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22/05/2010

(Pilote US) The Good Guys : le retour des buddy cop shows des années 80

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Toutes les séries des grands networks US se concluent les unes après les autres en cette fin de mois de mai (il sera bientôt l'heure de dresser un bilan de la saison écoulée), tandis que leurs consoeurs estivales s'apprêtent à prendre le relais, principalement sur les chaînes câblées. Cependant, certaines chaînes insufflent encore un soupçon de nouveauté, ou plutôt d'inédits (le terme "nouveauté" étant, par bien des côtés, peu en rapport avec la réalité d'une série comme The Good Guys). C'est le cas de la Fox, sur laquelle a démarré le 19 mai 2010, The Good Guys, un cop show tout droit sorti des années 80, prouvant une nouvelle fois ce revival des fictions policières à l'ancienne, plaçant les personnages en son centre et délaissant le scientifique déshumanisé qu'avait insufflé la franchise CSI au paysage téléphagique.

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The Good Guys nous plonge dans le quotidien d'un duo d'enquêteurs de la police de Dallas. Reprenant à son compte un schéma invariable décliné depuis des décennies, les deux personnages principaux ne pourraient être plus opposés : tout les différencie, de leur façon d'être à leur conception de leur métier. Pourtant, la série va logiquement nous montrer qu'au-delà des affrontements inévitables et des clashs réguliers que l'association génère, ils forment aussi une équipe très atypique, vaguement improbable, mais finalement complémentaire.

Avec un sens inné pour fâcher ses supérieurs, assorti d'une certaine arrogance et d'une tendance à respecter scrupuleusement les règlements, Jack Bailey est un jeune carriériste qui a énervé suffisamment de monde dans son département pour se retrouver à devoir faire équipe avec le vétéran du service, relique d'un autre temps avec laquelle personne ne souhaite s'associer, Dan Stark. Ce dernier est un policier déphasé, perdu dans le souvenir des aventures de ses folles premières années dans les forces de l'ordre, qui a oublié de rentrer dans le XXIe siècle. S'il a conservé son badge, en dépit de ses écarts, notamment en boissons alcoolisées, c'est en raison d'une gloire passée : dans les années 80, lui et son partenaire ont sauvé la vie du fils du gouverneur. Hollywood en a fait un film, son ancien partenaire une crise de nerfs, et Dan Stark est resté, imperturbabe et immuable, à son poste.

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Le concept de base de The Good Guys laissait entrevoir une série se réappropriant de vieilles recettes. La promo entourant la série annonçait quelque chose d'assez décalé, la Fox ayant capitalisé plus que de raison sur la fameuse moustache de Dan Stark. Le résultat se révèle au final rempli d'une autodérision plutôt lourde, où le décalage et le ridicule des situations sont poussés jusqu'à l'absurde. Jouant sur ses codes scénaristiques, s'amusant des clichés qu'elle convoque et empile à l'écran, ce pilote finit cependant par faire frôler l'indigestion au téléspectateur. Car c'est sans finesse, et avec une complaisance assez grasse, que la série verse dans un second degré qui, s'il n'est pas forcément désagréable à suivre, ne brille pas par son originalité et ni les surprises qu'il pourrait réserver au téléspectateur. The Good Guys exploite jusqu'à l'excès son côté kitsh, sur la forme comme sur le fond, de sa réalisation jusqu'à son traitement des intrigues mises en scène.

La relation entre les deux co-équipiers évolue avec une prévisibilité déconcertante au fil de l'épisode, de la défiance jusqu'à une relative compréhension. Chacun des personnages force sur ses traits de caractère, Dan Stark symbolisant, jusqu'au bout de sa moustache, le "vieux de la vieille", allergique aux ordinateurs et à toute technologie moderne, resté coincé dans les méthodes ayant cours deux décennies auparavant et idéalisant cette période jusqu'à la caricature. A ses côtés, Jack Bailey promène ses faux airs de gendre idéal, bien sous tout rapport, avec l'assurance d'une jeunesse qui va se retrouver confrontée aux limites de ses vérités sur le travail de policier. Si cela donne une ambiance inclassable, pas déplaisante, l'accumulation de ces effets finit par peser.

The Good Guys replace également les délinquants au centre du jeu, leur appliquant le même traitement que pour ses protagonistes principaux. Cette forme d'autodérision du genre policier, ne prenant pas au sérieux les évènements relatés, même quand il s'agit de fusillade, m'a un peu rappelé, cette saison, la manière dont Justified met en scène ses propres criminels. Seulement, là où la série de FX montre une certaine habileté et finesse pour manier cette tonalité décalée, y recourrant avec parcimonie et maîtrise, The Good Guys s'y complaît en versant dans une caricature de la caricature.

L'appréciation reste ensuite très subjective. Tout dépend du téléspectateur : est-il prêt à jouer le jeu et à suivre les scénaristes sur cette voie ? Pour ma part, j'avoue que c'était un peu too much.

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Sur le fond, comme sur la forme, The Good Guys apparaît donc comme une série hors de son époque, à l'image de Dan Stark. Les scénaristes ont voulu jouer jusqu'à l'excès sur ce parti pris ; ils obtiennent une fiction de pure détente qui ne sollicite pas le cerveau fatigué du téléspectateur rentrant du travail. La narration aurait cependant pu être un peu plus fluide ; car la série s'amuse plus que de raison à faire des retours en arrière, pour expliquer comment tel ou tel personnage en est arrivé là. Cela renforce cette impression d'absence de sérieux ; la légende nous indiquant à l'écran que nous repartons en arrière s'accompagnant d'ailleurs d'un coup de feu, bruitage qui prête à sourire ou à se dire qu'ils en font vraiment trop.

Je vous avoue que, dès le départ, je me doutais que The Good Guys ne serait pas trop ma tasse de thé. Si j'ai tenu à visionner au moins le pilote, c'est autant pour dépasser mes a priori et faire preuve d'une saine curiosité sériephile, que pour retrouver les membres de son casting dans mon petit écran. Il faut savoir que Bradley Whitford et moi, c'est une histoire qui a vraiment débuté un vendredi soir de juillet 2001, sur France 2 ; quand il releva une tête pas réveillée, assommée par sa gueule de bois, du bureau sur lequel il venait de passer sa nuit, l'épée de Damoclés d'un renvoi pesant sur sa tête. Oui, il s'agissait alors du pilote d'A la Maison Blanche ; et Josh Lyman demeurera toujours pour moi une des figures les plus symboliques d'une série qui restera sans doute à jamais comme une de mes préférées, pour tout ce qu'elle a pu apporter à ma téléphagie. Par conséquent, il m'était inconcevable de ne pas au moins regarder le premier épisode de The Good Guys. En souvenir du "bon vieux temps", pour une production qui se complaît tellement à en appeler à la fibre nostalgique du téléspectateur. Aux côtés de Bradley Whitford, qui en fait peut-être un peu trop en Dan Stark, "vétéran des vétérans", on retrouve Colin Hanks (Roswell) qui correspond parfaitement à l'image de Jack Bailey. Enfin, la petite touche féminine indispensable est assurée par Diana-Maria Riva (Side ordre of life) et Jenny Wade (Reaper).

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Bilan : The Good Guys est une série plutôt adaptée à la période estivale en ce sens où elle est une invitation claire à se divertir sans réfléchir. Elle se place volontairement dans le registre de l'excès, se complaisant souvent dans une autodérision grasse. Par son cadre très 80s', elle entreprend de surfer sur la fibre nostalgique du téléspectateur qui aurait gardé quelques doux souvenirs des rodéos motorisés et fusillades multiples du petit écran de cette décennie. Malheureusement, tout cela tourne un peu à vide, se laissant submerger par une course à l'absurde qui peut lasser le téléspectateur.
Au final, le visionnage du pilote de The Good Guys se justifie surtout par son casting. La seule présence de Bradley Whitford (avec moustache !) vaut bien un bonus de +1,5 points sur la note finale attribuée à l'épisode. En souvenir du bon vieux temps. Mais la suite sera sans moi.


NOTE : 4/10


La bande-annonce de la série :

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