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16/09/2010

(Pilote CAN) Lost Girl : succube & fae pour du fantastique cheap au rabais


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Dans la lignée de la morosité de ces premières escarmouches de rentrée, les pays changent (remarquez que je fais des efforts en terme de nationalités traitées), mais la tonalité demeure invariable, et le Canada n'est pas en reste. Dimanche dernier, la chaîne Showcase y lançait une nouvelle série, Lost Girl, surfant sur cette vague fantastique qui fleurit actuellement un peu partout dans nos petits écrans. Une fiction qui promettait d'explorer toute la diversité des créatures de l'étrange, avec pour héroïne rien moins qu'une succube. Les rayonnages dérangés de ma bibliothèque trop bien garnie en bit-lit comprenant les deux premiers tomes des aventures de Georgina Kincaid, je mesurais ainsi à peu près le potentiel narratif du concept de départ.

C'est que j'ai une confession à vous faire : je cultive un penchant déraisonnable pour le fantastique cheap. Ce genre de série pas prétentieuse pour un sou, mais diablement divertissante - telle Blood Ties par exemple - a pu me faire passer d'excellents moments devant mon petit écran. Si bien que c'était avec un esprit ouvert, sans a priori, que j'étais prête à découvrir Lost Girl, même si la bande-annonce avait fait naître quelques craintes à son égard... Craintes malheureusement plus que confirmées par le pilote.

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La Lost Girl intronisée héroïne par la série s'appelle Bo. La jeune femme mène une vie loin d'être sédentaire, devant régulièrement rassembler au plus vite ses affaires pour s'enfuir. Car Bo n'est pas une femme ordinaire. Derrière une assurance de façade, à l'évidence endurcie par les épreuves de la vie, son quotidien consiste à gérer des facultés dont elle ne comprend ni la nature, ni la manière dont elle pourrait les maîtriser. Si ses capacités lui simplifient la vie à l'occasion, puisqu'elle parvient à manipuler ses interlocuteurs par un simple contact, elles échappent parfois de manière fort dangereuse à tout contrôle : lorsqu'elle embrasse quelqu'un, elle aspire la vie de cette personne par la même occasion. Incapable de s'arrêter, c'est ainsi qu'elle laisse régulièrement des cadavres derrière elle.  

Au début de ce premier épisode, Bo travaille comme barmaid. Elle sauve une cliente, Kenzi, qu'un homme avait drogué, espérant ainsi pouvoir abuser d'elle en toute impunité. L'intervention de Bo ne s'opère pas sans dommage, puisqu'emportée dans le feu de l'action, son baiser létal tuera le criminel. Passée la frayeur des premiers instants, avec une Kenzi dépassée par ce à quoi elle a assisté, les deux jeunes femmes font plus amplement connaissance, nouant rapidement une certaine complicité.

Mais le meurtre commis par Bo la rattrape : elle est arrêtée par une bien étrange brigade... dont les membres n'appartiennent pas seulement à la police. Elle découvre alors un autre versant de ce monde dont elle n'avait jamais soupçonné l'existence : une société de fae (terme générique regroupant toutes les créatures surnaturelles), structurée et hiérarchisée, se cachant dans l'ombre. Une organisation mise en émoi par l'arrivée d'une inconnue qui attire de manière inconséquente l'attention sur eux. Plus que le mort, c'est la non affiliation de Bo à l'un des deux camps institués, "le bien vs. le mal" pour faire synthétique, qui perturbe le plus ces derniers. Qui est donc Bo ? Pourquoi son existence avait-elle été maintenue secrète jusqu'à présent ? Cet autre univers qui s'ouvre à la jeune succube va sans doute être source de plus d'interrogations que de réponses...

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A partir de ces bases fantastiques qui ne demandaient donc qu'à s'affirmer, Lost Girl s'inscrit dans un créneau cheap à l'excès, parfaitement assumé, sur le fond comme sur la forme. Dans son contenu, la série fait preuve d'une relative et malhabile subtilité, dont je soupçonne fortement le caractère involontaire. En effet, si elle exploite des allures excessivement manichéennes, ces dernières semblent, paradoxalement, plus conduire la série dans une zone grise et floue, où il apparaît bien difficile de distinguer le mal ou le bien en dépit de supposés camps clairement délimités. Les deux souhaitent la mort de l'intruse, ce qui les confond d'emblée, surtout aux yeux du téléspectateur. Finalement seul le policier venant en aide à Bo est présenté sous une lumière un tant soit peu positive.

Mais ce flou moral est également entretenu par notre héroïne : elle admet ne pas contrôler ses pouvoirs, qu'elle n'hésite cependant pas à utiliser. Elle est incapable à l'occasion de résister à la faim ; et elle tue bel et bien un homme en début d'épisode... Cependant, le message subliminal de Lost Girl est clair : ce dernier était un criminel, avec des antécédents qui plus est, permettant de faire glisser Bo dans des habits de justicière. C'est à peine si cette mort fait ciller les protagonistes, chacun étant plus concentré sur la nature de succube de la jeune femme. Si bien que l'on a finalement l'impression que les scénaristes, avec une naïveté un peu grossière, jouent avec leur attrayant concept, sans oser pleinement le mettre en scène. Voulant présenter leur héroïne comme indépendante, ils tendent inconsciemment à la détacher des contingences morales. Mais, dans le même temps, c'est avec un traitement scénaristique réinvestissant le champ des codes des super-héros qu'ils l'introduisent, souhaitant à l'évidence cultiver une certaine sympathie à son égard. Une ambivalence de traitement qui laisse un arrière-goût d'inachevé, devant une construction tour à tour maladroite et excessivement timorée.

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Au-delà du cadre binaire assez rigide qu'elle pose, Lost Girl s'avère être d'une prévisibilité vite lassante, dont les dialogues sonnent trop creux pour réveiller l'intérêt du téléspectateur. La faiblesse des moyens alloués à la réalisation, comme aux pseudos effets spéciaux, lui permet de soigner ce faux premier degré apparent pour se créer une ambiance au rabais, qui renvoie à un univers de série B, d'où percent d'importantes pointes comics. Tout au long de l'épisode, elle frôle constamment la trop fine frontière du ridicule, qu'elle finit par franchir allègrement à plusieurs reprises. Cela ne serait pas handicapant en soi si la série savait faire preuve d'une distance plus maîtrisée avec son contenu et n'oubliait pas le registre du divertissement. Malheureusement loin du cheap fun et versatile de certaines fictions, c'est plutôt dans un registre indigeste et assez pesant que Lost Girl va s'affirmer.

Si la série peine à trouver ses marques sur la forme, les acteurs ne semblent pas non plus particulièrement concernés, les lignes de dialogues ne motivant sans doute pas trop pour gagner en crédibilité. On retrouve pourtant quelques têtes familières au casting. Bo est incarnée par Anna Silk (croisée en guest dans Being Erica). A ses côtés, figurent  Zoie Palmer (The Guard), Kristen Holden-Reid (The Tudors) ou encore Ksenia Solo (quelques apparitions dans Life Unexpected la saison dernière).

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Bilan : Du cheap divertissant au ridicule pesant, il n'y a souvent qu'un pas. Lost Girl bascule malheureusement trop aisément dans le second versant. Pour une série fantastique mettant en scène des fae, elle se ré-approprie paradoxalement beaucoup plus de codes scénaristiques propres aux fictions de super-héros que ceux du surnaturel plus traditionnel. Cela lui permet de soigner une atmosphère très série B, dans laquelle il manque l'ingrédient sans doute le plus important, le divertissement (les sourires générés involontairement par certaines lignes de dialogue ne pouvant être comptabilisés comme un second degré volontaire). A la fois excessivement manichéenne, tout en ayant l'irrésistible envie de brouiller un peu les cartes sans l'oser vraiment, Lost Girl n'assume pas pleinement le registre qu'elle a choisi d'investir en prenant une succube comme héroïne...

En somme, je ne suis pas certaine qu'il y ait grand chose à sauver dans cette série. Si je me laissais aller aux comparaisons, je la classerais sans doute dans la droite lignée d'un Demons, tant au niveau des moyens budgétaires que de l'univers mis en place. A oublier.


NOTE : 3,25/10


La bande-annonce :


15/09/2010

(Pilote / K-Drama) Sungkyunkwan Scandal : un highschool drama en costumes


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En ce mercredi asiatique sur le blog, la Corée du Sud n'échappe pas au sentiment de relative insatisfaction qui domine pour l'instant la rentrée ; mais, rassurons-nous, le meilleur reste à venir. Pour être honnête, il est vrai que je doutais fortement, avant même de m'installer devant ces deux premiers épisodes, de la capacité de Sungkyunkwan Scandal à m'intéresser. Disons que j'aurais essayé sans préjugé de donner une chance à cette nouvelle série diffusée sur KBS2 depuis le 30 août dernier et que l'essai ne fut pas concluant.

Je reconnais que les cross-dressing shows ont leur charme. Les sud-coréens semblent avoir un goût prononcé - sur lequel il faudrait un jour sociologiquement se pencher - pour ces twists narratifs improbables générés par une héroïne déguisée en garçon, sans doute en partie en raison de leur amour des quiproquos. Le résultat est d'ailleurs généralement au rendez-vous. Coffee Prince reste une référence en la matière, mais les Painter in the wind et autre You're Beautiful ont prouvé que le format pouvait se décliner dans des univers très différents. Cependant j'avais bien deviné que mon principal souci avec Sungkyunkwan Scandal risquait de se situer à un autre niveau : le cadre dans lequel il se déroule. Parce qu'au-delà du décor historique, ce sont bien les codes narratifs d'un classique high school drama (ou d'université, si vous préférez) qui sont recyclés. Or j'ai sans doute déjà dû vous mentionner une vieille overdose que j'ai faite il y a quelques années avec des j-dramas sur ce thème. Désormais, c'est un genre que j'aurais plutôt tendance à fuir. Si bien que, en dépit d'un mélange au final pas inintéressant, il est probable que Sungkyunkwan Scandal demeure à mon goût fondamentalement trop "high school drama", du moins dans ces deux premiers épisodes.

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Ce drama nous plonge sur les bancs et dans les coulisses de la prestigieuse université de Sunkyunkwan, qui fut fondée à la fin du XIVe siècle. Se déroulant sous Chosun, il se propose de suivre le quotidien mouvementé d'étudiants, entre romance et concurrence. A l'époque, l'établissement de haute renommée est uniquement ouvert aux hommes (si possible de descendance noble), tant il apparaît inconcevable qu'une femme reçoive une éducation. Kim Yoon Hee va ainsi venir bouleverser bien des traditions. Appartenant à une famille pauvre et endettée, seule valide à la maison, son frère, malade, restant allité, la jeune femme a pris l'habitude de se travestir pour pouvoir exercer ses talents comme scribe, mettant ses qualités d'écriture au service des tours de passe-passe et autres tricheries organisées qui rythment la vie des quartiers étudiants proches de l'université de Sunkyunkwan.

Prête à tout et dotée d'un caractère bien trempé, Yoon Hee prend tous les risques pour subvenir aux besoins de sa famille, et surtout se sauver face à un créancier se faisant de plus en plus menaçant et caressant l'espoir de "l'acquérir". Elle va participer à l'organisation de fraude lors de l'examen d'entrée à Sunkyunkwan. Au cours de ses pérégrinations agitées dans ces coulisses estudantines, bien que déguisée en garçon, elle exerce déjà une certaine fascination auprès de jeunes gens qui, à la différence d'autres cross-dressing show, devinent rapidement qu'ils ont à faire une femme. C'est ainsi que son quotidien mouvementé va l'amener à rencontrer le fils d'un ministre important, Lee Sun Joon, intransigeant jeune homme qui ne doute de rien, Goo Yong Ha, un playboy qui se laisse vivre, et Moon Jae Shin, une sorte de rebelle moitié looser difficilement catégorisable.

L'enchaînement des évènements l'amènera jusqu'à la dernière épreuve d'admission à l'université, à laquelle le roi assiste. Après plusieurs twists et autres retournements de situation, le tout se concluant par un ordre du roi de rejoindre les rang de Sunkyunkwan, Yoon Hee se résoudra finalement à faire sa "rentrée scolaire", sous le nom de son frère. Cela offrira à ce dernier l'accès à des soins gratuits, tout en permettant à sa soeur de bénéficier d'une éducation dont son sexe la priverait normalement. Evidemment, ses soucis au sein d'une université où elle va devoir feindre d'être un garçon jusque dans le dortoir, ne font que commencer...

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Si le premier élément qui attire l'attention, dans Sungkyunkwan Scandal, apparaît être un résolu mélange des genres, la série donne avant tout l'impression, au cours de ses premiers épisodes, d'être un high school drama en costumes, le cadre historique tenant alors plus du décor exotique. Tensions des examens, tricheries, arrogance d'anciens élèves, bizutage, aucun ingrédient du genre ne manque à l'appel. Les scénaristes optent en fait pour une radicale modernisation des moeurs estudantines au sein de l'université, préférant s'octroyer plus de liberté pour peut-être mieux toucher le téléspectateur sur un terrain qui lui sera familier.

Si bien qu'on a finalement le sentiment récurrent que l'histoire pourrait tout aussi bien se dérouler dans le présent en conservant quasiment les mêmes ficelles. Seules quelques spécificités culturelles historiques se chargent de nous rappeler, à l'occasion, l'époque. Il y a bien un roi, et il est fort probable qu'un complot sera exhumé derrière les regards en coin de ses conseillers, au cours du drama, mais l'atmosphère qui règne sur ce campus est plus proche de celle que l'on utiliserait pour décrire un tel lieu de nos jours. Ainsi, l'initiative de mêler historique et high school drama qui aurait pu, si ce n'est intriguer, au moins paraître singulièrement originale, échoue à trouver une réelle justification à l'écran, la série peinant à trouver une homogénéité entre tous ces aspects.

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Si Sungkyunkwan Scandal ne réussit pas véritablement à imposer et transposer son concept de départ à l'écran, c'est aussi en partie en raison de l'extrême classicisme des ficelles employées : le drama maintient le téléspectateur avec un arrière-goût de déjà vu dont la série ne parvient, à aucun moment, à se départir. Certes, on retrouve bien, par intermittence, une pointe de fraîcheur innocente dans l'écriture, mais l'ensemble manque considérablement de spontanéité et de liant. Tout y est prévisible à l'excès. A partir d'une base déjà mille fois vue, celle d'une héroïne issue de milieu populaire et de jeunes gens héritiers de puissants, tout s'enchaîne comme le téléspectateur un tant soit peu familier des kdramas s'y attendrait. Sauf qu'en plus, tout manque de cohésion, les storylines et leurs coïncidences nombreuses se succèdant de façon saccadée, excessivement téléphonées ou bien maladroitement parachutées.  Les deux premiers épisodes peinent ainsi à trouver un rythme consistant, et l'intérêt du téléspectateur vacille au gré de ces aléas.

Pour autant, plus qu'une relative fragilité scénaristique, c'est la difficulté que vont éprouver les personnages pour s'imposer qui va peut-être le plus gêner ; et qui, dans un kdrama, est sans doute la plus dommageable. L'alchimie n'opère en effet pas systématiquement dans les relations entre les protagonistes. S'il n'y a rien à redire sur Yoon Hee, la jeune femme s'insérant parfaitement dans les canons des figures féminines du genre, le problème se pose surtout du côté des personnages masculins. Parmi eux, seul Goo Yong Ha, figure un peu creuse, mais versatile et volatile à souhait, du playboy revendiqué, s'en tire honorablement. A l'inverse, monolithique à l'excès, trop unidimensionnel, Lee Sun Joon reste en retrait, tranchant presque avec le dynamisme global, pas toujours pleinement maîtrisé, que l'on sent poindre dans le drama à travers la mise en scène des coulisses d'une université. Et lorsque le personnage principal du drama convainc aussi peu, cela devient rapidement problématique. Enfin, si la troisième figure masculine n'a pas encore été suffisamment développée pour que l'on puisse émettre un jugement, le peu laissé entre-aperçu m'a plus inquiétée que rassurée sur l'épaisseur du personnage.

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Sur la forme, Sungkyunkwan Scandal bénéficie d'une réalisation de bon standing. Résolument moderne, chatoyante à l'excès, avec quelques effets de caméra plutôt agréables à l'oeil, le drama prend assurément la pleine mesure de son décor. S'il éblouit moins que ce que les flashbacks du passé, dans My Girlfriend is a Gumiho, peuvent faire actuellement, cela demeure un résultat très solide. La bande-son quant à elle est pour le moment un peu en retrait, mis à part la chanson de fin. Sur le plan de la musique, la série devrait donc sans doute gagner en assurance progressivement.

Au niveau du casting, l'impression est nuancée, voire très mitigée, sans que l'on puisse clairement distinguer les responsabilités entre les scénaristes et les acteurs. Park Min Young (que j'avais déjà trouvée charmante dans Running Gu cet été) est celle qui s'en sort le mieux, incarnant une héroïne rafraîchissante et dynamique. C'est tout l'inverse de son vis-à-vis masculin, Micky Yoochun, dont l'interprétation m'a rapidement agacée, manquant sérieusement d'énergie. Il m'a semblé aux abonnés absents durant la majeure partie des deux épisodes. Yoo Ah In (The Man Who Can't Get Married), lui, n'est guère aidé par la caricature indigeste d'apprenti rebelle qu'il hérite comme personnage. Au final, parmi les trois, celui qui s'en tire le mieux est sans conteste Song Joong Ki (Obstetrics and Gynecology Doctors) qui surjoue allègrement un rôle de playboy dans lequel il s'amuse à l'évidence beaucoup, et son enthousiasme a au moins le mérite de se ressentir. 

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Bilan : High School Drama en costume, tenant plus de la série estudantine que du sageuk, Sungkyunkwan Scandal peine à trouver son rythme durant ses deux premiers épisodes. Dotée d'intrigues prévisibles à l'excès, elle manque singulièrement de consistance sur le fond, alors même qu'elle ne réussit pas à compenser cette faiblesse par le développement d'une dimension humaine qui reste insuffisamment travaillée, plombée par un personnage masculin principal ne parvenant pas à s'imposer à l'écran. Trop inégale dans ses storylines comme dans ses personnages, il lui manque sans doute une bonne dose de spontanéité et de fraîcheur pour atteindre une homogénéité nécessaire et qui lui permettrait d'investir avec plus d'aplomb son versant émotionnel.


NOTE : 4/10


La bande-annonce de la série (sous-titrée anglais) :


La chanson de l'OST (que l'on entend notamment en fin d'épisode) :

13/09/2010

(Pilote UK) Him & Her : entre essai conceptuel et fiction expérimentale sur le couple

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S'il est bien un mystère de la télévision britannique qu'il me reste encore à percer à ce jour, c'est le créneau dans lequel s'inscrivent certaines comédies que propose chaque année la BBC. Elles ont l'art de me faire passer une demi-heure de perplexité devant mon petit écran, incapable de véritablement classer la fiction qui se déroule sous mes yeux, ni de savoir comment réagir alors que les minutes s'étirent en longueur, promptes à générer de vertigineuses introspections téléphagiques. Car elles suscitent souvent en moi une rafale de questionnements que la lecture des reviews des médias UK ne parvient jamais véritablement à éclaircir. Était-ce vraiment pensé comme une comédie devant faire rire ? Y-a-t-il comme un décalage culturel qui m'échappe ?

Vous connaissez mon faible attrait pour le genre "comédie" dans sa globalité. Cependant j'essaie de faire des efforts. Histoire d'avoir ma conscience téléphagique en paix, une manière de m'excuser par avance de rayer automatiquement des nouveautés à tenter toutes les sitcoms américaines. Je continue donc, de façon régulière sans pour autant verser dans l'exhaustif, à m'installer devant certains pilotes de ces fictions d'outre-manche, généralement plus motivée par le casting que par le concept qui verse rarement dans l'originalité. Je ne m'explique pas vraiment cette obstination, si ce n'est un optimisme déraisonnable qui me fait espérer qu'un jour, je trouverai une comédie à regarder.

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Him & Her
, dont le premier épisode était diffusé lundi dernier, ne sera cependant probablement pas celle qui me réconciliera avec cette télévision-là. De quoi envisageait-elle de nous parler ? Se présentant comme volontairement a-romantique, souhaitant bousculer les images idéalisant la vie de couple afin d'en croquer une vision plus "réaliste" et terre-à-terre, elle met donc en scène le quotidien de deux jeunes amoureux, ayant autour de la trentaine, Steve et Becky. Aucune originalité particulière, si ce n'est donc la volonté d'afficher un profond attachement à relater une réalité assez neutre, mais sensée sans doute trouver un écho particulier auprès du public visé.

Ce pilote nous relate une matinée de farniente pour nos deux personnages principaux, où le projet envisagé de passer du bon temps au lit est perturbé par leurs connaissances qui ne cessent de les importuner, de la soeur en pleine crise amoureuse au voisin envahissant. Au vu de la minceur du concept de départ et de la thématique qui allait être centrale lors de ce premier épisode (le sexe), Him & Her va pourtant faire preuve de plus d'habileté que ce que les premières minutes m'avaient fait craindre. S'inscrivant dans un registre volontairement intimiste, l'écriture parvient à un étrange et fragile équilibre, pas inintéressant, entre une approche directe à l'excès et une certaine innocence dans la façon d'être des personnages. Il y a une forme de tact, presque une pudeur, assez indéfinissable dans la tonalité adoptée, comme une étrange retenue qui confère à l'ensemble un parfum proche de l'innocence, donnant un rendu assez étonnant, plus recherché qu'il n'y parait.

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La série ne cherche pas à provoquer, optant pour un déroulement suivant un ronronnement sans accroc. Nul ne doute qu'elle revendique et assume cette sobriété brandie en étendard ; seulement, si on ne peut pas lui reprocher d'en faire trop, elle va s'échouer sur l'écueil majeur de son parti pris narratif. Vouloir présenter sans le romancer un quotidien quelconque, pourquoi pas. Sauf que nous sommes quand même dans une série, cadre dans lequel il est nécessaire de maintenir un minimum de rythme, avec un contenu présentant un minimum de consistance pour retenir l'attention du téléspectateur. Or, au cours de ce pilote, Him & Her se noie surtout dans une routine creuse que l'on ne sait trop comment appréhender.

Cette impression diffuse d'électro-encéphalogramme désespérement plat - source de relatif ennui transformant votre perception du temps qui s'écoule - est confortée par l'absence de ce qui devrait, en théorie, être le coeur d'une comédie, à savoir, l'humour. Oh, l'épisode suscite bien quelques vagues sourires, les rares fois où il y a une rupture de rythme réussie - la scène de l'araignée ou la façon dont Becky s'y prend pour faire accepter la venue de sa soeur à Steve -, mais c'est trop peu pour 30 minutes de huis clos dans ce petit appartement qui sert de seul décor. Les acteurs n'y pourront rien, alors même qu'il n'y a vraiment rien à redire sur l'interprétation solide du duo phare, Russell Tovey (Little Dorrit, Being Human) et Sarah Solemani (Roman's Empire) trouvant instantanément le ton juste et parvenant à retranscrire une belle complicité à l'écran. 

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Bilan : Ce pilote de Him & Her laisse donc une impression très mitigée. D'une part, il fait preuve d'un réel tact et d'une certaine habileté à mettre en scène un quotidien, avec une atmosphère où pointe une certaine innocence ou insouciance, alors même que les sujets abordés auraient pu être propices à des développements lourds et indigestes. Mais, d'autre part, il échoue à intéresser à la monotonie de cette routine ordinaire, qui sonne finalement trop creuse pour retenir l'intérêt du téléspectateur.

Him & Her, c'est une approche télévisée expérimentale sur le couple dont l'intention n'était pas mauvaise (et l'équilibre dans la tonalité notamment mériterait d'être revu), mais le résultat est trop inconsistant pour le format d'une série, même avec peu d'épisodes.


NOTE : 4/10


Un extrait (une histoire d'araignée...) :

11/09/2010

[TV Meme] Day 4. Your favorite show ever.

A première vue, il semble y avoir quelque chose d'un peu naïf et arbitraire à imaginer qu'il existerait une production à placer sur un piédestal, surclassant tout le reste, quand on envisage toutes les séries, si différentes, qu'un téléphage peut croiser lors de son parcours. Pourtant, c'est aussi une des rares questions de ce TV Meme, si ce n'est la seule, pour laquelle je n'ai eu absolument aucune hésitation.

La "série favorite", c'est celle qui a su bénéficier à la fois de qualités scénaristiques objectives et du ressenti subjectif propre à chaque téléphage. C'est celle qui nous a bluffés, fascinés, émus et faits rire aux larmes. Mais c'est aussi celle qui s'est arrogée une place à part, qui nous a marqués d'une façon très personnelle, sans qu'il soit réellement possible de traduire cela en mots. Elle est aussi le fruit d'une conjoncture, ayant eu le mérite d'arriver à une période charnière de notre téléphagie : il y aura forcément des accents générationnels en elle.

Si vous me lisez un peu, vous savez que je suis la reine des flirts télévisés sans lendemain, des coups de foudre qui rythment une passion tournée vers les découvertes et les nouveautés. La téléphagie est une "nouvelle frontière permanente". Mais m'interroger sur ma "série favorite" réveille un autre versant, plus ancien et peut-être moins sollicité désormais. Celui, solide, de la fidélité. "My favorite show ever" est devenu un fait établi, une donnée claire et constante de mon paysage téléphagique. Ce n'est pas un simple mélange de qualité et de ressenti, c'est la série qui a apporté le ciment à une passion alors en pleine croissance.

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The West Wing
(A la Maison Blanche)

(1999-2006, NBC)


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Parce que The West Wing a su dépeindre avec brio une réalité politique empreinte d'idéalisme, créant un cadre aussi enrichissant que fascinant pour le téléspectateur.
Parce qu'elle a initié avec tact, subtilité et souvent beaucoup d'adresse, des réflexions abouties et osées sur les grandes thématiques sociales qui transcendent nos sociétés occidentales, ne reculant devant aucun sujet aussi sensible soit-il.
Parce qu'elle s'est montrée pédagogique, sans jamais être rébarbative, ni infantilisante, choisissant en conscience de faire confiance et de s'adresser à l'intelligence de ses téléspectateurs.
Parce que c'est rafraîchissant d'éteindre la télévision, encore porté par le dynamisme impulsé par 40 minutes bouillonnantes de brain-storming, en ayant l'impression de se sentir moins bête.
Parce qu'elle a réussi à percer et à vous faire comprendre certains des mystères socratiques et insondables de la démocratie, ou des Etats-Unis, comme aucune autre série. Même si cela ne vous intéressait pas a priori.
Parce que ses dialogues, ciselés à la perfection et vivants à l'excès, proposèrent des échanges jubilatoires qui résonnent encore dans les têtes, sur des thèmes sérieux aussi bien que sur des sujets frivoles.
Parce qu'elle avait cette capacité d'alterner les tons, pouvant faire réfléchir longuement un jour, et rire aux éclats le lendemain.
Parce qu'elle bénéficiait d'une galerie de personnages attrayants, aux caractères affirmés, à la fois différents et complémentaires, et auxquels il était tellement facile de s'attacher. 
Parce que, au moins une fois devant les urnes, on s'est dit : "I would have voted for Jed Bartlet".
Parce que Aaron Sorkin.
Parce que son casting était d'une homogénéité et d'une solidité enthousiasmantes, ayant trouvé le parfait équilibre à l'écran.
 Parce que elle aura su drastiquement augmenter votre capacité de conversation dans les cocktails (où vous brillez désormais en évoquant les Etats fédérés de Micronésie).
Parce que les réunions pédestres virevoltant dans les couloirs, c'est classe.

Parce qu'il est nécessaire... que dis-je, vital !.. de parfois se rappeler ce que c'est d'y croire vraiment, aussi désillusionné sur la politique politicienne que l'on puisse être.  

 

Le générique :

 

The good old times... The Big Block of Cheese Day :

10/09/2010

(Pilote US) Terriers : cop-show alternatif de détectives privés décontractés


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Un murmure qui file, une rumeur qui enfle, un vent d'excitation qui balaye les derniers parfums estivaux, des grilles de programmes qui, soudain, se remplissent à nouveau... Aucun doute, c'est la rentrée ! Depuis le temps, les petits rituels se remettent en place presque naturellement. On imprime et synthétise les plannings, on agence ses soirées en conséquence, on supprime négligemment quelques heures de sommeil pour s'assurer du temps libre nécessaire (la double-vie de blogueur n'arrangeant rien, il n'y a qu'à regarder l'heure que le réveil indique alors que je rédige ces lignes : 5h15 du matin ; parlez-moi du calme de la vie sériephile).

Certes, avec mes derniers désamours en date, j'ai pris un peu plus de recul avec toute cette agitation américaine. D'autres contraintes font qu'il n'est plus possible de s'adonner aux mêmes élans téléphagiques que par le passé. Alors "pilotovore" je ne serais point. Je raye sans pitié nombre de séries sur la liste des nouveautés, armée de mes seuls préjugés (tenaces) et des quelques échos glanés ça et là. Adieu, ainsi, séries de The CW (sauf peut-être voir à quoi ressemble Nikita). Si jamais je rate un chef d'oeuvre bien dissimulé dans tout ce tri, il sera toujours temps de corriger cela ultérieurement.

Mon premier pilote de cette rentrée 2010 n'aura donc pas été Hellcats ; même si ce dernier m'aura offert le premier fou rire de rentrée à la lecture de la review faite par Ladyteruki. Pour ma part, j'ai jeté mon dévolu sur une autre série avec laquelle j'avais potentiellement plus d'affinités : Terriers. En contemplant sous tous les angles l'affiche de promo ci-dessus, concoctée par FX, vous aussi, vous vous êtes demandés ce qui avaient pu passer par la tête des publicistes de la chaîne. Je vous rassure, c'est un sentiment partagé. Mais au moins le poster a-t-il le mérite d'interpeller et, avec un minimum de retouche, de ne pas être une énième déclinaison présentant ses personnages alignés sur une photo. Je vous précise quand même, Terriers n'a rien d'une série canine. Encore que.

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Produite par Shawn Ryan et écrite par Ted Griffin, Terriers est la dernière née de FX, une chaîne câblée américaine sans doute plus réputée pour ses dramas (de The Shield à Sons of Anarchy) que pour ses séries "entre deux". Le genre dans lequel cette nouveauté allait s'inscrire restait d'ailleurs flou, et c'est un peu à l'aveugle que je me suis installée derrière mon écran. Initialement envisagée comme une comédie, Terriers investit en réalité plus le registre de la dramédie légère, se caractérisant par une résolue volatilité de tonalité, où quelques jeux de mots et autres tentatives de pointe d'humour viennent perturber une fausse ambiance plus pesante en raison de ses intrigues.

Hank Dolworth est un ancien policier, à la carrière achevée prématurément à une époque où il avait encore des problèmes d'alcool importants. Il est cependant sobre depuis quelques temps. Avec un de ses amis, Britt Pollack, il officie désormais comme détective privé en Californie, du côté San Diego. Une entreprise qui reste des plus officieuses, les deux hommes ne possédant aucune licence pour exercer ce métier. Enquêteurs un peu atypiques et particulièrement complices, Hank et Britt gèrent leur vie au jour le jour, réagissant plus souvent aux situations que ne les initiant, mais jamais à court de provocation dès lors qu'il s'agit de mettre un peu de piment dans la morosité de leurs journées. En un mot, ils vivotent, joignant péniblement les deux bouts, tout en passant leur temps à "cabotiner" et à traîner, rendant plus souvent service à des connaissances qu'en ayant de "vrais" clients. 

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Au-delà de la profession de son duo principal, Terriers n'est clairement pas une simple énième déclinaison de série à enquêtes. Son pilote s'attache surtout à installer une ambiance ; à la fois résolument décontractée et confusément pesante, il en ressort une certaine ambivalence assez appréciable et où on devine un certain potentiel à creuser. S'il nous plonge dans un diffus marasme de médiocrité, propre à ses anti-héros mis en scène, la tonalité de l'épisode se révèle ainsi plus subtile qu'il n'y paraîtrait à première vue. Car Terriers est avant tout d'un récit à forte dimension humaine, où ce sont les personnages qui vont être centraux, les intrigues apparaissant surtout comme prétextes à les placer dans certaines situations particulières. Plus qu'un "cop-show", nous sommes dans ce fameux registre qui retrouve de la vigueur dernièrement à la télévision américaine, le "buddy-show".

Naviguant à vue entre un pragmatisme de bon aloi, des élans spontanés carrément inconséquents et des bouffées d'adrénaline intoxicantes qu'ils recherchent comme dans un jeu, Hank et Britt alternent les comportements immatures assumés, profitant pleinement des avantages de leur profession dans ce domaine, et les prises de responsabilité plus sérieuses, éclairs se manifestant à travers certains drames du quotidien, mais aussi dans ce qu'il reste de leur vie amoureuse. On touche ici à l'attrait majeur de Terriers : il y a une volatilité et une versatilité de tons réellement travaillées, qui permettent de poser un cadre pas inintéressant à exploiter, conférant surtout une dimension très humaine à la série, loin du côté aseptisé des cop-show CBS-ien.

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A défaut d'être une vraie comédie, la série en a gardé quelques traits, maniant avec une certaine gourmandise, parfois un peu excessive, l'art des ruptures de narration pour s'offrir des mises en scène décalées, voire des pseudos jeux de mots volontairement lourds, mais qui permettent de mettre en confiance le téléspectateur en l'initiant aux rouages de ce qui s'impose rapidement comme un sincère "buddy show". Ces pointes de légèreté, le tout mêler d'une certaine immaturité revendiquée, sont contre-balancées par les intrigues et la pesanteur du quotidien. "Qui a peu, profitera pleinement de ce peu", pourrait-on dire. Tout cela amène Terriers à naviguer entre deux eaux, se rapprochant de la dramédie décontractée. C'est typiquement le genre de série pour laquelle le qualificatif "sympa" viendra naturellement.

Sur la forme, ce pilote bénéficie d'une réalisation intéressante. Un soin particulier a été apporté à la photographie, les teintes permettant de faire ressortir un décor californien de rêve, dont le contraste est ainsi accentué avec la vie de nos anti-héros. La série dispose également d'un générique. Du côté du casting, les deux acteurs principaux, Donal Logue (Life, Knights of Prosperity) et Michael Raymond-James (True Blood), se glissent avec aisance dans la peau de leurs personnages, délivrant une interprétation naturelle et crédible des plus convaincantes. A leurs côtés, en guise de pendants féminins, on retrouve Kimberly Quinn, dans le rôle de l'ex-épouse de Hank, et Laura Allen (Les 4400, Dirt) dans celui de la petite amie de Britt.

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Bilan :
Doté d'un pilote d'introduction qui pose efficacement son cadre, Terriers apparaît comme buddy-cop-show décontracté. C'est une série d'ambiance, où la tonalité se révèle plus ambiguë qu'il n'y paraîtrait a priori : l'attitude de notre duo d'enquêteurs, volontairement légère, tranche avec un quotidien morose où s'impose un décor plus pesant. Terriers manie efficacement les ficelles du buddy-show, en plaçant la relation de complicité entre ces personnages principaux au coeur de la série, s'en servant pour donner le ton à l'ensemble, les intrigues n'apparaissant que comme prétextes pour les voir réagir.

Reste que si ce n'est pas déplaisant à suivre, la viabilité du concept à moyen terme peut interroger, même si ce pilote démontre une maîtrise des codes narratifs du genre qui laisse entrevoir un potentiel. Terriers pourra plaire aux amateurs de ce type de séries, mais je ne suis pas certaine d'en faire partie.


NOTE : 6/10


La bande-annonce de la série :