genre, se complaisant dans un excès alcoolisé où le burlesque se mêle à l'absurde. Cela donne un cocktail aussi détonnant que déjanté, difficilement catégorisable, mais dont l'humour corrosif est un sombre délice qui se savoure sans arrière-pensée. La série fascine par sa façon bien à elle de repousser constamment toute limite, se nourrissant de ses excès, qu'ils soient le fait de ses personnages ou ses propres effets narratifs.
En elle-même, elle constitue un véritable défi à tout effort de rationalisation ; elle est, pour le téléspectateur, une invitation à plonger sans retenue dans une atmosphère indéfinissable d'ébriété inconséquente, bannissant toute pensée cohérente et devenant rapidement contagieuse. La série propose ainsi des épisodes sans forcément de fil narratif rigoureux, mais avec souvent un thème central (l'introduction d'un élément qui vient bouleverser le quotidien, par ex. : "the cleaner", dans la saison 1). Cela donne parfois l'impression d'empiler des sketchs, tout en chérissant toujours une liberté de ton aussi noir que sarcastique.
C'est donc le quotidien, improbable, de notre trio, qui constitue le terrain d'expression de Black Books. La série s'approprie des ressorts ou des thèmes assez classiques, presque anecdotiques, pour généralement les amener à un tout autre niveau. Par exemple, au cours de la première saison, l'épisode où Bernard fait face à sa déclaration d'impôts à remplir demeure un incontournable. Vient également à l'esprit l'embauche d'un nettoyeur consciencieux par un Manny singulièrement effrayé par les conditions d'hygiène qui règnent dans la boutique. La série impose une identité qui lui est propre, permettant au téléspectateur d'assister à des scènes uniques, comme la gestion par Bernard de ses relations avec ses clients, qui nous laissent aussi hilares qu'incrédules devant notre petit écran.
Si Black Books, aussi improbable qu'elle soit, fonctionne, elle le doit également en bonne partie à son casting, qui réussit à trouver le juste équilibre, entre retenue flegmatique et excès assumé, au sein de cette sitcom atypique. Il faut dire que l'acteur principal, Dylan Moran, qui interprète Bernard, est également le co-créateur de la série. L'humoriste irlandais n'a pas son pareil pour mettre en scène l'apathie alcoolisée, teintée d'excentricité, du personnage qu'il incarne. A ses côtés, on retrouve deux autres grands habitués de l'univers comique d'outre-Manche, avec Tamsin Greig (Green Wing, Love Soup) et Bill Bailey. Si bien qu'il n'est pas étonnant que le cocktail prenne sans difficulté.
Bilan : Comédie absurde à l'humour corrosif, regorgeant de tirades sarcastiques et de situations improbables, Black Books nous plonge dans une ambiance alcoolisée qui marque un défi à tout effort de rationalisation. Pour notre plus grand plaisir, elle se permet toutes les excentricités, refusant de s'astreindre à la moindre limite, afin de remplir un seul objectif : celui de nous faire rire. Et cela fonctionne.
Par ses excès et la tonalité sombre qui y règne, elle investit sans doute une niche assez particulière dans les comédies. Elle s'inscrit aussi dans une tradition d'irrévérence toute britannique. Mais que vous soyez amateur ou profane face à ce type d'humour, laissez-vous embarquer, au moins une fois, dans un épisode en version originale (j'insiste sur la nécessité de la VOST). Le voyage est assuré d'être décoiffant !
NOTE : 7,5/10
Le générique :
Un extrait :
15:51 Publié dans (Comédies britanniques) | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : channel 4, black books, dylan moran, tamsin greig, bill bailey | Facebook |
28/07/2010
(J-Drama / Pilote) Toubou Bengoshi : le Fugitif japonais est avocat.
Toubou Bengoshi est donc un drama estival. Plus précisément, il s'agit d'une série diffusée sur Fuji TV, depuis le 6 juillet 2010. Comme son sous-titre anglais l'indique aux anglophones, "The Fugitive Lawyer", elle se propose de nous faire suivre la descente aux enfers d'un jeune avocat de Tokyo, Narita Makoto. Son patron, un juriste renommé, fervent protecteur des droits de la défense, est assassiné à son cabinet, tard un soir où il était resté travailler. Narita, venu rendre un dossier embarqué sans le vouloir, est assommé par le meurtrier qui prend la fuite. Or, en plus d'avoir été découvert sur place inanimé, la police met au jour, au cours de son enquête, des listing prouvant que Narita détournait de l'argent. Son patron l'aura découvert ; et il aurait donc tenté de se protéger par ce meurtre maladroit. Se retrouvant accusé d'un crime qu'il n'a pas commis, dans une affaire où toutes les preuves circonstancielles pointent vers lui, et où la peine encourue est la mort, Narita décide de s'enfuir pour essayer de prouver son innocence et découvrir le véritable coupable.
Il réussit à s'échapper de l'hôpital où il se remettait, avant que la police ne procède à son arrestation. Commence alors une cavale mouvementée, où le fil conducteur va être la quête d'une vérité bien difficile à saisir, avec pour seul point de départ à son enquête, une secrétaire du cabinet qui a fait un faux témoignage à la police, brisant l'alibi du jeune homme pour l'heure du meurtre, et qui a ensuite disparu. En essayant d'élucider ce meurtre, Narita va croiser sur sa route différentes personnes, à l'existence brisée, qui ont, elles-aussi, connu leurs propres "accidents" de la vie. Parce qu'il n'a pas perdu cet idéalisme, rempli d'une certaine candeur, qui le caractérisait, Narita n'oublie pas ses chers textes de lois et délivre, au gré du hasard des rencontres, des consultations et conseils afin d'aider ces démunis rejetés hors du système.
Présenter ainsi, vous devinez que nous sommes face à une série qui se rapproche par bien des aspects d'un formula show. A cela s'ajoute un fil rouge, formant une sorte de "mythologie" constituée par le premier meurtre et un ensemble de mystères, plus ou moins suggérés, qui viennent se greffer autour. Certes, il y a une certaine prévisibilité à suivre les avancées chaotiques, accompagnées de fuites toutes aussi mouvementées, de Narita. Pour autant, toute aussi calibrée qu'elle paraisse aux premiers abords, je dois dire que Toubou Bengoshi a aussi su me surprendre au cours de ses deux premiers épisodes.
Au-delà de ses apparences un peu manichéennes, les premières "affaires" du fugitif Narita se révèleront plus complexes et nuancées qu'attendues. L'ancien avocat ne fait pas de miracles et chaque cas a ses imprévus. Ainsi le premier se conclura d'une façon qui prend presque à contre-pied un téléspectateur qui l'avait déjà inconsciemment classé. Cela ne verse pas forcément dans une réelle originalité, mais les scénaristes démontrent des ressources pas inintéressantes. A voir s'ils sauront se renouveler et comment tout cela évolura.
Parallèlement à ces "affaires du jour", l'enquête sur le meurtre du célèbre avocat progresse lentement (voire quasiment pas au cours des deux premiers épisodes). Lors du second, la police a depuis longtemps cessé de chercher d'autres suspects et, un an après les faits, Narita en est toujours au même point. S'il est devenu plus méfiant et prompt à se dissimuler lorsqu'il croise des forces de police, il recherche toujours l'ancienne secrétaire, s'accrochant au seul élément concret dont il dispose : ce faux témoignage qui a achevé de détruire sa crédibilité auprès des autorités.
Les scénaristes distillent bien quelques indices, dévoilant d'obscures conversations ou attitudes équivoques qui soulèvent des questions chez le téléspectateur, mais tout paraît encore bien trop flou pour oser dresser la moindre conjecture. Si bien que l'on reste, pour le moment, dans l'expectative, au même niveau que Narita, s'interrogeant sans avoir les moyens de commencer à entre-apercevoir ce qui se cache réellement derrière ce meurtre et le piège qui s'est refermé sur lui. Un peu de mystère, voilà de quoi aiguiser notre curiosité ! Si bien que le reste des intrigues se déroulant sans anicroches, au final, Toubou Benhgoshi n'est pas déplaisante à suivre.
Enfin, au casting, on retrouve des figures familières du petit écran japonais. Si je n'avais pas gardé de souvenirs de notre précédente rencontre (qui a dû avoir lieu, d'après sa filmographie, il y a fort longtemps, dans quelques scènes de Gokusen), Kamiji Yusuke (plus récemment vu dans Gyne ou Scrap Teacher) s'en sort plutôt de façon globalement satisfaisante dans son rôle de juriste qui voit toute sa vie bouleversée. A ses côtés, Ishihara Satomi (vue dans Voice l'année dernière et que j'ai dû croiser, du temps de ma première exploration des j-dramas, dans Kimi wa Petto) incarne la fille aînée de l'avocat assassiné. Enfin, Kitamura Kazuki (Bambino!) joue le policier originellement en charge de l'enquête qui aura trouvé en Narita, le coupable aussi parfait qu'idéal.
Bilan : Toubou Bengoshi se suit sans difficulté, ni déplaisir, mais sans non plus marquer le téléspectateur. Elle est proprement calibrée, parfois un peu trop prévisible. Cependant, sans faire dans l'originalité, elle s'offre aussi quelques développements intéressants, notamment dans son quotidien qui la rapprocherait plus d'une déclinaison de formula show, qui se révèlent plus subtiles et nuancés qu'il n'y paraîtrait a priori. Si bien qu'il n'est pas difficile pour un téléspectateur appréciant le concept de départ de se laisser prendre au jeu du mystère ambiant. Investissant un registre particulier au sein de la thématique policière, celui d'un Fugitif, Tobo Bengoshi remplit donc honnêtement son rôle. On regrettera peut-être qu'elle ne fasse pas preuve de plus d'ambition, mais peut-être le drama saura-t-il s'affirmer progressivement.
NOTE : 5,75/10
Quelques images de la série (à la fin du monologue de Kamiji Yusuke) :
06:31 Publié dans (Séries asiatiques) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : j-drama, toubou bengoshi, tobo bengoshi, the fugitive lawyer, fuji tv, kamiji yusuke, ishihara satomi, kitamura kazuki | Facebook |
27/07/2010
(Pilote UK) Sherlock : Modernisation d'un classique. Jubilatoire.
Ce dimanche soir, BBC1 a entamé la diffusion de Sherlock, une série qui aura connu une bien lente maturation, avant de parvenir finalement sur les écrans britanniques sous un format de 3 épisodes de 90 minutes. Le challenge est stimulant, puisque la chaîne anglaise nous propose d'embarquer trois dimanches d'affilée aux côtés de Sherlock Holmes et de son inséparable acolyte, le Dr Watson, dans une ré-écriture modernisée du mythe du plus célèbre détective anglais, que Arthur Conan Doyle créa au XIXe siècle.
L'idée de transposer Sherlock Holmes dans le décor de notre XXIe siècle pouvait a priori décontenancer. Au-delà des images d'Epinal auxquelles renvoie son nom, il évoque aussi un style marqué par son époque. Sauf que le projet paraissait tout de suite plus réalisable lorsque l'on jetait un oeil sur les noms des personnes qui y étaient associés. Outre Mark Gatiss, à qui l'on doit quelques épisodes de Doctor Who, comme The Idiot's Lantern (saison 2), on retrouve un récidiviste des modernisations de romans de cette fin du XIXe siècle : Steven Moffat. Souvenez-vous, le showrunner actuel de Doctor Who avait, en 2007, réussi une entreprise des plus ambitieuses - et glissantes a priori - : proposer une version actuelle de L'étrange cas du Dr Jekyll et de M. Hyde de Stevenson, par le biais d'une mini-série de six épisodes, intitulée Jekyll.
Par conséquent, je n'étais pas loin de penser que si quelqu'un pouvait recréer un Sherlock Holmes du XXIe siècle, crédible et respectant l'essence et l'esprit de cette figure enquêtrice incontournable des enquêtes policières, c'était bien Steven Moffat. Et le résultat n'a pas infirmé cet optimisme.
Ce premier épisode commence par le début, à savoir la première rencontre entre Sherlock Holmes et John Watson. Ce dernier est un vétéran, médecin militaire récemment rentré blessé d'Afghanistan. Il tente de reprendre peu à peu pied dans le morne quotidien de la vie civile. Si sa psychiatre pense qu'il souffre de stress post-traumatique, Watson cherche surtout à remettre sa vie en ordre. Pour cela, il n'envisage pas de quitter Londres, mais ne peut financièrement assumer un loyer seul. Une rencontre fortuite l'amène à renouer avec une vieille connaissance qui l'introduit à un autre de ses amis, cherchant lui aussi un colocataire dans la capitale anglaise, Sherlock Holmes.
La première rencontre est à la hauteur des personnalités brillantes que sont les deux hommes, dans les couloirs d'une morgue où Sherlock conduit d'étranges expérimentations sur les cadavres. Sans s'en rendre compte, Watson, las de désoeuvrement, se retrouve entraîné dans le quotidien mouvementé de son potentiel futur colocataire du 221B Baker Street. Le parfum de l'aventure, l'adrénaline d'une enquête et la tension suscité par l'imprévu, sont sans doute les meilleurs médicaments dont peut rêver le docteur : évoluer aux côtés de Sherlock Holmes n'est pas de tout repos, mais cela reste tellement stimulant.
D'autant que ce dernier enquête sur une affaire aussi complexe qu'intrigante : une sorte de "serial-suicides" frappe Londres, au cours desquels, des individus semblent avaler volontairement un poison mortel. Comment sont-elles acculées à de telles extrêmités, alors qu'elles ne semblaient pas avoir de tendances suicidaires ? Faut-il y voir une main humaine derrière ces actes ? Le commissaire Lestrade, singulièrement dépassé, en appelle aux services du célèbre détective à partir du quatrième mort.
Bien plus que l'enquête, prenante à souhait sans être si étonnante ou originale, la grande réussite de l'épisode réside dans le fait d'avoir réussi à capturer l'essence et l'esprit de cette figure littéraire incontournable, tant dans la façon dont la mini-série se réapproprie les personnages, que dans leurs échange qui nous réservent des petits bijoux de dialogues.
Sherlock Holmes est un génie, surdoué de la déduction, trop intelligent pour le quotidien morne et amorphe du monde qui l'entoure. Sa crainte première est de sombrer dans un ennui létal. Avec ses prédispositions naturelles aux addictions, il recherche dans ses enquêtes un challenge à la hauteur de son intelligence, repoussant ses limites. La série capte admirablement la versatilité et les différentes facettes d'un personnage semblable à un tourbillon, aussi fascinant qu'intoxiquant. Elle ne néglige pas non plus cette part d'ombre inhérente à un détective pour qui les crimes à résoudre demeurent ce qui rythme et donne un sens à sa vie. Ce n'est pas pour rien que les policiers le qualifient de "psychopathe", persuadés qu'un jour, ils auront à enquêter sur un mort qui sera de son fait ; ce à quoi il répond calmement, en les corrigeant, qu'il est un "high-functioning sociopath". C'est sans doute Lestrade qui retranscrit peut-être le plus justement Sherlock : "He is a great man... and I think one day, if we're very, very lucky, he might even be a good one".
A ses côtés, le personnage de Watson offre, évidemment, le contre-poids parfait. Stimulant parfois, canalisant toujours, la présence de ce vétéran se révèle déterminante. Les deux personnages se complètent et s'apportent beaucoup mutuellement. Marqué par la guerre, Watson retrouve avec Sherlock cette bouffée d'adrénaline, dont l'absence le laissait vide et chargé d'amertume. S'il n'accorde pas facilement sa confiance en temps normal, c'est presque instinctivement qu'il trouve ses marques auprès du détective. Sa modération se complétant d'une loyauté sans faille, rapidement testée.
Tout cet univers fonctionne d'autant plus que même les personnages secondaires (Lestrade et Mrs Hudson en tête), plaisants, s'insèrent parfaitement dans la tonalité particulière de cette série.
Au-delà de ces personnalités qui constituent l'âme de la série, l'un des aspects les plus aboutis de Sherlock réside dans l'ambiance et la tonalité qu'elle parvient à instaurer. Si l'atmosphère reste relativement sombre par son sujet, la série n'hésite pas à introduire des passages plus décalés, voire prenant parfois des accents franchement humouristiques, alternant admirablement les tons au cours de 90 minutes d'enquête.
En fait, c'est toute la dynamique qui s'installe entre Sherlock et John Watson qui se révèle absolument jubilatoire, petit joyau d'écriture enlevée et brillante. Les échanges entre les deux personnages principaux, derrière lesquels se forme progressivement une indéfinissable complicité, sont particulièrement inspirés et toujours rythmés. Les monologues de Sherlock, tout comme certains dialogues plus classiques, sont piquants à souhait et conservent quelque chose d'atypique, prenant plaisir à surprendre et à nous mettre en porte-à-faux. C'est ainsi que les répliques, potentiellement "cultes", délicieusement cinglantes et merveilleusement ciselées, s'enchaînent et marquent un téléspectateur, intrigué, définitivement skotché devant son petit écran.
Pour porter cette base des plus intéressantes à l'écran, le casting s'avère être une surprenante réussite. J'avoue que je n'avais pas gardé jusqu'à présent de souvenir impérissable de Benedict Cumberbatch (The Last Enemy) ; il m'a bluffé et agréablement surprise dans ce premier épisode, où il campe de façon très convaincante, avec un charisme et une présence à l'écran qui en impose, le personnage de Sherlock Holmes. Martin Freeman (Charles II, The Office UK) est, lui, à la hauteur de l'enjeu, toujours très solide, pour camper tout en nuances le Docteur Watson. Les deux acteurs fonctionnent particulièrement bien ensemble. Du côté des figures plus secondaires, Una Stubbs incarne Mrs Hudson, la logeuse de nos compères, tandis que Rupert Graves (Midnight Man) joue un Lestrade, un peu dépassé, mais toujours plein de bonne volonté, qui reconnaît Sherlock à sa juste valeur.
Bilan : L'idée d'une version moderne de Sherlock pouvait laisser perplexe, ce premier épisode balaie toutes nos craintes antérieures. Captant parfaitement l'essence de cette figure mythique du détective anglais et son acolyte médecin, l'épisode regorge de passages jubilatoires, de répliques cultes qui font mouche, le tout alternant de façon fluide entre scènes plus sombres et moments décalés où perce une pointe d'humour. Le téléspectateur se laisse entraîner sans résistance dans cette aventure stimulante et fascinante, nullement gêné de voir Sherlock Holmes déambuler dans un décor moderne. Si bien que notre seul regret, à la fin de l'épisode, c'est la pensée qu'il ne reste que deux épisodes à savourer.
NOTE : 9/10
La bande-annonce de la série :
07:03 Publié dans (Pilotes UK) | Lien permanent | Commentaires (11) | Tags : bbc, sherlock, steven moffat, benedict cumberbatch, martin freeman, una stubbs, rupert graves | Facebook |
26/07/2010
(Pilote / Mini-série US) The Pillars of the Earth : la construction d'une cathédrale, au coeur d'une vaste fresque médiévale
La première fois que j'ai entendu parler du projet d'adapter à l'écran le roman de Ken Follett, cela m'avait paru comme un doux rêve. Attrayant certes. Cependant, réussir la transposition de cette dense fresque historique au format télévisuel me semblait aussi ambitieux que difficilement réalisable. Les écueils sont nombreux, en partie inhérents à toute adaptation littéraire : ne pas trop condenser, rester fidèle à l'histoire, tout en se ré-appropriant ce matériel de base de façon à ce qu'il devienne le fondement d'un scénario vivant, destiné à une série. Reste que ces craintes ne pouvaient obscurcir le caractère absolument passionnant du sujet, suffisant seul à intéresser la téléphage amoureuse d'Histoire que je suis.
De plus, outre son thème, The Pillars of the Earth (Les Piliers de la Terre) présente d'autres atouts aussi attrayants. Car il faut bien que je vous avoue qu'une raison supplémentaire, très différente mais toute aussi justifiée, expliquait mon attente impatiente de cette mini-série : son casting. En effet si une série me propose de réunir, autour d'un même projet, des acteurs comme Matthew MacFadyen, Ian McShane, Rufus Sewel, etc., elle s'assure d'office ma présence de téléspectatrice dès ses débuts.
The Pillars of the Earth, co-production internationale, est une mini-série qui sera composée de huit épisodes et dont la diffusion a débuté, aux Etats-Unis, vendredi dernier, sur la chaîne câblée Starz.
The Pillars of the Earth se déroule au XIIe siècle. Cette importante fresque qui couvre, dans sa version littéraire, un demi-siècle, nous plonge dans une Angleterre déchirée par une guerre civile de succession, au cours d'une période que certains nommeront plus tard "l'Anarchie". La mini-série reprend les principaux évènements historiques de cette époque, de façon à établir précisément le contexte global. Elle s'ouvre en 1120 par le naufrage de la "Blanche-Nef", où périt le seul fils légitime du roi Henri Ier. A la mort de ce dernier, ne lui reste comme descendante légitime que sa seule fille, Mathilde. Profitant des réticences des barons à porter une femme au pouvoir, Etienne de Blois, le neveu du roi, un petit-fils de Guillaume le Conquérant, s'approprie finalement le trône d'Angleterre, avec le soutien de l'Eglise, dont il s'engage à promouvoir les intérêts. Il précipite ainsi Mathilde dans une résistance qui va conduire les deux camps à la lutte armée.
Ces différents évènements, qui se déroulent en arrière-plan de la trame principale, mais sur lesquels le pilote prend le soin de s'arrêter de façon à poser un cadre clair au téléspectateur, constituent une toile de fond violente qui accentue le chaos régnant dans le royaume, tout en influant plus ou moins fortement sur la vie des différents protagonistes, qui seront parfois entraînés dans ce tourbillon de trahisons. Si la lutte pour le trône n'est pas le sujet principal, le coeur de The Pillars of the Earth se situe bien dans des conflits d'intérêts et de pouvoirs, entre idéalistes et ambitieux, nobles, hommes d'église et gens du commun, se concentrant sur un enjeu hautement symbolique, qui mêle toutes ces thématiques : la construction d'une cathédrale.
Parce que The Pillars of the Earth est une fresque particulièrement dense, dotée d'une galerie très riche en personnages, le premier épisode va opportunément prendre le temps de soigner l'introduction du téléspectateur dans cet univers. Il présente progressivement chacun des protagonistes, tout en posant les fondations de la grande, comme des petites, histoires. Il s'agit avant tout de bien se familiariser avec le cadre de cette société moyen-âgeuse, avec ses moeurs, mais aussi avec les motivations, altruistes ou très égoïstes, des différents personnages.
C'est ainsi que le premier épisode va offrir une combinaison intéressante d'éléments de contextualisation, tout en permettant au téléspectateur de trouver ses points de repère afin d'embarquer dans cette fresque l'esprit clair. Outre les évènements historiques, ce pilote est l'occasion de suivre plusieurs protagonistes clés. Il y a Tom, un bâtisseur, qui mène sa famille de chantier en chantier, survivant par des emplois plus ou moins précaires, en attendant de décrocher ce dont il rêve tant : le projet de construction d'une cathédrale. Sa femme, Agnès, meurt en couches au cours de l'épisode ; le bébé, abandonné sur la tombe de sa mère, sera finalement recueilli par un futur moine. Toujours accompagné de ses enfants, Martha et Alfred, Tom rencontre Ellen et son fils, Jack, un jeune homme doué en art, qu'un traumatisme dans l'enfance a rendu quasiment muet. Leur histoire est chargée de secrets, mais Tom accepte de les voir se joindre à eux.
Parallèlement, l'épisode s'intéresse aux jeux de pouvoirs - tout aussi létaux que la lutte pour le trône - au sein de l'Eglise. Tandis que le père Waleran intrigue pour devenir évêque, l'abbaye de Kingsbridge perd son prieur. Les soutiens réciproques entre un moine idéaliste, Philip, et le machiavélique Waleran, leur permettront, par le truchement d'élections orientées, d'accéder à la qualité convointée par chacun. Le pilote ne néglige pas non plus les storylines laïques, tout aussi chargées en politique, mais à connotation plus locale que celles de la lutte pour le trône, à travers les enjeux d'un titre de noblesse et des terres qui lui sont associées. Les parvenus Hamleigh nourrissent en effet des ambitions sur un comté, envisageant notamment un mariage entre leur fils et la fille aînée, héritière, Aliena. Le rejet par cette dernière va les amener à recourir à des solutions plus drastiques.
A la lecture de ce résumé, déjà fortement condensé, il est aisé de deviner où se situait le premier écueil auquel ce pilote devait faire face : il s'agissait de ne pas se laisser submerger par la richesse de l'univers à mettre en place. Il fallait réussir à introduire tous ces enjeux si diversifiés et ces personnages très différents. D'autant que les intéractions entre ces derniers conduisent souvent à d'éphémères alliances de circonstances, qui troublent un peu plus la lisibiité des motivations de chaque protagoniste. Un juste équilibre devait, de plus, être trouvé entre des scènes de pure exposition, contextualisant l'histoire, et le récit véritable qui s'amorce, en s'attachant au destin de plusieurs individualités, dans ce tourbillon chaotique ambiant.
A la fin de ce premier épisode, l'objectif de départ est, pour ainsi dire, rempli : le téléspectateur situe chaque personnage et tous les enjeux apparaissent désormais clairs, ce qui permet ainsi de partir sur de solides fondations, en attendant les développements futurs. Les scénaristes ont, à dessein, pris leur temps pour bien introduire cette vaste fresque. C'est pourquoi le pilote monte progressivement en puissance et gagne en épaisseur, à mesure qu'il appréhende l'ambitieuse dimension du récit envisagé. C'est aussi pourquoi, en dépit des si nombreux personnages et de toutes leurs histoires personnelles, cette immersion ne paraît pas trop abrupte.
S'il faut une première demi-heure d'ajustement, en acceptant de ne pas percevoir immédiatement le tableau d'ensemble, la patience du téléspectateur est récompensée. Au final, si la tâche était rude, ce pilote s'offre une introduction fluide et maîtrisée qu'on peut qualifier de réussie. J'apporterai cependant un bémol, sous forme de précision, à mon jugement : cette introduction m'a semblée, personnellement, menée de façon efficace, mais j'étais déjà familière avec cet univers pour avoir lu le livre d'origine. Par conséquent, une personne qui plongerait dans l'inconnu avec ce premier épisode n'aurait peut-être pas la même perception.
Au-delà de la question de l'accessibilité immédiate de l'histoire, ce pilote expose déjà très clairement quelles seront les grandes thématiques de The Pillars of the Earth. Alternant petites histoires et grande Histoire, destinées personnelles et sort de tout un royame, la minisérie mêle habilement ces différents enjeux, pour s'offrir un cadre d'une complexité aussi fascinante qu'intrigante. Au coeur de ces jeux de pouvoirs, où l'intrigue est maître et où les ambitions se révèlent, la politique, comme la religion, sont des moyens d'atteindre ses objectifs, tandis que les sentiments viennent troubler certaines positions. Du plus machiavélique au plus idéaliste des personnages, tous maîtrisent - et n'hésitent pas à s'en servir - les clés des rouages des grandes institutions qui régentent cette société féodale.
Si tout cet effort fait dans le pilote afin de donner sa tonalité à la mini-série s'avère efficace, l'épisode n'oublie pas d'essayer d'humaniser ses personnages, de façon à retenir l'attention du téléspectateur sur les destins individuels, pas seulement sur ce vaste tableau médiéval d'arrière-plan. C'est sans doute le personnage de Tom, qui s'en sort le mieux. Le pilote prend le temps de nous introduire dans son quotidien, peut-être le plus simple et directement accessible au téléspectateur : celui d'un bâtisseur, déménageant de chantiers en chantiers. Ses rêves de cathédrale et sa tragédie familiale, avec la mort de son épouse, sont des éléments concrets qui touchent instantanément.
Ambitieuse dans son contenu, en conservant la densité de l'histoire originale, The Pillars of the Earth est également très aboutie sur un plan formel. Elle bénéficie d'une belle réalisation, largement au-dessus de la moyenne, utilisant notamment des plans larges assez inspirés. Mais c'est surtout par la photo que la mini-série se démarque. L'esthétique est très travaillé, choisissant de faire ressortir les couleurs, avec une forme de sobriété qui les rend faussement chatoyantes. Si on est loin des superbes images un peu glacées des period dramas britanniques, cette mini-série impose, avec une certaine réussite, un style qui lui est propre, et qui n'est pas déplaisant à découvrir à l'écran.
Outre son visuel, The Pillars of the Earth dispose également d'une bande-son en adéquation à ses thématiques, qui renforce la tonalité médiévale. Tout en en faisant une utilisation sobre, les quelques pistes musicales mélangent des sonorités associées dans l'imaginaire collectif à cette époque, entre chants grégoriens et musiques sacrées.
Enfin, même si je l'ai déjà brièvement évoqué, je me dois de m'arrêter à nouveau sur le casting proposé par cette mini-série. Composé de valeurs sûres (principalement britanniques pour les têtes d'affiche) du petit écran, il se révèle à la hauteur des ambitions de la vaste reconstitution envisagée, point de répère immédiat d'un téléspectateur découvrant la riche galerie des différents personnages.
On y retrouve non seulement, Rufus Sewel (Charles II, Eleventh Hour), en bâtisseur rêvant de cathédrale, Ian McShane (Deadwood), en prêtre intrigant, accédant à la dignité d'évêque, Matthew MacFadyen (Spooks, Little Dorrit), en prieur idéaliste souhaitant reformer l'abbaye de Kingsbridge, mais également Eddie Redmayne (Tess of the D'Ubervilles), en jeune homme, surdoué dans les arts, dont les circonstances de sa naissance interrogent, Hayley Atwell (The Prisoner) en femme noble passionée, Donald Sutherland (Dirty Sexy Money), David Oakes, Natalia Wörner, Anatole Taubman, Alison Pill (In Treatment) ou encore Sam Claflin.
Bilan : The Pillars of the Earth se présente comme une vaste fresque historique ambitieuse, dont la complexité et la richesse de son histoire vont constituer ses atouts principaux, solidement soutenus par un casting cinq étoiles. Ce pilote, péchant parfois en raison de son excès de contenu, prend son temps dans l'exposition de la situation. L'écriture est dense, cependant, le téléspectateur ne s'y perd jamais et sa patience initiale est récompensée par la mise en place progressive des intrigues et des enjeux qui se précisent. Au final, sont introduits de nombreux éléments très intéressants, tant du côté de la grande Histoire que des petites histoires sur lesquels le récit futur va se concentrer. Ainsi, il est difficile de ne pas être se trouver captivé par ce que cette première immersion laisse entrevoir : le premier contact est convaincant, reste à The Pillars of the Earth à confirmer !
NOTE : 8/10
La bande-annonce de la mini-série :
09:05 Publié dans (Mini-séries US), (Pilotes US) | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : starz, les piliers de la terre, the pillars of the earth, ken follett, matthew macfadyen, rufus sewel, ian mcshane, eddie redmayne, hayley atwell, donald sutherland, david oakes, natalia worner, anatole taubman | Facebook |